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étais sorti. Tu étais libre. Pourquoi vouloir replonger dans <strong>ce</strong>t enfer ?<br />
Jim rétorqua par un argument qu’Isaac ne pouvait contester, et qui était la vérité. Même si <strong>ce</strong> n’était<br />
pas la seule.<br />
— Je te dois une faveur. Tu le sais. J’ai une dette envers toi après <strong>ce</strong> qui s’est passé dans le désert.<br />
Jim Heron n’avait pas changé : grand, baraqué, et sérieux comme un pape quand il s’agissait du<br />
boulot. Ses yeux bleus étaient les mêmes, ses cheveux blonds toujours <strong>au</strong>ssi ébouriffés et son visage rasé<br />
de près, comme d’habitude. Il tenait même une Marlboro qui se consumait tranquillement entre ses doigts.<br />
Mais il avait quelque chose d’un peu différent, une sorte de vibration un peu… étrange, sans être<br />
forcément m<strong>au</strong>vaise.<br />
Peut-être que <strong>ce</strong> veinard avait fini par apprécier le fait de dormir la nuit, plutôt que de garder un<br />
revolver à la main et de se réveiller <strong>au</strong> moindre bruit.<br />
Bon Dieu, quand il avait entendu dire que Heron avait quitté les XOps, il ne se serait jamais attendu<br />
à le revoir un jour, soit par<strong>ce</strong> que Matthias lui <strong>au</strong>rait collé une balle dans le crâne en guise de carte<br />
d’adieu, soit par<strong>ce</strong> que Jim <strong>au</strong>rait eu la sagesse de rester à l’écart de tout <strong>ce</strong> qui pouvait avoir trait à son<br />
ancienne vie.<br />
Et pourtant il était là.<br />
Les yeux rivés dans les siens, il commençait à croire, <strong>au</strong>tant qu’il le pouvait, que Heron était bel et<br />
bien venu l’aider à c<strong>au</strong>se de <strong>ce</strong>tte dette contractée <strong>au</strong> pays du soleil brûlant. En outre, s’il avait voulu le<br />
tuer, <strong>ce</strong>tte conversation n’<strong>au</strong>rait jamais eu lieu.<br />
— Si j’étais venu te buter, murmura Jim, tu serais déjà mort.<br />
Bingo.<br />
— D’accord, répondit Isaac. Garde-moi mes affaires pendant que je vais combattre.<br />
Jim le fusilla du regard.<br />
— Tu ne peux pas monter sur <strong>ce</strong> ring. Entre le prospectus que j’ai vu et <strong>ce</strong>tte arrestation, tu ferais<br />
<strong>au</strong>ssi bien de te coller un mouchard <strong>au</strong> cul.<br />
— J’ai besoin de <strong>ce</strong> fric.<br />
— Je peux t’en prêter.<br />
Isaac jeta un coup d’œil à la sortie et aperçut deux armoires à gla<strong>ce</strong> près de la porte. Lorsqu’ils le<br />
saluèrent d’un signe de la main, il demanda :<br />
— Ils sont avec toi ?<br />
Jim parut surpris.<br />
— Ah, euh, oui.<br />
— Tu montes ta propre équipe ?<br />
— On pourrait dire ça. Mais là, on parlait de toi et du fait que tu allais laisser tomber pour <strong>ce</strong> soir.<br />
Jamais de la vie, répondit Isaac pour lui-même. Il n’était pas question d’enfler <strong>ce</strong>tte avocate de 25<br />
000 dollars, et les 2 000 qui lui resteraient n’allaient pas le mener bien loin. Et quand bien même<br />
Matthias avait les moyens d’envoyer un type sur le ring, capable de le tuer devant des <strong>ce</strong>ntaines de<br />
témoins et de maquiller sa mort en accident, quel choix avait-il ? Pour rien <strong>au</strong> monde, il n’ac<strong>ce</strong>pterait<br />
qu’on lui fasse l’<strong>au</strong>mône – et de toute façon, il savait depuis longtemps qu’il n’attirait la compassion de<br />
personne – ou d’être redevable envers Jim sous prétexte de solder une dette.<br />
Dans dix minutes, il <strong>au</strong>rait la possibilité de gagner 1 000 ou 2 000 dollars de plus. Et s’il se faisait<br />
buter par le lieutenant de Matthias, <strong>ce</strong>lui qui s’était pointé la veille <strong>au</strong> soir ? Peu importe. Dès l’instant où<br />
il avait déserté, il avait su qu’un <strong>ce</strong>rcueil l’attendait <strong>au</strong> bout du chemin. C’était comme s’il était atteint<br />
d’une maladie incurable : le remède risquait de le tuer, mais <strong>au</strong> moins il allait se battre et mourir selon<br />
ses propres conditions.<br />
Et s’il restait chez les XOps ? Il passerait le reste de ses jours comme un mort-vivant.<br />
À <strong>ce</strong> stade, il se sentait si vide qu’il avait déjà un pied dans la tombe.