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nouveau regard sur les français et l'aperitif - Apéritif à croquer

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L’origine populaire 9<br />

C'est en 1672 que s’ouvre, <strong>à</strong> Paris, le premier café. On y boit essentiellement des « boissons exotiques »<br />

comme le café ou le chocolat. Le café devient vite populaire, <strong>et</strong> va peu <strong>à</strong> peu mordre <strong>sur</strong> le territoire des tavernes<br />

<strong>et</strong> des cabar<strong>et</strong>s en attirant <strong>les</strong> populations qui auparavant allaient dans ces endroits. Toutefois tavernes <strong>et</strong><br />

cabar<strong>et</strong>s continuent <strong>à</strong> exister, mais leur nombre va peu <strong>à</strong> peu diminuer <strong>et</strong> ils sont connotés assez négativement.<br />

En 1677, l’impulsion des cafés est donnée grâce <strong>à</strong> Procope qui ouvre son propre établissement, après avoir<br />

travaillé comme employé dans le premier café de Paris. Face <strong>à</strong> l’enthousiasme accordé au café, il faudra peu de<br />

temps pour que <strong>les</strong> endroits où l’on vend toute sorte de liqueurs s’appellent aussi café. C'est ainsi qu’au départ,<br />

le café est le lieu où l’on déguste la boisson orientale, mais très vite on y vient pour d’autres raisons : pour<br />

r<strong>et</strong>rouver des amis, pour y boire du vin, pour s’abriter lors d’une pluie, des provinciaux logés <strong>à</strong> proximité y<br />

viennent le soir pour s’y délasser après un procès.<br />

A côté des cafés populaires qui attirent toute sorte de fou<strong>les</strong>, <strong>et</strong> notamment l’ancien public des tavernes <strong>et</strong><br />

cabar<strong>et</strong>s, s’ouvrent de <strong>nouveau</strong>x établissements, des cafés de plus en plus chics <strong>et</strong> spécialisés. Au XVIII ème<br />

siècle, le nombre de cafés parisiens augmente considérablement (380 ouverts <strong>à</strong> Paris en 1723), <strong>et</strong> chaque café<br />

semble avoir une clientèle sélectionnée : militaires, officiers, amateurs d’opéra se rassemblent dans différents<br />

cafés.<br />

Les cafés deviennent alors de véritab<strong>les</strong> lieux de réunion où on échange <strong>sur</strong> des suj<strong>et</strong>s de politiques, de<br />

philosophie… <strong>et</strong>c. C'est ainsi que <strong>les</strong> cafés ont joué un rôle important au siècle des Lumières grâce aux<br />

discussions qui s’y passaient, <strong>et</strong> au XIX ème ils ont aussi été <strong>les</strong> lieux où se sont focalisées des idées neuves.<br />

Cependant l’engouement parisien pour <strong>les</strong> cafés ne se traduit pas partout de la même manière <strong>sur</strong> le sol <strong>français</strong>.<br />

Au début du XIX ème siècle, un <strong>nouveau</strong> type de débits de boissons prend de l’importance : <strong>les</strong> brasseries. Dans<br />

des régions brassico<strong>les</strong> comme l’Alsace, <strong>les</strong> gens de la région continuent <strong>à</strong> fréquenter uniquement <strong>les</strong> brasseries<br />

même après l’implantation des cafés.<br />

Seulement des étrangers ou des hommes d’affaires en attente de rendez vous fréquentent ces lieux sans<br />

échanger <strong>les</strong> uns avec <strong>les</strong> autres, chacun s’adonnant <strong>à</strong> une occupation individuelle. L’atmosphère du café<br />

provincial ne ressemble donc en rien <strong>à</strong> celle du café parisien. Aussi lorsque <strong>les</strong> brasseries s’implantent <strong>à</strong> Paris<br />

dans la deuxième moitié du XIX ème siècle, el<strong>les</strong> perdent de leur caractère régional.<br />

Ainsi, au fur <strong>et</strong> <strong>à</strong> me<strong>sur</strong>e, quelque soit leur nom, tous <strong>les</strong> établissements finissent par proposer <strong>les</strong> mêmes<br />

services <strong>à</strong> leur clientèle. Les boissons servies perdent de leur importance, <strong>et</strong> on vient <strong>sur</strong>tout dans <strong>les</strong> brasseries<br />

<strong>et</strong> cafés pour la foule qu’ils attirent. Désormais il s’agit plus d’un lieu de rencontre que d’un magasin spécialisé en<br />

boissons. Les cafés ont donc été des lieux d’échanges politiques, mais ils ont aussi été un haut lieu de cité<br />

lorsque <strong>les</strong> individus y passaient des journées entières. On y arrivait le matin, pour y passer le midi <strong>et</strong> y rester<br />

jusqu’au soir. Pierre Sansot 10 parle d’un « paradoxe dedans public », le café était « un territoire où il convenait de<br />

voir <strong>et</strong> d’être vu <strong>et</strong> qui ne nous appartenait pas mais où l’on se sentait <strong>à</strong> l’aise, où l’on lisait son quotidien ».<br />

L’apéritif au café était un lieu propice <strong>à</strong> la rencontre <strong>et</strong> <strong>à</strong> l’échange.<br />

9 L’historique des cafés est essentiellement extrait de Bologne J.-C., 1991, Histoire morale <strong>et</strong> culturelle de nos boissons¸ Paris, Robert Laffont,<br />

p258-287<br />

10 Préface de P. Sansot Le comptoir brillait comme une piste de danse, in Membrano M., 1989, Poétique des cafés, Publisud<br />

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