PHYSIOLOGIE SEXUELLE FEMININE - Lazraq info
PHYSIOLOGIE SEXUELLE FEMININE - Lazraq info
PHYSIOLOGIE SEXUELLE FEMININE - Lazraq info
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
MISE<br />
AU POINT<br />
I. CYCLE DE LA REPONSE <strong>SEXUELLE</strong> <strong>FEMININE</strong><br />
La connaissance de la physiologie sexuelle a été<br />
révolutionnée par deux médecins américains, W. Masters<br />
et V. Johnson. Ils décrivent la relation sexuelle selon 4<br />
phases : la phase d’excitation, la phase en plateau,<br />
l’orgasme et la phase de résolution (fig. 1) [1].<br />
Fig. 1. Cycle de la réponse sexuelle chez la femme<br />
En 1977, H. Kaplan et H. Lief ont ajouté à ce cycle,<br />
avant la phase d’excitation, la phase du désir.<br />
La fonction sexuelle est un processus biologique<br />
complexe, à composantes multiples, qui met en jeu non<br />
seulement ses effecteurs périphériques, mais aussi leur<br />
vascularisation, leur innervation, des voies et des centres<br />
médullaires et cérébraux. Elle associe des mécanismes<br />
centraux de régulation du désir, et des mécanismes<br />
locaux pour la phase d’excitation et l’orgasme [2, 3, 4,<br />
5].<br />
Le système nerveux central et le système nerveux<br />
périphérique sont tous deux impliqués dans la fonction<br />
sexuelle normale de la femme.<br />
A. PHASE DE DESIR [2, 4, 6]<br />
Le désir est le premier temps, il consiste en des fantasmes<br />
imaginaires concernant la sexualité et un désir<br />
d’accomplir un acte sexuel, c’est une composante<br />
importante de l’activité sexuelle.<br />
<strong>PHYSIOLOGIE</strong> <strong>SEXUELLE</strong> <strong>FEMININE</strong><br />
R. RABII, A. HEDDAT<br />
Service d’Urologie, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc<br />
E-mail : rabiibest@yahoo.fr<br />
-5-<br />
J Maroc Urol 2010 ; 18 : 5-9<br />
Il est commandé par 3 niveaux de centres nerveux : le<br />
néencéphale, le système diencéphalo-limbique et le<br />
système réflexe médullaire.<br />
Les intervenants chimiques sont des hormones:<br />
dopamine, sérotonine, LHRH, testostérone.<br />
C’est une phase de préparation à l’acte sexuel.<br />
B. PHASE D’EXCITATION<br />
1. Réactions sexuelles de la vulve [2, 3, 4, 7]<br />
a. Les grandes lèvres<br />
Sous l’action de la contraction du dartos et la mise en<br />
tension des fibres élastiques, les grandes lèvres s’effacent,<br />
s’aplatissent contre le périnée, dégageant ainsi le vestibule<br />
et découvrant l’entrée de la vulve.<br />
b. Les petites lèvres<br />
Les petites lèvres subissent des modifications plus<br />
profondes, elles gonflent, s’épaississent, jusqu’à 2 ou 3<br />
fois leur état au repos, ce qui entraîne leur éversion et<br />
l’exposition de leur face interne. Cette ouverture est<br />
d’autant plus importante que l’excitation est forte. Leur<br />
muqueuse passe du rose au rouge bourgogne. Plus la<br />
congestion est importante, plus la coloration est foncée<br />
et ceci est spécifique de l’imminence de l’orgasme.<br />
c. Le clitoris<br />
Avec la stimulation sexuelle, l’augmentation du flux<br />
sanguin dans les artères des corps caverneux du clitoris<br />
entraîne une élévation de la pression intra-caverneuse<br />
clitoridienne et la tumescence du gland.<br />
Des études montrent qu’à la différence du pénis, le<br />
clitoris est dépourvu d’une sous-albuginée située entre<br />
le tissu érectile et l’albuginée. Chez l’homme, cette<br />
couche porte un important plexus veineux qui se dilate<br />
contre l’albuginée pendant l’excitation sexuelle, réduisant<br />
ainsi l’issue du sang veineux et provoquant la rigidité<br />
du pénis. L’absence d’un tel plexus dans le clitoris permet<br />
la tumescence de cet organe mais pas sa rigidité.<br />
L’échographie doppler du clitoris montre que pendant<br />
la stimulation sexuelle, la longueur et le diamètre du<br />
clitoris augmentent et le flux sanguin y double<br />
pratiquement.
