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La famille Cazenavette<br />
L a famille Cazenavette a son berceau dans le petit village de Lias perché au<br />
dessus de Lourdes. Là-bas, cette famille est connue sous le nom de « Païs dit<br />
Cazanavette ». Cette appellation est tout à fait conforme au particularisme patronymique<br />
du Lavedan qui exige que le nom de famille soit obligatoirement suivi du nom<br />
attribué à chaque maison. La coutume impose que l’héritier de l’ensemble du patrimoine<br />
d’une famille composé des terres et de la maison, homme ou femme, souvent<br />
l’aîné de la fratrie, soit uni à un cadet non héritier constitué d’une dot. Le mariage de<br />
deux héritiers est proscrit afin de préserver le patrimoine de chaque famille. L’héritier<br />
apporte donc le nom de sa maison à son conjoint qui se voit parfois totalement<br />
dépourvu de son nom de famille. Ce phénomène s’illustre bien dans la famille Païs dit<br />
Cazanavette : Jean Païs cadet épouse l’héritière Françoise Cazenavette. Une génération<br />
plus tard, leur petit-fils Guillaume perd le nom de son grand-père et ne garde que<br />
le nom de maison. La famille se nomme désormais Cazenavette.<br />
La famille Cazenavette de Lias est un bel exemple d’ascension progressive dans<br />
la hiérarchie sociale. Composée de laboureurs, d’un niveau déjà plus élevé que des<br />
simples journaliers ou brassiers, elle a une position respectable dans le village. Elle<br />
connaît son ascension dès les années 1770-1780 comptant déjà trois étudiants :<br />
Antoine et Baptiste, oncles de Guillaume et Jean-Pierre son père. Deux autres frères,<br />
Jean puis Antoine, remplissent même les fonctions municipales après la Révolution. Le<br />
père de Guillaume, professeur de grammaire au collège de <strong>Tarbes</strong>, est un républicain<br />
convaincu et passionné. Il enseigne les valeurs de la République à ses élèves (1) et à<br />
ses propres enfants. Son ami Jean Lasserre, secrétaire de la société populaire, désarmé<br />
comme terroriste le 2 floréal an III (2) est témoin à son mariage à <strong>Tarbes</strong> en 1794 avec<br />
Jeanne Courtade. Bernard, le frère aîné de Guillaume, est aussi professeur à Bagnèresde-Bigorre<br />
puis à Bordeaux. Ses autres frères les prêtres Baptiste, Guillaume et<br />
Antoine étudiant au séminaire (3) consacrent leur vie à la religion. Cette évolution est<br />
d’autant plus rapide dans les générations à venir. C’est Guillaume Cazenavette, qui<br />
grâce à son alliance avec la puissante famille Darrieux en 1828, accède à la petite<br />
bourgeoisie. Ses descendants poursuivent ses traces.<br />
Son fils Henri (4) connaît une carrière exceptionnelle : élève brillant, il obtient<br />
comme son père une multitude de prix lors de sa scolarité au collège de <strong>Tarbes</strong>. Son<br />
diplôme obtenu en 1864, il est inscrit au conseil de l’ordre des avocats à <strong>Tarbes</strong> comme<br />
secrétaire (5). Son grand-père professeur lui ayant transmis sa passion pour la<br />
connaissance et l’instruction, il s’investit à son tour en faisant partie du conseil de surveillance<br />
de l’école normale de <strong>Tarbes</strong>, délégué cantonal pour l’instruction primaire.<br />
Pendant un an, il est conseiller de préfecture par intérim en 1870-71. Il a de lourdes<br />
responsabilités dans l’armée où il est délégué à la sous-intendance militaire à <strong>Tarbes</strong><br />
et chef d’escadron de la batterie de l’artillerie départementale. Il quitte le département<br />
en juillet 1880 pour être avocat général à Nîmes. Les nombreux postes qu’il<br />
occupe révèlent son ambition professionnelle. Président de chambre à la cour d’appel<br />
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