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Coupe de bois et revendications sociales au Mali - Ird

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(G<strong>au</strong>tier <strong>et</strong> al., sous presse). Le fait qu’il n’y ait pas encore eu <strong>de</strong> dévolution <strong>de</strong> domaine foncier <strong>au</strong>x<br />

communes est un frein à c<strong>et</strong>te articulation, tout comme les contradictions internes <strong>au</strong> droit positif que<br />

toutes ces réformes ont générées. Cependant, -<strong>et</strong> même si <strong>de</strong>s organismes <strong>de</strong> coopération<br />

internationale (parmi lesquelles la GTZ, la SNV, la Coopération suisse) ont fait un choix politique fort<br />

en apportant un appui en terme <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s ressources naturelles <strong>au</strong>x institutions issues <strong>de</strong> la<br />

décentralisation - les logiques <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> responsabilité <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s ressources naturelles <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

décentralisation restent distinctes. Nous développerons dans ce papier les confusions que peuvent<br />

générer le flou qui règne sur les prérogatives <strong>de</strong>s différentes institutions.<br />

Le <strong>de</strong>uxième point que nous souhaitons relever est relatif <strong>au</strong>x lieux d’exercice <strong>de</strong> la coupe <strong>de</strong> <strong>bois</strong> que<br />

nous avons pu étudier dans les environs <strong>de</strong> Bamako. Situés en milieux Bambara (commune <strong>de</strong> Zan<br />

Coulibaly, à 70km à l’est <strong>de</strong> Bamako) <strong>et</strong> Mandingue (communes <strong>de</strong> Bankoumana <strong>et</strong> Siby, à 30km <strong>au</strong><br />

Sud-Ouest <strong>de</strong> Bamako), ils se caractérisent d’une part par la présence d’une <strong>au</strong>torité traditionnelle qui<br />

joint systématiquement ses prérogatives politiques à <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> prêtrise <strong>de</strong> la terre ; d’<strong>au</strong>tre part<br />

par <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> <strong>bois</strong>ement relativement élevés (explicables en gran<strong>de</strong> partie par la nature <strong>de</strong>s sols). On<br />

observe dès lors <strong>de</strong>ux cas <strong>de</strong> figure : les terres arables du village peuvent être totalement mise en<br />

culture, ou bien pas encore. Dans le premier cas, les coupes ont lieu dans <strong>de</strong>s espaces sylvo-pastor<strong>au</strong>x<br />

en marge d’un finage saturé ; dans le <strong>de</strong>uxième cas, la coupe <strong>de</strong> <strong>bois</strong> peut être conjointe à la mise ou à<br />

la remise en culture <strong>de</strong> jachères. Dans tous les cas cependant, la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s coupes <strong>de</strong> <strong>bois</strong><br />

interviennent dans <strong>de</strong>s périphéries villageoises, <strong>au</strong> statut foncier encore mal défini, mais a priori<br />

ouvert pour les <strong>au</strong>torités coutumières qui revendiquent quasiment toutes une tradition d’accueil sur<br />

leurs terres. Le transfert <strong>de</strong> responsabilité <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s ressources ligneuses a cependant j<strong>et</strong>é sur ces<br />

périphéries une lumière un peu crue. Elles <strong>de</strong>viennent, du fait <strong>de</strong> ce transfert, un obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> convoitise à<br />

la fois économique –pour la ressource qu’elles portent- <strong>et</strong> surtout socio-politique – pour la<br />

modification <strong>de</strong>s règles d’accès <strong>et</strong> d’usage que ce transfert génère (G<strong>au</strong>tier <strong>et</strong> al., sous presse). Dans le<br />

développement qui va suivre, il est important <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r en mémoire que les dynamiques foncières dont<br />

nous parlons ont lieu en périphérie <strong>de</strong>s villages <strong>et</strong> se joue à travers l’exploitation <strong>de</strong>s ressources, ce qui<br />

justifie notre acception large du foncier.<br />

Après avoir présenté le transfert <strong>de</strong> responsabilité <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s ressources ligneuses tel qu’il a eu lieu<br />

<strong>au</strong> <strong>Mali</strong> <strong>de</strong> 1996 à 2002 à travers c<strong>et</strong>te incarnation locale qu'a été la création <strong>de</strong> marchés rur<strong>au</strong>x <strong>de</strong><br />

<strong>bois</strong>, nous nous intéresserons à la manière dont ce transfert est instrumentalisé pour <strong>de</strong>s <strong>revendications</strong><br />

<strong>sociales</strong> <strong>et</strong> territoriales <strong>de</strong> différents nive<strong>au</strong>x.<br />

Colloque international “Les frontières <strong>de</strong> la question foncière – At the frontier of land issues”, Montpellier, 2006<br />

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