Physiologie sexuelle féminine<br />
Le corps du clitoris est le foyer principal de la réponse<br />
sexuelle. La stimulation de ses récepteurs au cours du<br />
coït est le résultat de la traction du prépuce provoquée<br />
indirectement par l’étirement rythmique des petites<br />
lèvres sous l’action du pénis, qui déprime le frein vulvaire.<br />
Le gland du clitoris au plus fort de l’excitation se rétracte,<br />
remonte et se cache sous le capuchon : c’est un signe<br />
d’orgasme imminent.<br />
d. Les glandes annexes<br />
L’activité de ces glandes est un facteur négligeable dans<br />
la lubrification de la vulve. Les glandes de Bartholin<br />
sécrètent une faible quantité de mucus en fin d’excitation<br />
(0,5 à 1,5 cc). Cette réaction est trop minime, et de toute<br />
façon trop tardive pour jouer un rôle dans la lubrification.<br />
D’autres liquides sont émis : le mucus cervical (qui<br />
n’augmente pas au cours de l’excitation), et des sécrétions<br />
glandulaires péri-urétrales minimes.<br />
2. Réactions sexuelles du vagin [4, 7, 8]<br />
Le vagin est l’organe de passage entre la vulve et le col<br />
utérin, en tant qu’organe du coït, sa fonction exige une<br />
grande adaptabilité morphologique et physiologique; il<br />
subit d’importantes modifications physiologiques en<br />
réponse aux stimuli psychogènes et somatogènes.<br />
Chez la femme, la phase d’excitation correspond au<br />
phénomène de lubrification. Dès les premières secondes<br />
qui suivent la stimulation psychique ou physique, la<br />
réponse vaginale se traduit par une réponse sudorale.<br />
Il s’agit d’une transsudation au départ des capillaires<br />
dilatés de la muqueuse vaginale et non une sécrétion<br />
glandulaire. C’est le même phénomène que l’érection<br />
masculine avec les mêmes mécanismes de commande<br />
nerveuse, et un rôle important des œstrogènes [9].<br />
Lors de l’excitation sexuelle, la vascularisation de<br />
l’épithélium vaginal est rapidement augmentée sous<br />
contrôle nerveux, par l’intermédiaire des racines<br />
nerveuses sacrées antérieures S2-S4, ce qui entraine une<br />
augmentation du flux sanguin vaginal. Cette augmentation<br />
provoque une congestion des vaisseaux génitaux et une<br />
lubrification du canal vaginal par un transsudat issu du<br />
lit vasculaire sous-épithélial. En effet, l’engorgement de<br />
la paroi vaginale élève la pression régnant dans les<br />
capillaires et augmente la transsudation du plasma à<br />
travers l’épithélium vaginal. Ce transsudat est transporté<br />
passivement à travers les espaces intra-épithéliaux, ou<br />
canaux intercellulaires, et traverse l’épithélium pour<br />
s’étaler à la surface du vagin en donnant d’abord des<br />
gouttelettes analogues à la sueur, qui s’unissent ensuite<br />
pour former une pellicule lubrifiante recouvrant la paroi<br />
vaginale. Ce fluide sert de lubrifiant pour la cinétique<br />
coïtale et neutralise l’acidité vaginale favorisant ainsi la<br />
survie des spermatozoïdes.<br />
Outre sa lubrification, le vagin s’allonge et se dilate<br />
grâce à une relaxation des muscles lisses de la paroi<br />
vaginale, la partie postéro-supérieure (2/3 interne) du<br />
-6-<br />
vagin s’allonge et s’élargit de 25% environ<br />
