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Correspondance des réformateurs dans les pays de langue française

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Début d'une série <strong>de</strong> documents<br />

en couleur


CORRESPONDANCE<br />

RÉFORMATEURS<br />

DES<br />

DANSLESPAYSDELARGUE<br />

FRANÇAISE<br />

RECUEILLIE ET PUBLIÉE<br />

AVEC<br />

D'AUTRESLETTRESRELATIVES ALARÉFORtoE<br />

ET DES NOTES HISTORIQUES ET BIOGRAPHIQUES<br />

PAR<br />

X A.-L. HERMINJÂRD<br />

tIIhe quatrième (tsse tss»t<br />

/;it. AVECUNINDEXALPHABÉTIQUE DE3 S0M3<br />

VA<br />

GENÈVE..=$-,<br />

S. GEORG, iibnîreé^t^ |<br />

BALB»«ÊMBUlSOlt >t<br />

••<br />

0-. ir-.<br />

|<br />

1<br />

PARIS<br />

IICEULIVY, Item<br />

-1~ ~MMM~ lbis<br />

·


CHEZLEMÊMEÉDITEUR<br />

Fazy (H.) Procès <strong>de</strong> Jérôme Bolsec,in-4, 1866. 6<br />

Genève sous la domination romaine. Notice archéologique,<br />

in-4, avec 6 planches (inscriptions),1868. o<br />

Galiffe (J.-B.-G.) Genève historique et archéologique. Dessinset<br />

illustrations <strong>de</strong> H. Hammann, in-4, environ 70 gravures <strong>dans</strong> le<br />

texte. 1888-70. 22 30<br />

Imprimépar J.-G.Fickaveccaractèreselzévirienset orné<strong>de</strong><strong><strong>de</strong>s</strong>sinsfacsimilés,cebeauvolumestd'undoubleintérêt,tant<br />

pour<strong>les</strong>bibliophi<strong>les</strong>que<br />

pourl'amateur<strong>de</strong> l'histoire.<br />

a Voici un beau volume qui doit être agréable et précieux à tous <strong>les</strong> Genevois.<br />

En résumé, c'est un ouvrage qui sera lu et consulté avec fruit par<br />

tous <strong>les</strong> amis <strong>de</strong> notre histoire nationale, aussi longtemps qu'il se rencontrera<br />

<strong>dans</strong> le <strong>pays</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes portant encore quelque intérêt aux choses et aux<br />

gens d'autrefois. (Ch.ronicp.te genevoise, S3 février 1869.)<br />

Quelques pages d'Histoire exacte (Procès intenté contre A. Perrin<br />

et Laurent Maigret en looo), in-4, 1862. o<br />

Nouvel<strong>les</strong> pages d'Histoire exacte (Procès <strong>de</strong> Pierre Ameaux<br />

en 154£), in-4, 1863. 3<br />

Rilliet (Alb.) Les Origines <strong>de</strong> la Confédération suisse. Histoire et<br />

Légen<strong>de</strong>. 2» édit., augmentée, in-8, avec une carte, 1869. 7 aO<br />

Opinions <strong>de</strong> la presse sur la première édition.<br />

c Ce Uvre est un résumé, fait <strong>de</strong>main <strong>de</strong> maitre, <strong>de</strong> tout ce qui aété écrit<br />

<strong>de</strong>puis un quart<strong>de</strong> siècle sur <strong>les</strong> origines <strong>de</strong> la Confédération et un développement<br />

nouveau^ <strong>de</strong>cesujet à dès côtés divers. Tout yest ferme, clair. précis.»<br />

(Lv Vulliemix, <strong>dans</strong> la Gazette <strong>de</strong> Lausanne du 2 janvier 1368.)<br />

« Depuis, Içtaraière s'est faite, largement faite sur tous <strong>les</strong> points, malgré<br />

<strong>les</strong> résistàiicesobstinées <strong>de</strong> quelques aveug<strong>les</strong> patriotes, et tout homme impartial<br />

sera d'accord, après avoir lu l'ouvrage <strong>de</strong> M. Rilliet, pour déclarer que<br />

la question est désormais à l'abri <strong>de</strong> foute controverse. Jî n'est plus possible<br />

<strong>de</strong> soutenir une discussion sérieuse contre le verdict <strong>de</strong> la critique mo<strong>de</strong>rne,<br />

et l'on doit supposer que le livre <strong>de</strong> M. Rilliet clora d'utfe manière aussi méritoire<br />

que définitive ta longue liste <strong><strong>de</strong>s</strong> trfwaàx consacrés à ce sujet, t<br />

(M. R. Reuss, <strong>dans</strong> l&Êtoùçîtnïïque du It t juillet 1868.)<br />

Conjectureshistoriques sur .<strong>les</strong> homélies pcêchées par Avitus,<br />

éyôqaiê<strong>de</strong>. Vienne, dàn&;le diocèse <strong>de</strong> Genève et <strong>dans</strong> le monastère<br />

d' Agaunen Valais.64 pages in-8,1866. i<br />

Vischer (W.) Geschic&te <strong>de</strong>r ITniversitatBasel von <strong>de</strong>r Grûndung<br />

(4460) \às zur Reformation^1529),gr. in-8, 1860. 7<br />

Lncas Legrand (Biographie dièses bekannten Basler Philologen)iin-8il860.<br />

-^v 4 80^


Fin d'une série <strong>de</strong> documents<br />

en couleur


H. GE0R6,EDITEUR, GEHËVE et BiH<br />

RÉFORMATEURS<br />

DES<br />

DANSLES PAYSDE LANGUEFRANÇAISE<br />

RECUEILLIE ET PUBLIÉE<br />

AVEC<br />

OPUfflOMS DE IjA PREMEt s<br />

< J'ai entre <strong>les</strong> mains, en cemomentmême, on livre récent, un recueil<br />

<strong>de</strong> c Lettres <strong><strong>de</strong>s</strong> Réformateurs.»C'est un beau et soli<strong>de</strong>monumentélevé à<br />

la gloire du protestantisme.Les lettres y sont rangéesd'après leurs dates,<br />

<strong>les</strong> notes sont pleines <strong><strong>de</strong>s</strong> faits <strong>les</strong> plus substantiels et <strong>les</strong> plus précis<br />

chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> Réformateurs apparaît là avec la physionomieet <strong>les</strong> sentimentsqui<br />

lui sont propres; nulle part on ne peut mieux apprendre à entrer<br />

directement et familièrement en contact avec eux. Les recueils <strong>de</strong><br />

ce genre, <strong>dans</strong> toutes <strong>les</strong> parties <strong>de</strong> l'histoire, tiennent désormaisIa première<br />

place; il»ont un double avantage: Us remettent <strong>de</strong>vant nousl'histoire<br />

vraie, la vivante image <strong>de</strong> ce qui n'est plus, et v parcette résurrection<br />

du passé, ils réveillentj ils perpétuent <strong>dans</strong> <strong>les</strong> cœurs la sentiments<br />

qui n'y doivent pas périr.<br />

(GonoT, <strong>dans</strong> son Discoursà la SociétééPhisioin<br />

fh$ ptotestantian^françins-y<br />

©<br />

CORRESPONDANCE<br />

D'AUTRES LETTRES RELATIVES ALARÉFORME<br />

BTDBHOTES HI8IOBIQCT8 KTBIOGBAPHWJKS<br />

PAR<br />

A.-L. HERMINJARD<br />

Tome L 1512–26. fr. 10<br />

Tome IL 1527–32. > 10<br />

Tome m. 1533–36. > 10<br />

50 exemplairessur grand papier à la main à fr. 20 le volume.<br />

Les trois volumesdéjà parus renferment 553 pièces,dont 287<br />

inédites.


« Nous avons lu avec attention, la plume à la main et en entier, <strong>les</strong><br />

cinq cents pages du premier volume, et nous sommes émerveillés <strong>de</strong> tout<br />

ce qu'il a fallu <strong>de</strong> patience, <strong>de</strong> sagacité, d'érudition, <strong>de</strong> persévérance<br />

pour mener à bonne fin une œuvre aussi colossale. Les Bénédictins sont<br />

rares <strong>dans</strong> ce siècle d'industrie littéraire, où l'on cherche à produire vite<br />

et beaucoup, afin <strong>de</strong> vendre <strong>de</strong> même; mais M. Herminjard nous parait<br />

venir en ligne directe <strong>de</strong> cette noble race <strong>de</strong> travailleurs infatigab<strong>les</strong> et<br />

désintéressés. Tous ceux qui liront ce volume ne trouveront pas assurément<br />

qu'il y a d'exagération <strong>dans</strong> cet éloge. Elle a pour objet <strong>de</strong> réunir<br />

<strong>dans</strong> un même ensemble <strong>les</strong> lettres sorties <strong>de</strong> la plume <strong>de</strong> tous ceux qui,<br />

<strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pays</strong> <strong>de</strong> <strong>langue</strong> <strong>française</strong>, ont travaillé <strong>de</strong> près ou <strong>de</strong> loin, à l'établissement<br />

<strong>de</strong> la Réfonnation. Elle nous apprend <strong><strong>de</strong>s</strong> choses inconnues<br />

jusqifà ce jour, sur <strong><strong>de</strong>s</strong> points assez importants <strong>de</strong> l'histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> origines<br />

(le la Réforme, et nous oblige à faire <strong><strong>de</strong>s</strong> rectifications qui ne sont pas<br />

sans valeur. Cet ouvrage doit trouver place <strong>dans</strong> un grand nombre <strong>de</strong> bibliothèque»;aucun<br />

autre ne nous paraît plus digne d'attirer leur attention<br />

et leur sympathie que celui-là. N'est-ce pas là que nous trouverons nos<br />

titres <strong>de</strong> nob<strong>les</strong>se, et qu'à l'exemple <strong>de</strong> nos pères nous apprendrons à<br />

maintenir envers et contre tous ces <strong>de</strong>ux choses, qu'ils nous ont léguées<br />

comme un héritage sacré: L'Évangile <strong>de</strong> Jésus-Christ et la Liberté? »<br />

{Lien, 1866, n°«41-42.)<br />

< The volume we would now introduce to onr rea<strong>de</strong>rs contains the beginning<br />

of what will be one of the most valuable monuments raised to the<br />

glory of Protestant Christianity. »<br />

Mr. H. bas done admirable service to the cause of evangelical Chris-<br />

tianity.<br />

(The English In<strong>de</strong>pendant and free church adoocate, 1867, n° 11.)<br />

«. Wir empfehlen sie allen <strong>de</strong>nen, welche sich mit <strong>de</strong>r franzôsischen<br />

Reformationsgeschichte eingehend beschâftigen wollen. »<br />

(Herzog, <strong>dans</strong> Jahrbuch fur <strong>de</strong>utsche Theologie, 1867, n° 1.)<br />

cDas Werk verspricht eine <strong>de</strong>r werthvollsten Bereicherungen <strong>de</strong>r<br />

Qnellenliteratur für die Reformationsgeschichte <strong>de</strong>r Lan<strong>de</strong>r franzôsischer<br />

Zunge zu wer<strong>de</strong>n. ein nûtzliches ja unentbehrliches Htilfsmittel far<br />

Je<strong>de</strong>n <strong>de</strong>r sich mit <strong>de</strong>r franzôsischen Reformationsgeschichte eingehen<strong>de</strong>r<br />

beschâftigen will.<br />

«Das grôsste Interesse nehmen natûrlich die Inedita in Anspruch,<br />

wornnter manche Stûcke sich befin<strong>de</strong>n, welche theils auf die Reformationsgeschichte,<br />

theils auf einzelne Persônlichkeiten ein neues Licht werfen. »<br />

(Gôttinger gékhrte Anzeigen, 1868, n° 1.)<br />

Mit Freu<strong>de</strong>n kônnen wir daher das Werk als eine sehr werthvolle<br />

und verdienstliche Quellensammlang zur Geschichte <strong><strong>de</strong>s</strong> franzôsichen<br />

Protestantismus begrûssen. »<br />

(LiUrarisches Ceniralblait, 1867, n° 39.)<br />

« Nous regrettons seulement qu'elle n'ait pas été publiée trente ans<br />

plus tôt. »<br />

(Mbrle d' Aubigké,préface du t. V <strong>de</strong> son Histoire <strong>de</strong> la Béformation.)


CORRESPONDANCE<br />

RÉFORMATEURS<br />

I»ES<br />

DANS LESPAYSDRLASÎIBFBASÇAISS


4«HfrVK nfypnfMWBAJCBOZ 1T SCHUOHABDT


REFORMATEURS<br />

CORRESPONDANCE<br />

~al~S LESPAYSDBLAX6CB FRAISE<br />

t 1<br />

y i<br />

""b"' AUTRES LETTRESRELATIVESALARÉFORME<br />

ETDESNOTESHISTORIQUES ETBIOGRAPHIQUES<br />

GENÈVE<br />

B.GBORGJibraire-éditev<br />

BALB,MftmKAJSOX<br />

DES<br />

RECUEILLIE ET PUBLIÉE<br />

AVEC<br />

PAR<br />

A.-L. HERMINJARD<br />

TOME QUATRIÈME<br />

1536-1538<br />

TA<br />

1872<br />

TowdroâUréuné»<br />

illo'<br />

PARIS<br />

IICHBLLBYT, frèm<br />

ROBVtVIBNNB, 8Nt


A MES AMIS<br />

MESSIEURS<br />

CHARLES BîYNARDET FRANÇOIS BORDIER


CORRESPONDANCE<br />

DBS<br />

RÉFORMATEURS<br />

TROISIÈME PÉRIODE<br />

Depuis lapublication <strong>de</strong>rinstiluliou Chrétienne <strong>de</strong>Calvin jusqu'à<br />

l'acceptation <strong><strong>de</strong>s</strong>Ordonnances ecclésiastiques à Genève.<br />

1536-1541<br />

t. vr. i<br />

w<br />

y.


545<br />

lESjftfëAÎfips au Roi <strong>de</strong> France<br />

Raç^e^ofeat^mois <strong>de</strong> mars 1536<br />

Epistre auYfesçHrèstièn Rôyèe<br />

France. en laquelle sont <strong>de</strong>monstrées\<strong>les</strong><br />

causes<br />

iourd'huy en^j|jtèe|:<br />

dont/procè<strong>de</strong>nt<br />

Ja/lean<br />

Calnin.<br />

<strong>les</strong> troub<strong>les</strong> qui sont au-<br />

(Genève) M.D.XLÏ. In-4».<br />

Souiaixe. En composant l'Irutitutio* Chrétienne, Calvin ne se proposait d'abord<br />

qu'une chose enseigner <strong>les</strong> éléments <strong>de</strong> la vraie piété. Mais pins tard il a cru nécessaire<br />

<strong>de</strong> faire servir cet ouvrage Ala défense <strong><strong>de</strong>s</strong> Français persécutés pour l'É-<br />

vangile. Jusqu'ici leur cause a été jugée, mais non instruite, Il est digne <strong>de</strong> la<br />

Majesté Royale d'examiner sérieusement cette doctrine dont <strong>les</strong> sectateurs sont<br />

poursuivis par la calomnie et voués &la mort.<br />

Calvin réfute ensuite <strong>les</strong> arguments que <strong>les</strong> prêtres allèguent pour nier la légitimité<br />

<strong>de</strong> l'Église réformée, et il termine en exprimantl'espoir que le ressentiment<br />

du monarque fera place i la bienveillance.<br />

A très-hault, très-puissant et très-illustre Prince, Françots, Roy<br />

1 Le texte latin <strong>de</strong> cette dédicace parut, comme on le sait, avec<br />

V Institution Chrétienne, publiée à Bâte au. mois <strong>de</strong> mars 1536, chez Bal-<br />

thasar Lasràs et Thomas Platter. Nous en reproduisons le texte français<br />

draprès la traduction faite par Catoi*, sur la <strong>de</strong>uxième édition latine. La<br />

traduction <strong>de</strong> la Dédicace fut tirée à part sous le titre que nous indiquons<br />

pins haut. EDe. s'écarte du. texte latin <strong>de</strong> 1536 en quelques points peu<br />

importants» Aussi n'avons-nous pas cm nécessaire <strong>de</strong> relever ces différences.<br />

L'impression avait été surveillée par l'auteur lui-même. CWw», que


4<br />

JEAN CALVIN AU ROI DE FRANCE.<br />

1536<br />

<strong>de</strong> France Trés-Chrestien, son Prince et souverain Seigneur, Jean<br />

Calvin paix et salut en Dieu<br />

An commencement que je m'appliquay à escrire mon livre intitulé<br />

l'Institution Chrestienne,je ne pensoye rien moins, ô trèsnoble<br />

Roy, que d'escrire choses qui feussent présentées à Ta<br />

Majesté.Seulement mon propos estoit d'enseigner quelques rudimens,<br />

par <strong>les</strong>quelz, ceux qui seroient touchez d'aucune bonne affection<br />

<strong>de</strong> Dieu feussent instruictz à vraie piét«*.Et principalement. vouloye, par ce mien labeur, servir à noz Françoys: <strong><strong>de</strong>s</strong>quelz j'en<br />

\oyois plusieurs avoir faim et soif <strong>de</strong> Jésus-Christ, et bien peu qui<br />

fn eussent receu droicte congnoissance3. Laquelle mienne délibération<br />

on pourra facilement appercevoir du livre, en tant que l'ay<br />

accommodéà la plus simple forme d'enseigner qu'il m'a esté possible.<br />

Mais,voyant que la fureur d'aucuns iniques s'estoit tant eslevée<br />

en ton Royaume,qu'elle n'avoit laissé lieu aucun à toute saine doctrine,<br />

il m'asembléestre expédient <strong>de</strong>faire servir ce dict livre, tant<br />

d'instruction à ceux que premièrementj'avoye délibéréd'enseigner,<br />

que aussi <strong>de</strong> confession<strong>de</strong> Foy enversloy donttu ccmgnoissesquelle<br />

est la doctrine,contre laquelle,dune telle rage, furieusement sont<br />

mflambéz ceux qui, par feu et par glaive, troublent anjourd'huy<br />

nousavonslaisséà Baie en novembre1535(tomem, p. 373),s'y trouvaitencorean<br />

commencement <strong>de</strong>février1536,et il y prolongeasonséjour<br />

jusque <strong>dans</strong> la secon<strong>de</strong>moitié<strong>de</strong> mars,commeonpeut l'inférer <strong><strong>de</strong>s</strong>témoignagessuivants.Buttinger,qui<br />

était à Baie le 3 février 1536,jour<br />

où la premièreConfession<strong>de</strong> Foi helvétiquefut signée,écrivaità Calvin<br />

le 22 mai 1557 cSi non vidistidudumConfessionemurbiumHelvetiœ,<br />

conscriptamcamo1536,cumprimùmte Basiletevidiet salutavi,nunchabebisah<br />

his <strong><strong>de</strong>s</strong>criptam» (Mscr.orig. Arch.<strong>de</strong> Zurich).On lit <strong>de</strong> plus<br />

<strong>dans</strong> la préfacedu Commentaire<strong>de</strong> Calvinsur <strong>les</strong>Psaumes «Je ne mis<br />

pas lors en lumièrele livre [<strong>de</strong> Vltulitution]tel qu'il estmaintenantcopieuxet<br />

<strong>de</strong> grand labeur,maisc'estoit seulementun petit livretcontenant<br />

sommairement <strong>les</strong>principa<strong>les</strong>matières. Or queje n'eussepointce<br />

but <strong>de</strong> me monstreret acquérirbruit, je le donnaybien à cognoistre,<br />

par ce qn'incontinantaprèxje me retiray <strong>de</strong> là: joinct mesmementque<br />

personnene sceutlà quej'en fussel'autheur.(Voyez aussiAlbertRilliet.<br />

Lettre à M. Merled'Aubignésur <strong>de</strong>ux pointsobscurs<strong>de</strong> la vie <strong>de</strong><br />

Calvin.Genève,1864,p. 13-22.)<br />

De ces paro<strong>les</strong>il résulte, que l'auteur <strong>de</strong> l'Institution Chrétienne<br />

avait entrepris la composition<strong>de</strong> cet ouvrageantérieurementà sonarrivéeen<br />

Suisse.


f 53(k JEAN CALVIN AU ROI DE FRANCE. 5<br />

ton Royaume Car je n'aura? nulle honte <strong>de</strong> confesser, que je y ay<br />

comprins quasi une somme <strong>de</strong> ceste mesme doctrine, laquelle ilz<br />

estiment <strong>de</strong>voir estre punie par prison, bannissement, proscription<br />

et feu, et laquelle ilz crient <strong>de</strong>voir estre <strong><strong>de</strong>s</strong>chassée hors <strong>de</strong> terre<br />

et <strong>de</strong> mer. Bien sçay-je <strong>de</strong> quelz horrib<strong>les</strong>l raportz ilz ont remply<br />

tes aureiUeset ton cœur, pour te rendre nostre cause fort odieuse.<br />

Mais tu as à réputer, selon ta clémence et mansuétu<strong>de</strong>, qu'il ne<br />

resteroit innocence aucune, n'en ditz n'en faictz,s'il suffisoit d'accuser.<br />

v<br />

Certainement, si quelqu'un, pour esmouvoir hayne à rencontre<br />

<strong>de</strong> ceste doctrine, <strong>de</strong> laquelle je me veulx efforcer te rendre raison,<br />

vient à arguer qu'elle est <strong><strong>de</strong>s</strong>jà condamnée par un commun<br />

consentement <strong>de</strong> tous estatz,qu'elle a receu en jugement plusieurs<br />

sentences contre elle, il ne dira autre chose, sinon qu'en partie<br />

elle a esté violentement abbatue par la puissance et conjuration<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> adversaires, en partie malitieusement opprimée par leurs<br />

mensonges, tromperies, calumnies et trahisons. C'est force et violence,que<br />

cruel<strong>les</strong> sentences sont prononcées à rencontre d'icelle,<br />

<strong>de</strong>vant qu'elle ayt esté <strong>de</strong>tfendue. C'est frau<strong>de</strong> et trahison, que.<br />

sans cause, elle est notée <strong>de</strong> sédition et maléfice.A fin que nul ne<br />

pense que nous nous complaignons<strong>de</strong> ceschoses à tort, toy-mesme<br />

nous peux estre tesmoing, très-excellent Roy, par combien faulses<br />

calumnies elle est tous <strong>les</strong> jours diffaméeenvers toy C'est à sçavoir,<br />

qu'elle ne tend à autre fin, sinon que tous règnes et polices<br />

soient rujnées, paix soit troublée, <strong>les</strong> loix abolies, <strong>les</strong> Seigneuries<br />

et possessions dissipées, brief, que toutes choses soient renversées<br />

en confusion 5.Et néantmoins encores tu n'en oys que la moindre<br />

portion. Car entre le populaire sont seméz contre icelle horrib<strong>les</strong><br />

raportz <strong>les</strong>quelz s'ilz estoient véritab<strong>les</strong>, à bon droit tout le mon<strong>de</strong><br />

la pourroit juger, avec tous ses autheurs, digne <strong>de</strong> mille feux et<br />

<strong>de</strong> mille gibbetz.<br />

Quis'esmerveiUeramaintenant, pourquoy ellé est tellement haye<br />

<strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong>, puis qu'on adjouste foy à tel<strong>les</strong> iniques détractions<br />

? Voy-là pourquoy tous <strong>les</strong> estatz, d'un commun accord,<br />

conspirent en la damnation <strong>de</strong> nous et <strong>de</strong> nostre doctrine. De ceste<br />

affection raviz et transportéz, ceux qui sont constitnéz pour en<br />

4 Voyezle N»492, notes10-11.<br />

8 Voyezle manifeste<strong>de</strong> FrançoisI aux États <strong>de</strong> l'Empire(S* 492,<br />

renvois<strong>de</strong> note 6-11).


6<br />

JEAN CALVIN AU ROI DE FRANCE. 1536<br />

juger prononcent, pour sentence,la conception qn'ilz ont apportée<br />

<strong>de</strong> leur maison, et pensent très-bien s'estre acquittez <strong>de</strong> leur office,s'flz<br />

ne jugent personne à mort, sinon ceux qui sont, ou par<br />

leur confession, on par certain tesmoignage, convaincuz.Mais<strong>de</strong><br />

quel crime? De ceste doctrine damnée, disent-ilz. Maispar quelle<br />

loy est-elle damnée? Or c'estoit le poinct <strong>de</strong> la <strong>de</strong>ffence non pas<br />

désadvouer icelle doctrine, mais la soustenir pour vrave. Icy est<br />

osté le congé d'ouvrir la bouche.<br />

Pourtant, je ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> point sans raison, très-illustre Roy,<br />

que tu vueil<strong>les</strong>prendre la congnoissanceentière <strong>de</strong> cestecame, laquellejusques<br />

icy a este démenée confusément,sans nul ordre <strong>de</strong><br />

droit, et par un ar<strong>de</strong>ur impétueux,plttstost que pan une modération<br />

et gravitéjudiciaire. Et ne penses point que je tâche à icy traicter<br />

ma <strong>de</strong>ffenceparticulière, pour impétrer retour au <strong>pays</strong> <strong>de</strong> ma naissance:<br />

auquel, combien que je porte telle affectiond'humanité qu'il<br />

appartient, toutesfois,comme<strong>les</strong> chosessont maintenantdisposées,je<br />

ne souffrepas grand dueild'en estre privé*.Maisj'entreprens la cause<br />

comm[un]e <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> fidè<strong>les</strong>,et mesme celle <strong>de</strong> Christ: laquelle<br />

au jourd'huy est en telle manière du tout <strong><strong>de</strong>s</strong>cirée et tbullée en ton<br />

Royaume, qu'elle semble désespérée: ce qui est certes advenu par<br />

la tyrannie d'aucuns Pharisiens, plustost que <strong>de</strong> ton vouloir. Mais<br />

comment cela se faiet, il n'est point mestier <strong>de</strong> le dire icy. Quoy<br />

que ce soit, elle est gran<strong>de</strong>ment affligée car la puissance<strong><strong>de</strong>s</strong> adversaires<br />

<strong>de</strong> Dieu a obtenu jusques là, que la vérité <strong>de</strong> Christ,<br />

combien qu'elle ne soit perdue et -dissipée,toutesfoissoit cachée<br />

G A propos<strong>de</strong> ce passage,le Bulletin<strong>de</strong> la Société<strong>de</strong> l'Histoiredu<br />

Protestantismefrançais,t. XI,p. 325,a poséla questionsuivante:«Gomment<br />

Calvinput-il rentrer libre ent en France en 1536,aller à Noyon<br />

et mettre ordre à ses uffaires,loi quiavaitété forcéd'en sortiren 1534<br />

et qui, <strong>de</strong> plus, <strong>dans</strong> l'intervalle avait publiél'InstitutionChrétienne,<br />

<strong>dans</strong>la préface<strong>de</strong> laquelleil se considèrecommedéfinitivementbanniet<br />

déclarene songerpas mêmeà «impétrerretour au <strong>pays</strong> <strong>de</strong> sa naissance?<br />

» La réponsenoussemblefacile: En août- 1535, Calvinne<br />

pouvaitpas tenir un autre langage,lors mêmequ'il aurait eu connaissance<strong>de</strong><br />

l'amnistieque le roi<strong>de</strong> Franceavait octroyéele 15juillet précé<strong>de</strong>nt<br />

car il en était exclus,commetous <strong>les</strong> autres Sacramentaires<br />

(Voy.le N" 518,note 32).Mais en 1536il put très-biense croireautoriséà<br />

rentrer pour quelquetemps<strong>dans</strong> sa patrie, sur la foi d'un nouvel<br />

édit, daté <strong>de</strong> Lyon le 31 mai, et par lequelFrançoisI pardonnait< à<br />

tons hérétiques,»mêmeaux Soerameniairesetrelaps,pourvuqu'ils vinssentabjurer<br />

<strong>de</strong><strong>dans</strong>sixmois(Voyezla lettre du 8juillet. N°566).


4536 JEAN CALVIN AU ROI DE FRANCE. 7.<br />

et ensevelie,comme ignominieuse,et oultre, que la povrette Église<br />

soit, ou consummée par mortz cruel<strong>les</strong>, ou par bannissemens <strong><strong>de</strong>s</strong>chassée,<br />

ou tellement par menasses et terreurs estonnée, qu'eue<br />

n'ose mot sonner. Et encores ilz insistent en telle rage qu'Ozont<br />

acoustumé, pour abbatre la paroy qu'ilz ont jà esbranlée, et parfaire<br />

la ruyne qu'ilz ont commencée. Cependant nul ne s'advance,<br />

qui s'oppose en <strong>de</strong>ffence contre tel<strong>les</strong> furies. Et s'il y en a aucuns<br />

qui veulent estre veuz très-fort favoriser à la vérité, ilz disent<br />

qu'on doibt aucunement pardonner à l'impru<strong>de</strong>nce et ignorance<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> simp<strong>les</strong> gens car flz parlent en ceste manière, appellansla<br />

très-certaine vérité <strong>de</strong> Dieu, impru<strong>de</strong>nce et ignorance, et ceux<br />

que nostre Seigneur a tant estiméz, qu'il leur a communiqué <strong>les</strong><br />

secretz <strong>de</strong> sa Sapience cé<strong>les</strong>te, gens simp<strong>les</strong>. Tellement tous ont<br />

honte <strong>de</strong> l'Évangile!<br />

Or à toy appartient, très-gratieux Roy, <strong>de</strong> ne <strong><strong>de</strong>s</strong>tonrner ne tes<br />

aureil<strong>les</strong>, ne ton couraige d'une si juste <strong>de</strong>ffence, principalement<br />

quand il est question <strong>de</strong> si grand' chose: C'est à sçavoir, comment<br />

la gloire <strong>de</strong> Dieu sera maintenue sur terre, comment sa vérité retiendra<br />

son honneur et dignité, comment le Règne <strong>de</strong> Christ <strong>de</strong>mourera<br />

en son entier. 0 matière digne <strong>de</strong> tes aureil<strong>les</strong>, digne <strong>de</strong><br />

ta Jurisdiction, digne <strong>de</strong> ton Thrône Royal1 Carceste cogitation<br />

faict un vray Roy, s'il se recongnoist estre vray ministre <strong>de</strong> Dieu<br />

au gouvernement <strong>de</strong> son Royaume. Et au contraire celuy n'exerce<br />

point Règne, mais brigan<strong>de</strong>rie, qui ne règne point à ceste fin <strong>de</strong><br />

servir à la gloire <strong>de</strong> Dieu. Or celuy est abusé qui attend longue<br />

prospérité en un Règne qui n'est point gouverné du Sceptre <strong>de</strong><br />

Dieu: c'est-à-dire sa saincte parolle. Car l'Édict cé<strong>les</strong>te ne peut<br />

mentir, par lequel il est dénoncé, que le peuple sera dissipé quand<br />

la Prophétie défauldra. Et ne, te doibt <strong><strong>de</strong>s</strong>toumer le cont emnement<br />

<strong>de</strong> nostre abjection. Certes, nous recongnoissons assez combien<br />

nous sommes povres gens, et <strong>de</strong> mespris, c'est à sçavoir,<br />

<strong>de</strong>vant Dieu misérab<strong>les</strong> pécheurs, envers <strong>les</strong> hommes contemnéz<br />

et déjectéz, et mesmes, si tu veux, l'ordure et ballieure du mon<strong>de</strong>,<br />

ou si on peut encoçes nommer quelque chose plus vile. Tellement<br />

qu'il ne nous reste rien <strong>de</strong> quoy nous glorifier <strong>de</strong>vant Dieu, sinon<br />

sa seule miséricor<strong>de</strong>, par laquelle, sans quelque mérite nostre,<br />

nous sommes*sauvez, ne envers <strong>les</strong> hommes, sinon nostre infirmité,<br />

c'est-à-dire, ce que tous estiment gran<strong>de</strong> ignominie.<br />

Mais toutesfois il fault que nostre doctrine consiste, eslevée et<br />

insupérable par <strong><strong>de</strong>s</strong>sus toute la gloire et puissance du mon<strong>de</strong>. Car


8<br />

JEAN CALVIN AU ROI DE FRANGE. 1536<br />

elle n'est pas nostre, mais <strong>de</strong> Dieu vivant, et <strong>de</strong> son Christ, lequel<br />

le Père a constitué Roy, pour dominer d'une mer à l'autre, et<br />

<strong>de</strong>puis <strong>les</strong> fleuvesjusques aux fins <strong>de</strong> la terre. Et tellement dominer,<br />

qu'en frappant la terre <strong>de</strong> la seulle verge <strong>de</strong> sa bouche, il la<br />

casse toute, avec sa force et sa gloire, comme un pot <strong>de</strong> terre:<br />

ainsi que <strong>les</strong> Prophètes ont prédict <strong>de</strong> la magnificence <strong>de</strong> son Régne,<br />

qu'il abbatroit <strong>les</strong> Royaumes durs comme fer et èrain, et reluisans<br />

comme or et argent. Bien est vray que noz adversaires<br />

contredisent, reprochans que faulsement nous prétendons la parolle<br />

<strong>de</strong> Dieu, <strong>de</strong> laquelle nous sommes, comme ilz disent, pervers<br />

corrupteurs. Maistoy-mesme, selon ta pru<strong>de</strong>nce, pourras juger en<br />

lisant nostre confession,combien ceste reproche est non-seulement<br />

malitieuse calumnie, mais impu<strong>de</strong>nce trop effrontée. Néantmoins,<br />

il sera bon <strong>de</strong> dire icy quelque chose, pour t'apprester voye à<br />

icellelecture. Quand Sainct Paul a voulu que toute Prophétie feust<br />

conforme à l'analogie et similitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Foy, il a mis une trèscertaine<br />

reigle, pour esprouver toute interprétation <strong>de</strong> l'Escriture.<br />

Or si nostre doctrine est examinée à ceste reigle <strong>de</strong> Foy, nous<br />

avons la victoire en main. Car quelle chose convient mieux à la<br />

Foy, que <strong>de</strong> nous recongnoistre nudz <strong>de</strong> toute vertu, pour estre<br />

vestuz <strong>de</strong> Dieu? vui<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> tout bien, pour estre empliz <strong>de</strong> luy t<br />

serfz <strong>de</strong> péché, pour eslre délivrez <strong>de</strong> luy? aveug<strong>les</strong>, pour. estre<br />

<strong>de</strong> Luy illuminez? boyteux, pour estre <strong>de</strong> Luy redressez ? débi<strong>les</strong>,<br />

pour estre <strong>de</strong> Luy soustenuz? <strong>de</strong> nous oster toute matière <strong>de</strong><br />

gloire, à fin que Luy seul soit glorifié, et nous en Luy?<br />

Quand ces choses et semblab<strong>les</strong> sont dictes par nous, noz adversaires<br />

crient, que par ce moyen seroit subvertye je ne sça><br />

quelle aveuglée lumière <strong>de</strong> nature, préparations fainctes,le libéral<br />

arbitre, <strong>les</strong> œuvres méritoires <strong>de</strong> salut éternel, avec leurs superérogations<br />

pourtant qu'ilz ne peuvent souffrir que la louenge et<br />

gloire entière <strong>de</strong> tout bien, <strong>de</strong> toute vertu, justice et sapience rési<strong>de</strong><br />

en Dieu. Mais nous ne lisons point, ceux avoir esté reprins<br />

qui ayent trop puysé <strong>de</strong> la source d'eaues vives.Au contraire, sont<br />

asprement corrigéz ceux qui se sont fouyz <strong><strong>de</strong>s</strong>.puis ari<strong><strong>de</strong>s</strong> et qui<br />

ne peuvent tenir l'eaue. En oultre, qu'est-il plus propre à la Foy,<br />

que se promettre Dieu pour un Père doulx et bening, quand<br />

Christ est recongneu pour frère et propiciateur? que d'attendre<br />

tout bien et toute prospérité <strong>de</strong> Dieu, duquel la dilection s'est tant<br />

estendue envers nous, qu'il n'a point espargné son propre Filz,<br />

qu'il ne l'ayt livré pour nous? que <strong>de</strong> reposer en une certaine at-


1536<br />

JEAN CALVIN AU ROI DE FRANCE. 9<br />

tente <strong>de</strong> salât et vie éternelle, quand on pense que Christ nous<br />

a esté donné du Père, auquel telz thrésors sont cachez? A ces<br />

choses ilz répugnent, et disent qu'une telle certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> fiance<br />

n'est pas sans arrogance et présumption. Mais,comme il ne fault<br />

rien présumer <strong>de</strong> nous, aussi nous <strong>de</strong>vons présumer toutes choses<br />

<strong>de</strong> Dieu, et ne sommes pour autre raison <strong><strong>de</strong>s</strong>pouyUéz<strong>de</strong> toute<br />

vaine gloire, sinon à fin <strong>de</strong> nous glorifier eh Dieu.<br />

Que diray-je plus? Considère, ô Roy très-vertueux, toutes <strong>les</strong><br />

parties <strong>de</strong> nostre cause, et nous juge estre <strong>les</strong> plus pervers <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pervers, si tu ne trouve[s] manifestement, que nous travaillons et<br />

recevons injures et opprobres, pourtant que nous mettons nostre<br />

espérance en Dieu vivant, pourtant que nous croyons ceste estre<br />

la vie éternelle congnoistre un seul vray Dieu et celuy qu'a a<br />

envoyé, Jésus-Christ. A cause <strong>de</strong> ceste espérance, aucuns <strong>de</strong> nous<br />

sont détenuz en prisons, <strong>les</strong> autres fouettez, <strong>les</strong> autres menez à<br />

faire aman<strong><strong>de</strong>s</strong> honorab<strong>les</strong>, <strong>les</strong> autres banniz, <strong>les</strong> autres cruellement<br />

affligez,<strong>les</strong> autres eschappent par fuitte tous sommes en tribulation,<br />

tenuz pour mauldictz et exécrab<strong>les</strong>, injnriéz et traictéz inhumainement.<br />

Contemple d'autre part aoz adversaires (je parle <strong>de</strong> l'estat <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Prestres, à l'adveu et appétit <strong><strong>de</strong>s</strong>quelz tous <strong>les</strong> autres nous contrarient),<br />

et regar<strong>de</strong> un petit avec moy <strong>de</strong> quelle affection ilz sont<br />

menez. Ilz se permettent aysément, et à eux et aux autres, d'ignorer,<br />

négliger et mespriser la vraye Religion qui nous est enseignée<br />

,par l'Escriture, et qui <strong>de</strong>voit estre résolue et arrestée entre tous,<br />

et [Us]pensent qu'il n'y a pas grand intérest quelle Foy chascun<br />

tient ou ne tient pas <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> Christ, mais que par Foy (comme<br />

ilz disent) implicite, il submette son sens au jugement <strong>de</strong> l'Église.<br />

Et ne se soucient pas beaucoup, s'il advient que la gloire <strong>de</strong> Dieu<br />

soit polluée par évi<strong>de</strong>ns blasphèmes, moyennant que personne ne<br />

sonne mot contre l'auctorité <strong>de</strong> nostre mère saincte Église. Pourquoy<br />

combatent-ilz d'une telle rigueur et ru<strong><strong>de</strong>s</strong>se pour la Messe,<br />

le Purgatoire, <strong>les</strong> Pèlerinages et telz fatraz, tellement qu'ttz nient<br />

la vraye piété povoir consister, si toutes ces choses ne sont creues<br />

et tenues par Foy très-explicite, combien qu'ilz n'en prouvent rien<br />

par la parolte <strong>de</strong> Dieu? Pourquoy, sinon pourtant que leur ventre<br />

leur est pour Dieu, la cuisine pour Religion? <strong>les</strong>quelz.ostéz,<br />

non-seulement ilz ne pensent pas qu'ilz puissent estre Chrestiens,<br />

mais ne pensent plus estre hommes. Car combien que <strong>les</strong> uns se.<br />

traictent délicatement en abondance.. <strong>les</strong> autres vivotent en ron-


10<br />

JEAN CALVIN AC ROI DE FRANCE. 1536<br />

géant <strong><strong>de</strong>s</strong> croustes, toutesfois ilz vivent tons d'un pot: lequel,<br />

sans tel<strong>les</strong> ay<strong><strong>de</strong>s</strong>, non-seulement se refroidiroit, mais geleroit du<br />

tout. Pourtant, celuy d'eux qui se soucie le plus <strong>de</strong> son ventre,<br />

est le meilleur zélateur <strong>de</strong> leur Foy. Brief, ilz ont tous un mesme<br />

propoz, ou <strong>de</strong> conserver leur règne, ou leur ventre plein. Et n'y<br />

en a pas un d'eux qui monstre la moindre apparence du mon<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> droit zèle. Et néantmoins Hz ne cessent <strong>de</strong> calumnier nostre<br />

doctrine, et la <strong><strong>de</strong>s</strong>crier et diffamer par tous moyensqu'il leur est<br />

possible,pour la rendre ou odieuse,art suspecte.Hz rappellent Nmtoelle,etforgée<br />

puis n'a guère*. Hz reprochent qtt/elle estdoubteuse<br />

et incertaine. Hz <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt par quelz mirac<strong>les</strong> elleest confermée.<br />

Hz enquièrent, s'il est expédient qu'elle surmonte le consentement<br />

<strong>de</strong> tant <strong>de</strong> Pères anciens et si longue coustume. Hz insistent, que<br />

nous la confessionsestre scismatique,puisqu'elle faict la guerre à<br />

l'Église, ou que nous res pondionsque l'Église a esté morte par<br />

tant longues années, ausquel<strong>les</strong>il n'en estoit nulle mention. Finalement,<br />

ilz disent qu'il n'est jà mestier <strong>de</strong>beaucoupd'argumens. een<br />

qu'on petitjuger <strong><strong>de</strong>s</strong> fruictz, quelle elle est: C'est à sçavoir, qu'elle<br />

engendre une telle multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> sectes. tant île troub<strong>les</strong> et séditions,<br />

et telle audace <strong>de</strong> mal faire. Certes, il leur est bien facille<br />

<strong>de</strong> prendre leur advantage contre une cause déserte et délaissée,<br />

principallement quand il fault persua<strong>de</strong>r au populaire ignorant et<br />

crédule. Mais si nous avions aussi bien lieu <strong>de</strong> parler, j'estime<br />

que leur ar<strong>de</strong>ur, dont ilz escument si asprement contre nous. se1roit<br />

un peu refroidye.<br />

Premièrement, en ce qu'ilz l'appellent Nouvelle, ilz font moule<br />

grand' injure à Dieu, duquel la sacrée parolle ne méritoit point<br />

d'estre notée <strong>de</strong> nouvelleté. Certes,je ne double point que, touchant<br />

d'eux, elle ne leur soit nouvelle, ausquelzet Christ mesmes et<br />

son Évangile sont nouveaux. Mais celuy qui sçait que ceste prédiration<br />

<strong>de</strong> Sainct Paul est ancienne, c'est que Jésus-Christ est mort<br />

pour noz péchéz et ressuscité pour nostre justification, il ne trouverra<br />

rien <strong>de</strong> nouveau entre nous. Ce qu'elle a esté long temps<br />

cachée et incongneue, le crime en est à imputer à l'impiété <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes. Maintenant quand elle nous est rendue par la bonté <strong>de</strong><br />

Dieu, pour le moins elle <strong>de</strong>voit estre receue en son auctorité ancienne.<br />

D'une mesme source d'ignorance provient ce qu'ilz la réputent<br />

doubteuse et incertaine. Vrayement c'est ce que nostre Seigneur<br />

se complainet par son Prophète Que le bœuf a congneu son pos-


t 536 JEAN CALVIN AU ROI DE FRANCE. 11<br />

sesseur, et l'asne l'estable <strong>de</strong> ses maistres, et Luy, qu'il est mescongneu<br />

<strong>de</strong> son peuple. Mais,comment qu'ilz se moquent <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong><br />

d'icelle, s'ilz avoient à signer ta leur <strong>de</strong> leur propre sang<br />

et aux <strong><strong>de</strong>s</strong>pens <strong>de</strong> leur vie, on pourroit veoir combien ilzla prisent.<br />

Nostre fiance est bien autre laquelle ne craint ne <strong>les</strong> terreurs <strong>de</strong><br />

la mort, ne le Jugement <strong>de</strong> Dieu.<br />

En ce qu'ilz nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt mirac<strong>les</strong>, ilz sont <strong><strong>de</strong>s</strong>raisonnab<strong>les</strong>.<br />

Car nous ne forgeons point quelque nouveau Évangile, mais nous<br />

retenons celuy, pour la vérité duquel contirmer, servent tous <strong>les</strong><br />

mirac<strong>les</strong> que jamais et Jésus-Christ et ses Apostres ont faictz.On<br />

pourroit dire qu'ilz ont cela particulier oultre nous, qu'ilz peuvent<br />

i -onfirmerleur doctrine par continuelz mirac<strong>les</strong>, qui se font jus-<br />

;raes aujourd'huy. Mais plustost ilz allèguent mirac<strong>les</strong> qui pourroient<br />

esbranler et faire doubter un esprit lequel autrement seroit<br />

bien en repos tant sont ou frivo<strong>les</strong>, ou mensongiers. Et néantmoins,<br />

quand ilz seroient tes plus prodigieux et admirab<strong>les</strong> qu'ott<br />

sçauroit penser, si ne doivent-ilz aucunement valoir contre la vérité<br />

<strong>de</strong> Dieu veu qu'il appartient que le Nom <strong>de</strong> Dieu soit tousjours<br />

et par tout sanctifié,soit par mirac<strong>les</strong>,soit par l'ordre naturel<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> choses. Ilz pourroient icy avoir plus d'apparence, si f Escriture<br />

ue nous eust advertiz, quel est l'usage légitime <strong><strong>de</strong>s</strong> mirac<strong>les</strong>.<br />

Car S. Marcdit, que ceux qu'ont faictz <strong>les</strong> Apostres, ont esté faictz<br />

pour confirmer leur prédication. Pareillement Sainct Luc dit, que<br />

nostre Seigneur en ce faisant, a voulu rendre tesmoignage à la<br />

parolle <strong>de</strong> sa grâce. A quoy respond ce que dit l'Apostre Que le<br />

salut adnoncé par l'Évangile a esté confirmé en ce que Dieu en a<br />

testifié par signes et vertuz miraculeuses. Quand nous oyons que<br />

ce doivent estre seaux pour séeller l'Évangile, <strong>les</strong> convertironsnous<br />

à <strong><strong>de</strong>s</strong>truire son authoritét Quand nous oyons qu'ilz sont<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tinez à establir la vérité, <strong>les</strong> appliquerons-nous à fortifier le<br />

mensonge? Pourtant il fault que la doctrine, laquelle précè<strong>de</strong><br />

<strong>les</strong> mirac<strong>les</strong>, comme dit l'Évangéliste, soit examinée en premier<br />

lieu. Si elle est approuvée, lors elle pourra bien prendre confirmation<br />

par <strong>les</strong> mirac<strong>les</strong>. Or c'est une bonne enseigne <strong>de</strong> vraye doctrine,<br />

comme dit Christ, si elle ne tend point en la gloire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes, mais <strong>de</strong> Dieu. Puis que Christ afferme que telle doibt<br />

estre l'espreuve, c'est mal prendre <strong>les</strong> mirac<strong>les</strong>, que <strong>de</strong> <strong>les</strong> tirer à<br />

autre fin que pour illustrer le Nom <strong>de</strong> Dieu. Et nous doibt aussi<br />

souvenir que Satan ha ses mirac<strong>les</strong>: <strong>les</strong>quelz, combienqu'ilz soient<br />

illusionplustostque vrayes vertus, toutesfoisilz sont <strong>de</strong> telle sorte,


12 JEAN CALVIN AU ROI DE FRANCE. t536<br />

qu'ilz pourroient abuser <strong>les</strong> simp<strong>les</strong> et ru<strong><strong>de</strong>s</strong>. Les Magicienset<br />

Enchanteurs ont esté toujours renomméz <strong>de</strong> mirac<strong>les</strong>. L'ydolâtrie<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Gentilz a esté nourrie par mirac<strong>les</strong> merveilleux, <strong>les</strong>quelztoutesfoisne<br />

sont suffisans pour nous approuver la superstition ne<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Magiciensne <strong><strong>de</strong>s</strong> ydolâtres.<br />

Les Donatistes estonnoient anciennement la simplicité du populaire<br />

<strong>de</strong> ceste mesme machine, qu'ilz faisoientplusieurs mirac<strong>les</strong>.<br />

Nous faisons donc maintenant une mesme response à noz adversaires,<br />

que faisoit lors Sainct Augustin aux Donatistes: que nostre<br />

Seigneur nous a renduz assez adviséz contre ces Miracleurs,prédisant<br />

que faux prophètes viendraient, qui. par gran<strong><strong>de</strong>s</strong> merveil<strong>les</strong><br />

et prodiges, tireroient en erreur, mesmes <strong>les</strong> esleuz, si faire se<br />

povoit. Et Sainct Paul a adverty que le règne d'Antéchrist seroit<br />

avec toute puissance, mirac<strong>les</strong> et prodiges mensongiers. Maisnoz<br />

mirac<strong>les</strong>, disent-ilz, ne se font ne par ydo<strong>les</strong>. ne par enchanteurs,<br />

ne par faulx prophètes, mais par tes Sainctz. Comme si nous n'entendions<br />

point que n'est la finesse <strong>de</strong> Satan, se transfigurer en<br />

Ange «le lumière. Les Égiptiens autresfois ont faict un Dieu <strong>de</strong><br />

Jérémie, qui estoit ensepvely en leur région, luy sacrifianset faisans<br />

tous autres honneurs qu'ilz avoient acoustumé faire à leurs<br />

Dieux.N'ahasoient-ilz pas du Sainct Prophète <strong>de</strong> Dieu à leur ydolâtrie?<br />

Et toutesfois, par telle vénération <strong>de</strong> son sépulchre, ilz<br />

obtenoient qu'ilz estoient guéris <strong>de</strong> morsures <strong>de</strong> serpens. Que dirons-nous,<br />

sinon que ceste a tousjours esté et sera une vengeance<br />

<strong>de</strong> Dieu très-juste, d'envoyer efficaced'illusion à ceux qui n'ont<br />

point receu la dilection <strong>de</strong> vérité, pour <strong>les</strong> faire croyre à mensonge?<br />

Donc <strong>les</strong> mirac<strong>les</strong> ne nous <strong>de</strong>ffailleatpoint, qui sont mesmes<br />

très-certains et non subjectz à raocquerie. Au contraire, ceux que<br />

noz adversaires préten<strong>de</strong>nt pour eux sont pures illusions<strong>de</strong> Satan,<br />

quand ilz retirent le peuple <strong>de</strong> l'honneur <strong>de</strong> son Dieu à vanité.<br />

Oultre, injustement ilz nous objectent <strong>les</strong> anciens Pères, j'enten<strong>de</strong><br />

<strong>les</strong> escrivains du premier temps <strong>de</strong> l'Église, comme s'ilz <strong>les</strong><br />

avoient favorisans à leur impiété: par l'auctorité <strong><strong>de</strong>s</strong>quelz si la<br />

noise estoit à <strong><strong>de</strong>s</strong>meller entre nous, la meilleure partie <strong>de</strong> la victoire<br />

viendroit à nostre part. Mais,comme ainsi soit que plusieurs<br />

choses ayent esté escriptes sagement et excellentement <strong>de</strong> ces anciens<br />

Pères, d'autre part, qu'il leur soit advenu, en d'aucuns endroictz,<br />

ce qui advient à tous hommes, c'est <strong>de</strong> faillir et errer,<br />

ces bons et obéissans filz, selon la droicture qu'ilz ont, et d'esprit<br />

et <strong>de</strong> jugement, et <strong>de</strong> volunté, adorent seulement leurs erreurs et


1536 JEAN CALVIN AU ROI DE FRANCE. 13<br />

faultes.Au contraire, <strong>les</strong> choses qui ont esté bien escrites d'eus,<br />

on Hzne <strong>les</strong> apperceoivent point, ou ilz <strong>les</strong> dissimulent,ou ilz <strong>les</strong><br />

pervertissent tellement, qu'il semble qu'flz n'ayent autre soing<br />

sinon <strong>de</strong> recueillir <strong>de</strong> la fiante parmy <strong>de</strong> l'or. Et après Hznous<br />

poursuivent par grand' clameur, comme contempteurs et ennemis<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Pères. Mais tant s'en fault que nous <strong>les</strong> contemnions, que<br />

si c'estoit nostre présent propoz, il me seroit facile d'approuver<br />

par leurs tesmoignages la plus grand' part <strong>de</strong> ce que nous disons<br />

au jourd'huy. Maisnous lisons leurs escriptz avec tel jugement.<br />

que nous avons tousjours <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> yeux ce que dit Sainct Paul<br />

C'est que toutes choses sont nostres, pour nous servir, non pour<br />

dominer sur nous, et que nous sommes tous à un seul Christ, auquel<br />

il fautt, sans exception, obéir du tout. Ceux qui n'observent<br />

point cest ordre, ne peuvent rien avoir <strong>de</strong> certain en la Foy veu<br />

que ces sainctz personnages <strong><strong>de</strong>s</strong>quelz il est question ont ignoré<br />

beaucoup <strong>de</strong> choses. sont souvent divers entre eux, et mesmes<br />

aucunesfois se contreviennent à eux-mesmes. Salomon,disent-ilz,<br />

ne nous comman<strong>de</strong> point sans cause, <strong>de</strong> n'oultrepasser <strong>les</strong> bornes<br />

qui ont esté mises <strong>de</strong> noz pères. Mais il n'est pas question d'observer<br />

une mesme reigle en la borneure <strong><strong>de</strong>s</strong> champs et en l'obéissance<br />

île la Foy laquelle doibt tellement estre ordonnée, qu'elle<br />

oublie son peuple et la maison <strong>de</strong> son père. D'avantage, puis qu'ilz<br />

ayment tant <strong>les</strong> allégories,que ne prennent-ilz tes Apostres pluslost<br />

pour leurs pères, que nulz autres, <strong><strong>de</strong>s</strong>quelz il ne soit licite arracher<br />

<strong>les</strong> bornes ? Car ainsi l'a interprété SainctHiérome, duquel<br />

ilzont allégué <strong>les</strong> parol<strong>les</strong>en leurs Canons.Et encores sïlz veulent<br />

que <strong>les</strong> limites <strong><strong>de</strong>s</strong> Pères qu'ilz enten<strong>de</strong>nt, soient observéez, pourquoy<br />

eux-mesmes, quand il leur vient à plaisir, <strong>les</strong> oultrepassentilz<br />

si audatieusement ? Ceux estoient du nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> Pères, <strong><strong>de</strong>s</strong>-<br />

cpielzl'un a dit, que Dieu ne beuvoit ne mangeoit, et pourtant<br />

qu'il n'avoit que faire ne <strong>de</strong> platz, ne <strong>de</strong> calices.L'autre, que <strong>les</strong><br />

Sacremens <strong><strong>de</strong>s</strong> Chrestiens ne requièrent ne or ne argent, et ne<br />

plaisent point à Dieu par or. Ilz oultrepassent donc ces limites,<br />

quand en leurs cérémonies ilz se délectent tant d'or, d'argent,<br />

marbre, yvoëre, pierres précieuses et soyes, et ne pensent point<br />

que Dieu soit droictement honnoré, sinon en affluenceet supertluité<br />

<strong>de</strong> ces choses. Cestuyestoit un Père, qui disoit que librement<br />

il osoit manger chair en quaresme, quand <strong>les</strong> autres s'en abstenoient,<br />

d'autant qu'il estoit Chrestien. Hz rompent donc <strong>les</strong> limites,<br />

quand ilz excommunient la personne qui aura en quaresme gousté


14 JEAN CALVIN AU ROI DE FRANCE. 1536<br />

«tela chair. Ceuxestoient Pères, <strong><strong>de</strong>s</strong>quelz Tan a dict, qu'un Moyne<br />

qui ne laboure point <strong>de</strong> ses mains doibt estre réputé comme un<br />

hrigant. L'autre, qu'il n'est pas licite aux Moynes<strong>de</strong> vivre du bien<br />

d'autruy, mesmes quand ilz seroient assiduelz en contemplations,<br />

en oraisons et à l'estu<strong>de</strong>. Ilz ont aussi oultrepassé ceste borne,<br />

quand ilz ont mis <strong><strong>de</strong>s</strong> ventres oysifz <strong>de</strong> Moynesen <strong><strong>de</strong>s</strong> bor<strong>de</strong>aux<br />

(ce sont leurs cloistres), pour estre saouliez <strong>de</strong> la substance d'autruy.<br />

Celuyestoit Père qui a dict, que c'estoit une horrible abomination<br />

<strong>de</strong> voir une Image ou <strong>de</strong> Christ. ou <strong>de</strong> quelque Sainct, aux<br />

temp<strong>les</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Chrestiens. Il s'en fault beaucoup qu'Uz ne gar<strong>de</strong>nt<br />

ces limites,quand ilz ne laissent anglet vui<strong>de</strong> <strong>de</strong> symulacres en<br />

tous leurs Temp<strong>les</strong>. Un autre Père a conseillé, que après avoir par<br />

sépulture exercé officed'humanité envers <strong>les</strong> mortz, on <strong>les</strong> laissast<br />

reposer. Hz rompent ces limites, quand ilz requièrent qu'on aylt.<br />

perpétuelle solicitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> trespasséz. Cestuy estoit au nombre<br />

(<strong>les</strong> Pères qui a nyé qu'au Sacrement <strong>de</strong> la Cène, soubz le pain<br />

feust contenu le vray corps <strong>de</strong> Christ, mais que seulement c'estoit<br />

im mystère <strong>de</strong> son corps il parle ainsi <strong>de</strong> mot à mot. Ilz excè<strong>de</strong>nt<br />

donc la mesure, quand ilz disent,que le corps <strong>de</strong> Christ est là encloz<br />

localement. Ceux estoient Pères, <strong><strong>de</strong>s</strong>quelz l'un ordonna, que<br />

ceux feussent du tout rejettéz <strong>de</strong> l'usaige <strong>de</strong> la Cène <strong>les</strong>quelz, prenans<br />

l'une <strong><strong>de</strong>s</strong> espèces, s'abstenoient <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong>. L'autre maintient<br />

qu'il ne fault dénier au peuple chrestien le sang <strong>de</strong> son Seigneur,<br />

pour la confession duquel il doibt espandre son sang. II/,<br />

ont osté ces limites, quand rigoureusement ilz ont commandé la<br />

inesme chose que l'un <strong>de</strong> ceux-là punissoit par excommunication,<br />

l'autre par forte raison réprouvoit, Cestuyestoit Père qui affirmoit<br />

estre une témérité, <strong>de</strong> déterminer <strong>de</strong> quelque chose obscure, en<br />

une partie ou en l'antre, sans clairs et évi<strong>de</strong>ns tesmoignages <strong>de</strong><br />

l'Escriture. Ilz ont oublié ceste borne, quand ilz ont conclud tant<br />

(le constitutions, canons et déterminations magistra<strong>les</strong>, sans quelque<br />

parolle <strong>de</strong> Dieu.Cestuyestoit Père qui reprochoit à Montanus,<br />

entre autres hérésies, qu'il avoit le premier imposé toix <strong>de</strong> jeûner.<br />

Ilz ont aussi oultrepassé ces limites, quand par estroicte Idy ilz ont<br />

ordonné <strong>les</strong> jeûnes. Cestuy estoit Père, qui a soustenu le mariage<br />

ne <strong>de</strong>voir estre <strong>de</strong>ffendu aux Ministres <strong>de</strong> l'Église, et a déclairé la<br />

compaignie <strong>de</strong> femme légitime estre chasteté; et ceux estoient<br />

Pères qui se sont accordéz à son auctorité. Ilz sont eschappéz<br />

oultre <strong>de</strong> ceste borne, quand ilz ont ordonné l'abstinence <strong>de</strong> mariage<br />

à leurs Prestres. Cestuy estoit Père qui a escript qu'on doibt


t 536 JEAN CALVIN AU ROI DEFRANCE. 15<br />

esconter un seul Christ, duquel il est dict, <strong>de</strong> par le Père cé<strong>les</strong>te<br />

Escoatez-le, et qu'il ne fault avoir esgard à ce qu'auront faict<br />

ou dict <strong>les</strong> autres <strong>de</strong>vant nous, mais seulement à ce qu'aura commandé<br />

Christ, qui est le premier <strong>de</strong> tous. Ilz ne se sont point tenuz<br />

entre ces barres, et n'ont permis que <strong>les</strong> autres s'y tinssent, quand<br />

ilz ont constitué, tant par <strong><strong>de</strong>s</strong>sus eux que par <strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>les</strong> autres,<br />

autre maistre que Christ.<br />

Tous <strong>les</strong> Pères d'un mesme couraige ont eu en abomination, et<br />

d'une mesme bouche ont détesté, que la saincte parolle <strong>de</strong> Dien<br />

feust contaminée par subtilitéz sophistiques, et envelopée <strong>de</strong> combatz<br />

et contentions philosophiques. Se gar<strong>de</strong>nt-ilz <strong>de</strong><strong>dans</strong> ces marches,<br />

quand ilz ne font autre chose en toute leur vie que d'ensepvelir<br />

et obscurcir la simplicité <strong>de</strong> l'Escriture, par contentions<br />

infinies et questions plus que sophistiques? Tellement que si <strong>les</strong><br />

