Coupe de bois et revendications sociales au Mali - Ird
Coupe de bois et revendications sociales au Mali - Ird
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apparemment décidée par les <strong>au</strong>torités coutumières (sur incitation <strong>de</strong> la SED 6 ) <strong>et</strong> tolérée par les<br />
services forestiers. Son montant est assez homogène, <strong>de</strong> 100 FCFA par stère ou par sac. Les raisons<br />
pour lesquelles c<strong>et</strong>te taxe est apparue, se surajoutant <strong>au</strong>x taxes « officielles », seront discutées ci-après.<br />
Il semble toutefois évi<strong>de</strong>nt que c<strong>et</strong>te taxe donne davantage <strong>de</strong> légitimité sociale à la SRGB. L’argent<br />
<strong>de</strong> la taxe villageoise contribue à payer les gestionnaires <strong>de</strong> la SRGB, mais <strong>au</strong>ssi dans certains cas le<br />
salaire <strong>de</strong>s maîtres d’école, la construction <strong>de</strong> l’école, <strong>et</strong>c… Elle a surtout pour mérite <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre la<br />
SRGB sous couvert <strong>de</strong>s <strong>au</strong>torités coutumières <strong>et</strong> <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre à ses membres d’être plus légitimes dans<br />
leurs activités <strong>et</strong> dans leurs rapports à l’espace.<br />
Le <strong>de</strong>rnier élément <strong>de</strong> réflexion sur la légitimité sociale <strong>de</strong>s SRGB est relatif à la délimitation <strong>et</strong> <strong>au</strong><br />
plan d’aménagement <strong>de</strong> la « forêt ». Même dans l’hypothèse favorable où ces limites <strong>et</strong> ce plan ont été<br />
bien négociés avec, dès le départ, une large consultation <strong>et</strong> implication <strong>de</strong>s institutions locales, quel<br />
poids pensait-on que ces délimitations <strong>au</strong>raient ? Aucun travail préalable <strong>de</strong> délimitation foncière <strong>de</strong>s<br />
espaces villageois n’a été fait. A une <strong>au</strong>tre nive<strong>au</strong>, la délimitation <strong>de</strong>s communes est restée dans un<br />
flou dont on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> combien <strong>de</strong> temps il pourra durer puisque les communes ont été créées par<br />
<strong>de</strong>s regroupements <strong>de</strong> villages -d'ailleurs parfois contestés-, <strong>et</strong> que c<strong>et</strong>te assise territoriale -pour floue<br />
qu'elle soit- n'est <strong>de</strong> toute manière pas confortée par une dévolution <strong>de</strong> domaines ? Dans ces<br />
conditions, quelle contrainte la délimitation <strong>de</strong>s espaces d’exploitation accordés <strong>au</strong>x SRGB représent<strong>et</strong>-elle<br />
pour les bûcherons ? Dans le meilleur <strong>de</strong>s cas, il reste <strong>de</strong> ces négociations <strong>de</strong> départ un fichier<br />
sur un ordinateur <strong>de</strong> l’AMADER hérité <strong>de</strong> la SED <strong>et</strong> une carte entre les mains <strong>de</strong>s gestionnaires <strong>de</strong> la<br />
SRGB sur laquelle il leur est <strong>de</strong> toutes façons difficile <strong>de</strong> se repérer concrètement. Dans la pratique,<br />
<strong>au</strong>cune institution locale ne s’appuie sur ces cartes, que ce soit pour revendiquer un droit d’accès à<br />
l’exploitation du <strong>bois</strong> d’un espace ou <strong>au</strong> contraire pour l’en défendre. A contrario, on peut également<br />
constater que ces délimitations <strong>et</strong> plans, s’ils n’ont pas vraiment servi à mieux gérer les ressources<br />
comme c’était prévu, n’ont a priori été que peu instrumentalisés par les institutions locales.<br />
En résumé, dans les trois dimensions dans lesquelles la légitimité <strong>de</strong>s marchés rur<strong>au</strong>x <strong>de</strong> <strong>bois</strong> peut être<br />
considérée : sociale, économique <strong>et</strong> territoriale, toutes les préc<strong>au</strong>tions n’ont pas été prises pour asseoir<br />
c<strong>et</strong>te légitimité <strong>et</strong> l’articuler <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres institutions plus anciennes sur lesquelles elle pourrait<br />
s’appuyer. L’insertion institutionnelle <strong>de</strong> ces marchés a été mise en déf<strong>au</strong>t. Elle a nécessité <strong>de</strong>s<br />
ajustements <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s acteurs loc<strong>au</strong>x, à la fois par une re-composition du bure<strong>au</strong> <strong>de</strong>s SRGB <strong>et</strong> par<br />
une contribution économique directe <strong>de</strong> l’exploitation du <strong>bois</strong> à la vie du village (taxe villageoise).<br />
6 Il est à noter que le BIT (Bure<strong>au</strong> International du Travail), intervenant à Kita <strong>de</strong>puis les années 80 sur un proj<strong>et</strong> similaire -<br />
qui a souvent été présenté comme un "laboratoire" <strong>de</strong> la Stratégie Energie Domestique- a institutionnalisé c<strong>et</strong>te taxe sous le<br />
nom <strong>de</strong> « Fonds <strong>de</strong> Développement Villageois »<br />
Colloque international “Les frontières <strong>de</strong> la question foncière – At the frontier of land issues”, Montpellier, 2006<br />
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