prix encre d'asie 2012 - Lycée français de Singapour
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L’Esprit dans les voiles<br />
Le soleil venait <strong>de</strong> se coucher. Immobile à la proue <strong>de</strong> son navire, le jeune<br />
garçon contemplait une <strong>de</strong>rnière fois les lueurs du port <strong>de</strong> Makassar. Il avait<br />
l’intime conviction que ce voyage allait définitivement changer sa vie. Ce que<br />
je ne savais pas c’est que la mienne allait changer aussi.<br />
Je suis allée le voir pour lui dire qu’il <strong>de</strong>vait aller sur l’autre bateau. Il ne<br />
voulait pas y aller, parce que l’esprit <strong>de</strong> ses parents qui venaient juste <strong>de</strong> mourir<br />
se noyait dans son cœur. Ses yeux bleu foncé commençaient à perdre leur<br />
couleur, ses beaux cheveux blonds couvraient sa figure. Il a pris ma main et on<br />
s’est dirigé vers l’autre bateau.<br />
La nuit venue nous nous sommes installés autour d’une lampe à huile. Il y<br />
avait le jeune garçon, l’homme <strong>de</strong> ménage, le cuisinier et moi. On se racontait<br />
<strong>de</strong>s histoires, <strong>de</strong>s flammes volaient dans les airs. Une musique imaginaire<br />
commençait à jouer dans ma tête et les flammèches faisaient une petite danse.<br />
Après avoir mangé, on s’est couché. J’ai posé ma tête sur du bois et j’ai regardé<br />
le ciel, il ressemblait à une soupe aux étoiles. C’était comme si je pouvais mettre<br />
une cuillère et mélanger les astres.<br />
Je pouvais voir ma mère et je savais qu’elle était à la maison en train <strong>de</strong> penser<br />
à moi. Je me sentais seule. Je savais que je n’allais plus la revoir, mais je n’ai<br />
même pas eu envie <strong>de</strong> penser à la manière dont le garçon se sentait. Je savais<br />
que ma mère était là, mais le garçon, lui il n’avait personne.<br />
La tristesse emplissait mon cœur, je me sentais fatiguée, alors j’ai laissé mes<br />
paupières tomber et vagabon<strong>de</strong>r mes pensées. Je ne savais pas où j’allais, le<br />
garçon non plus.<br />
Le len<strong>de</strong>main, je suis allée à la cabine du capitaine pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r où nous<br />
allions exactement.<br />
Je l’ai vu couché dans une flaque <strong>de</strong> sang. J’étais choquée, j’avais l’impression<br />
que mes pieds étaient <strong>de</strong>s racines plantées dans le sol et je ne pouvais plus<br />
marcher, mon souffle s’était évaporé <strong>de</strong> mon corps.<br />
Mon cœur s’était arrêté car j’entendais <strong>de</strong>s pas. J’ai cru que c’était le tueur.<br />
Le son <strong>de</strong> ses pas s’est arrêté quand il s’est rapproché <strong>de</strong> moi. Je me suis<br />
retournée très lentement pour voir qui était le tueur… C’était le majordome.<br />
Heureusement que c’était lui, il <strong>de</strong>vait être là pour se débarrasser du corps.