Pères estoient maintenant suscitéz, et oyoient un tel art <strong>de</strong> combatre,<br />

qu'ilz appellent Théologie spéculative, ilz ne penseroient<br />

riens moins que tel<strong>les</strong> disputations estre <strong>de</strong> Dieu. Maiscomment<br />

s'espandroit au large nostre oraison, si je voulois ennombrer<br />

combien hardiment ilz rejettent le joug <strong><strong>de</strong>s</strong> Pères, <strong><strong>de</strong>s</strong>quelz il~<br />

veulent estre veuz obéissans enfans? Certes moys et années se<br />

passeroient à réciter ce propoz. Et néantmoins ilz sont d'une impu<strong>de</strong>nce<br />

si effrontée, qu'ilz nous osent reprocher que nous oultrepassons<br />

<strong>les</strong> bornes anciennes.<br />

En ce qu'ilz nous renvoyent à la coustume,ilz ne font rien. Car<br />

ue seroit une gran<strong>de</strong> iniquité, si nous estions contrainctz <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r<br />

à la coustume. Certes,si <strong>les</strong>jugemens <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes estoient droietz,<br />

la coustume se <strong>de</strong>veroit- prendre <strong><strong>de</strong>s</strong> bons. Mais il en est souventestois<br />

advenu autrement; car ce qu'on voyt estre faict <strong>de</strong> plusieurs<br />

a obtenu droict <strong>de</strong> coustume. Mais la vie <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes n'a jamais<br />

esté si bien reiglée, que <strong>les</strong> meilleures choses pleussent à la pln~<br />

grand' part. Donc <strong><strong>de</strong>s</strong> vices particuliers <strong>de</strong> plusieurs est provenu<br />

un erreur publiq, ou plustost un commun consentement <strong>de</strong> vice,<br />

lequel ces bons prendhommes veulent maintenant estre pour<br />

loy. Ceux qui ne sont du tout aveug<strong>les</strong>, apperçoivent que quasi<br />

plusieurs mers <strong>de</strong> maux sont <strong><strong>de</strong>s</strong>bordéz sur la terre, et que tout<br />

le mon<strong>de</strong> est corrompu <strong>de</strong> plusieurs pestes mortel<strong>les</strong>; brief, que<br />

tout tombe en ruyne, tellement qu'il fault ou du tout désespérer<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> choses humaines, ou mettre ordre à telz manlx, et mesmes<br />

par remè<strong><strong>de</strong>s</strong> violens. Et néantmoins on rejette le remè<strong>de</strong>, non<br />

pour aultre raison, sinon que nous sommes <strong><strong>de</strong>s</strong>jà <strong>de</strong> longue main


16, JEAN CALVIN AU ROI DE FRANCE. 1536.<br />

accoustuméz aux calamitéz. Mais encores que l'erreur publiq ayt<br />

lieu en la police <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, toutesfois, au Règne <strong>de</strong> Dieu,sa<br />

seule étemelle vérité doibt estre escoutée et observée: contre laquelle<br />

ne vault aucune prescription, ne <strong>de</strong> longues années, ne <strong>de</strong><br />

coustume ancienne, ne <strong>de</strong> quelconque conjuration. En telle manière<br />

jadis Iésaye instruisoit <strong>les</strong> esleuz <strong>de</strong> Dieu,<strong>de</strong> ne dire Conspiration<br />

par tout où le peuple disoit Conspiration c'est-à-dire qu'ilz<br />

ne conspirassent ensemblément en la conspiration du peuple, et<br />

qu'ilz ne craignissent <strong>de</strong> leur crainte ou s'estonnassent; mais plustost<br />

qu'ilz sanctifiassent le Seigneur <strong><strong>de</strong>s</strong> armées, et que luy seul<br />

teust leur crainte. Maintenant donc que noz adversaires nous objectent<br />

tant d'exemp<strong>les</strong> qu'Uz vouldront, et du temps passé et du<br />

temps présent! Si nous sanctifions le Seigneur <strong><strong>de</strong>s</strong> armées, ilz ne<br />

nous estonneront point fort. Car soit que plusieurs eages ayent accordé<br />

à une mesme impiété, le Seigneur est fort pour faire vengeance,<br />

jusques en la troisiesme et quatriesme génération; soit<br />

que tout le mon<strong>de</strong> conspire en une mesme meschanceté, Il nous a<br />

enseignez par expérience, quelle est la fin <strong>de</strong> ceux qui pèchent<br />

avec la multitu<strong>de</strong>, quand il a discipé tout le mon<strong>de</strong> par le déluge,<br />

réservé Noé avec sa petite famille,qui, par sa foy <strong>de</strong> luy seul, condamna<br />

tout le mon<strong>de</strong>. En somme, mauvaise coustume n'est autre<br />

chose qu'une peste publique en laquelle ceux qui meurent entre<br />

la multitu<strong>de</strong>, ne périssent pas moins que s'ilz périssoient seulz.<br />

Hz ne nous pressent pas si fort par leur argument, qu'ilz nous<br />

contraignent <strong>de</strong> confesser,ou que l'Église ayt esté morte par quelques<br />

années, ou que maintenant nous ayons combat contre l'Église.<br />

Certes, l'Église <strong>de</strong> Christ a vescu et vivra tant que Christ régnera<br />

à la <strong>de</strong>xtre <strong>de</strong> son Père <strong>de</strong> la main duquel elle est sonstenue, <strong>de</strong><br />

la gar<strong>de</strong> duquel elle est armée, <strong>de</strong> la vertu duquel elleest fortifiée.<br />

Car sans doubte il accomplira ce qu'il a une fois promis, c'est qu'il<br />

;issi§teroitaux siens jusques à la consummation du siècle. Contre<br />

ceste Église nous n'entreprenons nulle guerre. Car, d'un consentement<br />

avec tout le peuple <strong><strong>de</strong>s</strong> fidè<strong>les</strong>,nous adorons et honnorons<br />

un Dieu,et un Christ le Seigneur, comme il a esté tousjours adoré<br />

<strong>de</strong> ses serviteurs. Maiseux, ilz sont bien loing <strong>de</strong> la vérité, quand<br />

ila ne recongnoissent point d'Église, si elle ne se voit présentement<br />

à l'œil, et la veulent enclorre en certains limites ausquelz elle<br />

n'est nullement comprinse.En cespoinctz gist nostre controversie.<br />

Premièrement, qu'ilz requièrent tousjours une forme d'Église visible<br />

et apparente. Secon<strong>de</strong>ment, qu'ilz constituent icelle forme au


1536 JEAN CALVIN AU ROI DE FRANCE. 17<br />

.r. w t<br />

siège <strong>de</strong> l'Église Romaine, et en Testât <strong><strong>de</strong>s</strong> Prélatz. Nous, an contraire,<br />

affirmonsque l'Église peut consister sans apparence visible,<br />

et mesmes que son apparence n'est à estimer <strong>de</strong> ceste magnificence<br />

extérieure, laquelle follement ilz ont en admiration. Mais<br />

elle ha bien autre marque, c'est à sçavoir, la pure prédication<strong>de</strong> la<br />

parolle <strong>de</strong> Dieu, et l'administration <strong><strong>de</strong>s</strong> Sacremens bien instituée.<br />

Ilz ne sont pas contens si l'Église ne se peut tousjours monstrer<br />

an doigt; mais combien<strong>de</strong> foisest-il advenu qu'elle a esté tellement<br />

diformée entre le peuple Judaïque, qu'il n'y restoit nulle apparence<br />

f Quelle forme pensons-nous avoir reluy en l'Église, lors<br />

que Hélye se complaignoit d'avoir esté réservé seul? Combien <strong>de</strong><br />

fois,<strong>de</strong>puis l'advèneme,nt <strong>de</strong> Christ, a-elle esté cachée sans forme1<br />

Combien souvent a-élle esté tellement opprimée par guerres, par<br />

séditions, par hérésies, qu'elle ne se monstroit en nulle partie? Si<br />

donc ces gens icy eussent vescu <strong>de</strong> ce temps-là, enssent-ilz creu<br />

estre quelque Église? Maisil feust dit à Hélye, qu'il yavoit encores<br />

sept mille hommes <strong>de</strong> réserve, qui n'avoient point f<strong>les</strong>chyle geuouil<br />

<strong>de</strong>vant Baal. Et [ne] nous doibt estre aucunement incertain,<br />

tjue Jésus-Christ n'ayt tousjours régné sus terre, <strong>de</strong>puis qu'il est<br />

monté au ciel. Maissi, entre tel<strong>les</strong> désolations, <strong>les</strong> fidè<strong>les</strong>eussent<br />

voulu avoir quelque certaine apparence, n'eussent-ilz point perdu<br />

couraige ? Et <strong>de</strong> faict S. Hylaire réputoit cela estre un grand vice<br />

en son temps, que estans aveugléz par la folle révérence qu'ilz<br />

portoient à la dignité <strong>de</strong> leurs Évesques, ne considéroient point<br />

quel<strong>les</strong> pestes estoient aucunesfois cachées <strong><strong>de</strong>s</strong>soubz tel<strong>les</strong> masques.<br />

Car il parle en ceste sorte Je vous admonneste, gar<strong>de</strong>zvous<br />

d'Antéchrist. Vousvous arrestez trop au[x] murail<strong>les</strong>, cherchans<br />

l'Église <strong>de</strong> Dieu en la beauté <strong><strong>de</strong>s</strong> édifices,pensans que l'union<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> fidè<strong>les</strong>soit là contenue. Doubtons-nous que Antechrist doive<br />

là avoir son siège? Les montaignes, et bois, et laqs, et prisons, et<br />

désertz me sont plus seurs et <strong>de</strong> meilleure fiance. Car <strong>les</strong> Prophètes<br />

y estans cachéz ont prophétisé. Or qu'est-ce que le mon<strong>de</strong><br />

honnore aujourd'huy en ces Évesques cornuz, sinon qu'il pense<br />

estre <strong>les</strong>plus excellens ceuxqui prési<strong>de</strong>nt au[x]plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong> vil<strong>les</strong>?<br />

Ostons donc une si folle estime. Au contraire, permettons cela<br />

au Seigneur, que puis qu'il est seul congnoissant qui sont <strong>les</strong> siens,<br />

que aussi aucunefoisil puisse oster la congnoissanceextérieure <strong>de</strong><br />

son Église <strong>de</strong> la veue <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes. Je confesse bien que c'est une<br />

horrible vengeance <strong>de</strong> Dieu sur la terre. Mais si l'impiété <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes le mérite ainsi,pourquoy nous efîorceons-nous <strong>de</strong> contre-<br />

r_1__J<br />

T. IV. 2


18 JEAN CALVIN AU ROI DE FRANCE. 1536'<br />

dire à la justice divine? En telle manière le Seigneur, quelques<br />

eages par cy-<strong>de</strong>vant, a puny l'ingratitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes. Car pourtant<br />

qu'ilz n'avoient voulu obéir à sa vérité, et avoient estainct<br />

sa lumière, il a permis qu'en sens aveuglé ilz feussent abuséz <strong>de</strong><br />

lour<strong><strong>de</strong>s</strong> mensonges, et enseveliz en profon<strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres, tellement<br />

qu'il n'aparoissoit nulle forme <strong>de</strong> vraye Église. Ce pendant néantmoins<br />

il a conservé <strong>les</strong> siens au milieu <strong>de</strong> ces erreurs et ténèbres.<br />

comment qu'ilz feussent espars et cachez. Et n'est pas <strong>de</strong> mercil<strong>les</strong>:<br />

car il a aprins <strong>de</strong> <strong>les</strong> gar<strong>de</strong>r, et en la confusion (le Bab>lone,<br />

et en la flambe <strong>de</strong> fornaise ar<strong>de</strong>nte.<br />

En ce qu'ilz veulent la forme <strong>de</strong> l'Église estre estimée par je<br />

ne sçay quelle aine pompe, à fin <strong>de</strong> ne faire long propoz. je toucheray,<br />

seulement en passant, combien cela seroit dangereux. Le<br />

Pape <strong>de</strong> Rome, disent-ilz, qui tient le Siége Apostolique,et <strong>les</strong> autres<br />

Évesques représentent l'Église, et doivent estre rêputéz pour<br />

f Église; parquoy ilz ne peuvent errer. Pour quelle cause? Pource.<br />

respon<strong>de</strong>nt-ilz,qu'ilz sont Pasteurs <strong>de</strong> l'Église et consacrez à Dieu.<br />

Aaron et <strong>les</strong> autres conducteurs du peuple d'Israël estoieul aussi<br />

Pasteurs. Aaron et ses filz estoient jà esleuz Preslivs <strong>de</strong> Dieu.<br />

Xéantmoinsilz faillirent, quand ilz forgèrent le veau. Aqui. selon<br />

reste raison, n'eussent représenté l'Église <strong>les</strong> quatre centz prophètes<br />

qui décevoieut A[c]hab1 Maisl'Église estoit <strong>de</strong> la partie <strong>de</strong><br />

Michée,seul certes et contemptible, <strong>de</strong> la bouche duquel toutesfois<br />

sortoit la vérité. Les prophètes qui s'eslevoient contre Jérémie, s*'<br />

vantans que la Loy ne pourroit défaillir aux Prestres, ne le conseil<br />

aux sages, ne la parolle aux Prophètes, ne portoient-ilz pas h'<br />

nom <strong>de</strong> l'Église Une mesme apparence ne reluysoit-elle point au<br />

Concilequ'assemblèrent <strong>les</strong> Prestres, Docteurs et Religieux, pour<br />

prendre conseil <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> Jésus-Christ? Voysent maintenant<br />

noz adversaires, et s'arrestent en ces masques extérieures, pour<br />

faire Christ et tous <strong>les</strong> Prophètes <strong>de</strong> Dieu vivant scismatiques,<br />

au contraire <strong>les</strong> ministres <strong>de</strong> Satan, organes du Sainct Esprit<br />

D'avantage, s'ilz parlent à bon escient, qu'ilz me respon<strong>de</strong>nt en<br />

bonne foy, en quelle région ou en quel peuple ilz pensent que<br />

l'Église rési<strong>de</strong>, <strong>de</strong>puis que par sentence diffinitive dm Concile<strong>de</strong><br />

Basle, Eugenius, Pape <strong>de</strong> Rome, feust déposé, et Ame<strong>de</strong>us substitué<br />

en son lieu? S'ilz <strong>de</strong>voient crever, ilz ne pourront nyer que.le<br />

Concile,quant aux solemnitéz extérieures, ne feust bon et légitime,<br />

et ordonné non-seulement par un Pape, mais par <strong>de</strong>ux. Eugenius<br />

feust là condamné pour scismatique, rebelle et contumax, avec


1536 JEAN CALVIN AIT ROI DE FRANCS. 19<br />

toute la compaignie <strong><strong>de</strong>s</strong> Cardinaux et Évesques qui avoient machiné<br />

avec luy la dissolution du Concile.Néantmoins,estant <strong>de</strong>puis<br />

supporté par la faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> Princes, il <strong>de</strong>moura en la possession<strong>de</strong><br />

sa Papauté: et celle élection d'Ame<strong>de</strong>us, solemnellement parfaicte<br />

par l'authorité du sacré et général Concile, s'en alla en fumée:<br />

sinon que le dict Ame<strong>de</strong>us feust appaisé par un chappeau <strong>de</strong> Cardinal,<br />

comme un chien abbayant, par une pièce <strong>de</strong> pain. De ces<br />

hérétiques rebel<strong>les</strong> et contumax sont yssuz tous <strong>les</strong> Papes, Cardinaux,<br />

Évesques. Abbéz et Prestres qui ont esté <strong>de</strong>puis. Il est nécessaire<br />

qu'ilz soient icy surprius au passage. Car auquel costé<br />

mettront-ilz le nom <strong>de</strong> l'Église? Nyeront-ilz le Concile avoir esté<br />

général, auquel il ne <strong>de</strong>ffailloitrien quant à la majesté extérieure?<br />

veu que solemnellement il avoit esté dénoncé par double bu[ljle,<br />

dédié par le Légat du sainct Siége Apostolique,lequel y présidoit:<br />

bien ordonné en toutes cérémonies, et persévéra jusques en la fin<br />

eu une mesme dignité. Confesseront-ilz Eugenius schismatique<br />

avec toute la ben<strong>de</strong> par laquelleilz ont esté consacrez?<br />

fi fault donc qu'ilz diftlnissent autrement la forme <strong>de</strong> l'Église,<br />

au[l.ou] tant qu'ilz sont, selonleur doctrine mesme,seront réputéz<br />

île nous schismatiques, <strong>les</strong>quelz, sciemment et <strong>de</strong> leur vouloir, ont<br />

esté ordonnéz par hérétiques. Et s'il n'eust jamais esté expérimenté<br />

par cy-<strong>de</strong>vant que l'Église n'est point lyée à pompes extérieures,<br />

ilz nous en baillent assez certaine expérience, quand soubz<br />

le tiltre et couleur <strong>de</strong> l'Église, ilz se sont orgueilleusement faictz<br />

craindre au mon<strong>de</strong>, combien qu'ilz feussent pestes mortel<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

r Église.Je ne parle point <strong>de</strong> leurs meurs et actes exécrab<strong>les</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong>quelz<br />

toute leur vie est remplie, puis qu'ilz se disent estre Pharisiens,<br />

<strong>les</strong>quelz il faille escouter, et non pas ensuyvre. Mais si tu<br />

veux départir un peu <strong>de</strong> ton loysir à lire noz enseignemens, tu<br />

congnoistras clairement que leur doctrine mesme, pour laquelle<br />

ilzveulent estre recongneuz pour l'Église,est une cruelle géhenne<br />

et boucherie <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes, un flambeau,une ruyne et une dissipation<br />

<strong>de</strong> l'Église.<br />

Finalement, c'est perversement faict à eux <strong>de</strong> reprocher combien<br />

d'esmeuttes, troub<strong>les</strong> et contentions a après soy attiré la prédication<br />

<strong>de</strong> nostre doctrine, et quelz fruictzelle produit maintenant<br />

en plusieurs car la faulte <strong>de</strong> ces maux est-iniquement rejettée<br />

sur icelle,qui <strong>de</strong>voit estre imputée à la malice <strong>de</strong> Satan. Cest quasi<br />

le propre <strong>de</strong> la parolle <strong>de</strong> Dieu, que jamais eHene vient en avant<br />

que Satan ne s'esveille et escarmouche. Ceste est une marque


JEAN CALVIN AU ROI DE FRANCE. 1536<br />

très-certaine, pour la discerner <strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines mensongières, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong><br />

facilementse monstrent en ce qu'el<strong>les</strong> sont receues voluntairement<br />

<strong>de</strong> tous, et viennent à: gré à tout le mon<strong>de</strong>. En telle<br />

faceon, par quelques années cy-<strong>de</strong>vant, quand tout estoit ensepvely<br />

en ténèbres, ce seigneur du mon<strong>de</strong> se jouoit <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes à<br />

son plaisir, et. comme un Sardanapalus, se reposoit et prenoit son<br />

passetemps en bonne paix. Car qu'eust-il faict, sinon jouer et plaisanter,<br />

estant en paisible et tranquile possession <strong>de</strong> son Règne ?<br />

Mais<strong>de</strong>puis que la lumière luysante d'en hault a aucunement déchassé<br />

ses ténèbres; <strong><strong>de</strong>s</strong>puis que le Fort a assaillyet troublé son<br />

Règne, incontinent il a commencé à s'esveiller <strong>de</strong> sa paresse et<br />

prendre <strong>les</strong> armes. Et premièrement a concité la force <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes,pour<br />

par icelle opprimer violentement la vérité commenceante<br />

à venir. Et quand il n'a rien proffité par force, il s'est converty<br />

aux embusches. Adonc par ses Catabaptistes et tel<strong>les</strong> manières <strong>de</strong><br />

.gens,il a esmeu plusieurs sectes et diversitéz d'opinions, pour<br />

obscurcir icelle vérité et finalement l'esteindre. Et encores maintenant<br />

il persévère à esbranler par toutes <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux machines. Car<br />

par violence et mains <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, il s'efforce d'enracher ceste<br />

vraye semence, et, d'autant qu'il est en luy, il tasche par son<br />

yvroye <strong>de</strong> la supplanter, à fin <strong>de</strong> l'empescher <strong>de</strong> croistre et rendre<br />

son fruict. Maistous ses effors seront vains, si nous oyons <strong>les</strong> advertissemens<br />

du Seigneur, qui nous a long temps <strong>de</strong>vant <strong><strong>de</strong>s</strong>couvers<br />

ses finesses, à fin que ne feussions surprins, et nous a arméz<br />

d'assez bonnes gar<strong><strong>de</strong>s</strong> contre ses machines.<br />

Au reste, combien gran<strong>de</strong> perversité est-ce <strong>de</strong> charger la parolle<br />

<strong>de</strong> Dieu <strong>de</strong> la hayne ou <strong><strong>de</strong>s</strong> séditions qu'esmeuvent à rencontre<br />

<strong>les</strong> folz et escerveléz, ou <strong><strong>de</strong>s</strong> sectes que sèment <strong>les</strong> abuseurs?<br />

Toutesfois ce n'est pas nouvel exemple. On <strong>de</strong>mandoit à<br />

Hélie,s'il n'estoit pas celuy qui troubloit Israël. Christestoit estimé<br />

séditieux <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifz. On accusoit <strong>les</strong> Apostres, comme s'ilz eussent<br />

esmeu le populaire à sédition. Que font-aujourd'huy autre chose<br />

ceux qui nous imputent <strong>les</strong> troub<strong>les</strong>, tumultes et contentions qui<br />

s'eslèvent encontre nous? Or Hélie nous a enseigné quelle res-<br />

ponse il leur fault rendre. C'est que ce ne sommes-nous pas qui<br />

semôns <strong>les</strong> erreurs, ou esmouvons <strong>les</strong> troub<strong>les</strong>, mais eux-mesmes,<br />

qui veulent résister à la vertu <strong>de</strong> Dieu. Mais comme ceste seule<br />

raison est sumsante pour rabattre leur témérité, aussi d'autre part<br />

il est mestier d'obvier à l'infirmité d'aucuns, ausquelz souventesfois<br />

il advient d'estre estonnéz par telz scanda<strong>les</strong>,et, en leur eston-


i 536 JEAN CALVIN AU ROI DE FRANCE. 21<br />

nement, <strong>de</strong> vaciller. Iceux donc, à fin qu'flz n'ayent matière <strong>de</strong> se<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>conforter et perdre couraige, doivent penser, que <strong>les</strong> mesmes<br />

choses que nous voyons maintenant sont advenues aux Apostres<br />

<strong>de</strong> leur temps. Il y en avoit lors <strong><strong>de</strong>s</strong> ignorans et inconstans, <strong>les</strong>quelz,<br />

comme Sainct Pierre récite, corrompoient à leur perdition<br />

ce qui estoit divinement escript par S. Paul. Il y avoit <strong><strong>de</strong>s</strong> contempteurs<br />

<strong>de</strong> Dieu, <strong>les</strong>quelz, quand ilz oyoient que le péché avoit<br />

abondé à fin que la grâce abondast d'avantaige, incontinent ilz objectoient:<br />

Nous <strong>de</strong>mourerons donc en péché, à fin que la grâce<br />

abon<strong>de</strong>. > Quandilz oyoient que <strong>les</strong> fidè<strong>les</strong> n'estoient pomt soubz<br />

la Loy, ilz respondoient: « Nouspécherons, puis que nous ne sommes<br />

point soubz la Loy, mais soubz la grâce. »II y en avoit qui<br />

l'appelloient hortateur à mal. Des faux prophètes s'ingéroient pour<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>truire <strong>les</strong> Églises qu'il avoit édifiées. Aucuns preschoient l'Évangile<br />

par haine et contention, non en sincérité, et mesmes maticieusement,pensans<br />

<strong>de</strong> le grever plus en sa prison. En aucuns<br />

lieux l'Évangile ne proffitoit pas beaucoup. Chascun cerchoit son<br />

proffit,et non point <strong>de</strong> servir à Jésus-Christ.Les autres se revoltoient,<br />

comme chiens retournans à leurs vomissemens, et pourceaux<br />

à leurs fanges. Plusieurs tiroient la liberté <strong>de</strong> l'Esprit en<br />

licencecharnelle. Plusieurs faux frères s'insinuoient, <strong><strong>de</strong>s</strong>quelz provenoient<br />

après grandz dangiers aux fidè<strong>les</strong>. Mesmes entre <strong>les</strong><br />

frères divers débatz se suscitoient. Qu'avoient icy à faire <strong>les</strong> Apos-<br />

Ires? Leur estoit-il expédient ou <strong>de</strong> dissimuler pour un temps, ou<br />

du tout quicter et renoncer cest Évangile,lequel ilz voyoient estre<br />

semence <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> noyses, matière <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> dangiers, occasion<br />

Me tant <strong>de</strong> scanda<strong>les</strong>? Maisentre tel<strong>les</strong> angoisses il leur souvenoit<br />

•que Christ est pierre d'offence et <strong>de</strong> scandale, mis en ruyne et résurrection<br />

<strong>de</strong> plusieurs, et pour un but auquel on contredira. De<br />

laquellefiance estans arméz, ilz passoient hardiment, et marchoient<br />

par tous dangiers <strong>de</strong> tumultes et scanda<strong>les</strong>. Nous avons à nous<br />

conforter d'une mesme pensée, puis que Sainct Paul tesmoigne<br />

ce estre perpétuel à l'Évangile, qu'il soit o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> mort, pour<br />

mort, à ceux qui périssent, et o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> vie, pour vie, à ceux qui<br />

sont sauvez.<br />

Maisje retourne à toy, ô Roytrès-magnanime. Tu ne te doibsesmouvoir<br />

<strong>de</strong> cesfaux rapporte, par <strong>les</strong>quelz noz adversaires s'efforcent<br />

<strong>de</strong> te jetter en quelquecrainte et terreur, c'est à sçavoir,que ce<br />

nouvel Évangile (ainsi l'appellent-ilz) ne cerche autre chosequeoc-casion<br />

<strong>de</strong> séditions et toute impunité <strong>de</strong> malfaire. Car Dieu n'est


22<br />

JEAN CALVIN AU ROI DE FRANCE. 1536'<br />

point Dieu <strong>de</strong> division,mais <strong>de</strong> paix, et le Filz <strong>de</strong> Dieu n'est point<br />

ministre <strong>de</strong> péché, qui est venu pour rompre et <strong><strong>de</strong>s</strong>truire <strong>les</strong> œnvres<br />

du Diable.Et quant à nous, nons sommes injustement accusez<br />

<strong>de</strong> cupiditéz <strong><strong>de</strong>s</strong>quel<strong>les</strong>nous ne donnasmes jamais la moindre<br />

suspition du mon<strong>de</strong>. Il est bien vraysemblable que nous machinons<br />

<strong>de</strong> renverser <strong>les</strong> Royaumes,[nous] <strong><strong>de</strong>s</strong>quelzjamais n'a esté ouye<br />

une seule parolle séditieuse, et <strong><strong>de</strong>s</strong>quelz la vie a tousjours esté<br />

congneue simple et paisible, quand nous vivions soubz toy Et<br />

maintenant, chasséz <strong>de</strong> noz maisons, nous ne laissons point <strong>de</strong><br />

prier Dieu ppur ta prospérité et celle <strong>de</strong> ton Règne. fi est bien à<br />

croyre que nous pourchassons ur» congé <strong>de</strong> tout mat taire, sans<br />

estre reprins, [nous] <strong><strong>de</strong>s</strong>quelz combien que <strong>les</strong> meurs soient re-<br />

préhensib<strong>les</strong> en beaucoup<strong>de</strong> choses, toutesfois il n'y a rien digne<br />

<strong>de</strong> si grand' reproche Et d'avantage, grâces à Dieu. nous n'avons<br />

point si mal proffité eu l'Évangile, que nostre vie ne puisse estre<br />

à iceux détracteurs, exemple <strong>de</strong> chasteté, libéralité, miséricor<strong>de</strong>,<br />

tempérance, patience, mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tie, et toutes autres vertus 7. Certes.<br />

la Vérité tesmoigne évi<strong>de</strong>mment pour nous, que nous craignon.»<br />

et honorons Dieu purement, quand par nostre vie et par noslre<br />

mort nous tlésirons son Nom estre sanctifié. Et la bouchemême<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> envieux a esté conto'aincte<strong>de</strong> donner tesmoignaged'innocence<br />

et justice civile à aucuns <strong>de</strong> nous, aitsquelz ce seulementestoit puny<br />

pat' mortqui méritait d'estre réputé à louenge singulière.Or, s'il y<br />

en a aucuns qui, soubz couleur <strong>de</strong> l'Évangile, esmeuvenltumultes<br />

(ce qu'on n'a point veu jusques icy en ton Royaume), ou qui veulent<br />

couvrir leur libertécharnelledu nom <strong>de</strong> la liberté qui nous est<br />

donnéepar la grâce <strong>de</strong> Dieu, commej'en congnoisplusieurs,<br />

a loix et punitions ordonnéespar <strong>les</strong>laix, pour <strong>les</strong>corriger aspre- i<br />

ment selonleur[s] dèlictz.Mais que ce pendant l'Évangile <strong>de</strong> Dieu<br />

ne soit point blasphémé pour <strong>les</strong> maléfices <strong><strong>de</strong>s</strong> meschans<br />

Tu as, ô Roy très-magnifique,la venimeuse iniquité <strong>de</strong> noz calumniateurs<br />

exposée par assez <strong>de</strong> parol<strong>les</strong>, à fin que tu n'enclines<br />

pas trop l'aureille pour adjouster foy à leurs rapportz. Et mesme<br />

je doubte que je n'aye esté trop long, veu que ceste Épistre a<br />

quasi la gran<strong>de</strong>ur d'une <strong>de</strong>flence entière, combien que par icelle<br />

7 Cesparo<strong>les</strong>sont confirméespar <strong>les</strong>témoignagesd'honorabilitéque<br />

<strong>les</strong> magistrats<strong>de</strong> Strasbourg,<strong>de</strong> Bâle et <strong>de</strong> Berne donnèrent<strong>dans</strong> ce<br />

temps-làaux réfugiésfrançais.Voyezla lettre du 8juillet 1536,et lès<br />

instructionsque <strong>les</strong> ambassa<strong>de</strong>urs<strong><strong>de</strong>s</strong> États évangéliquesreçurent en<br />

janvier 1537Q$°604).<br />

il y


1536<br />

JEAN CALVIN AU ROI DE FRANCE.<br />

je n'aye prétendu composer une <strong>de</strong>ffence, mais seulement adoulcir<br />

ton cœur, pour donner audience à nostre cause. Lequel tien cœur<br />

combien qu'il soit à présent <strong><strong>de</strong>s</strong>tourné et aliéné <strong>de</strong> nous, j'adjouste<br />

mesme enflamhé, toutesfois j'espère que nous pourrons regaigner<br />

sa grâce, s'Q te plaist une fois, hors d'indignation et couroux, lire<br />

nostre confession qu'avons faicte. laquelle nous voulons estre pour<br />

<strong>de</strong>ffense envers ta Majesté 8. Mais si, au contraire, <strong>les</strong> détractions<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> malvefllans empeschent tellement tes aureil<strong>les</strong>, que<br />

<strong>les</strong> accusez<br />

n'ayent aucun lieu <strong>de</strong> se <strong>de</strong>ffendre; d'autre part, si ces impétueuses<br />

furies, sans que tu y mettes ordre, exercent tousjours cruauté<br />

par prison, fouetz, géhennes, couppeures, brusleures, nous cer-<br />

tes, comme brebis dévouées à la boucherie, serons jettéz en toute<br />

rtxtrémité tellement néantmoins, qu'en nostre patience nous possé<strong>de</strong>rons<br />

noz aimes, et attendrons la main forte du Seigneur, la-<br />

quelle sans double se monstrera en [sa] saison et apparoistra armée,<br />

tent pour délivrer <strong>les</strong> povres <strong>de</strong> leur afliction, que pour<br />

punir <strong>les</strong> contempteurs.<br />

Le Seigneur Roy <strong><strong>de</strong>s</strong> Roys vueille establir ton Throsne en justice,<br />

et ton Siège en équité, très-fort et très-illustre Roy De Basle.<br />

le xxm d'aonst m.d.xxxv9.<br />

8 Par une singulière coïnci<strong>de</strong>nce, une autre Confession <strong>de</strong> Foi, celle<br />

que Zwingli avait composée en 1531, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du roi <strong>de</strong> France<br />

(Voy. J. <strong>de</strong> Muller. Hist. <strong>de</strong> la Confédération suisse, t. X, p. 434), fut<br />

publiée à Zurich en mars 1536, sous le titre suivant < Christian» fi<strong>de</strong>i a<br />

Huldrycho Zninglio predicatse, brevis et clara expositio. ab ipso Zninglio<br />

paulô ante mortem eins ad Regem Christiannm scripta, haetenus à nemine<br />

excusa et nunc primum in lucem {édita. MD.XXXvT, 43 feuillets<br />

petit in-8°. L'ouvrage est précédé d'un Avis an Lecteur signé par H. Bullinger<br />

et daté « Ex Tignro. Mense Februario. Anno 1536. » Voyez aussi<br />

le Chroniqueur <strong>de</strong> Louis Vulliemin, p. 269.<br />

9 Nous relevons, <strong>dans</strong> quelques lettres écrites en Suisse, peu <strong>de</strong> temps<br />

après que Vlnsfàivtùm chrétienne eut été publiée, trois passages relatifs à<br />

ce livre célèbre. Marc Bortschs écrivait <strong>de</strong> Bàle à Vadian, le 28 mars<br />

1536: «Qui libri ex officinis nostris jam recentes prodierint, quando te<br />

scire juvat, non piguit eorum indicem annotare. Plattrw impressit<br />

Julius Pollux. Galeni opera quœdam a Cornario versa. Chronicon opus<br />

Eusebii auctum. Clementis Epistolœ auctse et emendatœ. Œcolampadii in<br />

Genesim. Olympiodorus in Ecc<strong>les</strong>iasten. Cyri Theodori carmina graeca in<br />

Tet. Testamentum. Catechismus Ga'îi cvjasdam ad Regem Francùe. De<br />

puritate ecc<strong>les</strong>iœ, in Psalm. 15, Eras[mi], cum aliquot selectis epistolis.<br />

Adagia Erasmi, etc. (Mscrit orig. Bibl. <strong>de</strong> St.-Gall. Mscriptœ Epp. IV,<br />

20.) L'ouvrage <strong>de</strong> Calvin est déjà apprécié en ces termes par Conrad Pel-


24<br />

LE CONSEIL DE GENÈVE A FRANÇOIS I. 1536<br />

546<br />

LE CONSEIL DE GENÈVE à François I.<br />

De Genève, 5 avril 1536.<br />

Inédite. Minute originale l. Archives (te Genève.<br />

Soîmaire. Lesmagistrats<strong>de</strong> Genèvedéclarent qu'ils ne veulent pas introduire<strong>dans</strong><br />

le man<strong>de</strong>ment<strong>de</strong> Thy, on <strong>dans</strong>leurs antresterres, unenouvellereligion,maisseniementobéir<br />

à la sainte Écriture. Ils annoncentan Roique, snr sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,ils<br />

ont misen libertéle Frère Guy Ihirbiti.<br />

Sire Nous avons receu <strong>de</strong>ux lètres qu'il vous a pieu nous es-<br />

cripre. Et par la première nous escripvés, que nous n'ayans à innover<br />

en rien, en nostre chastelleinye <strong>de</strong> Thie, en ce que louche la<br />

religion chrétienne*, et ce pour autant qu'elle est es <strong>pays</strong> <strong>de</strong><br />

lican, le 21 avril (1536) « Vi<strong><strong>de</strong>s</strong> qrrid Calvinus Joannes, Gallus, scribat<br />

Gallornm regi tam apertam veritatem et solidam nt contemni neqneat.<br />

Quid reliqunm est, nisi ut optima per Christum speremns, et fortiter agamns,<br />

cémentes aturilhun Domini et spem resipiscentise plurimornm » (Lettre<br />

écrite <strong>de</strong> Zurich à Vadian. Bibl. <strong>de</strong> St.-Gall, m, 192). Enfin, le<br />

post-scriptum <strong>de</strong> la lettre <strong>de</strong> Jean Jung datée <strong>de</strong> Bàle le 5 août 1536, et<br />

adressée à Ambroise Blaarer à Tubingue, se termine ainsi «Ejus menais<br />

25. Quo die Mangoldus noster, hnc adveniens, propediem se Calviniexemplaria<br />

ad vos missurum pollicetur » (Mscr. orig. Ibid. IV, 49).<br />

1 Cette pièce, écrite par le secrétaire Clau<strong>de</strong> Roset, fut d'abord datée<br />

du 1er avril et cachetée, puis rouverte et corrigée par Laurent Maigret.<br />

Celui-ci en élimina <strong>les</strong> archaïsmes d'orthographe et y ajouta le paragraphe<br />

qui précè<strong>de</strong> la salutation finale.<br />

t Le man<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> Thie (ou Thy), enclavé <strong>dans</strong> le Faucigny, faisait<br />

partie du domaine <strong>de</strong> l'évêque et prince <strong>de</strong> Genève (Voy. Fragmens hist.<br />

sur Genève avant la Réformation, 1823, p. 23). Dans <strong>les</strong> premiers jours<br />

<strong>de</strong> février 1536, <strong>les</strong> magistrats genevois, estimant que c <strong>les</strong> terres <strong>de</strong> l'Esglise<br />

» appartenaient à leur État c par droit <strong>de</strong> guerre et aultres bons et<br />

justes tiltres, invitèrent tous <strong>les</strong> anciens sujets <strong>de</strong> l'Évêque et du Chapitre<br />

à venir prêter le serment <strong>de</strong> fidélité. Les quatre paroisses du man-


1536 LE CONSEIL DE E A FRANÇOIS I. 25<br />

Madame <strong>de</strong> Nemours 3, et, par la secon<strong>de</strong>, <strong>de</strong> pourvoyr à l'eslar-<br />

gissement <strong>de</strong> Fuére Guy Furbyt.<br />

Ores, Sire, quant à celle <strong>de</strong> Thie, pource que icy, là et allieurs<br />

ou nous ayons puyssance, nous ne vouldrions estre innovateurs<br />

d'aulcune chose contre l'honneur et la gloire <strong>de</strong> Dieu, et que<br />

nous sommes certains que, par sa grâce et miséricor<strong>de</strong>, Il nous a<br />

retiré <strong>de</strong> ceulx qui ont par cy-<strong>de</strong>vant innové 4, nous avons ar-<br />

resté <strong>de</strong> très-humblement vous supplier, qu'il vous plaise, pour<br />

l'honneur <strong>de</strong> Dieu, nous envoyer ceux qu'il vous plaira <strong><strong>de</strong>s</strong> plus<br />

excellens du grand nombre <strong>de</strong> voz tant saiges, litéréz docteurs,<br />

qui nous saichent monstrer par Nostre Seigneur Jésuschrist, ses<br />

prophètes, appostres, évangellistes et bons serviteurs, contenuz<br />

en sa Saincte Escripture, que en quelque article <strong>de</strong> la doctrine et<br />

exercice en la foy chrestienne nous faillons 5. Et, par la dite<br />

Saincte Escripture, nous serons prestz, si ainsi ilz le monstrent.<br />

non-seulement à Thie, mais par toutes noz terres (ainsi que ciies-<br />


m<br />

LE CONSEIL DE GENÈVE A FRANÇOIS t.<br />

1536<br />

tons [ceux] qui aultrement nous auroient enseigné, selon l'exi-<br />

gence du cas 6. Et pareillement, si nous sommes trouvez vrays.<br />

suyvans la Parolle <strong>de</strong> Dieu par Jésuschrist et <strong>de</strong> ses sustlictz serviteurs<br />

en la dicte Saincte Esciïplure, s'il vous plaist, usant <strong>de</strong><br />

l'effect <strong>de</strong> vostre grand nom <strong>de</strong> Roy Trés-Chrestien, <strong>les</strong> chrestiens<br />

serviteurs <strong>de</strong> Jésuschrist <strong>de</strong>moreront, comment tousjours ilz ont<br />

esté et veuillent estre, <strong>les</strong> vostres très-humb<strong>les</strong> serviteurs, sans<br />

vous scandalizer <strong>de</strong> leur vie et conversation, <strong>de</strong> leur foy en Dieu<br />

par le seul saulveur Nostre Seigneur Jésuschrist.<br />

Et, quant aux secon<strong><strong>de</strong>s</strong> [lettres], pour Peslargissement du dit<br />

Fwrbyt ?, nous avons ordonné suyvant ce qu'il vous a pieu nous<br />

en escripre, et à la charge que nous sommes obligés à nostre<br />

peuple, qui est. qu'il vous ptise, pour nostre <strong><strong>de</strong>s</strong>charge, nous<br />

faire escripre, comme sans payement <strong>de</strong> sa <strong><strong>de</strong>s</strong>pence il vous a<br />

esté délivré 8.<br />

Sire. en nous recommandant très-humblement à vostre bonne<br />

irrâce. nous prions très-anVcteuesement (sic) Dieu vous donner<br />

Cette phrase doit être rapprochée <strong>de</strong> la singulière décision prise par<br />

le Conseil, le 4 avril


153& LE CONSEIL DE BERNE AU VICAIRE DE LAUSANNE. 27<br />

en santé longue vie et complément <strong>de</strong> voz bons désirs. De 6enè\ e.<br />

ce S d'avril 1536 9.<br />

Voz très-humb<strong>les</strong> serviteurs<br />

(Swcription :) Au Roy I0.<br />

LES Syndicques ET CONSEILDEGENÈVE.<br />

547<br />

le CONSEIL DE BERNE au Vicaire <strong>de</strong> Lausanne<br />

De Berne, 6 avril 1536.<br />

Inédite. Minute originale. Arrliives <strong>de</strong> Berne.<br />

Sommaire.MM.<strong>de</strong> Berneautorisent ptovisoirement la célébration<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux eulltn«<br />

Crissier,le curé<strong>de</strong> cevillageayantpromis <strong>de</strong> payer la pension d'un « prédicnnt. »<br />

Le vicaire<strong>de</strong> Lausanne est maintenn ponr le moment<strong>dans</strong>.«es-fonctions.<br />

Monsieur le Vicaire, nous havons, par ce .présent porteur, m-<br />

tendu vostre intention tourhant le hénifice <strong>de</strong> la aire <strong>de</strong> Giissey<br />

qu'avés obtenuée en droict, nous prians en cest endroict vous vouloir<br />

mningtenir 3. sans rien d'icelle cure vous déro«mer. vous oi-<br />

9 Le mois et l'année ont été écrits par Farel.<br />

10Le manuscrit porte le sceau <strong>de</strong> la République avec la <strong>de</strong>vise « Post<br />

tenebras spero lticem. »<br />

1 On lit en tête « Probst von Losanna. » Le prévôt <strong>de</strong> Lausanne était<br />

alors François Mayor, appelé aussi François <strong>de</strong> Lutry. Ce personnage<br />

exerçait en même temps <strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> prévôt du Chapitre et cel<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

Vicaire général du Diocèse. Il était, <strong>de</strong> fait, le premier dignitaire catholique<br />

du Pays <strong>de</strong> Vaud, puisque le prince-évêque <strong>de</strong> Lausanne, Sébastien<br />

<strong>de</strong> Monifaucon, avait pris la fuite entre le 21 et le 23 mars (Voyez la<br />

n. 3. Ruchat, nouv. édit. t. IV, p. 18, 19, 43, 44. Le P. Martin<br />

Schmitt. Mémoires hist. sur le diocèse <strong>de</strong> Lausanne, publiés et annotés<br />

par l'abbé J. Gremaud. Fribourg, 1858-59, t. n, p. 354).<br />

1 Le village <strong>de</strong> Criaier, à une lieue N.-O. <strong>de</strong> Lausanne.<br />

MM. <strong>de</strong> Berne étaient <strong>de</strong>puis quelques jours <strong>les</strong> maîtres <strong>de</strong> tout le<br />

Pays <strong>de</strong> Vaud. Leur général Jean-Frantz Nâgueli, après s'être emparé


28 LE CONSEIL DE BERNE AU VICAIRE DE LAUSANNE. 1536<br />

frans si serons contant <strong>de</strong> cella faire et <strong>de</strong> permectre que la<br />

messe au dict lieu, pour le présent, aoec la Parolle <strong>de</strong> Dieu, se tié-<br />

fjnanl [L se tiennent] par ensemble <strong>de</strong> faire quelque raisonable<br />

parthy, <strong><strong>de</strong>s</strong> revenues <strong>de</strong> la dicte cure, au prédicant que sera député<br />

pour ttlecq prêcher la Parolle dé Dieu. Ce que, <strong>de</strong> nostre<br />

cousté, accordons, par condition susdicte, et que le sermon <strong>de</strong> la<br />

Parolle ne soit aulcungnement empesché par ceulx que disront et<br />

ouïront la dicte messe 4.<br />

Quant au <strong><strong>de</strong>s</strong>mourant que touche cosfre office <strong>de</strong> okairie, permectons<br />

et vous octroyons d'ensuyvre icelluy comment est <strong>de</strong><br />

cou$tume, jusiraes à ce que Messieurs dit Chapitre nous envoironl<br />

leur responce sur cela que, par ce présent porteur, leur havons<br />

donné d'entendre 5. De Berne, ce 6 d'Apvril 1536.<br />

L'Advoyer ET Conseil DELAVille DE Berne.<br />

(Suscription :) A Monsieur le Vicaire <strong>de</strong> Losanne, nostre bon<br />

amy.<br />

du château <strong>de</strong> Chillon le 29 mars, avait fait son entrée à Lausanne le 31,<br />

et pris possession, le len<strong>de</strong>main, au nom <strong>de</strong> ses supérieurs, <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong><br />

propriétés <strong>de</strong> l'Évêque (Voy. Ruchat, IV, 47-49. L. Vulliemin. Chillon,<br />

étu<strong>de</strong> historique. Lausanne, 1851. Le Chroniqueur, par le même. Lau-<br />

sanne, 1836, p. 255, 259-263).<br />

Nous ignorons si cet arrangement eut lieu. Au commencement <strong>de</strong><br />

Tannée 1537, le prédicant <strong>de</strong> Crissier était l'ancien cor<strong>de</strong>lier Jean Caudy<br />

(ou Candy?) qui déposa le froc pendant la Dispute <strong>de</strong> Lausanne (Comptes<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> boursiers lausannois. Communication <strong>de</strong> M. Ernest Chavannes.<br />

Ruchat, IV, 288. Le Chroniqueur, p. 330).<br />

5 Par lettre du 6 avril 1536, le Conseil <strong>de</strong> Berne déclare à MM. du<br />

Chapitre <strong>de</strong> Lausanne, qu'il <strong>les</strong> prend sous sa gar<strong>de</strong>, moyennant qu'ils<br />

envoient <strong><strong>de</strong>s</strong> commis, avec charge écrite, disent-ils, c <strong>de</strong> remectre en<br />

nostre protection vous et vous affaires, renunceant à tous aultres que pourrioênt<br />

prétendre d'havoir telle protection et saulvegar<strong>de</strong> sur vous. Cella<br />

estre faict, [nous] vous démonstrerons. le vouloir et <strong><strong>de</strong>s</strong>ir qu'avons à<br />

vous gratiffier pour le proffict <strong>de</strong> vostre Chapitre. On lit <strong>dans</strong> une<br />

nouvelle déclaration remise par <strong>les</strong> Bernois, le 27 avril, aux députés <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

chanoines <strong>de</strong> Lausanne « Veulent Messeigneurs <strong>les</strong> laisser pour le présent<br />

en repos, jusqu'au temps que <strong>les</strong> cérémoniespapa<strong>les</strong> soys mises bas<br />

par le plus en la cité <strong>de</strong> Lausanne. Touchant <strong>les</strong> personnes et biens <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

dits Prévost et Chanoines, quand ils s'y mettront soubs la gar<strong>de</strong> et protection<br />

<strong>de</strong> mes dits Seigneurs, [ceux-ci] seront contents <strong>de</strong> <strong>les</strong> protéger et<br />

maintenir (Minutes orig. Arch. <strong>de</strong> Berne.)


1536 PIERRE VtRET AU CONSEIL DE LAUSANNE. 29<br />

548<br />

PIERRE viret au Conseil <strong>de</strong> Lausanne<br />

(Lausanne, 13 avril 1536.)<br />

Copie contempor. Acta Mscr. Disputationis Lausannensis, fol. 26.<br />

Bibliothèque <strong>de</strong> Berne.<br />

Sommaire.PierreViret,prédicateurà Lausanne,priele Conseil<strong>de</strong> loiadministrer<br />

«bonnejusticen contre<strong>les</strong> accusations publiquesd'unmoinedominicain.<br />

Je presche l'évangile <strong>de</strong> Jésuchrist, et suis prest <strong>de</strong> rendre raison<br />

<strong>de</strong> ma doctrine et <strong>de</strong> ma foy à toute créature, et à toute<br />

1 Cette pièce n'est pas proprement une lettre, mais bien le texte dn<br />

discoursprononcépar Viret <strong>de</strong>vant le Conseil,le jeudi 13 avril.<br />

Les passagessuivants du Manuel du Conseilattestent que Viret, après<br />

nn séjour à Orbe (Voy. N° 541, n. 7), était venu prêcher à Lausanne<br />

avant le milieu <strong>de</strong> mars «Jeudi 16 mars. ComparueruntNbb. Franciseus<br />

Gimel, Ballivus Lausanensis, Joh. Œgmttiaii, commissarius,et Michaël<br />

Francisa, parte B. D. nostri Episcopi, propter ejus absentiam exponentes,<br />

qnôd est nunc hue Lausanne unus prœdicator Luterianits; petentes<br />

super hoc <strong>de</strong>bere habere bonnm advisum. et super eo quôd<br />

sunt nonnulli stranei [l. extranei] qui ipsum conducunt; dicens ulteriùs<br />

D. Ballivus, quôd poïitia pertinet Communitati.Similiter comparuerunt<br />

Yenerabi<strong>les</strong>N. N. canonici, proponentes, parte V. Capitali, quôd venit<br />

quidam prœdicator, qui prœdicavit in conventu Fratrum Minorum S.<br />

Francisci, dicentes quôd non est consuetumhabere duos preedicateres,petentes<br />

illum expelli<strong>de</strong>bere. Quibusfuit responsumquôd habeant advi<strong>de</strong>re<br />

cum B. Domino nostro, cui pertinet spiritualitas. » Le 21 mars, quatre<br />

députés du Chapitre priaient le Conseil<strong>de</strong> conférer avec le Prince-Éoêque<br />

au sujet du prédicateur luthérien, et <strong>de</strong> supplier MM. <strong>de</strong> Berne d'avoir<br />

l'Église en recommandation, ajoutant qu'ils voulaient vivre à l'avenir<br />

vertueusementet honnêtement (quôdintendunt à modoin futurumbenèet<br />

honesièvivere).<br />

Après l'entrée <strong><strong>de</strong>s</strong> Bernois, le Conseilfit publier, le 4 avril, un arrêté<br />

défendanttoute déprédation <strong><strong>de</strong>s</strong> édificesreligieux et permettant à chacun<br />

d'assister en liberté au sermon ou à la messe.Le surlen<strong>de</strong>main,il assigna


M) PIERRE VTRET AU CONSEIL DE LAUSANNE. 1536<br />

heure qu'on m'en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra. Et s'il y a prebstre,. moyne on<br />

aiiltre, quel qu'il soit. qui me saiche monstrer que j'aye enseigné<br />

ihose contraire à la Parolle <strong>de</strong> Dieu,je ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pas que vous<br />

nie chassez comme une peste <strong>de</strong> vostre ville. mais que vous en<br />

faciezune si grief ve punition, que jamais homme ne se mesle <strong>de</strong><br />

prescher qui ne soit bien asseuré <strong>de</strong> sa doctrine. Et ainsi'que je<br />

me submectz, et offre <strong>de</strong>vant vous, aussy je vous prie qu'il soit<br />

\ostre bon plaisir <strong>de</strong> m'administrer bonne justice (ainsi irae vous<br />

le <strong>de</strong>bvez faire pour l'honneur <strong>de</strong> Dieu et le salut d'un chacun)<br />

<strong>de</strong> cestuy Jacopin, qui presche au grand temple contrelequelje<br />

veux prouver par la Saincte Escripture commeil a preschè choses<br />

f nuises,et qu'il séduict <strong>les</strong> povres simp<strong>les</strong>gens (fuil'oient2.Et ne<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> pas que aucun dommaige luy soit faict, ou aucun mal,<br />

combien qu'il se trouvera au tort, mais que vous mectez si bon<br />

ordre, qu'il mainctiéne sa doctrine.<br />

Et sije ne puys prouver ce (pie je mectz en avant, punissez-mo\<br />

comme nn calumniateur et imposeur <strong>de</strong> faux crimes et au contraire.<br />

s'il ne sçait mainctenir son cas, que miséricor<strong>de</strong> luy soit<br />

laicte. Carje ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sinon (lue le povre peuple ne <strong>de</strong>meure<br />

poinct en ces erreurs, et que la faulte <strong>de</strong> cestuy Jacopin soit contrneue<br />

et le scandale osté. Car s'il venoit quelque un en la ville,<br />

qui, au lieu <strong>de</strong> bonnes vian<strong><strong>de</strong>s</strong>, vendist du venin et <strong>de</strong> la poison<br />

pour tuer <strong>les</strong> corps, ou s'il estoit trouvé quelque faulsaire,qui<br />

*>ustfaulsé le testament ou Instrument d'un homme <strong>de</strong> bien, on<br />

en feroit une très-griefve et horrible justice. Aplus forte raison<br />

<strong>de</strong>bvez-vous bien avoir l'œil et esgard sur ceux qui, au lieu <strong>de</strong> la<br />

vraye pasture <strong>de</strong> l'Évangile, par leurs faulses doctrines, empoisonnent<br />

<strong>les</strong> povres âmes, et mènent tout à perdition, et faulsent le<br />

au prédicateurévangéliquel'église <strong>de</strong> la Ma<strong>de</strong>laineou <strong><strong>de</strong>s</strong>Dominicains,<br />

on réservantexpressément,que <strong>les</strong> autels et <strong>les</strong> orguesn'y seraientpas<br />

démolis,et que <strong>les</strong>religieux<strong>de</strong> ce couventpourraientcélébrerla messe<br />

<strong>dans</strong>le cloître.<br />

Onlit <strong>dans</strong> le Manuel<strong>de</strong> Lausanu du 13 avril,jour dujeudi saint:<br />

«ComparaitMagisterPeints Viret,prseaicatorEvangelS,qui présentavit<br />

certos articulosdandoset tra<strong>de</strong>ndosVenerabiliFratri Praedicatori,<br />

quiprœdicavitin ecc<strong>les</strong>iamajoriLansannse,vi<strong>de</strong>ndoset visitandos.» Ce<br />

jacobins'appelait Dominique<strong>de</strong> Monbouson. n réponditpubliquementà<br />

Viretle 2 octobre,pendant la Dispute<strong>de</strong> Religion.Il déclaraqu'ilne<br />

s'était pointenfui,« maisMessieurs(dit-il)me défendirentqueje ne prêchasseplus,<br />

et [ordonnèrent]qu'onm'en fit aller, ce queje fis (Voyez<br />

Rnchat,IV, 141,142, 194-202).<br />

1


1536<br />

CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL. A GENÈVE.<br />

testament (le Dieu, consacré et confermé par le sang <strong>de</strong> Jésus-<br />

Christ 3.<br />

549<br />

Christophe fabri l îi Guillaume Farel. à Genève.<br />

De Thonon. 18 avril 1536.<br />

(dédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Newhàtel.<br />

k-MMAlRE.<br />

Eier, nousavonscélébréla sainteCène<strong>de</strong>vant <strong>les</strong>commissaires<strong>de</strong> Berne<br />

t un auditoire nombreux.A la sortie <strong>de</strong> l'église, un a publié un édit qni défend,<br />

pour le moment,<strong>de</strong> détruire<strong>les</strong>images.La messene pourra se célébrer qu'après<br />

'« sermon.Le*papistes ayant <strong>de</strong>mandé,mais en vain, qu'il nousfût interdit <strong>de</strong><br />

3 Une lettre <strong>de</strong> Viret, que nous publierons plus tard. renferme quelques<br />

détails intéressants sur ses débuts à Lausanne:


33<br />

CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. i 536<br />

dépasser une certaine heure, ils se sont donné le mot et fls ont fait une procession<br />

qui comptait plus <strong>de</strong> 600 personnes.<br />

Néanmoins le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> fidè<strong>les</strong> augmente journellement. Dans <strong>les</strong> rues et <strong>les</strong><br />

carrefours, à chaque autant on m'invite à exposer l'Écriture sainte; on m'écoute<br />

avec avidité, et <strong>les</strong> objections sont respectueuses. Nos adhérents ont présenté aux<br />

Commissaires une requête qui sera bien reçue, je t'espère elle est relative aux<br />

pauvres, aux lépreux abandonnés, et à l'obligation, pour Usprêtres, d'assister au<br />

sermon. Quant à la conférence publique [entre le Cor<strong>de</strong>lier et moi], <strong>les</strong> Commis<br />

aiment mieux la différer jusqu'au jour où MM. <strong>de</strong> Berne pourront convoquer tous<br />

leurs nouveaux sujets à la Dispute générale.<br />

Ces premiers commencements sont décisifs aussi <strong>les</strong> fidè<strong>les</strong> désirent-ils vive-<br />

ment votre retour. Je ne crois pas <strong>de</strong>voir imposer silence aux prêtres, et je suis an<br />

bout <strong>de</strong> mes forces. Messeigneurs veulent qu'un prédicateur se maintienne ici, et<br />

ils l'ont recommandé d'avance aux bons offices du Prieur.<br />

S. Heri 2 maneprotraximus concionem et cœnamà septima ferë<br />

ad <strong>de</strong>cùnam usque. Domini3 semper aclfuerunt, et multitudo non<br />

parva. Aconcione verô publication est ante templum Dominorum<br />

fidictum, quo cavetur ne simulacra diruta restituantur, et quae<br />

restant non <strong>de</strong>molianlur, donec visum fuerit Dominis.ConcioVerbi<br />

Domini pontiûcias abominationes praecedat,nullo praescriptotempore,<br />

» tniam libertatem observamus vel ad rigorem juris. Adversarii<br />

nihil non moliti sont, ut nos horis adstringeremur; dissipata<br />

sont eorum consilia et, cum nil aliud possent, domatim sese invicem<br />

prœmonuerunt, ut circuitibus (quos processionesvocant) nemo<br />

non a<strong><strong>de</strong>s</strong>set, quô fi<strong>de</strong>m suam nondum <strong>de</strong>perditam pnblicé<br />

ostentarent a<strong>de</strong>ô ut plusquam tercentum virorum, mulieres verô<br />

plures, numerare Uceret.<br />

Numerns tamen fi<strong>de</strong>liumin dies crescit; ma essetaliud agendum<br />

quàm in vicis et compitis cum omnibusdisserere Scripturas. Spero<br />

hrcvi multos ad lacem accessuros, qui libenter et avidè audiunt et<br />

satis reverenter arguunt. Sed vereor ne raacedine tan<strong>de</strong>m impediar,<br />

si sic pergam raucescere. Professores Verbi septem articulos<br />

Dominis obh<strong>de</strong>ru^t, in promotionem Evangelii, quos speramus<br />

exoraturos nos: Primus, <strong>de</strong> Domopauperum, qua à raso impio <strong>de</strong>voratur.<br />

2. De leprosisagentibus inter silvas, ubimulta patiuntur4,<br />

2 Le lundiaprèsPâques.<br />

3 Les commissairesbernois chargés d'organiserl'administrationdu<br />

Chablais.<br />

Audire <strong>de</strong> Besson(Mémoirespour l'Hist. ecclés.<strong><strong>de</strong>s</strong> diocèses<strong>de</strong><br />

Genève,Tarentaise, etc. 1759,p. 105), le Chablaispossédait<strong>de</strong> nom-


1536 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 33<br />

cum nemo ferè illac transeat. 3. De ministro et conditione ejus.<br />

4. Utrasi et monachi5 concionibnssemper a<strong><strong>de</strong>s</strong>se cogantur. d. De<br />

pulsantibus ad concionem. 6. De publicis scortis et laenonibusexpellendis.7.<br />

De societateilla juvemtm qnam Abbatiamvocant.<br />

Dominihue missuri sunt prœfectum, sive ballivum, ut vocant6.<br />

Conveni eos <strong>de</strong> visitandis cirmmvicinis pagis verùm flli respon<strong>de</strong>runt,<br />

se ubique minis praecepisse ne quis Verbi cursinn impetliat,<br />

et hanc stiffectiscliligenter<strong>de</strong>mandaruntprovinciani. Multi ex<br />

utraqueparte disputationempublicam maxime<strong><strong>de</strong>s</strong>i<strong>de</strong>rant1,quod Dominisaban<strong>de</strong><br />

significavi,cum hisce cliebusconvixerimillisfréquenter<br />

verùm illiexpectant gêneraient 8, qusetoti regioni suse nuper<br />

acquisitœconférât, sed nondum illis licet.<br />

Fi<strong>de</strong><strong>les</strong> te plurimùm hic, in tantis exordiis, a<strong><strong>de</strong>s</strong>se cuperent, ego<br />

(pioque consuterem. Proin<strong>de</strong> vi<strong>de</strong>to quid magis expédiât. Quod ad<br />

me attinet, non au<strong>de</strong>o rasorumululatiis impedii'e,necid


34<br />

CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1536<br />

agere vellem? Quibus respondi me acturum quod vi<strong>de</strong>rint magis<br />

expedire. Sed necesse fuerit te hue ad aliquot dies redire t0. Illi verô<br />

dixerant, at unus nostrùm hic persistât, cujas curam Priori11<br />

accuratè commiserunt, et omnium articulorum nostrorum execu-<br />

tionem mffecto <strong>de</strong>mandarunt. Multa contuli cum eis, quae coràm<br />

dicemus, si Dominus te hue impulent, quod nunc in ipsis primordiis,<br />

tum quôd magis semper raucescam, maximè expedit, et id<br />

percupiunt fratres. Maxima campana est tracta adversarii hujus<br />

nos accusarunt; alii aiunt esse miraculum, cum ipsi eam fregerint,<br />

ut verisimile est, quôd postremi eam pulsarint.<br />

(Iwscriptio :) Guiielmo Farello, fratri suo quam chariss. Genevaj.<br />

10Olivier Perrot (mscr. cité, p. 31) s'exprime ainsi au sujet du premier<br />

voyage <strong>de</strong> Farel à Thonon: «La renommée <strong>de</strong> Farel et <strong>de</strong> Fabry<br />

leur ouvrant le chemin <strong>dans</strong> tout le voisinage. passa jusqu'à la ville <strong>de</strong><br />

Thonon. Et est à remarquer chose notable, comme occasion <strong>de</strong> la réformation<br />

qui surveint puis après <strong>dans</strong> cette ville. C'est qne l'abbé <strong>de</strong> la<br />

t'iïïe, nommé Michel <strong>de</strong> Blonay, ayant, au caresme, joué une comédie<br />

avec ses Moines, enfans <strong>de</strong> la ville, en laquelle il représentoit la personne<br />

<strong>de</strong> Farel, il irrita par là tellement le clergé, que s'cstans assembléz<br />

à l'encontre <strong>de</strong> luy, ilz le condamnèrent à estre bruslé en effigie. Cestuy-ci,<br />

adverti <strong>de</strong> telle procédure, veint un Mardi [11 avril] <strong>de</strong>vant Pasques<br />

trouver Farel à Genève, avec instance d'aller avec luy pour prescher<br />

à Tonon, en l'an 1536. A quoy il s'accorda selon son zèle accoustiuné.» 2><br />

Dans ce récit, <strong>les</strong> expressions < ses Moines, enfans <strong>de</strong> la ville » forment<br />

un tout, dont le second terme explique et corrige le premier, et empêche<br />

<strong>de</strong> prendre le mot moines pour l'équivalent <strong>de</strong> religieux. Aussi Ruchat<br />

nous semble-t-il s'être trompé, quand il a dit (t. IV, p. 144) < Michel<br />

<strong>de</strong> Blonay, abbé du lieu [c.-à-d. <strong>de</strong> Thonon), s'avisa <strong>de</strong> faire une comédie<br />

avec ses moines, pour tourner Farel en ridicule, et la prédication<br />

évangélique en risée. Mais le clergé séculier <strong>de</strong> cette ville, au lieu d'approuver<br />

cette farce profane et impie, en fut extrêmement indigné, » etc.<br />

Il n'y avait point d'abbaye à Thonon, mais seulement un prieuré <strong>de</strong> Bénédictins<br />

et un prieuré d'ermites <strong>de</strong> St. Augustin. Aucune <strong><strong>de</strong>s</strong> abbayes<br />

d'alentour n'avait à sa tête un <strong>de</strong> Blonay. Tout s'explique, si Michel <strong>de</strong><br />

Blonay était simplement, comme nous le croyons, le chef <strong>de</strong> cette confrérie<br />

ou abbaye « d'enfans <strong>de</strong> la ville mentionnée plus haut. La comédie<br />

jouée par eux avait sans doute mis <strong>dans</strong> la bouche <strong>de</strong> Farel <strong>les</strong> censures<br />

<strong>les</strong> plus vives <strong>de</strong> l'église romaine. Le clergé <strong>de</strong> la ville se serait<br />

vengé <strong><strong>de</strong>s</strong> acteurs en brûlant leur chef en effigie, et celui-ci, à titre <strong>de</strong><br />

représail<strong>les</strong>, aurait amené à Thonon le véritable Farel. Cette explication<br />

laisserait. du moins chacun <strong>dans</strong> son rôle naturel.<br />

11Louis du Plâtre, prieur <strong><strong>de</strong>s</strong> Bénédictins <strong>de</strong> Thonon (Yoy. la lettre<br />

<strong>de</strong> Fabri écrite vers la fin <strong>de</strong> mars 1537).


