Le média Twitter - Le syndicat des correcteurs
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Anne Hébrard. – Aujourd’hui, beaucoup de travailleurs<br />
à domicile adhèrent au <strong>syndicat</strong>. La réalité<br />
de l’ensemble de la profession a changé, notamment<br />
les mo<strong>des</strong> de rétribution. La question n’est plus de<br />
savoir où ils travaillent mais pour qui et sous quelle<br />
forme. Notre tâche syndicale est de les défendre et, à<br />
travers eux, l’ensemble de la profession.<br />
Annick Béjean. – Nous soumettons au vote le<br />
rapport de la trésorière. Contre ? Abstention ? Pour ?<br />
Adopté à l’unanimité. Nous passons au rapport oral<br />
d’activité.<br />
Anne Hébrard. – C’est à mon tour de présenter le<br />
rapport oral d’activité, à ajouter au rapport écrit que<br />
vous avez lu dans Cantonade.<br />
Nous voici réunis ce samedi 21 avril à la veille d’un<br />
choix électoral où beaucoup pensent qu’un changement<br />
de politique gouvernementale est nécessaire.<br />
Telle est notre position au Syndicat <strong>des</strong> <strong>correcteurs</strong><br />
et <strong>des</strong> professions connexes. Depuis cinq années, le<br />
principal travail du pouvoir en place a été de remettre<br />
en question les rapports entre les employeurs et les<br />
salariés, au détriment de ces derniers.<br />
<strong>Le</strong> changement, c’est pourtant dans la crise,<br />
depuis 2008, que chacun de nous le vit. L’actualité<br />
est dramatique dans beaucoup de pays. En Europe,<br />
une récession latente s’est installée – la contraction du<br />
produit intérieur brut est devenue une réalité désormais<br />
acceptée.<br />
Ainsi, ces derniers jours, les résultats <strong>des</strong> ventes<br />
de voitures atteignent le niveau de celles de 1998,<br />
tandis que la baisse de la vente de carburant atteint<br />
3,5 %. Nous faisons ces remarques non pas parce que<br />
nous prônons la promotion de la bagnole et que nous<br />
applaudissons à la consommation de carburant d’origine<br />
fossile, mais plutôt parce que ces réalités en révèlent<br />
d’autres.<br />
La baisse <strong>des</strong> ventes de voitures ? Ce n’est pas le<br />
résultat d’un investissement dans les transports collectifs.<br />
C’est d’abord la mainmise, dans l’Union européenne,<br />
<strong>des</strong> plus gros producteurs, qui profitent de la<br />
crise afin d’essayer d’acculer à la faillite les plus petits.<br />
Une politique désastreuse en matière d’emplois régionaux.<br />
<strong>Le</strong> recul <strong>des</strong> ventes d’essence n’est pas le signe<br />
d’un remplacement par une énergie propre mais tout<br />
simplement le résultat <strong>des</strong> difficultés économiques de<br />
millions de personnes. <strong>Le</strong>s chômeurs et les précaires<br />
ont toujours besoin, eux, de se déplacer.<br />
En 2012, nous commençons à percevoir la réalité<br />
de l’inflation, qui a gagné tout le continent. <strong>Le</strong>s<br />
chiffres encore annoncés il y a trois mois sont infirmés<br />
par une hausse, légère mais constante.<br />
C’est donc dans ce contexte-là que <strong>des</strong> échéances<br />
politiques ont lieu. D’importance, elles ne peuvent<br />
toutefois pas renvoyer à une future reprise, qui, hypothétique,<br />
s’annonce donc inégale ; de plus, pas pour<br />
tous. C’est pourquoi c’est d’abord de social dont il<br />
faut, et faudra, parler. Comment faciliter l’emploi ?<br />
AG du 21 avril 2012<br />
Mais l’échéance électorale, c’est aussi la possibilité<br />
d’un bilan, cinq années pendant lesquelles la réalité<br />
d’ici et maintenant s’est imposée. On ne peut pas<br />
gagner plus en travaillant plus. Et la réforme purement<br />
comptable <strong>des</strong> retraites se révèle une ineptie.<br />
Ainsi, une nouvelle étude de l’Institut national<br />
d’étu<strong>des</strong> démographiques montre que l’état de santé<br />
<strong>des</strong> travailleurs âgés ne s’améliore pas. Ils seront<br />
donc de plus en plus au chômage et mécaniquement<br />
écartés par leurs enfants, plus dynamiques et<br />
moins coûteux. <strong>Le</strong>s illusions tombent. Il y a deux<br />
ans, lors de la réforme <strong>des</strong> retraites, cet institut n’évoquait<br />
que l’inégalité entre les classes sociales quant<br />
à la santé au travail. Thème alors repris par les politiques.<br />
Aujourd’hui, ces nouvelles statistiques indiquent<br />
certes une simple tendance, mais une tendance<br />
nouvelle, celle de l’après-2008. Si elle persiste, on ne<br />
pourra pas, sur le plan politique, ignorer ces effets<br />
généraux de la crise, qui s’ajoutent à ceux <strong>des</strong> inégalités<br />
de classes sociales.<br />
Pour notre secteur professionnel, l’actualité légale<br />
est constituée par la publication, le 13 avril 2012, de la<br />
convention-cadre entre l’Etat et certaines entreprises<br />
de presse, qui va régir l’aide de la puissance publique<br />
au secteur tout entier.<br />
Ici comme ailleurs, l’Etat ne se désengage pas complètement,<br />
mais il ne considère plus son intervention<br />
à l’échelle d’une branche. La réforme <strong>des</strong> ai<strong>des</strong> à la<br />
presse et au Fonds stratégique pour le développement<br />
de la presse consiste à aider <strong>des</strong> entreprises à<br />
faibles revenus publicitaires, dans le cadre toléré par<br />
l’Union européenne, et non plus à favoriser une régulation<br />
commune à tous les <strong>média</strong>s.<br />
La puissance publique n’aurait plus les moyens de<br />
réguler les investissements industriels mis en place.<br />
Pourtant, la pluralité, c’est ça. Pas de déterminer quel<br />
titre est trop frivole pour l’empêcher de bénéficier<br />
d’ai<strong>des</strong> directes ou indirectes ; pas d’opposer une<br />
presse du « lecteur consommateur » à celle d’un « lecteur<br />
citoyen ». Ce serait renoncer au socle industriel<br />
en tant que garant du pluralisme et laisser la porte<br />
ouverte à l’autorégulation pour les nouveaux <strong>média</strong>s<br />
– à la manière, naguère, <strong>des</strong> radios commerciales qui<br />
se nommaient elles-mêmes radios libres...<br />
Il faut dire à d’autres <strong>média</strong>s, parce que, bien sûr,<br />
les habitu<strong>des</strong> anciennes d’une presse habituée aux<br />
arrangements entre connaissances vont, elles aussi,<br />
être remises en question.<br />
Aujourd’hui, pour la Direction <strong>des</strong> <strong>média</strong>s, il est<br />
question, face à l’aide au portage, maintenue à 45 millions<br />
d’euros en 2012, d’une « réserve de précaution »<br />
pour le reste <strong>des</strong> ai<strong>des</strong> de la presse. Il s’agit bien d’une<br />
situation plus que tendue.<br />
Paris Normandie<br />
Dépôt de bilan le 29 février, mise en redressement<br />
judiciaire ; élaboration d’un plan de redressement<br />
de la direction, suspendu le 4 avril à la suite<br />
d’une offre de reprise : la Société normande de<br />
octobre 2012 — n° 223 25