(fig. 2). Les rides du vagin s’effacent, les colonnes<br />
vaginales qui sont des structures érectiles, s’enflent sous<br />
l’effet de la stimulation sexuelle.<br />
a. Repos<br />
b. Phase d’excitation<br />
Fig. 2. Modifications physiologiques du vagin<br />
au cours de la phase d’excitation<br />
C. PHASE EN PLATEAU [4]<br />
R. RABII et coll.<br />
Elle correspond au maintien d’un niveau d’excitation<br />
élevé pendant une période plus ou moins longue, et<br />
aboutit normalement à l’orgasme.<br />
Au cours de cette phase se développe et s’amplifie la<br />
lubrification vaginale débutée pendant l’excitation.<br />
Si au cours de la phase d’excitation, nous avons pu<br />
constater des modifications importantes des 2/3 internes<br />
du vagin, celles-ci se manifestent au cours de cette phase<br />
au niveau du 1/3 externe qui subit une congestion<br />
vasculaire intense, commune avec la vulve.<br />
Les muscles bulbo-caverneux se contractent, les bulbes<br />
s’engorgent et se raffermissent, réduisant le diamètre de<br />
l’orifice d’entrée vaginale de 30%. Les muscles périvaginaux<br />
serrent la base du pénis, et le vagin prend une<br />
forme de poire : rétréci à l’entrée et élargi dans le fond.<br />
La réduction tonique du tiers externe du vagin s’accentue<br />
de plus en plus à mesure que l’orgasme se précise.<br />
On nomme “plate-forme orgastique” l’ensemble constitué<br />
par le tiers externe du vagin ainsi contracté et la<br />
turgescence proéminente des petites lèvres.
La ballonisation du fond du vagin qui est une<br />
augmentation du volume de la cavité dans toutes ses<br />
dimensions réalise un réceptacle pour le sperme à venir,<br />
et l’obturation de l’orifice vaginal empêche son<br />
écoulement.<br />
Au niveau des seins, on observe une érection des<br />
mamelons, une tumescence de l’aréole et une<br />
augmentation du volume.<br />
D. PHASE ORGASMIQUE [4, 10, 11]<br />
Débute quelques secondes avant la réponse musculaire.<br />
Celle-ci s’exécute comme chez l’homme par des<br />
contractions musculaires de 0,8 en 0,8 secondes, en<br />
général trois ou quatre, parfois plus. Elle est avant tout<br />
une expérience émotionnelle intense, accompagnée<br />
parfois d’une éjaculation.<br />
L’onde orgasmique débute au niveau des muscles de la<br />
plateforme orgastique et diffuse à tout le pelvis avec des<br />
réactions générales sympathiques (mydriase, HTA,<br />
tachycardie, horripilation, contraction aréolaire) et<br />
parasympathiques (salivation, rougeur cutanée,<br />
transpiration, vasodilatation). L’orgasme dure<br />
normalement entre 3 et 25 secondes, et est associé à<br />
une faible diminution de l’état de conscience.<br />
Il faut souligner que certaines femmes présentent lors<br />
de l’orgasme une distension du méat urétral ou un besoin<br />
d’uriner, entraînant une miction involontaire si la vessie<br />
est pleine, soit pendant l’orgasme, soit immédiatement<br />
après.<br />
Il est à noter également que la femme n’a pas comme<br />
l’homme un point de non-retour, c’est-à dire le moment<br />
d’irréversibilité de l’orgasme. C’est pourquoi, même au<br />
moment de l’imminence de l’orgasme, si la stimulation<br />
adéquate s’arrête, l’excitation retombe.<br />
Pour Masters et Johnson, il n’existe physiologiquement<br />
