44 n° 223 — octobre 2012
Compte rendu de la commission mixte de l’édition du mardi 11 septembre 2012 <strong>Le</strong>s interlocuteurs sociaux de l’édition se sont retrouvés le 11 septembre 2012 en commission mixte avec l’ordre du jour suivant : – examen du rapport de branche ; – négociations sur la structure de la grille et les salaires minimaux. Cette réunion intervenait dans le contexte d’une négociation autour de la grille <strong>des</strong> salaires, qui a abouti il y a quelques semaines à la signature par certains <strong>syndicat</strong>s de salariés et le Syndicat national de l’édition (SNE) du dixième avenant à la convention collective de l’édition. <strong>Le</strong>s <strong>syndicat</strong>s de salariés, au cours de cette réunion, étaient d’accord sur un certain nombre de points, parmi lesquels : – suppression de la grille avant trois mois d’ancienneté ; – nécessité de dynamiser la grille et d’éviter le tassement (peu de différence entre certains échelons : quelle est alors leur utilité, quand cette grille en comporte beaucoup trop ?) ; – urgence de rétablir l’attractivité d’un secteur qui compte sur son seul prestige passé pour attirer <strong>des</strong> travailleurs, ce qui commence par un travail de fond sur la grille <strong>des</strong> minima. <strong>Le</strong> SNE est malheureusement arrivé sans aucune proposition écrite – ce qui a été regretté par l’ensemble <strong>des</strong> <strong>syndicat</strong>s de salariés – et l’attitude de ses représentants a, la plupart du temps, consisté à repousser les propositions de ses interlocuteurs. Des groupes de travail vont toutefois être constitués et il va être fait appel à <strong>des</strong> experts extérieurs afin d’examiner la question <strong>des</strong> minima. Propositions et remarques de la CGT L’urgence est de relever les minima. Il faut faire démarrer le premier niveau de la grille nettement au<strong>des</strong>sus du Smic afin d’éviter tout tassement. Il a été souligné que le Smic est de 1 425,67 € mensuels brut pour une semaine de 35 heures depuis le 1 er juillet 2012 ; or, du fait de la structure de la branche de l’édition et de l’implantation <strong>des</strong> éditeurs, la plupart <strong>des</strong> salariés vivent à Paris – ville dans laquelle une telle somme est insuffisante pour vivre. Il est nécessaire de reporter cette revalorisation sur tous les niveaux de la grille, afin de respecter les écarts hiérarchiques de celle-ci et qu’elle soit attractive et cohérente. Il faut donc revendiquer qu’aucun personnel de l’encadrement ne perçoive un salaire inférieur au plafond de la Sécurité sociale, qui est de 3 031 €. La CGT réclame le retrait de la grille avant trois mois d’ancienneté, qui est discriminatoire. Édition <strong>Le</strong>s classifications AM1, AM2, AM3 et T1, T2, T3 et T4 demeureraient mais seraient fusionnées dans une même grille de salaires. Il faut refondre la grille <strong>des</strong> classifications et l’articuler avec celle <strong>des</strong> minima. Remarques du Syndicat <strong>des</strong> <strong>correcteurs</strong> et <strong>des</strong> professions connexes CGT Notre <strong>syndicat</strong> a fait deux remarques, qui concernaient les deux points de l’ordre du jour. Structure de la grille et salaires minimaux Deux phénomènes se conjuguent, qui risquent de porter préjudice au secteur de l’édition dans son ensemble et à ses savoir-faire. Premier phénomène : les <strong>correcteurs</strong> formés de nos jours possèdent la maîtrise <strong>des</strong> logiciels de mise en page et de correction orthographique. S’ils en ont la possibilité, ils préfèrent délaisser l’édition et sa grille étique pour travailler en pige dans la presse magazine – ils occupent le plus souvent <strong>des</strong> postes de secrétaire de rédaction, car ils possèdent les connaissances informatiques requises – ou dans la communication, voire pour la télévision, puisque de nombreux jeux utilisent les savoir-faire de préparateur de copie afin de vérifier les réponses à <strong>des</strong> quiz (Qui veut gagner <strong>des</strong> millions ? a ouvert la voie, l’exemple a fait rire jaune). L’édition n’est plus le cadre d’un plan de carrière épanouissant, elle fournit <strong>des</strong> travaux sporadiques financièrement inintéressants – voire dangereux, puisque le statut d’auto-entrepreneur, illégal et omniprésent, peut bloquer le versement <strong>des</strong> indemnités chômage pour lesquelles un salarié a cotisé. <strong>Le</strong> <strong>syndicat</strong> a constaté <strong>des</strong> cas de <strong>correcteurs</strong> pigistes en presse magazine qui préféraient refuser de la préparation de copie à 12 € de l’heure en statut d’auto-entrepreneur (donc, répétons-le, illégal), car les indemnités chômage calculées sur leurs piges étaient plus élevées que l’aumône distribuée par nos prestigieux éditeurs. C’est ce qu’on appelle marcher sur la tête. Un secteur est véritablement en danger lorsqu’il fait fuir ses savoirfaire en ne les rémunérant pas assez et qu’il devient plus intéressant de ne rien faire afin de bénéficier de l’assurance-chômage ! Cette grille de minima n’est pas suspendue dans le vide : d’autres existent à côté, plus intéressantes (communication, presse), et même les <strong>correcteurs</strong> amoureux de littérature, lorsqu’ils ont le choix, préféreront souvent une mission dans la communication plutôt que de perdre leur temps et leur forces sur un beau texte (saluons au passage les pratiques de ce secteur sous-estimé, qui, la plupart octobre 2012 — n° 223 45