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— Cet homme dans mon appartement. Est-ce qu’il t’a posé des questions sur moi ?
Elle leva les mains en l’air.
— Tout le monde veut savoir des choses sur toi.
— Et que lui as-tu répondu ?
— Rien, siffla-t-elle.
— Si quelqu’un de la CIA ou de la NSA venait frapper à ta porte pour t’interroger sur moi…
— Je ne peux rien leur dire !
Il s’arrêta si près qu’il voyait chaque cil frangeant ses magnifiques yeux bleus.
— Exact. Et c’est grâce à ça que tu vas rester en vie. (Lorsqu’elle jura et tourna les talons, il
l’attrapa par le bras et l’obligea à se retourner.) Cet homme qui est venu chez moi est un tueur et s’il t’a
laissée partir, c’est uniquement parce qu’il veut me transmettre un message. La raison pour laquelle je ne
te dis pas tout…
— Je sais mentir ! Bon sang, qu’est-ce qui te fait croire que je suis si naïve ? (Elle le foudroya du
regard.) Tu n’as aucune idée de ce que j’ai vécu toute ma vie, à supporter tous ces mystères sans jamais
obtenir la moindre explication. Je pourrais leur mentir…
— Ils te tortureront. Pour te faire parler.
Elle se figea.
— Ton père en est conscient, poursuivit-il. Moi aussi. Au cours de mes entraînements, j’ai dû subir
un interrogatoire, alors je sais précisément ce qu’ils te feraient, crois-moi. Et le seul moyen de te
préserver est de faire en sorte que tu ne détiennes aucune information. Franchement, tu es déjà assez en
danger comme ça. Et c’est ma faute.
— Seigneur… je déteste ça. (Le tremblement qui l’agitait n’était pas dû à la peur. C’était de la rage,
pure et dure.) J’ai juste envie de cogner sur quelque chose.
— D’accord. (Il lui fit serrer le poing et lui ramena le bras derrière l’épaule.) Frappe-moi.
— Hein ?
— Frappe-moi. Arrache-moi les yeux. Défoule-toi.
— Tu es fou ou quoi ?
— Oui. Cinglé. (Relâchant sa prise, il déplaça son poids sur ses jambes tout en restant à portée au
cas où elle changerait d’avis.) Je serai ton punching-ball, ton gilet pare-balles, ton garde du corps… Je
ferais n’importe quoi pour t’aider à surmonter cette épreuve.
— Tu es malade, souffla-t-elle.
Lorsqu’elle le foudroya du regard, rouge de colère, une sorte de fièvre s’empara de lui – pour les
entraîner sur un territoire encore plus dangereux. Putain, comme s’il avait besoin d’être excité. Encore
une fois, ce n’était ni le moment ni l’endroit.
Alors, naturellement, il demanda :
— Alors, qu’est-ce que tu comptes faire… ? Me frapper ou m’embrasser ?
Tandis que sa question planait dans l’air, Grier s’humecta les lèvres et Isaac suivit le mouvement de
sa langue tel un prédateur. Pourtant, il ne broncha pas, la laissant libre de décider de la suite des
événements.
Ce qui illustrait le genre d’homme qu’il était malgré son choix de carrière.
Les pensées de Grier n’avaient absolument rien de professionnel. Elle était confuse et désorientée.
C’était exactement comme la nuit précédente, avec ce même frisson d’excitation. Sauf que là, ce n’était
pas le danger qui l’attirait.
Elle risquait de ne plus jamais le revoir. Elle avait passé tout l’après-midi à se demander où il était,
s’il allait bien… si elle le reverrait un jour… s’il était toujours vivant. Cet homme dont elle ne savait
rien était devenu l’objet de toutes ses préoccupations. Et même si le moment était terriblement mal choisi,
c’était peut-être le dernier qu’elle passait avec lui.