qu’un seul orgasme qu’il soit provoqué par stimulation<br />
digitale, mécanique du clitoris ou par coït. La stimulation<br />
est enregistrée au niveau des corpuscules de volupté de<br />
Krause, très nombreux sur le clitoris et la région qui<br />
l’entoure.<br />
Pour Fox, bientôt relayé par Perry et Whipple et par G.<br />
Tordjman, il existe bien deux types d’orgasmes différents<br />
de par les zones de contraction et de par la commande<br />
médullaire réflexe : [12, 13]<br />
* Un orgasme clitorido-vulvaire identique à la conception<br />
de Masters et Johnson, mettant en jeu des contractions<br />
régulières et involontaires de la plateforme orgastique<br />
(muscle pubo-coccygien, en particulier). La commande<br />
réflexe intéresse les myélomères (S2-S3-S4) (nerf<br />
honteux interne).<br />
* Un orgasme profond, produit par stimulation coïtale<br />
ou digitale de la zone du fascia de Halban “point G”<br />
situé entre la muqueuse vaginale et le système vésicourétral.<br />
Cet orgasme est commandé par les myélomères<br />
D12-L1-L2, et s’accompagne de contractions utérines<br />
régulières, ondulatoires, espacées d’une seconde. Il<br />
-7-<br />
n’y a pas de contraction de la plateforme orgastique<br />
dans ce cas. Il y a parfois “éjaculation” par contraction<br />
des glandes péri-urétrales. Cette éjaculation provient<br />
des glandes péri-urétrales dont les glandes de Skène<br />
les plus connues. Ce système glandulaire péri-urétral<br />
dérive du même tissu embryonnaire que celui qui<br />
donne la prostate chez l’homme, d’ailleurs, cet éjaculat<br />
se rapproche par sa constitution chimique des sécrétions<br />
prostatiques.<br />
Le point G (Grafenberg Spot) est une zone diffuse qui<br />
s’étale entre la face antérieure du vagin et l’urètre<br />
(fig. 3). Embryologiquement, elle correspond au fascia<br />
de Halban. De part sa situation profonde, cette zone est<br />
stimulée non pas par les frottements mais par les<br />
pressions, et ce sont les variations de ces pressions en<br />
rythme et en intensité qui provoquent la réponse sexuelle.<br />
Cette zone G a été et est encore controversée [14, 15].<br />
Alzate a démontré la possibilité de déclencher l’orgasme<br />
par stimulation de la fourchette postérieure. Il apparaît<br />
donc que la zone du fascia de Halban est une zone<br />
qu’on peut qualifier de privilégiée car elle n’est pas la<br />
seule.<br />
E. PHASE DE RESOLUTION [4]<br />
J Maroc Urol 2010 ; 18 : 5-9<br />
Fig. 3. Localisation du point G entre l’urètre et le vagin<br />
Elle est caractérisée par un sentiment de relaxation<br />
mentale et physique, une détente musculaire et un<br />
sentiment de bien-être général.<br />
A la fin de l’orgasme, le maintien, encore quelques<br />
temps de l’obstruction par la plate-forme orgastique<br />
empêche efficacement l’écoulement du sperme vers<br />
l’extérieur.<br />
En cinq à dix minutes, il se produit une résolution de la<br />
plateforme orgastique, puis réduction des deux tiers<br />
internes du vagin. Un riche réseau veineux maintient<br />
cependant autour du vagin une tension congestive<br />
longtemps après l’orgasme. Ce phénomène explique<br />
peut-être l’insatiabilité de certaines femmes qui doivent<br />
décharger cette tension.