1536 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE MOUDON. 38<br />

550<br />

LE CONSEIL DE bebne au Conseil <strong>de</strong> Moudon.<br />

De Berne, 20 avril 1536.<br />

Inédite. Minute originale. Arch. <strong>de</strong> Berne.<br />

Sommaire.MM.<strong>de</strong> Bernereprochent an Conseil<strong>de</strong> Mondonle méprisantaccueilque<br />

ses ressortissantsont faità un prédicateur<strong>de</strong> l'Évangile.Les conseillers<strong>de</strong> Moudon<br />

<strong>de</strong>vrontcomparaitreà Berne <strong>dans</strong> quatrejours, en produisant tous leurs titres et<br />

franchises.<br />

L'Advoyer et Conseil <strong>de</strong> Berne ad nous chiers et féaulx <strong>les</strong> nonies<br />

et bourgeois avecque la communaulté <strong>de</strong> la ville et ressort <strong>de</strong><br />

Mouldon. Salut 1<br />

Nous somes esté advertis <strong><strong>de</strong>s</strong> oprobres, injures et violances que,<br />

ces jours passé[s], havés dictes et faictes à ung prédicant annun-<br />

ciant la Parolle <strong>de</strong> nostre salut en nostre ville <strong>de</strong> Mouldon sem-<br />

1 C'était Jean <strong>de</strong> Tournai), pasteur <strong><strong>de</strong>s</strong> Évangéliques <strong>de</strong> Payerne. Cela<br />

résulte <strong><strong>de</strong>s</strong> instructions du Conseil <strong>de</strong> Moudon aux députés qu'il envoya<br />

auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> Bernois, pour répondre à la présente lettre « Pour ce que.<br />

<strong>les</strong> nob<strong>les</strong>, <strong>pays</strong>ans et sujets, tant <strong>de</strong> la ville, châtellenie, que du ressort,<br />

vinrent faire le serment et fidélité à nos dits Seigneurs, leur fut expressément<br />

réservé que l'on ne compelliroit nul d'avoir prédicant, si on ne<br />

le vouloit avoir A cette cause, étant arrivé au dit Moudori, le jour<br />

<strong>de</strong> Pâques [16 avril], le prédicant <strong>de</strong> présent, sans savoir ni être averti que<br />

personne <strong>de</strong> la ville ni <strong>de</strong> la terre le voulût avoir, fut <strong>de</strong>mandé à M. le<br />

BaiTKs'il l'avoit fait venir? Lequel dit expressément que non, toutefois<br />

qu'il savoit bien, par une lettre missive <strong>de</strong> Payerne, qu'il <strong>de</strong>voit venir.<br />

Alors furent mandés ceux <strong>de</strong> la terre et ressort, pour <strong>les</strong> avertir du cas.<br />

Laquelle congrégation ne se trouvera être faite nullement par mauvaise<br />

intention, effet ni vouloir, et n'a été fait chose contre l'autorité <strong>de</strong> nos<br />

dits Seigneurs, mais seulement <strong>les</strong> susdites conditions d'avertir <strong>les</strong> dits<br />

<strong>pays</strong>ans <strong>de</strong> la venue du dit prédicant, et si leur plaisoit l'avoir ou non.<br />

Sur quoi, ceux <strong>de</strong> la ville étant retirés à part, <strong>les</strong> dits <strong>pays</strong>ans conclurent<br />

entre eux et puis vinrent dire à ceux <strong>de</strong> la ville, qu'ils ne voulaient


36 LE CONSEILDE BERNE AU CONSEILDE MOUDON. 1S3&<br />

blablement, à nostre ballifzet officier,et à l'hoste <strong>de</strong><br />

ce tout ad cause <strong>de</strong> la. Parolle <strong>de</strong> Nostre Seigneur et Créateur,<br />

contre laquelle vous estes ungnis [1.unis] et joincts, par sèrement<br />

sur <strong>les</strong> Saincts Évangil<strong>les</strong> d'icelle exterminer et non peiinectre<br />

d'estre préchée Dont non sans cause somes esté fort esmeuz à<br />

courouz et indignation contre vous, que scavés, quant vous commis<br />

fisrent la fidélité à nous conducteurs <strong>de</strong> nostre exercite 5, réservants<br />

vous drois, bons us, coustumes et priviliéges, qut><br />

allliors, <strong>de</strong> nostre cousté, vous fust expressément dict et réservé<br />

la liberté et franchise <strong>de</strong> la dicte Parolle, par condition que ne<br />

<strong>de</strong>ussiés ycelle aulcungnement ûnpédier ny perséquuter*, coment<br />

par oultrecuidance et mesprisance <strong>de</strong> nous havés faict.<br />

Pour ce, vous mandons et commandons trés-acertes, que, sur<br />

peine <strong>de</strong> nostre griefve punition et perdition <strong>de</strong> nostre grâce, vous<br />

doibjés transporté en ce cartier, pour comparoir par <strong>de</strong>vant nous,<br />

ce Lundi prochain 24e<strong>de</strong> ce mois, avecque tous vous drois, lettres,<br />

séaulx et priviliéges; et, yceulx nous estans présantés, y adviserons<br />

<strong>de</strong> sorte que scelon équité sera en tel cas requis. En ce ne<br />

fairés faulte. De Berne, ce 20 April 1336.<br />

L'ADVOYER ET CONSEIL DE BERNE.<br />

pointavoir<strong>de</strong>prédicant,maisqu'ilsvoulaientvivreet mourirenla foiet loi<br />

<strong>de</strong> leursbonsprédécesseurs. Et ne se trouvera point que alors fassent<br />

été faitespar ensemblenul<strong>les</strong>promesses,sermens <strong>de</strong> nonaller ouïr la<br />

Parole<strong>de</strong> Dieu,maisresteroitchacunen sa libertécommeauparavant.» »<br />

(Documensrelatifs à l'Hist. du Pays <strong>de</strong> Vaud. Genève,1817, p. 198,<br />

199.)<br />

1 Clau<strong>de</strong><strong>de</strong> Glanne,seigneur<strong>de</strong> Villar<strong>de</strong>ns, à qui MM.<strong>de</strong> Berne<br />

avaientconfié(27 janv. 1536)<strong>les</strong> fonctions<strong>de</strong> Bailli du Pays <strong>de</strong> Vaud<br />

(Voy.<strong>les</strong>Docum.cités,p. 196).<br />

Le nom<strong>de</strong> l'hôtellerieest restéen blanc.<br />

Voyezla note 1.<br />

6 C'est-à-dire,aux chefs<strong>de</strong> notre armée. Les députés<strong>de</strong> Moudon<br />

avaientrencontré<strong>les</strong> générauxbernoisà Démoret,villagevoisin<strong>de</strong> cette<br />

ville.<br />

S Peu<strong>de</strong> jours après,<strong>de</strong> persécuteursqu'ils étaient,<strong>les</strong>gens<strong>de</strong> Moudon<br />

<strong>de</strong>vinrentpersécutés.Voici,en effet,ce qu'on lit <strong>dans</strong> la réponse<br />

faite aux Bernoispar leurs députés,le 24 avril «Faisonsdoléanceset<br />

quérimonies<strong>de</strong> M. leBailli, lequel, contre<strong>les</strong> dites libertéset mo<strong>de</strong><strong>de</strong><br />

vivre, a défenduau vicaire<strong>de</strong>. nonplus chanter et dire <strong>de</strong> messeà la<br />

gran<strong>de</strong> égliseparoissiale. que l'on a ruinée,détruit tous<strong>les</strong> autels <strong>de</strong><br />

la dite église,en laquelleon ne fait plusle divinofficeaccoutumé. »<br />

(Docum.cités,p. 199,200.)


i 536<br />

GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A THONON.<br />

t<br />

551<br />

GUILLAUMEFAREL à Christophe Fabri, à Thonon.<br />

De Genève, 22 avril 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaire. Vous savez quelle bellecommunion <strong>de</strong> Pâques nous avons eue d Genève.<br />

Veuille Celui qui a fait croitre ce petit troupeau augmenter en lui k foi! Le succès<br />

<strong>de</strong> Firet n'est pas moins grand que le vôtre; mais'vous <strong>de</strong>vriez ménager davantage<br />

vos forces.Prenez le Frère Augustin pour votre collègue, et prêcheztour &tour; <strong>de</strong><br />

cette façon il se formera au ministère <strong>de</strong> la Parole. Salnez-le, ainsi que le Frère<br />

[Clau<strong>de</strong> démentis f], et exhortez celui-cia faire <strong><strong>de</strong>s</strong> prédications <strong>dans</strong> le voisinage.<br />

Je suis heureux <strong>de</strong> savoir que vous ménagez<strong>les</strong> Papistes; continuez à <strong>les</strong> attirer<br />

par une gran<strong>de</strong> douceur.<br />

Quant a moi, <strong>les</strong> frères n'avaient pas besoin <strong>de</strong> solliciter mon retour je voulais<br />

partir dès que l'ouvrage qui m'occupeaurait été terminé, et j'espérais que vous et<br />

l' Augustin vous seriez plus agréab<strong>les</strong> que moi au peuple <strong>de</strong> Genève. Saunier est à<br />

Lausanne, d'od il se rendra à Neuchdtel, pour apaiser le différend qui existe entre<br />

<strong>les</strong> Neuchatelois et Genève. Froment est parti pour Aigle. Jacques [Hugues] se<br />

plaint <strong>de</strong> ce que la population <strong>de</strong> Oex est si hostile &Jésus-Christ. J'espère, comme<br />

vous, que la Dispute aura lieu, et prochainement. Le Conseil <strong>de</strong> Lausannepermettra-t-il<br />

&Vîret <strong>de</strong> réfuter le Dominicain? J'ai <strong>de</strong> bonnes nouvel<strong>les</strong> à vous donner<br />

<strong>de</strong> votre femme.<br />

S. Gratiamet pacem a Deo, cui meritô omnes<strong>de</strong>bemus gratias<br />

agere super ingenti misericordia sua, qua permotus suum perficiat<br />

opus! Novisti, frater, ut arbitror, quid hic egerit Dominus, quam<br />

habuerimus cœnam l, quàm frequens fuerit, ac frequens auditorium.<br />

Quinumerum pusfllumsupra spem auxit adaugeat amplius,<br />

fi<strong>de</strong>m quoque augens 1<br />

Vireto Christus successum dat a quotu non cares. Sed vi<strong>de</strong>, mi<br />

1 LaCène<strong>de</strong> Pâques(16avril).<br />

9 Déjà le SI mars, Megan<strong>de</strong>r parlait ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> succès <strong>de</strong> Viret: c Losamœ<br />

Christus libéré <strong>de</strong>nunciatur per Petrum Vîretum, juvenem doctissi-<br />

37


38<br />

GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A THONON. 536<br />

frater, ne te conficias quiète necessaria succurre <strong>de</strong>ficientibusnatorse<br />

viribus. Fac ut auxilio tibi sit Augustinianm 3,et per vices,<br />

si commodè fieri potest, concionemini. Sic et faciliùs feres onus<br />

istud, ac tste magis semper appositus ad Verbum red<strong>de</strong>tnr, pluresque<br />

accè<strong>de</strong>nt ad Christum. In quo mihi saintes et pios omnes, et<br />

ïpsum Augustinianum cum fratre*, qui vi<strong>de</strong>tur Christi amans,<br />

iraem hortaberis, ut in vicinià contendat docere quse Christi sunt.<br />

Gratumest qtiod nolis ita Pontifitios interturbare, ne infensicres-<br />

Verboreddanlur. Perge mmma (enitateomnespellicere adChristian,<br />

i[uem spero tracturum multos.<br />

Non est quôd me velint habere, nam pene <strong>de</strong>dità operà cum<br />

resucem diutius non [1. cum non recusem iliutius] istic agere,<br />

quasi mox solntnrus dabam operam statim absolvere quod in manihus<br />

erat5, sperans quôd tu ac Augustiniimus, me absente, populo<br />

gratiores futuri essetis, quod ita credo. Hic jam solus sum.<br />

Sonerim* Lausannam petiit, et illinc Neocmum petet, pro componendis<br />

rebus cum Neocomensibuset bis T; nam hujus gratià Selutfum<br />

rogavimus, quôd gran<strong>de</strong> oftendiculumex dissidio intelligeremus<br />

8. Faxit Christus ut bene componantur omnia Frwnentits<br />

mumjuxtà ac piïssimnm,concionefrequentisshnà» (Mscr.orig. Arch. <strong>de</strong><br />

Zurich).<br />

3 Gérard Pariat, religieux<strong>de</strong> l'Ordre <strong><strong>de</strong>s</strong> ermites<strong>de</strong> St. Augustinà<br />

Thononet docteuren théologie.Il avaitenseignéla doctrineévangélique<br />

<strong>dans</strong>sesprédicationsdu <strong>de</strong>rniercarême(Voy.Ruchat,IV, 144,202).<br />

4 C'était peut-être ClaucleClémentis, l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> Augustins<strong>de</strong> Thonon<br />

quiembrassèrentla Réforme(Voy.Ruchat,IV, 202).<br />

5 II estpossiblequeFarel fut alors occupéà rédigerun projetd'organisationecclésiastique(VoyezA.<br />

Roget. Hist. du peuple <strong>de</strong> Genève<br />

<strong>de</strong>puisla Réformejusqu'à l'Escala<strong>de</strong>. Genève,1870,1, 14).<br />

6 CemêmeAntoineSaunierquiétait encore,versla fin<strong>de</strong> mars,<strong>dans</strong><br />

<strong>les</strong>prisons<strong>de</strong> l'Inquisitionà Turin(Voy.le N°543).<br />

7-8LesNeuchâteloisquiavaienttenté <strong>de</strong> secourirGenève,en octobre<br />

1535(N°534,n. 17),voulaient être payés.Leurs chefs,Jacob Wil<strong>de</strong>rmuth<br />

et AndréMesséllier,avaientobtenudu tribunal <strong>de</strong> Berne(premiers<br />

jours <strong>de</strong> mars 1536)une sentencequi <strong>les</strong> autorisait,en cas <strong>de</strong> non-paiement,à<br />

faireséquestrer<strong>les</strong>biens<strong><strong>de</strong>s</strong> Genevois<strong>dans</strong> le Pays<strong>de</strong> Vaud.Au<br />

premierséquestrequi lui fut notifié(7avril),le Conseil<strong>de</strong> Genèvedéputa<br />

le syndicClau<strong>de</strong>Savoyepour arrangerl'affaireà l'amiable, et, <strong>de</strong>uxsemainesplus<br />

tard il chargea Saunier<strong>de</strong> se rendre, <strong>dans</strong>le mêmebut, à<br />

Lausanne,où Wïl<strong>de</strong>rmuthcontinuait<strong>les</strong> poursuites,puisà Neuchâtél,où<br />

il s'agissait<strong>de</strong> réclamer<strong>les</strong> bonsoffices<strong><strong>de</strong>s</strong>quatreMinistraux(Voyezla<br />

lettre <strong>de</strong> Berne aux Genevoisdu 1*4mars,et la notification<strong>de</strong> séquestre<br />

datée<strong>de</strong> Neuchâtele 3 avril. Arch. <strong>de</strong> Genève).


1536 GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A THONON. 39<br />

Aquiîeiam petiit 9; qua ratione pagis consolatur, nescio 1°. Jacobus<br />

Giaci 11 plebem ac rasos habet pessimè in Christum affectos. Ver-<br />

bum prorsùs spemant, imô sranmè o<strong>de</strong>rant; vix nisi flagris emen-<br />

dabuntur.<br />

Placet quod scribis <strong>de</strong> Disptitatiùne, quam spero erigendam. In<br />

hoc omnibus erit incnmbendum, ut fiat ac citô. Lausannœ an Vi-<br />

reto concedatur adversùs CucuUonem 12, ut jam recepit Senattss,<br />

eupio audire. Alias non frenabuntur asini qui rudiunt in Christum.<br />

Nuncius expectat, equo parato, quod me impedit ne plui-a scribam.<br />

Tantùm hoc addam,- uxorem valere ac reculas nondum evectas 13.<br />

Vale bene ac perge, tuique rationem habe, ne te inutilem labore<br />

reddas. Sed sic âge, ut (liutius servire ac commodius possis. Salu-<br />

tato omnes. Genevro, 22 Aprilis 1336.<br />

(Inscriptio :) Sun Christophoro, Tononii.<br />

Tuus Fahellus.<br />

9 Nous supposons que Froment allait à Aigle pour y remplacer, pendant<br />

quelques jours, Grieiïlaimedu Moulin, successeur <strong>de</strong> Farel <strong>dans</strong> cette<br />

paroisse (Voy. la lettre <strong>de</strong> Farel du 16 décembre suivant).<br />

10 Le 10 mars, Farel avait exhorté le Conseil à faire prêcher la Parole<br />

<strong>de</strong> Dieu <strong>dans</strong> <strong>les</strong> paroisses <strong>de</strong> la campagne. n renouvela cette exhortation<br />

le 24 du même mois, et le Conseil décida qu'on enverrait à Satigny le<br />

prêcheur <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> St.-Germain, et que Œigny recevrait aussi « un<br />

prêcheur. » Mais pendant près d'une année, <strong>les</strong> villages n'eurent pas <strong>de</strong><br />

pasteur à poste fixe. Les ministres <strong>de</strong> la ville y pourvoyaient comme ils<br />

pouvaient.<br />

11 Ruchat a lu Graci, mais par erreur, et, <strong>dans</strong> son Histoire <strong>de</strong> la Réformation<br />

<strong>de</strong> la Suisse (t. IV, p. 146), il traduit ainsi ce passage « Jacques<br />

Gras est chargé du soin du petit peuple et <strong><strong>de</strong>s</strong> tonsurés, qui sont<br />

très-mal disposés envers Jésus-Christ. Parmi <strong>les</strong> collègues <strong>de</strong> Farel nous<br />

n'en avons pas rencontré un seul qui portât ce nom <strong>de</strong> famille, et nous<br />

croyons que Giaci désigne la ville <strong>de</strong> Gex, où Jacques Hugues prêchait<br />

alors la Réforme (Voyez le N° 583).<br />

13 Dominique <strong>de</strong> Montbouson (N° 548, n. 2).<br />

18 Comparez ce passage avec la fin <strong>de</strong> la lettre <strong>de</strong> Farel du 12 mai<br />

(page 55, <strong>de</strong>rnière ligne du texte).


40<br />

PIERRE VIRET AU CONSEIL DE GENÈVE.<br />

552<br />

PIERRE VIRET an Conseil <strong>de</strong> Genève.<br />

De Lausanne, 28 avril 1536.<br />

Inédite. Autographe. Archives <strong>de</strong> Genève.<br />

1536<br />

SoMiffAntR. Viret exhorte <strong>les</strong> Genevois & terminer au plus tôt le différend qui existe<br />

entre eux et <strong>les</strong> « gens d'armes n neuchàtelois.<br />

La grâce, paix et miséricor<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu par Nustre Seigneur<br />

Jésuchrist Très-honnorés et magnifiques Seigneurs, il me déplaît<br />

gran<strong>de</strong>ment que plustost on n'a mis meilleur ordre touchant l'affayre<br />

qui est entre vouset le capitaine et ban<strong>de</strong>ret <strong>de</strong> Neufchastel<br />

du payement <strong><strong>de</strong>s</strong> gens d'armes 2.Car j'ay grant peur que <strong>les</strong> dépens<br />

ne montent bien tost autant que le principal, et qu'il n'y aye<br />

toujours plus <strong>de</strong> mal et <strong>de</strong> fâcherie 3.<br />

Pourquoy vous prie, pour l'honneur <strong>de</strong> Dieu, que, le plus brief<br />

qu'il sera possible, pour le moins tâchez d'oster <strong>les</strong> contes et missions<br />

que tous <strong>les</strong> jours se font. Comme j'ay peult entendre, ilz<strong>de</strong>-<br />

1 Le capitaineJacob Wt7<strong>de</strong>rmuthet AndréMessellier,banneret<strong>de</strong> la<br />

petitearméevictorieuseà Gingins(Voy.le N°482,n. 13).<br />

Voyezle N"0précé<strong>de</strong>nt,notes7-8.<br />

3 Henri Goulazet Clau<strong>de</strong>Bernard,députés<strong>de</strong> Genève,écrivaient<strong>de</strong><br />

Berneà leurs supérieurs,le 20 avril


1536 PIERRE VIRET AU CONSEIL DE G 41<br />

sirent que vous leur envoyez, pour le présent, d'argent pour oster<br />

<strong>les</strong> dépens qui se font sus eux, et puys que vous preinez ung jour<br />

pour mettre ordre à la reste. Si on leur donnait quinze cens escus;<br />

Hz se déporteraient <strong>de</strong> détenir vous<strong>de</strong>bteset biens,et seroit après<br />

faciled'accor<strong>de</strong>r <strong>de</strong> la reste. Autrement je ne sçaypoint <strong>de</strong> moyent<br />

pour <strong>les</strong> appaiser, et crains que tous <strong>les</strong> dépens ne tombent sus<br />

vous. Car ilz ont délibérer <strong>de</strong> prendre vous biens et marchandises<br />

et d'aller au pertuys <strong>de</strong> la Cluse5, pour détenir tout cella qu'ilz<br />

pourront trouver du vostre, et autre part aussy, [ce] quil ne se<br />

fera pas sans grosses haynes et missions. Vousavez beaucopd'en-<br />

nemys,et quant on <strong>de</strong>man<strong>de</strong>oii sont votts biens, on ne <strong>de</strong>meurepas<br />

beaucopa <strong>les</strong> leur monstrer, et plusieurs sont bienjoyeulx <strong>de</strong> vostre<br />

mal. Pourquoy <strong>de</strong> rechief vous supplie d'y adviser le plustost<br />

qu'il sera possible, ou autrement j'ay grand' crainte que la chose<br />

ne se trouble encores davantage.<br />

Maistre Antoine Sonnier n'est point passé encores par icy <strong>de</strong><br />

Neufchastel*, et ay entendu qu'on a détenu Clau<strong>de</strong> Bernard à<br />

Berne T,mais <strong>de</strong> certain ne le sçay pas. Tant que je puysje tâche<br />

<strong>de</strong> <strong>les</strong> entretenir 8; mais s'ilz n'ont d'argent, je n'y voit point <strong>de</strong><br />

moyen. Je prie à Dieu qui conduyse tout à son honneur et gloire,<br />

et que ainsi qu'i[l] vous a aydé jusques à présent, qui lui plaise<br />

<strong>de</strong> vous assister jusques à la fin. S'il y a rien en quoi je vous<br />

4 C'est-à-dire,<strong>les</strong> créancesqui étaient dues à <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyensgenevois<br />

soit<strong>dans</strong>le Pays<strong>de</strong> Vaud,soit à Neuchâtel.<br />

8 C'est-à-dire,le passageétroitnomméaujourd'huileFort <strong>de</strong>VÉcluse,<br />

et quiest sur la route <strong>de</strong> Genèveà Lyon.Le fort <strong>de</strong> la Cluseétait alors<br />

occupépar une garnisonbernoise.<br />

0 Le Conseil<strong>de</strong> Genèveécrivait,le lundi24 avril, à AntoineSaunier,<br />

à Lausanne Nous avonsreceuvostresecun<strong>de</strong>lettre, et, pourceque.<br />

n'avonsà présentmoyeng<strong>de</strong> trouverargent content, sûmestousjours<strong>de</strong><br />

cestadvys,que suyvés[l'affaire], acceptanttousjoursle party <strong>de</strong> entrer<br />

en appoinctement,auque<strong>les</strong>péronsay<strong>de</strong>rafort la Seignorie<strong>de</strong> Neufchastel.<br />

Et pourtant irez là [c'est-à-direà Neuchâteî],pour prendre<br />

journée,tenans ardiment que nousne reffusonspointla <strong>de</strong>cte. » (Minute<br />

orig.Arch. <strong>de</strong> Genève.)<br />

Bernardétait encoreà Bernele 27avril. n présentasonrapportà<br />

Genèvele 5 mai.<br />

8 Wil<strong>de</strong>rmuthet Messellier(nomméaussi André Georges)étaient à<br />

Lausanne,« barrant<strong>les</strong> créances<strong><strong>de</strong>s</strong> Genevois.Ceux-ciréussirent,le<br />

10 mai suivant,à conclureavec eux un arrangementdéfinitif(Voy.le<br />

Reg.<strong>de</strong> Genève<strong><strong>de</strong>s</strong> 4, 8 et 10mai1536).


42<br />

CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A THONON. 1536<br />

pnysse fayre ne plaisir ne service, je vous prie que le moy commandé.<br />

De Lausanne, ce 28 d'Avril 1536.<br />

Le tout vostre serviteur et amy Pierre VIRET9.<br />

(Suscription:) Ames honnorés et magnifiques Seigneurs Messieurs<br />

<strong>les</strong> Syndiques <strong>de</strong> Genève. AGenève.<br />

555<br />

CHRISTOPHEFABRI à Guillaume Farel, à Thonon.<br />

De Genève, 29 avril 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchàtel.<br />

Sommaire. Le jour :nème <strong>de</strong> mon arrivée, Jean Martel avait quitté Genève. Je regrette<br />

d'autant plus son départ qu'il abandonne ainsi le Collège, dont la direction<br />

vient <strong>de</strong> passer entre <strong>les</strong> mains dn prêtre Jean OhrisHn. Hier, j'ai supplié <strong>les</strong><br />

membres du Conseil <strong>de</strong> témoigner à l'avenir plus <strong>de</strong> sollicitu<strong>de</strong> pour la jeunesse,<br />

et d'attendre au moins l'arrivée prévue <strong>de</strong> Jean le Grus, i'Olivélan, ou <strong>de</strong> quelque<br />

autre personnage pieux qui pourrait donner <strong>de</strong> tout autres leçons que ces prêtres<br />

ignorants et impies.Puis je <strong>les</strong> ai avertis dn complot formé par <strong>les</strong> fiancéesdont je<br />

<strong>de</strong>vrai bénir le mariage, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux prochains dimanches Comme el<strong>les</strong> ont résolu<br />

<strong>de</strong> se présenter a l'église avec <strong>les</strong> cheveux flottants, j'ai déclaré que je refuserais<br />

monministère, et qu'il était du <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> Messieurs <strong>de</strong> prévenir ce scandale concerté.<br />

Leur décision sur ce point a été conforme à mon désir. Je leur ai ensuite an-<br />

nonce, que je pourrais être forcé <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>r a Thonon, ce qu'ils ont appris avec<br />

peine.<br />

Denis \Lambert\ a été pour la secon<strong>de</strong> fois victime d'un guet-apens; on a ré-<br />

pandu sur lui <strong><strong>de</strong>s</strong> sacs remplis <strong>de</strong> cendres et <strong>de</strong> morceaux <strong>de</strong> verre, <strong>de</strong> sorte qu'il<br />

est <strong>dans</strong> un état très-grave. Sa femme aussi a été b<strong>les</strong>sée assez dangereusement.<br />

Veillez à ce que MM.<strong>de</strong> Berne soient informés <strong>de</strong> ce forfait. Froment est <strong>de</strong> retour.<br />

BJiéti a recouvré la santé.<br />

S. Martellus cum typograpfio eo die abiverat quo hue àppuli<br />

9 Cette <strong>de</strong>rnière ligne a été enlevée du manuscrit, puis elle y a été reproduite<br />

en caractères anciens par une main toute mo<strong>de</strong>rne.<br />

1 Jean Martel, recteur <strong><strong>de</strong>s</strong> éco<strong>les</strong> à Genève. Voyez, à la fin du tome m,<br />

l'In<strong>de</strong>x alphabétique <strong><strong>de</strong>s</strong> trois premiers volumes.<br />

t Jusqu'à la fête <strong>de</strong> Pentecôte, Fabri et Farel prêchèrent tour à tour


1536<br />

CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A TBONON.<br />

qupd mo<strong>les</strong>tum mihi ea potissimùm ratione fait, quôd Gymnasium<br />

sic prseceptore <strong><strong>de</strong>s</strong>titutnm reliquisset: quo factum est ut saerificnlus<br />

quidam juventutis curam sua autoritate nsurparit. Senatum<br />

heri conveniet nomine Christi admonui, ut liberorum majorem eurarn<br />

susciperent quàm hactenus3; aperui quse invicem <strong>de</strong> Grue 4<br />

collocutisumus, id saltem ab eis poscens, ut sinerent nos Gymna-<br />

«o satisfacere donec ille, Olivetamts ant aliquis pius et doctus<br />

(([uorum aliquot prope venturos dicebam),probaretur et juventuti<br />

prseficeretur, nonrosi isti, qui nihil aliud quàm barbariem et impietatem<br />

suggerere possunt; quôd si suos perdi<strong>de</strong>rint, sanguis eorum<br />

super ipsos, nos verô immunes erimus. Porrô Oleà porris 6<br />

Cr~KMm accersivit,et, ut creditur, intrasit.<br />

Prœterea, cum novem aut <strong>de</strong>cem <strong><strong>de</strong>s</strong>potcsationesduobus hisce<br />

proximis diehns uominicis 8 hic publiée admittendas receperim, et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>ponsandasolfecerim unà conjurasse, ut passis crinibus ad templnm<br />

concédèrent, et, si renueremus, sic redirent et domi suae id<br />

agerent, exemplo alius quam nuper repulli, Senatui haec omnia<br />

<strong>de</strong>texi°, dicens me ne unaiïi tpii<strong>de</strong>m sic recepturum, et nisi<br />

praecaverent ab otîenilicnlis imminentilms et <strong>de</strong>liberatis, eos om-<br />

à Genèvet à Thonon,l'on se chargeantd'évangéliserl'église<strong>de</strong> l'autre<br />

pendantquinzejours ou davantage.<br />

1 Voyezla note9.<br />

Jean le Gros, qui dirigeaitl'écoled'Aigle<strong>de</strong>puisle mois<strong>de</strong> janvier<br />

1532(N°385,n. 8).<br />

5 Voyezle N»560,note 11.<br />

L'anciensyndicAmiPorral.<br />

Jean Christin,ancienrecteur <strong><strong>de</strong>s</strong> éco<strong>les</strong>.Il était natif <strong>de</strong> St.-Clau<strong>de</strong><br />

(Voy.N°383,n. 2, et <strong>les</strong> Mém.et Docnm.<strong>de</strong> la Soc.d'Hist. <strong>de</strong> Genève,<br />

t. IX, p. 23).<br />

8 C'est-à-dire,<strong>les</strong> dimanches30 avril et 7 mai.<br />

On lit <strong>dans</strong> le Registredu Conseildu 28 avril cMaistreOristoffle,<br />

leprédicant,a exposéqu'il y a à présentà faireplusieursnopses,et que<br />

plusieursfemmes<strong>de</strong> ceste ville refusent couvrirle chiefz<strong><strong>de</strong>s</strong> vierges;<br />

pourtant, quel'on y doëbgeadviser; car <strong>de</strong> luy il n'est point <strong>de</strong> propos<br />

d'en esposerpoint,sinonainsinque portela S. Escripture.Sur quoyest<br />

estéarresté, quel'on advertisse<strong>les</strong> parans<strong><strong>de</strong>s</strong> ditesesposées,qu'il ne <strong>les</strong><br />

ameinentpointle chiefz<strong><strong>de</strong>s</strong>couvert.<br />

«Item,ha faict une exortationque l'on doëgeprovottreet advisersur<br />

<strong>les</strong>escofes,quel'on aye maistre,et quel'on ne laissepointperdre temps<br />

aux enfans. Sur quoyest esté arresté <strong>de</strong> parler à magisterOtriwri,s'il<br />

vouldroitvivreselonDieu,soymarieret tenir l'eschole,pource qu'il est<br />

cogneusten la ville.»


CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A THONON.<br />

1536<br />

nium, non nos, in causa fore si evenerint. Illi verô singulis <strong><strong>de</strong>s</strong>ponsandis<br />

id vetuerunt nescio quid sit futamm. Ad haecrogavi<br />

canst<strong><strong>de</strong>s</strong> ne aegrè ferrent, si Thononi,<strong>de</strong>fectu alicujnsmagis idonei,<br />

posthac egero. Responsum non recepi, nisi quôd aegrèferant si se<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>eram.<br />

Desponsavihodie Giterinum 10,sed nemo facileilli persuasisset,<br />

nisi Dominus eô hominem a<strong>de</strong>gisset, nec vanaesont ejus rationes.<br />

Dionisium "Il rursus sacculis cineribus reffertis et frustisvitraeisimmixtis<br />

fere ad mortem usque ceci<strong>de</strong>runt viri hujus urbis eô concesserunt,<br />

ut eum hue advehendum curent; uxor quoque ejus non<br />

fuit expers hujusce tragœdiae,nam lœsa fait satis graviter. Audio<br />

locum illumjurisdictionis esse Thononiensis vi<strong>de</strong> qua via huic<br />

tanto offendiculome<strong>de</strong>ri queat suffèctm, aut Domini Bernates saltem<br />

reddantur certiores. Vale,salutatis omnibus. Te salutat matertera,<br />

fratres omnes, et uxorcula mea. Genevae,penult. Aprilis 1536.<br />

Mittotibi literas Vireti 13.Frumentus rediit 14,Retitim 15 convaluit.<br />

Tnus CHRISTOPHORUS Libertetus.<br />

(Inscriptio :) Chariss. fratri Gulielmo Farello, Verhi Dei praeconi.<br />

Thononi.<br />

10 Nousne savonss'il s'agit ici <strong>de</strong> GitérinMuete,le bonnetier,qui, en<br />

1532et 1533,présidaitparfois<strong>les</strong>assemblées<strong><strong>de</strong>s</strong>Évangéliques<strong>de</strong>Genève<br />

(Voyezl'In<strong>de</strong>x, t. III).<br />

11 DenisLambert,ex-moine.Il avait été pasteur<strong>dans</strong>la Prévôté,puis<br />

aumônier<strong>de</strong> la petite arméeneuchâteloise,en octobre1535et en février<br />

1536.La campagnefinie,<strong>les</strong> Bernoislui avaientconfiél'une <strong><strong>de</strong>s</strong> paroisses<br />

du Chablais.<br />

19Les documentscontemporainsn'indiquentpas le nom<strong>de</strong> la localité<br />

où Lambertet sa femmefurent victimesd'une lâcheagression.<br />

13 Cettelettre <strong>de</strong> Viretn'a pas été conservée.<br />

14Allusionau voyage<strong>de</strong> Fromentà Aigle.<br />

15 D'après l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus anciensbiographes<strong>de</strong> Farel, Jean Ehétivint<br />

à Genèveen 1535,et il y fut d'abordpasteurdu faubourg<strong>de</strong> St.-Gervais<br />

(Voy.le tf° 540,n. 7. OlivierPerrot. Vie <strong>de</strong> GuillaumeFarel, p. 80<br />

'du manuscritoriginalBibl. <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs<strong>de</strong> Neuchâtel. Mém.et Doc.<br />

<strong>de</strong> la Soc. d'Hist. <strong>de</strong> Genève,t. IX, p. 26). Sauf <strong>de</strong>ux lettres du mois<br />

<strong>de</strong> mai 1536(No§555,560),il n'est plusquestion<strong>de</strong> cepersonnage<strong>dans</strong><br />

la correspondancesubséquente<strong><strong>de</strong>s</strong> Réformateurs.


1536 LES CATHOLIQUES DE PENEY AU CONSEIL DE FRIBOURG. 45<br />

554<br />

LES CATHOLIQUESDE peney1 au Conseil <strong>de</strong> Fribourg.<br />

De Beaulmes 30 avril 1536.<br />

Inédite. Manuscritoriginal. Archives <strong>de</strong> Fribourg.<br />

Sommaire. Les Catholiques <strong>de</strong> Peney dénoncent à MM.<strong>de</strong> Fribourg <strong>les</strong> violences que<br />

le ministre d' Yverdonet plusieurs autres habitants <strong>de</strong> cette ville viennent <strong>de</strong> commettre<br />

sur la personne d'un prêtre.<br />

Notre trés-redocter, magnifficpie et puissen Seigneur, à votre<br />

bégnyne ségnyorie et grâce noz nous recommandons, vous avertissen,<br />

nous magnifiques Seigneurjs], que sanbedi passer, Monsieur<br />

le curé <strong>de</strong> Pynets nous a dit que, <strong>de</strong> votre bégnyne grâce,<br />

luy avés remys la messeet avés fay refayre <strong>les</strong> autel 3, porchanter<br />

la messe <strong>de</strong> la dymenche <strong>de</strong> Misericordia Damini 4.Lequel curé,<br />

la dicte dymenche <strong>de</strong> Misericordia Domini, aut matin, cez [1.s'est]<br />

revêtu <strong><strong>de</strong>s</strong> habits <strong>de</strong> l'Église por dire la messe. Luy fassein l'yaul<br />

benoiste[c.-à-d.pendant qu'il consacrait l'eau bénite], sont venuz<br />

1-3 Peneyet Beaulmes,villagessituésau pied du Jura, faisaientpartie<br />

du territoired' Yverdon,conquispar <strong>les</strong>Bernoisdu 22 au 26 févrierprécé<strong>de</strong>nt(Voy.le<br />

Chroniqueur,p. 245).<br />

3 C'était en févrierque <strong>les</strong>autels <strong>de</strong> l'église<strong>de</strong> Peneyavaientété démolispar<br />

<strong>les</strong>soldatsbernoiscantonnésautour à' Yverdon(Voy.<strong>les</strong>Mém.<br />

<strong>de</strong> Pierrefleur.Lausanne,1856,p. 148),ou versle milieu<strong>de</strong> mars,lorsque<br />

l'ancien culte fut aboli<strong>dans</strong>cetteville(Voy.la n. 5). Les Fribourgeoisavaientrelevé<strong>les</strong>autels<br />

à Peney,parce quele prieuré<strong>de</strong> Beaulmes<br />

et sans douteaussi quelqueséglises environnantes'étaient mis récemmentsousleur<br />

protection(Voy.Pierrefleur,p. 157. Ruchat, IV, 164-<br />

166). Cedimancheestle <strong>de</strong>uxièmeaprèsPâques,fêtequifat célébréele<br />

16avrilen 1536.


46 LES CATHOLIQUES DE PENET AU CONSEIL DE FRIBOURG. 1536<br />

le prédican <strong>de</strong> Yverdon 5, le prévoz 6 du dit Yverdon et plusieurs<br />

autres, et l'ont pris et emmener aut dit Yverdon tous abillé <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

habit <strong>de</strong> l'Église, fassen grosses dérision, luy méten <strong><strong>de</strong>s</strong>sus la co-<br />

ronnez une tiante <strong>de</strong> vache en dérision <strong>de</strong> Dieu, et plusieurs au-<br />

tres choses 7; et ein on [L en ont] emporter <strong>les</strong> habit <strong>de</strong> la dicte<br />

ecclise, comme nous ont refteraz [quelques uns] <strong>de</strong> cieux <strong>de</strong> la<br />

dicte perroche en gémissen bien tendrement, nous prien <strong>de</strong> le<br />

man<strong>de</strong>r à votre bégnyne ségnyorie, à cause que sûmes votre<br />

humble subjet 8. Et <strong>de</strong> cella nous vous advertisson, notre trés-ma-<br />

jmiftique Seigneur. Nous avons tousjours grosse peinez «le yeux.<br />

5 L'ex-dominicain Thomas Malingre, fils <strong>de</strong> Jean, seigneur <strong>de</strong> Mornellycr<br />

en Normandie. Nous croyons qu'il doit être i<strong>de</strong>ntifié avec ce Matthieu<br />

Malingre, collaborateur d'OIivétan en 1535 et qui dissimulait sou<br />

vrai nom sous celui <strong>de</strong> Gramelin (Voy. t. m, p. 257, 289, 290. 423, et<br />

J.-J. Hisely. Hist. dn comté <strong>de</strong> Gruyère, H, 394). Malingre avait prêché<br />

à Blois (vers 1534) « en détestant publiquement la messe » (Yoy. i'Épistre<br />

<strong>de</strong> M. Malingre à Clément Marot. Basle, 1546, réimprimée à Harlem,<br />

1868, in-8°, fol. A 5). Sur la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> Jean Lecomte,ministre <strong>de</strong> Grandson,<br />

<strong>les</strong> Bernois prièrent Malingre (25 février 1536) <strong>de</strong> quitter Neuchâtel<br />

et <strong>de</strong> se charger <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctions <strong>de</strong> pasteur ù Yverdon. Cette ville venait<br />

d'accepter la capitulation imposée par le' général Nâgtteli, et dont l'un<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> artic<strong>les</strong> se terminait ainsi « La messe ne sera plus dite à Yverdon<br />

(Voy. Ruchat, IV, 142, 143. Le Chroniqueur <strong>de</strong> L. Vulliemin. p. 245,<br />

253). Le 17 mars, Malingre assista avec Lecomte à la dispute publique<br />

O&<strong>les</strong> commissaires bernois avaient convoqué tous <strong>les</strong> prêtres <strong>de</strong> la ville<br />

et du voisinage. Le clergé catholique ayant refusé le combat, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<br />

ministres prirent seuls la parole, et, le jour même, <strong>les</strong> images et <strong>les</strong> autels<br />

furent détruits (Voy. l'Hist. <strong>de</strong> la ville d'Yverdon par A. Crottet, 1859,<br />

p. 277. 27&).<br />

6 C'était probablement un officier inférieur <strong>de</strong> la Justice d'Yverdon.<br />

7 On lit <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Mémoires <strong>de</strong> Pierrefleur, p. 152, 153 « Iceluy [prestre<br />

<strong>de</strong> Peney] tout ainsi accoustré fust au dit Yverdon mené par la<br />

rue comme s'il eust esté un homme sauvage et chose monstrueuse.<br />

Estre fait toutes <strong>les</strong> dérisions qu'ils peurent le laissèrent aller. »<br />

Ces actes répréhensib<strong>les</strong> peuvent s'expliquer autant par la violence<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> passions religieuses, que par la déconsidération croissante du clergé<br />

catholique. On avait la preuve toute récente, que <strong>les</strong> Cor<strong>de</strong>liers<strong>de</strong> Grandson,<br />

déjà célèbres par leurs désordres, étaient décidément incorrigib<strong>les</strong>.<br />

Les faits qui <strong>les</strong> couvraient <strong>de</strong> honte ont été attestés (avril 1536)<strong>dans</strong> un<br />

document signé par trois notaires <strong>de</strong> Grandson, et que nous avons eu<br />

sous <strong>les</strong> yeux aux Archives du canton <strong>de</strong> Vaud (Voyez Ruchat, IV, 424,<br />

425, où le document susdit est placé « vers la fin <strong>de</strong> l'an 1536, » mais<br />

par erreur).<br />

8 Beaulmes et Peney, protégés par Fribourg, étaient en réalité sujets<br />

<strong>de</strong> Berne.


1536<br />

GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE PABRI, A GENÈVE.<br />

Nous prions Dieu et la Virge Marie, qui nous en vuygle gar<strong>de</strong>r.<br />

Amen! De Banlmes, dymenche <strong>de</strong> MisericordiaDomini, Fan coren<br />

mille vc xxxvi.<br />

Par cieux qui som toz vostre<br />

humble et léal subjet et serviteur<br />

Vellam ÂMBECHER,<br />

et votre leutenant au dit Pugny 9 <strong>de</strong> Baulmes.<br />

(Suscrïption:) Anotre magniftiqueSeigneur, MonsieurFAvoi[e]r<br />

<strong>de</strong> Friborg, notre onoré Seigneur.<br />

555<br />

Guillaume FAREL à Christophe Fabri, à Genève.<br />

De Thonon, 2 mai 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs «le Neuchàtel.<br />

Sommaire. Le porteur <strong>de</strong> la présente su rend chez vous, avec l'intention <strong>de</strong> diriger<br />

le collège<strong>de</strong> Oeneve.Faites-lui donner cette place, <strong>de</strong> peur que l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> tonsurés ne<br />

s'en empare. Je m'étonne en voyant Ami Porral conner le soin <strong>de</strong> la jeunesse a<br />

Christin, un débauché, un impie, un ennemi <strong>de</strong> la ville, comme il l'a bien prouvé,<br />

quand il s'agissait <strong>de</strong> la surprendre par trahison J'avais toujours craint cette démission<br />

inconsidérée <strong>de</strong> Jean Martel. Genève n'a pas été juste envers lui; soit.<br />

Était-ce une raison pour abandonner la jeunesse? C'est ainsi que <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> côtés<br />

nousrecevons <strong><strong>de</strong>s</strong> b<strong>les</strong>sures<br />

Efforcez-vous<strong>de</strong> faire expulser <strong>les</strong> prostituées. Je vous approuve d'avoir main-<br />

tenu, û,propos <strong>de</strong> la célébration <strong><strong>de</strong>s</strong> mariages, le comman<strong>de</strong>mentdu Seigneur. Que<br />

Jean Bhéti suive cet exemple. Veillez à ce que <strong>les</strong> tonsurés se conduisent convenablement,et<br />

sans séduire le peuple; faites qu'on témoigne quelque sollicitu<strong>de</strong> aux<br />

églises et à leurs ministres. Je plains l'infortune <strong>de</strong> Denis [Lambert], mais a quoi<br />

servirait <strong>de</strong> réclamer l'intervention <strong><strong>de</strong>s</strong> Bernois, qui sont négligents même envers<br />

leurs propres sujets?<br />

Ici, je n'ai que peu ou point <strong>de</strong> succès, et ma position n'est pas sans danger;<br />

9 n parait qu'on appelait ce village Peney-<strong>de</strong>-Beaulmes, pour le distinguer<br />

d'un autre Peney, situé sur le Jorat, à trois lieues et <strong>de</strong>mie au<br />

N.-E. <strong>de</strong> Lausanne.


48<br />

GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A GENÈVE. 1536<br />

hier, nous avons failli être attaqués à l'improviste par un certain nombre d'hommes<br />

armés. Cependant je combats toujours, étant assuré que Jésus-Christ remportera<br />

la victoire.<br />

S. Adornaram litteras per nautas tibi redclendas,sedjuxtadatam<br />

(i<strong>de</strong>mexcepturi non veneranl. Remitto igitur per hune, quem hortatns<br />

sum istac conce<strong>de</strong>re, ut gymnasiopraesit1; ita est affectus,<br />

iraantum possum conjicere, ut paratus sit omnia agere episein gloriam<br />

Christi fuerint. Si commodè cum fractu possit hcerere, haerebit.<br />

Si ad tempus faerit atilis, clonecalius evocetur, serviet ut expedierit.<br />

Tu igitur laborabis, ut locus hnic assignetur, ne rasus aliquis<br />

omnia nobis evertat. Demiror Porreum quôd Cristino tantum<br />

faveat2, nihili homini, scortatori, impio, laboranti pro urbis eversione,<br />

quod clarum fuit in machinatione illa, in qua cum Codriensi<br />

urbem venerat 3.Tarn est stû immemor Porreus, ut talem pestem<br />

juventuti aasit prœficere! Omnia lentanda puis sunt, quàm ut ita<br />

fiant. Martellumsemperveritus sum id acturum quod egit4; quàm<br />

bene, novit Christus. Malèmeriti sunt <strong>de</strong> eo cives, esto. An propterea<br />

non <strong>de</strong>bebat curare, ut vocaretar aUquis(lui prœficeretur, et<br />

non rosis praedaesset juventus? fndignabundus dicebat aliumevocari,<br />

cum niliil esset. Sic oportet nos omni ex parte peti.<br />

1Onlit à la marge «Domiexcipias,ne alibi snmptumfaciat, donec<br />

consultumhuicsit. Nous ignoronsle nomdn personnagerecommandé<br />

par Farel.<br />

2 Voyezle ÎTO553,renvois<strong>de</strong> note 6-7.<br />

3 Allusionan complotmachinécontre Genèven juillet 1534(Voyez<br />

N"0474,n. 2).Pierred'Alinges,seigneur<strong>de</strong> Coudrée,soupçonnéd'être un<br />

partisandu duc<strong>de</strong> Savoie,avait été arrêté <strong>dans</strong>la villele 31juillet 1534,<br />

et relâché seulementle 4 septembresuivant(Voy.Froment.Actes et<br />

Gestes<strong>de</strong> la cité<strong>de</strong> Genève,édit. Kevilliod,p. xcvm, ovn). Christin,qui'<br />

l'accompagnait,n'avait pas été emprisonné.Ancienhabitant<strong>de</strong> Genève,<br />

il n'excitaitpas la défiance<strong><strong>de</strong>s</strong>citoyens.<br />

4 Voyezle commencementdu N° 553.Jean Martel,élu recteur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

éco<strong>les</strong><strong>de</strong> Genèveen juillet 1534(Voy.N° 471, n. 6), s'était plaintau<br />

Conseil,le 27 août 1535,<strong>de</strong> ce quela maisondu Collègedit <strong>de</strong> Versonnex<br />

était malsaineet impropreaux leçons,à causedu bruit quise faisait<br />

<strong>dans</strong>le voisinage.Payé très-irrégulièrementpar sesélèves,il n'avaitpas<br />

<strong>de</strong> quoivivreet <strong>de</strong>mandaitson congé.Le Conseildécidaquele Collège<br />

seraittransférétout près <strong>de</strong> là, <strong>dans</strong> le couvent<strong><strong>de</strong>s</strong> Cor<strong>de</strong>liers<strong>de</strong> Rive,<br />

qu'onapproprieraità sa nouvelle<strong><strong>de</strong>s</strong>tination,et quele Recteurrecevrait<br />

2 écusd'or poursa peineet autant pourle boiset la lumière.Néanmoins,<br />

il se plaignaitencoredu froid,<strong>de</strong>uxmoisplustard (Voy.le Registredu<br />

Conseilau 27 août,10 septembreet 26 novembre1535).


1536 GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A GENÈVE. 49<br />

Dabis rursus operam super scortis profligandis, ut quae supersunt<br />

ac offendiculo sunt, potissimùm ejiciantur. Nescio quae sint<br />

rationes quas scribis tibi probari. Nemo bonus non cesserit <strong>de</strong> jure<br />

suo, in multorum aedificationem, ac ut praecludatur impiis occasio<br />

iniquè agendi. Bene egisti super <strong><strong>de</strong>s</strong>p&nsandis, ut juxta praeceptum<br />

Domini 5 congregationem intrent. Retilius admonendus erit,<br />

ut eo<strong>de</strong>m pergat pe<strong>de</strong>, nec agat quod egit, domi <strong><strong>de</strong>s</strong>ponsans rejec-<br />

tos. Quod si nolit, regnet, regatque omnia pro nutu. Scis quantum<br />

studuerim concordiœ, quant f avère <strong>de</strong>bemus mines. Super rasis se-<br />

dulô cnrabis, ut quod <strong>de</strong>cet agant, adnitens ne plebem perdant suis<br />

imposturis 8, intentus ut ecc<strong>les</strong>iis consulatur, ministrorumque ratio<br />

habeatur 7. Dolet Dionysii calamitas; hinc nihil est expectandom,<br />

5 I Corinthiens, XI, 5 « Tonte femme qui prie, on qui prophétise,<br />

sans avoir la tête couverte, déshonore sa tête. »<br />

Depuis le 10 août 1535 (Yoy. t. m, p. 424) le Conseil avait, à plusieurs<br />

reprises, cité tous <strong>les</strong> prêtres du territoire genevois, pour leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

s'ils étaient en état <strong>de</strong> défendre la légitimité <strong>de</strong> la messe et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

« autres cérémonies d'invention humaine. » Sur leur réponse négative, il<br />

leur fut interdit (6 décembre, même année) <strong>de</strong> célébrer dorénavant aucune<br />

messe, d'administrer <strong>les</strong> sacrements et <strong>de</strong> séduire davantage le peuple.<br />

Les prêtres répondirent qu'ils étaient prêts à obéir (Vby. <strong>les</strong> Extraits <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Registres, <strong>dans</strong> Froment, op. cit. p. cxxxvm, cxxxix, clvi, clvh, civm).<br />

Le 3 avril 1536, <strong>les</strong> procureurs <strong>de</strong> sept paroisses rura<strong>les</strong>, ainsi que treize<br />

prêtres, parurent <strong>de</strong>vant le Conseil. « Nous vous havons faict <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r,<br />

dit aux prêtres le syndic Clau<strong>de</strong> Savoye, pour savoir. si voulez vivre<br />

selon la doctrine évangélique aussi pour vous corriger <strong>de</strong> ce que, contre<br />

<strong>les</strong> défenses. avez dict messe et faict aultre papal sacrement. Ils<br />

répondirent qu'ils voulaient bien vivre selon l'Évangile; mais qu'ils suppliaient<br />

qu'on leur accordât encore un mois, pour lire la sainte Écriture,<br />

et se mettre en état une autre fois <strong>de</strong> « plus franchement et mieux res-<br />

pondre. La requête fut accordée. On lit encore <strong>dans</strong> le procès-verbal<br />

du 13 mai c Icy est esté parlé <strong><strong>de</strong>s</strong> prebstres détenus pour avoir dict messe<br />

contre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ffenses, et est esté résolu qu'ils soient menéz à Riva au ser-<br />

mon, dimanche prochain, à confesser <strong>de</strong>vant chascun leur meffait, et par<br />

tel moyen leur sera pardonné. »<br />

7 Le Registre du 10 mai renferme ce paragraphe c Est esté parlé <strong>de</strong><br />

l'alimentation <strong><strong>de</strong>s</strong> prédicans, et est arresté que l'on doive <strong>les</strong> nourrir,<br />

vestir et entretenir sus <strong>les</strong> biens <strong><strong>de</strong>s</strong> parrochia<strong>les</strong>, tant <strong>de</strong> la ville que <strong>de</strong><br />

nostre terre. » Le 7 avril, le Conseil avait déjà décidé qu'on<br />

T. IV. 4<br />

fournirait<br />

aux prédicants <strong>de</strong> quoi vivre honnestement, » et que l'on parlerait à<br />

Monsr <strong>de</strong> St-Victor [François Bonivard, récemment délivré <strong>de</strong> sa captivité<br />

à Cbillon], pour savoir s'il serait disposé à partager la table <strong>de</strong> Farel.<br />

Il s'agit <strong>de</strong> Denis Lambert (N° 553, renvoi <strong>de</strong> n. 11).<br />

M


50<br />

GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A GENÈVE. 1536<br />

cum horu~n'non sit consulere. Quod si possent, quid facerent,<br />

cum domi negligant omnia? Nec opus ut referam; hic abondé<br />

nalTabitomnia.<br />

Non sine periculo hic agimus. Panim aut nihil fructus experimur.<br />

Hodie parati erant non pauci armati in nos insm'gere, cum<br />

tale nihil vereremar. Sed aliud non accidit. Misera quam <strong>de</strong>tineri<br />

jusserat Prœfectus soluta fuit per judices, velut amens. Quid sperem,<br />

nescio. Interea luctor, victoriam non dabito apud Christnm<br />

futuram. Yale, rèrumque omnium nos admone, et quod magis ce<strong>de</strong>t<br />

in aedificationem,ciun fratribus vi<strong>de</strong>. Spero Sonerium brevi<br />

venturnin ad vos 10;vi<strong>de</strong>te quod est optimum. Vale,salutatis omnibus,<br />

ne singulos scribam. Salutant te pii omnes. Tononü, altera<br />

Maii1536.<br />

Tu us FARELLUS.<br />

(Imcriptio:) Christophoro suo. Geneva?.<br />

556<br />

GUILLAUMEFAREL à Christophe Fabri, à Genève.<br />

De Thonon, 5 mai 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque ''es pasteurs <strong>de</strong> Neuchàtel.<br />

Sommaire. Noire principal est parti hier pour Genève; vous me direz ce qu'il obtiendra<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> magistrats. Nous vivons toujours ici <strong>dans</strong> <strong>les</strong> tempêtes, et il me semble parfois<br />

que je travaille absolument en vain. Je voudrais que Vtret pût me secon<strong>de</strong>r:<br />

mais il n'est que trop nécessaire à Lausanne. Les fureurs <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres ne laissent<br />

pas <strong>de</strong> m'émouvoir, moi qui suis d'ailleurs assez bouillant. Hier, l'an d'eux m'envoyait<br />

[promener] a" Vigi; il disait que ses confrères sont au fait <strong>de</strong> toutes nos entreprises,<br />

et unanimes <strong>dans</strong> leur opposition; que jusqu'à présent je ne saurais pas<br />

indiquer un seul sectateur fervent <strong>de</strong> l'Évangile, etc. Veillez a ce que la Genevois<br />

abolissent partout la mette.<br />

S. Ludimagister, qui solus hic suam testabatur fi<strong>de</strong>m,heri ad<br />

9 Allusionaux Bernois.<br />

10 Sauniern'était pas encore<strong>de</strong> retour le 1ermai,car cejour-là le<br />

Conseil<strong>de</strong> Genèvereçut <strong>de</strong> lui unelettre relativeà l'affaire<strong><strong>de</strong>s</strong>capitaines<br />

neuchatelois(N°552).


