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Yvonne Spielmann - The Daniel Langlois Foundation

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même. Lorsqu’il s’agit d’une caméra photographique (avec film), l’image est projetée sur<br />

une surface couverte d’un produit chimique sensible à la lumière, la pellicule filmique.<br />

Lorsqu’il s’agit d’une caméra vidéo, l’image est projetée à même la surface d’un vidicon,<br />

dans lequel un faisceau d’électrons balaie la surface avant et les variations de noir et de<br />

blanc pour composer l’image vidéo. Le bloc de réflexion positionne magnétiquement le<br />

faisceau électronique qui balaie l’image et crée le signal vidéo. » Sandin décrit également<br />

le mode de traçage du signal à l’extrémité de la ligne inférieure de l’écran (l’impulsion de<br />

synchronisation verticale) et le procédé par lequel la caméra génère également les<br />

données de synchronisation permettant que le signal suive un tracé horizontal<br />

(l’impulsion de synchronisation horizontale). Et il conclut en affirmant : « L’information<br />

vidéo est encodée uniquement dans les lignes de balayage que suit le signal de la gauche<br />

vers la droite. » 2<br />

Il semble que le balayage dans la caméra et à la surface interne de l’écran ne génère pas<br />

d’images cohérentes, mais une sorte de courant d’imagerie défilant tant à la verticale<br />

(comme la pellicule du film) qu’à l’horizontale. En fait, l’impression d’une image résulte<br />

ici de données d’entrée, qu’un dispositif de balayage transforme en signaux<br />

électroniques. Les signaux sont transmis continûment sous forme de lignes de balayage<br />

défilant sur un écran normal de gauche à droite et de haut en bas, rappelant ainsi le trajet<br />

de l’écriture sur une page dans la culture occidentale. Alors que le film confine l’image en<br />

mouvement au déroulement vertical des photogrammes, la vidéo ignore ces impératifs,<br />

car pour composer et recomposer les images, le signal doit cheminer à la fois<br />

verticalement et horizontalement. En distinguant l’unité spatio-temporelle d’une image<br />

sur les modèles du « plan » ou du « tableau » (modèles issus des régimes de<br />

représentation picturale, photographique et cinématographique) et les données<br />

électroniques « encodées » dans les lignes de balayage qui génèrent des images vidéo, je<br />

qualifie d’« imagerie » les formes d’images issues de modulations électroniques.<br />

Je suis favorable à la notion d’encodage que propose Sandin pour définir le traitement<br />

analogique des images, car cet aspect de la vidéo se rapproche de l’encodage numérique<br />

par un système de calcul binaire. En ce sens, j’aimerais souligner les caractéristiques que<br />

partage la vidéo analogique avec le traitement de l’image numérique, et qui différencient<br />

la vidéo d’autres images médiatiques enregistrées, à savoir la photographie et le film.<br />

Contrairement à William J. Mitchell, selon qui l’image encodée numériquement et traitée<br />

par ordinateur ne constitue qu’une nouvelle forme non chimique de photographie ou une<br />

forme de vidéo composée d’images fixes 3 (reconduisant ainsi la notion de photogramme),<br />

j’estime que la transition du chimique au numérique peut, dans le cas des images fixes,<br />

évoquer une substitution de l’émulsion par le pixel. Mais la question de l’image en<br />

mouvement est plus complexe, car la vidéo numérique hérite des composants<br />

technologiques de la vidéo analogique. Cela étant, je constate un lien intermédiatique<br />

entre l’analogique et le numérique, que vient appuyer l’utilisation d’outils de traitement<br />

de l’image en vidéo disposant de fonctions programmables et figurant sous la rubrique<br />

des ordinateurs analogiques. 4<br />

Ainsi, Sandin décrit de nouveau les premières tentatives de programmation du signal<br />

vidéo au moyen d’un processeur d’image analogique (Image Processor) qu’il a conçu en<br />

1972 :« Pour simplifier, l’Image Processor (I-P) est un ordinateur analogique flexible à<br />

fonctions programmables conçu pour traiter des images vidéo en temps réel. . . Le I-P<br />

peut saisir des images issues d’une captation caméra, les modifier, les combiner de façon<br />

2 / <strong>Yvonne</strong> <strong>Spielmann</strong>, La vidéo et l'ordinateur : L'esthétique de Steina et Woody Vasulka

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