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Yvonne Spielmann - The Daniel Langlois Foundation

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grâce à un dispositif dérivant du film. Toutefois, son intérêt pour la vidéo se manifeste<br />

par la modification et la modulation d’images, autant avec des éléments externes à<br />

l’entrée que par des procédés internes (au sein des composants d’un dispositif). Dans ce<br />

type d’œuvres (où la performance, la vidéo et l’installation sont fusionnées), Steina table<br />

sur les possibilités de contrôle et de répétition (en générant, par exemple, des formes<br />

d’ondes). Dans son concept de « vision machine », la question de l’origine de l’œuvre<br />

devient de nouveau un élément critique, puisque Steina formule ainsi une conception<br />

singulière du médium. Se dégageant du paradigme expérimental de Woody, qui suggère<br />

un partage de responsabilités entre la machine et son utilisateur (lorsqu’il emploie la<br />

métaphore de la main pour signifier le savoir-faire, par exemple), Steina, depuis ses<br />

premières expériences sur la « jouabilité » de la vidéo avec le violon (Violin Power), se<br />

présente physiquement comme l’agent à la source du processus de modulation des<br />

signaux audio et vidéo. Elle détourne ainsi le dialogue avec la machine que préconise<br />

Woody, pour faire littéralement se confondre les composants technologiques et le corps.<br />

En considérant que Steina aborde le cadre technologique, à géométrie variable, de la<br />

vidéo, dans une perspective qui englobe le spectateur, nous pourrions conclure que son<br />

concept précurseur de « vision machine » expose des aspects du virtuel avant la lettre.<br />

Plus récemment dans l’évolution des médias, ces aspects ont été exploités au sein<br />

d’environnements immersifs avec, comme premiers éléments, les gants de données et les<br />

casques de réalité virtuelle. Néanmoins, le travail de Steina se distingue radicalement de<br />

ces avancées récentes : là où la plupart des environnements en réalité virtuelle<br />

nécessitent la présence d’un spectateur-utilisateur, l’approche de Steina est plus subtile.<br />

Elle met de l’avant un environnement audio-visuel déjà actualisé, où elle se trouve, pour la<br />

durée de la performance, complètement fusionnée aux machines qui l’entourent,<br />

observant et manipulant sa propre image. « Toutes mes installations ont intégré des<br />

caméras rotatives, et l’exploration du continuum espace-temps…Mes travaux constituent<br />

un examen de l’espace, voire une surveillance de cet espace. » 63 Grâce à de tels procédés,<br />

il est également possible de créer les conditions nécessaires à l’immersion du spectateur<br />

d’une performance, d’une bande vidéo ou d’une installation. En d’autres mots, la relation<br />

spatiale est partie intégrante de la vidéo, et non un élément que la vidéo transmettrait<br />

depuis une forme d’extériorité. Par conséquent, Steina peut démontrer que l’espace y est<br />

une catégorie intrinsèque. Et, comme résultat des expériences de Steina avec<br />

l’immersion ou la fusion, nous pourrions repenser le type d’interactivité de l’artisteauteur<br />

et de la machine.<br />

De nombreuses étapes d’immersion spatiale se succèdent dans le travail de Steina :<br />

Orbital Obsessions (1977), Warp et Mynd (toutes deux de 2000), constituent des objets<br />

vidéo enveloppants indiquant que l’interactivité entre le corps et la machine ainsi<br />

qu’entre les machines n’est pas une activité dont les caractéristiques s’affichent en<br />

surface, mais un processus interne. Toutefois, dans ces expériences avec la « vision<br />

machine », Steina explore également la collision de la forme et du cadre (Violin Power,<br />

Orbital Obsessions). Un système paradoxal et ouvert de langage basé sur les composants<br />

technologiques émerge de la réversibilité (et de l’échange spatial) entre la perspective et<br />

l’imagerie.<br />

D’autres explorations de l’espace se trouvent dans les cinq sections de Summer Salt<br />

(1982) par Steina, où chaque segment met de l’avant une manière d’utiliser des outils<br />

optiques. La caméra n’y est pas employée à titre d’extension de la vision humaine, mais<br />

comme un outil de vision technologique, fonctionnant de façon indépendante. En<br />

30 / <strong>Yvonne</strong> <strong>Spielmann</strong>, La vidéo et l'ordinateur : L'esthétique de Steina et Woody Vasulka

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