1536 GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A GENÈVE. 51<br />

vos [concessitl. Qaid] acturus sit in Senatu, rescire vellem Saccas<br />

ex corrio far. fuit redditus. Nos hic agnmts<br />

semper in procellis, q[uali cum successu] ad plebem, Deo notam<br />

est. Pené mihi vi<strong>de</strong>or oleum oper[amque per<strong>de</strong>re. Viretum] hic<br />

essevellem,sedplus satis Lausannœ est necess[arins3.Quidin] hac<br />

Ministrorum penuria agendum sit, ignoro. Christus [Jésus] nobis<br />

adsit!<br />

Furiœ Rasorum nonnihil movent me, qui re[verà] satis aestuo<br />

heri eorum unns Vegiacwnme mittebat4, un[ios dicens]esse animi<br />

rasos omnes, nosseque quicquidfit in pios s; in[terim me esse] pessimé<br />

exceptnm, quôd Bernatibus nondum potui indicare [ejus nomen]<br />

qui reputatnr faventissimusEvangelio. Non tam astutus fait,<br />

quin he. missari. Sic soient impii attolli, si vellocns<br />

anus missam re[tineat. Stu<strong>de</strong>te] ne Genevates aspiam sinant erigi<br />

missam^, sed passim extirpent. Vale. omnesque salvere jubé. Tononii,<br />

5Maii1536.<br />

(Inscriptio :) Christophoro suo. Genevae.<br />

Tuus FARELLUS.<br />

1Iciet plus bas nousavonsessayé<strong>de</strong> suppléerquelques-uns<strong><strong>de</strong>s</strong>mots<br />

quiontdisparu,on qui sontà moitiédétruits.<br />

2 Le Registre du Conseil<strong>de</strong> Genèvene mentionnepas cepersonnage<br />

envoyépar Farel, et quecelui-ciavaitdéjà recommandéà Fabri<strong>dans</strong> sa<br />

lettre du 2 mai.<br />

3 Viretétait à Lausannele seulprédicateur<strong>de</strong> la petiteégliseévangélique.<br />

4<br />

Végi,villagedu Chablaisquiest très-rapproché<strong>de</strong> la frontièregenevoise.L'interlocuteur<strong>de</strong><br />

Farel voulaitdire sansdonte Allezà Végi,<br />

au lieu<strong>de</strong> prêcheren vain à Thonon.<br />

5 Nousavonslieu<strong>de</strong> croireque,verscetemps-là,<strong>les</strong>prêtres<strong>de</strong> Thonon<br />

ou leursouail<strong>les</strong>se plaignirentà Berne<strong>de</strong> ce qu'on attentaità la liberté<br />

<strong>de</strong> leurs consciences.Il existe,en effet,une déclarationdogouvernement<br />

bernoisdatéedu 13mai 1536,et quipeut se résumer<strong>de</strong> la manièresuivante:<br />

c Touchantceux<strong>de</strong> Thononet <strong><strong>de</strong>s</strong>Alinges,on ne <strong>les</strong> veut contraindrequant<br />

à la foy.Ils pourrontaller au prêcheouà la messe(Minute<br />

orig.Teutsch-Spruch-Buch. Vol. GG,p. 297.Arch. <strong>de</strong>Berne).<br />

8 Farel faisait-ilallusionau man<strong>de</strong>ment<strong>de</strong> Thy, où <strong>les</strong>Genevoislaissaientsubsisterla<br />

messe(Voy.N°546)?


52<br />

CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE.<br />

557<br />

CHRISTOPHEFABRI à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 7 mai 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> NeuchâteL<br />

1536<br />

SoaniAiRE.An moment où je prèchais, hier après midi, l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> bourgeois est entré<br />

<strong>dans</strong> le temple en criant « Méchantdiable, <strong><strong>de</strong>s</strong>cends <strong>de</strong> là !»Mon hôte l'a poursuivi<br />

et frappé du plat <strong>de</strong> son épée, mais sans lui faire <strong>de</strong> mal. Après le service,<br />

nous causions tranquillement <strong>de</strong>vant l'église avec l'abbé, quelques-uns <strong>de</strong> nos adversaires,<br />

etc. On allait emprisonner le coupable. Soudain le tocsin sonne; la<br />

ville entière est en armes. Les uns se jettent sur le Lieutenant, <strong>les</strong> autres sur moi,<br />

l'épée â la main, et ils m'eussent transpercé, si je n'avais pris la fuite à travers le<br />

temple et cherché mon refuge <strong>dans</strong> la maisondu Lieutenant, malgré une grêle <strong>de</strong><br />

pierres. Nous y sommesencore assiégés, mais nul <strong>de</strong> nous n'a été b<strong>les</strong>sé, grâce à<br />

Dieu. MM.<strong>de</strong> Berne ont été avertis <strong>de</strong> ce qui se passe; pour ma part, j'ai écrit an<br />

secrétaire d'État.<br />

Heri inter tertiam et quartam, cmciùnem nobis turbavit unus<br />

ex his civibus, clamans in templo « Diabole,inique Diabole, <strong><strong>de</strong>s</strong>cen<strong>de</strong><br />

illinc. » Stephanus, hospes noster, hune ad vestibulum templi<br />

sequutus, evaginato gladio semel impetiit ea gladiiparte quœ<br />

est plana, nec laesiteum. Ubi absolvissemus concionem, nihil erat<br />

(lissidü,sed mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tè omnes ante templuminvicem colloqtlebamur.<br />

Abbas2 verô Profectism rogavit, ut tantam in Christi evangelium<br />

vindicaret contumeliam. Quamobremhic turbatorem apprehensum<br />

<strong>de</strong>ducebat in carcerem: quod ubi resciverunt adversarü qui mecum<br />

colloqnebantnr, velut insani insilierunt in Prœfectumet alios,<br />

pulsatisque campanis (ut vocant Veffroy),omnia armis statim visa<br />

sunt plenissima. Pars illorum persequebatur illos, altéra verô in<br />

1 Le samedi6 mai.<br />

3L'abbé <strong>de</strong> la Jeunesse<strong>de</strong> Thonon,c'est-à-dire,Michel<strong>de</strong> Blonay,<br />

seigneur<strong>de</strong> St.-Paul(Voy.le N° 549,n. 10, et le N° 558,n. 9).


t 536 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 53<br />

me gladiis evaginatis irruebat, a<strong>de</strong>ô ut parum abfaerît quin me<br />

gladio perfo<strong>de</strong>rint, nisi Dominus miracnlosè me in fugam per templum<br />

convertisset; cumque in templo me sic proximè sectarentur,<br />

ego potins volans quàm currens, per medium adversariorum, ex<br />

altera latiori janua templi, ad domnm Prœfectisubitô velut raptns<br />

fui; cumque eô asque proseqnerentur me, ingressus (sic) in domnm,<br />

protinus tixor Prœfecti januam occlusit. Dli verô ensibus<br />

et pedibus eam aperire tentabant, projicientes undique lapi<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

Mirnm quoque quôd sic fngâ mihi consulens, lapidibus undique<br />

jactis nihil lasserontme.<br />

Alia, ob praecipitem horum digressnm, non licet scribere; tu ex<br />

illis partem disces. Quid super üs visum fuerit, accipe. Prœfectus<br />

legatum Bernam misit cum literis,quibus praecipuahujus tragœdiae<br />

enarrat, et quo modo in se classicum pnblicè sonnerint et mihi<br />

nondum liceat domo exire, quôd sic in necem meam conspirarint,<br />

et sic consultius vi<strong>de</strong>tur fratribus. Vale, salatata conjuge mea,<br />

quam tibi commendo, et omnibus, cum matertera et Sonerio. Thononi,<br />

7 Maii1536.<br />

TUUS CHRISTOPHORUSLIBERTETUS.<br />

Scripsi tragœdiam ad Gironum3,aut, absente illo, adGasparem*.<br />

(Inscriptio :) Chariss. fratri GulielmoFarello. Gebennis.<br />

558<br />

CHRISTOPHEFABRI à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 12 mai 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchàtel.<br />

Sommaibe. L'émeute récente me retient encore prisonnier chez le Lieutenant et me<br />

contraint, &regret, d'interrompre mes prédications; j'obéis en cela au conseil<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

3 Le secrétaire d'État bernois.<br />

4 GaspardMegan<strong>de</strong>r,qui,<strong>de</strong>puisla mort<strong>de</strong> BertholdHaïïer,survenue<br />

le 25 févrierprécé<strong>de</strong>nt,était le pasteur le plus influent<strong>de</strong> la ville <strong>de</strong><br />

Berne.


CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE.<br />

1536<br />

frères,qui voientque nos adversairessont indéciset fort inquiets.Nousespérons<br />

quenotre SaSIi arrivera bientôt. J'ai <strong>de</strong> nouveauinforméGiron, on,en son absence,Gaspard[Megan<strong>de</strong>r],<br />

<strong>de</strong> tontel'affaire;ma lettre, dont M. <strong>de</strong> MaxMyest le<br />

porteur,mentionne aussi ma prochaineconférenceavecle Cor<strong>de</strong>lier,et l'agression<br />

commisesur Denis[Lambert].<br />

Gérard[Pariât], l'abbé[<strong>de</strong>la Jeunesse] et moi,noussommesrésoluspoursuivre<br />

<strong>de</strong>vant la Justice <strong>les</strong> accusationsinjurieuseslancées contre nous par Éeharnûr,<br />

notre insolentennemi.SaluezSaunier,Fromentet ma famille.<br />

S. Novissimè tragœdiam illam, seu potiùs rebeUionem, quœ eo die<br />

qno hinc solvisti 1 accidit, ad te utcunqiie sciïpsimas, et ailhue domi<br />

Sitffectiis et ipse heremus, cam legatus Berna nondum redie-<br />

rit. Quamvis id fratribiis mnltis argumentis causa; nostite profuturum<br />

vi<strong>de</strong>atur, mihi tamen mo<strong>les</strong>tum est publicas contiones sic<br />

intermittere; sed cogor huic parère consilio, qaôd vi<strong>de</strong>ant adversarios<br />

hac occasione maximè anxios ac suspensos. Speramus prœfectum<br />

nostrum brevi ventnnim 2. Scripseram ad Gironum, aut, absente<br />

eo, ad Gasparem, sed raptim, quôd tahellarius non posset<br />

meas expectare literas si latiùs scripsissem; hodie verô per nobilem<br />

Massiliacum3, qui Bernant proficiscitiir, ad Gasparem scripsi totnm<br />

1 C'est-à-dire, le samedi 6 mai.<br />

Les huit baillis du nouveau territoire bernois furent élus le 13 mai<br />

1536 (Ruchat, IV, 51, 52). Celui <strong>de</strong> Thonon, Jean-Rodolphe Nàgueîi, ne<br />

put être installé qu'après le 19 du même mois (Voy. X° 560, n. 1).<br />

3 Michel <strong>de</strong> Blonay, seigneur <strong>de</strong> Maxitly, près d'Évian (ou <strong>de</strong> Machflly,<br />

près <strong>de</strong> Jussy ?). Fils <strong>de</strong> Jean-François <strong>de</strong> Blonay et <strong>de</strong> Cathérine<br />

<strong>de</strong> Munsingen, il avait épousé Louise <strong>de</strong> Bovéréa, dame du Crest et<br />

sœur <strong>de</strong> Jacques <strong>de</strong> Rovéréa, gouverneur d'Aigle (Communications <strong>de</strong><br />

MM. William <strong>de</strong> Blonay et Char<strong>les</strong> du Mont, à Lausanne. Voy. t. III,<br />

p. 405). C'était un ami <strong>de</strong> la tolérance religieuse. Le 21 février 1536, il<br />

écrivait du Crest au syndic Clau<strong>de</strong> Savoye à Genève c Ceux <strong>de</strong> Jussy<br />

font plusieurs folies et ne sont que <strong>de</strong>my dozainne qui facent cella, ne<br />

qui allent au sermon, et ne dict l'on poynt <strong>de</strong> messe. Pourquoy je<br />

vous prie que l'on advise <strong>de</strong> laysser dyre la messe à qui la voudra, ensenble<br />

le sermon. Et peu à peu l'on cognoystra la vérité. On lit<br />

encore <strong>dans</strong> sa lettre du 8 mai suivant, datée du Crest et adressée à MM.<br />

<strong>de</strong> Genève: «Les présens porteurs sont venus par <strong>de</strong>vers moy, disant que<br />

aucuns <strong>de</strong> leurs parans ont esté prins par vostre comman<strong>de</strong>ment, exerssant<br />

office <strong>de</strong> prestrise. Je vous prie que, combien que ce soyt acte <strong>de</strong><br />

scandalle, <strong>les</strong> veulliés laysser aller. pource que il ne sont ancores illu-<br />

minés <strong>de</strong> vérité évangèlique,jusques à ce que il playraz à Dieu la mètre<br />

en leurs cueurs.<br />

» (Mscrits originaux. Arch. <strong>de</strong> Genève.)


1536 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 55<br />

ex ordine negociom, item, <strong>de</strong> dispulatiane hic futura mm Fran~<br />

ciscano, si redierit adhaec <strong>de</strong> Dionisio 5 nonnihil attigi.<br />

Da operam ut testimoninm illad in Escharnerium nostrum 6 à<br />

Joanne Fabro z scriptis impetratnm ad nos mittas, quô Girardzsa g,<br />

([Hem in qnadragesima sua multis qni<strong>de</strong>m injuriis lacessivit, et abbas9,<br />

mihi adjuncti, hominem jure pariter aggrediamur, cùm capitis<br />

periculo se probaturum obtulerit, quôd falsa passim disseminem et<br />

omnes ubique seducam. Non erit parcendum tam contumelioso ac<br />

prœfracto hosti (juin jure hominem prosequamur, (piod pedibus et<br />

manibus -preestaiv cpii<strong>de</strong>m <strong>de</strong>crevi.<br />

V.ale. sakitato Sonerio, Fmmento cam reliquis fratribns et matei-<br />

tera ac. uxore mea. cujus gravitatis et langorïs (qnem forte in ejus<br />

animo esse <strong>de</strong>prehen<strong><strong>de</strong>s</strong>) rationem tu et matertera habeatis rogo.<br />

Hoxpes non polUritus est se pannum aut tibialia mihi allatunim;<br />

adraono tnim nt îd «riiret, aut, si sarcinas nostras receperitis t0.<br />

4 Clau<strong>de</strong> Brimi, cor<strong>de</strong>lier du couvent <strong>de</strong> Cluses, <strong>dans</strong> le Faucigny,<br />

était venu à Thonon, quelques semaines plus tôt, et il y avait prêché<br />


56 LE CONSEIL DE NEUCHATEL AU CONSEIL DE BERNE. 1536<br />

mitte per eum mea tibialia. Gratia Domini tecum!1 Te salutant<br />

omnes fratres. Thononii, 12 Maii1536.<br />

Tans Christophorus Ldbertinus.<br />

(Inscriptio:) Pio fratri Gulielmo Farello. Genevœ.<br />

559<br />

LE CONSEILDE NEUCHATELau Conseil <strong>de</strong> Berne.<br />

De Neuchâtel, 13 mai 1536.<br />

Inédite. Manuscritoriginal. Archives île Berne.<br />

Sommaire. Le Conseil <strong>de</strong> Neuchâtel dénonce à MM.<strong>de</strong> Berne <strong>les</strong> blasphèmes proféres<br />

par le maire du Locle.<br />

Magnificques,illustres et excellens Princes et Seigneurs, nostre<br />

amyable recommendation <strong>de</strong>vant mise,<br />

MagnificquesSeigneurs, puys naguères il nous est venus à notisse<br />

que le mayre du Locle1, qu'est <strong>de</strong> la Seigneurie<strong>de</strong> Vallengin,<br />

a dit et profféréz parol<strong>les</strong> exécrab<strong>les</strong> et horrib<strong>les</strong> tant contre la<br />

bonté <strong>de</strong> Nostre Seigneur, contre vostre noble Seigneurie, que<br />

contre nous, disans en ceste sorte et manière «Dieu ait <strong><strong>de</strong>s</strong>pit <strong>de</strong><br />

l'Évangille, et qui la tient et qui la maintient, car c'est une loy <strong>de</strong><br />

chien. Et qu'il ne bailleroit pas <strong>de</strong> Messieurs<strong>de</strong> Berne ne <strong>de</strong> Neufchastel,<br />

ung estr.. <strong>de</strong> chien. Et que Madame <strong>de</strong> Vallengin sçavoit<br />

aussi bien l'Évangille que eulx et <strong>de</strong> l'avantaige [1.davantage]. ><br />

Et pour ce que thieulx abominable blasphémateur est <strong>de</strong> vostre<br />

seigneurie 3, à cause du dict Vallengin.,vous en avons bien voulssus<br />

advertir, pour tant que nostre <strong>de</strong>bvoir y est. De quoy il vous<br />

1n se nommaitGhrittaumeBrant Voyezplusloinla lettre <strong><strong>de</strong>s</strong>Évangéliquesdu<br />

Locle.<br />

8 OtàUemette <strong>de</strong> Vergy,quiadministraitla seigneurie<strong>de</strong> Valangin,au<br />

nom<strong>de</strong> René<strong>de</strong> Chalant,sonpetit-fils.<br />

8<br />

C'est-à-dire,compris<strong>dans</strong> votrebourgeoisie.


1536 CHRISTOPHEFABRI A GUILLAUMEFAREL, A GENÈVE. S7<br />

playra nous man<strong>de</strong>r vostre bon vouloir, affin que, après en estres<br />

advertir, l'on y saiche sur ce mectre provision, comme sçaurez<br />

bien faire à l'ay<strong>de</strong> <strong>de</strong> Nostre Seigneur, luy priant vous avoir en sa<br />

saincte gar<strong>de</strong>. De ceste ville, ce xmmejour <strong>de</strong> May 1336.<br />

Vos humb<strong>les</strong> combourgeois LESQUATREMinistraclx,<br />

CONSEIL<br />

ETgommunaulteyDELAVILLEDENeufchastel.<br />

(Suscriplim :) A Magnificques.illustres et excellens Princes et<br />

Seigneurs, MessieursAdvoyer et Conseilz<strong>de</strong> Berne, noz très-honnoré<br />

Seigneurs et spéciaulx combourgeois.<br />

560<br />

CHRISTOPHE FABRI à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 24 mai 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaire. Le porteur est envoyé par <strong>les</strong> frères pour vous ramener ici. Les commissaires<br />

bernois ont lu l'enquête sur la <strong>de</strong>rnière émeute, et ils ont décidé qu'à leur<br />

retour du Valais, ils feraient incarcérer tous <strong>les</strong> coupab<strong>les</strong>. Je leur ai signalé et je<br />

leur signalerai encore <strong>les</strong> abus divers qui retar<strong>de</strong>nt <strong>les</strong> progrès <strong>de</strong> l'Évangile. Leur<br />

intemion est <strong>de</strong> nous réserver l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> temp<strong>les</strong>, et j'espère que nous obtiendrons<br />

celui <strong>de</strong> St.-Hypolite. L'église <strong><strong>de</strong>s</strong> Augustins servirait au culte <strong>de</strong> l'abomination,<br />

jusqu'au moment ou ces moines, déjà disposés à jeter le froc, y supprimeraient<br />

eux-mêmesl'idolâtrie.<br />

La dispute publique qui doit se tenir ici le 3 ou le 5 juin n'a pas été désapprouvée<br />

par <strong>les</strong> commissaires malheureusement ils n'étaient pas au courant <strong>de</strong> l'affaire,<br />

bien que nous eussions chargé Gaspard [Megan<strong>de</strong>r] d'en aviser nos Seigneurs et<br />

<strong>de</strong> faire prévenir tous nos prêtres et moines. Il n'est point venu <strong>de</strong> réponse. Si le<br />

Bailli a <strong><strong>de</strong>s</strong> ordres, nous nous entendrons sur <strong>les</strong> détails d'exécution, et la Dispute<br />

aura lieu, lors même que le cor<strong>de</strong>lier [Clau<strong>de</strong> Bnmi[ n'y viendrait pas.<br />

Le SaSU est plein <strong>de</strong> zèle, et <strong>les</strong> châtiments ont produit leur effet sur la population,<br />

qui assiste au sermon toujours plus nombreuse. Venez au plus tût, le retour<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> commissairesétant prochain.<br />

S. Alteras heri scripsimus, quibus apertè omnia tibi significare<br />

non au<strong>de</strong>bam, quôd eas tabellario non satis tuto traditurus essem,


58<br />

CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1536<br />

(lui tamen me insalutato abiit. Quamobrem hic fi<strong>de</strong>lis (rater, consiliofralrum<br />

te adit, tecum hue redifttrus, si licet. Causas apertè dicam.<br />

Legati 1 perlegerunt articulos et probatianes postremœ rebelliouis<br />

2, ubi umnes praîcipui Evangeliî hostes nominatint rei osten-<br />

(luntnr: quos Domini, ubi à Va<strong>les</strong>ianis hue retlierint, paeitîcè ac-<br />

cersentes, in carceres eonjecturi sunt, vel inoptnato: sed hœc ne<br />

liuic qui<strong>de</strong>m ant alü referas, nam seeretô mihi crédita sunl. In car-<br />

ceribusjutlitiuni sibi condignnm expeetabunt 5. Jam vLnclL sunt<br />

nonnulli eorum qui classieum pulsarunl. Cœterùm.


1536 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 89<br />

ex ordine id scripserimus6, nt Domini mature consolèrent et con-<br />

silium simm nobis significarent, quô praemonerentar rosi nostri<br />

et monacki, tam ex urbanis qaam msticis, eoram quae tractanda<br />

essent, ne quid tan<strong>de</strong>m ignorantiaB praetexerent. Verùm nihil ab<br />

eo responsionem obtinuimus. Legati si concesserint, et Prœfecto<br />

curam bujus f ei commiserint, dispiciemas unà qao modo sit pergendum;<br />

etiam si C?lG'~ada0 7 nnnquam apparuerit, nill~ominas dis-<br />

putabitur. Prœfectus se omnia curaturnm mihi pollicitos est qua*<br />

in promotionem Evangelii facere vi<strong>de</strong>bontar. Mirum quàm subitô<br />

fera* verberibas ac timore eicurescunt si sic perjrant, omnes fere<br />

ad contionem cmiflitent.<br />

Hic tafellarius poterit meam vestem et tibialia seeum adferre.<br />

Si ((nos liaheas commenlarios in Lucam, rnittito. aut Buceritm me-<br />

nm et Paraphrases 8, si liceat. Faber 3 te saltilat; jam <strong>de</strong> eo allocu-<br />

tus sum Dominos, sed in redilnm 10 oblato catalojro omnium ville-<br />

tbimus exitum. Salatant vos omnes hi fratres. Saluta uxorem<br />

meam, Oltietanum11, Sonerium. Frumentnm. malerteram et eo-<br />

rum uxores 12. mm Retitio et ejns umve. Vale. Thononi. 24 Maii<br />

1S3H.<br />

Tuus Christophorus LIBERTETUS.<br />

Veni citô, si venturus es I3, nam rediit famitlus Prœfecti, dicens<br />

Dominos priùs venturos lluàm cre<strong>de</strong>bamus.<br />

(Inscriptio :)<br />

Suo Galielmo Farello. fient»va.».<br />

s Ces <strong>de</strong>ux lettres <strong>de</strong> Farel et <strong>de</strong> Fabri, adressées à Gaspard Megan<strong>de</strong>r,<br />

n'ont pas été conservées.<br />

Clau<strong>de</strong> Bruni, Cor<strong>de</strong>lier du couvent <strong>de</strong> Cluses.<br />

8 Probablement <strong>les</strong> Enarrationes <strong>de</strong> Bucer sur <strong>les</strong> IV Évangi<strong>les</strong>, et<br />

<strong>les</strong> Paraphrases du X. T. par Érasme.<br />

9 Jean Favre, mentionné <strong>dans</strong> la lettre <strong>de</strong> Fabri du 12 mai.<br />

10<br />

C'est-à-dire, lorsque <strong>les</strong> députés bernois reviendront du Valais.<br />

11 Pierre-Bobert Olivétan, récemment arrivé à Genève (Voy. X° 558,<br />

renvoi <strong>de</strong> note 5), avait-il passé aux Vallées vaudoiscs le temps qui s'était<br />

écoulé <strong>de</strong>puis son départ <strong>de</strong> Neuchâtel (juin ou juillet 1535. Voyez le<br />

N° 507, n. 20, à comparer avec le N° 527, n. 3-4)? Les documents contemporains<br />

se taisent là-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus. On peut seulement conjecturer, non sans<br />

quelque vraisemblance, que, pendant la captivité à1 AntoineSaunier à<br />

Pignerol et à Turin (N°« 528, 529, 543), Olivétan s'efforça <strong>de</strong> continuer<br />

chez <strong>les</strong> Vaudois l'œuvre d'évangélisation qu'il y avait commencée en<br />

1532.<br />

18Fabri veut parler <strong>de</strong> la femme <strong>de</strong> Saunier et <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> Froment.<br />

t Olivétan n'était pas marié.<br />

13 Farel répondit aussitôt à cet appel et vint passer un jour à Thonon


60 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENEVE. 1536<br />

561<br />

CHRISTOPHE FABRIà Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 27 mai 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommazbk. Depuisvotredépart,nousavonsobtenule temple<strong>de</strong> St.-Hypolite, grâce<br />

d la décisionunanimeduConseil.Maiscommele Baillis'absenterapour<strong>de</strong>uxsemaines,vous<strong>de</strong>vriezenvoyerd<br />

ThononSaunier,Froment,ouHenri[<strong>de</strong>la Mare],<br />

pendantquej'irais&Genèvemeprocurerl'édit <strong><strong>de</strong>s</strong>tinéd convoquer tons<strong>les</strong> prétres<br />

du Chablaispourlejour<strong>de</strong> la Dispute.Je voudraisqu'elleeut lieuplustard,<br />

etqu'el<strong>les</strong>etint dLausanne.<br />

S. A discessu tiio, traditum est nobis Hypoliti templum, idque ex<br />

consensu totitis Consilii. Sed cum audiverim Prœfectiim quin<strong>de</strong>cim<br />

diebus abfuturum, nec licuit eum super dispiitatione 1 convenire,<br />

ut haberem mandatum quo mature juberentur rasi hujusce ditionia<br />

se ad eam praeparare, nec déesse, optimum fuerit ut Sonerium<br />

hue impellas ad aliquot dies, quibus istic id nêgocii et alia quae<br />

nosti curem, et mandatum referam quo jubeantur omnes rasi dis-<br />

le 25 ou le 26 mai (Voy. la lettre du 27 mai). n apportait <strong>de</strong> Genève<br />

d'heureuses nouvel<strong>les</strong> Le lundi 21 mai, le premier syndic,Clau<strong>de</strong> Savoye,<br />

avait <strong>de</strong>mandé aux citoyens réunis en Conseilgénéral, « Si très-tous veulent<br />

pas vivre selon l'Évangile et la Parole <strong>de</strong> Dieu, ainsi que <strong>de</strong>mpuis<br />

l'abolition <strong><strong>de</strong>s</strong> messes nous est estée preschée. sans plus aspirer, ni<br />

vouloirmesses,images,ido<strong>les</strong>,ni autres abusionspapa<strong>les</strong>, quel<strong>les</strong>qu'el<strong>les</strong><br />

soient? Sur quoi, csans point d'autre voix que une mesme, »<strong>les</strong> citoyens<br />

avaient répondu, en levant la main, et à Dieu promis et juré: cTrès-tous<br />

unanimément, à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu, volons vivre en cette sainte loi évangélique.<br />

et vivreen union et obéissance<strong>de</strong> Justice.»Puis, à l'unanimité également,<br />

il avait été résolu, que l'on tâcherait d'avoir un hommesavantpour<br />

le Collège;qu'il serait bien payé, et que tous <strong>les</strong> parents seraient tenus<br />

d'envoyerleurs enfantsà l'école (Voy.le Registre du 19et du 21mai1536).<br />

1 La dispute qui <strong>de</strong>vait avoir lieu le 3 ou le 5 juin entre Fabri et<br />

Clau<strong>de</strong>Bruni, moinecor<strong>de</strong>lier.


1536 [LE SYNODEd'yverdon] AU CONSEILDE berne. 61<br />

putationibus a<strong><strong>de</strong>s</strong>se in diem qui vi<strong>de</strong>bitur fllis magis aptas Cuperem<br />

enim produci diem, qua ipse Prœfectits admet, aut tan<strong>de</strong>m curaremus<br />

Lausannam transfereridas 3. Si Sonerius recusarit, aut<br />

commodè id agere non possit (quamvis id maximè cupiam), mittito<br />

ant Fnimentum aut Henricum* quàm mox fieri poterit. Vale,<br />

salutatis illis cum omnibus aliis. Tononii, 27 Maii 1536.<br />

Tuus Christophorus Libertetus.<br />

(Inscriptio :) Suo Gulielmo Farello. Gebennis.<br />

562<br />

[LE SYNODE d'yverdon •] au Conseil <strong>de</strong> Berne.<br />

(D'Yverdon, 8 juin 1536.) i<br />

Inédite. Manuscrit original. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

Sommaire.Rôle<strong><strong>de</strong>s</strong>Ministresélnspour<strong>les</strong>paroissesnouvellement réformées <strong>dans</strong>le<br />

bailliageil'Yverdon.Requêtesdu Syno<strong>de</strong>concernant l'édi; <strong>de</strong> Réformation, <strong>les</strong><br />

3 Les commissairesbernois, qui étaient revenus du Valais en passant<br />

par Thonon (Voy.la fin du N° 560),se trouvaient alors à Genève(N° 560,<br />

n. 1). C'est pour cela que Fabri désirait y aller, afin le solliciter <strong>de</strong> leur<br />

part un édit qui aurait invité tous <strong>les</strong> prêtres du Chablaisà se rendre à<br />

Thonon, pour le jour <strong>de</strong> la dispute projetée.<br />

3 Clau<strong>de</strong>Bruni n'ayant point comparu au jour fixé, <strong>les</strong> prêtres du<br />

bailliage <strong>de</strong> Thonon prièrent Gérard Pariât <strong>de</strong> défendresa cause; mais<br />

celui-ci refusa <strong>de</strong> soutenir une doctrine c contraire 1l'Écriture sainte. »<br />

Ils <strong>de</strong>mandèrent au Bailli un nouveau terme, pour appeler <strong><strong>de</strong>s</strong> gens savants<br />

personne ne se présenta, et la dispute n'eut pas lieu (Voy.<strong>les</strong><br />

Actes manuscrits <strong>de</strong> la Dispute <strong>de</strong> Lausanne, fol. 45-46. Bibl. <strong>de</strong> Berne.<br />

Ruchat, IV, 171, 172, 202).<br />

4 Henri <strong>de</strong> la Mare, natif <strong>de</strong> Rouen, collègue <strong>de</strong> Farel. D'après le<br />

Journal du notaire Messiez, il serait arrivé à Genève<strong>dans</strong> <strong>les</strong> premiers<br />

mois <strong>de</strong> l'année 1536 (Voy. Mém. et Doc. <strong>de</strong> la Soc. d'Hist. <strong>de</strong> Genève,<br />

IX, 26). n prêchait souvent <strong>dans</strong> <strong>les</strong> villages du territoire genevois,et<br />

même <strong>dans</strong> ceux du Chablais.<br />

1 Le manuscrit original porte cette note, qui est <strong>de</strong> la main du chancelier<br />

bernois « Iver<strong>de</strong>n Sinodus.»<br />

t On lit <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Mémoires<strong>de</strong> Pierrefleur, p. 159: c Le Jeudy 8 <strong>de</strong>


62<br />

[le SYNODE d'yverdon] AU CONSEIL DE berne. 1536<br />

églises <strong>de</strong> la principauté <strong>de</strong> Valangin,le défiadresséà Jean le Orus par


1536<br />

[LE SYNODE d'yverdon] AU CONSEIL DE BERNE. 63<br />

prope Moratum, Hubertum Gmrotum Chavoumay, Bayoie, Courcel<strong>les</strong>,<br />

Joannem Sculiferum*; Espen<strong><strong>de</strong>s</strong>, Joannem Marlellum9; Li-<br />

gnerol<strong>les</strong> et Les Clefz Io, Joannem Paterium Cronay, Andream<br />

Pignolium 12; ecc<strong>les</strong>isB <strong>de</strong> Grecy, M. Jacobum 13,Iverdunensem Lu-<br />

dimagistntm; ecc<strong>les</strong>iîB Sancti-Ursini, Stephanum Galalinum1*.<br />

Placeat Magnificis Dominis omnibus his provi<strong>de</strong>re (le victu.<br />

Articiili mper quifrus<br />

monendi mut Domini Bernâtes.<br />

Petit Ecc<strong>les</strong>ia ut Domini digneuliu* mittere ordinalionem ah ip-<br />

sis factam super reformatioae ecc<strong>les</strong>iarum. et jnbere eam m prœfectura<br />

Iverdunensi promulgari 15.<br />

Item, petit Dominant à Valengino ab eis cornmoiielieri, nt provi<strong>de</strong>at<br />

ministris illius loci el lerritorii <strong>de</strong> victu tc.<br />

[tem, cum in loco dicto Vecé (à Vevé ") sit quidam vulgô dictus<br />

Croix, et le 30 avril, il avait été examiné et admis an ministère par Jean<br />

Lecomte, Gaspard Megan<strong>de</strong>r et Jean RheWcan (Voy. <strong>les</strong> extraits du<br />

Journal <strong>de</strong> Lecomte <strong>dans</strong> Crottet. op. cit. p. 277, 278. Ruchat, IV,<br />

143, 144).<br />

8 La paroisse confiée à Hubert Garrot se nomme aujourd'hui Constantine.<br />

L'Escuyer est le nom français qui répond au latin Scutifer. C'était<br />

peut-être le surnom <strong>de</strong> Jean Tissot, ancien Cor<strong>de</strong>lier <strong>de</strong> Grandson. Banni<br />

<strong>de</strong> cette ville, avec son confrère Biaise Gondot, parce qu'il avait quitté<br />

l'habit


64 [LE SYNODE d'YVERDON] AU CONSEIL DE BERNE. 1536<br />

«le révérend » qui provocavit Joannem à Grtie, ministrum in<br />

ditione Aquileiensi, ad singularem et publicam disputationem sapèr<br />

quibusdam etiam ab illo traditis articulis, placeat Dominis<br />

super hac provocatione pro^f<strong>de</strong>re, ne apud infirmos scandalum<br />

oriatur19.<br />

Item, omnesfratres uno cansensu censuerunt Claudium Glandinœum,<br />

qui nunc prœfectits est Cmtldrefin,ministerio Verbiindignum20,<br />

ob multas et graves caussas, praesertim: I. Quia multa<br />

loca, ut fertur, muneribus ambivit. et absque facultate Ecc<strong>les</strong>iaj.<br />

II. Proprias oves reliquit absque pastore, cum promisisset Domino<br />

Caspari, gregem suum absque ministro, priusquamaliè conce<strong>de</strong>ret<br />

(quod tamen non fecit), non relictnrnm. III. Item, quia contempsit,<br />

ab hinc quinquennium, congregationes fratrum, colloquia,admonitiones<br />

et censuras, neque visus est in aliquo emendatus, imô pejor<br />

effectus.IV. Item, notatur ab eis<strong>de</strong>m fratribus avaritiâ, inhospitalitate<br />

et maxime erga fratres. V. Item, cauponariam exercet, quod<br />

maxime Verbi ministrum <strong>de</strong><strong>de</strong>cet, ubi fovet blasphemos, ebriosos,<br />

etc. VI. Item, litigiosus est et percussor, qui publicè, cum<br />

magno scandalo populi, alium fratrem Verbi ministrum21invasit.<br />

VII. Item, maledicus est et compertus ordinarius mendax, tam in<br />

accusando quàm in excusando22.<br />

Item, rogat Ecc<strong>les</strong>ia,ut sua auctoritate agant DominiBernenses<br />

cum Abbate<strong>de</strong> Bellelay23 et Caiionicis MonasleriiGrandisvallisM,<br />

18Jean Michod,curé <strong>de</strong> la ville<strong>de</strong> Vevey#tdoyenrural. Il avait entendu<br />

<strong>les</strong>leçonsdudocteurPierreCaroli,ait collége<strong>de</strong> Cambray,à Paris<br />

(Voy.Ruchat,IV, 238. Le Chroniqueur,p. 325).<br />

19n ne parait pas queMM.<strong>de</strong> Bernesesoientoccupésdu défiadressé<br />

par «le Révérend<strong>de</strong> Vevey à Jean le Gnts, régent <strong>de</strong> l'écoled'Aigle.<br />

Mais,commele dit Ruchat,IV, 172, «divers acci<strong>de</strong>nts<strong>de</strong> cettenature,<br />

quiarrivaientsouvent<strong>dans</strong>le Pays<strong>de</strong> Vaud,<strong>dans</strong> la baronnie<strong>de</strong> Gexet<br />

<strong>dans</strong>le Chablais,firentjuger aux seigneurs<strong>de</strong> Berne,qu'il seraità propos<br />

d'ordonnerune disputepubliqueet libre<strong>de</strong> religion.»<br />

90 Clau<strong>de</strong><strong>de</strong> Glantinis,ancienpasteur duterritoire<strong>de</strong> Bienne(Voy.le<br />

t. m, p. 255,276),était <strong>de</strong>puisquelquesmoisseulementà Oudrefin,petitevil<strong>les</strong>ituée<strong>dans</strong>le<br />

Vully,surla riveméridionaledulac <strong>de</strong>Neuchâtel,<br />

et dont <strong>les</strong> Bernoisavaient pris possessionle 23janvier1536(Voy.Ruchat,<br />

IV, 16).<br />

31 Alexandrele Bel (Voy.la lettre <strong>de</strong> Farel du 21 oct. 1539).<br />

22 Voyezle tomem, p. 255,276.<br />

23 Jean Cognat,on Gognat,<strong>de</strong> Bellefonds,élu vers le milieu<strong>de</strong>juillet<br />

1530(E. vonMûlinen.Helvetiasacra, I, 207). Il était collateur<strong>de</strong> l'église<br />

<strong>de</strong> Tavannes,<strong>dans</strong>le Jura bernois.


1536- LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL D'AVENCHES. 65<br />

sic provi<strong>de</strong>re ministris, ut non cogantur locum <strong><strong>de</strong>s</strong>erere, propter<br />

penuriam victûs 25.<br />

563<br />

LE CONSEILDE BERNEau Conseil d'Avenches.<br />

De Berne, 19 juin 1536.<br />

Minute originale. Arch. <strong>de</strong> Berne. Le Chroniqueur, Recueil histor.<br />

et Journal <strong>de</strong> l'Helvétie roman<strong>de</strong>, par L. Vulliemin, p. 295.<br />

Sommaire. Le gouvernement bernois s'indigne <strong>de</strong> ce que le banneret d'Avenches a été<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>titué, pour avoir <strong>de</strong>mandé un prédicant, a et il rappelle aux magistrats <strong>de</strong><br />

cette ville que leur souverain est à Berne et non a Fribourg.<br />

L'Advoyer et Conseil <strong>de</strong> Berne, nostre salut! Nob<strong>les</strong>,chiers et<br />

féanlx, nous summps advertis <strong><strong>de</strong>s</strong> innovations cpie,ces jours passés,<br />

avés faictes en déposant vostre ban<strong>de</strong>ret et envoyans vostre<br />

ambassa<strong>de</strong> à Fryàourg2 <strong>de</strong> quov avons très-grand regraict,<br />

qu'estes sy présnmptueux. Aceste cause est nostre vouloir et exprès<br />

comman<strong>de</strong>ment, que incontinant remettes le dict Ban<strong>de</strong>reten,<br />

son office,sy ne Pavés pour aidtre raison déposé, sinon pour ce<br />

qu'ilz a <strong><strong>de</strong>s</strong>mandé ttng prédieant3, et vous dépourtéz cy-aprés<br />

<strong>de</strong> tieul<strong>les</strong> présumptions, en tant que <strong><strong>de</strong>s</strong>irrés d'éviter nostre intlignation.<br />

Paredliement, quant vous soutiendront aulcunes choses<br />

sur <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> aurés hesoing <strong>de</strong> bons advis, ne vous recourrir<br />

24-86Le Chapitre<strong>de</strong> jj&»lUers-Grrandvàl, <strong>dans</strong>la Prévôté.n seraitfastidieux<strong>de</strong><br />

résumerici <strong>les</strong> différendsquiexistaienttoujoursentre <strong>les</strong>Réformés<strong>de</strong><br />

Moûtiers-Grandval et <strong>les</strong> chanoines.Onpeut consultersur ce<br />

sujet le t. II, p. 359. Ruchat, m, 74, 96, 98, 99, 198, 221, 394;<br />

IV, 101.<br />

1 Onlit à la marge


66<br />

LES ÉVANGÉUQUES DU LOCLE AU CONSEIL DE BERNE.<br />

1536<br />

à aultres que à nous, vous Q.vos] Seigneurs et Supérieurs. Vous<br />

advertissans que <strong>les</strong> particuliers entre vous que <strong><strong>de</strong>s</strong>mènent tieul<strong>les</strong><br />

pratiques, en tieulle sourte chasteieront Q. châtierons], que <strong>les</strong><br />

aultres y prendront exemple, et cella en brieff. Datum xix Junii<br />

1536.<br />

564<br />

LES évangéliques DU LOCLEau Conseil <strong>de</strong> Berne.<br />

Du Locle (vers la tin <strong>de</strong> juin 1536 ').<br />

Manuscritoriginal. Archives «le Berne. Inipr. en partie<br />

clansle Chroniqueur, p. 29(i.<br />

Sommaire. LesÉvangéliques duLoc!evomiraient savoircomment ils doiventprocé<strong>de</strong>r,pourobtenirla<strong><strong>de</strong>s</strong>titntion<br />

îleleurmaire,>\mblasphème contrel'Évangile.<br />

Très-honoréz, niagnifirques et puissans Seigneurs Nous, voz<br />

pauvres et humb<strong>les</strong> serviteurs, tenantsle partij <strong>de</strong> l'Évangilleau<br />

Laucle, humblement vous supplions avoir regard et entièrement<br />

pourveoir sur <strong>les</strong> affairescy-après déclairéz, pour <strong>les</strong> persécutions<br />

tant du passé, comme encore* ce pouroient faireau tempsadvenir<br />

par ung nommé Guillaume Brunt, mayre du dit Loucle,qui <strong>de</strong><br />

présent est détenu par vous mes dits Seigneurs, à cause <strong>de</strong> ce<br />

qu'il parle gran<strong>de</strong>ment, vitupérablemenl et déshonnorablement<br />

contre tous ceulx qui tiennent la part du Sainct-Évangttle comme<br />

il a esté vérifié, et que luy-mesmes l'a ouvertement et publiquement<br />

confessé par <strong>de</strong>vant Monsieur <strong>de</strong> Coulomltiers3, vostre ambassa<strong>de</strong>ur,<br />

et Messieurs<strong>de</strong> la justice du dit Loucle.<br />

Dont nous <strong>les</strong> tesmoings, qui avons entendu icel<strong>les</strong> parol<strong>les</strong>,<br />

avons gran<strong>de</strong> craincte <strong>de</strong> cestuy homme pour le temps advenir,<br />

1 Voyez,pourla fixation<strong>de</strong> la date, <strong>les</strong>notes3, 4et 6.<br />

Voyezla lettre <strong><strong>de</strong>s</strong> Neuchâieloisdu 13 mai(N°559).<br />

3 Jean-Jacques<strong>de</strong> Wàttecitle,avoyer<strong>de</strong> Berneet seigneur<strong>de</strong> Colombier.<br />

Sur une nouvellelettre <strong><strong>de</strong>s</strong> Nenchâtelois.datée du 2 juin 1536<br />

(Mscr.orig. Arch. bernoises),MM.<strong>de</strong> Bernel'avaientchargé<strong>de</strong> poursuivrele<br />

mairedu Loclepar <strong>de</strong>vantla Justicedu ditlieu.


1536 LES ÉVANGÉLIQUES DU LOCLE AU CONSEIL DE BERNE. 67<br />

sinon que par vostre grâce y soit pourven, en faisant <strong>les</strong>-remonstrances<br />

à Ma Dame,pour le <strong>de</strong>pposer <strong>de</strong> son office <strong>de</strong> mayre, à<br />

celle fin qu'il ne nous ait à persécuter car il est homme fin et<br />

plain <strong>de</strong> cautelle pour reprandre <strong>les</strong> paouvres gentz et <strong>les</strong> persécuter,<br />

comme il a faict par cy-davant contre la Parolle <strong>de</strong> Dieu<br />

Par quoy, nous <strong>les</strong> dits voz paouvres humb<strong>les</strong> serviteurs nous<br />

nous recommandons à voz bonnes grâces, humblement vous suppliant<br />

nous donner par conseil, en la meilleuresorte qui se pourra<br />

faire selon Dieu et raison, comment nous <strong>de</strong>bveronsfaire contre<br />

cestuy mayre,à cause que <strong>de</strong> présent entendons qu'il a parlé contre<br />

ceulx qui tiennent la part <strong>de</strong> l'Évangille, et qu'il est prins par<br />

vostre Justice5. Semblablement, tous ceulx qui portent la Parole<br />

<strong>de</strong> Dieu, touchant l'office qu'il a d'estre mayre vouldroient bien<br />

qu'il[s] en eussent ung autre, s'il se pouvoit faire; car nous entendons<br />

que, s'il y en avoit. ungautre, ce seroit ung grant bien pour<br />

l'avancement <strong>de</strong> l'Évangille, et une gran<strong>de</strong> paix, et nous semble<br />

que nous seroit à gros repoz. Par quoy, prions qu'il soit remonstré<br />

a Ma Dame, en la meilleure sorte qu'il se pourroit faire. Priant<br />

nostre Seigneur Dieu qui vous doiënt p. donne] à parfayre selon<br />

sa saincte Parolle, et vous priant en après nous avoir pour recomman<strong>de</strong>z<br />

en noz persécutions, et mesmement nous pardonner et»<br />

[que] tant nous osons vous prier et requérir, ensemble toutes noz<br />

aultres faultes que pourrions avoir faictes, le temps passé, contiv<br />

la Parolle <strong>de</strong> Dieu.<br />

Les vostres humb<strong>les</strong> frères et serviteurs<br />

PIERRE Mailliakdz, Jehan ROBERT, Courthenin PERREL<br />

DU L.OUCLE. ET TOCS AMATEURS DE l'ÉvANGILLE.<br />

4 Guillemette<strong>de</strong> Vergy,Dame<strong>de</strong> Valangin,écrivaitaux Bernois,le<br />

21juin 1536 «Monmeyredu Loc<strong>les</strong>'en vectpart <strong>de</strong>vantvous,pourl'affèrequeMonsieur<strong>de</strong>Cottwnbier<br />

se donneà provéz,quele dictmeyreavoyt<br />

dict certeynnesparol<strong>les</strong> tant contreDieu, que vousaultres [Il] m'a<br />

juré et promisqu'ifl] n'en parlitjamays,et quecen'est queunemalvoliencequ'onluy<br />

a imposéz. Ces parensluy ont conseilliéce mettre à<br />

vostre miséricor<strong>de</strong> .nia plus<strong>de</strong> vi annéesque plusieursluyvenlient<br />

mal, et sont estés après pour le <strong><strong>de</strong>s</strong>chasser<strong>de</strong> sonoffice,pource qu'il<br />

mantient<strong>les</strong>droys<strong>de</strong>ma sigrriorie. » (Mscr.orig. Arch. bern.)On peut<br />

voirt. H, p. 284,lignes1-9,ce que la dame<strong>de</strong> Valanginentendaitpar<br />

ces<strong>de</strong>rnièresparo<strong>les</strong>.<br />

6 Si le mairedu Loc<strong>les</strong>ubitla prisonlors<strong>de</strong> sonarrivéeà Berne,ce<br />

futpour quelquesheuresseulement(Voy.le Manuel<strong>de</strong> Bernedu 24juia.<br />

1536).


68 CHARLES-QUINT AU CONSEIL DE LAUSANNE. t 536<br />

565<br />

chak<strong>les</strong>-quint au Conseil<strong>de</strong> Lausanne.<br />

De Savigliano*, 5 juillet 1536.<br />

Manuscrit original. Arch. <strong>de</strong> Lausanne. Ruchat, IV, o04.<br />

Sommaire.L'EmpereurdéfendauxLausannois<strong>de</strong> tenir une dispute <strong>de</strong>religion.Toutes<br />

<strong>les</strong> innovationsreligieusesdoiventêtre abolies,et <strong>les</strong> chosesremisesen leur<br />

premierétatjusqu'à la réuniondu Concile.<br />

CAROLUS,divina favente clementia Roinanorum Imperator Aujrustus,<br />

etc.<br />

Honorabi<strong>les</strong>, fidé<strong>les</strong>, dilecti! Intelleximus in ista Civitate nostra<br />

[mperiali, ubi inter caetera ecc<strong>les</strong>iastica aidificia Cathedralis Ecc<strong>les</strong>ia,<br />

à nostris Prce<strong>de</strong>cessoribus dotata, et sub nostra protectione<br />

existit, fieri innovationes in Religionis et ti<strong>de</strong>i nostrm causa, et inter<br />

caetera imtitutam esse certain disputationem breoi isthic fiendam<br />

saper eo<strong>de</strong>m negotio 2. Quai omnia nobis eô magis sunt adversa,<br />

((uôd ea in prœjudicium Ediclmim nostrorum [mperiaiïum (quibus<br />

omnes innovationes usque ad futurum Concilium, jam nostro stu-<br />

(Ho et apud Beatitudinem Summi Pontificis intercessione indictura.<br />

1 Ville du Piémont, où l'Empereur était arrivé le 23 juin, et d'où il<br />

partit peu <strong>de</strong> temps après, pour porter la guerre en Provence (Voy. <strong>les</strong><br />

Papiers d'État du cardinal <strong>de</strong> Granvelle, t. II, p. 467).<br />

2 Ce fut seulement le 16 juillet que <strong>les</strong> Conseils <strong>de</strong> Berne publièrent<br />

le décret instituant, pour le 1er octobre suivant, une dispute <strong>de</strong> religion à<br />

Lausanne (Voy. Ruchat, IV, 500-503). Mais <strong>de</strong>puis quelque temps déjà<br />

l'on attendait cette décision, et l'Empereur avait pu en recevoir la nouvelle<br />

par Sébastien <strong>de</strong> Monifaucon, évêque <strong>de</strong> Lausanne. Ce prélat, qui<br />

s'était probablement réfugié à Fribowg, semble avoir quitté la Suisse<br />

vers la fin du mois <strong>de</strong> juin 1536. On possè<strong>de</strong>, en effet, la minute du saufconduit<br />

qui lui fut accordé, sur sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, par MM. <strong>de</strong> Berne, le 13 mai,<br />

pour venir se justifier <strong>de</strong>vant eux. Les Fribourgeois essayèrent vainement,<br />

le 12 juin, <strong>de</strong> le faire renouveler pour trois semaines (Arch. bernoises.<br />

Teutsch Spruch-Bnch, vol. GG, p. 300. Manuel <strong>de</strong> Berne aux dates<br />

précitées).


1536 ES-QUINT AU CONSEIL DE LAUSANNE. 69<br />

et ad futurum mensem Maii inchoandam 3, cessare et snspensas<br />

esse voluimus) attentari vi<strong>de</strong>amus. Et proin<strong>de</strong> vos requirimus se-<br />

riô mandantes, at dictam disputationem, ut praefertur, institatam,<br />

nec non omnes alias innovationes in negotio fi<strong>de</strong>i et religionis<br />

nostrœ attentatas, ilico annalletis, aboleatis, et omnia innovata in<br />

pristinnm restituatis, caasamque ad futanun Concilinm, utiprsefertur,<br />

celebrandam, remittatis contrarium nullo pacto facere prae-<br />

sumentes, seu fieri permittentes 5, vosque ita obedienter geratîs.<br />

ut nobis <strong>de</strong> vestra erga nos et sacrum Imperium observantia et<br />

officio plané persua<strong>de</strong>mus. Datum Saviliani, die quinto Jnlii, anno<br />

Domini M. D. XXXVI, Imperii nostri XVI».<br />

c<br />

CAROLUS.<br />

V. Held. Ad mandatum Caesaiese et Catholica*<br />

Majestatis proprium<br />

Obernburger.<br />

(Inscriptio :) Honorabilibus nostris et Imperii sacri fi<strong>de</strong>libus, dilectis,<br />

N.[obilibus] Burgiraagistio, Consiliartis et Communitati Im-<br />

perialis «ostiu* Civitatis LusanruB simul et separatim.<br />

3 La bulle du pape Paul III publiée le 2 juin précé<strong>de</strong>nt convoquait le.<br />

Concileà Mantoue pour le 7 mai 1537.<br />

1 La présente lettre, reçue à Lausanne le 17 juillet, fut communiquée<br />

en latin et en français aux Conseils <strong>de</strong> cette ville, le 23. c Fuit conclusum<br />

per major»m partem assistentium (dit le Manuel lausannois), <strong>de</strong>here<br />

benè vivere in pace et bono amore, et quôd nullae insolentiae<br />

neque innovationes liant, sed <strong>de</strong>bere expectare Concilium tenendum. »<br />

5 Les magistrats lausannois n'avaient pas ici <strong>de</strong> permission à refuser.<br />

Ils essayèrent, mais inutilement, <strong>de</strong> dissua<strong>de</strong>r leurs nouveaux maîtres <strong>de</strong><br />

donner suite à la Dispute (Voy Ruchat, IV, 177). MM. <strong>de</strong> Berne, qui<br />

reçurent aussi, le 27 juillet, une lettre <strong>de</strong> l'Empereur, s'autorisèrent<br />

pour résister à ses ordres, <strong><strong>de</strong>s</strong> arguments qu'ils avaient déjà fait valoir<br />

en 1528 (Voy. t. n, p. 100, note 7) et récemment encore, à propos <strong>de</strong> la<br />

réformation <strong>de</strong> Genève c Touchant ce que l'on leur pourroyt objecter<br />

(écrivaient-ils, le 23 févr. 1536) l'innovation <strong><strong>de</strong>s</strong> cérémonieset reîligion<br />

déans Genève, [<strong>les</strong> Conseils <strong>de</strong> Berne] supplient la Majesté Impériale trèshumblement<br />

<strong>de</strong> réduisre en bénigne mémoyre la clémence, bénign vouloyr<br />

et faveur que [à] aultres vil<strong>les</strong> franche*, <strong>de</strong> semblable religion, la dicte<br />

Majesté ha toujours démonstré. Dont espèrent Messieurs [que] la bonne<br />

affection <strong>de</strong> la M. I. sera telle envers la ctié impériale <strong>de</strong> Genève,laquelle,<br />

du consentement <strong>de</strong> Messieurs, ne sera jamais séparée du Sainct-Empire.<br />

duquel mes dicta Seigneurs sont aussy membres. » (Minute orig. Arch.<br />

<strong>de</strong> Berne. Voy. aussi le Manuel du Conseil <strong>de</strong> Berne au 2-1juin et au<br />

27 juillet 1536. Le Chroniqueur, p. 249, 250, 305, 306).


70<br />

LE CONSEIL DE BALE A FRANÇOIS I. 153&<br />

566<br />

LE CONSEIL DE BALE à François I.<br />

De Bâle, 8 juillet 1536».<br />

Inédite. Minuteoriginale. Archives <strong>de</strong> Bàle.<br />

Sommaire. La clémence dit Roi envers ses sujets fugitifs pour la religion a produit,<br />

<strong>dans</strong> tons <strong>les</strong> États allemands, une joie, une reconnaissance d'autant plus vive.<br />

•[n'ils ont pn apprécier la moralité et la piéte <strong><strong>de</strong>s</strong> Français réfugiés, et constater<br />

que leur religion est parfaitement d'accord avec celle <strong>de</strong> l'Allemagne réformée.<br />

Mais le bienfait octroyé par le Roi à ses sujets ne sera complet et durable, quelorsque<br />

toute personne accusée d'hérésie, et prêt' à rendre compte <strong>de</strong> sa foi,<br />

pourra librement se défendre en alléguant la seule autorité compétente en ces<br />

matières, c'est-à-dire, la Parole <strong>de</strong> Dieu. Une règle plus excellente existerait-elle,<br />

quand il s'agit <strong>de</strong> ramener &sa pureté la doctrine chrétienne ?<br />

Le <strong>de</strong>voir d'intercé<strong>de</strong>r pour <strong>les</strong> victimes <strong>de</strong> la persécution pharisaîque incombait<br />

nécessairement a ceux qui ont la même foi, le même divin Chef que <strong>les</strong> opprimés.<br />

La requête étant juste, autorisée par <strong>les</strong> lois divines et humaines, on peut espérer<br />

qu'elle sera accueillie avec bienveillance.<br />

Potentissimo atque ChristiaiiissimoPtïncipi Francisco,régi Francorum,<br />

etc., omnimodam fœlicitatem precantur. obsequiumque<br />

suum addicunt.<br />

1 Les circonstances qui déterminèrent la rédaction <strong>de</strong> cette pièce nous<br />

sont révélées par la lettre du Conseil <strong>de</strong> Baie à ses alliés <strong>de</strong> Berne et <strong>de</strong><br />

Zurich datée du 9 juillet 1536, et dont voici le résumé c Les <strong>de</strong>ux Fran-<br />

çais qui vous remettront la présente sont venus à nous, pour nous prier<br />

d'intercé<strong>de</strong>r humblement par écrit auprès du Roi, afin qu'il allége le sort<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Chrétiens persécutés ou exilés du royaume <strong>de</strong> France, à cause <strong>de</strong> l'É-<br />

vangile. Nous avons, à l'exemple <strong>de</strong> nos bons voisins <strong>de</strong> Strasbourg, agréé<br />

cette <strong>de</strong>manda, comme vous le verrez par la copie <strong>de</strong> notre requête, que<br />

<strong>les</strong> susdits messagers ont entre <strong>les</strong> mains. Veuillez, <strong>de</strong> votre côté, écrire<br />

au Roi, et <strong>de</strong> telle sorte que <strong>les</strong> porteurs <strong>de</strong> la présente puissent être as-<br />

surés <strong>de</strong> votre bon vouloir envers <strong>les</strong> affligés (Manuscrit orig. Arch. <strong>de</strong><br />

Zurich. Trad. <strong>de</strong> l'allemand).


