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Yvonne Spielmann - The Daniel Langlois Foundation

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éférentielles. « Nous avons connu les procédés d’altération des images vidéo grâce à<br />

l’équipement de base disponible. Nous pouvions manipuler les lignes de balayage grâce<br />

aux commandes servant à régler la déviation, utiliser l’enregistreur (de bandes<br />

magnétiques) pour figer une image, avancer ou rembobiner des bandes manuellement et<br />

explorer des procédés dans une seule image (Decays I, II). Nous avons assimilé une forme<br />

de montage rudimentaire et les techniques de superpositions asynchroniques en<br />

utilisant l’équipement vidéo un demi-pouce (CV) de première génération. Nous avons<br />

également essayé toutes les méthodes de re-captation caméra d’un moniteur, la seule<br />

option qui nous permettait de saisir et de préserver les états de défaillance du signal de<br />

télévision normal. » 30 Le vidéogramme Calligrams (1970) fait appel à une telle pratique :<br />

la déviation horizontale de l’image re-captée sur le moniteur est « délibérément mal<br />

ajustée » (Steina), provoquant une duplication verticale de l’image. Si la « violation »<br />

causée par une expansion de l’image se répercute dans l’environnement audio constitué<br />

de bruits, la caméra de captation (installée en angle de 90 degrés par rapport à l’écran)<br />

amplifie, quant à elle, la structure électronique verticale de l’image à l’endroit où<br />

l’instabilité de son « cadre » transite vers une forme de spatialité.<br />

Cette expérience, suivie d’autres tentatives avec le Scan Processor, le Video Sequencer,<br />

et le Multikeyer – pour ne nommer que les appareils les plus importants– met en relief le<br />

concept de vidéo chez les Vasulka, tel qu’il se dégage des images photographiques et des<br />

références narratives pour faire cheminer ce médium électronique vers l’abstraction.<br />

L’exploration sculpturale du signal vidéo est un aspect de l’utilisation d’outils de<br />

traitement de l’image et du son, notamment pour créer des éléments évoquant le<br />

paysage grâce à la déviation des lignes de balayage normalement linéaires et à la<br />

superposition des pistes avec un appareil d’encodage séquentiel (key priority encoder).<br />

L’intérêt manifesté par les Vasulka à l’égard de la vidéo traitée et affichée de façon<br />

immédiate a favorisé l’essor d’un vocabulaire où les images captées par la caméra<br />

constituent une possibilité parmi d’autres dans le langage de ce médium.<br />

L’interchangeabilité des sons et des images électroniques dans le traitement de signal<br />

représente une autre de ces possibilités. Tablant sur cette double approche, les Vasulka<br />

articulent les modes opératoires de la vidéo pour examiner les caractéristiques de<br />

l’image tout en maintenant ce qui est inhérent au médium.<br />

Suivant ces considérations, j’aborderai les opérations technologiques abstraites à titre<br />

de « performances », dans la mesure où les effets sur l’image se produisent de façon<br />

directe. Par ailleurs, pour ce qui est de la vidéo axée sur le processus ou découlant d’un<br />

processus, j’associe le terme performance à des formes de présentation qui ne<br />

constituent pas des représentations de phénomènes extérieurs (au traitement<br />

électronique). La performance peut alors se définir comme la distorsion du son et de<br />

l’image que provoque l’activité conjuguée d’un agent humain et d’un composant<br />

technique, ainsi que des procédés issus de la machine seule. La notion de traitement du<br />

signal désigne d’abord des opérations en temps réel. Par exemple, notons que la<br />

réflexivité est toujours inscrite dans la performance en temps réel de Steina dans<br />

laquelle la rétroaction entre en jeu lorsque la source sonore qu’elle produit influe à la fois<br />

sur l’image et sur la piste audio. La réflexivité du médium signifie ici également que<br />

Steina choisit de présenter une image d’elle-même jouant de son instrument tout en<br />

soumettant cette image à des disjonctions spatiales et temporelles. Ces deux niveaux<br />

convergent dans la vidéo : d’une part, l’effet de rétroaction (feedback) produit par le jeu<br />

d’influence du son sur l’image (et vice versa) et, d’autre part, l’auto-réflexivité des<br />

distorsions spatiales et temporelles, s’exécutant tel un « effet miroir » infini. Ce type de<br />

16 / <strong>Yvonne</strong> <strong>Spielmann</strong>, La vidéo et l'ordinateur : L'esthétique de Steina et Woody Vasulka

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