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épondre « en prison », juste pour la voir s’étouffer.
— Grâce à un site de rencontres.
— Oh. Comme Meetic ?
— Exactement. (Leurs principaux critères de compatibilité étant qu’il recherchait une personne avec
un diplôme en droit et qu’elle avait un doctorat dans ce domaine.) Vous me laissez entrer, maintenant ?
— Ah, vous êtes pressée. Vous savez, ma sœur a essayé Meetic. Le type qu’elle a rencontré était un
sombre connard.
Grier eut toutes les peines du monde à lui faire monter l’escalier, presque autant que si elle l’avait
chargée par-dessus son épaule avant de la traîner jusqu’au second étage. Cependant, après avoir passé
dix minutes à esquiver ses questions, elle se retrouva enfin devant l’appartement d’Isaac.
— Vous savez, dit la propriétaire en déverrouillant la porte, vous devriez songer à…
— Merci beaucoup pour votre aide, répondit Grier en se faufilant à l’intérieur avant de lui fermer la
porte au nez.
S’appuyant contre le battant, elle prit une grande inspiration et écouta la femme descendre en
marmonnant.
Puis elle se retourna… Oh, mon Dieu.
Le salon était aussi triste et décrépit qu’un vieil homme abandonné, preuve que la misère, à l’instar
de la vieillesse, est pareille où qu’on aille – elle aurait pu se trouver dans n’importe quel taudis, planque
ou squat de n’importe quelle ville ou pays. Les vieilles lames de plancher avaient l’éclat d’une feuille de
papier de verre et le plafond était piqué de taches d’humidité qui avaient la couleur de l’urine. Elle
n’aperçut aucun meuble ; pas de table, ni de chaise, ni de TV. Juste un sac de couchage, une paire de
rangers et des vêtements pliés avec soin.
L’oreiller d’Isaac Rothe n’était rien d’autre qu’un sweat-shirt.
Campée au beau milieu du salon, elle songea au dernier endroit où avait vécu son frère.
Contrairement à l’appartement de Daniel qui était jonché de seringues et de cuillères sales, celui de son
client était propre. De plus, ce dépouillement ne semblait pas être le résultat d’un sens des priorités
perverti, comme chez les junkies.
Seigneur, c’était toujours aussi pénible de se souvenir de l’endroit où Daniel avait échoué. La
crasse… les cafards… la nourriture en décomposition…
Se forçant à se reprendre, elle gagna la cuisine et, sans surprise, trouva tous les placards, les tiroirs
et le réfrigérateur vides. La salle de bains ne contenait qu’un rasoir, de la mousse à raser, une brosse à
dents et du savon.
Dans la chambre à coucher, totalement dégarnie, elle se dirigea vers la penderie et se servit de la
lampe-stylo de son porte-clés pour examiner l’intérieur. Le panneau qu’Isaac lui avait décrit se trouvait
sur la gauche ; elle l’ouvrit sans difficulté.
Et effectivement, elle découvrit un sac en plastique contenant 25 000 dollars en espèces, caché dans
l’espace poussiéreux séparant les planches d’encadrement. Du moins, c’était la somme qui semblait
correspondre au poids et au nombre de billets…
Un grincement.
Grier se figea.
Et dressa l’oreille.
Jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, elle cessa de respirer. Mais tout ce qu’elle entendit fut
le martellement de son cœur.
Le silence persistant, elle reposa le sac, replaça le panneau et referma le placard. Puis elle gagna la
fenêtre, de l’autre côté de la pièce. La vitre était si noire de crasse que personne au-dehors n’aurait pu
voir à l’intérieur. Pourtant, elle avait le sentiment d’être observée…
Une lumière clignota et Grier se rapprocha.