1536 tE CONSEIL DE bAI.E V FRANÇOISI. 71<br />

Cum nihil, hoc qui<strong>de</strong>m toto nostro steeulo, Francisce, inclitissi-<br />

ma gloria Rex, ipsà Majestatis Vestiae gloriâ et Christianissimi re-<br />

gis titulo magis dignum inci<strong>de</strong>re potueiit, quàm cùm divino<br />

consilio factum est, at clementià vestrà (digua memorata res!)<br />

uno sanctissimoque edicto, velut eœ<strong>les</strong>ti voce, tantum exulmn,<br />

tantum profugorum, tantnm pt-osciiptorum, taDtnm vinctorum<br />

captivorumque sibi rebusque ac fortunis suis omnibus, subito<br />

liberalissimé, per Majestatem Vestram restitueretur, elementissimè<br />

servaretur 2, temperare nobis non potuimus, quin com<br />

reliquis Gennaniœ nostrœ3 Rebuspul/licis publicè lœticiœ signiticationem<br />

certam prasberemus et huic pientissimo Vestrœ Ma-<br />

jestatis consilio, manibus in cœlum sublatis, gratularemur. Id-<br />

que tanto studiosiùs procliviùsque, c(aanlo hii qui, Gallia passim<br />

flammis œstuante ad nos ragerunt, cum viros se bonos, nominis-<br />

I(ne et gloria; M. V. studiosisshnos, ac pro M. V. patriaîque salute<br />

mori paralos esse haud obscure <strong>de</strong>dararent, etiam in ipsa reli-<br />

gione sic nobiscum convenère. ut ne tantillum ipii<strong>de</strong>m ab instituta<br />

Christi doctrina tliscreparent. Qnôd igitur eos oiros, quos non<br />

ejiciendos Regno. sed ex omnibus requis conquirendos esse, eliam<br />

Celsitudinis Vestrce piismnum <strong>de</strong>crelum docet, in gratiam, potentissime<br />

Rex Francisce. calumniatorum arle doloque misère circum-<br />

ventos. recepistis (sic) Domino Deo patri nostro in cœlis. per<br />

1 Allusion à l'édit que François 1 avait publié le 31 mai 1536, en faveur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Évangéliques <strong>de</strong> ses États, et qui était dû « à la prière <strong>de</strong> MM. <strong>de</strong><br />

Berne » (Voy. la lettre du Roi datée du 20 févr. 1537). D'après le Chroniqueur<br />

<strong>de</strong> Louis Vullierain, p. 289-290, <strong>les</strong> Bernois auraient fait cette démarche<br />

auprès du Roi à l'occasion du supplice <strong>de</strong> Martin Gonin à Grenoble<br />

(26 avril 2536), et ils auraient été appuyés par Zurich, Bâte et<br />

Strasbourg, ce qui nous parait moins probable (Voyez la note 1).<br />

L'édit <strong>de</strong> Coucy (16 juillet 1535) exceptait <strong>de</strong> l'amnistie <strong>les</strong> Sacramentaires<br />

et relaps. « Le Roy adverty que cette exception faisoit peur à plusieurs,<br />

donna autres Lettres <strong>de</strong> plus ample grâce, au mois <strong>de</strong> May 1536,<br />

par <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> il pardonna à tous Hérétiques accusez et emprisonnéz, et<br />

condamnéz par contumace, sans excepier <strong>les</strong> Sacramentaires mj relaps,<br />

pourveu qu'ils viennent abjurer <strong>de</strong><strong>dans</strong> six mois > (Voy. l'Hist. <strong>de</strong><br />

l'exécution <strong>de</strong> Cabrières et <strong>de</strong> Mérindol. Paris, 1645, p. 20.) Une traduction<br />

latine <strong>de</strong> cet édit, daté <strong>de</strong> Lyon, est conservée aux Archives <strong>de</strong> Zurich.<br />

3 La dénomination <strong>de</strong> Germania s appliquait alors à tous <strong>les</strong> <strong>pays</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>langue</strong> alleman<strong>de</strong>.<br />

Voyez, sur <strong>les</strong> cruel<strong>les</strong> persécutions <strong>de</strong> 1534 et 1535, <strong>les</strong> X°*485,<br />

488, 492, 498, 499.


72 LE CONSEIL DE BALE A FRANÇOIS I. 1536<br />

filium ipsius Christum, gratias, pro ista GelsitudinisVestraegratia,<br />

maximas anime pectoreque toto habemus.<br />

Hancmentis nostraegratnlationem, cum coram Deo, rege regum,<br />

et vos Q.vobis], Principe potentissimo, testati simus, etiam hocsuplices<br />

obtestariCelsitudinem Vestramnon verebinmr: Ut benefitium<br />

quod animo, Rex potentissime, sempiterna memoria dignum concepistis,<br />

integram solidumque esse patiamini effitiaminique; ut<br />

quisquis, hœreseostemeratœquereligianis apud CelsitiidinemSuam<br />

acaimtiis, red<strong>de</strong>re fi<strong>de</strong>isuœ rationem paratus est. et ex ipsa Scriptura.<br />

puroque doctrinœ Cfiristifaute, id ipmm facere,fas tutumqiie<br />

sit; utque jaclitium <strong>de</strong> vero Deiculta et animorum salute, nullo<br />

aliojudice quàm summa Verbi Dei solius authoritate, peragatur,<br />

ac ut nullius hominis temeritas, in exitium cajusqiie ^.hristumprincipem<br />

rectà sequi volentis, M.V. principe clementissiiuo, grassari,<br />

et, sub incorruptis Verbi Dei testibus testimoniisque. perire pius<br />

quisque [I. nullus] possit. Denique una Christi simplex veritas, in<br />

hac tota religionis causa, Celsitudine Veslra mo<strong>de</strong>raute. valeat.<br />

HaecM.V., potentissime in terris regum, per omnipotentem regem<br />

Deumque Christum, cui omnia genua curvari uecesse est.<br />

suplices Immilimeque, per inclitamgloriam maximi et aniplissimi<br />

nominis Vestri, rogamus. Ac un<strong>de</strong>, Rex Francisce polentisstaie,<br />

vitœ doctrinœque Christianœratio, sicuhi vitiata est, iniri. quàm<br />

ex conditoin hocrelictoqueab ipso nobis testamento, sanguine ipsim<br />

confinnato,débet? Eqiti<strong>de</strong>m, quôd hoc ita rogamus, quodque<br />

piorum hominum causam, dolis improborum circumventam, apud<br />

inclitam M. V. suscipimus, necessariô, Rex inclite Francisée, fieri<br />

putandum est Alieni nonsumus, i<strong>de</strong>ntsanguis, ea<strong>de</strong>mcaro est, et<br />

qaos impius istic Phariseorum cœtus proscribit, hii i<strong>de</strong>mnobiscum<br />

caput Christum,eun<strong>de</strong>in Christi spiritum, ean<strong>de</strong>m exortivamVerbi<br />

Dei veritatem, eun<strong>de</strong>m <strong>de</strong>nique vos regem potentissimum patronum<br />

ac dominiim nobiscum, clientes ac cives vestri habent.<br />

Quôd si nihii aliud, quàm ([uodjus et fas divinumhumanumque<br />

postulant, rogamus,quodque gloriosissimonomini vestro conciliare<br />

gratiam apud omnes gentes pias sempiternam potest, speramus<br />

hanc postulationem nostram requissimo animo CelsitudinemVestram<br />

laturam<br />

s La requête adresséean Roi par <strong>les</strong> magistrats <strong>de</strong> Strasbourg,et<br />

datée du 3 juillet, développaitdéjà <strong>les</strong> mêmesidées. Très-modérée<strong>de</strong>.<br />

forme,maisun peutrop verbeuse,elleavaitdu moinsle mérite<strong>de</strong> réclamer<br />

ouvertementl'abandon <strong>de</strong> Vabjurationimposéepar l'édit(Voy.note


1536 LE CONSEIL DE BALE A FRANÇOIS I. 7:t<br />

Sic Majestatem Vestram Dominus Christus, christianae reipablicie<br />

<strong>de</strong>fensorem christianissimum, servet! Basile», vm Jalii, anno<br />

Domini M.D.XXXVI6.<br />

Serenissimœ M. V. studiosissimi<br />

Consul ET Senatus Basiliensis.<br />

(Inscriptio :) Potentissimo atque Christianissiaio Principi Fnuicisco.<br />

Régi Francité, Domino nostro observanilissimo.<br />

2), et elle s'exprimait ainsi sur ce point capital « Jubentur omnes qui<br />

erroris accusati vel etiam suspecti tantùm sunt et notati, profiteri apud<br />

Diœcesanos se pœnitere omnium quse prius fecerunt et dixerant contraveniendo<br />

sanctae fi<strong>de</strong>i, suaque ipsorum facta et dicta abjurare. Jam<br />

plurimi nullorum sibi conscii sunt dictortun ant factorum contra sanctam<br />

fi<strong>de</strong>m, legem Catholicam, Ecc<strong>les</strong>iam sanctam ejnsque constitutiones<br />

et traditiones. Proin<strong>de</strong>, nullâ bonâ conscientiâ talhun dictorum factoramque<br />

pœnitentiam protiteri, illave abjurare *>ossunt Supplicamus M. V.<br />

ut neque quisquam contra conscientiam suam, et in irrecuperabile<br />

damnum nominis et status sui, infamare semetipsnm cogatur ejus mali<br />

quo nullum est atrocius haereseos scilicet et factionis contra Ecc<strong>les</strong>iam<br />

Dei .» (Copie contempor. Arch. <strong>de</strong> Zurich.) La requête que le<br />

Conseil <strong>de</strong> Strasbourg adressa à la reine <strong>de</strong> Navarre est également datée<br />

dn 3 juillet.<br />

6 L'envoi <strong>de</strong> cette lettre eut lieu environ trois semaines plus tard. Le<br />

Conseil <strong>de</strong> Baie écrivait, en effet, à celui <strong>de</strong> Berne, le 23 juillet « Nous<br />

sommes disposés, ainsi que vous, à envoyer une ambassa<strong>de</strong> à la Majesté<br />

Royale, en faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> Chrétiens français persécutés. Mais, comme nous<br />

ne connaissons pas encore vos intentions, ni cel<strong>les</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Strasbourgeois et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> princes <strong>de</strong> Wurtemberg et <strong>de</strong> Hesse, au sujet <strong>de</strong> l'envoi ou <strong>de</strong> l'entretien<br />

<strong>de</strong> ces députés, nous vous communiquons notre avis, qui serait d'expédier<br />

simplement nos lettres, en même temps que cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Zurich et dp<br />

Strasbourg, par le moyen <strong><strong>de</strong>s</strong> postillons du Sr <strong>de</strong> Porrige [1. Boisrigault].<br />

Nous pourrions ainsi avoir une donnée exacte sur l'accueil que ferait [plus<br />

tard] le Roi aux requêtes verba<strong>les</strong> <strong>de</strong> nos députés !» (Minuteorig. Arcb.<br />

<strong>de</strong> Bâle. Trad. <strong>de</strong> l'allemand.) Cet ans prévalut. La lettre <strong>de</strong> Berne au<br />

Roi, datée du 26 juillet, fut remise & l'ambassa<strong>de</strong>ur français à la diète<br />

<strong>de</strong> Ba<strong>de</strong>n, qui se tint à la fin du même mois (Voy. le Manuel du Conseil.<br />

<strong>de</strong> Berne au 26 juillet 1536. Le Chroniqueur <strong>de</strong> L. Vulliemin, p. 309).<br />

Les lettres <strong><strong>de</strong>s</strong> trois autres Vil<strong>les</strong> furent envoyées à la même époque, et<br />

l'ambassa<strong>de</strong> projetée ne partit que le 15 janvier 1537.


74 LE CONSEIL DE GENÈVE A GUILLAUME FAREL. 1536<br />

567<br />

LE CONSEIL DE GENÈVE à Guillaume Farel.<br />

De Genève, 10 juillet (1536).<br />

Inédite. Minute originale. Arch. «le Genève.<br />

Sommaire.Les magistratsgenevoisprient instammentFarel <strong>de</strong> revenir à Oeniue<br />

et d'écrire à Viret,pour l'enaa»er à y prolonger son séjour.<br />

Ad Guillelmmu Farelluni.<br />

Très-chier frère, nous nous recommandons bien a vous. Hier<br />

veny[tj vers nous Maistre Pierre Virel nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r congée,<br />

pour s'en aller par <strong>de</strong>là, et nous dict beaucoup <strong>de</strong> choses <strong>de</strong> la nec~<br />

cessité que en avés por <strong>de</strong>là t. Nous, loutettois, pour la neccessité<br />

qu'est encore icy plus grosse nue là, ne luy volumes cela permet-<br />

1 Farel était encore à Genève le 27 mai (Voy. le N° 561). Depuis ce<br />

moment-là, jusqu'au 10 juillet, on n'a pas d'antre témoignage relatif à<br />

sa personne que celui <strong>de</strong> Pierrefleur, qui affirme qu'il assista au syno<strong>de</strong><br />

tenu à Yverdon le 8 juin (N° 562, n. 2). Il s'agissait alors d'établir la<br />

Réforme <strong>dans</strong> toutes <strong>les</strong> paroisses du bailliage d'Yverdon et <strong>de</strong> <strong>les</strong> pourvoir<br />

<strong>de</strong> pasteurs. C'était une œuvre <strong>de</strong> longue haleine, et qui incombait<br />

naturellement a Farel. En outre, on peut supposer que le Réformateur<br />

était retenu <strong>dans</strong> le Pays <strong>de</strong> Vaud par d'autres soins encore MM. <strong>de</strong><br />

Berne durent sans doute le consulter plus d'une fois au sujet <strong>de</strong> la prochaine<br />

Dispute <strong>de</strong> Religion, dont il composa <strong>les</strong> Thèses. El<strong>les</strong> furent publiées<br />

avec le Manifeste bernois du 16 juillet.<br />

Quant à Pierre Viret, il se trouvait déjà le mardi 13 juin à Genève(Voy.<br />

le N° 569, n. 3). Mais nous ne pensons pas qu'il ait remplacé Farel <strong>dans</strong><br />

cette ville pendant tout le temps que celui-ci en fut absent. On lit, en<br />

«ffet, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> comptes du boursier <strong>de</strong> Lausanne « Libravi pro expensis<br />

factis per magistrum Petrum Viret, predicatorem, in domo Johannis Pomectaz,<br />

à die 23 Martii 1535 [1536, nouv. style], usque sexta die menais<br />

Jullii 1536, in argento, incluso 7 cupas frumenti 43 lib. » (Communication<br />

<strong>de</strong> d. Ernest Chavannes.)


1536<br />

LE CONSEIL DE CrXÈVE A GUILLAUME FAREL.<br />

tre, mais l'avons priéz [que] il <strong>de</strong>meure 2. Vous prions affectue[u]sement<br />

que luy enrescripvés, et que, en cmisidératim <strong><strong>de</strong>s</strong> passons<br />

par snpoM, Italiens et aultres, et aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> foëb<strong>les</strong> et <strong>de</strong><br />

ceulx que ron peult <strong>de</strong> jour en jour gaigner à Nostre Seigneur<br />

(ont entendés la neccessitémieulxque ne vous sçaurions escripre).<br />

vous reven[i]és <strong>de</strong> par <strong>de</strong>çà 3. Aultrement plustoust lairrés déso-<br />

lation et désordre que confort. Nous vous prions encore une bonne<br />

foy, pour l'honneur <strong>de</strong> Dieu, que ne faillés <strong>de</strong> venir. prians le<br />

Créateur il vous doênt bonne vie. De Genève, c:e dix <strong>de</strong> Juillet<br />

( 13365).<br />

[Les Sindicques et Conseil DEGenève.]<br />

Viret paraît avoir déféré a cette invitation, car il était présent à la<br />

première entrevue <strong>de</strong> Calvin et <strong>de</strong> Farel, qui eut lieu à Genève, quelques<br />

jours plus tard (Voyez le X° 568, n. 3).<br />

3 Farel était à Genève le 21 juillet. Le passage suivant du Registre<br />

nous autorise même à supposer qu'il y revint quelques jours plus tôt<br />

< Super exortatione Faretti, fuit resolutnm quôd petantur Joh. Balard.<br />

Joh. Lud. Ramel et simi<strong>les</strong>, qui récusant venire auditum Verbum Domini.<br />

Et fiat eis mandatum. vadant auditum Verbum Domini aut dicant causam<br />

quare non; et si secùs fecerint, cogantur » (Registre du juillet 1536).<br />

Conseil du 21<br />

1 Les magistrats genevois ne se doutaient guère <strong>de</strong> l'importance du<br />

service qu'ils allaient rendre à toutes <strong>les</strong> églises réformées, en pressant<br />

si vivement leretour <strong>de</strong> Farel à Genève. Si le Réformateur se fût attardé<br />

trop longtemps <strong>dans</strong> le Pays <strong>de</strong> Vaud, c le passant qui se nommait<br />

Calvin aurait probablement poursuivi sa route. Mais heureusement Farel<br />

put dire plus tard, à son sujet « Le Seigneur soit bénit et loué que, <strong>de</strong><br />

sa grâce, là oie je n'y avoie jamais pensé, [1TJme ra fait rencontrer, et.<br />

contre ce qu'il avoit délibéré, l'a fait arrester à Genève (Lettre du<br />

(>juin 1564.) Voyez aussi l'ouvrage intitulé


76<br />

LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE GENÈVE.<br />

568<br />

LE CONSEIL DE berne an Conseil <strong>de</strong> Genève.<br />

De Berne. 11 juillet 1536.<br />

Inédite. Manuscrit original. Arch. <strong>de</strong> Genève.<br />

1536<br />

•sommaire.Berne recomman<strong>de</strong>à Genève«n ijenlUAmivme exilé <strong>de</strong> France pour la<br />

cause<strong>de</strong> l'Évangile.<br />

Nob<strong>les</strong>, magnifficques Seigneurs, singuliers amys et trés-chiers<br />

rombourgeoys<br />

Noble homme le fils <strong>de</strong> feuz général Morelet nous a donné d'en-<br />

tendre comme il aisse certains alTayres par <strong>de</strong>là, tant en vostre<br />

ville que ailleurs, pour aulxquieulx mectre ordre, ilz s'en va par<br />

<strong>de</strong>vers vous, nous requérans luy oultroyer lettres <strong>de</strong> faveurs à<br />

vous 2. Et, pource que sûmes tant à cause <strong>de</strong> ce qu'il est favorisant<br />

au Saincl Évangile, dont à celle cause a esté <strong><strong>de</strong>s</strong>chassé <strong>de</strong><br />

France, que aultres services par luy et <strong>les</strong> siens à nous <strong><strong>de</strong>s</strong>montrés<br />

enclins luy pourter faveur et ay<strong>de</strong> en toutes choses licites,<br />

et que croyons nous lettres envers vous ne luy seront nuisantes,<br />

1 Celui <strong><strong>de</strong>s</strong> tils du général Morelet dont il s'agit ici est ce Mor<strong>de</strong>t du<br />

Museau, seigneur <strong>de</strong> Marcheferrière, dont nous avons publié trois lettres<br />

<strong>dans</strong> le tome précé<strong>de</strong>nt (Non475, 476, 478).<br />

2 Le Conseil <strong>de</strong> Bâle avait également remis au Sr <strong>de</strong> Marcheferrière<br />

une lettre adressée aux Syndics <strong>de</strong> Genève, et qui renferme <strong>les</strong> passages<br />

suivants c Nobilis ac doctus vir Moréletus Maurus, dvis noster, prsesentium<br />

exhibitor, nonnulla suarum rerum Vestris Humanitatibus exponenda<br />

habet, quemadmodum à se ipso accipietis; prœterea, nos Vestris Humanitatibus<br />

ipsum commendare dignaremur precibus adiit. Quum itaque<br />

viro perquàm pio, probo atque honesto, morem gerere omnino parati simus,<br />

V. H adhort:\mur, prœfattim Moreletum, nostri causa, commendatum<br />

habere, suaque proponenda œquis auribus et audire et exaudire<br />

velitis Datae Basileae in Senatu nostro, prima die Julii k.d.xxxvi »<br />

(Minute orig. Arch. <strong>de</strong> Bâle).


v<br />

1536<br />

LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE GENÈVE. 77<br />

vous prions <strong>de</strong> bon cueur I'avoyr, en tout ce dont serés par luy<br />

requis pour rameur <strong>de</strong> nous, en la millieur sorte pour recommandé,<br />

le tenir seur partout rière vous, et le traicté <strong>de</strong> sorte qu'il<br />

nous puisse louer, icestes luy avoyr estées propices. Et vous nous<br />

ferés singulier playsir <strong>de</strong> bon vouloyr àrecongnoistre,aydantDieu,<br />

auquel prions vous maintenir en sa grâce. Datum xia Julii 1536 $.<br />

L'ADVOYERET Conseilz DEBERNE.<br />

(SusctiptioH :) Aux Nob<strong>les</strong>, magniftiques Seigneurs Sindicques<br />

et Conseilz <strong>de</strong> Genève, nous singuliers amys et trés-cbiers oom-<br />

hourgeois.<br />

3 Onlit <strong>dans</strong> le Registre du Conseil <strong>de</strong> Genève au dimanche 16 juillet<br />

153G « Xob.Morellet, Gallus, presentat missivas D. Bernatum et Basiliensium<br />

commendaticias et advisum <strong><strong>de</strong>s</strong>uper, quôd sibi <strong>de</strong>bitos favores praestemns.<br />

Sindicus Porral, privato nomine scribit à Monsr <strong>de</strong> Bommont,<br />

pro habenda clave domûs pro dicto Morellet. »<br />

Ces détails, rapprochés <strong>de</strong> la lettre précé<strong>de</strong>nte et <strong>de</strong> la Vie <strong>de</strong> Calvin<br />

par Théodore <strong>de</strong> Bèze, peuvent servir à démontrer que le Réformateur<br />

n'arriva pas à Genève le 5 juillet 1536, comme l'a conjecturé un historien<br />

récent, mais après le 16, puisque ce fut seulement <strong>dans</strong> la secon<strong>de</strong> moitié<br />

•le juillet qu'il put y rencontrer Farel et Morelet. Bèze s'exprime, en ef-<br />

fet, comme il suit < De Basle Calvin, avec son compagnon [Louis du<br />

Tiïkt] vint en Italie [avril 1536. Voy. N° 545, n 2], et <strong>de</strong>meurèrent quelque<br />

temps à Ferrare. D'Italie ils revindrent <strong>de</strong> rechef à Basle. Or<br />

quelque temps après, <strong>de</strong> Basle il s'en alla en France, et son dit compagnon<br />

s'en vint à Neufchastel et à Genève. Mais Calvin, après avoir donné<br />

quelque ordre à ses affaires [à Nbyon], se voulant <strong>de</strong>rechef retirer à Basle<br />

et à Strasbourg, print avec soy son frère Antoine. et, pource qu'à cause<br />

(<strong>les</strong> guerres le droit chemin estoit fermé, s'en vint passer. par ceste<br />

ville <strong>de</strong> Genève. Il ne prétendoit rien moins que d'y faire sa <strong>de</strong>meure,<br />

mais seulement d'y passer, sans se donner autrement à cognoistre. Toutesfois<br />

celuy. qui luy avoit tenu compagnie à Basle et en Italie, tit qu'il<br />

fut cognu; car il s'estoit lors retiré à Genève, comme aussi y estait <strong>de</strong>meurant<br />

monsieurMortel, qui <strong>de</strong>puis a esté ambassa<strong>de</strong>ur du Roy vers <strong>les</strong> ligues<br />

[suisses] ayant tousjours souvenance <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>meure ancienne en la ville<br />

<strong>de</strong> Genève, tellement que jamais il ne passoit par Lausanne et Genève,<br />

qu'il ne voulu8t voir Calvin et Viret, et <strong>de</strong>viser avec eux » (Vie <strong>française</strong><br />

<strong>de</strong> Caloin par Bèze, 1565, fol. b.i-b.ii.) La Vie latine <strong>de</strong> Calvin<br />

(1575) dit en outre expressément, qu'étant arrivé à Genève, il alla faire<br />

une visite à Farci et à Viret. (Voy. aussi Albert Rilliet. Lettre à M. Merle<br />

d'Aubigné sur <strong>de</strong>ux points obscurs <strong>de</strong> la Vie <strong>de</strong> Calvin. Genève, 1864,<br />

p. 20-36.)


78 CONRADPELLICANAJEANFRIESS,ABALE. 1536<br />

569<br />

CONRADPELLiCAtfà Jean Friess à Baie.<br />

(De Zurich), 13 juillet 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Zurich.<br />

Sommaire.Sur la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>d'AntoineSaunier, Pellican proposeà son beau-frèn»<br />

Jean Friess la place <strong>de</strong> principal <strong>de</strong> l'École<strong>de</strong> Gendre.ConradOesner,qui ambitionnaitcetteplace,<br />

n'a pasobtenu<strong>de</strong> ses superieursla permission .le l'accepter.<br />

Avantagesdiversqui résulteraient,pourFriess,d'nn séjoura Genève.<br />

Réflexionsqu'inspire à Pellicanla triste nouvelle<strong>de</strong> la mortd'Érasme<strong>de</strong> B>


1536 CONRAD PELLICAN A JEAN FRIESS, A BALE. 79<br />

qaempiam, sive axoratum, sive liberam hominem, Latine et Graecé<br />

doctum, qui prœsit ipsorum scholœ3. Volait conditionem susce-<br />

pisse Conradus Gesnents*, sed non est permissus ab ecc<strong>les</strong>iœ<br />

nostrae et collegii mo<strong>de</strong>ratoribus 5.<br />

Tibi ergo rem hanc patefacio. rogatu ejus<strong>de</strong>m Antonii: ipii tibi,<br />

si velis amplecti munus scholam mo<strong>de</strong>randi. honestissimum victum<br />

et oportnnam liabitationem 6. et insuper duo<strong>de</strong>viginti coronatos<br />

per annum [pollicetur], impensas traoque itineris ad Gebennam,<br />

iibi habiturus sis amicos pios. rloctos et humanos compares, nbi<br />

H prolicere possis ad comoditatem raajorem in ernditione et cen-<br />

su. Mihi is status. dum mine melior non offertur. non vi<strong>de</strong>tur ah-<br />

negandus. quem et pro metiore posses rommutare. Regio est<br />

optima et admodum v ici ni oportuna (inter alia. vina) et civitasamœnissiimi<br />

fiosthac majore puce fruitura. mule f/woftV/«> nnncii ad<br />

3 On lit <strong>dans</strong> le Registre <strong>de</strong> Genève, an 19 mai 1536 « L'Ordinaire<br />

[Conseil] est d'advis <strong>de</strong> donner cent escus d'or an soleil, par an, à Maitre<br />

Antoine Saulnicr, [pour] qu'il veuille tenir <strong>les</strong> Esco<strong>les</strong> et <strong>de</strong>ux baclieliers,<br />

pour bien instruire <strong>les</strong> entans. » et. au 13 juin suivant c Ant. Saulnier,<br />

associatus P. Viret, intrat. Petit sibi <strong>de</strong>clarari sicuti volumus agere<br />

cum eo <strong>de</strong> scholis. Fnit advisum quôd. tam pro eo, quàm duobus subalterne,<br />

pro omni merce<strong>de</strong> et expensis sit suuia sa/arium annuum <strong>de</strong><br />

«rentumsentis auri .» Ce n'était donc pas un principal, mais un bachelier<br />

{sous-maitre), que Saunier cherchait iLse procurer il Zurich.<br />

Conrad Gesner, que nous avons laissé à Strasbourg en décembre<br />

1534 (N° 488), était bientôt après revenu à Zurich. TIavait du accepter,<br />

au collége <strong>de</strong> cette ville, une place très-inférieure, et il s'était marié (mars<br />

1535), malgré ses dix-neuf ans. Plusieurs <strong>de</strong> ses amis déploraient sa position<br />

précaire. On lit <strong>dans</strong> la lettre <strong>de</strong> Myconius à Bullinger du 16 juin<br />

1536: c Unum. velim perpendas quàm malè agatis. quôd Gesneri<br />

ingeniuin sic perdi sinitis in ludo literario. Tale namque est, ut profectô<br />

admirer. Et admirantur omnes qui norunt docti .» Olscr. orig. Arch.<br />

<strong>de</strong> Zurich.)<br />

6 Quelques jours avant l'arrivée <strong>de</strong> Saunier à Zurich, Gesner écrivait<br />

à Myconius « Fata olim, spero, meliora dabunt. Non quôd spes apud<br />

Canonieo8nostros sit, ingratissimos homimun, sed apnd bonos viros, ubicunque<br />

illi gentium sunt. Omnis enim terra mihi patria erit, quoeunque me<br />

fortnna <strong>de</strong>tulerit Bullingerus, quod invitus fateor, illiberali in nos<br />

animo est, et, si quando in consessu nostra causa agatur, adversariam<br />

euin magis quàm patronum habemus. Tum ego Ztànglium nostrum suspiro »<br />

(Lettre du 3 juillet 1536. Mscr. orig. Bibl. <strong>de</strong> St.-Gall).<br />

• C'est-à-dire. l'ancien couvent <strong><strong>de</strong>s</strong> Cor<strong>de</strong>liers <strong>de</strong> Rive, à Genève (Voy.<br />

N» 555, n. 4).<br />

T<br />

Voyez, <strong>dans</strong> la Notice sur le Collége <strong>de</strong> Rive, par E.-A. Bétant,<br />

1866, la Description <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Genève publiée en 1538.


80<br />

CONRAD PELL1CAN A JEAN FR1ESS, A BALE. 1536<br />

omnes partes Europœ et ad nos. Gallica tibi lingua illic frugi tibi<br />

erit 8, et spes ad meliora offertur.<br />

Dum hœc scribo, nunchis è Basilea literas tuas offert <strong>de</strong> morte<br />

Erasnti Roterodami lugubri'3 cujus tamen animum et alloquia re-<br />

tinemas lu, et vivant audimas docentem feliciùs quàm superstitem<br />

8 De 1533 à 1535, Jean Friess avait fait <strong>de</strong> grands efforts pour acquérir<br />

la connaissance <strong>de</strong> la <strong>langue</strong> <strong>française</strong>, et c'était en partie <strong>dans</strong> ce<br />

but, qu'il avait prolongé son séjour à Paris, malgré la persécution religieuse<br />

(Voyez J. Hanhart, op. cit. p. 29, 39, 40). Il s'occupait sans doute<br />

en 1536 <strong>de</strong> préparer l'édition alleman<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'ouvrage <strong>de</strong> Mathurin Cordier<br />

intitulé < De corrupti sermonis emendatione, ouvrage renfermant <strong>de</strong><br />

nombreux exemp<strong>les</strong> en français. L'édition alleman<strong>de</strong> donnée par Friess<br />

parut à Bâle en 1537.<br />

9 De Fribourg en Brisgau, où il avait séjourné <strong>de</strong>puis le mois d'avril<br />

1529, Érasme était revenu à Bâle vers le milieu <strong>de</strong> juillet 1535 (Voy.<br />

Zasü Epp. p. 242). Il y mourut <strong>dans</strong> la nuit du 11 au 12 juillet 1536,<br />

âgé <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> soixante et dix ans. L'un <strong>de</strong> ses amis <strong>de</strong> Bâle disait, en<br />

parlant <strong>de</strong> la mort d'Érasme « Sanctissimè hinc emigravit, omni sua spe<br />

in unum Christum Servatorem, cujus nomen ei multùm usque ad supremum<br />

vit» exitnm in ore erat, collocatà (Lettre <strong>de</strong> Boniface Amerbach<br />

du 4 avril 1537 à André Alciat, professeur à Pavie). Voyez aussi De Burigni.<br />

Vie d'Érasme. Paris, 1757, t. H, p. 414-424. Erasmi Opp. éd.<br />

Le Clerc, t. 1, p. *2.<br />

10 II y a peut-être ici une allusion à la visite que Peïïican avait faite à<br />

Érasme, <strong>dans</strong> la première moitié <strong>de</strong> juin 1536, en se rendant à Strasbourg.<br />

Un auteur contemporain s'exprime ainsi sur ce sujet « Cum non multa<br />

antequam [Erosions] moreretur, Conradus Pétticanus, cum quo simultas<br />

quœdam ei intercesserat [Voy. t. m, p. 4151, Basileam profectus, eum<br />

salutasset, humanissimè ab ipso acceptas fuit. Rogavitque Peïlicanwm, ut<br />

si à se fuisset lsesus, sibi ignesceret, et posthac nihil hostile à se expectaret.<br />

Buïïmgeri quoque, cujus lucubrationes aliquot legerat, honorificam<br />

fecit mentionem. » (Voy. la lettre <strong>de</strong> Pellican du 7 juillet 1536 à Vadian.<br />

Bibl. <strong>de</strong> St.-Gall. Lud. Lavât eros. Historia <strong>de</strong> origine et progressu<br />

controversise Sacramentariœ. Tignri, 1563, in-4°, fol. 28.)<br />

Nous <strong>de</strong>vons mentionner, à ce propos, la <strong>de</strong>rnière entrevue d'Érasme<br />

avec Bucer et Capiton. Elle eut lieu à Bâle en février ou en mars 1536,<br />

comme cela résulte <strong><strong>de</strong>s</strong> paro<strong>les</strong> suivantes <strong>de</strong> Sigismond Gélenius, adressées<br />

à Mélanchthon «. Erasmus adhuc apud nos vivit, <strong>de</strong>victus valetudine.<br />

Nuper, post Synodwn, salutavit eum, unà cum Capitone, Bucerus.<br />

Confabulatio fuit festiva magis quam seria. Tan<strong>de</strong>m Bucerus injecit mcationem<br />

dissidü istius « Illum unum virum esse cujus diserta sententia,<br />

alterutri libet parti accessisset, eam dubio procul prsepon<strong>de</strong>raturam. »<br />

Hie noster compendio<br />

discors» (Lettre datée<br />

« Ubi vos, inquit, fiteritis concor<strong><strong>de</strong>s</strong>, nec ego ero<br />

« Basilic, 28 Martii. » Copie du XVImesiècle. Bibl.<br />

<strong>de</strong> Ste.-Geneviève. Epistol» Hsereticorum, t. V, p. 196). Florimond <strong>de</strong>


1536 CONRAD PELLICAN A JEAN FR1ESS, A BALE.<br />

corpore tantùm et fragili. Placet -te curatorem faneris et ultimi<br />

officii exhibitorem electnm u quod scio multis ambientibus negandum.<br />

Placet quod <strong>de</strong> mortis memoria et sorte adjungitor in literis.<br />

Salvî sauras omnes. Testitndini verebar id quod contigit;<br />

prœdixerat id quoque Philippins rasor, quamvis egerimus pro tutela<br />

quod in tempore poteramns. Respcnsum dabis Antonio Sone-<br />

rio at primùm poteris per literas vel personaliter id verô<br />

attxilio et cura Gallorum quibuscum mois apud Gryneum. Ei<strong>de</strong>m<br />

Gryneo, meo nomine, salutem impreceris et gratiam redditam pro<br />

humanitate, voto, non factis, nuncmibi possibilem. Vale in Domino.<br />

Salutant te noror 13 et pueri ». [Tiguri] xm Julii 1536.<br />

TUUSCONRADUSPeLLICANDS.<br />

([nscriplio :) Suo Johanni Frysio Tigurino, Basileae bonas literas<br />

persequenti, cognato amicissimo. Apud Grynséum.<br />

Raemond a prétendu que Bucer, accompagné <strong>de</strong> Jean Calvin, fit une visite<br />

à Érasme en 1534 (Voy. Naissance <strong>de</strong> l'Hérésie. Fouen, 1648, p. 889-<br />

890). Cette opinion, adoptée et amplifiée par M. "iterle d'Aubigné (Hist.<br />

<strong>de</strong> la Réf. au temps <strong>de</strong> Calvin, m, 203-204), avait été réfutée par Bayle,<br />

article Calvin, note AA, et par De Burigni, op. cit. II, 383-384. Voyez le<br />

X» 586, notes 9-10.<br />

11 Érasme avait légué une partie <strong>de</strong> sa fortune aux étudiants sur <strong>les</strong>-<br />

(luels on pourrait fon<strong>de</strong>r <strong>de</strong> bel<strong>les</strong> espérances (Voyez son testament fait à<br />

Bâle le 12 février 1536. Erasmi Epistolœ ad Bonifacium Amerbachium,<br />

1779, p. 121 et suiv. Catalogi duo operum Des. Erasmi cum praefatione<br />

Bonifacii Amerbachii. BasQese, 1537, in-4°, p. 9. De Burigni,<br />

op. cit. II, 418, 420). Aussi <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> l'Université avaient-ils tenu à<br />

lui rendre <strong>les</strong> <strong>de</strong>rniers <strong>de</strong>voirs. c Elatus est humeris studiosontm ad œ<strong>de</strong>m<br />

cathedralem, dit Beatus Rhenanus, son premier biographe. Les exécuteurs<br />

testamentaires choisirent naturellement, pour conduire le <strong>de</strong>uil,<br />

.Jean Friess, qui <strong>de</strong>vait être le plus âgé entre <strong>les</strong> étudiants suisses, puisqu'il<br />

n'avait pas moins <strong>de</strong> trente et un ans (T'oy. la n. 1, et le Registre<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> immatriculations, année 1536. Bibl. du Muséum à Bàle).<br />

La réponse <strong>de</strong> Jean Friess fut négative.<br />

18<br />

Anna, sœur <strong>de</strong> Jean Friess, avait épousé Conrad Pellican au mois<br />

d'août 1526.<br />

14 Samuel et Elisabeth, enfants <strong>de</strong> Conrad Pellican.<br />

t. vr. 6


82<br />

PIERRE TOUSSAIN A AMBROISE BLAARER, A TUBINGUE. (536<br />

570<br />

PIERRETOUSSAINà Ambroise Blaarer, à Tubingue.<br />

De Montbéliard, 28 juillet 1536.<br />

Inédite. Autographe, Bibl. <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> St.-Gall.<br />

Sommaire. Votre lettre me faisait espérer qne l'on apporterait un prompt remè<strong>de</strong> â<br />

la triste situation <strong>de</strong> notre église mais je n'ai rien appris <strong>de</strong> pareil, et nous som-<br />

mes toujours <strong>dans</strong> le même bourbier. Je vous adresse, par conséquent, ce messager,<br />

pour vous informer <strong>de</strong> tout ce qui me concerne.<br />

S. Charissùne et observan<strong>de</strong> Blaurere! Cum hic Matthmts noster<br />

tuas literas attulisset, promittebat brevi fore, ut tu magnant milii<br />

spem faciebas, ut hujus ecc<strong>les</strong>iœ rebus snccnrreretur 1. Cwterûm,<br />

cum nihil interea audierim, quod ad eam rem attinet, et in eo<strong>de</strong>m<br />

semper haere[a]mus lato 2,cogor remittere hunecfratrem ad te, qui<br />

te <strong>de</strong> rébus meis omnibus certiorem reddat3. Vale in Domino<br />

Jesu. Monbelgardi, 28 Julii 36.<br />

Proximis nuudinis Argen.[tinensibus] scripsi ad te res.<br />

per mercato-<br />

Tuus P. Tossamjs.<br />

(Inscriptio :) Ambrosio Blaurero, Domino meo colendissiwo.<br />

1<br />

Voyez la note 2 et <strong>les</strong> N°»508, 520.<br />

Gryruettëécrivait à Ambroise Blaarer, le 10 juin (1536) c Habes<br />

hic Comte [Georgii\ literas. Vi<strong>de</strong> diligenter quomodooccurras.Ipse, nisi<br />

fallor ego, cogitur Tossamm ejicere Vicini offenduntur mirabiliter,<br />

cum vi<strong>de</strong>nt Principem [Ulricum] non syncerè Verbum amplecti, quôd<br />

abominatùm hic [scil. Mmbétgardiœ]loctmfacit, ubi toto eadliitempore<br />

per Dominumlatitavit.<br />

Nondum onum obolmn <strong>de</strong> ministeriosue 2b»-<br />

sarnu accepit, sed vixit <strong>de</strong> sno anmm jam propemodum Oblata fait ei<br />

peccnnia,sed quam <strong>de</strong>buità sacerdotibusaccipere. Hocille reensavit .» ~·<br />

(Mscr. autogr. Bibl. <strong>de</strong> St.-Gall.)<br />

8 Voyez,soç la position<strong>de</strong> Toussainà Montbéliard, sa lettre du 26 no-<br />

vembresuivant (N° 584).


4536 LE CONSEIL DR BERNE AU CHANOINE FABRT, A LAUSANNE. 83<br />

571<br />

LE CONSEIL DE BERNE au chanoine Fabri1, à Lausanne.<br />

De Berne, 7 août 1536.<br />

Inédite. Minute originale. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

SoMMAlBB. MM.<strong>de</strong> Berneannoncentan chanoineFabri,qu'ilsl'ontchoisipourêtre<br />

l'an <strong><strong>de</strong>s</strong>prési<strong>de</strong>nts<strong>de</strong> la Dispute<strong>de</strong> Lausanne.<br />

Nostre amiable salutation <strong>de</strong>vant mise. Très-doct, pru<strong>de</strong>nt, chier<br />

et grand amy!<br />

Sur ce qu'avons, pour bien <strong>de</strong> paix et union chrestiène, advisé<br />

<strong>de</strong> tenir une Disputation à Lausanne sur le ter jour du prochain<br />

moys d'Octobre, et, pour tenir ordre en icelle, ordonné quatre»<br />

prési<strong>de</strong>nts, vous avons esleuz pour ung <strong><strong>de</strong>s</strong> quatres. Dont est<br />

1 Pierre Fabri, chanoine <strong>de</strong> la cathédrale <strong>de</strong> Lausanne^et docteur ès<br />

droits, avait été ordonné prêtre en 1522. n était curé d'Échallens et <strong>de</strong><br />

Villars-le-Terroir. Il céda au Chapitre <strong>de</strong> Fribonrg, vers la fin d'août<br />

1536, <strong>les</strong> biens d'Église qu'il possédait <strong>dans</strong> ces <strong>de</strong>ux paroisses, et, six<br />

mois plus tard, il se retira, ainsi que la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> chanoines, à Évian,<br />

où il finit ses jours (Voyez la déclaration <strong>de</strong> Jost Fritag, bailli d'Orbe<br />

et châtelain d'Échallens, datée du 8 septembre 1536. Carnets d'Échallens.<br />

Arch. du canton <strong>de</strong> Vaud. Pierrefleur, op. cit. p. 166, 175. Le<br />

P. Schmitt. Mémoireshist. sur le diocèse<strong>de</strong> Lausanne, t. H, p. 374).<br />

8 Le manifestebernois du 16 juillet, qui annonçait la Dispute, venait<br />

d'être imprimé à Genève.On lit en effet <strong>dans</strong> la lettre adressée par le<br />

Conseil <strong>de</strong> Berne aux magistrats genevois,le 27 juillet 1536 Nous vous<br />

envoyons « un patron <strong>de</strong> l'édit que LL. EE. ont fait coucher pour la publication<br />

<strong>de</strong> la Disputation <strong>de</strong> Lausanne, » et vous prions « que le plus<br />

soubdainementque sera poussible, nous faictes, à nousmissions[1. frais],<br />

imprimer 300 <strong><strong>de</strong>s</strong> dicta édict, sans en toutefoys imprimer ny publier davantaige,<br />

puis, quant seront dépeschés, <strong>les</strong> nous tramétés incontinant. »<br />

(Mscrit orig. Arch. <strong>de</strong> Genève.) Le 2 août, <strong>les</strong> 300 exemplaires étaient<br />

prêts (Voy.la lettre <strong><strong>de</strong>s</strong> Genevoisdatée du dit jour et adresséeà MM.<strong>de</strong><br />

Berne. Minute orig. Arch. <strong>de</strong> Genève).


84<br />

[W.-F. CAPITON] A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1S3&<br />

nostre vouloir et comman<strong>de</strong>ment que [vous] vous préparés sur<br />

cella, affin, quant le temp viendra, vous exercés, avecq <strong>les</strong> aultrestrois<br />

3 par nous députés, l'office à ce requis et nécessaire. Datant<br />

vu Augusti 1536.<br />

L'Advoyer<br />

ET CONSEIL DE Berne.<br />

(Suscription :) A Monsieur le Docteur Fabri, chanoine <strong>de</strong> Lausanne,<br />

nostre bon amy.<br />

572<br />

[w.-f. CAPITON *] à. Guillaume Farel, à Genève.<br />

(De Strasbourg t, vers la fin <strong>de</strong> septembre 1536 \)<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaire.Les églisesmissesregrettaient <strong>de</strong>ne pouvoirtraiterdirectement avecle<br />

roi<strong>de</strong> France.Il y a cependant [autour<strong>de</strong> lui]beaucoupd'Amescharitab<strong>les</strong>bien. <strong><strong>de</strong>s</strong>genss'intéressentparticulièrement ausort<strong>de</strong>rasfrères[persécutés]. Lemoyen le plussimp<strong>les</strong>eraitdoncd'écrireaucomteOv.ilXav.me [<strong>de</strong>Furstemberg]. Je saurai<br />

bientôtsi lefrère en questionpourraitsecharger<strong>de</strong> fairetenirla lettre.<br />

Il y a consenti,et il a reçu<strong><strong>de</strong>s</strong>mainsdubourgmeistre la lettrequej'avaisécriteau<br />

nom<strong>de</strong> celui-ci.<br />

Exci<strong>de</strong>rat hoc Helveticœ ecc<strong>les</strong>iœ querebantur, sibi non [esse],<br />

occasionem agendi eum Gallo et tantùm per illius legatos, si<br />

8 Les trois autres prési<strong>de</strong>ntsétaient Pierre Giron,secrétaire<strong>de</strong> Berne,.<br />

Nicolas <strong>de</strong> Waiteviïle,frère <strong>de</strong> l'Avoyer, et Gérard Grand, docteur ès<br />

droits et conseiller<strong>de</strong> Lausanne. On lui adressa une lettre <strong>de</strong> la mêmeteneur<br />

que celle-ci (VoyezRuchat, IV, 183).<br />

1 Cette lettre non-signéeest certainement <strong>de</strong> la main <strong>de</strong> Capiton-<br />

Elle formait le complémentd'une épitre qui u'a pas été conservée.<br />

Voyez la note 9.<br />

» Voyez la note 7.<br />

4 Les cités évangéliques<strong>de</strong> la Suisse n'ayant pas <strong>de</strong> représentant accrédité<br />

auprès <strong>de</strong> François I, étaient contraintes <strong>de</strong> lui envoyer <strong><strong>de</strong>s</strong> ambassa<strong>de</strong>urs<br />

chaque fois qu'il s'agissait <strong>de</strong> traiter directementavec lui.<br />

El<strong>les</strong> regrettaient qu'il n'y eût pas, à la cour <strong>de</strong> France, un personnage


86<br />

HARTTANUS LDCAN1US[j. CALVIN] A F. DANIEL, A ORLÉANS. 153&<br />

575<br />

MARTIANUSlucanius p. calvdt] à F. Daniel, à Orléans-<br />

De Lausanne, 13 octobre (1536).<br />

Copie contemporaine. Bibl. <strong>de</strong> Berne. Vol. n° E. 141, ep" 44' Cata-<br />

logus Codicum Mss. Bibliottieciae Bernensis, 1772, t. III, p. 239.<br />

Sommaire. Je préviens vos reproches, en vous donnant l'explication <strong>de</strong> monsilence <strong>de</strong>trois<br />

mois. C'est pour avoir séjourné à^Genève et visité quelques églises en me rendant<br />

à Bâte, que j'ai laissé passer la foire du mois d'août, qui m'offrait l'occasion<br />

<strong>de</strong> vous écrire. J'étais à peine <strong>de</strong> retour i Genève,qu'un violent catarrhe m'a fait<br />

souffrir pendant une dizaine <strong>de</strong> jours, et je n'en suis pas encore délivré. Le loisir<br />

ne me manquait pas, il est vrai; mais commeje songeais incessammentà publier<br />

l'édition <strong>française</strong> <strong>de</strong> mon livre, j'attendais qu'elle eut paru, pour vous en envoyer<br />

un exemplaire avec ma lettre. Je n'avais pas encore renoncé à cette publication,<br />

lorsqu'il m'a fallu assister 4 la Dispute <strong>de</strong> Lausanne. C'est pourquoi j'ai différé<br />

jusqu'à ce jour <strong>de</strong> vous écrire, comptant d'ailleurs, pour cela, sur la prochainefoire<br />

<strong>de</strong> novembre.<br />

Vous avez sans doute oui parler <strong>de</strong> la Dispute précitée. Elle a eu lieu, en vertu<br />

d'un édit <strong><strong>de</strong>s</strong> Seigneurs <strong>de</strong> Berne promettant toute liberté <strong>de</strong> discussion. C'était<br />

le meilleur moyen <strong>de</strong> produire an grand jour l'ignorance <strong><strong>de</strong>s</strong> adversaires <strong>de</strong> la<br />

vraie religion, et d'amener leur défaite. Les ido<strong>les</strong> et <strong>les</strong> autels ont déjd disparu<br />

çà et là. Puisse l'idolâtrie disparaître <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> cours/<br />

Demain je partirai pour Berne, et je crains même d'être forcé d'aller jusqu'à<br />

BdU, ce qui me contrarierait beaucoup. Si vos moinesd'Orléans avaient autant <strong>de</strong>courage<br />

que <strong>de</strong> babil, ils accourraient ici pour mettre la main à l'œuvré, car la<br />

plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> églises manquent encore <strong>de</strong> pasteurs.<br />

Ne adversùs meam ignaviam, pro veteri tua consuetudine, lon-<br />

gam clamosamque accusation'im instruas, quôd totum jam trimes-<br />

1 Outre cette copie, il en existe une <strong>de</strong>uxième <strong>dans</strong> le même volume<br />

(lettre 46e), et une troisième <strong>dans</strong> le volume n° E. 460, lettre 66e. Cette<strong>de</strong>rnière<br />

a été reproduite par l'éditeur du Catalogue <strong><strong>de</strong>s</strong> Manuscrits <strong>de</strong>-<br />

Berne. Nous avons suivi la première, parce qu'elle est en général plus.<br />

correcte, et nous l'avons complétée par <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux autres.


i536 MARTIANUS LDCAMUS [i. CALVIN] A F. DANIEL, A ORL&tNS. 87<br />

tre elapsum. tuent, quo nuiïœ tibi à me literœ venerint rem, nt<br />

omnino est, paucis accipe.<br />

Dum Genevœ diebus aliquot à fratribus <strong>de</strong>tineor, donec reditùs<br />

promissionem à me extorquerent 3 dum cognatum Artesium Basileam<br />

<strong>de</strong>duco, ac in ipso itinere ecc<strong>les</strong>ias multas offendo, quibus<br />

immorari atiquantisper cogor s, elapsœ sunt intérim mihi nundiuœ<br />

Augustœ6, quarum tempus ad perferendas literasimprimiserat<br />

opportunum. Porrô, Genevam simul ac me recepi, correptus snm<br />

vehementi catarrho, qui tanta vi in superiorem gingivam incubae-<br />

rat, nt duplici phlebotomia, bis repetitis catapotiis complaribusque<br />

fomentis, nono <strong>de</strong>mum die vix fuerit mitigatus T.Certé necduiu<br />

plané discussns est. Post amissam illam cccasionem, tametsi ocii<br />

satis fuît ad scrihendum, neque penitùs clausa erat literis nostris<br />

Calvin avait donc écrit sa précé<strong>de</strong>nte lettre à Daniel an commencement<br />

<strong>de</strong> juillet, avant <strong>de</strong> repartir <strong>de</strong> Noyon, on <strong>dans</strong> l'une <strong><strong>de</strong>s</strong> vil<strong>les</strong><br />

qu'il traversa en se dirigeant vers la Suisse.<br />

8<br />

Voyez, sur l'arrivée <strong>de</strong> Calvin à Grenève,le jSF°567, n. 4, et le N°<br />

568, n. 3. Les détails <strong>de</strong> l'entrevue qu'il eut <strong>dans</strong> cette ville avec Farel<br />

(secon<strong>de</strong>moitié <strong>de</strong> juillet) ont été racontés par Calvinlui-même<strong>dans</strong> la<br />

préface <strong>de</strong> son Commentairesur <strong>les</strong> Psaumes.<br />

4 Artesiu8ne peut-il pas être i<strong>de</strong>ntifié avec ce Lois Dartois dont parle<br />

Calvin<strong>dans</strong> sa lettre du 31 janvier 1538 (Voyezà cette date) ? Il appartenait<br />

à une famille <strong>de</strong> Noyon. Varillas (Hist. <strong><strong>de</strong>s</strong> Révolutions, t. IV,<br />

p. 33) rapporte, en effet, que la maisonoù Jean Calvinétait né c ayant<br />

été rebâtie par un habitant nomméArtois, on le pendit à la porte. »<br />

5 Calvin pouvait se rendre à Bâk par Neuchatel ou par Berne. Si,<br />

comme nous le pensons,il suivit la première <strong>de</strong> ces routes, <strong>les</strong> églises<br />

qu'il visita furent cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Lausanne, d' Yoerdon,<strong>de</strong> Neuchâtél,et <strong>de</strong> la<br />

Newomtte.Ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières étaient réformées <strong>de</strong>puis plusieurs années,<br />

et el<strong>les</strong> <strong>de</strong>vaient exciter <strong>dans</strong> l'esprit <strong>de</strong>. Calvin un intérêt plus vif que<br />

<strong>les</strong> églises <strong>de</strong> <strong>langue</strong> alleman<strong>de</strong>.<br />

La foire <strong>de</strong> Lyon, qui se tenait du 4 au 19 août. Ceux qui, <strong>de</strong> l'intérieur<br />

<strong>de</strong> la Suisse,voulaient envoyerleurs lettres en France, <strong>les</strong> remettaient<br />

vers la fin <strong>de</strong> juillet aux marchands qui se rendaient à Lyon.<br />

7 Des détails précé<strong>de</strong>nts on peut inférer, qu'après un voyage<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

semainesau moins, Calvinrentra à Ghnèvevers le milieudu mois d'août.<br />

Aussitôt arrivé, il fut mala<strong>de</strong> pendant plus <strong>de</strong> neuf jours, et nous savons,<br />

d'autre part, qu'il donnait déjà <strong><strong>de</strong>s</strong> leçons <strong>de</strong> théologieà Genèveau commencement<br />

dn moftsuivant. Le Registre du Conseildu 5 septembre s'exprime<br />

ainsi à ce sujet « MagisterGuHelmwFarelhu proponitsicuti sit<br />

necessaria tOa Ucturaqum initiavit ïtte Gattvain SanctoPetro. Supplicat<br />

advi<strong>de</strong>ri <strong>de</strong> iUo retinendo et sibi alimentando. Super quo fuit advisum<br />

quôd advi<strong>de</strong>atur <strong>de</strong> ipsum substinendo. » «


88<br />

MARTIANUS LUCANIUS [j. CALVIN] A F. DANIEL, A ORLÉANS. 1536<br />

via, quia tamen singulis momentis <strong>de</strong> gallica libelli nostri editione a<br />

cogitabamus, et spes prope certa jam esse cœperat, lieras ejus<br />

accessione dotatas venire ad vos malebam quàm inanes.<br />

• Antequam verô <strong>de</strong>liberatîo illa conci<strong>de</strong>rat 9. dispulationum Lau-<br />

sannensium dies jam impen<strong>de</strong>bat 10,qiiibus me interesse oporte-<br />

batu; sûnnl et nundinas Novenebres instare prospiciebam, quas<br />

quoniam ad scribendnm dncebam fore tempestiviores 12,eanim<br />

occasionem expectare satins tan<strong>de</strong>m visnm fuit. Haec ad cohiben-<br />

tias tnas expostulationes.<br />

Disputalionum istarum, quarnm mentionem nuper injeci, nimorem<br />

13 sic longé latéque pervagatnm esse intelligo, nt aliquà ejus<br />

aurâ urbem vestram afflatam esse nihil dnbitem. Institut» fuerunt<br />

Senatus Bernensis <strong>de</strong>creto, cum solenni Edicto u, quo impunê li-<br />

s Les nouveaux éditeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> Œuvres <strong>de</strong> Calvin (t. ni, p. xxn <strong>de</strong> l'In-<br />

troduction) affirment d'abord, que c'est à l'Institution Chrétienne qu'il<br />

faut rapporter le projet <strong>de</strong> traduction dont il est ici parlé. Puis ils ajoutent<br />

c II est vrai que le terme <strong>de</strong> libeîlus, dont Calvin se sert, conviendrait<br />

encore mieux à son traité <strong>de</strong> la Psychopannychie, dont il publia<br />

une secon<strong>de</strong> édition à Bàle, <strong>dans</strong> le cours <strong>de</strong> cette même année (1536).<br />

Mais comme nous ne connaissons pas l'époque précise <strong>de</strong> cette publication,<br />

il est difficile <strong>de</strong> dire au juste à laquelle <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux il fait allusion. »<br />

Nous pensons, au contraire, que <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> <strong>de</strong> Calvin ne peuvent faire<br />

allusion qu'à VInstitution Chrétienne. Il résulte, en effet, <strong>de</strong> son propre<br />

témoignage (Voy. N° 490, n. 11)*,que la Psychopannychia n'était pas<br />

encore publiée en 1538.<br />

9 Calvin reprit ce projet et le réalisa cinq ans plus tard, en donnant<br />

au public la traduction <strong>française</strong> <strong>de</strong> VInstitution, d'après l'édition latine<br />

<strong>de</strong> 1539 (Voy. Calvini Opp. Brunswick, t. O, p. xxn, xxv, xxvm <strong>de</strong><br />

l'Introduction).<br />

10 L'ouverture<br />

1« octobre.<br />

<strong>de</strong> la Dispute <strong>de</strong> Lausanne avait été fixée au dimanche<br />

11 Calvin assista, en effet, à la Dispute, et il y prononça <strong>de</strong>ux discours<br />

(Voy. Ruchat, IV, 284, 327, et le Chroniqueur <strong>de</strong> L. Vulliemin, p. 329).<br />

De Genève vinrent aussi Farel, Jean Chapuis, ex-dominicain, pasteur à<br />

Compesières et Bardonnex, <strong>dans</strong> le bailliage <strong>de</strong> Ternier, et son voisin<br />

Jacques Bernard, pasteur à Herchamp, ancien gardien <strong><strong>de</strong>s</strong> Cor<strong>de</strong>liers <strong>de</strong><br />

Rive. Ils étaient accompagnés du syndic Ami.Porral (Voy. Froment, op.<br />

cit. 140, 141, cxxvm. Reg. du Conseil <strong>de</strong> Genève au 29 septembre).<br />

II s'agit <strong>de</strong> la foire qui se tenait à Lyon du 3 an 18 novembre.<br />

18 La copie que nous suivons porte ici rationem. La variante rumorem,<br />

qui se trouve <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux autres copies, est la seule qui s'accor<strong>de</strong> avec<br />

le sens général <strong>de</strong> la phrase.<br />

U Le manifeste du 16 juillet (Voy. Ruchat, IV, 500-508. Le Chro-<br />

niqueur, p. 304, $05).


