Coupe de bois et revendications sociales au Mali - Ird
Coupe de bois et revendications sociales au Mali - Ird
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capacité <strong>de</strong>s pouvoirs coutumiers à imposer <strong>au</strong>x bûcherons <strong>de</strong>s règles d’exploitation durable, en<br />
revanche, ils veillent généralement à ce que toute la population qu’ils jugent légitime profite <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />
activité, quitte à faire organiser <strong>de</strong>s tours <strong>de</strong> vente <strong>au</strong>x transporteurs, comme cela peut s’observer ça <strong>et</strong><br />
là. Surtout, ils appuient les bûcherons dans leurs activités afin <strong>de</strong> marquer les territoires qu’ils<br />
considèrent comme sous leur responsabilité, quitte à aller <strong>au</strong> conflit avec d’<strong>au</strong>tres pouvoirs, en<br />
particulier commun<strong>au</strong>x.<br />
Les rapports entre ces <strong>de</strong>ux pouvoirs loc<strong>au</strong>x se ten<strong>de</strong>nt, notamment pour <strong>de</strong>s raisons politiques. Les<br />
chefs coutumiers <strong>de</strong> certains villages à qui les futurs maires ont fait <strong>de</strong>s promesses électorales non<br />
tenues à ce jour se sentent laissés-pour-compte du développement local. Leur amertume peut être<br />
d’<strong>au</strong>tant plus gran<strong>de</strong> qu’ils peuvent voir dans leur voisinage d’<strong>au</strong>tres villages qui reçoivent une part <strong>de</strong><br />
la manne <strong>de</strong>s crédits <strong>de</strong> décentralisation, tandis qu’ils ont eux le sentiment <strong>de</strong> voir leurs moyens se<br />
dégra<strong>de</strong>r. C<strong>et</strong>te amertume est également renforcée par le fait que l’information parvient désormais <strong>au</strong><br />
nive<strong>au</strong> villageois selon laquelle, les taxes forestières que paient les bûcherons r<strong>et</strong>ournent en partie <strong>au</strong><br />
chef-lieu <strong>de</strong> commune, sans re<strong>de</strong>scendre jusqu’à eux. C<strong>et</strong>te information n’est jamais tout à fait la<br />
même en chaque lieu, les interprétations <strong>de</strong>s textes <strong>de</strong> loi parvenant jusqu’<strong>au</strong>x localités rurales où ils<br />
sont censés être compris <strong>et</strong> appliqués étant pour le moins contrastées. Toutefois, l’idée est très<br />
généralement répandue parmi les villageois que les pouvoirs commun<strong>au</strong>x se font <strong>de</strong> l’argent sur leur<br />
dos, s’ajoutant ainsi à <strong>de</strong>s forestiers qui faisaient jusqu’à présent partie du paysage <strong>et</strong> qu’ils avaient<br />
appris à contourner. L’accès à la ressource forestière <strong>et</strong> donc à la terre qui les porte <strong>de</strong>vient un obj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
contestation d'un pouvoir communal qui peine à se m<strong>et</strong>tre en place <strong>et</strong> <strong>de</strong> ré-affirmation du local.<br />
CONCLUSION<br />
Si le transfert <strong>de</strong> responsabilité <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s ressources ligneuses peut être instrumentalisé par les<br />
pouvoirs coutumiers -<strong>et</strong> dans une moindre mesure par les pouvoirs commun<strong>au</strong>x- pour affirmer leurs<br />
<strong>au</strong>torités sur les populations <strong>et</strong> les territoires, il y a cependant quelque risque à c<strong>et</strong>te<br />
instrumentalisation. Il y a tout d’abord un risque évi<strong>de</strong>nt d’ostracisme <strong>et</strong> <strong>de</strong> rej<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’allochtone <strong>de</strong><br />
territoires qui ont toujours été l’obj<strong>et</strong> d’usages multiples par <strong>de</strong>s groupes <strong>et</strong>hniques variés <strong>et</strong> d’activités<br />
le plus souvent complémentaires. C<strong>et</strong>te défense <strong>de</strong> « l’<strong>au</strong>tochtonie » n’est pas nouvelle puisque<br />
l’administration centrale a généralement privilégié la mise en valeur agricole <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres activités<br />
comme l’élevage ou les cueill<strong>et</strong>tes, <strong>et</strong> donc les populations sé<strong>de</strong>ntarisées à celles transhumantes. C<strong>et</strong>te<br />
revendication trouve cependant un écho nouve<strong>au</strong> avec l’exploitation <strong>de</strong>s ressources forestières<br />
puisqu’elle touche <strong>de</strong>s espaces qui sont en marge du cœur cultivé <strong>de</strong>s villages, ainsi que <strong>de</strong>s ressources<br />
qui n’étaient exploitées que <strong>de</strong> façon extensive. Ensuite, le risque est grand également que les pouvoirs<br />
coutumiers privilégient l’affirmation <strong>de</strong> leur pouvoir sur un territoire, quitte à passer celui-ci à la<br />
Colloque international “Les frontières <strong>de</strong> la question foncière – At the frontier of land issues”, Montpellier, 2006<br />
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