3 KORPES Handicap mental - EESP

Cette affirmation n’évitera pas que le fou ou le déficient soit
traité de manière comparable au lépreux. “La lèpre disparue,
le lépreux effacé, ou presque, des mémoires, ces structures
resteront. Dans les mêmes lieux souvent, les jeux de l’exclusion
se retrouveront, étrangement semblables deux ou trois siècles
plus tard. Pauvres, vagabonds, correctionnaires et “têtes
aliénées” reprendront le rôle abandonné par le ladre...” 21 .
Mais pour l’heure, il semble que le fou et le déficient soient
pris en charge par leur communauté d’origine. Si un fou arrive
dans une ville dont il n’est pas originaire, il s’en trouve expulsé.
Il arrive qu’ils soient confiés à des marchands ou des bateliers.
Cette pratique est à l’origine, sans doute, de la mythique image
de la “Nef des Fous”. Cette manière de faire invite à penser que
c’est plus “l’étranger” que le fou qui se trouve ainsi rejeté. Le
fou, reconnu par sa communauté, bénéficie d’une assistance,
d’un rôle social, même si celui-ci est des plus précaire, ne
relevant que d’une attitude charitable, encouragée par l’Eglise.
Comme le souligne STIKER, jusqu’à la fin du XIIe
siècle,”...la difformité n’est pas le premier problème... elle
n’est ni répertoriée, ni exclue, ni organisée, ni spécialement
regardée: elle est là, et dans le paquet de la misère, il faut lui
faire “miséricorde” 22 .
Il faut, malgré cela, relever la diversité des traitements
réservés aux aliénés, à ceux dont la raison s’est obscurcie. On
a déjà mis en évidence la place prépondérante que prend le
démon dans l’explication des maladies et des troubles dont
l’homme peut souffrir. Un certain nombres d’actions seront
alors entreprises pour contrecarrer l’oeuvre démoniaque.
Ainsi, l’accès des églises se trouve interdit aux fous, mais de
nombreux pèlerinages sont effectués pour intercéder auprès
21. FOUCAULT, M., op. cit., p. 16.
22. STIKER, H. J., op. cit., p. 95.
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