Texte zur Geschichtstheorie - Max-Planck-Gymnasium Dortmund
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Paul Veyne, L’histoire est un récit d’événements vrais<br />
L’histoire est récit d’événements vrais : tout le reste en découle. Puisqu’elle<br />
est d’emblée un récit, elle ne fait pas revivre, non plus que le roman<br />
; le vécu tel qu’il ressort des mains de l’historien n’est pas celui des<br />
acteurs ; c’est une narration, ce qui permet d’éliminer certains faux problème.<br />
Comme le roman, l’histoire trie, simplifie, organise, fait tenir un<br />
siècle en une page et cette synthèse du récit est non moins spontanée que<br />
celle de notre mémoire quand nous évoquons les dernières années que<br />
nous avons vécues. Spéculer sur l’intervalle qui sépare toujours le vécu et<br />
la récollection du récit amènerait simplement à constater que Waterloo ne<br />
fut pas la même chose pour un grognard et un maréchal, qu’on peut raconter<br />
cette bataille à la première ou à la troisième personne en parler<br />
comme d’une bataille, d’une victoire anglaise ou d’une défaite française,<br />
qu’on peut laisser entrevoir dès le début quel en fut l’épilogue ou faire<br />
semblant de le découvrir ; ces spéculations peuvent donner lieu à des expériences<br />
d’esthétique amusante […].<br />
L’histoire est anecdotique, elle intéresse en racontant, comme le roman.<br />
Seulement elle se distingue du roman sur un point essentiel. Supposons<br />
qu’on me raconte une émeute et que je sache qu’on entend par là me raconter<br />
de l’histoire et que cette émeute est vraiment arrivée ; je la viserai<br />
comme étant arrivée à un moment déterminé, chez un certain peuple ; je<br />
prendrai pour héroïne cette antique nation qui m’était inconnue une minute<br />
plus tôt et elle deviendra pour moi le centre du récit ou plutôt son<br />
support indispensable. Ainsi fait aussi tout lecteur de roman. Seulement,<br />
ici, le roman est vrai ce qui le dispense d’être captivant : l’histoire de<br />
l’émeute peut se permettre d’être ennuyeuse sans être dévalorisée.<br />
Paul Veyne, Comment on écrit l’histoire. Paris 1971, p.14/15 et 23.<br />
Vocabulaire : 5 trier – trennen ; 10 grognard – hist. alter Haudegen der napoleonischen<br />
Garde; 13 l’épilogue (m.) – das Schlusswort (Terminus aus dem antiken Theater);<br />
13 faire semblant de – so tun als ob; 19 une émeute – eine Meuterei, ein Aufstand;<br />
23 indispensable – unverzichtbar; 24 dispenser qn de qc – jmd. von etwas<br />
befreien, entbinden; 24 captivant - fesselnd, spannend; 25 dévaloriser – abwerten<br />
Paul Veyne (1930) est un historien français, spécialiste de la Rome antique. Ancien élève de<br />
l'École normale supérieure, membre de l'École française de Rome, il est professeur honoraire<br />
au Collège de France. Citation " L'Histoire est un récit vrai"<br />
Questions / Consignes<br />
En quoi l’histoire est-elle romanesque ? Qu’est-ce qui sépare les deux « genres » ?<br />
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