Physiologie sexuelle féminine<br />
Il faut noter que la femme peut avoir plusieurs orgasmes<br />
successifs si la stimulation sexuelle ne s’interrompt pas,<br />
et la phase de résolution ne survient alors qu’après le<br />
dernier orgasme.<br />
II. REGULATION DE LA REPONSE <strong>SEXUELLE</strong><br />
<strong>FEMININE</strong><br />
A. REGULATION NERVEUSE [2, 5, 7, 16]<br />
1. Mécanismes<br />
Les réponses sexuelles féminines (excitation, orgasme)<br />
résultent pour une bonne part de mécanismes reflexes<br />
médullaires. Les zones réceptrices sont formées par les<br />
zones érogènes primaires et secondaires. Ces terminaisons<br />
nerveuses formées par les corpuscules de Krause-Finger,<br />
nommées corpuscules du gland, ne se trouvent qu’au<br />
niveau du clitoris.<br />
La médiation de ces reflexes passe par des afférences<br />
génitales essentiellement issues des nerfs pudendaux,<br />
et la portion efférente implique une activité complexe<br />
somatique, sympathique et parasympathique coordonnée.<br />
Au niveau du système nerveux central, la région préoptique<br />
interne, la région hypothalamique antérieure,<br />
les structures hippocampiques, et le système limbique<br />
sont activés au cours de l’excitation sexuelle. Une fois<br />
activés ces centres transmettent des signaux électriques,<br />
par l’intermédiaire des systèmes sympathique et<br />
parasympathique. Ces mécanismes neurogènes modulent<br />
le tonus des fibres musculaires lisses du vagin et du<br />
clitoris et la relaxation des fibres musculaires lisses<br />
vasculaires vaginales et clitoridiennes.<br />
2. Neuromédiateurs et neurotransmetteurs<br />
a. Transmission non adrénergique non cholinergique<br />
(NANC) [7, 16, 17, 18]<br />
Les études immuno-histochimiques de tissus vaginaux<br />
humains mettent en évidence des fibres nerveuses<br />
contenant le neuropeptide Y (NPY), le polypeptide<br />
intestinal vasoactif (VIP), le protoxyde d’azote synthétase<br />
(nitric oxide synthase ou NOS), et le peptide lié au gène<br />
de la calcitonine et de la substance P.<br />
Des études préliminaires suggèrent que le polypeptide<br />
intestinal vasoactif (VIP) et le protoxyde d’azote (NO)<br />
sont impliqués dans la modulation des processus de<br />
relaxation et de sécrétion vaginale. Le protoxyde d’azote<br />
(NO) a été identifié dans le tissu clitoridien humain, et<br />
on a émis l’hypothèse qu’il est le principal médiateur<br />
de l’engorgement des lèvres et du clitoris.<br />
Le polypeptide intestinal vasoactif (VIP) est un<br />
neurotransmetteur non adrénergique et non cholinergique<br />
qui, comme le protoxyde d’azote (NO), pourrait jouer<br />
un rôle dans l’augmentation du flux sanguin, la<br />
lubrification et les sécrétions vaginales. Le vagin est<br />
fortement innervé par des fibres nerveuses immuno-<br />
-8-<br />
réactives au polypeptide intestinal vasoactif (VIP), en<br />
étroite relation avec l’épithélium et les vaisseaux sanguins.<br />
b. Réponses adrénergiques alpha 1 et alpha 2 : [7, 16,<br />
17, 18]<br />
Chez l’homme, des récepteurs adrénergiques au niveau<br />
des centres cérébraux sont associés à l’érection du pénis<br />
et l’éjaculation. Des agents affectant ces récepteurs ont<br />
été abondamment étudiés et utilisés pour traiter les<br />
dysfonctions érectiles masculines. Les agonistes alphaadrénergiques<br />
comme la noradrénaline activent les<br />
terminaisons nerveuses sympathiques provoquant ainsi<br />
la contraction des fibres musculaires lisses trabéculaires<br />
du pénis et sa détumescence, les agonistes alpha 2<br />
génèrent des réponses identiques.<br />
Les médiateurs adrénergiques semblent également jouer<br />
un rôle physiologique dans l’excitation sexuelle féminine.<br />
Des expériences préliminaires suggèrent que des<br />