1536 MARTL4,iXUS LUCANIUS[j. CALVIN]A F. DANIEL,AORLÉANS. 89<br />

berumque anicnique esse jussit Senatus, proponere qaod ad reli-<br />

gionis suas <strong>de</strong>fensionem 15 pertinere vi<strong>de</strong>retnr. Hanc optimam esse<br />

rationem pntarunt, quà eorum inscitiam publicè tradacerent qui<br />

ver» religioni adversari conarentor 16, atque ita triomphatam ex<br />

hac nova ditione n, qaam é manibus Ducis Sabaudiœ receperunt,<br />

ablegarent. Jam ex multis locis idola et altaria labefactari cœpe-<br />

runtx\ ac brevi futurum spero, ut quod adhac superest repargetur<br />

19. Faxit Dominas ut ex omnium cordibus idololatria corruat<br />

18 Dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux antres copies contemporaines on lit dissensionem, qui<br />

altère le sens. Le manifeste du 16 juillet s'exprime ainsi au sujet <strong>de</strong> la<br />

liberté <strong>de</strong> discussion « Nous voulons que tant une partie que autre soit<br />

ouïe, et ameine sa raison prinse <strong>de</strong> l'Escripture sans aucun empeschement<br />

ne fascherie, et que ce que une partie objecte contre l'autre<br />

soit libre et franc à tous, et non-seulement à ceux <strong>de</strong> nos terres, mais à<br />

tous allans et venans <strong>de</strong> quelque <strong>pays</strong> qu'ils soient. »<br />

A en juger par <strong>les</strong> procès-verbaux très-détaillés <strong>de</strong> la Dispute, cette<br />

promesse fut tenue. Nous n'avons rencontré aucun fait qui confirme l'accusation<br />

suivante <strong>de</strong> Fierrefleur, op. cit. p. 165, 166 « Les dittcs dis-<br />

putes se tindrent au jour assigné, mais il n'y eust pas grands opposons<br />

Quand l'on cognoissoit qu'ils vouloyent trop presser et s'advancer en<br />

disputes, incontinent on <strong>les</strong> faisoit taire. »<br />

18 Trois cent trente-sept prêtres, curés et vicaires du <strong>pays</strong> romand<br />

avaient été convoqués à la Dispute <strong>de</strong> Lausanne il ne s'en présenta que<br />

cent soixante et quatorze environ. Les quatre suivants furent <strong>les</strong> seuls<br />

qui prirent part à la discussion Jean Mimard, régent <strong>de</strong> l'école <strong>de</strong><br />

Vevey, natif <strong>de</strong> Bavois, près <strong>de</strong> La Sarraz, Jacques Drogy, vicaire <strong>de</strong><br />

Morges, le Révérend Jean Micîtod, doyen <strong>de</strong> Vevey, et Jean Beriïly, vicaire<br />

<strong>de</strong> Prévessin, au <strong>pays</strong> <strong>de</strong> Gex (Yoy. le N° 562, n. 18. Rachat,<br />

IY, 213, 216, 221, 229-244, 249-258, 271-288, 320-331. Le Chroniqueur<br />

<strong>de</strong> L. Yulliemin, p. 322, 325, 327, 328, 332, 334). Deux prêtres<br />

qui s'étaient offerts <strong>de</strong> disputer ne parurent point (Le Chroniqueur, p. 326,<br />

334). Sur quarante maisons religieuses (dont 13 abbayes et couvents, 25<br />

prieurés et 2 chapitres <strong>de</strong> chanoines), il n'y en eut que dix qui envoyèrent<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> représentants. Seul d'entre eux le Dominicain D. <strong>de</strong> Monbouson<br />

(Ruchat, IV, 194-202) prit la parole pour défendre la cause catholique.<br />

(Voyez le Rôle <strong><strong>de</strong>s</strong> Chanoines et gens d'Église du Pays <strong>de</strong> Vaud, Gex<br />

et Chablais qui ont compara au Syno<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lausanne l'an 1536. Arch. du<br />

canton <strong>de</strong> Vaud. Ce document important nous a été signalé par M. Ernest<br />

Chavannes.- Mémorial <strong>de</strong> Fribourg, année 1859, p. 366, 367.)<br />

17<br />

C'est-à-dire, le Pays <strong>de</strong> Vaud, la terre <strong>de</strong> Gex, une faible partie du<br />

Faucigny, et le Chablais. Ces provinces avaient été conquises par <strong>les</strong> Bernois<br />

en janvier et février 1536.<br />

"•" La Dispute <strong>de</strong> religion avait été close le dimanche soir 8 octobre.<br />

Le surlen<strong>de</strong>main, MM. du Chapitre se plaignaient déjà <strong>de</strong> ce que « non-


90<br />

XARTIANUS LUCANIUS [l. CALVIN] A F. DANIEL, A ORLÉANS. 1 536<br />

Ipsias verô Disputationis p»p


1536 LE CONSEIL DÉTBEBNE A CHACUNDES NOUVEAUXPASTEURS. 91<br />

tem sunt inter vos cordatiores, spectata Ecc<strong>les</strong>îae necessitate, subsidiariam<br />

operam;ferre in anrnimn inducant Dominus te conservet t<br />

Lausanne, 3 Id. Octobr. (1S36).<br />

Martianus Lucanhjs tuas.<br />

Saluta, quaeso, diligenter nostro nomine matrem ac sororemtuam,<br />

uxorem, etiam (si vi<strong>de</strong>hitur) cognatum et caeteros omnes 25.<br />

(Inscriptio :) Domino fralrique amantisstmo F. D. 2B<br />

574<br />

LE conseil DE berne à chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> nouveaux pasteurs<br />

du <strong>pays</strong> romand'<br />

De Berne, 19 octobre 1536.<br />

Minute originale. Archives <strong>de</strong> Berne. Impr. en partie <strong>dans</strong> le Chroniqueur<br />

<strong>de</strong> L. Vtilliemiin, p. 340.<br />

Sommaire.Berneadresseà chacnn<strong><strong>de</strong>s</strong> ministresnouvellement élussalettre<strong>de</strong>nomination.<br />

L'Advoyer et Conseil <strong>de</strong> Berne, nostre salut<br />

Nous avons regardé l'élection que <strong>les</strong> prédicants estans à Lausanne<br />

ml f aicte <strong><strong>de</strong>s</strong> ministres en nous <strong>pays</strong> conquestés, pour anun-<br />

blafe. Or, nous voyonspar la lettre suivante, que c <strong>les</strong> prédicants » réunis<br />

à Lausanne en octobre 1536trouvèrent seulementquatorzepasteursr<br />

pour évangéliser <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong>paroisses.<br />

Ce post-scriptum manque <strong>dans</strong> la première copie du volumen° 141.<br />

n n'est complet que <strong>dans</strong> le volumen° 450.<br />

A côté <strong>de</strong> l'en-tête c JohannesCalvinusFrancisco Danieli S. D.»<br />

on lit cette note <strong>de</strong> Pierre Daniel, fils du correspondant <strong>de</strong> Calvin<br />


92 LE CONSEIL DE BERNE A CHACUN DES NOUVEAUX PASTEURS. 1536<br />

cer la Parolle <strong>de</strong> Dieuz à nous soubgects <strong><strong>de</strong>s</strong> dicts <strong>pays</strong>, et, sur ce<br />

ordonné que tu, incontinant avoir receuz iceste, toy transpourte<br />

ver[s] nostre Balliff <strong>de</strong> lequell toy présentera à nous soubgects<br />

<strong>de</strong> Olaicqtu exercera[s] roffice du ministre <strong>de</strong> l'ÉvangilIe, se-<br />

Ionn la grâce que Dieuz t'aura donnée. Datum 19 Octobris, anno<br />

1536.<br />

à Payerne.<br />

Rtc~Mef d~cBoys,<br />

à Moaldon. Frarecoysdzi Rivien,<br />

à Vivey.<br />

Jehan <strong>de</strong> Torna~,<br />

à Morgez. Jaqz6ele Cocq,<br />

à Cossonay.<br />

Pier·~·eJMc~


1 536 LE CONSEIL DE GENÈVE AUX CONSEILS DE BERNE ET DE BALE.<br />

575<br />

LE CONSEIL DE GENÈVE aux Conseils <strong>de</strong> Berne et <strong>de</strong> Bâle-<br />

De Genève, 23 octobre 1536.<br />

Inédite. Minute originale. Archives <strong>de</strong> Genève.<br />

Sommaire.Le Conseil<strong>de</strong> Genèveremercie<strong>les</strong> magistrats<strong>de</strong> Berneet <strong>de</strong> BAIe<strong>de</strong><br />

ce qu'ilsont bienvouluappuyer<strong>les</strong> démarches faitespar AntoineSaunier,en<br />

faveur<strong><strong>de</strong>s</strong>Évangéliques [français]persécutés.<br />

Magnifiques Seigneurs Nous avons sceu <strong>de</strong> nostre bon frère<br />

maistre Anthoine Saulnier, Recteur <strong>de</strong> noz escoUes, comme <strong>de</strong>rnièrement<br />

vous pleut luy accor<strong>de</strong>r <strong>de</strong> vostre grdce, lettres et ambassa<strong>de</strong>urs<br />

aux princes crestiens, en faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> pauvres affligés et.<br />

fugitifs pour fÉvangille l. Don[t] rendons grâces à Dieu et à Voz<br />

chard, qui s'enfuit <strong>de</strong> Paris en 1534 (Voy.N° 488, n. 12). François du<br />

Rivier venait <strong>de</strong> quitter le village neuchâtelois<strong>de</strong> St.-Blaise. Nous avons<br />

rencontré Jean <strong>de</strong> Tournayà Payeme, et Jacquesle Coqà Corcel<strong>les</strong>(Voy.<br />

l'In<strong>de</strong>x du t. in). Melchiord'Yvonant a paru plus haut sous le nom <strong>de</strong><br />

MelchiorLaurent (N° 435, n. 2). Nous ne savons <strong>de</strong>puis quelle date il<br />

exerçait le ministère à Tvonand. Pierre Furet ou Foret était sans doute<br />

originaire <strong>de</strong> France, ainsi que Matthieu Blanc. Jean le Grus échangeait<br />

<strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> régen.1.à Aigle contre cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> pasteur à Villeneuv et à<br />

Montreux.Jacques Canerle allait évangéliser Colonges,près du Fort-<strong>de</strong>l'Éduse;<br />

Adam <strong>de</strong> Rstours (en latin Adamus a Begressu.Voy. N° 562,.<br />

n. 6), Français <strong>de</strong> naissance,la petite ville <strong>de</strong> St.-Julien, <strong>dans</strong> le bailliage<br />

<strong>de</strong> Ternier. Quant à la nouvelle paroisse à?EimerBeynon, le pasteur titulaire<br />

<strong>de</strong> Serrières, nous l'avons vainement cherchée sous le nom <strong>de</strong><br />

Villa Emart on<br />

ie^ViUa<br />

Einart. L'appellation vraie doit être Viïïela-Grand,<br />

près d'Annemasse. Aimé Collonremplaçait à ConcisePierre:<br />

Masuyer. Pierre Épilon nous est inconnu. GuillaumeHenry était Neuchâtelois<br />

<strong>de</strong> naissance.II ne resta pas longtemps à Lutry: MM.<strong>de</strong> Berne<br />

y envoyèrent un moine converti, nommé Frère Matthieu<strong>de</strong> la Oroix>qui<br />

fut agréé par le Conseil<strong>de</strong> Lutry, le 17janvier 1537(Voy. Ruchat, IV,<br />

376).<br />

1 La lettre du 9 juillet dont nous avons donnéun fragment <strong>dans</strong> le<br />

»a


94 LE CONSEIL DE BERNE A PIERRE VIRET, A LAUSANNE. i536<br />

Excellences, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> prions, comme membres du corps <strong>de</strong> Crist<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> pauvres églises affligéespour la Parolle <strong>de</strong> Dieu,qu'il vous<br />

plaise mettre en exécution vostre dicte bonne et charitable promesse,<br />

comme pouvés et sçavés bien faire 2. Et vous nous obligerés,<br />

et toutes aultres églises crestiennes, à prier toujours plus<br />

pour la prospérité <strong>de</strong> voz dictes Magnificences,<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> Nostre<br />

Seigneur ait en sa saincte gar<strong>de</strong> De Genève,ce 23 d'Octobre 1536.<br />

[Les Sindicq<strong><strong>de</strong>s</strong> ETConseil DEGenève.]<br />

576<br />

LE CONSEILDE BERNEà Pierre Viret, à Lausanne.<br />

De Berne, 1er novembre 1536.<br />

i<br />

Inédite. Minuteoriginale. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

-Sommaire. MM.<strong>de</strong> Berne informent Viret que Pierre Caroli vient d'être élu premier<br />

pasteur d Lausanne, et ils l'exhortent à lui rendre tons <strong>les</strong> services possib<strong>les</strong>.<br />

L'Advoyer et Conseil <strong>de</strong> Berne, nostre salut!<br />

Savant, discret, etier et féal! Tu sais comme avons ordonné [le]<br />

DocteurCarolus pour servir <strong>les</strong> nostres <strong>de</strong> Lausanne en l'annonciatiou<br />

<strong>de</strong> la sainte doctrine Et, pour ce qu'as iUecexpérimenté la<br />

N° 566,note 1, nousapprend que c'était Strasbourgqui avait adressé<br />

Saunieraux magistrats<strong>de</strong> Baie. Ceux-cil'avaient recommandéau gouvernement<strong>de</strong><br />

Zurich(Voy.N°569,renvoi<strong>de</strong> note 2). Les lettresécrites<br />

par ces trois États à FrançoisI, au mois<strong>de</strong> juillet, étant restées sans<br />

réponse, Saunieraurait obtenu d'eux, <strong>dans</strong> un secondvoyagefait vers<br />

la fin<strong>de</strong> septembre(Voy.le Reg. <strong>de</strong> Genèveda 20), la promessequ'ils<br />

s'entendraientavec <strong>les</strong> princesprotestantsd'Allemagne,pour envoyer<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> ambassa<strong>de</strong>ursau Roi.<br />

La promessefaite à Saunierparait avoir reçu un commencement<br />

d'exécutionpeu <strong>de</strong> tempsaprès (Voy.la lettre du 7 novembre).<br />

1Pierre Caroli,qui était encoreà Bâieen novembre1536(Voyez<strong>les</strong><br />

notes du N° 633), avait réussi,nous ne savonsau moyen<strong>de</strong> quel<strong>les</strong>recommandations,<br />

à se faire nommerpasteur à Neuchâiel.Il s'y trouvait


1 536 LE CONSEIL DE STRASBOURG AU CONSEIL DE BALE. 95<br />

populaire façon <strong>de</strong> faire et autres à cela nécessaires, et que hty<br />

sera, en ce fait, comme novice, te l'avons voulu recomman<strong>de</strong>r, par<br />

admonestation qu'en ce que luy pourras faire gratuité, avancement<br />

et service à sa personne, ce fasses par charité, combien que, sans<br />

cecy, te cognoissons n'y feras faute Datum 1" Novembris, anno<br />

1336.<br />

577<br />

LE CONSEILDE STRASBOURGau Conseil <strong>de</strong> Baie.<br />

De Strasbourg, 4 novembre 1536.<br />

Inédite. Manuscrit original sur vélin. Archives <strong>de</strong> Bàle.<br />

(TRADUITDEl'allemand.)<br />

Sommaire.JeanCalvinet OauchierFarelnousont fait représenter,par l'entremise<br />

<strong>de</strong> Capitonet <strong>de</strong> Bveer,que<strong>les</strong> lettresadresséespar <strong>les</strong> Vil<strong>les</strong>evangéliques au roi<br />

<strong>de</strong> France,en faveur<strong>de</strong> ceuxqui sontexiléspourcause<strong>de</strong> religion,sontrestées<br />

déjà au mois d'avril on <strong>de</strong> mai 1536, et peu <strong>de</strong> temps après (11? juin)<br />

Jean Lecomtey bénit son mariage. Sauf quelquesparo<strong>les</strong> <strong>de</strong> Farel (Lettre<br />

du 11juin 1545), on ne possè<strong>de</strong> pas <strong>de</strong> détails sur l'activité pastorale <strong>de</strong><br />

Caroli à Neuchâtel. Le 25 septembre 1536, il assistait comme député<br />

<strong>de</strong> son église, et en compagnie du conseillerneuchftteloisPierre Guido,<br />

à la journée <strong>de</strong> Bâle, où <strong>les</strong> théologiens<strong>de</strong> la Suissealleman<strong>de</strong> entendirent<br />

le rapport <strong>de</strong> Bucer et <strong>de</strong> Capitonsur la conférencequ'ils avaient<br />

eue avec Luther (Recès<strong><strong>de</strong>s</strong> assembléesecclésiastiques.Arch. <strong>de</strong> Zurich).<br />

Caroli prit souvent la parole <strong>dans</strong> la Dispute <strong>de</strong> Lausanne, et non sans<br />

succès. n se rendit ensuite à Berne(N° 573, n. 22), et là, il se fit nommer<br />

premier-pasteur <strong>de</strong> Lausanne par le gouvernement bernois. On lit<br />

<strong>dans</strong> le Manuel <strong>de</strong> Berne, à la date du 28 octobre 1536 «Ordonnéà<br />

l'avoyer <strong>de</strong> Watteville d'accompag<strong>de</strong>r aussitôt que possiblele Dr Carolià<br />

Lausanne, <strong>de</strong> le présenter [aux Conseils<strong>de</strong> la ville] et <strong>de</strong> lui faire donner<br />

un logement convenable.Il doit, en outre, inviter le Bailli à lui délivrer<br />

un tonneau <strong>de</strong> vin et <strong>de</strong> l'argent, en attendant que son traitement soit<br />

fixé. (Traduit <strong>de</strong> l'allemand).<br />

1 Le Manuel <strong>de</strong> Berne du 1ernovembrerenferme le paragraphe suivant<br />

c Vbtto [scribatur], humaniter tractet Caroltm, amplectatur ut<br />

senioremet fratrem. »


96<br />

LE CONSEIL DE STRASBOURG AU CONSEIL DE BALE. 1536<br />

sans réponse, et ils nous ont sollicités d'envoyer une ambassa<strong>de</strong> au Soi, afin d'obtenir<br />

que <strong>les</strong> exilés puissent rentrer chez eux sans abjuration. Veuillez nous faire<br />

savoir si <strong>les</strong> Confédérés c chrétiens » seraient disposés comme nous à tenter cette<br />

nouvelle démarche.<br />

Aux pru<strong>de</strong>nts et sages, nos très-bons amis et fidè<strong>les</strong>voisins, le<br />

Bourgmeistre et le Conseil<strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Bâle, Nous,Égénolph<br />

Ry<strong>de</strong>r <strong>de</strong> Diersberg, maître <strong><strong>de</strong>s</strong> bourgeois, et le Conseil<strong>de</strong> Strasbourg,<br />

znenous<br />

vous offrons notre amical et cordial service.<br />

Chers bons amis et fidè<strong>les</strong>voisins<br />

Le docte Jean Calvin et Ganchier Farel2, tous <strong>de</strong>ux Français,<br />

ont recouru à nouspar l'entremise <strong>de</strong> nos savants prédicateurs M.le<br />

DocteurCapitonet M. MartinBuœr3, et ils nous ont fait exposerce<br />

tjui suit, tant en leur propre nom qu'en celui d'autres personnes<br />

chassées <strong>de</strong> France à cause du .St. Évangile Ils nous ont rappelé<br />

<strong>les</strong> lettres que vous et nous (et d'autres vil<strong>les</strong> évangéliques) avions<br />

écrites en leur faveur à Sa Majestéle Roi <strong>de</strong> France, pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

<strong>de</strong> <strong>les</strong> dispenser <strong>de</strong> prêter le serment redoutable auquel<br />

ilsétaient tenus pour rentrer chez eux, et <strong>de</strong> n'exiger d'eux qu'une<br />

forme convenable <strong>de</strong> soumission Cetterequête a eu pool' résul-<br />

!-3On lit <strong>dans</strong> l'original «<strong>de</strong>r wolgelertJoharmesCaluiniusand<br />

GauchiusFarellus. La copie contemporainefaite à Bâleet conservée<br />

aux Archives<strong>de</strong> Berneporte, par erreur, Johames Cohmnus.<br />

On peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rsi Jean Calvinet GanchierFarel se trouvaient<br />

tous<strong>de</strong>uxà Strasbourg? Nousavons<strong>les</strong> meilleuresraisonsd'en douter,<br />

pour ce qui concerneCalvin.S'il eût été présentà Strasbourg<strong>dans</strong><strong>les</strong><br />

premiersjours <strong>de</strong> novembre,il aurait, à l'occasion<strong>de</strong> sa requête,nécessairementvu<br />

Capiton.Par conséquent,ce théologien,en lui écrivant<br />

très-peu <strong>de</strong> tempsaprès, ne se serait pas exprimé<strong>dans</strong> <strong>les</strong> termessuivants<br />


i536<br />

T. IV.<br />

LE CONSEIL DE STRASBOURG AU CONSEIL DE BALE. 97<br />

tat <strong>de</strong> leur faire entrevoir une gracieuse réponse du Roi a. Maisla<br />

dorée <strong><strong>de</strong>s</strong> événements <strong>de</strong> la guerre a été cause que nos susdites<br />

lettres sont restées sans réponse 6 et que le Roi n'a pas donné<br />

une assurance publique <strong>de</strong> son bon vouloir 7.Celaest dû sans doute<br />

à l'opposition <strong><strong>de</strong>s</strong> adversaires, qui, même après cette manifestation<br />

<strong>de</strong> la bonne volonté du Roi, continuent à exercer leur tyrannie<br />

contre <strong>les</strong> exilés et contre ceux qu'ils soupçonnent d'incliner vers<br />

l'Évangile.<br />

En conséquence, il semble <strong>de</strong> toute nécessité aux <strong>de</strong>ux Français<br />

nommés plus haut, que le Roi fasse publiquement connaître la susdite<br />

réponse, et ils espèrent d'autant mieux y réussir, <strong>dans</strong> le cas<br />

où nos chers et bons amis <strong>de</strong> Berne enverraient à ce prince, en<br />

notre nom à tous, une ambassa<strong>de</strong>qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rait oralementpour<br />

<strong>les</strong> exilés ce que nous avions <strong>de</strong>mandépar écrit. fls nous ont aussi<br />

priés <strong>de</strong> vouloir bien, pour ce qui nous concerne, leur accor<strong>de</strong>r<br />

une telle ambassa<strong>de</strong>. C'est pourquoi, touchés <strong>de</strong> compassion chrétienne,<br />

nous voudrions <strong>les</strong> ai<strong>de</strong>r, puisqu'ils sont nos frères et <strong>les</strong><br />

5 Onlit <strong>dans</strong> le documentprécité (Voy. n. 4) c nnousa esté rapporté<br />

que S. M. ayt gracieusementet bénignementreceuesnoz lettres,<br />

et faict responseaucunementasseurante, qu'elle remettroitle dictsermentaux<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>susdictz. Cettenouvelleétait vraisemblablement parvenue<br />

aux Vil<strong>les</strong> évangéliquespar le comteprotestant Guillaume<strong>de</strong> Fursiemberg,<br />

qui, en août 1536,-commandait<strong>les</strong> lansquenets<strong>dans</strong> le camp retranché<br />

d'Avignon(Voy. Génin. Lettres <strong>de</strong> Marguerited'Angoulême,<br />

t. I, p. 326). Diversescorrespondancesmontrent que ce princeservait<br />

d'intermédiaireentre<strong>les</strong>États protestantset FrançoisI. Voyez,par exemple,<br />

<strong>les</strong> N°»578; 618, <strong>les</strong> lettres <strong>de</strong> Strasbourgà Baie du 5, <strong>de</strong> Baie&<br />

Bernedn 13janvier 1537(Arch.bâloises),et la lettre rédigéepar Calvin<br />

et datéedu 13 novembre1537.<br />

S Le documentcitéplushaut (n.4)s'exprimeainsilà-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus Pource<br />

que la guerre,à nostregranddouleur,estentrevenue,pouvons-nousbien<br />

considérerque S. M. ayt esté empeschéed'exécuter et mettre en<br />

oeuvresontrès-beningvouloir. »La guerreentre FrançoisI et Char<strong>les</strong>-<br />

Quintavait éclaté au printempsen Italie, et l'Empereurétait entré en<br />

France le 26juillet. LeRoi résidait alors à Lyon. n partit bientôtpour<br />

Valence,oùil se trouvaitle 12 août. Ce fat sans doute <strong>dans</strong> l'une <strong>de</strong><br />

ces <strong>de</strong>ux vil<strong>les</strong>qu'il reçut <strong>les</strong>lettres <strong><strong>de</strong>s</strong> Évangéliquesallemands(Voy.<br />

n. 4). Au milieu<strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong>préoccupationsque luidonnaientla défense<br />

<strong>de</strong> sesÉtats et lamort^ir;éçiiâtere>dçDauphin(10août 1536),la requête<br />

<strong>de</strong> Strasbourget <strong>de</strong>^vWe^suisseip\tf facilementêtre oubliée(Voyez<br />

Gaillard.Hist. <strong>de</strong> /François I. Par%1819, t. II, p. 536,549, 566, 578,<br />

586.–H.<br />

MartdniEsît[.le'Frtace, fc:J+).<br />

i Voyezla nota pT&c#§iite,l• 1<br />

V\<br />

~fr~t*<br />

717


98 LE CONSEILDE STRASBOURGAUCONSEILDE BALE. 1536<br />

membres affligés<strong>de</strong> Jésus-Christ. Aussiavons-nous, avec d'autant<br />

plus d'empressemeDt, accédé à leur désir; et, comme nous avons<br />

appris qu'il doit se tenir maintenant une diète <strong>de</strong> nos chers amis<br />

<strong>les</strong> Confédérés*, nous vous prions <strong>de</strong> vouloir bien être agréab<strong>les</strong><br />

aux susdits Français, à cette occasion, et <strong>de</strong> chercher à savoir,<br />

<strong>dans</strong> cette diète, par vos députés, soit <strong><strong>de</strong>s</strong> vil<strong>les</strong> chrétiennes qui<br />

ont écrit avec nous à Sa Majesté, soit, en particulier, <strong>de</strong> nos bons<br />

amis <strong>de</strong> Berne, s'ils seraient également disposés à envoyer une ambassa<strong>de</strong><br />

<strong>dans</strong> le but précité9.<br />

Dans le cas où vous nous répondriez affirmativement, nous<br />

nous chargerions <strong>de</strong> rédiger en notre nom<strong>les</strong> Instructions10pour<br />

<strong>les</strong> députés dont vous nous enverriez <strong>les</strong> noms, afin d'essayer si<br />

nous pourrions <strong>de</strong> cette manière venir en ai<strong>de</strong>auxpauvres affligés,<br />

ou du moins leur préparer plus <strong>de</strong> repos. En faisant cela, vousaccomplirez<br />

une œuvre d'affection chrétienne particulièrement agréable<br />

à Dieu, et vous nous obligerez encore davantage à vous<br />

témoigner très-spécialement notre affection,etc. Donné le 4 novembre,<br />

l'an, etc., xxxvi".<br />

8 Elle se tint à Ba<strong>de</strong>n,pendant<strong>les</strong><strong>de</strong>rniersjours <strong>de</strong> novembre(Voy.<br />

le Chroniqueur<strong>de</strong> L. Vulliemin,p. 345,346).<br />

9-10L'envoi<strong>de</strong> l'ambassa<strong>de</strong>en questionfut décidévers la fin <strong>de</strong> novembre1536,et<br />

<strong>les</strong>députésreçurentleurs instructionsle 15janvier1587<br />

(Voyezle Manueldu Conseil<strong>de</strong> Bernedu dit jour et le N°604).<br />

Ces instructionsfurentd'abord rédigéespar <strong>les</strong>théologienstrasbourgeois.Sousuneformetrès-développée,<br />

el<strong>les</strong>signalaientvivement<strong>les</strong> abus<br />

<strong>de</strong> l'église romaineet réfutaient<strong>les</strong> imputationsdirigéescontrela foi<br />

évangélique.Le Conseil<strong>de</strong> Strasbourgdécidaque<strong>les</strong>instructionsusdites<br />

serviraient<strong>de</strong> memorandumaux députés,et il en fitrédiger<strong>de</strong> pluscourtes,<br />

qui <strong>de</strong>vaientêtre misessous <strong>les</strong> yeux du Roi, et <strong>dans</strong><strong>les</strong>quel<strong>les</strong>on<br />

se contenta d'intercé<strong>de</strong>ren faveur<strong><strong>de</strong>s</strong>Françaispersécutés.Les députés<br />

furent autorisésà communiquerà la reine <strong>de</strong> Navarrela rédactionla<br />

plus développée;ils reçurentl'ordre <strong>de</strong> remettre un exemplaire<strong>de</strong> la<br />

plus courte à M. <strong>de</strong> Langeyet au comte Guillaume<strong>de</strong> Furstemberg<br />

(Voyezla lettre <strong>de</strong> Strasbourgà Baie du 5 janvier 1537.Archivesbâloises).


f 536 LE CONSEILDE BALE AU COMTE GUILLAUMEDE FURSTEMBERG. 99<br />

578<br />

LE conseil DE BALEau Comte Guillaume <strong>de</strong> Furstemberg<br />

De Bâle, 7 novembre 1536.<br />

Inédite. Minute originale. Archives <strong>de</strong> Bâle.<br />

(TRADUIT DE L'ALLEMAND.)<br />

SOMMAHŒ. Le Conseil <strong>de</strong> Bàle signale au comte Gnillamne <strong>de</strong> Furstemberg la situation<br />

malheureuse <strong><strong>de</strong>s</strong> Évangiliques français, et il recomman<strong>de</strong> Oauehier Fard i sa<br />

bienveillance spéciale.<br />

Noble, etc. La lettre que vous nous avez adressée le 2 octobre,<br />

du camp d'Avignon*,nous est parvenue par le présent porteur 8.<br />

Nous l'avons reçue, ainsi que <strong>les</strong> bonnes nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> votre santé,<br />

avec une singulière joie, et nous vous remercions bien humblement<br />

<strong>de</strong> votre amicale missive<br />

GracieuxSeigneur, vous savez, hélas 1 combien <strong>de</strong> Français pieux<br />

sont, à cause <strong>de</strong> la vérité évangélique,<strong>les</strong> uns chassés <strong>de</strong>leur patrie,<br />

<strong>les</strong> autres prisonniers jusqu'à présent. Ce n'est peut-être point la<br />

faute <strong>de</strong> Sa Majestéle Roi, mais (nous vousen prions instamment)<br />

permettez-nous <strong>de</strong> signaler à votre sollicitu<strong>de</strong>chrétienne la perlécutionet<br />

la misère qui pèsent sur cespauvres gens, et <strong>de</strong> réclamer<br />

votre intercession auprès du Roi, afin que <strong>les</strong> prisonniers soient libérés,<br />

que <strong>les</strong> exilés rentrent <strong>dans</strong> leur patrie et que l'Évangile ne<br />

soit plus persécuté <strong>dans</strong> <strong>les</strong> États <strong>de</strong> Sa Majesté.Si l'on -obtenaitce<br />

résultat, le Roi serait sans doute victorieux, par la grâce <strong>de</strong> Dieu,<br />

et il se concilierait auprès <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> princes et <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> États<br />

Le texte porte Abion.Voyezle N°précé<strong>de</strong>nt,note 6.<br />

8 GauchierFard, qui était au servicedu comte<strong>de</strong> Fnrstemberg<strong>de</strong>puisl'annéeprécé<strong>de</strong>nte(Voy.la<br />

lettre <strong>de</strong> Guill.Farel du 4 janvier1586).<br />

Suit un long morceauquenoussupprimons,et <strong>dans</strong>lequel<strong>les</strong>Balois<br />

exprimentavec chaleur le vœu que la paix se fassebientôt entre<br />

l'Empereuret le roi <strong>de</strong> France.


100 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1536<br />

d'Allemagne qui aiment la vérité évangélique une faveur qui lui<br />

serait fort utile.<br />

Gauchier Farel, porteur <strong>de</strong> la présente, nous a fidèlementremis<br />

votre lettre, et nous a assurés <strong>de</strong> votre considération et <strong>de</strong> votre<br />

bienveillance; il nous a ainsi procuré un singulier plaisir. Aussi<br />

vous prions-nous <strong>de</strong> ravoir en recommandation, et <strong>de</strong> vous montrer,<br />

à cause <strong>de</strong> nous, si gracieux envers lui, <strong>dans</strong> le cas oà il <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rait<br />

ai<strong>de</strong>, protection et secours, qu'il puisse reconnaître<br />

qu'il jouit <strong>de</strong> notre amitié. Nous nous recommandons à Votre<br />

Seigneurie et nous sommes prêts à lui témoigner notre vouloir<br />

empressé. Donné le mardi 7 novembre, l'an, etc., xxxvr\<br />

JACQUES MEYER, Bourgmeistre, ETLE<br />

CONSEILDE LA VILLEDE BALE.<br />

579<br />

CHRISTOPHEFABRIà Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 13 novembre 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaire. Je ne saurais vous dépeindre <strong>les</strong> cruel<strong>les</strong> épreuves qui nous sont infligées.<br />

Plaise an Seigneur <strong>de</strong> nous en délivrer, afin que nous puissionsconsacrer toutes nos<br />

forces à recueillir cette vaste moisson!<br />

n s'est présenté une admirable occasion d'éloigner d'ici le pernicieux prêtre;<br />

cette mesure ne pouvait plus être différée. Froment vous racontera <strong>les</strong> autres nouvel<strong>les</strong>.<br />

J'ai' eu <strong>de</strong>ux entretiens avec le Bailli au sujet <strong>de</strong> vosfrire»; il est très-bien<br />

disposé pour eux.<br />

La faute <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> Quinet a consisté seulement en ceci, qu'il exhortait trop vivement<br />

son interlocuteur à ne pas observer <strong>les</strong> jours maigres. Recomman<strong>de</strong>z-lui<br />

<strong>de</strong> joindre au zèle la pru<strong>de</strong>nce, <strong>de</strong> gagner <strong>les</strong> infidè<strong>les</strong> par la douceur plutôt que<br />

par <strong><strong>de</strong>s</strong> sarcasmes prémédités, et enfin, <strong>de</strong> donner lui-même l'exemple d'une vie<br />

plus active et plus régulière. Froment vous dira ce qu'il en est <strong>de</strong> Pariai et <strong>de</strong><br />

Clau<strong>de</strong>, et vous m'écrirez commentil faut agir.<br />

S. Vixtan<strong>de</strong>m literis exprimere queam, mi charissimeGulielme,


t536<br />

CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 101<br />

quàm sœvas ex tantis ofendiculis subslinuerimus cruees quibns<br />

carere optaremus, si ita visum esset opt[imo Patri],ut expeditiores<br />

toti essemus intenti ad tam latè sparsam segetem colligendam;<br />

verùm animos vincere nostros.non est in nobis, nisi nie, juxta bonam<br />

volnntatem suam hoc nobis donet.. Eô relegatus est tam pestilens<br />

rasus quô cupiebas2, non sine mira Dei provi<strong>de</strong>ntia, quae<br />

oportimam occasionem(qua alioqui carebamus)miré concessit,neque<br />

tardiùs id ita efficerelicebat. Dominus est, quijudniuniexsuis<br />

in adversarios et pseadoprophetas rétorquera incipit. Alia abundè<br />

narrabit Frumentus.<br />

De negotiofratrum tuorum, bis conveni Prœfectum, qui postremô<br />

respondit, se paratissimnm ad id quo<strong>de</strong>unquepoterit vel ex se-<br />

ipso,vel apud Dominos,tni et tuorum gratid, etiam si nihil rescripseris<br />

3. Detribus supprœfecturis*cam eo colloquuti sumus: <strong>de</strong> hac,<br />

Terniacensi et Giacensi. Frumentus narrabit omnia. Claudius Quinetus<br />

in hoc tantùm reus est, quôd homicidam illum ad esum carnium<br />

plus œquo argeret, quamvis abbatemretinere conatus<br />

fuerit, ne in alium insiliret. Admone illum levitatis, impra<strong>de</strong>ntis'<br />

et intempestivi zeli; ut infi<strong>de</strong><strong>les</strong>mansuetudine <strong>de</strong>vincat,et lucrari<br />

conetur, potiùs quàm multis irritationibus ex industria confictis,<br />

quibus abnndat. Prœterea, ol contrahat matrimonium, operetnr<br />

arte sua hic tantopere necessaria6; caveat à conviviis, compotationibus,<br />

nocturnis <strong>de</strong>ambalationibus,maledicentiis,inconstantiis, et,<br />

breviter, ordinatè se gerat in omnibus. Vale, plura scribere nonlicet.<br />

De Pariato Frumentus dicet quicquid est. De Glaudio quid<br />

agendnm sit, pariter. Ta scribito quid in bis magis expedire vi<strong>de</strong>bitur.<br />

Salutant te omnes fratres. Saluta vicissimomnes. Tononü, 13<br />

Novemb. 1536.<br />

Tuus Christoforus Libertetus.<br />

(Inscriptio:) Suo Farello, Gebennis.<br />

1Les lettres échangéesentre Fabri et Farel <strong>de</strong>puisle 27 mai 1536<br />

jusqu'au13 novembre,mêmeannée,n'existant plus,nousn'avonsaucun<br />

moyend'expliquerl'allusionquerenfermece passage.<br />

S'agit-ilici du curé<strong>de</strong> Thonan?<br />

Farel ne jugea point superflu<strong>de</strong> recomman<strong>de</strong>rsesfrèresau Bailli<br />

(Voy.la lettre suivante).<br />

4 Lesliattenances<strong>dans</strong><strong>les</strong>bailliages<strong>de</strong>Thonon,<strong>de</strong> Ternieret <strong>de</strong> Gex.<br />

5 L'abbé ou capitaine<strong>de</strong> la jeunesse<strong>de</strong> Thonon,c'est-à-dire,Michel<br />

<strong>de</strong> Bitmap,seigneur<strong>de</strong> St.-Paul(Voy.N« 549,n. 10; 558,n. 9).<br />

8 Cedétailne permetpas <strong>de</strong> déterminerd'unemanièreprécisequelle<br />

était la professionmanuelleexercéeà Thononpar Clau<strong>de</strong>Qtrinet.


102 GUILLAUME FARELAJEAN-RODOLPHE KEGUEU, ATHONON. 1 536<br />

580<br />

GUILLAUMEFARELà Jean-Rodolphe Nâgneli, à Thonon.<br />

De Genève, 14 novembre 1536.<br />

Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel. Impiimée ea<br />

partie <strong>dans</strong> Ruchat. Hist. <strong>de</strong> la Réformat. <strong>de</strong> la Suisse, IV, 372.<br />

Sommaire. Missionrécente <strong>de</strong> Froment à Colonges-mr-BeUerweet <strong>dans</strong> <strong>les</strong> environs.<br />

Bonnes dispositionsdu peuple. Hostilité <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres, et, particulièrement, du curé<br />

<strong>de</strong> Colonges.Farel <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Nâgueli d'admettre Froment comme pasteur <strong>de</strong> ce<br />

village, et d'interdire aux prêtres l'enseignement du peuple et l'administration <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sacrements. Il lui signale <strong>les</strong> lacunes <strong>de</strong> la Réformation <strong>dans</strong> la chdteïïenit <strong>de</strong> Ter-<br />

nier, dépourvue d'officiers consciencieux, et il l'informe du projet que tes frire*<br />

ont formé <strong>de</strong> sa retirer d Genève. Si quelque emploi pouvait leur être confié,<br />

NSgueli est prié <strong>de</strong> <strong>les</strong> recomman<strong>de</strong>r à MM.<strong>de</strong> Berne.<br />

La grâce,paixet miséricor<strong>de</strong><strong>de</strong> Dieunostre bon père, par nostre<br />

SeigneurJésusson seulfilz1Monseigneur,voyanscommei<strong>les</strong>t<br />

grosseindigenceetnécessité<strong>de</strong> gensqui preschentJésus,Vendredy 1<br />

fut advisaux frèresque Fromentallastprescherdu costé<strong>de</strong> Colonges2,en<br />

celieu et aux aultres,commeseroit le plusexpédient ce<br />

qu'ila fait,trovantle peupleassez<strong>de</strong> bonneaffection,mes<strong>les</strong>prestres<br />

empirans et venans plusmeschanset rebel<strong>les</strong>contre Dieuet<br />

Messeigneurs,voulansentretenir toujours la messeabominable,<br />

et singulièrementceluy<strong>de</strong> Colonges.Duquelvousplairravousinformer,<br />

affinque puyssiezbien entendre quelhommeil est, et <strong>de</strong><br />

quelleaffection,tant à Dieucommeà Messeigneurs,affinqu'ydonnez<br />

ordre, pour l'honneur <strong>de</strong> Nostre Seigneuret bien du povre<br />

1 Levendredi10novembre.La manièredonts'exprimeFarelsemble<br />

indiquerquele vendrediétaitdéjàà cetteépoquelejourfixépar<strong>les</strong>ministres<strong>de</strong><br />

Qenève, pourla réunionpériodique<strong>de</strong> leur ccongrégation. »<br />

1<br />

CWoiufes-tfur-Bdfer*», villagequiappartenaitauxBernois.


1536 GUILLAUME FARELAJEAN-RODOLPHE ftEGUELI, ATHONON.103<br />

peuple, lequel ce prestre tâche, <strong>de</strong> son povoir, empescher <strong>de</strong>venir<br />

à Nostre Seigneur. Vous pourrez oyr ce que son nepveua fait, retyrant<br />

<strong>les</strong> gens du sermon, quant ils oyoient,jectant pierres, faisant<br />

du pis qu'il povoit. Brief, Monseigneur,si voulezéviter grosse<br />

fascherie,il fault que vousregar<strong>de</strong>z sur <strong>les</strong>prestres, car tout le mal<br />

et troublevient <strong>de</strong>là.<br />

D semble que, jusques à ce qu'on puysse donner ordre plus<br />

plainement, sera bon que instituez Froment à Colongeset lyeux là<br />

prochains, faisant que <strong>les</strong>prestres ne se meslent plus du peuple, ne<br />

d'enseigner, ne d'administrer <strong>les</strong> sacremens, ne <strong><strong>de</strong>s</strong> cures, ne autres,<br />

et singulièrement <strong>les</strong> gros loupz et qui plus ont séduict et<br />

pressé le povre peuple. Davantaige, Monseigneur,je ne puys rien<br />

entendre <strong>de</strong> la chastellanie <strong>de</strong> Terny3 il me semble proprement<br />

que c'est une mocquerie. Le chastellan,vous le congnoissezqu'il<br />

vault; il y a ung lieutenant que je crois estre peu songneux ne <strong>de</strong><br />

l'honneur <strong>de</strong> Dieu, ne <strong>de</strong> Messeigneurs. Les uns chantent4, <strong>les</strong><br />

autres je ne sçay qu'ilz font. Je voudroye que Messeigneurs y<br />

donnassent autre ordre, et là et en autre part, car il estbien nécessaire<br />

pour l'édification du povre peuple, tant subject à Messeigneurs<br />

que pour leurs voysins5; car si bon ordre y est donné,<br />

grant fruict s'ensuyvra.<br />

Mes frères ont délybéré venir <strong>de</strong>çà et habiter icy, pour servir it<br />

Nostre Seigneur IIz pourroyent servir à Messeigneurs,tant pour<br />

gar<strong>de</strong>r leurs droictzque pour l'honneur <strong>de</strong> Nostre Seigneur, et<br />

bien voudroye que Messeigneurscongneussentleur cueur et le <strong><strong>de</strong>s</strong>ir<br />

qu'ilz ont <strong>de</strong> leur servir. S'il y a aucun moyen en quoy ilz se<br />

puyssent employer, sera vostre bon plaisir y regar<strong>de</strong>r et leur assis-<br />

rentier, près <strong>de</strong> St.-Jnlien.<br />

II faut sous-entendre:la messe(Voyezt. H, p. 862,<strong>de</strong>rnièreligne<br />

du texte).<br />

Les habitantedn Faucignyet du Genevois,qui étaientcatholiques.<br />

Le Réformateur"avait quatre frères. Clau<strong>de</strong>résidaithabituellement<br />

en Suisse<strong>de</strong>puisquelquesannées,maisil n'était pas encorefixé<strong>dans</strong>le<br />

<strong>pays</strong> romand.Gauchkr servait,en qualité d'intendantou <strong>de</strong> secrétaire,<br />

le comteGuillaume<strong>de</strong> Furstemberg.Damél,à ce qu'il parait, n'avait<br />

pas encorequitté la France. Jean-Jacquesétait apothicaire.Il fut reçu<br />

bourgeois<strong>de</strong> Genève,le 9 mars 1587, en mêmetemps que ses frères<br />

ChnOaume et Clau<strong>de</strong>,et AntoineSaunier(Voy.le Registredu ditjour).<br />

1<br />

C'est-à-dire,leurs titres <strong>de</strong> propriété.Ceux qui <strong>les</strong> «gardaient»<br />

percevaient<strong>les</strong> dîmes,<strong>les</strong> censéset autres re<strong>de</strong>vancesféoda<strong>les</strong>,pourle<br />

comptedu souverain.


104 LES PASTEORS DE GENÈVE AU SYNODE DE LAUSANNE. 1536<br />

ter. Froment vous en pourra parler <strong>de</strong> tout plainement; il n'est jà<br />

besoing <strong>de</strong> longue lettre. Je prie le Sauveur du mon<strong>de</strong> que, <strong>de</strong> sa<br />

grâce, vous gar<strong>de</strong> sain <strong>de</strong> corps et d'âme, avec Madamevostre fidèlecompagneet<br />

tous ceulx qui ayment Nostre Seigneur, auxquelz<br />

Dieu doint myeux se porter que le poore abbé8 et <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r <strong>de</strong><br />

plus purement cheminer comme Jésus commen<strong>de</strong> <strong>de</strong> quoy son<br />

bon plaisir soit nous en donner à tous la grâce! Amen.DeGenève,<br />

ce 14 <strong>de</strong> novembre 1536.<br />

Le tout vostre en Nostre Seigneur<br />

Guillaume Farel.<br />

(Suscription:) A Monseigneur Monsieur Hans RodolffNegylli,<br />

Baylif<strong>de</strong> Tonon, à Tonon.<br />

581<br />

LES PASTEURSDE GENÈVE au Syno<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lausanne1.<br />

De Genève, 21 novembre 1536.<br />

Inédite. Copie. Bibl. Impériale. Coll. Du Puy, vol. 103.<br />

Sommaire. La tyrannie papale est abolie; prenez garda qu'il ne t'en élèveune autre.<br />

C'est au Seigneur et à sa Parole qu'il nous faut <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong><strong>de</strong>s</strong> directions pour<br />

établir l'ordre qui doit régner <strong>dans</strong> l'Église. La lettre adressée à divers frères ne<br />

respire nullement la mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tie chrétienne. A-t-on jamais va confier à quelqu'un l'administration<br />

d'églisesqu'il ne connaît pas et auxquel<strong>les</strong>il n'a jamaisrendu le moindre<br />

service? Cela est fréquent <strong>dans</strong> le royaume du Pape, non <strong>dans</strong> celui <strong>de</strong> Jésus-Christ.<br />

Quoique la lettre en question parle seulement <strong><strong>de</strong>s</strong> cérémonies,on nous dit que<br />

votre Syno<strong>de</strong> s'occupera également <strong>de</strong> l'admission <strong>de</strong> nouveaux pasteur». Apportez<br />

le plus grand soin a l'examen <strong>de</strong> leur doctrine et <strong>de</strong> leur vie; autrement ce serait<br />

la ruine du peuple. Quant aux cérémonies,usez <strong>de</strong> la liberté chrétienne, mais <strong>de</strong><br />

façonà ne pas scandaliser <strong>les</strong> faib<strong>les</strong>.<br />

Nous désirons ar<strong>de</strong>mment que Tiret nous soit rendu; veuillez lui donner un<br />

remplaçant. Ses labeurs et sa fidélité sont connus <strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong>; aussi sommes-<br />

8 L'abbé <strong>de</strong> la jeunesse <strong>de</strong> Thonon, Michel <strong>de</strong> Bhnay, qui aurait re-<br />

gretté d'avoir donné trop <strong>de</strong> gages à la Réforme.<br />

1 Cette pièce noua" paraît avoir été composée par Farel.


t536 LES PASWURS DE GENÈVE AU SYNODE DE LAUSANNE. 105<br />

nous profondément surpris et indignés <strong><strong>de</strong>s</strong> procédés qu'on a envers lui, et qui<br />

seraient vraiment dignes du Pape. De pareils débuts ne présagent rien <strong>de</strong> bon.<br />

Coupezcourt à tant <strong>de</strong> maux, et avertissez-nous,afin que nous puissions, au moins,0<br />

vous ai<strong>de</strong>r <strong>de</strong> nos prières. Comme nous avons institué <strong><strong>de</strong>s</strong> Colloques,nous désirons<br />

voir y assister ceux d'entre vous qui sont voisins <strong>de</strong> Genève. Ce sera la preuve<br />

qu'il n'existe entre nous aucune différence.<br />

S. Gratiamet pacem a Deo patre nostro per Dominum <strong>les</strong>um [<br />

Sammopere, fratres quàm charissimi, nobis est advigilandam ne<br />

<strong>de</strong>flectamusà recta veritatis via, à paritate Scripturae, inclinantes<br />

ad <strong>de</strong>xtram aut sinistram. Tyrannis pontificia procul ablegata est,<br />

ac rasis silentium impositnm, tum ob doctrinam, tum ob vitam impuram.<br />

Alia ne rursus erigatur, vi<strong>de</strong>teac cavete,fratres 2.Sitinter<br />

vos disciplina,ordo et omnia quaesanctam <strong>de</strong>cent concionem. Petantnr<br />

omnia non a Pontifice, nec à suis, necjuxtaPontificios ritus,<br />

sed a Christo Domino et a Verbo suo. Binas excepimus litteras,<br />

quarnm nnaesunt ad varios fratres, quœ nostro cœtui non admodum<br />

gratae sunt et non prorsùs respirant christianam et fraternam<br />

mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tiam, sed Pontifîcinm nescio quid et piis insolens. Qiiisunquam<br />

audivit alicui creditas ecc<strong>les</strong>iasnondum visas, in quibus nec<br />

plantant nec rigarit unquam 3? Ulud in Papatu audimus frequens<br />

esse; verùm in Christianismo nunquam.<br />

Audimus<strong>de</strong> admittendis et recipiendis fratribus cœtum* haberi,<br />

C'est one allusion aux airs <strong>de</strong> supérioritéque Pierre Caroli, premier-pasteur<strong>de</strong><br />

Lausanne,prenaitvis-à-vis<strong>de</strong> ses collègues(Voy.n. 3).<br />

8 L'ouvrage<strong>de</strong> Calvinintitulé «AdversusPetri Carolicalumnias.<br />

N. GallasiiDefensio renferme,p. 29, le passagesuivant, relatif aux<br />

viséesambitieusesdu nouveaupasteur <strong>de</strong> Lausanne « Satisscitur, per<br />

quosministeriumilludimpetraverit,quiambiendonervosomnesinten<strong>de</strong>runt,<br />

ut in eum locumeveherent.Ac, ne vi<strong>de</strong>aturnimiùmfuissesuperbus,<br />

dicit se Bernatibu8annuisse,sed <strong>de</strong>disseillis certam conditionem,<br />

ne sibiquicquamà Farello praescriberetur.At veroillustrisSenatusBernensisprimom,quàm<br />

ambitiosèet suppliciterrogatusfuerit, ut Carolum<br />

in eum locumpromoveret,optimènovit.Memoriaenimtenet, quôaudad»,<br />

hoc impetrato,prosilierithaecbestia,nempe,ut sibi jusinspectioms<br />

in mnistrosagri vicinidaretur.Verùmrepulsuscumseveraobjurgatione<br />

Lausannammissus^est. » On lit aussi <strong>dans</strong> la lettre <strong>de</strong> Farel à Calvin<br />

du 21 octobre1539:«Ne commemoremquam petierit sibidariprovinciamin<br />

omnesGaMosquiminisirant,ac literasqua<strong>les</strong> non puto nec Pontificesducentesimo<strong>de</strong>mumtyrannidisannoemisisse.»Voyezlalettresuivante,renvoi<strong>de</strong><br />

note 1.<br />

4 Allusionà l'assemblée<strong><strong>de</strong>s</strong> pasteursqui <strong>de</strong>vaitse réunir à Lausanne<br />

le vendredi24 novembre.


106 LES PASTEURS DE GENÈVE AU SYNODE DE LAUSANNE. tS36<br />

etsi Htteris» id non contineatur, sed <strong>de</strong> cerimoniis et moribus.Fratres<br />

quàm charissimi, quibas cordi est gloria Christi, exactiùs dis-<br />

quirite qui vobissint recipiendi, quàm purœ sint doctrinœ, quàm<br />

vitœ inculpatœ, ne culpis alienis gravemini; nec tantùm ministrorum<br />

rationem habete, sed familiaequoque, uxorum, juxta Pauli<br />

sanctam doctrinam; et si quid non rectum est, componatur; si fieri<br />

non potest, rejicite juxta verbum Domini. Qui sanam non fernnt<br />

doctrinam non perferatis, nec quosvis Diotrephes, sed quiet verbo-<br />

prosint et exemplo aedificent.Aliàsvobis et plebi rainam paratis.<br />

Vos qui sano estis jndicio, quique Pontificium excussistisjugum,<br />

Christo tantùm et vos ac plaebem captivantes, non dubito quin<br />

mox sitis olfacturi quid incendii paret Satan, ac spiritu Dei impiis<br />

reluctaturi conatibus. Quod ut faciatis, per Christum vos obtestamur,<br />

invocato Patris spiritu ac potenti auxilio, quô potentiùs quicquid<br />

in Claistam erigitur <strong>de</strong>jiciatur armis potentibus Christi,<br />

quibus omnia in captivitatem ducuntur ac coguntur quaesese in<br />

Christum erigunt. Ceremonias novas nescioait struere velitis,aut<br />

quid sitis erecturi. Vi<strong>de</strong>te sana sint omnia. Satis actitatom estsuper<br />

his. Sic libertate uti liceat, ne quicquam offendiculisuboriatur vel<br />

tantilla rituum mutatione8, dum lactens est adhac populus, lactis<br />

vix particeps per infirmitatem, cui oportet fidos ministros Christi<br />

sese accommodare.<br />

Viretum <strong><strong>de</strong>s</strong>i<strong>de</strong>ramus hic summopere, tum sùâ, tum ecc<strong>les</strong>iae<br />

hujus causa, nec dubitamus quin nobis assentiatur T.I<strong>de</strong>o vi<strong>de</strong>te ut<br />

vices fratris suppleat aliquis: vobis scio Ministrorum penuriam<br />

15La circulaireoa lettre <strong>de</strong> convocationdont il est parlé plushaut,<br />

et quiémanait<strong>de</strong> Caroli(Voyezle N°582,renv. <strong>de</strong> n. 1).<br />

e Les églisesbernoisesdifféraientpar certainsrites <strong>de</strong> cel<strong>les</strong>queFarel<br />

avaitfondées.Ainsion communiaità Berneavecdu pain sans levain,<br />

et l'on y baptisait<strong>les</strong>enfantsen <strong>les</strong>plongeant<strong>dans</strong> le baptistère.<br />

Aujugement<strong>de</strong> Farel et <strong>de</strong> Calvin,cesdifférencesétaienten soitrèspeu<br />

importantes.Consultésur ce sujet par Fabri, Farel lui répondait<br />

«Choisissezce qui édifie(Voy. le post-scriptumdu N°536,à comparer<br />

avecle N° 595,renv. <strong>de</strong> n. 22-23).cHœcindifferentiasuntet in Eccleaiœhbertate<br />

posita,» avait dit Calvin<strong>dans</strong>l'InstitutionChrétienne(édit.<br />

<strong>de</strong> 1536,p. 282,283. Calv.Opp.édit.<strong>de</strong> Brunswick,t. I, col.139,140).<br />

Si donc<strong>les</strong>pasteurs<strong>de</strong> Genèverecommandaient à ceuxdu Pays<strong>de</strong>Yaud<br />

1<strong>de</strong>ne rien changerauxrites adoptéspar Farel, c'était uniquementparce<br />

que le momentd'introduire <strong><strong>de</strong>s</strong> formesnouvel<strong>les</strong>leur paraissait mal<br />

choisi.<br />

T Tiret déféraenjanvier 1587au vœu<strong><strong>de</strong>s</strong> Genevois.


1536 LES PASTEURSDE GENÈVEAU SYNODEDE LAUSANNE. 107<br />

esse, nobis non minor. Laboresfratris, fi<strong>de</strong>met,diligentiamplus solis<br />

omnibus nota scimus; at attoniti reddimur, dum audimus ita<br />

cum eo actum quod œquoanimo nulli ferendum censemus.Si quid<br />

indigné ferendum est, hoc maximè. Nullum Pontificisfactumauditum<br />

est esse tam Pontificium, sicut audimus istud esse in quo[d]<br />

vociferari omnes dicuntnr. Vos, fratres, invocato Christo, occurrite<br />

tantis malis, ne latiùs grassentur, sed prorsùs eradicate, acnos omnes<br />

admonete, ut si alind non possumus, vos precibus adjuvemns.<br />

Nam dici non potest quàm afOictemur, dum praeladia cernimus<br />

tam malae spei. Eritis unum nobiscum, quandoqui<strong>de</strong>m et nos vobiscum<br />

unissimi sumus (ut sic dicamus) et perseverare volumus.<br />

Colloquiaereximusper Christum. Qui viciniores erunt, curate ut<br />

conveniant nobiscumet sedulô nec quicquam sit inter nos discriminis,<br />

sed per omnia unum simus. Valete ac precemini Dominum,<br />

qui supra spem omnia faciat feliciter succe<strong>de</strong>re, omniaque probibeat<br />

pietati contraria. Excoetnnostro, Genevae,21 Novembris1536.<br />

Vestri quàm amantissimi Fratres QuiGenève<br />

ET IN VH3NIAChMSTUM ANNUNTIANT1o.<br />

(lnscriptio:) Charissimis in Christo fratribus Lausannae.<br />

8 Depuiscinq ans, Vint avait fait sespreuvesau péril<strong>de</strong> sa vie; et<br />

cependantle poste le plu honorablevenait d'être confiéà Caroli,qui<br />

était entré tout récemment<strong>dans</strong>le ministèrepastoral. Voyezle N° 582,<br />

note-3.<br />

9 Ces réunionsfraternel<strong>les</strong>ne purent pas être fréquentéeslongtemps<br />

par <strong>les</strong> pasteurs vaudois.Berney opposasonveto (Voy.la lettre du 14<br />

janvier 1538).<br />

10 C'est-à-dire,qu'il y avait peut-être<strong>dans</strong> cette assemblée,outre<strong>les</strong><br />

pasteursdu territoire<strong>de</strong> Genève,quelques-uns<strong>de</strong> ceuxdu Pays<strong>de</strong> Gex,<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> bailliages<strong>de</strong> Ternieret <strong>de</strong> Thonon.


108<br />

GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A THONON. t536<br />

582<br />

GUILLAUMEFAREL à. Christophe Fabri, à Thonon.<br />

De Genève, 21 novembre 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaire. Ne vous laissez pas accabler <strong>de</strong> tristesse par cette accumulation <strong>de</strong> maux.<br />

Nous apprenons ainsi à dépendre uniquement du Seigneur et à l'invoquer avec<br />

une ferveur plus gran<strong>de</strong>. Nousavons vu la lettre <strong>de</strong> Caroliadressée: c aux pasteurs<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> églises qui lui sont confiées,a Il semble vraiment qu'el<strong>les</strong> dépen<strong>de</strong>nt toutes<br />

<strong>de</strong> lui. J'ignore si vous avez été convoqué [à Lausanne] pour le 24 <strong>de</strong> ce mois, et<br />

je ne saurais dire qui, <strong>de</strong> Berne ou <strong>de</strong> Lausanne, a le moins d'égards pour VîreL<br />

Je me suis entretenu avec le porteur, et j'augure bien <strong>de</strong> lui. Le reste vous<br />

regar<strong>de</strong>. Si vous ne pouvez agir vous-même en sa faveur, employez un intermédiaire,<br />

mais toutefois <strong>de</strong> telle sorte, que ni le candidat, ni le peuple n'en souffre.<br />

J'ai reçu l'ordre <strong>de</strong> faire venir <strong><strong>de</strong>s</strong> ministres <strong>de</strong> tous cites; mais je ne sais ost Us<br />

prendre. On néglige <strong>les</strong> meilleurs, tandis que <strong>les</strong> hypocrites sont élevés jusqu'au<br />

ciel. Ceux qui sont trop délicats ne veulent pas <strong>de</strong> ce <strong>pays</strong>-ci ils aiment mieux<br />

mourir en Égypte, que <strong>de</strong> goûter la manne <strong>dans</strong> le désert.<br />

Notreéglisea leplusgrandbesoin<strong>de</strong> Vtret.SaluezleBailli,etrecomman<strong>de</strong>z-lui<br />

mesfrères.SaluezaussiClau<strong>de</strong>.Qu'ilprépare£sesauditeursunenourritureaussi<br />

distinguée quecellequ'ila présentéeà sesconvives, et il ne serapasinutile.<br />

S. Gratiam, pacem et misericordiam a Deo patre per Dominum<br />

Jesum 1 Nonest quod <strong>de</strong>jiciaris animo, mi frater, si tam sibi cohereant<br />

mala, ut unum ab altero excipiatur. Ita nos erudit Dominus,<br />

ut toti ab ipso pen<strong>de</strong>amus et ingentibus suspiriispropitiiiminvocemus<br />

Patrem, in quo tam segnes sumus ut prorsus nulli. Vidimus<br />

literas quas Carolus scribit c ad fratres qui agunt in ecc<strong>les</strong>iissibi<br />

creditis 1.» Nisi me fallit sensus, omnes vi<strong>de</strong>tur su® curaecreditas<br />

innuere; quid hoc siet tan<strong>de</strong>m, novit Dominus. Tu an vocatus sis<br />

ad 24 diem, 23 sub noctem illic a fatums, nescio. Prseterea, non<br />

1 Voyezle N°précé<strong>de</strong>nt,note 3.<br />

C'est-à-dire, à Lausarme, où <strong>les</strong> pasteurs <strong><strong>de</strong>s</strong> nouvel<strong>les</strong> provinces <strong>de</strong><br />

Berne <strong>de</strong>vaient se réunir le 24 novembre.


i536<br />

GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A THONON. 109<br />

satis capio qui magis negligant Viretum nostrum, Bematesne an<br />

Lamanenses, ut fratris nullam rationem habeant, sed eorum tantùm<br />

qui vix inspiciunt opus Domini3.Saniorem <strong>de</strong>t mentem Dominus<br />

ac faxit ut fratris ratio habeaturl1<br />

Hune*4 conveni, ut jusseras; bene spero <strong>de</strong> eo. Quod superest<br />

tuum erit perficere. Si potes per virum qui lubens audiatur ab isto<br />

qui JSgyptia plané omnia adhac retinet, quodque intus non habet<br />

foris apparere ac repatari vult, cui non facilè me<strong>de</strong>ri potest,<br />

ipsum emitte, et quod per te commo<strong>de</strong> non potes, per aliura.facito;<br />

nec précipites aliquid, sed mature curato omnia, ne qua jactnra<br />

fiat, sive istius, sive plebis. Domino commenda quicquid est, poscens<br />

ut spiritu sapientiaeac pra<strong>de</strong>ntiae te ditet, ut in istis et aliis<br />

probè te géras.<br />

Jubear evocare undique ministros, sed un<strong>de</strong> plané ignoro qui<br />

aptiores sunt ac puriùs Christum spirant negliguntur; larvaBet<br />

quicquid est insolentius tolluntur ad sidéras. Delicatioresnonfacile<br />

hue trahuntur malunt in sepulchris JZgyptiorum sepeliii, quàm<br />

manna e<strong>de</strong>re columnaque dirigi in eremo. Tu si quid potes apud<br />

bonos viros, adjuva nos scribe ac urge literis, ut veniant idonei.<br />

Si Dominus nobis reddat Viretum, meliùs multo haec habebit ecc<strong>les</strong>ia<br />

et vicinia. Vale bene, salutatis omnibus, ne Prœfeclum taceam,<br />

qui fratrzsm 6 memineritquantum ecc<strong>les</strong>iaeChristi fuerit utile;<br />

3 Caroli,élupremier-pasteur<strong>de</strong> Lausanne,avaitété présentéle 5 novembreauxmagistratslausannoispar<br />

l'avoyer<strong>de</strong> Watteviile.Ilsluidonnèrentla<br />

maisondu chanoineBenoit<strong>de</strong> Pontareuse,avec<strong>les</strong> beauxjardins<br />

qui en dépendaient,et ils lui constituèrentunepensionannuelle<strong>de</strong><br />

500 florins.On comprendque le vieuxdocteur <strong>de</strong> Sorbonneait pu se<br />

glorifierplus tard c <strong>de</strong> stipendio,<strong>de</strong> honorificaLausarmam<strong>de</strong>ductione,<br />

<strong>de</strong> sediumelegantiaet hortorum» (Yoy.la DefensioN. Gallasii,p. 29).<br />

Ce fut seulementle 16novembreque<strong>les</strong>mêmesmagistratss'occupèrent<br />

<strong>de</strong> Tiret.La pensionqu'ils lui assignèrentétait dérisoire:outreun logementau<br />

couvent<strong>de</strong> St.-François,elle se composait<strong>de</strong> 30 florins,2 chars<br />

<strong>de</strong> vin (soitenviron102fl.)et 18 coupes<strong>de</strong> froment(soit22V*fl.),c'està-dire<br />

qu'ellevalaitmoinsdu tiers <strong>de</strong> la pension<strong>de</strong>Caroli(Voyezle Manuel<br />

<strong>de</strong> Lausanneaux dates précitées. Mémoired'Ernest Chavannes<br />

sur <strong>les</strong>monnaies,à la fin-du Dictionnairehistoriquedu canton<strong>de</strong> Vaud,<br />

par DavidMartignieret Aymon<strong>de</strong> Crousaz,1869. Le Chroniqueur<strong>de</strong><br />

LouisVulliemin,p. 345).<br />

C'est-à-dire,le porteurinconnu<strong>de</strong> la présentelettre. La suitemontre<br />

queTabri était chargé<strong>de</strong> le préparerau ministère<strong>de</strong> l'Évangile.<br />

6 Nouvelleallusionà Pierre CaroU.<br />

• Les frères<strong>de</strong> GuillaumeFarel.


