nouveau regard sur les français et l'aperitif - Apéritif à croquer
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2.2.2. La manifestation des identités générationnel<strong>les</strong><br />
G. Larm<strong>et</strong> a démontré que <strong>les</strong> probabilités des visites qui s’accompagnent de l’apéritif varient selon l’âge. Plus<br />
l’âge augmente, <strong>et</strong> moins on prend l’apéritif <strong>à</strong> domicile ou hors domicile. Les invitations <strong>à</strong> domicile pour l’apéritif<br />
augmentent d’autant plus qu’on a un grand nombre d’enfants vivant hors domicile. Et enfin, autant hors domicile<br />
qu’<strong>à</strong> domicile, c'est l’apéritif avec autrui qui diminue le plus avec l’âge, l’apéritif avec autrui caractérise donc <strong>les</strong><br />
plus jeunes.<br />
Les jeunes<br />
I. Garabuau-Moussaoui 25 explique que « <strong>les</strong> jeunes ont des pratiques culinaires en rupture avec <strong>les</strong> pratiques de<br />
leurs parents, mais que cela répond <strong>à</strong> une fonction sociale, qui est celle de revendiquer une identité<br />
générationnelle : c’est une inversion sociale. Cependant, c<strong>et</strong>te rupture est temporaire, elle entre dans le jeu de<br />
la dynamique identitaire, qui évoluera vers un plus fort « conformisme » aux règ<strong>les</strong> culinaires <strong>à</strong> l’âge adulte. »<br />
Pour l’apéritif il en est de même, <strong>les</strong> manières de le pratiquer <strong>et</strong> de le concevoir sont dépendantes de<br />
paramètres tels que l’âge, la situation matrimoniale ou encore le statut socio professionnel.<br />
Tout d’abord, <strong>les</strong> jeunes qu’ils soient jeunes salariés ou étudiants, <strong>et</strong> sans enfants, peuvent pratiquer l’apéritif<br />
toute la semaine sans contraintes, la seule étant souvent <strong>les</strong> obligations du lendemain.<br />
Ces apéritifs de semaine sont souvent des prétextes <strong>à</strong> la rencontre, <strong>et</strong> ils aboutissent parfois <strong>à</strong> des activités<br />
autres qu’alimentaires, <strong>et</strong> s’éternisent pour finir en soirée. Ce qui est au début n’était qu’un simple apéritif se<br />
transforme en une consommation d’alcool nocturne.<br />
L’apéritif est aussi le moment qui perm<strong>et</strong> de se réunir avant de passer <strong>à</strong> une autre étape. Les jeunes se<br />
r<strong>et</strong>rouvent autour d’un verre avant de commencer autre chose, c'est un moment de cohésion, la possibilité de<br />
se regrouper.<br />
Toutefois, un attrait pour <strong>les</strong> apéritifs du week-end est manifeste. Il s’agit alors d’apéritifs qui se font dans des<br />
contextes plus organisés, dans le cadre de soirée. Dans le discours des plus jeunes, on note une réappropriation<br />
du mot « apéritif » qui s’éloigne de son origine étymologique, l’apéritif est aussi bien le moment qui débute la<br />
soirée, que la soirée en elle-même, ou même après le repas. Quand il n’est pas en amont du repas dans des<br />
heures qui lui sont traditionnellement accordées, l’apéritif ressemblerait davantage <strong>à</strong> des « apéritifs prolongés »<br />
durant <strong>les</strong>quels l’alimentation sous forme de repas n’apparaît pas.<br />
« Disons que <strong>les</strong> apéros suivis d’un repas, c'est ce qui arrive le plus souvent ici. Les apéros qui s’éternisent, comme<br />
je te le disais tout <strong>à</strong> l’heure, ce ne sont pas des apéros, c'est aller prendre un verre puis manger, <strong>et</strong> l<strong>à</strong> ça peut<br />
s’éterniser <strong>et</strong> on finit par sortir. Par exemple il n’y a rien <strong>à</strong> faire une soirée, on dit ‘bien tu passes’, ‘<strong>et</strong> tu passes<br />
prendre un verre, prendre un apéro’, on dit prendre un apéro mais c'est pas forcément un apéro, prendre un verre <strong>et</strong><br />
ça peut durer jusqu’<strong>à</strong> pas d’heure. Ça nous est déj<strong>à</strong> arrivé de dire <strong>à</strong> des gens de passer après manger <strong>et</strong> qu'ils<br />
restent ici jusqu'<strong>à</strong> 3H du matin. (Virginie, 22 ans, Rennes)<br />
C<strong>et</strong> éloignement de l’origine étymologique <strong>les</strong> amène <strong>à</strong> se questionner <strong>sur</strong> l’appellation qu’ils donnent <strong>à</strong> ce<br />
moment englobant une prise alimentaire assimilable au repas <strong>et</strong> une consommation d’alcool.<br />
La situation matrimoniale <strong>et</strong> l’installation en couple sont aussi des facteurs influents. Installés en couple, <strong>les</strong><br />
jeunes auraient tendance <strong>à</strong> privilégier l’apéritif <strong>à</strong> domicile, celui-ci s’inscrivant dans une démarche d’invitation <strong>à</strong><br />
dîner ou dans le cadre d’un apéritif dînatoire. Les jeunes célibataires prennent l’apéritif plus souvent que <strong>les</strong><br />
autres, ceci s’expliquant par une vie familiale non établie.<br />
Le simple apéritif sera plus pris en extérieur <strong>et</strong> n’aura pas forcément pour suite un repas <strong>à</strong> domicile. Quand<br />
l’apéritif commence en extérieur, la probabilité de r<strong>et</strong>ourner manger dans un domicile est rare. Alors que<br />
prendre l’apéritif dans un domicile pour ensuite dîner ailleurs est envisageable. L’apéritif est alors un moment de<br />
25 Docteur en anthropologie sociale<br />
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