mécanismes adrénergiques modulent le tonus musculaire<br />
lisse. La noradrénaline exogène (agoniste alpha 1 et<br />
alpha 2) provoque une contraction dose dépendante<br />
des muscles lisses vaginaux. Les antagonistes sélectifs<br />
alpha 1 (prazosine et tamsulosine) et alpha 2<br />
(déléquamine) inhibent cette contraction. Ces<br />
observations suggèrent que la médiation de la réponse<br />
contractile passe par des nerfs adrénergiques.<br />
En outre, il semble y avoir une différence de qualité des<br />
réponses contractiles au niveau des segments supérieur<br />
et inférieur du vagin. Cette observation concorde avec<br />
leurs différences d’innervation d’origine embryologique.<br />
B. REGULATION HORMONALE<br />
Les hormones sexuelles sont produites principalement<br />
par les ovaires ; les androgènes, qui sont également<br />
produits par les glandes surrénales, sont une exception.<br />
1. Les œstrogènes [2, 5, 7, 8, 16, 19]<br />
R. RABII et coll.<br />
Les œstrogènes jouent un rôle important dans la<br />
régulation de la fonction sexuelle féminine. Elles affectent<br />
les cellules par l’intermédiaire des systèmes nerveux<br />
périphérique et central et influent sur la transmission<br />
nerveuse.<br />
Les œstrogènes exercent également des effets<br />
vasoprotecteurs et vasodilatateurs à l’origine d’une<br />
augmentation du flux artériel vaginal, clitoridien et<br />
urétral, et du maintien de la réponse sexuelle féminine,<br />
en prévenant une athérosclérose des artères et des<br />
artérioles pelviennes.<br />
En outre, les œstrogènes jouent un rôle régulateur de la<br />
structure tissulaire, elles peuvent moduler directement<br />
la croissance physiologique des cellules musculaires<br />
lisses, inhiber la prolifération des cellules musculaires<br />
lisses vasculaires induite par les agents mitogènes, et<br />
inhiber le dépôt de protéines de la matrice extracellulaire<br />
tel que le collagène. Ces observations soulignent le rôle
important des œstrogènes dans le maintien de la<br />
physiologie et de la conformation normale de structures<br />
richement vascularisées comme le vagin et le clitoris.<br />
Les œstrogènes interviennent également dans la<br />
régulation de l’expression vaginale et clitoridienne du<br />
protoxyde d’azote synthétase (NOS), enzyme responsable<br />
de la production du protoxyde d’azote (NO). Le<br />
vieillissement et la castration chirurgicale entrainent la<br />
diminution de l’expression vaginale et clitoridienne du<br />
protoxyde d’azote synthétase (NOS) et l’apoptose des<br />
cellules musculaires lisses et des cellules épithéliales<br />
de la paroi vaginale.<br />
2. La testostérone [7, 16, 19, 20]<br />
Les surrénales et les ovaires possèdent les voies<br />
biosynthétiques nécessaires à la synthèse et à la sécrétion<br />
des androgènes. L’ovaire produit environ 25% de la<br />
testostérone plasmatique, 60% de l’androsténédione et<br />
20% de la déhydroépiandrostérone (DHEA), tandis que<br />
les surrénales produisent 25% de la testostérone<br />
plasmatique, 40% de l’androsténédione, 50% de la<br />
DHEA et 90% du sulfate de déhydroépiandrostérone<br />
(SDHEA). On estime que le reste des androgènes en<br />
circulation chez la femme est le produit d’une conversion<br />
périphérique qui représente probablement 50% de la<br />
production de testostérone et 25% de celle de la<br />
déhydroépiandrostérone (DHEA).<br />
Les androgènes jouent eux aussi un rôle important dans<br />
la sexualité féminine, en particulier dans le désir sexuel.<br />
Les aspects motivationnels du comportement sexuel<br />
semblent bien corrélés avec le taux de testostérone libre.<br />
Les études ont montré un lien entre la fréquence des<br />
rapports sexuels par cycle et le pic de testostérone<br />
survenant chez la femme en milieu de cycle, bien que<br />