110<br />

GUILLAUME FARELAJACQUESHUGUES, [AGEXJ.<br />

1536<br />

nam hujus gratià peto, et à püs ut petam adigor. Genevae, 21 Novembris<br />

1536.<br />

Tuus Farellds.<br />

Claudium salutabis, quem aliud specimen <strong>de</strong>disse Yolnissem,<br />

quàm cœnae lautioris apud Frumentum, qnisplendidiûs omnia curarat,<br />

quàm Evangelium poscat. Dicito ut tam apte fercnla caret<br />

menti omnium proponere, quàm ventri illa fuere; tune erit non<br />

inntflis. Pariatus ad formam loquendi Christi et Apostolorum se<br />

formet, ut faciliàs à legentibas sacra capiatur, valeque dicat pracHete8craos<br />

vocant.<br />

(Inscriptio :) Suo Christophoro, Tononii.<br />

585<br />

GUILLAUME FAREL à Jacques Hugues [à Gex].<br />

De Genève, 22 novembre 1536.<br />

Autographe. Collection <strong>de</strong> M. P.-A. Labouchére à Paris. Fac-similé<br />

<strong>dans</strong> l'Isographie <strong><strong>de</strong>s</strong> Hommes célèbres. Paris, 1843, t. II.<br />

Sommaiee.E8i.cebienâ nousquevous<strong>de</strong>man<strong>de</strong>zconseil,à proposd'uneaffairequi nousindignesi fort?Lepersonnage [c.-â-d.CaroU\ vousestbienconnu:voussavu<br />

toutcequ'ila faitjadispourentraverl'œuvreduSeigneur,et que<strong>les</strong>t maintenant<br />

l'objet<strong>de</strong> son ambition.Maisil fautlui résister<strong>de</strong> toutesvosforces.Pourrions»<br />

7 Ce personnage, mentionnéplusieurs fois <strong>dans</strong> <strong>les</strong> lettres suivantes,<br />

était pasteur on candidat au saint ministère.Nousn'avons pu établir avec<br />

certitu<strong>de</strong> son nom <strong>de</strong> famille. Était-ce Clau<strong>de</strong> démentis, ancien moine<br />

augustin <strong>de</strong> Thonon, ou Clau<strong>de</strong>Régis, qui était fixé <strong>dans</strong> le Chablais en<br />

1538, ou bien encore l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> ministres que mentionnent <strong>les</strong> lettres <strong>de</strong><br />

Fabri (Chamboutet Gesseron,par exemple),mais sans indiquer leur prénom?<br />

8 Farel entendait sans doute par ce mot d'anciens sermonnaires.<br />

1 Nous ne connaissonsni le lieu d'origine, ni <strong>les</strong> antécé<strong>de</strong>nts<strong>de</strong> JacquesHugues.<br />

Selontoutes <strong>les</strong> vraisemblances, il était d'origine <strong>française</strong>,<br />

et il exerçait <strong>les</strong> fonctions<strong>de</strong> pasteur <strong>dans</strong> la ville <strong>de</strong> Gex(Voy.n. 7).


1536 GUILLAUME FAREL A JACQUES HUGUES, [A GEX]. iil<br />

nous, après avoir secoué le joug intolérable du pape, en accepter un autre? S'il<br />

vent s'appuyer uniquement sur la Parole <strong>de</strong> Dieu, qu'il dise ses raisons; on <strong>les</strong><br />

écoutera. Autrement, ses vanteries seront <strong>de</strong> nul effet.<br />

Les frères [<strong>de</strong> Genève] ont écrit au ayno<strong>de</strong> [<strong>de</strong> Lausanne]. Délibérez sur <strong>les</strong> intérêts<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> églises avec <strong>les</strong> frères et avec Viret, et faites en sorte que ce <strong>de</strong>rnier<br />

revienne ici, où il est si nécessaire. Montrez <strong>de</strong> la fermeté sans passion; que vos<br />

raisons soient tirées <strong>de</strong> l'Écriture sainte, et empreintes toujours <strong>de</strong> la modération<br />

chrétienne. Le messager vous dira le reste. Si la ville [<strong>de</strong> Oex] se rend indigne <strong>de</strong><br />

la Parole, prêchez-la <strong>dans</strong> <strong>les</strong> villages où elle est désirée.<br />

S. Gratiamet pacem à DeoQuid flagitas consilii à notris,frater,<br />

quos urit rei tanta indignitas2 Virum nosti, quàm variè nobfssit<br />

reluctatus, et quibusartibus, supra omnespontificios,negociumDomini<br />

remorari stiiduit. Nunc vi<strong><strong>de</strong>s</strong> quid moliatur 3; sed viribas totis<br />

vobis incumbendum est, ne tam impü voti compos evadat, ut<br />

plus possit in nobis quàm Romanus Pontifex, cujus ferreumjugum<br />

Christi virtute excussimus. Nunc alteri colla submittemus?Absit!I<br />

Verbum adferat Domini; non tantum ipsum, sed omnium minimum<br />

audiemus, ac parebimns in negocio Domini. Aliàs non est<br />

quôd sese venditet aut snos jactet titulos Ipse nunquam hosce<br />

sum fratres habiturus qui à Christi exemplo recedunt, Pontificem<br />

imitati Romanum, cum quo regnent et apud quem agant, nou nobiscum.<br />

Hic referre poterit quid hic sitactum, quœverba habita.Scripsere<br />

fratres ad concionem5.Tu aliique fratres cum Viretoconferetis, ac<br />

vi<strong>de</strong>bitis quid ecc<strong>les</strong>iissit expediens, dabisque operam ut Viretus<br />

ad nos veniat, optatissimus omnibus. Oportet ut aliqua ratione fratrem,<br />

ne nobis pereat, servemus tam necessarium, sicut nosti, quô<br />

magis servire possit gloriae Christi et omnium œdificationi.Agite<br />

Allusionà l'électionrécente<strong>de</strong> Pierre Caroli.Les Bernois,en le<br />

préférantà Viret,semblaientavoir été plus sensib<strong>les</strong>à la facon<strong>de</strong>du<br />

vieuxdocteur français,qu'aux sérieuxservicesrendus à la causeévangéliquepar<br />

le jeune réformateur.<br />

8 Voyezle N°581,renvois<strong>de</strong> note2 et 3.<br />

Caroîi,docteur <strong>de</strong> Sorbonne,était en 1530curé <strong>de</strong> la villed'AIençon,conseilleret<br />

aumônier<strong>de</strong> la reine<strong>de</strong> Navarre(Voyezl'ouvrageintitulé<br />

cMarguerited'Angoulême.Son livre <strong>de</strong> dépenses(1540-1549).<br />

Étu<strong>de</strong>.sur ses <strong>de</strong>rnièresannées.Par le comte<strong>de</strong> la Ferrière-Percy.»<br />

Paris, 1862,in-8°,p. 154).<br />

15 Allusionà la lettre<strong><strong>de</strong>s</strong>pasteurs<strong>de</strong> Genèvedu21novembre(N°581).<br />

Concionemdésignedoncici le Syno<strong>de</strong>qui allait se réunir à Lausanne,et<br />

auquel<strong>de</strong>vaitassisterJacquesHugues.


112 PIERRE TOUSSADï A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1536<br />

constanter, sed ordinatè et sine motit, siqui<strong>de</strong>m insolentioresbesti»<br />

leni attractn et potenti nodo (letinentur captae.Ratimibus ex Scriptura<br />

potentitnis, sed verbis Christi mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tiamplané referentibus,<br />

agendum est. Vale,nnncius pro literis erit. Salutapios omnes, quos<br />

anxit Dominus 1Siurbs sese indignam reddit s, pagos vise nbi andiri<br />

et excipi Verbum noris, ut cum fructu tu aliique labores. Genevae,22<br />

Novembris 1536.<br />

(Inscriptio :) Jacobo Hugoni. GaiT.<br />

584<br />

Tuus Farellus.<br />

PIERRE toussain à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Montbéliard, 26 novembre 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaire. Votre lettre <strong>de</strong> Lausanne du 15 octobrem'est parvenue seulement aujourd'hui.<br />

Les sacrementsne sont pas encore administrés <strong>dans</strong> notre église selon la<br />

règle [<strong>de</strong> l'Écriture sainte]. Mais, sachez-le bien, ce n'est pas par ma faute, mais<br />

par celle <strong>de</strong> nos princen, qui préten<strong>de</strong>nt m'enlever l'initiative <strong>de</strong> toute innovation.<br />

Le comte [Georges]me renvoyant a son frère [le due Utric], j'ai adressé plus<br />

d'un message à celui-ci, ainsi qu'à Blaarer et à &hngf, pour leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r une<br />

réformation sérieuse et l'abolition du papisme. Mais je n'ai obtenu que <strong>de</strong> vaines<br />

promesses, <strong>de</strong> sorte que, <strong>dans</strong> mes <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers sermons,j'ai dû dénoncer ces<br />

Jéroboam, qui retiennent leur peuple <strong>dans</strong> l'idolâtrie. Puisque mes représentations<br />

6 n s'agit <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Gex, qui était très-hostile à la Réforme,<br />

comme on l'a vu <strong>dans</strong>-ce passage <strong>de</strong> la lettre <strong>de</strong> Farel dn 22 avril précé<strong>de</strong>nt<br />

c Jacobus Giaci plebem ac rasos habet pessimè in Christian affectos.<br />

Verbnm prorsùs spernunt, immô summè o<strong>de</strong>runt. »<br />

7 On écrivait alors indifféremment Gay, Gex on Getz (Voy. Froment.<br />

Actes et Gestes, passim, et le N° 481, n. 4).<br />

C'est grâce à l'obligeance <strong>de</strong> M. P.-A. Labouchère que nous avons pu<br />

donner exactement la suscriptim. n a bien voulu nous en fournir le facsimilé,<br />

après nous avoir spontanément communiqué plusieurs extraits <strong>de</strong><br />

sa belle collection'd'autographes..


i 536 PIERRETOUSSAIN AGUILLAUME FAREL, A.GENÈVE. 113<br />

sont inuti<strong>les</strong>, je me crois autorisé par mon ministère &mettre moi-même 1a main a<br />

l'œuvre, et je commencerai à réformer le Baptême et la sainte Cène.<br />

Si j'ai peu <strong>de</strong> relations mec mes paroissiens, c'est uniquement parce qu'on ne se<br />

réunit pas ici pour s'instrnire, mais pour boire et médire du prochain. Et cependant<br />

<strong>les</strong> adversaires m'ont assez souvent dénoncé aux Princes, comme si j'étais un sé-<br />

ditieux. Je continue toutefois a offrir mes services à tout le mon<strong>de</strong>.<br />

Mon plus grand désir serait d'aller vous voir et <strong>de</strong> m'entretenir avec vous. En<br />

attendant, pensez à moi <strong>dans</strong> vos prières. Saluez tous <strong>les</strong> frères, et nommément<br />

Calvin, Élie [Coravà~ Olivétan et Saunier. J'apprends, non sans contrariété, que<br />

Marlinus Felinus [Bueer] désire vivement la visite <strong>de</strong> Calvin.<br />

Charissime frater, recepi hodie primùm literas tuas, datas Lausanœ,<br />

13 Octob. l quaeme magnopere recrearunt. Et velim intelligas<br />

per me non stare, quomiimsrite sacramentis Domini utamur,<br />

quodhactemts mikinon Ucuitper Principes2 qui, ut festinant lentiùs<br />

quàm vellem in rébus Christi, ita, nescio quo jure, hanc sibi<br />

sumunt authoritatem, ut nihil per me innovari velint. Et quoniam<br />

hic CornesMo.!fcr3 culpamrejicit in fratrem, scripsi illi non semel<br />

per proprios etiam nuntios, nec illi solùm, sed et Blanrero quoque<br />

et Schnepfio ut diligentiùs prospiceretur rebus hujus ecc<strong>les</strong>ise,<br />

evei'sa abominatione ista papistica 5.Sed hactenus nihil impetrare<br />

potui, praeter promissa qui<strong>de</strong>m multa, sed inania, ut duabus postremisconcionibus<br />

meisfuerim coactusappellare istos Orçsjjyp'»<br />

1Cettelettre <strong>de</strong> Farel dn 15 octobre1536est perdue.<br />

Le traité concluà Cadan(juin 1534)entre Ferdinandd'Autriche<br />

et le duc Ulrie <strong>de</strong> Wurtembergimposaità ce <strong>de</strong>rnierprincel'obligation<br />

<strong>de</strong> ne tolérer aucun «sacramentaire <strong>dans</strong> ses États (VoyezLeopold<br />

Ranke.DeutscheGeschichteimZeitalter <strong>de</strong>r Reformation,lte Anfl.m,<br />

481-484).<br />

8 Le comteGeorges<strong>de</strong> Wurtemberg,gouverneurdu Montbéliar<strong>de</strong>t<br />

frèredu duc Ulric,qui était le souverain<strong>de</strong> ce <strong>pays</strong>.<br />

EhrhardSchnepf,né à Heilbronnen'Souabe(1495),'avait été recommandépar<br />

<strong>les</strong> théologienssaxons au duc Ulric <strong>de</strong> Wurtemberg.<br />

Celui-cil'avait appeléà Tubingue,pour lui confier,ainsiqu'à Ambroise<br />

Blaarer,la tâche4eréformerl'Église<strong><strong>de</strong>s</strong>esÉtats (Voy.l'article Schnepf,<br />

<strong>dans</strong>la « Real-Encyklopâdie fur protestantischeTheologieund Kirche,»<br />

publiéesousla directiondu Dr J.-J. Herzog).<br />

5<br />

Voyezle N°570,note 2.<br />

1 Notre ami M. E. Bin<strong>de</strong>r,professeurà Genève,a pris la peine<strong>de</strong><br />

déchiffrerpour nous ce mot hébreu, écrit très-imparfaitementet sans<br />

points-voyel<strong>les</strong>.Jarobeammimest le pluriel <strong>de</strong> Jéroboam;maisc'est abusivementque<br />

Ibussam donne la terminaisonplurielle à un nom propre<br />

employécommequalificatif.<br />

T. IV.<br />

8


114 PIERRE TOUSSAEf A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1536<br />

qp*,nescio qno metu, populum suum retinent in idololatria.Necsic<br />

certè unquam paci studai, nt sciens qaicquam concionandoomiserim,<br />

vel etiam privatim monendo, quotl vei ad meam munus, vel<br />

ad Christi gloriam pertinere putavi. Qaanqaam ejus nunc sim animi,<br />

ut, quoniam vi<strong>de</strong>o me hac ratione nihil efficere, monendo scilicet<br />

et supplicando, muneris mei authoritate rem aggrediar quantum<br />

ad Baptismumet Cœnamattinet.<br />

Quôd rariùs versor cum populo, non facio, teste Deo, ut vel laborem<br />

refugiam, vel studüs meisconsulam, sed facio,quôd vi<strong>de</strong>am<br />

istos non tam convenire ut aliquid discant, melioresque reddantor,<br />

quàm ut aut bibant, aut aliis obloquantur. Qaanqaam non sic fdgiam<br />

hominum consuetudinem, quin me jam saepeadversaniaçnà.<br />

Principes insimularint seditionis. Et soleo non infrequeutei-,et privatim<br />

et poblicè, offerre meam operam omnibus, si qua in re quacunque<br />

hora cuiquam possim pro<strong><strong>de</strong>s</strong>se. Sed non vacatinpraesentia<br />

ut te pluribus obtundam; reliqua ex literis ad ~a~[


1536<br />

W.-F. CAPITON A JEAN CALVIN, A GENÈVE. 115<br />

scripseram per hune nuntium, sed interceptus fait in Burgundia.<br />

Valein Domino. Monbelgardi,26 Novemb. 1536.<br />

Audio Mart. Felinum in hoc esse,ut Calvinusad seprofidscatur,<br />

quod certè nottemli. Maneamusin veritate.Jsm aliquot ex nostris<br />

salatavi tuo nomine, qui te resalutant. Et gratissimum mihi<br />

fecistiquôd adhortaris ad resipiscentiam, nam omnino opus habemus.<br />

Tttus P. Tossands.<br />

(Inscriptio :) GuilielmoFarello, fratri sno colendissimo.<br />

585<br />

w.-F. CAPITONà Jean Calvin, à Genève.<br />

De Strasbourg, 1er décembre 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibl. Pabl. <strong>de</strong> Genève. Vol. 110.<br />

Sommaire. J'ai la votre lettre d Grynœus, et j'en ai conclu que nous ne sommes pas<br />

encore complétement d'accord. Ces choses-là se traitent mal par écrit, et il est<br />

d'antres questions ecclésiastiques qui réclameraient également notre examen. Tout<br />

cela nous fait désirer une entrevue avec vous. Quand je fus à Bdîe, Hn'y a pas<br />

longtemps, j'avais projeté d'aller vous voir; mais <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons urgentes m'ont forcé<br />

<strong>de</strong> renoncer â ce voyage. Venez donc à nous, s'il est possible, et avant <strong>de</strong> rien<br />

publier. Vous gagnerez, &nous avoir entendus, <strong><strong>de</strong>s</strong> convictions encore plus fermes<br />

et <strong>de</strong> nouveaux arguments pour <strong>les</strong> défendre.<br />

S. Legimus tuas ad Grynceum1.Parvo adhuc admodumlimitedistamus,<br />

nec literis haecaguntur feliciter satis, et sunt alisequaestiones<br />

religionis, maxime quae œconomiam Ecc<strong>les</strong>iaespectant. Harum rerum<br />

omnium gratiâ, cuperemu8 tibi a<strong><strong>de</strong>s</strong>se uno fM1assis biduo.<br />

10 Pseudonyme<strong>de</strong> MartinBucer.<br />

11 Voyezla lettre <strong>de</strong> Bucerdn 1erdécembre1586(N°586),<strong>dans</strong>laquelleil<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>à Calvinl'entrevuedont Toussains'effraie,parcequ'il<br />

redoutequeCubai ne pactiseen matière<strong>de</strong> doctrineavec<strong>les</strong>théologiens<br />

<strong>de</strong> Strasbourg.<br />

1 Cettelettre <strong>de</strong> Calvinà SimonOrynseusest perdue.


il6<br />

W.-F. CAPITONA JEANCALVIN,A GENÈVE. 153&<br />

Inslitueram ad te iter nuper a BasUea2, à quo sum necessariis causis-<br />

<strong>de</strong>tractus. Neque hinc movere pe<strong>de</strong>m [nobis] licet, qui hoc anno<br />

saepius abfnerimus 3, neque ecc<strong>les</strong>iam nostram intentatamDominus<br />

relinquit 4. Quare per Christum oro, si nllo pacto poteris, nos acce<strong>de</strong><br />

antequam quicquam e<strong><strong>de</strong>s</strong> in lucem 5 scio, robustiora et communitiora<br />

tua omnia erant, nobis auditis. Fratres qui tecum sunt ac totam<br />

istic ecc<strong>les</strong>iam salvere jubeo plnrimùm. Vale. 1 Decemb. an. 1536.<br />

Orate pro ecc<strong>les</strong>ia nostra, nam et nos bine vestrimemores erimus-<br />

V. CAPITO.<br />

(Inscriptio :) Viro doctissimo juxtàque pio D. Calvino, sacras literas<br />

et Christum docenti Gebennis, fratri sibi in Christo obser-<br />

vando.<br />

3 Capiton et Bucer avaient pris part aux <strong>de</strong>ux assemblées réunies à<br />

Baie le 24 septembre et le 12 novembre 1536, et <strong>dans</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> théologiens<br />

évangéliqnes <strong>de</strong> la Suisse s'étaient occupés <strong>de</strong> l'accord à établir<br />

entre leurs églises et <strong>les</strong> églises luthériennes (Voyez l'ouvrage <strong>de</strong> Louis<br />

Lavater intitulé


tS36 MARTIN BUCER A JEAN CALVIN, A GENÈVE. 117<br />

586<br />

Martin BUCERà Jean Calvin, à Genève.<br />

De Strasbourg, 1er décembre* 1536.<br />

J. Calvini Epistolae et Responsa. Genevae, M.DXXXY, in-fol. p. 6.<br />

Somhaibe. Ayant rencontré récemment à Bâle M. Moreîet du Museau, nous vous<br />

avons fait <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r par lui et nous vous <strong>de</strong>mandons encore une entrevue, afin <strong>de</strong><br />

conférer avec vous sur la doctrine évangélique. n nous parait, en effet, que le<br />

Seigneur vent se servir <strong>de</strong> votre ministère pour l'édification <strong>de</strong> tontes ses églises.<br />

Notre voeu,comme le leur, doit tendre à nous accor<strong>de</strong>r entièrement avec vous. Si<br />

nous pouvons en conscience admettre tontes vos idées, le Seigneur nous ai<strong>de</strong>ra 4<br />

réaliser l'union <strong>de</strong> sentiments qui doit exister entre ses ministres. Le temps présent<br />

la réclame ce siècle, qui contrôle et juge si sévèrement <strong>les</strong> discours et <strong>les</strong> écrits, a<br />

rendu un bon service &notre ministère, en nous imposant le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> nous assurer,<br />

non-seulement que nous ne prêchons que <strong><strong>de</strong>s</strong> choses vraies, mais <strong>de</strong> plus, qu'el<strong>les</strong><br />

sont exposées <strong>de</strong> façon &être comprises et admises par <strong>les</strong> plus simp<strong>les</strong> <strong>de</strong> nos auditeurs.<br />

Or vous savez, par <strong>les</strong> recommandations <strong>de</strong> saint Paul, combien <strong>les</strong> assemblées<br />

od <strong>les</strong> hommes pieux peuvent s'entretenir sont propres à réaliser cette unité<br />

<strong>de</strong> la foi.<br />

Ainsi donc, nous nous réunirons od il vous plaira, pour conférer avec tout le<br />

respect que nous <strong>de</strong>vons soit &la vérité chrétienne, sclt &vous-même.Fixez-nous<br />

le ren<strong>de</strong>z-vous,4 Berne, d Bàle ou d Genève.Nous y traiterons complètement la<br />

questions oui, déjà résolues pour vous, ne la sont pas encorepour nos esprits un<br />

peu lents. Gar<strong>de</strong>z-vousd'ajouter, par votre refus, un chagrin il celui que j'éprouve<br />

<strong>de</strong> ne pas avoir fait votre connaissance quand vous étiez ici. Capiton, qui ne me<br />

cache rien cependant, a été bien mal inspiré, lorsqu'il a oublié ou négligé <strong>de</strong> vous<br />

présenter à moi.<br />

Bucerus Calvino S. D. a<br />

Gratia et pax augeatur tibi, frater et symmystain Dominounicè<br />

1 Voyez.<strong>les</strong>notes8 et 11.<br />

L'en-tête est vraisemblablement l'œuvre <strong>de</strong> l'éditeur, c'est-à-dire,<br />

<strong>de</strong> Théodore <strong>de</strong> Bèze. Dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> lettres <strong>de</strong> Bucer, la signature<br />

est placée à la fin.


118 MARTINBUCERAJEANCALVIN, AGENÈVE. 1 53&<br />

colen<strong>de</strong> Oravimus nuper Basileœ3 coràm,nunc per literas, clarissimum<br />

et verè nobilem virum D. Maurum Musœum à te ut nobis<br />

impetraret, uti sustineres <strong>de</strong> religione nostra nobiscum coràm<br />

commentari. Vi<strong>de</strong>mur nobis agnoscere, Dominum instituisse lui<br />

usum ecc<strong>les</strong>iis suis uberrimum conce<strong>de</strong>re,risque tuo ministerio latissimè<br />

commodare.Proin<strong>de</strong>, ut par est, optamtts,non nos modo,<br />

quorum nimiram non est apud ecc<strong>les</strong>ias tanta auctoritas, sed ecc<strong>les</strong>iasipsas<br />

et qui ad Mus ministerium juvenes apud nos et alibi<br />

educantur, tecum per omnia convenire. Quàm multùm siqui<strong>de</strong>m<br />

parvaedissentiunculaepraecipuorum ministrorum ecc<strong>les</strong>iis obsint,<br />

haud dubiè satis perpensum habes. Atqui <strong>de</strong>dit Dominus, ni fallor,<br />

ut, si liceat tua omnia rite accipere, aliquid ad promovendum hune<br />

tecum ecc<strong>les</strong>iarum et ministrorum Ejus consensum possimus. Libenter<br />

itaqueveniemusquô tu vo<strong>les</strong>,ut in Domino,summa cum observantia<br />

veritatis Christi, et tui, <strong>de</strong> tota administratione doctrinaa<br />

Christi conferamus.<br />

Certè seculum hoc sic profecit tam calumniando etiam quae<br />

rectè dicta scriptaque sunt, quàm exactissimèseverissiméque judicando<br />

quaesecùs, ut nos quibus modis omnibus curandum est,<br />

ut ministerium nostrum adferat fructûs plurimum, vituperetur à<br />

nemine,<br />

nihil ad summam diligentiam reliqui facere <strong>de</strong>beamus,<br />

quô nostra omnia non solùmvera sanctaque sint, quaevel scribimus<br />

veldicimus, sed sic etiam<strong>de</strong>promantur, ut quaevera sanctaque sint<br />

agnoscere valeant xaivriwwin Ecc<strong>les</strong>ia.Ad eam verô rem quanti<br />

fecerit sanctorum conventus et colloquiaD.Paulus5,nosti,mi frater<br />

et symmystain Dominoveneran<strong>de</strong>. Quantum leve huic fuit per terras,<br />

per maria, transcurrere ipsum, et suos, quos noverat vero aedificandi<br />

ecc<strong>les</strong>ias studio teneri, monere ad sanctum colloquiumtf<br />

Ergo, in Dominosuspicien<strong>de</strong> frater, condicnobis locum, sive Basileœ,sive<br />

Bernœ, si aliter non potest, Gebennis ut pertractemus<br />

religiosè quae, etiamsi tibi certa sunt, nobis tamen, pro nostra tar-<br />

8<br />

C'est-à-dire,vers le 25 septembreou le 13 novembre(Voy.le N»<br />

précé<strong>de</strong>nt,note 2).<br />

Morokidu Museau,qui, après un séjour<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux on trois moisà<br />

Gtenèce(N° 568, n. 3), était revenuà Bâle.C'est <strong>dans</strong> cetteville,sans<br />

doute,qu'il avaitnoué<strong><strong>de</strong>s</strong> relationsd'amitiéavecCalvin(1535).<br />

15<br />

Voyezl'épitre <strong>de</strong> saint Paul aux Galates,chap. II, v. 2, et <strong>les</strong><br />

Actes<strong><strong>de</strong>s</strong>Apôtres.<br />

4 Cetteconférenceeut Heuà Berne huit moisplus tard (Voyezla<br />

lettre <strong>de</strong> CapitondtM» septembre1537).


1536 MARTIN BUCER A JEAN CALVIN, A 119<br />

ditate, explicatione ampliore indigente Etiam insipientibns <strong>de</strong>bitores<br />

esse nosti, quanquam verè sapimas. Utinam verô nobis, per<br />

ecc<strong>les</strong>iarum negotia certè non negligenda, liceat brevi nos Helvetiis<br />

p. vos Helvetios ?] vi<strong>de</strong>re, etiam invocatos 8<br />

Optimè vale, vir doctissime et sanctissime, et ne contemnas preces<br />

meas, doloremque eo super dolorem mihi adjicias. Nam quôd<br />

non est datiim te nosse et appellare, cum hie esses 9, dici non potest<br />

ut doleat. Coûmmnicat mihi alioqui Capito omnia. Hîc nescio quis<br />

sinister spiritus eum tam obliviosum fecerit, ut omiserit, vel non<br />

meminerit te mihi pro<strong>de</strong>re l0 quod et ipsi nunc dolet admodum.<br />

Argentorati, Calend. tfovemb. 11 m.d.xxxvi.<br />

I Bucer a dit plus haut < Optamus tecum per omnia convenire<br />

Libenter itaqae veniemus quô tu vo<strong>les</strong>, ut summa cum observantia<br />

veritatis Christi, et tui conferamus. » Ces expressions, pleines <strong>de</strong> déférence<br />

et <strong>de</strong> respect, contrastent avec le langage familier <strong>de</strong> Capiton<br />

(N0 585, renvoi <strong>de</strong> note 5). El<strong>les</strong> annoncent déjà qu'il n'y avait pas en <strong>de</strong><br />

relations personnel<strong>les</strong> entre Bucer et Calcin (Voyez <strong>les</strong> notes 9-10).<br />

S Comment concilier ce vœu <strong>de</strong> Bucer avec la date du 1ernovembre,<br />

que Bèze donne à la présente lettre? Le théologien strasbourgeois n'aurait<br />

pn, le 1er novembre 1536, ignorer qu'il était invité à l'assemblée qui<br />

<strong>de</strong>vait se réunir à Baie onze jours plus tard. C'eût donc été pour lui une<br />

raison toute naturelle d'engager Calvin à s'y rendre; mais il n'a pas<br />

l'air d'y songer. Nous en concluons que Bèze, à qui l'écriture <strong>de</strong> Bucer<br />

ne fat jamais familière, a lu inexactement la date (Voy. d'ailleurs la<br />

note 11).<br />

9-t0 Ces passages mêmes pouvant servir à démontrer que Calvin ne<br />

se trouvait pas à Strasbourg <strong>dans</strong> <strong>les</strong> premiers jours <strong>de</strong> novembre 1536<br />

(Voy. N° 577, n. 1-3), nous pensons que Bucer veut parler ici du séjour<br />

que le théologien français avait fait <strong>dans</strong> cette ville à son arrivée <strong>de</strong><br />

France, c'est-à-dire, vers la fin <strong>de</strong> l'année 1534. Les expressions dont il<br />

se sert prouvent d'ailleurs qu'il ne connaissait pas Calvin personnellement,<br />

pas plu qu'il ne l'avait connu sous le pseudonyme <strong>de</strong> Heppeviïle ou <strong>de</strong><br />

Lucanius. On est donc autorisé à rejeter, comme une fable, le récit <strong>de</strong><br />

la visite qu'ils auraient faite ensemble à Érasme en 1534 (Voyez N° 569,<br />

fin <strong>de</strong> la note 10).<br />

II Le 1" novembre 1536 Bucer se trouvait à Marbourg (Voy. J.-H. Ott.<br />

Anna<strong>les</strong> Anabaptistici, 1672, p. 89). La présente lettre a dû être écrite<br />

le même jour que celle <strong>de</strong> Capiton qui est datée du 1er décembre 1536.<br />

Toutes <strong>de</strong>ux expriment au fond le même désir. Capiton ne fait aucune<br />

allusion à la prétendue lettre <strong>de</strong> Bucer du 1er novembre, qui serait restée<br />

sans réponse. n a plutôt l'air d'adresser à Calvin une invitation dont il<br />

n'a pas été question précé<strong>de</strong>mment, et, en homme sûr <strong>de</strong> l'assentiment<br />

<strong>de</strong> son collègue, il dit c Ouperemu*tibi a<strong><strong>de</strong>s</strong>se uno fortassis biduo<br />

Oro nos acce<strong>de</strong> »


120<br />

LE CONSEIL DE NEUCHATEL AU CONSEIL DE GENÈVE. 1536<br />

587<br />

LE CONSEILDE NEUCHATELau Conseil <strong>de</strong> Genève.<br />

De Neuchâtel, 4 décembre 1536.<br />

Inédite. Manuscrit original. Archives <strong>de</strong> Genève.<br />

Somutairk. Antoine <strong>de</strong> Marcourt se rend d Genève, sur notre <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, pour vous<br />

prier <strong>de</strong> nous cé<strong>de</strong>r le pasteur Jacques Bernard.<br />

Trés-honnoréz, pru<strong>de</strong>ns, saiges et nob<strong>les</strong> Seigneurs, chers amys<br />

et bons voysins, nostre amyable salutation <strong>de</strong>vant mise 1<br />

H vous playra considérer, comme charité chrestienne requiert<br />

que, en tout bien, on communique l'ung à l'aultre selon qu'il est<br />

besoing. Or est-il ainsi que nous summes <strong>de</strong> présent en gran<strong>de</strong><br />

nécessité <strong>de</strong> honnestes et véritab<strong>les</strong> personnaiges, pour porter et<br />

annncer la saincte Parolle <strong>de</strong> Dieu,tant en nostre ville que <strong>de</strong><strong>dans</strong><br />

le <strong>pays</strong>'. A cause <strong>de</strong> quoy, nous vous avons transmis et envoyé<br />

nostre féal et bien-aymé Maistre Anthoine <strong>de</strong> Marcourt, fidèleprédicateur<br />

du Sainct Évangile <strong>de</strong> Jésuchrist, porteur <strong>de</strong> ces présentes,<br />

pour vous prier et requérir en nostre nom, qu'il vous plaise<br />

consentir et faire que ung nommé JacquesBernard, docte et savant<br />

personnaige, ainsi que summes bien informéz, lequel comme<br />

l'ung <strong><strong>de</strong>s</strong> vostres <strong>de</strong>meure en vostre noble cité', vienne à nous,<br />

pour nous évangéliser selon <strong>les</strong> dons et grâces que Dieu luy a con-<br />

1 ThomasMalingre,l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs<strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Neuchàtel,avait<br />

été appeléà Yverdon,au mois<strong>de</strong> févrierprécé<strong>de</strong>nt.Versla mêmeépoque,<br />

plusieurspasteursneuchatelois,cédantà l'invitation<strong><strong>de</strong>s</strong> Genevoison <strong>de</strong><br />

MM.<strong>de</strong> Berne,étaientallésprêcherla Réforme<strong>dans</strong> le Chablaiset <strong>dans</strong><br />

<strong>les</strong> bailliages<strong>de</strong> Ternier et <strong>de</strong> Gex.Onpeut citer, entre antres, ChristopheFabri,<br />

Emur Beynonet Thomas<strong>de</strong>la Planche.<br />

t JacquesBernar<strong>de</strong>xerçait encorele ministère<strong>dans</strong> le bailliage<strong>de</strong><br />

Ternier (Voyezle N° 573, note 11, et la fin <strong>de</strong> la lettre <strong>de</strong> Farel dtt<br />

14janvier 1538).


i 536 GUILLAUMEFAREL A CHRISTOPHEF ABRI,A THONON. 121<br />

férées.En ce faisans vous nous ferés chose très-agréable, et aussi<br />

nous obligerez <strong>de</strong>, en cas pareil, vous faire le semblable, quand<br />

occasion se adonnera. Donné à Neufchastel, ce une <strong>de</strong> Décembre<br />

1.5.3.6.<br />

Vos bons amys et voysins prest à vous faire service,<br />

QUATREMdostradlx ETConseilz DENedfchastelz3.<br />

(Suscription:) A pru<strong>de</strong>ns, sages, vertueux et nob<strong>les</strong> Seigneurs<br />

<strong>les</strong> Seigneurs Sindicques et Conseil <strong>de</strong> l'antique et noble Cité<strong>de</strong><br />

Genesve,.noz très-agréab<strong>les</strong> bons voysins et amys.<br />

588<br />

GUILLAUMEFARELà. Christophe Fabri, à Thonon.<br />

De Genève, 6 décembre 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaire. Dam notre <strong>de</strong>rnière congrégation, Denis [Lambert] s'est répanda en injures<br />

et en menaces contre <strong>les</strong> frères. Après nous avoir accusés <strong>de</strong> lui préférer <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ministres incapab<strong>les</strong> et indignes, il a vanta <strong>les</strong> services qu'il a rendus &Neuchâtel,<br />

Montbéliard, etc., rappelé ses <strong>de</strong>ux élections comme aumônier, enfin le zèle dont<br />

il a fait preuve dès lors, et que l'on récompense aujourd'hui en donnant son poste<br />

à Henri [<strong>de</strong> la Mare], c Cen'est pas moi, lui ai-je répondu, qui vous ai conseillé<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>venir prédicateur vous m'inspiriez trop peu <strong>de</strong> confiance.» II a déclaré<br />

qu'il continuerait &exercer le ministère, attendu que Us Bernai» l'ont envoyé pour<br />

cela, et qu'ils finiront bien par nous interdire toutes ces tracasseries. J'ai rétabli<br />

8 La présente lettre fat remise le 8 décembre au Conseil <strong>de</strong> Genève.<br />

Sa réponse, datée du. 11, renferme <strong>les</strong> passages suivants c Volontiers<br />

vous eussions laissé aller maistre Jacques Bernard, ou aultre à vostre<br />

plaisii, quand la chose fust possible. Mais, comme a vostre dict preschenr<br />

peult veoir et véritablement entendre <strong><strong>de</strong>s</strong> nostres, la nécessité en est telle,<br />

tant en nostre ville que en nostre terre an près et nos prochains voisins,<br />

qxril Q. qui] commencent à sentir la grâce [que] Dieu leur a faict, que<br />

plustost nous fauldroit chercher pour en avoir. davantaige et beaucoup,<br />

que d'en laicher ung Vous prians en charité le prendre à la bonne<br />

part » (Minute orig. Arch. <strong>de</strong> Genève.)


122 GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABBI, A THONON. i536<br />

la vérité<strong><strong>de</strong>s</strong>faits,puisCalvinl'a exhorté,an nom<strong><strong>de</strong>s</strong>frères,â donnersa démission.Il<br />

l'a refuséeetil s'est plaint<strong>de</strong> ceuxqui avaientattaquéla réputation<strong>de</strong><br />

sa femme.<br />

N'est-cepas trop parler<strong>de</strong> cemalheureux?Puisquel'ancienmoinesurvittout<br />

entieren lui,il fautqu'il soit séparé<strong>de</strong> la population, ou qu'ilsortedu <strong>pays</strong>.<br />

Luietsa femmepeuventbienruinerl'église, maisnonl'édifier.Examinezavecle<br />

Bailliquelleest la meilleuredécisionà prendre.<br />

Les prétres persistent ci égarer le peuple et d célébrer en secret <strong>les</strong> cérémonies<br />

papa<strong>les</strong>. n n'y a qu'un remè<strong>de</strong>, c'est <strong>de</strong> <strong>les</strong> congédier. Le Bailli <strong>de</strong>vrait ordonner<br />

d tous <strong>les</strong> officiers <strong>de</strong> son gouvernement <strong>de</strong> surveiller la célébration <strong><strong>de</strong>s</strong> baptêmes<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> mariages, et <strong>dans</strong> le cas où <strong>les</strong> ministres négligeraient d'enseigner que tout<br />

se fait conformément à la Parole <strong>de</strong> Dieu, ils seraient, aussi bien que <strong>les</strong> parents,<br />

appelés d rendre compte <strong>de</strong> leur conduite. Faites préparer pour Froment une ordonnance<br />

en blanc, afin qu'elle puisse servir & un autre ministre, pour se rendre<br />

<strong>dans</strong> la paroisse où il sera appelé.<br />

S. Gratiam et pacem a Deo In ultima congregationeDionysitts1 i<br />

Bachum verè nobis praestitit, vel Martem. Convitiis, minis et innumeris<br />

calumnüs fratres impetiit, laceravit et proscitlit: quôd non<br />

pancos ipso inferiores multô foveremns ac pro ministris haberemus.<br />

Vicinirai expressit Noveiïum* et alios; praeterea, qui famulam<br />

compresserit, qui adulterium commiserit, quasi illas pestes nos fèramus<br />

si quae sint, quas Deus tollatlSese <strong>de</strong>praedioavit, quid egerit<br />

Neocomi3, in Monte Bellegardœ, Basiliœ, Tiguri, Bernœ tan<strong>de</strong>m<br />

ut ad belium fuerit electus, in<strong>de</strong> à fratribus rejectus, rursus ad<br />

1 Des détails donnés plus bas (renvois<strong>de</strong> note 3-6) on peut conclure<br />

avec certitu<strong>de</strong> que ce Dionysiusétait le ministre Denis Lambert.<br />

9 Ce personnage était sans doute pasteur <strong>dans</strong> le bailliage <strong>de</strong> Ternier.<br />

Nous ne savons s'il doit être i<strong>de</strong>ntifié avec Pierre NbvéRet,curé <strong>de</strong> Bernex,<br />

près <strong>de</strong> Genève, qui rejeta <strong>les</strong> Thèses <strong>de</strong> Farel, à la Dispute <strong>de</strong><br />

Lausanne, ou avec ce Peints Noveîlus, que MM. <strong>de</strong> Berne avaient élu<br />

le 21 juillet précé<strong>de</strong>nt pour <strong><strong>de</strong>s</strong>servir la paroisse <strong>de</strong> Moûtier, <strong>dans</strong> la<br />

Prévôté.<br />

Ce fut probablement en 1584 que Denis Lambert <strong>de</strong>vint pasteur<br />

à Neuehftél ou <strong>dans</strong> le voisinage (Voy.le N° 482, renv. <strong>de</strong> n. 16, et la.<br />

lettre du 19 octobre 1537). Nous ignorons ce qu'il fit à Mùntbiliard,<br />

à Bâîe, à Zurich et à Berne. Peut-être en mentionnant cette <strong>de</strong>rnier»<br />

ville, faisait-il allusion au ministère qu'il avait exercé <strong>dans</strong> le Jura bernois<br />

(Voy. N° 526).<br />

8 On lit <strong>dans</strong> le Registre <strong>de</strong> Genèvedu 80 avril 1538 « Maystre Denys<br />

Lambert propose que, <strong>de</strong> l'an 1536 P. 1535], estant az Qingm avecque<br />

laz ben<strong>de</strong> <strong>de</strong> STeufch&tel fuz helyeux [1.élu] par le cappitaienne<br />

<strong>de</strong> Neufchastelprédicant en ycelle ben<strong>de</strong> >


1536 GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A THONON. 123<br />

bellum electione vocatus s, post bellum fi<strong>de</strong>liùs in Verbo egerit,<br />

idololatriam snstalerit T, primus egerit, fecerit ac sit passus quae<br />

nemo alias nunc per Henrichum 8 fdgetar, qui nidum paratum<br />

intret; omnes eum persequantur. Se non esse hominum autoritate<br />

missum.<br />

Cum dicerem, me illi non fuisse autorem ut concionaretur,<br />

quôd mihi perpétué esset suspectus, ne id ageret quod vi<strong>de</strong>o, rursus<br />

dicebat se a Bernatibus missum ac constitutum 9. Vi<strong>de</strong>remus<br />

an vellemus ita Senatui reluctari; se non <strong><strong>de</strong>s</strong>ertnrnm ministerium<br />

donec Bernâtes prohiberent quicquid nos conaremar. Ad<strong>de</strong>bat<br />

quôd curasset mandatum obtinere a Prœfecto, ut rosaria et id genus<br />

superstîtiones toUerentnr 10,sed tu impediveris. Mendacü taxavi<br />

hominem, indicans quod res erat, et ut tecum egerim ne sua<br />

vità et moribus modoque dicendi ecc<strong>les</strong>ias per<strong>de</strong>ret. Admonitus<br />

fuit per Calvinum rogatuscpie fratrum nomine, ut à ministerio <strong><strong>de</strong>s</strong>isteret<br />

omnes nos curaturos ut sibi consuleretur. Renuit; dbrit<br />

nos uxorem 12 ipsi <strong>de</strong>disse quam, cum scortum sit, nobis plena<br />

concione 13 sit traditurus, nisi ad palinodiam adigerentur qui eam<br />

scortnm dixere.<br />

Sed quid pergo in misero <strong>de</strong>pingendo, qui, cum totus sit monachus,<br />

seorsim à plebe necesse habet ut vivat? Si egrediatur ut<br />

doceat, opus est ut aliquis audiat miserum et vi<strong>de</strong>at ne quid<br />

effutiat repugnans pietati aliàs non vi<strong>de</strong>o qua consuli misero et<br />

ecc<strong>les</strong>iœpossit.Siqui<strong>de</strong>m sua et uxoris vita et mores ruinée servire<br />

possunt, sed non œdificationi.Tu poteris cum Praefectodispicere,<br />

quid sit facto opus nostrà causa nihil egerit. Uxoremin congregatione<br />

secum ducit; ea pnesente est <strong>de</strong>bachatus. Si consilium poscis<br />

fratrum, poteris ad congregationem scribere; omnes quod visum<br />

fuerit dicent.<br />

8 Allusionà la guerre entreprisepar <strong>les</strong>Bernoisenjanvier 1586,pour<br />

délivrerGenève.<br />

7<br />

Voyezle renvoi<strong>de</strong> note 10.<br />

8 Henri<strong>de</strong> la Mare,ministre<strong>de</strong> Genève.<br />

•<br />

Aprèsla campagnedn mois <strong>de</strong> février 1536, <strong>les</strong> Bernoisavaient<br />

sans doute engagéLambertà se séparer<strong>de</strong> la troupeneuchâteloisedont<br />

il était Vaumômer, et à se fixer<strong>dans</strong>le Ghablaisen qualité<strong>de</strong> pasteur.<br />

10<br />

Passageà compareravecla lettre suivante,renvoi<strong>de</strong> note 16.<br />

Noustrouvonsici la premièrementionformelled'une censureecclésiastiqueprononcéepar<br />

Jean Calvin.<br />

1t En octobre1534(NT0482, renv. <strong>de</strong> n. 16).<br />

18Le motconcionousparaît employéici<strong>dans</strong> le sens<strong>de</strong> congrégation.


124 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1536<br />

Basi non cessantpopulum <strong>de</strong>mentare ac pmtificia clam peragere.<br />

Nisifugentur sic ut non liceat quavis ratione cum aliisversari, non<br />

cessabunt donec se et plebem perdant. Si Prœfectus admoneat omnes<br />

suos ministros qui sunt in tota praefectura,ut rationem habeant<br />

puerorum qui intingantnr ac connubiorum, et eorum quaeper<br />

ministros fieri <strong>de</strong>bent, ut, nisi doceant omnia juxta Verbum facta,<br />

ipsi et non solùm parentes rationem reddant ac rei peragantur,<br />

vix profligabitur superstitio. Vi<strong>de</strong>tur mihi expedire ut graviùs injungatur<br />

offitiariis, ut probè suo fungantur munere, caveantque<br />

ne palam vel clam aliquid fiat pontificium.<br />

Carabis Mandatum u Frumento 15,et, si vi<strong>de</strong>tur, ita nomini ministii<br />

non sit asscriptum, ut possit etiam alius emitti, ut eo convocari<br />

possit plebs, non erit inutile. Pluribus tecum egi. Vale bene.<br />

Saluta omnes, praecipuè Prœfectum, quem salutare non potui per<br />

Leeicuhm w laborantem aegriùs taceo quôd torvè plus satis nos<br />

intuebuntur in œdibus famuli. Te salutant omnes. Genevae,6 <strong>de</strong>cembris<br />

1536.<br />

Tuus Farellds.<br />

(Inscriptio :) Suo Christophoro, Tononii.<br />

589<br />

CHRISTOPHEfabri à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 8 décembre 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sojoiaibe.Dimanche passé,la populationpresquetoutentièreassistaitau sermon;<br />

maisc'étaitbienmoinsparcrainted'encourir«l'indignation » <strong><strong>de</strong>s</strong>Bernois, que<br />

u n s'agit d'une lettre-patentedélivréepar«leBailli, et quiautorisait<br />

un ministrespécialà se présenter,annomdu gouvernementbernois,,<strong>dans</strong><br />

telle ontelle paroissedu territoirechablaisien.<br />

16 Nousne savonssi Fromentavait été admisà CoTonges-sw-BéUervoe,<br />

en qualité<strong>de</strong> pasteur(Voy.N°580).Il prêchaitça et là dan le bailliage<br />

<strong>de</strong> Thonon,selon<strong>les</strong>besoinsdu moment.<br />

AiméLeoet,î*un<strong><strong>de</strong>s</strong> syndics<strong>de</strong> Genève.


1536 CHRISTOPHE F'ABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 125<br />

pourne paspayerl'amen<strong>de</strong><strong>de</strong> cinqflorins.On voitmaintenant revenir


126 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1536<br />

tus agere quicquid in negociofralrum tuorum 9 poterit. Non an<strong>de</strong>ret<br />

rasum illuml0,cujusnonnnllas Sindicus Sabaudiensis(Savoye11)<br />

insidias indicarat, adhuc <strong>de</strong>tinere, donec illaspropiùs snbodorari<br />

licuerit. Admone illam ut in hoc vigilet, et, si quid clarius <strong>de</strong>prehen<strong>de</strong>rit,<br />

ei signiQcetper te, aut per me ipsum.<br />

Audivi à quibusdam rnsticis Missas superstites esse in tribus pagis<br />

Niduno proximis,quos vocant Bourrin. Machicyet Longeroz<br />

Mittoad Jo.[annem] Jacobum13equi praecium,2 v w.Hactenus non<br />

licnit ex ordine propositnm persequi negocium, nisi aliquas nonnunquam<br />

ex vicinis invisere ecc<strong>les</strong>ias,qaàdPar.[iatns], hac hebdoma<strong>de</strong>,<br />

nihil concionari potuerit aut voluerit. Ipse verô, Prœfecti<br />

jussu, ob turbam litigantium 15 maximè nobilium, quorum occasione<br />

multi alü ad concionemconfluebant, urbem relinquere non<br />

potui. Dionisiïmandatum16 Prœfectodisplicuit,sic générale quôd<br />

si particulare fuisset, lubens admisisset. Bene vale, salutatis omnibus<br />

fratribus. Cupio plurimùm rescire, qui valeat bonus ille<br />

Sindicus Levelus utinam lœta <strong>de</strong> eo audirem, ut dignus est ac<br />

necessarius Salatat te Do.[minus]a S. Paulo I8, Gandins t9, An-<br />

9 Voyezla lettre<strong>de</strong> Farel au bailli<strong>de</strong> Thonon(N°580).<br />

10 Nousne savonss'il s'agissait du curé <strong>de</strong> Colonges(N°580), ou du<br />

prêtre mentionnépar Fabri <strong>dans</strong>sa lettre du 13 novembre(N°579,renv.<br />

<strong>de</strong> n. 2).<br />

11Clau<strong>de</strong>Savoye.<br />

13 Cestrois villages,situésle premierau N.-E., et <strong>les</strong> <strong>de</strong>uxautres au<br />

N. <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Nyon,se nommentaujourd'huiBursins,Marchissyet<br />

Longirod.<br />

18 Jean-JacquesFarel, frèredu Réformateur(N°580,n. 6).<br />

Cesignereprésentele mot coronatos,quidésigne<strong>les</strong>écus.<br />

15 Les plai<strong>de</strong>ursaffluaientà Thonon,qui était le sièged'un tribunal.<br />

Voyez,sur <strong>les</strong> institutionsjudiciairesétabliespar <strong>les</strong> Bernois<strong>dans</strong>leurs<br />

nouveauxterritoires, le Chroniqueur<strong>de</strong> LouisVulliemin,p. 254, 266,<br />

274, 302.<br />

16 C'est-à-dire,un règlement<strong>de</strong> réformationpréparépar DenisLambert,ou<br />

bien unelettre-patente,qu'il avait rédigée<strong>de</strong>manièreà cequ'elle<br />

pût servird'introductionà plusieursministres.Le Bailli voulait,an contraire,<br />

que chaqueministreeût une lettre-patentespéciale.<br />

17 Voyezla fin <strong>de</strong> la lettre précé<strong>de</strong>nte.<br />

18 Plusieurs<strong><strong>de</strong>s</strong>membres<strong>de</strong> la famille<strong>de</strong>Blonay(branchesavoisienne)<br />

portaient le titre <strong>de</strong> seigneurs<strong>de</strong> St.-Paul. Nousn'avonspas réussià déterminerduquelil<br />

est iciquestion.<br />

19 Est-ce Clau<strong>de</strong>Farel, ou Clau<strong>de</strong>Clèmentis,ou bien encoreClau<strong>de</strong><br />

Qtiûief?L'emploies prénoms,au lieu<strong><strong>de</strong>s</strong>noms<strong>de</strong> famille,estunesource<br />

fréquente<strong>de</strong> difficultés<strong>dans</strong>la correspondance<strong><strong>de</strong>s</strong>Réformateurs.


