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Yvonne Spielmann - The Daniel Langlois Foundation

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synchroniser horizontalement et verticalement à la fin de chaque ligne de balayage, et<br />

les deux portions de l’image se fondent l’une dans l’autre. 46 La synchronisation et la<br />

simultanéité sont le propre de la vidéo, même si elle constitue un médium temporel<br />

linéaire comme le film.<br />

En comparant différents types d’images médiatiques, Edmond Couchot réserve les<br />

qualités de représentations temporelles et spatiales à l’image filmique, alors que l’image<br />

numérique ne dispose pas de fonctions représentationnelles. L’image traitée par un<br />

procédé numérique est une image simulée qui assimile des traits représentationnels<br />

pour s’inscrire dans des circuits hypermédias. C’est une image omnidirectionnelle. Entre<br />

ces deux types d’images (filmiques et numériques), « l’image » électronique en vidéo est<br />

également considérée comme omnidirectionnelle, car elle produit de la simultanéité et de<br />

la densité :« L’image, visuelle et sonore, que l’écran électronique introduit avec violence<br />

dans le lieu où il est placé, sans la transition du cadre, s’impose au spectateur au<br />

détriment de l’espace qui l’entoure et qu’il transforme ‘en fond’. » 47 La qualité<br />

omnidirectionnelle définit la structure paradoxale de la vidéo, qui implose à l’endroit où<br />

sa présence surgit, de sorte que la continuité temporelle s’effondre dans la densité d’un<br />

agglomérat de lignes de balayage. La différence entre les images, en d’autres mots, la<br />

dimension temporelle, est intégrée dans un agglomérat produisant la densité comme<br />

catégorie spatiale. L’effet de simultanéité électronique qui en résulte indique une<br />

rupture radicale dans le mode d’organisation de toute image.<br />

Comme les théories médiatiques de la vidéo le postulent généralement, la caractéristique<br />

essentielle de l’image électronique réside dans sa présence immédiate à l’endroit où elle<br />

s’affiche, soit la surface de l’écran. Mais comme je l’affirme, l’image vidéo généralement<br />

entendue comme image de surface s’appréhende mieux par son omnidirectionnalité<br />

inhérente (à la manière d’une « image » survenant hors du cadre normalement réservé<br />

aux images). Par contraste avec les médias analogiques d’enregistrement comme le film<br />

et la photographie, l’unité matérielle de l’« image » est inexistante. Elle se manifeste<br />

seulement par des signaux produisant du « bruit » qui, en retour, peuvent ou non prendre<br />

la forme d’un phénomène répondant à ce qu’on entend par image. Gilles Deleuze 48 énonce<br />

(se référant explicitement à Edmond Couchot) que l’image électronique — c’est-à-dire<br />

l’image télévisuelle et vidéo — perd son aspect directionnel en faveur d’un espace<br />

omnidirectionnel qui fait varier ses angles, et où les dimensions verticales et<br />

horizontales sont coordonnées ainsi qu’interchangeables. Selon Couchot, il est<br />

nécessaire de distinguer l’électronique du numérique, car l’image traitée numériquement<br />

ne représente pas des paramètres de temps et d’espace, mais expose des formes non<br />

directionnelles. Celles-ci sont réglées par le calcul et, donc, essentiellement<br />

ambivalentes. Cette non-directionnalité implique également de la densité et de la<br />

compression temporelle, des caractéristiques qui favorisent la manifestation du<br />

numérique tant dans des formes spatiales que non spatiales. Dans le traitement<br />

numérique, toutes les formes possibles de l’image peuvent se matérialiser, rapprochant<br />

ainsi l’image électronique d’une traduction ou d’un passage vers un type d’image<br />

matricielle numérique. Couchot décrit le processus d’incorporation de l’analogique dans<br />

le numérique : « Physiquement, sur l’écran de l’ordinateur, l’image numérique se présente<br />

comme une matrice à deux dimensions de points élémentaires : les pixels. À la différence<br />

de la télévision, la position des pixels ainsi que leurs caractéristiques chromatiques et<br />

lumineuses est définie automatiquement par calcul : la mosaïque télévisuelle est<br />

maintenant rigoureusement ordonnée. À l’inverse, il devient aussi possible de passer<br />

22 / <strong>Yvonne</strong> <strong>Spielmann</strong>, La vidéo et l'ordinateur : L'esthétique de Steina et Woody Vasulka

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