3 KORPES Handicap mental - EESP

L’éducation populaire. Bien que dans la plupart des pays
européens l’école publique obligatoire n’apparaisse qu’à la fin
de ce siècle, sinon au début du XXe siècle, cette période
amplifie le mouvement entamé après la Révolution. Les démocrates
exigent des citoyens éduqués afin de leur permettre une
participation complète à la construction de la société. Très vite,
on va se rendre compte qu’un certain nombre d’enfants ne
peuvent bénéficier du programme standard et l’on s’attachera
progressivement à créer des structures “spéciales” à leur
intention.
Les progrès de la médecine. A la fin du XVIIIe siècle,
l’étude des faits commence à tenir une place essentielle en
médecine. CABANIS, fondateur de la psycho-physiologie
moderne, insiste sur la valeur de l’observation et exige la tenue
d’un journal d’hôpital: “Il faut, écrit-il, réfréner cette impatience
et cette précipitation que l’homme n’éprouve que trop
souvent et qui le pousse à conclure avant d’avoir rassemblé
tous les motifs de sa conclusion”. BICHAT 46 préconise l’étude
clinique: “Vous auriez pendant vingt ans, du matin au soir, pris
des notes au chevet du malade(...) tout sera pour vous confusion
dans les symptômes(...). Ouvrez quelques cadavres: vous
verrez disparaître aussitôt l’obscurité que la seule observation
n’avait pu dissiper”. C’est vrai qu’il fallait un certain courage
pour se risquer à pareille besogne car, comme le relève P.
DARMON 47 , on n’était jamais certain de survivre à une séance
de dissection, et nombre de précurseurs en ont fait la triste
expérience. S’ouvre alors l’ère de l’anatomo-clinique, qui ne
se contente pas de constater les symptômes mais de les comprendre,
de les expliquer à partir d’une réalité pouvant être
observée et décrite.
46. SENDRAIL, M., Histoire culturelle de la maladie, Privat, Toulouse,
1980, p. 368.
47. DARMON, P., Le vol des cadavres et la science (XVIIe-XIXe siècle),
in: L’histoire, No 48, sept. 1982, pp. 30-37.
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