la libido d’une femme soit également déterminée par<br />
des facteurs environnementaux, émotionnels, culturels<br />
et hormonaux.<br />
Des récepteurs des androgènes ont été identifiés dans<br />
le cortex, l’hypophyse, l’hypothalamus, la région<br />
préoptique, le thalamus, les amygdales et le tronc<br />
cérébral. Les effets cérébraux des androgènes s’exercent<br />
en partie par l’intermédiaire de ces récepteurs et par<br />
l’aromatisation de la testostérone en oestradiol.<br />
3. Autres [2, 8]<br />
Le rôle de la prolactine est plus discuté : une<br />
prolactinémie élevée diminue le désir sexuel qui peut<br />
être rétabli par un traitement à la Bromocriptine. Cet<br />
effet est sans doute dû pour une bonne part à une<br />
insuffisance gonadique secondaire, mais on ne peut<br />
exclure un effet propre de la prolactine via une régulation<br />
dopaminergique.<br />
L’Ocytocine augmente durant la lubrification et l’orgasme<br />
dans les deux sexes. Son rôle est surtout bien établi chez<br />
l’animal et reste encore à mieux comprendre chez la<br />
femme.<br />
-9-<br />
REFERENCES<br />
1. Masters WH, Johnson V. Human sexual response. Boston:<br />
Little Brown, 1966.<br />
2. Berman JR, Bassuk J. Physiology and pathophysiology of<br />
female sexual function and dysfunction. World J Urol<br />
2002 ; 20 : 111-8.<br />
3. Berman JR, Berman LA, Werbin TJ, Goldstein I. Female<br />
sexual dysfunction : anatomy, physiology, evaluation and<br />
treatment options. Curr Opin Urol 1999 ; 9 : 563-8.<br />
4. Hirch E. Physiologie de la fonction sexuelle féminine.<br />
Louv Med 2005 ; 124 : S275-8.<br />
5. Rosen RC, Barsky JL. Normal sexual response in women.<br />
Obstet Gynecol Clin North Am 2006 ; 33 : 515-26.<br />
6. Trudel G. Désir sexuel et autres phases de l’activité<br />
sexuelle. In : la baisse du désir sexuel. Masson eds. 2003;<br />
5-12.<br />
7. Pasqualotto EB, Pasqualotto FF, Sobreiro BP, Lucon AM.<br />
Female sexual dysfunction : the important points to<br />
remember. Clinics 2005 ; 60 : 51-60.<br />
8. Imbimbo C, Gentile V, Palmieri A, Longo N, Fusco F,<br />
Granata AM, Verze P, Mirone V. Female sexual dysfunction:<br />
an update of physiopathology. J Endocrinol Invest 2003;<br />
26 : 102-4.<br />
9. Tordjman G. La lubrification vaginale : approche<br />
physiologique. Cah Sexol Clin 1988 ; 14 : 19-22.<br />
10. Fisher S. The female orgasm. New York Basic Books,<br />
1973, 533 p.<br />
11. Bentler PM, Peeler WH Jr. Models of female orgasm.<br />
Arch Sex Behav 1979 ; 8 : 405-23.<br />
12. Bunzl M, Mullen S. A self-report investigation of two<br />
types of myotonic responses during sexual orgasm. J Sex<br />
Res 1974 ; 10 : 10-20.<br />
13. Falik LA. Vaginal vs. clitoral orgasm : anatomic and<br />
physiologic considerations. Med Aspects Hum Sex 1981;<br />
15 : 6546.<br />
14. Lavoisier P, Aloui R, Schmidt MH, Watrelot A. Clitoral<br />
blood flow increases following vaginal pressure<br />
stimulation. Arch Sex Behav 1995 ; 24 : 37-45.<br />
15. Perry JD, Talcott LB. Le point Gräfenberg 15 ans après.<br />
Cah Sexol Clin 1993 ; 19 : 21-5.<br />
16. Clayton AH. J Sex Med. 2007 ; 4 : 260-8.<br />
J Maroc Urol 2010 ; 18 : 5-9<br />
17. Butler CA. New data about female sexual response. J Sex<br />
Marital Ther 1976 ; 2 : 40-6.<br />
18. Tordjman G, Sarmini H, Riou C, Funes A. Intérêt des<br />
neurotransmetteurs en sexologie. Cah Sexol Clin 1985;<br />
11 : 337-42.<br />
19. Stuckey BG. Female sexual function and dysfunction in<br />
the reproductive years : the influence of endogenous and<br />
exogenous sex hormones. J Sex Med 2008 ; 5 : 2282-<br />
90.<br />
20. Mouchamps E, Gaspard U. La problématique du désir<br />
sexuel chez la femme ménopausée : une évaluation suc-<br />
-cincte. J Gynecol Obstet Biol Reprod 1999 ; 28 : 232.