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Yvonne Spielmann - The Daniel Langlois Foundation

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Articulator, N.d.T.) à zéro et ajoute un bit à une vitesse préprogrammée. Pour produire le<br />

plan audio, les bits les plus actifs sont sélectionnés et traduits en oscilloscopes contrôlés<br />

par le voltage, grâce au convertisseur numérique analogique….Bad est un jeu sur la<br />

performance d’un ordinateur. Avec une commande simple, « ajouter une unité », la<br />

machine cherche tant bien que mal ses modes d’expression tonales et picturales, y<br />

parvenant de façon aléatoire. » 67 Le vidéogramme expose un processus de calcul d’image<br />

extrêmement complexe en son temps, mais qui semble simple selon les normes<br />

d’aujourd'hui. Toutefois, dans le corpus des premiers travaux des Vasulka, Bad offre un<br />

autre exemple du procédé par lequel ils repoussaient les limites du médium, épuisaient<br />

les possibilités des outils et cherchaient à dépasser les capacités de la machine. Il est sûr<br />

qu’avec l’ajout d’appareils numériques et d’algorithmes, l’expansion dimensionnelle<br />

facilite les transfigurations et la réversibilité (modalités se manifestant, entre autres,<br />

par la métamorphose, la présentation d’événements simultanés en un seul plan et la<br />

synthèse d’image).<br />

Discutant de l’imagerie variable dans le travail des Vasulka, Gene Yougblood prend en<br />

compte la différence entre les médias circonscrits par le cadre et la synthèse numérique<br />

de l’image (où l’image est la manifestation d’une base de données s’ouvrant sur des<br />

possibilités infinies) et en vient à cet énoncé conclusif: « Une coupe est une coupe mais<br />

une opération qui produit une transformation ou une métamorphose est ouverte. » 68 Les<br />

opérations possibles uniquement dans la vidéo numérique sont davantage qualifiées de<br />

figurations : procédés où le traitement, la synthèse et les opérations 3D permettent de<br />

conférer des caractéristiques d’objet à l’image, qui, par conséquent, échappe aux<br />

propriétés pré-déterminées de tout cadre. Selon Yougblood, « (l’image numérique)<br />

représente un autre aspect de flux d’événements parallèles. Lorsqu’un flux d’événements<br />

parallèles confère à l’image les caractéristiques d’un objet, on fait l’économie d’un<br />

registre de réalisme psychologique ou de la vérité photographique. » 69 Étant donné la<br />

prémisse voulant que l’image est « non-référentielle » dans le numérique, il est<br />

également possible de faire converger les propriétés de l’imagerie photographique et<br />

numériques sous forme de métamorphose pour exprimer la transfiguration comme<br />

propriété du numérique (propriété impraticable dans des représentations confinées au<br />

support photographique). Cela est possible car le numérique, avec ce qui lui est propre,<br />

englobe également les propriétés analogiques. Le numérique donne donc l’option<br />

d’incorporer et de présenter d’autres propriétés médiatiques sous une forme simulée.<br />

Yougblood : « La métamorphose n’est pas unique à l’imagerie numérique, elle constitue<br />

une stratégie familière dans l’animation dessinée à la main. Par contre, le cas d’espèce de<br />

la métamorphose photographique (dans le numérique) est unique… Elle est possible, car<br />

le code permet de combiner la subjectivité de la peinture, l’objectivité de la photographie,<br />

et le mouvement de l’animation dessinée à la main qui semble s’exécuter en l’absence de<br />

gravité… Avec le code, une partie du cadre d’image peut se métamorphoser. » 70 Cela<br />

signale une autre manifestation des possibilités technologiques qu’offre le médium<br />

numérique pour réaliser « l’état de simultanéité de situations logiquement<br />

incompatibles » (Krauss).<br />

Élaboré par Steina, le concept d’« image en mouvement continu » (amorcé avec l’imagerie<br />

électronique et développé à mesure que se succèdent les générations d’ordinateurs)<br />

élargit initialement le « vocabulaire » d’opérations pour la simulation d’images. Dans<br />

Lilith (1987), Steina fait converger des couches vibratoires de pistes vidéo pour présenter<br />

l’imagerie selon des caractéristiques multidimensionnelles. Lilith (avec traitement<br />

analogique) donne à voir le visage de la peintre Doris Cross, parlant et bougeant dans un<br />

34 / <strong>Yvonne</strong> <strong>Spielmann</strong>, La vidéo et l'ordinateur : L'esthétique de Steina et Woody Vasulka

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