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Hathout, N. (2009) - ERSS - Université Toulouse II-Le Mirail

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28 Un modèle théorique de la morphologie lexicale<br />

2.2 Principes généraux<br />

1. <strong>Le</strong> cadre théorique que je propose peut être vu comme un passage d’une morphologie<br />

analytique à une morphologie topologique centrée sur les relations qui existent entre les<br />

mots et sur les distances qu’elles induisent, la caractérisation précise de chaque instance<br />

de ces relations devenant secondaire. Ce cadre est basé sur l’usage. Il peut être rapproché<br />

des modèles proposés par Jackendoff (1975), Bybee (1985, 1988, 1995), Neuvel et Singh<br />

(2001), Burzio (2002), Gaume (2004) ou Pirrelli (2007).<br />

2. Je considère qu’il existe une distinction claire entre morphologie et lexique :<br />

– la morphologie est un ensemble de moyens à la disposition des locuteurs qui permettent<br />

d’exprimer des sens à l’aide de mots 1 (en production 2 ) et de retrouver des<br />

sens à partir de mots (en compréhension) ;<br />

– le lexique est un espace dédié à la mémorisation des mots, des lexèmes et des relations<br />

qui s’établissent entre eux.<br />

Morphologie et lexique sont néanmoins intimement liés : les mots construits par la morphologie<br />

3 sont normalement destinés à entrer dans le lexique ; le lexique fournit à la morphologie<br />

l’essentiel des informations dont elle a besoin pour caractériser le sens et la forme<br />

des mots.<br />

3. Je considère qu’un mot est caractérisé par son sens, sa forme et sa catégorie :<br />

– Un mot est dérivé si son sens est construit, c’est-à-dire s’il est défini relationnellement<br />

(Corbin et Temple 1994).<br />

– La forme d’un mot est une collection d’indices qui signalent un ensemble de relations<br />

entre ce dernier et d’autres mots du lexique.<br />

– La catégorie d’un mot est un ensemble de traits morphosyntaxiques qui dépendent<br />

du contexte dans lequel le mot est utilisé.<br />

4. Je considère que la détermination de la forme des mots (en production) ou de leur sens<br />

(en compréhension) est réalisée individuellement pour chaque occurrence. La morphologie<br />

opère ainsi au même niveau que la syntaxe, à savoir celui de la production langagière et de<br />

son interprétation. Elle n’opère pas au niveau du lexique mais a accès à l’ensemble des objets<br />

lexicaux permettant de faire référence, et notamment aux formes fléchies, aux locutions, aux<br />

expressions usuelles, etc.<br />

5. Je considère qu’il n’existe qu’une morphologie qui a en charge à la fois la flexion et<br />

1. J’utilise le terme de « mot » pour désigner les mots-occurrences qui apparaissent dans les productions<br />

langagières.<br />

2. <strong>Le</strong> terme de « production » (resp. « compréhension ») a ici le sens de production de mots dans le cadre<br />

de la production d’énoncés (resp. compréhension des mots dans le cadre de la compréhension des énoncés).<br />

La production des mots concerne à la fois les mots déjà mémorisés dans le lexique et ceux qui ne le sont<br />

pas encore. J’utiliserai le terme de construction pour parler de la formation de mots morphologiquement complexes.<br />

Je signale que cette formation ne présuppose pas que le mot construit est nouveau, i.e. absent du lexique<br />

mémorisé.<br />

3. Il s’agit ici d’un abus de langage. Ce sont les locuteurs et non la morphologie qui construisent les mots.<br />

L’expression « les mots construits par la morphologie » doit donc être comprise comme un raccourci de « les<br />

mots construits par les locuteurs en utilisant des moyens morphologiques ».

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