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Juste au moment où elle s’avançait, un type répugnant avec des dents en or se hissa avec difficulté le
long d’un des côtés de la cage.
— Et maintenant… celui que vous attendez tous !
Isaac retira son sweat-shirt et ses chaussures, les jeta au sol, puis se mit à arpenter le ring, menton
baissé, jetant un regard noir sous ses sourcils. Son tee-shirt était légèrement tendu en travers de ses
pectoraux et ses biceps étaient bombés alors que ses bras pendaient mollement sur le côté. Prêt à se
lancer au combat, ce n’était plus qu’une montagne de muscles et d’os, les veines gonflées, les épaules si
larges qu’il aurait sûrement pu soulever tout le bâtiment en développé-couché.
Tandis qu’elle le regardait escalader la cage et atterrir, pieds nus, de l’autre côté, le rugissement de
la foule résonna dans sa tête et une décharge d’adrénaline la traversa. Dans la lueur des huit lampes de
camping qu’on avait suspendues à des mâts, son client lui apparaissait comme le croisement entre un
gladiateur et une bête féroce, dressée pour tuer.
Malheureusement, l’homme qui avait basculé par-dessus le grillage pour se camper en face d’Isaac
était son portrait craché : même carrure, même taille, même regard funeste. Il était identique jusque dans
ses vêtements, son tee-shirt dévoilant une grande partie du serpent tatoué qui ondulait autour de ses
épaules et de son cou. Et tandis que le public se rapprochait en braillant, les deux adversaires se
contournaient, guettant la moindre occasion, bras, torse et cuisses tendus.
Isaac frappa le premier. Pivotant d’un bloc, il assena un coup de pied dans les côtes du tatoué avec
une telle hargne qu’elle était prête à parier que les ancêtres de son adversaire l’avaient senti depuis leurs
tombes.
Tout se passa en un éclair. Les deux hommes se lancèrent dans un ballet de coups et d’esquives, de
la sueur inondant l’encolure et le dos de leur tee-shirt. Sous la lueur jaunâtre des lanternes, on aurait dit
qu’ils combattaient dans un cercle de feu. Chaque coup porté claquait comme une détonation, le choc des
impacts s’élevant au-dessus des cris de la foule survoltée. Du sang jaillit, d’abord de la cicatrice au front
d’Isaac, qui n’avait pas tardé à se rouvrir, puis d’une entaille faite à la lèvre de son adversaire. Si les
combattants ne semblaient pas s’en soucier, les spectateurs s’en délectaient avec un plaisir malsain, telle
une bande de vampires…
Sentant une main sur ses fesses, elle tourna brusquement la tête.
Puis elle recula en fusillant du regard l’importun.
— Je ne vous dérange pas ?
Un instant, il sembla surpris, le regard fou. Puis il plissa les yeux.
— Hé… qu’est-ce que vous foutez là ?
À sa question, on aurait cru qu’il l’avait reconnue.
D’un autre côté, il aurait pu parler au père Noël avec autant de sérieux : il avait le visage luisant de
sueur et le muscle de sa joue tressaillait comme s’il avait reçu un choc électrique.
Manifestement, il était sous l’emprise de métamphétamine. Et Dieu sait si elle était douée pour
établir ce diagnostic.
— Laissez tomber, dit-elle en s’éloignant.
Il la suivit. C’était bien sa veine : le seul idiot de toute l’assistance qui s’intéressait plus à elle qu’au
combat.
L’attrapant par le bras, il l’attira vers lui.
— Je vous connais…
— Retirez vos sales pattes…
— Comment vous vous appelez ?
Grier s’arracha à son étreinte.
— Ça ne vous regarde pas.
En un éclair, il bondit vers elle et la distance qui les séparait passa brusquement d’un mètre à un