1536 LE CONSEIL DE GENÈVE E AU CONSEIL DE BERNE.<br />

147<br />

tonius 20,nxor cum Daniele n, ac reliqui omnes. Tononü, 8 Decembris<br />

1536.<br />

(Inscriptio :)<br />

Taus Christoforus Libertetus.<br />

Chariss. fratri Gulielmo Farello. Genevae.<br />

590<br />

LE CONSEILDE GENÈVE an Conseil <strong>de</strong> Berne.<br />

De Genève, 9 décembre 1536.<br />

Inédite. Minute originale l. Archives <strong>de</strong> Genève.<br />

Sommaibe.Desactes<strong>de</strong>brigandagesecommettent journellement «ducôté<strong>de</strong>France»<br />

sur <strong>les</strong> Genevoiset leursamis.Unhomme<strong>de</strong>bien,nomméLoys,vientd'êtrearrêtéet<br />

emprisonné, <strong>dans</strong>le Danphiné,parcequ'il portait<strong><strong>de</strong>s</strong> lettres<strong>de</strong> no» pricheurs,et<br />

nouscraignonsqu'ilne soitmis a mortcommeMartin[Gonin]. Veuillez<br />

eninformerle Roi.<br />

Nousne noussommespointappropriécequiappartenaita l'abbé<strong>de</strong> Bmmmt<br />

[notreancienvicaire-général]. S'il prouvela légitimité<strong>de</strong> sesréclamations, nous<br />

seronsprêtsà y fairedroit.<br />

Magnifficques, puyssans et très-redoubtés Seigneurs, nous nous<br />

recommandons. très-humblement à vostre bonne grâce.<br />

Magnifficqnes Seigneurs Ainsy qu'avons eust vostre lettre en<br />

faveur <strong>de</strong> Monsieur l'abbé <strong>de</strong> Bmmmt 3, nous estions en propos<br />

80Antoine Froment?P<br />

« Nous ignorons si ce persoinage faisait partie <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong><br />

Fabri.<br />

1 Elle se compose<strong>de</strong> la lettre mêmequi <strong>de</strong>vait d'abord être expédiée<br />

à Berne le 6 décembre, et qui fat rouverte pour recevoir un post-scriptum<br />

daté du 9.<br />

Cette lettre, datée du 25 novembre1536, concerne Amé<strong>de</strong> Ginçins,<br />

ancien grand-vicaire <strong>de</strong> l'évêque <strong>de</strong> Genève. Après la Béformation, il<br />

s'était retiré <strong>dans</strong> son abbaye <strong>de</strong> Bonmont,près <strong>de</strong> Nyon. « n y mourut<br />

vers le milieu <strong>de</strong> l'année 1537, ayant fait le canton <strong>de</strong> Berne son héritier<br />

» (Besson,op. cit. p. 181). Les lettres que <strong>les</strong> magistrats <strong>de</strong> Genève


128 LE CONSEIL DE GENÈVE AU CONSEIL DE BERNE. 1536<br />

[<strong>de</strong>] supplier Vouz Excellences nous donner conseil, comment<br />

[nous] nous <strong>de</strong>bvons gay<strong>de</strong>r à pouvoir faire que soyons assenrés<br />

sus <strong>les</strong> champs hors nostre ville, mesmement sus le costé <strong>de</strong><br />

France, où tous <strong>les</strong> jours sont noz gens assamys,tant par <strong>les</strong> fuytyfz<br />

<strong>de</strong> Pyney3, entretenus tousjours [à]Anneissy par Madame<strong>de</strong><br />

Nemoux que aultres à nous incogneust, quil, à l'aultre foyëre <strong>de</strong><br />

Lyon <strong>de</strong>vant passée, <strong><strong>de</strong>s</strong>trossarent <strong><strong>de</strong>s</strong> marchans <strong>de</strong> nostre ville et<br />

<strong>de</strong> Lausanne, et maintenant, an sortir <strong>de</strong> ceste <strong>de</strong>rnière foyre <strong>de</strong><br />

Lyon5,hont tué, prest Ambronay6, Jehau Franck, filz <strong>de</strong> Domeine<br />

Franck, nostre bourgois, venant <strong>de</strong> Lyon, chose bien cruelle.<br />

Et encore <strong>de</strong>mpuys, ce n'y a que six jours, il trovarent à Montloêx1 T<br />

ung gentilzhomme ytalien, homme d'armes du Roy, [qui]se appelle<br />

Laurens Curval, que il assaillirent à mort, tant seulement pour ce<br />

qu'il dict qu'il venoit veoir ses amysà Genève,et qu'il respondoit<br />

aux disans que nous n'estions que chiens, que nous estionsgens <strong>de</strong><br />

biens, et aussi pour ce que son serviteur pourtoit une casacque<br />

roge, qu'il pansoënt [que] luy avions donné.<br />

L'on a aussiprys ces jours passés, au lieu <strong>de</strong> Ckerens8, prest Grenoble,ung<br />

homme <strong>de</strong> bien appelle Loys9, quil treigeoit [c. à d. <strong>de</strong>meurait]<br />

icy, tant seulement pour avoir dict [que] il venoit <strong>de</strong><br />

Genève,lequel l'on détient ne sçavons toutteffoissi [ce] soit au dit<br />

Cherensou à Grenoble10 pour luy avoir trouvé quelques lettres<br />

adressèrentà ceprélat en 1536et 1537témoignent<strong>de</strong> leuramitiéréciproque.Le<br />

grand-vicaire<strong>de</strong> l'évêqueétait, selonFroment(op.cit. p. 157),<br />

«le meilleurcompagnondu mon<strong>de</strong>,bon Genevesin,bien banquetant<strong>les</strong><br />

compagnons. »<br />

s Les Genevoispartisans <strong>de</strong> l'Êvêqueet qui s'étaient précé<strong>de</strong>mment<br />

réfugiésà Peney(N°480,n. 5-6)avaientdû abandonnercetteretraite,<br />

a l'approche<strong>de</strong> l'arméebernoise(janvier1536).<br />

Charlotted?Orléans,duchesse<strong>de</strong> Nemourset comtesse<strong>de</strong> Genevois<br />

(N°546,n. 3).<br />

5 Lafoirequise tenait a Lyondu 3 au 18novembre.<br />

6 Petitevilledu département<strong>de</strong> l'Ain 5 lieuesS.-E. <strong>de</strong>4tourg.<br />

7 Montluel,sur la route <strong>de</strong> Genèveà ju,,3n,à 5 lieuesN.-E. <strong>de</strong> cette<br />

<strong>de</strong>rnièreville.<br />

v<br />

S Chirensest une petite localitéà 6 lieuesenvironau N.-O.<strong>de</strong> Grenoble.<br />

qa<br />

9 Serait-ceLoysle vieux(t. m, p. 83, renv. <strong>de</strong> n. 30)?<br />

10 Le 14 décembresuivant,le Conseil<strong>de</strong>Genèveécrivaitau parlement<br />

<strong>de</strong> Grenoble «MagnifiquesSeigneurs Le <strong>de</strong>rnierjour du moys<strong>de</strong><br />

Novembreprocheinementpassé,unggentilhomme,nomméMonsr<strong>de</strong> Bosset,a<br />

prins à Chereinung compagnionvenant <strong>de</strong> nostreville,lequeldé-


1536 LE CONSEIL DE GENÈVE AU CONSEIL DE BEBNE. 129<br />

<strong>de</strong> noz prescheurs d'où crégnons fort [que], sans la, main <strong>de</strong> Dieu,<br />

il ne luy facent comme firent n'y a guère à ung aultre appellé<br />

Martin lequel, pour ce qu'il se renomma estre imprimeur en<br />

Genève, ilz suyvirent, noyarent et firent morir.<br />

Sur quov vous supplions vostre amyable conseil, et, si le lieu<br />

advenoit <strong>de</strong> escripre pour quelque affaire au Roy, il vous plaise<br />

luy toucher <strong>de</strong> cela, affin [que] il y ave <strong>de</strong> l'advys <strong>de</strong> ne permettre<br />

tel affaire vous nous fairés ung gros bien avecque <strong>les</strong> aultres,<br />

don[t] resterons tousjours myeulx obligés.<br />

Et touchant le dit seigneur abbé <strong>de</strong> Bonmont, Magnifiques Sei-<br />

gneurs, il a mal informé Voz Excellences; car nous ne luy détenons<br />

ny vouidiïons détenir chose que soit <strong>de</strong> son bien, trop contans,<br />

s'il nous monstre [que] luy détenons chose que soit <strong>de</strong> son propre,<br />

[<strong>de</strong>] entièrement lay satisfaire. Prians sur ce le Créateur, magnifiques,<br />

puyssans et très-redoubtés Seigneurs, il luy plaise vous<br />

donner bonne prospérité. De Genève, ce neufz <strong>de</strong> Décembre 1536.<br />

Vos très-humb<strong>les</strong> serviteurs et combourgois<br />

LES Syndicques ET Conseil <strong>de</strong> GENÈVE.<br />

tenez. De quoy sommes gran<strong>de</strong>ment marris. Nous savons que le Boy<br />

ne veult estre faict aux nostres sur son <strong>pays</strong> pys que faisons aux siens.<br />

Et ce pendant, <strong>pays</strong> que sçavons icelluy compaignon n'estre détenu pour<br />

larressin, murtre, ny meschanseté, mais seulement pour venir <strong>de</strong> nostre<br />

ville, il vous plaise. vous contenter <strong>de</strong> l'avoir imprisonné, sans luy faire<br />

aultre torment. (Minute orig. Arch. <strong>de</strong> Genève.)<br />

11 C'était le ministre Martin Gonin, natif <strong><strong>de</strong>s</strong> Vallées vaudoises du<br />

Piémont (Voyez <strong>les</strong> notps du N° 393). La lettre <strong>de</strong> Genève au Parlement<br />

<strong>de</strong> Grenoble datée du 14 décembre 1536 s'exprime ainsi au sujet <strong>de</strong> ce<br />

martyr « Nous sommes advertis que, <strong><strong>de</strong>s</strong>puis cinq moys passés ou environ,<br />

avez enprisoné ung imprimeur, habitant <strong>de</strong> nostre ville <strong>de</strong> Genève,<br />

lequel avez faict morir. » Martin Oonin avait été, en effet, noyé <strong>dans</strong><br />

l'Isère, le 26 avril précé<strong>de</strong>nt, par <strong>les</strong> ordres du Parlement <strong>de</strong> Grenoble.<br />

D'après Crespin (Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> Martyrs, 1582, fol. 109 b), <strong>les</strong> Vaudois<br />

l'avaient envoyé à Genève c avec Jean Girard (qui <strong>de</strong>puis a esté imprimeur<br />

> en la dicte ville), pour prier M. Guillaume Farel. <strong>de</strong> vouloir prendre la<br />

charge <strong>de</strong> reformer leurs Églises. Après que Martin avec son compagnon<br />

eurent exécuté fidèlement ceste commission, au partir <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong><br />

Genève, Martin print son chemin pour retourner en Piedmont, ayant intention<br />

<strong>de</strong> visiter ses parens et amis. En chemin le seigneur ChampoUon.<br />

le print pour espion sur <strong>les</strong> montagnes <strong>de</strong> la Duché <strong>de</strong> Chansaur en Dau-<br />

phiné. De là il le mena en Porte-troine, qui est la prison <strong>de</strong> Grenoble^<br />

où il fut examiné par ceux du Parlement. On trouva sur lui < quel-<br />

T. IV. 9


130<br />

CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE,<br />

591<br />

CHRISTOPHEfabri à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 12 décembre 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchàtel.<br />

i 5.16<br />

Sommaire. Notre bailli désire avec sincérité que l'on s'occupe dignement <strong>de</strong> l'œuvre<br />

<strong>de</strong> Christ et que <strong>les</strong> scanda<strong>les</strong> disparaissent. Son intention serait <strong>de</strong> reléguer chez<br />

<strong>les</strong> Augustins l'intraitable Denis [Lambert], en lui défendant <strong>de</strong> prêcher à l'avenir.<br />

Mais, pour cela, nous <strong>de</strong>vons attendre l'arrivée <strong><strong>de</strong>s</strong> commissaires bernois.<br />

Je vous envoie la lettre-patente que j'ai obtenue pour vous et pour Froment.<br />

La mienne menace d'un châtiment corporel <strong>les</strong> papistes, et elle interdit l'usage <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rosaires. Je reprends ma tournée d'évangèlisatùm chaque fois que <strong>les</strong> circonstances<br />

le permettent. Les églises que je veux visiter étant averties par <strong>les</strong> publications<br />

du gouvernement, je puis, <strong>dans</strong> l'espace d'une semaine, voir assister au sermon<br />

presque tous <strong>les</strong> paroissiens. Mais il n'en sera plus <strong>de</strong> même <strong>dans</strong> mes tournées<br />

subséquentes ils obéiront à contre-cœur, je m'y attends. C'est pourquoi, je désirerais<br />

adjoindre à Clau<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux prédicateurs, qui <strong><strong>de</strong>s</strong>serviraient chaque dimanche <strong>les</strong><br />

quatre principa<strong>les</strong> paroisses <strong>de</strong> nos environs. Vous vous chargeriez, <strong>de</strong> votre côté,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> seigneuries <strong>de</strong> BaUaison et <strong>de</strong> St.-Cergues, d'Sermance et <strong>de</strong> Nernier.<br />

Le porteur, que j'avais amené avec moi, semble tout a fait impropre au ministère.<br />

Recomman<strong>de</strong>z à Saunier <strong>de</strong> nous fournir ce qui manque aux Bib<strong>les</strong> qu'il nous a<br />

envoyées.<br />

S. Conveni Prœfectum admodum oportunè, qui candidè cupit<br />

Christi negocium probè curari ab omnibus, et si quaesunt offendicula<br />

penitùs è medio tolli. Mediumindicavit quo intractabilis ille<br />

âtoWe?1 reprimatnr, quod priùs fieri non poterit quàm legati2 hue<br />

appulerint, cum Dominornm mandatum ab hoc receptum ut eum<br />

\jueslettres aainctementescrites,que GhrittaumeFarel, AntoineSaunier<br />

et autresministres<strong>de</strong> Genèveadressoyentà certainspersonnagesdu PiedmontcraignansDieuet<br />

bien affectionnezà sa Parolle.»<br />

1 DenisLambert(Voy.N?588,notes3-5).<br />

Les commissairesbernois.VoyezBuchat,IV, 397.


1836<br />

CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 131<br />

illi praeflceret ecc<strong>les</strong>iae 3, ipse solus nunc non au<strong>de</strong>retrevocare. Ru-<br />

jus consilii est, ut totus monachus cum sit, cum A1Igustinensibus<br />

nostris ageret, Floreti 5 loco, qui, totas Va<strong>les</strong>anus, mandato non<br />

parait, et nihil concionaretur. Si commodius quicquam vobis visum<br />

fuerit, indicate, ut id in primis curetur quod maximè obesse vi<strong>de</strong>mus.<br />

Mitto tibi mandatum 11, tuo et FrumenU (quôd omnium noluit)<br />

nomine a Prœfecto obtentom, sed corporali addito supplitio in<br />

Pantifitios, cum muictà nihil terreantur. Prohibentur quoque rosaria:<br />

qui duo articuli in meo T additi in causa fuerunt, nt Dominus<br />

ille Codrœnsis 8 quae gestabat in collo rosaria, legendo mandatnm,<br />

ferè cum lachrymis abstulit. Propero ex ordine, quantum per oc-<br />

casiones licet, propositum persequi. Proclamationes in singulis<br />

fiunt ecc<strong>les</strong>iis, quibus adiguntur, in prima peregrinatione hac 9, ut<br />

3 On lit <strong>dans</strong> le Manuel <strong>de</strong> Berne du 5 août 1536 « Écrire au bailli<br />

<strong>de</strong> Thonon. qu'il présente Denis à Veigy. » Si le billet suivant <strong>de</strong> J.-B.<br />

Nàgueli aux Genevois concerne le même personnage, il nous autoriserait<br />

à penser que Denis Lambert était pasteur <strong>de</strong> la paroisse <strong>de</strong> Végi:* c Serat<br />

laz présente pour vos prié que si, d'aventure, faictes prendre informations<br />

ad Vcgiezcontre maystre Denis, préd'.cant, que vouillés examiner <strong>les</strong> tegmoins<br />

<strong>les</strong>quieolx, part ce présent porteur, ou pour maystre Fromant, vo[u]s<br />

seront produictz.» (Mscr. orig. daté du Crest, 1er sept. 1537. Arch. <strong>de</strong><br />

Genève.)<br />

Les Ermites <strong>de</strong> St. Augustin à Thonon.<br />

5 II s'agit sans doute ici <strong>de</strong> Pierre Floret, religieux <strong>de</strong> l'Ordre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Ermites <strong>de</strong> St. Augustin à Thonon, qui fut ordiné prêtre le 19 avril 1522.<br />

Sa qualité <strong>de</strong> Valaisan <strong>de</strong>vait le rendre défavorable à la Réformation. C'est<br />

pour cela que le bailli <strong>de</strong> Thonon se proposait <strong>de</strong> le congédier, et <strong>de</strong> mettre<br />

à sa place chez <strong>les</strong> Augustins, Denis Lambert, qui aurait été dispensé<br />

à l'avenir <strong>de</strong> prêcher.<br />

8 C'était, croyons-nous, la lettre-patente du Bailli qui autorisait Farel<br />

et Froment à prêcher <strong>dans</strong> certaines églises, et qui ordonnait aux paroissiens<br />

d'assister à leurs prédications.<br />

n faut sous-entendre mandato.<br />

8 Le village <strong>de</strong> Coudrée, situé au fond du golfe formé par le lac entre<br />

Yvoire et Thonon, appartenait alors k Pierre cPAlinges,baron <strong>de</strong> Coudrée,<br />

ou à son neveu François d'Alinges, dit <strong>de</strong> Montfort, seigneur <strong>de</strong> Vullierens.<br />

La lettre que celui-ci écrivait le 25 juillet 1536 aux Genevois, pour protester<br />

qu'il n'avait fait nulle « empêcheà la levée <strong>de</strong> leurs dimes, est<br />

signée F. <strong>de</strong> Coudrée, et elle porte l'annotation suivante du secrétaire<br />

du Conseil « Lettre <strong>de</strong> Monsr <strong>de</strong> Montfort. Jullii 1536. »<br />

9<br />

C'est-à-dire, la première tournée faite par Fabri <strong>dans</strong> certaines paroisses,<br />

pour y prêcher (Voy. sa lettre du 5 février 1537).


132 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. i536<br />

inter septimanam concioni intersint ferme omnes: verùm in alüs<br />

peregrinationibus id aegrènec sine magna, ut existimant, violentia<br />

id praestiturosvi<strong>de</strong>o.Si enim pridie illisnon praecipiatur,nulli ferèadsnnt,<br />

quôd sic egrè ab opera, propter Verbum Domini,cujus<br />

nondum <strong>de</strong>litiasnoverant, distrahantnr. Quamobrem expedire vi<strong>de</strong>retnr,<br />

ut hic, tantisper dum legati advenerint, duos concianatores<br />

cum ClaudioI0 mecum alerem, que praecipuisatqne circumvicinis<br />

quatuor parœciis u satisfieret, dominicis diebus. Vos intérim,<br />

quantùm \iceret,diiiomBellisonensi ac Sanctosarguensi13,praeterea<br />

Armenchiisac Nerniaci 13faceretis satis.<br />

·<br />

Pium verô fratrem hune, quem mecum adduxeram, literis ac<br />

multominus ministerio parùm aptum, ad manuarium dirigam opificium,si<br />

hic forte sutorem boni animi erga eum reperiam. Simminus<br />

[1.sin minus] malo ministrnm laborantem alere, quàm discipulumqui<br />

vixintra trienninm vel latinamcaleret lingnam taceo<br />

blaesamesse, in pnlmonibus laesum,quamobrem bono illius animo<br />

<strong>de</strong>est corporis robur. Vale, salutatis omnibus. Tononii, raptim, 12<br />

<strong>de</strong>c.[embris] 1536.<br />

Tuus CHRISTOFORUS Libertetus.<br />

Admone Sonerium, ut quae<strong><strong>de</strong>s</strong>unt bibliisquœnobis nuper tradidit<br />

u impleat.Salutant vos omnes fratres, in primis Dominus Prœfectus,<br />

qui ex priori noxa in ventris fluxumincidit. Dominus tam<br />

pium dispensatorem nobis diutius servet 1<br />

(Inscrtptio:) Charissimofratri GulielmoFarello. Genevae.<br />

10Clau<strong>de</strong>démentis,l'ex-Augustin,ouClau<strong>de</strong>Regis(Yoy.N°582,n. 7)?<br />

11Peut-être<strong>les</strong> paroissesd'^rmoy,<strong>de</strong> Lyaud,<strong>de</strong> Braillant et <strong>de</strong>Margenceï.<br />

19-tsCesquatrelocalités,plusrapprochées<strong>de</strong> Genève,faisaientpartie<br />

du bailliage<strong>de</strong> Thonon.Nernierestsituéan nord à'Hermanceyquiappartient<br />

aujourd'huiau territoire genevois.Balaison,à l'E. d'Hermance,<br />

en est distantd'une lieue environ.Le village<strong>de</strong> St.-Cerguesest au pied<br />

du versantocci<strong>de</strong>ntal<strong>de</strong> la montagne<strong><strong>de</strong>s</strong>Voirons.<br />

14Fabri veut parler <strong>de</strong> la Bible d'Olivétan,publiéeen 1635.On ne<br />

connaît pas <strong>de</strong> Bible <strong>française</strong>impriméeà Genèv en 1536,maisseulementle<br />

NouveauTestamentin-12qui parut <strong>dans</strong>cettevillela mêmeannée,<br />

et dontE.-H. Gaullienra donnéla <strong><strong>de</strong>s</strong>cription(Voy.Étu<strong><strong>de</strong>s</strong> sur la<br />

Typographiegenevoise,<strong>dans</strong> le Bulletin<strong>de</strong> l'Institut national genevois,<br />

t. H, p. 151).


J<br />

1536 GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A THONON. 133<br />

592<br />

GUILLAUMEFAREL à Christophe Fabri, à Thonon.<br />

De Genève, 16 décembre 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

3ommaibe. Le père <strong>de</strong> Jacques [Cavierlet] n'a pas résisté an désir <strong>de</strong> visiter nos<br />

églises; le pieux vieillard a fait ce longvoyage, et il a pu voir si <strong>les</strong> bruits répandus<br />

sur notre compte étaient fondés.n faudrait surveiller un peu mieuxcesprêtre»<br />

impies. On <strong>les</strong> invite à défendre leur foi, et ils restent muets. On leur ordonne<br />

<strong>de</strong> vivre selon l'Évangile, et ils favorisent en secret l'impiété. Non contents d'in-<br />

venter <strong>les</strong> histoires <strong>les</strong> plus absur<strong><strong>de</strong>s</strong>, ils annoncent <strong>de</strong> terrib<strong>les</strong> châtiments à tous<br />

<strong>les</strong> partisans <strong>de</strong> l'Évangile et prédisent que bientôt a cette loi » s'évanouira, et que<br />

las Bernois seront détruits. Eh bien! puisqu'ils poussent le peuple a la sédition et<br />

résistent a la vraie doctrine, il me semble que MM. <strong>de</strong> Berne ne doivent pas <strong>les</strong><br />

tolérer plus longtemps. Si l'on recherchait <strong>les</strong> auteurs <strong>de</strong> ces troub<strong>les</strong>, et qu'on leur<br />

<strong>de</strong>mandât en plein public, pourquoi ils n'ont voulu ni paraître à Lausanne, ni défendre<br />

leur cause si, <strong>de</strong> plus, on leur offrait encore une fois la liberté <strong>de</strong> discuter<br />

avec nous, tout le mon<strong>de</strong> approuverait ces mesures. Sans la partialité qui règne,<br />

on découvrirait <strong>les</strong> complotsdu Due et du Êviques, particulièrement <strong>de</strong> celui <strong>de</strong><br />

Lausanne. Mais à d'antres ce soin! Notre tAcheest <strong>de</strong> gagner le peuple a Dieu.<br />

Puissions-nous la remplir convenablement<br />

Caroli avait réglé <strong>les</strong> choses à Lausanne tout autrement qn'on ne l'entendait a<br />

Berne. Je ne comprendspas pourquoi <strong>les</strong> Bernois ont voulu établir Du Moulin a<br />

Yevey, en qualité <strong>de</strong> pasteur, et envoyer Jean <strong>de</strong> Tournay à Aigle. Votre bailli<br />

sait pourtant quelle a été, <strong>dans</strong> cette <strong>de</strong>rnière ville, la conduite du premier <strong>de</strong> ces<br />

personnages; il connaît son caractère vaniteux et ses habitu<strong><strong>de</strong>s</strong> paresseuses, tandis<br />

que le second est l'homme qu'il faudrait pour édifier Vevey et <strong>les</strong> environs. Recomman<strong>de</strong>z<br />

aux hommes pieux <strong>les</strong> frères qui sont prisonniers pour la cause <strong>de</strong><br />

Christ, et la églises, soit <strong>de</strong> ce <strong>pays</strong>, soit <strong>de</strong> la France, gui désirent la prédication<br />

<strong>de</strong> la Parole.<br />

P.-S. L'homme <strong>de</strong> Serrièru a été attaqué <strong>de</strong> nuit par <strong>les</strong> prêtres à 7tUe[-la-<br />

Grand]. Il y a par là un chAtelainplus dévouéau Due et aux prêtres qu'a MM.<strong>de</strong><br />

Berne. Les satellites ducaux rô<strong>de</strong>nt sur la frontière, ce qui ne nous permettra<br />

guère d'utiliser la lettre-patente du bailli.<br />

S. Gratiam et pacem a Deo patre quàm optimo, qui paterni in<br />

nos affectus,non solùm in filio pro nobis tradito, quod maximum


134<br />

GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A THONON. 153&<br />

est, signum reliquit, verùm etiam in parentibus non prorsus <strong>de</strong>pravatis,<br />

uti vidimus in senecione,probo Tacobi1 patre, qui non<br />

potuit sese continere, donec gravis annis, non exiguo emenso itinere,<br />

vidit an ita haberet ut impii cupiunt et disseminantI<br />

Habenda essetratio aliqua tam impiontm rasorum. Vocantur,ut<br />

ma tueantur muti magis sunt quàmpisces2.Jubentnr omnes pie<br />

vivere, Evangelium sequi, cessare cum verbis, tum factis, ab impietate<br />

hic se strènnuos prœstant impietatis milites, sed clam<br />

« Moxdissolvetar [inquiunt] hoc quicquicl est negocii Lex ista 3<br />

« vanescet mox, nam insanire vi<strong>de</strong>mus sectatores ipsius. Berna?<br />

« non pauci insani sunt effecti,ac carceribus vincti obierant. In id<br />

« morbi incidit Jacobtis,misère insaniens. Quàm est vi<strong>de</strong>re multos<br />

« qui resipiunt et ad pristinam fi<strong>de</strong>m re<strong>de</strong>unt, cam vi<strong>de</strong>ant om-<br />

« nés qui factionisillius sunt pessimè torqueri Simon ille Bella-<br />

« garda* fuit admanitusà domicellaquadam,per visionem, locitm<br />

< sibi paratum apud ïnferos viciimmaôati*, qui jammigravit. Hœc<br />

« fertur edisse ac bibisse cum illu, idque famulum aut alium vi-<br />

« disse. »<br />

Hœcrosi, qui omnes in hoc sunt, ut gravissima minentur omnibus<br />

qui secuti fuerint Evangelium, in menseque Maio futurum ut<br />

omnia corruant; tam mis.>rèafflictandosqui vel minimum faverint^<br />

1 Nousne savonssi l'on peut i<strong>de</strong>ntifierce personnageavecJacques<br />

Hugues(Voy.îf 583)on avecle Jacques<strong>de</strong> Lyonque mentionnela lettre<br />

<strong>de</strong> Fabri du 5 février1537,et qui était vraisemblablement JacquesCamerle,pasteur<br />

<strong>dans</strong> le Pays<strong>de</strong> Gex.Il y avait,en effet,à Lyonune famille<br />

du nom <strong>de</strong> Camerle.Notre ami M. Ernest Chavanuesnousa obligeammentcommuniquéune<br />

lettre <strong>de</strong> DanielCamerlus,quiest adresséeà<br />

l'évêqueMicheld'Aran<strong>de</strong>et datéecommeil suit «Lugdunf,è cubiculo<br />

meoad vu IdusMaias,anno udxxvh.»<br />

2 Allusionaux prêtres;soit<strong>de</strong> Genève,soitdu Chablais.Lespremiers.<br />

étant invitésà soutenirleurs croyances,avaientréponduaux Syndics,le<br />

29 novembre1535:c Nousne sommespas assezsavants» (Voy.Froment,<br />

op. cit. Extraits <strong><strong>de</strong>s</strong> Registres,p. clvi). Ceuxdu Chablaisn'avaient<br />

trouvépersonnequifut en état <strong>de</strong> défendre,à leur place, la doctrinecatholique(Voy.N°561,n.<br />

3). Le clergédu Pays <strong>de</strong> Vaud n'avait guère<br />

fait meilleurefigureà la Dispute<strong>de</strong> Lausanne(Voy.N° 573,n. 16).<br />

8 Les adhérents<strong>de</strong> l'ancien culte appelaientvolontiersla doctrine<br />

évangélique«unenouvelleloi.»<br />

4 La famille<strong>de</strong> Béttegar<strong>de</strong>était originaire<strong>de</strong> Thonon.<br />

5 Le 14décembre1536,Berneordonnaitau bailli<strong>de</strong> Thonon<strong>de</strong> faire<br />

uneenquêteau sujet du < meurtre<strong>de</strong> l'abbé,» et <strong>de</strong> citer en justice«<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>uxconfréries.»S'agissait-il<strong>de</strong> Michel<strong>de</strong> Blonay,abbé<strong>de</strong> la Jeunesse?


1536 GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A THONON. 135<br />

Bernates, soli cum sint, prcrsùs peritaros. Interroga diligentiùs bonum<br />

hunc virum audies mira et quae ferenda non snnt. Basi cum<br />

ad <strong>de</strong>fectionem à Principilnts populum adigant, modisque omnibus<br />

pietati reluctentur, non vi<strong>de</strong>tur mihi Principes <strong>de</strong>bere ampliùs ferre<br />

ta<strong>les</strong>, nisi bella et motus alere velint. Si diligenter pervi<strong>de</strong>atur qui<br />

sint primi ita omnia clam perturbantes, ac coram omnibus rogentur,<br />

quid factum sit ut Lausannœ non prodierint, maque luiti non<br />

sints,aut palam non agant,etsi quid habeant in médium prof erant,<br />

ut neno dicat inauditos mulctatos esse, res fiet ut <strong>de</strong>cet, nemo<br />

non approbabit judicium. Tu ages apud Prœfectum, quem plurimùm<br />

mihi salâtes.<br />

Placet quod <strong>de</strong> misello Dionysio seribis I., viro pene <strong>de</strong>plorato.<br />

Rasus ille <strong>de</strong> quo sciibebas 8, insignis proditor, hic agit. Si favor<br />

non tantum posset, retegerentur multa tum Ducis tum cornuto-<br />

rum l0 consilia, praecipuè Lausannensis Sed curent Ma qui <strong>de</strong>-<br />

6 L'ancien territoire savoisien compris <strong>dans</strong> le bailliage <strong>de</strong> Thonon<br />

était divisé en quarante-cinq paroisses, et comptait an moins une cinquantaine<br />

<strong>de</strong> curés. Douze d'entre eux seulement s'étaient rendus à la<br />

Dispute <strong>de</strong> Lausanne, et ils n'y avaient pris la parole que pour adhérer<br />

à la protestation écrite <strong><strong>de</strong>s</strong> chanoines lausannois, portant qu'ils ne voulaient<br />

ni discuter, ni souscrire <strong>les</strong> Thèses soutenues par <strong>les</strong> ministres<br />

(Voy. le N» 573, n. 16. Ruchat, IV, 188, 202; 203, 218, 219, 267,<br />

348. -Le Chroniqueur, p. 316, 319, 323, 328).<br />

7<br />

Voyez le N° 591, renvois <strong>de</strong> note 1-5.<br />

8<br />

Voyez le N° 589, renvoi <strong>de</strong> note 10.<br />

9 Le duc <strong>de</strong> Savoie.<br />

10 Ce"mot désigne <strong>les</strong> prélats mitres.<br />

11<br />

L'évêque <strong>de</strong> Lausanne, Sébastien <strong>de</strong> Montfaucon. Après avoir séjourné<br />

quelque temps <strong>dans</strong> le canton <strong>de</strong> Fribourg (Voy. N°« 547, n. 1;<br />

565, n. 2), ce prélat s'était retiré à Boëge, village du Faucigny situé au<br />

pied du versant oriental <strong><strong>de</strong>s</strong> Voirons. Besson (op. cit. p. 177) dit qu'il y<br />

<strong>de</strong>meura près <strong>de</strong> trois ans. Cette assertion a été mise en doute par le P.<br />

Martin Schmitt (op. cit. n, 354), mais elle nous semble confirmée par <strong>les</strong><br />

paro<strong>les</strong> mêmes <strong>de</strong> Farel. Si l'évêque <strong>de</strong> Lausanne comptait.sur une restauration,<br />

il' ne pouvait choisir, près <strong>de</strong> la frontière du Chablais, une retraite<br />

mieux appropriée à ses <strong><strong>de</strong>s</strong>seins. Là il était protégé par Madame<br />

<strong>de</strong> Nemours, baronne <strong>de</strong> Faucigny, l'ennemie implacable <strong><strong>de</strong>s</strong> Bernois; et<br />

il avait un auxiliaire assuré <strong>dans</strong> la personne <strong>de</strong> son neveu M. <strong>de</strong> Boëge,<br />

fils d'Antelme <strong>de</strong> Montvuagnard, seigneur <strong>de</strong> Boëge et <strong><strong>de</strong>s</strong> Tours, et <strong>de</strong><br />

Jeanne <strong>de</strong> Montfaucon (Communication <strong>de</strong> M. Ch. du Mont. Voyez la<br />

lettre <strong>de</strong> Jeanne <strong>de</strong> Montfalcon, dame <strong>de</strong> Boëge, écrite aux Genevois le<br />

3 avril 1536. Arch. <strong>de</strong> Genève. Ruchat, m, 296. Mémorial <strong>de</strong> Fri-<br />

bourg, année 1859, p. 390).


136<br />

GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A THONON. f 536<br />

bent. Nos atinam plebem Domino paremas perfectam Quamvis<br />

connivere ad tam iniqua non possamas, nec <strong>de</strong>bemus, faxit Christus<br />

ut in tantis et tam difûcilibustum rébus, tum temporibus, omnia<br />

ut ad<strong>de</strong>cet peragamus 1<br />

r ongéaliaconstituerat Caroins u quàm Caspar13et alii Bernates<br />

intelligerent; nescio quid hominem ita moverit. Praeterea, nescio<br />

qua ratione factum sit ut Molanum Viviacensespetierint, Bernatesque<br />

voluerint ut golanus Viviacum conce<strong>de</strong>ret, Tornacensis1S<br />

verô Aquileiam. Prœfectus satis novit quantum miser Molanus<br />

Aquileiœzedificarit vir qui se anum admiretur et sequatur, alios<br />

non audiat, sed ri<strong>de</strong>at. Prœfectus, qui satis novit hominem, poterit<br />

Senatum vel pios aliquot hujus admonere, ne id patiantur, nisi velint<br />

Viviacum per<strong>de</strong>re. Tornacensis et illic et in vicinià aedificare<br />

poterit, ubi alter neutrum praestare potest Utinam apud Gallos<br />

aut alibi haesissetFaxit Dominus ut ta<strong>les</strong> nunquam vi<strong>de</strong>amus!1<br />

Plus satis arrogantium habemus et qui recta non audiunt consilia.<br />

Non potuit adduci ut colloquerentur fratres vel semel totis xv diebus<br />

labores refugit et contumelias, quietem et honorem ambit.<br />

Viretus pro fratre suo wpharmacum poscit, ut rupturae me<strong>de</strong>atur.<br />

Frumentus ait, te habere ac nosse ut applicari <strong>de</strong>beatJo. Vireto<br />

igitur mittes, ac ut expédiât uti. Levelus n beri à lecto surrexit<br />

bene sperat, nisi quôd splen adhuc malè habet; ratio aliquailli me<strong>de</strong>ndi<br />

tibi curanda erit. Sed jam concionos vocat. Vale, salutatis<br />

omnibus püs, quibus ecc<strong>les</strong>iasquœ Verbumcupiunthic et in Gal-<br />

18 Pierre Caroli,pasteurà Lausanne.<br />

18 GaspardMegan<strong>de</strong>r,l'on <strong><strong>de</strong>s</strong> ministres<strong>de</strong> Berne.<br />

14 Guillaumedu Moulin,précé<strong>de</strong>mmentpasteurà Nmn1le,puisà Aigle.<br />

18 Jean<strong>de</strong> Toumay,élu pasteur<strong>de</strong> Veveyle 19 octobre(N°574).<br />

Jean-Bodolphe Nœgueli,bailli <strong>de</strong> Thonon,avait été pendant plusieursannéesgouverneurà<br />

Aigle.<br />

17 SelonRuchat,IV, 375, le pasteur élu le 24 novembre1536pour<br />

Véglise<strong>de</strong> Veveyétait un FrançaisnomméBaillé. Cepersonnageest imaginaire.Le<br />

documentmal interprétépar Ruchatporte ceci c Nousaccordonsà<br />

ceux<strong>de</strong> Veveyle prédicantdalie[c.-à-d.d'Aigle]pour leur ordinaireprêcheur.<br />

»<br />

18 Du Moulinne consentaitpas à ce que sescollèguestinssentun etUr<br />

Toquetous<strong>les</strong> quinzejours, tandisque<strong>les</strong>pasteursforméspar Farel <strong>dans</strong><br />

le comté<strong>de</strong> Neuchâtelse réunissaienten congrégationtous<strong>les</strong>jeudis.<br />

19Pierre Viretavait <strong>de</strong>ux frères, dntaine et .Tean,qui étaient domiciliésà<br />

Orbe(Voy.Pierrefleur,op. cit. p. 38, 39).<br />

80 Nousavonsvu plus haut queFabri avaitétudiéla mé<strong>de</strong>cine.<br />

11 LesyndicgenevoisAiméLevet.


1536 GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABM, A THONON. 137<br />

lia commendabis,ac vinctos pro Christo M.Te salutant omnes.<br />

Genevae,16 <strong>de</strong>cembris 1536.<br />

Carriensis 21 per noctem impetebatar, in pago quem VUlam25 Taus Farellus.<br />

vocant, à rasis. Dlic est subprœfectus2S qui, ut alii, curabit rem<br />

rasorum, Christi et Principum causa neglectà. Totus est ducalis et<br />

insigniterpontificius.ilfastt7i>ims" prsefecit, etiamin aliis subpraefecturis,<br />

Gaiensis K in illa. Aliquot Ducis custo<strong><strong>de</strong>s</strong> vagantur illico,<br />

sed nemo carat. Deus aperiat oculos fis qui illa curare <strong>de</strong>bent, ut<br />

alios praeficiant suffectos Mandatant excepimus apud Sinserg[i\um<br />

M et [in] ejusmodi locis difficilefuerit eo uti, propter satellites<br />

illos duca<strong>les</strong>. Henrichus, qui jam pluries eos vidit30,referre<br />

Le village <strong>de</strong> St.-Cergues (Voyez N° 591, n. 12-13).<br />

•° De ces paro<strong>les</strong> on peut inférer que Henri <strong>de</strong> la Mare, Pan <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs<br />

<strong>de</strong> Genève, allait prêcher quelquefois <strong>dans</strong> ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> villages dit<br />

Chablais qui étaient voisins <strong>de</strong> la frontière du Faucigny.


138 LE CONSEIL DE BERNE AUX PAROISSIENS DE CHARDONNE. 1536<br />

poterit. Vale iterum ac omnia cura. Dolet mihi quôd sociumnon<br />

habeas 3t. Praecemur igitur Patrem ut extradât idoneos. Blasphémant<br />

multi et scortantur. Vi<strong>de</strong> apud Prœfectum ut non hnpanè<br />

agant.<br />

(Inscriptio :) Sao Christophoro, Tononii.<br />

595<br />

LE CONSEILDE BERNE aux paroissiens <strong>de</strong> Chardonne<br />

De Berne, 17 décembre 1536.<br />

Inédite. Minute originale. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

Sommaire. Berne menace <strong>de</strong> son


i536 LE CONSEIL DE BERNE AU COMTE JEAN DE GRUYERE. 139<br />

laissés chanter au [Lou]disre messeen vostre chapelle,ce que nous<br />

est grand regraict et mesprissance. Dont vous commandons trèsacertes,<br />

<strong>de</strong> vous incontinant dépoarter <strong>de</strong> cella, en tant que désirrés<br />

d'éviter nostre indignation et grieffe punition. Datum xvn<br />

Decembris, anno, etc., xxxvi.<br />

594<br />

LE CONSEIL DE berne an Comte Jean <strong>de</strong> Gruyère.<br />

De Berne, 19 décembre 1536.<br />

Inédite. Minuteoriginale. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

MM. <strong>de</strong> Berne annoncent an comte <strong>de</strong> Gruyère au ils feront supprimer<br />

le culte catholique A Automne, puisqu'il a refusé <strong>de</strong> donner lui-même, à cet effet,<br />

<strong>les</strong> ordres nécessaires.<br />

Illustre, magniffiqueSeigneur, singulier amys et très-chier bourgeoy<br />

Sur vostre lectre que <strong>de</strong>rnièrement nous avés envoyée,<br />

touchant l'abolition <strong><strong>de</strong>s</strong> cérimonies papa<strong>les</strong> en vostre ville d'Aulbonel,<br />

par nostre battiff <strong>de</strong> ll~o~addo~a' exéquutée, vous respondons,<br />

que puis nagaire avions dict à vostre maistre d'hostell3, que<br />

vous <strong>de</strong>ust rapourter estre nostre vouloir que cella feust faict par<br />

vous soubgects au [L ou] officiers du dict Aulbone Sur quoy avés<br />

escript certaines lectres au dict nostre baillif <strong>de</strong> Mouldon,faisantes<br />

mention que cella ne veilliéscomman<strong>de</strong>r. Dont avons faict com-<br />

Réformation'sontdatéesdu 24 décembresuivant(Voy.Rachat, IV, 519*<br />

522,522-531. Le Chroniqueur,p. 840, 348).<br />

1 Anotre connaissance,cette lettre du Comten'a pas été conservée.<br />

Jean Frisching.Le bailliage<strong>de</strong> Mondons'étendaitjusqu'aulac <strong>de</strong><br />

Genèveet il comprenaitla villed'Aubonne.<br />

8 FrançoisMartine.<br />

4 La démolition<strong><strong>de</strong>s</strong> autels se faisait, <strong>dans</strong> le Pays<strong>de</strong> Vaud,par <strong>les</strong><br />

soins<strong><strong>de</strong>s</strong> autorités loca<strong>les</strong>et à leurs frais. Ainsil'avaientordonnéMM.<br />

<strong>de</strong> Berne(Voy.Rachat, IV, 370).


440 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. t536<br />

man<strong>de</strong>ment an dict nostre bailliff <strong>de</strong> mettre en exéquution cella,<br />

vous advertissant que, en tons lieux ont on] nous summes sonverains<br />

5, que nous abolirons <strong>les</strong> cérimonies papa<strong>les</strong>. Datum 19<br />

Decembris 1536.<br />

L'Advoyer ET CONSEIL DE BERNE.<br />

595<br />

CHRISTOPHEFABRIà Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 20 décembre 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Je crois, comme vous, que c'est notre <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> surveiller <strong>les</strong> intrigues<br />

du prêtres et <strong>de</strong> signaler incessamment aux magistrats <strong>les</strong> officiersqui <strong>les</strong> faroorisent.<br />

Le châtiment <strong><strong>de</strong>s</strong> uns effraiera <strong>les</strong> autres, et nous saurons alors s'ils ont<br />

été gagnés pour travailler an rétablissement <strong>de</strong> leurs anciens prélats. Notrebailli a<br />

écrit aux Genevoispour obtenir <strong><strong>de</strong>s</strong> informations sur <strong>les</strong> auteurs <strong>de</strong> ces troub<strong>les</strong>.<br />

Ceux-ci ne seront pas épargnés, quand leur culpabilité sera prouvée.<br />

Je ne sais qui a conseillé à MM. <strong>de</strong> Berne <strong>de</strong> changer la <strong><strong>de</strong>s</strong>tination <strong>de</strong> divers<br />

pasteurs, à l'insu <strong><strong>de</strong>s</strong> frères. Comment ceini qui est presque inutile à Aigle produirait-il<br />

<strong>de</strong> bons fruits & Vevey,où l'on aurait besoin d'un ministre éloquent et<br />

actif? Le porteur <strong>de</strong> ces lignes étant tout &fait impropre &la prédication, je n'ai<br />

pas voulu le retenir plus longtemps. Si vous trouvez à Genèveun on <strong>de</strong>ux personnages<br />

diligents et amis <strong>de</strong> la paix, envoyez-<strong>les</strong> moi, afin que je puisse visiter <strong>les</strong><br />

églises à Noël, et surtout celle <strong>de</strong> Langin.<br />

Je n'ai point <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Viret, mais on me raconte d'étranges choses <strong>de</strong><br />

5 Jean <strong>de</strong> Gruyère possédait la baronnie à'Auborme, mais sous la su-<br />

zeraineté <strong>de</strong> MM. <strong>de</strong> Berne. Il hésita quelque temps avant <strong>de</strong> prêter<br />

c l'hommage en qualité <strong>de</strong> vassal. La formule <strong>de</strong> son serment pour la<br />

baronnie d'Aubonne, <strong>les</strong> villages <strong>de</strong> Pailly, Vuarrens,^tc, est datée dn<br />

30 avril 1587 (Tentsch Spruch-Buch, vol. GG, p. 670-678. Arch. <strong>de</strong><br />

Berne), mais il ne le prêta que le 17 mai. Le 2 avril précé<strong>de</strong>nt, le maîtred'hôtel<br />

du Comte avait présenté <strong>les</strong> règlements <strong>de</strong> réformation au conseil<br />

général <strong><strong>de</strong>s</strong> bourgeois d'Aubonne, et ceux-ci <strong>les</strong> avaient acceptés, on ne<br />

sait pas <strong>dans</strong> quels sentiments (Voy. Ruchat, IV, 160, 161, 370, 371,<br />

406-409. Le Chroniqueur, p. 342, 354. J.-J. Hisely. Histoire du<br />

comté <strong>de</strong> Gruyère, II, 320-325).


1536 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 141<br />

«on collègue [Caroli\. Je crains que le luxe <strong>de</strong> sa femme ne soit un sujet <strong>de</strong> scan-<br />

vous indiquera le traitement que j'ai prescrit pour le frère <strong>de</strong> Vèret.<br />

L'homme <strong>de</strong> Serrières dont vous parlez m'est inconnu, et je ne comprends pas ce<br />

que vous dites <strong>de</strong> MaxxUy. Le Bailli est informé <strong><strong>de</strong>s</strong> allées et venues <strong><strong>de</strong>s</strong> Ducaux;<br />

Évian même est plein <strong>de</strong> gentHIàtres. Je voudrais, pour la célébration <strong>de</strong> la Cène<br />

<strong>de</strong> Noël, <strong><strong>de</strong>s</strong> jours <strong>de</strong> file, etc., suivre <strong>les</strong> mêmes cérémonies que vous; mais j'éprouve<br />

une gran<strong>de</strong> résistance <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> ceux qui connaissent déjà <strong>les</strong> coutumes<br />

bernoises. Conseillez-moi.<br />

S. Explorandum seduià nobis posâiacfiierit, mi frater, ut certis<br />

constent teslibusquœimpiaf ex Rasorum quotidiee/jffngrtf,acsicmagistratum<br />

a<strong>de</strong>ô urgebimus, ut vel illoram fautores sese tan<strong>de</strong>m<br />

exerant, vel qtiorundam animadversione caeteri terreantor. Hoc<br />

pacto si diligenter speculati fuerimus, facile <strong>de</strong>prehen<strong>de</strong>mussi qui<br />

forte muneribus vel hanoribus-s[uis Prœlatis] conniveant, ac cornu<br />

ablattim per euniculos Mis restituere moliantur Qaôd si talem<br />

certis argamentis subolfaceremus pestem, ne tantillùm qni<strong>de</strong>m esset<br />

cunctandum, donec Supremis 2 indicataessent. NovissimèPrœfecti<br />

nostri ad literas vestras responsum, i<strong>de</strong>mque consilium, ad<br />

vos scripsimas, ut nojmina] rasorum qui in ditione illias sic pervertunt<br />

omnia indicaretis, imô et officiariorum qui hos sustinent,<br />

quibus profectô non parcet. Sed a<strong>de</strong>ô dolosi sunt hujusmodi Satanœ<br />

ministri, ut vix eoram quaein tenebris moliuntur et tractant<br />

terUimoniareperias. Verùm in pejus profîcientesaliquando proferet<br />

in lucem potentissimus Me, oui resupinata snnt omnia quemadmodum<br />

jam experti sumus.<br />

Nescioquis clancularius genius hasce tam in<strong>de</strong>centeset absurdas<br />

ministrorum mutationes3, peritis horum inconsaitis fratribus, tan<strong>de</strong>m<br />

suggerat pus principibus nostris. Prœfectusnoster alium Aquileiœ<br />

aliàs <strong><strong>de</strong>s</strong>i<strong>de</strong>rabat, quôd illic minus assereret profectum, quàm<br />

in hac quaetantùm suppullulare incipit ecc<strong>les</strong>ia Qui illic ferè inutilis,<br />

ob morbi gravissimi diutumitatem, fertur, quid Viviacipromovebit,<br />

ubi vel lepore agilior, Mercurio facundior ac Tithono


14S CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1536<br />

vivacior, si a<strong><strong>de</strong>s</strong>set, praficiendus esset. Neminem Richardo 5 aptiorem<br />

arbitrarer, verùm unus quispiam andaculus omnium fratrum<br />

dissipatconsilium6 quô tan<strong>de</strong>m id cessurum sit, ipsi vi<strong>de</strong>rint.<br />

Nullam occasionem habui <strong>de</strong> negocio hoc tractandi cum Prœfecto,<br />

quam brevi me nansciturum (sic) spero.<br />

De hocfratre nuper ad te scripsiT quodsentio tam molliter vixisse<br />

apparet, ut sit admodum gravis ac stupidus in omnibus, tum<br />

ob thoracis affectum,quem Asthmavocamus, quo fit ut laboriosum<br />

horreat opificium. Cum verô alioqui Domino a S. Paulo, vel cuipiam<br />

alii, famulari recuset, malens nunc artem manuariam profiteri,<br />

ego verô illi conditionem reperire nequiverim, quid hic<br />

hominem diutius <strong>de</strong>tinerem ? Milteunum aut duos qui tenuitate<br />

mea contenti sint, ac Evangeliumministrent, si inveniantur ex iis<br />

qui sunt isthinc diligentesatque pacifici8.Nam sineminem miseris,<br />

non potero pruximis hisce feriis a<strong>de</strong>ô liberè vicinas invisere eccle-<br />

sias, maxime Langinenseis 9, sicut Nobilli a Montefortil0 nuper<br />

promiseram. De raso illo admone Sindicum u ut pergat ea disquirere<br />

ac <strong>de</strong>mum revelare Prœfectoquaepollicitus est alioqui vanus<br />

apud illum habebitur, quemadmodum olim ex iis quae,Moreti,illi<br />

hue re<strong>de</strong>unti vano mmore renunciarat.<br />

Jampri<strong>de</strong>m nullas a Virelo recepi literas; habeo tamen Nicolaum<br />

sartorem hîc laborantem, qui illum bene habere dicit; <strong>de</strong> socio w<br />

verô et uxore ipsius13, mira, quae utinam non essent Vereor ne<br />

5 Bicluirddu Bois,élu pasteur <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Payerne, le 19octobre<br />

précé<strong>de</strong>nt(No574).<br />

6 Ce mot est une allusion aux électionsfaites par <strong>les</strong> ministresdu<br />

FayS*<strong>de</strong> Vaud et confirméespar MM. <strong>de</strong> Berne le 19 octobre (Voyez<br />

N«574,n. 2).<br />

7 Voyezl'avant-<strong>de</strong>rnierparagraphedu No591.<br />

8 Fabri connaissaittous <strong>les</strong> pasteursdu territoiregenevois.Lespersonnagesdont<br />

il parle ici étaientdonc,selontoutes<strong>les</strong>probabilités,<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Français réfugiésà Genèveet qui s'y préparaientà exercerle ministère<br />

<strong>de</strong> l'Évangile.Beaucoup<strong>de</strong> nomsnouveauxfigurent, en effet,'<strong>dans</strong> la<br />

correspondancesubséquente<strong>de</strong> Fabri et <strong>de</strong> Farel.<br />

t Langinest un villagechablaisiensituéau N.-O.<strong>de</strong> la montagne<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Voirons.<br />

10 FrançoisâfJlinges,seigneur<strong>de</strong> Montfortet baron <strong>de</strong> Goudrée.<br />

11Le syndicClau<strong>de</strong>Savoye(N°589,renv. <strong>de</strong> n. 11).<br />

11 Pierre Caroli,collègue<strong>de</strong> Viretà Lausanne.<br />

18La fille <strong>de</strong> LouisMaître-Jean,<strong>de</strong> Pontareuse,avait épouséle Docteur<br />

Carolien juin 1536.Leur mariageavaitété célébréà Neuchâtelpar<br />

Jean Lecomte.


1536 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 143<br />

postremapompa ac luants w priori sit longé nocentior magisqae offendat.<br />

Gan<strong>de</strong>o aliter habere, quàm nimis arroganter sparsum<br />

faerat 15.Jubé Frumentum scribere dietam et pharmaci usum ac<br />

observationes ad raptnram I6, qaô omnium (quaeferè exci<strong>de</strong>runt)<br />

certiorem reddam Viretum,cum ad eum cataplasmamisero. Quia<br />

et hic œgrum tractaii expediret, si hypocaustum haberem, vel apnd<br />

Frumentum 1T.Saluta Levetum, cujus mihi tam grata est reva<strong>les</strong>centia,<br />

quàm proprii parentis; urge ûlum ad usam corticis cap[p]aris<br />

et thamarisci. Nactus otium plura illi praescribam,si volet Dominus.<br />

Nescio quis sit Carriensis Me,nec capio quae<strong>de</strong> Massiliensiscribis<br />

18.De custodibus Ducis ac multis aliis nunc vagantibus, certus<br />

est Prœfectus; imô Aquiani nobilastris plaena sunt omnia; vereor<br />

ne quis scorpius sub lapi<strong>de</strong> proximè dormiat. Quiin cœlis habitat<br />

irri<strong>de</strong>bit eos, et domum ac suos tnebitnr. De scortatoribus<br />

quotidie conqueror, verùm negociistotns obraitur Prœfectus.Vale,<br />

et, dum sartorem hic habeo, urge Claudium Bernardum 20 ut mox<br />

vestem mittat [Scribe]mihi [<strong>de</strong> DominicaCoena,<strong>de</strong> diebus<br />

festiset <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>ponsandorum "] ordine ac proclamationibus 22,<br />

quid hic magis expédiât. Cuperem vestrum in [externis usum]]<br />

14Voicice qu'on trouvesur cesujet à la page84 <strong>de</strong> l'Apologie<strong>de</strong> Nicolas<strong><strong>de</strong>s</strong>Gallars,ouvragepseudonyme<strong>de</strong><br />

Calvin


144<br />

GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A THONON. 1536<br />

omnino imitari, sed aegrè patiuntur nonnulli, qui Bem.[enses\<br />

consuetudines noverunt 23.Gratia Domini tecum 1 Saluta omnes.<br />

Omnes te salatant. Tononii, 20 <strong>de</strong>c. 1536. Alia curabo pro viritms.<br />

Tuus Christof. Ljbertetus.<br />

(Inscriptio :) Charissimo fratri Gulielmo Farello, Genevae.<br />

596<br />

GUILLAUMEFAREL à Christophe Fabri, à Thonon.<br />

De Genève, 23 décembre 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neachâtel.<br />

Sommaire. Vous aurez bientôt la visite <strong>de</strong> Froment, qui vons informera <strong>de</strong> tout, et,<br />

en participer, <strong><strong>de</strong>s</strong> brigandages que <strong>les</strong>prêtres commettent ouvertement aujourd'hui.<br />

Eimer <strong>de</strong> Serrières est connu <strong>de</strong> vous mieux que <strong>de</strong> personne: c'est un homme<br />

plein <strong>de</strong> franchise et <strong>de</strong> cœur, un brave <strong>dans</strong> <strong>les</strong> combats.J'ai vu le Syndic[Sovoye],<br />

s propos du prêtre [accusé<strong>de</strong> complot]. n avait déjà conseillé a votre bailli <strong>de</strong> le<br />

gar<strong>de</strong>r en prison, parce que sa perversité est <strong>de</strong> notoriété publique; néanmoins<br />

<strong>les</strong> preuves <strong>de</strong> sa trahison manquent encore.<br />

Je n'ai point <strong>de</strong> ministre &vous envoyer, notre pénurie étant plus gran<strong>de</strong> que la<br />

vôtre. Quant à la eèlébraiion <strong>de</strong> la aainte Cène et <strong><strong>de</strong>s</strong> joura <strong>de</strong> fête, dirigez-vous<br />

d'après ce seul principe l'édification.<br />

S. Gratiam et pacem a Deo Frumentus brevi istuc veniet ac<br />

omnium te certiorem red<strong>de</strong>t. Rasi latrones, jam non clancularios,<br />

sed apertos agant, ut ex eo audies. Carreriensis Hemerius 1 is est<br />

quo nemo tibi notior est, proximus<br />

Neocmensibus ac Corcellensi-<br />

Les cérémonies bernoises différaient <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Genève en quelques<br />

points (Voy. N° 581, n. 6, et Ruchat, V, 58). Fabri craignait d'être<br />

forcé <strong>de</strong> se conformer aux premières; c'est pour cela qu'il réclamait <strong>les</strong><br />

conseils <strong>de</strong> Farel.<br />

1 Eimer Beynotr, pasteur <strong>de</strong> Serrières, près <strong>de</strong> Neuchâtel et <strong>de</strong> Cor-<br />

celtes.


1536 GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A THONON. 145<br />

bus, vir sine faco, pectore et mana valens ConveniSyndicumsuper<br />

raso, ac diligentiùs admonui. Dixit se curasse, ut Prœfecto 3<br />

sua<strong>de</strong>retur diutius rasum in vinculis teneret, quôd expectaret<br />

brevi faturam, ut nonnalla retegerentur un<strong>de</strong> proditoris nequitia<br />

palam fieret erat enim qui nonnullos prodnceret in lucem, sed<br />

praestare non potuit. Rem certam esse nemo ignorat, sed qui approbet<br />

nemo est. In tempore omnia.<br />

Doletmiki nonparùm quôd neminemhabeamusad te mit[t]endum<br />

tu pœnuria laboras, et nos extremd. Bene facis, mi frater, quôd<br />

aedificationi stu<strong><strong>de</strong>s</strong>. Utinam tecum facerent omnes Cras ccenam<br />

celebrabimus, autore Deo, pane communi Tertio vel saltem bis<br />

adnunciamus <strong><strong>de</strong>s</strong>ponsandos. Reliqua aliàs;frater Claudius referet<br />

aliqua, si te inviserit s. Tu, meo fratrisque nomine, Prœfectum salatabis<br />

et plurimom. Plura non licet. Vale. Genevae,23 <strong>de</strong>cembris<br />

1d36.<br />

T. IV.<br />

Tuus Farellus totus.<br />

DiemNativitatis et alios uno habemus ordine6. Tu vi<strong>de</strong> quid œdi-<br />

ficet.<br />

(Inscriptio :) Christophoro fratri, Tononii.<br />

8 En juillet 1562, il fut questiond'adjoindreEimer Beynon,comme<br />

aumônier,aux Suissesquiallaient secourir<strong>les</strong>Réformés<strong>de</strong> Lyon.<br />

3 C'est-à-dire,au bailli<strong>de</strong> Thonon.<br />

Dans <strong>les</strong> églisesbernoiseson se servait,au contraire,<strong>de</strong> pain sans<br />

levainpour la sainteCène.<br />

5 Clau<strong>de</strong>Farel attendait d'être appeléau servicedu gouvernement<br />

bernois<strong>dans</strong>le Chablais.<br />

6 Les églisesbernoisescélébraient,au contraire, le jour <strong>de</strong> Noël<br />

commeune gran<strong>de</strong>fête.<br />

10


146 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1536<br />

597<br />

CHRISTOPHEFABRI à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 30 décembre 1536.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> NeuchâteL<br />

Sommaire. Pariât et Clau<strong>de</strong> se ren<strong>de</strong>nt a Genève,pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons urgentes qu'ils<br />

vous feront connaître. Je vons supplie, ainsi que <strong>les</strong> frères, <strong>de</strong> leur accor<strong>de</strong>r toute<br />

l'assistance possible. Autrement, nous ne pourrons conserver <strong>dans</strong> le ministère<br />

notre frère, accablé <strong>de</strong> tant dafflictions, poursuivi par une haine si acharnée,<br />

que je ne sais aucun moyen d'améliorer sa position actuelle. Il vous découvrira<br />

ses désirs, dont je souhaite l'accomplissement,afin qu'il puisse se consacrer avec<br />

ar<strong>de</strong>ur au ministère pour la consolation <strong>de</strong> nos voisins.<br />

La sainte Cène a été célébrée ici avec grand fruit, dimanche passé. L'un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prêtres a été relâché hier; l'antre est encore en prison. Notre bailli a donné là un<br />

exemplequi ne sera pas inutile.<br />

S. Pariatus et Claudius quadam necessitate adacti, isthuc proficiscuntur<br />

omnia ab ipsis abundè poteris audire, et omnibus modis<br />

in hoc negocio illis a<strong><strong>de</strong>s</strong>se quod et caeteri fratres i<strong>de</strong>m prestent,<br />

obsecro alioquifratrem7 in officiocontinere non poterimus,<br />

nisi aegrè, ac varüs afflictionibusa<strong>de</strong>ô obratum, ut quid expectandum<br />

esset tibi ac illt conjectandum relinquo. His a<strong>de</strong>ô odiosus<br />

evasit, ut nullum vi<strong>de</strong>am medium quo illi in hoc negocio hic consuli<br />

posset. Animum tibi aperiet suum, quem expleri in peregrinatione<br />

hac optarim plurimùm, ut ministerio postmôdunvgnaviter<br />

1 GérardPariat, ex-ermite<strong>de</strong> St.-Augustinà Thonon,avait embrassé<br />

la Réforme.Quantà soncompagnon,nomméClau<strong>de</strong>,la suitedudiscours<br />

sembleannoncerqu'il n'exerçait pas le ministère<strong>de</strong> l'Évangile.C'était<br />

peut-être Clau<strong>de</strong>Quinet(N°«579,606).<br />

Il s'agissaitpeut-être<strong>de</strong> Pariat, quesa conversionà la Réformeaurait<br />

renduodieuxaux gens<strong>de</strong> Thononet <strong><strong>de</strong>s</strong> environs,commesemblent<br />

l'indiquercesmots «Ris a<strong>de</strong>ôodiosusevasit. »


1536 SMON GRYNiEUSA GUILLAUMEFAREL. 147<br />

operam daret, in vicinorum 3 consolationem. Quanto corn fructu,<br />

superiori Dominico die, cœnahîc peracta ment, hi referent, <strong>de</strong>qae<br />

binis sponsalibus eo<strong>de</strong>m die peractis.<br />

Alter rasorum, qui Fosciniensis erat, data satisfactioneheri dimissus<br />

est alter adhuc <strong>de</strong>tinetor, nescio quid <strong>de</strong> eo fiet. Quomodocunque,<br />

reliquis tamen in exemplùm ce<strong>de</strong>nt, ac propter illos<br />

rursus proclamata faerant quaeiireferent, quos diligenter admonebis<br />

eorum quaeexpedire noveris. Vale, omnibus nostro, fratrum et<br />

uxoris nomine, salatatis; omnes quoque te salutant, maxime Prœfectus,<br />

Dominus a S. P[aulo], Claudius5,etc. Tononii, penult. Dec.<br />

i536.<br />

Taus Christof. Ljbertetds.<br />

(lucriptio.-) Chariss. fratri Guliehno Farello, Genevae.<br />

598<br />

SIMONGRYN.ŒUSà Guillaume Farel.<br />

De Bâle (1536?<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaire. J'ai inforné notre bourtjmattre <strong>de</strong> ce que vous <strong>de</strong>mandiez; mais comme<br />

<strong>les</strong> frères ne se sont arrêtés ici qu'une <strong>de</strong>mi-journée, la réponse ne pouvait leur<br />

être immédiatement remise. Je loue d'ailleurs votre charité et votre zèle pour la<br />

vérité. Je sais satisfait d'apprendre que Clau<strong>de</strong> est auprès <strong>de</strong> vous. Tachez seule-<br />

8 Les populations <strong>de</strong> la partie orientale du Chablais, occupée par <strong>les</strong><br />

Talaisans, ou bien cel<strong>les</strong> du Faucigny.<br />

4 Peut-être Clau<strong>de</strong>Bruni,ce cor<strong>de</strong>lierdu couvent<strong>de</strong> Cluses<strong>dans</strong>le<br />

Faucigny, qui n'avait pas tenu sa promesse<strong>de</strong> revenirà Thonon,pour<br />

réfuterFabri (Voy.Ruchat,IV, 171).<br />

6 Clau<strong>de</strong>Farel, qui aurait fait le voyage<strong>de</strong> Thonon,afin<strong>de</strong> s'entendre<br />

avecle.Baillisur le genre d'emploique <strong>les</strong> Bernoisvoudraientlui<br />

confier(Voyezle N° 596,renv. <strong>de</strong> n. 6).<br />

1 Voyezla note 5.


148<br />

SIMON GRYNjEUS A GUILLAUME FAREL. 153&<br />

ment<strong>de</strong> loi inspirerplus<strong>de</strong> mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tie;s'il eût voulusuivre nos conseils,il pouvait<br />

rester ici en sûreté.<br />

Cen'est pas sansmotifs que j'ai renoncéà mesleçons[<strong>de</strong> grec], car il mereste<br />

iciune placeutile 4 remplir. J'aurais aidéavecplaisir vos messagers à faire leurs.<br />

achats,et je <strong>les</strong> avais mêmeinvitésà déjeuner mais ils ne sont pas venuschez<br />

moi.<br />

S. Retuli ad Consulem nostrum quocl <strong>de</strong> Episcopo 2 jussisti ve-<br />

rùm cum illi 3 non ampliùs dimidium apud nos diem commorati<br />

sint, respon<strong>de</strong>re in prœsenliarum nihil licebat. Lando autem pietatis<br />

illius te et studii erga veritatem. De Claudio quod scribis, gau-<br />

<strong>de</strong>o esse apud te Effice modo ut minus <strong>de</strong> se sentiat alicraanto.<br />

Nam si obsequi consiliis nostris voluisset, nihil erat periculi ver-<br />

sari apud nos potuisset, commodo Domini.<br />

Ego quôd lectionem abdicavi 5, feci non ab re. Est enim et his<br />

3 Nous pensons qu'il n'est pas ici question d'un évéque, <strong>de</strong> celui <strong>de</strong><br />

Lausanne, par exemple. Episcopus est probablement la traduction d'un<br />

nom <strong>de</strong> famille (Lévesque ou Bischqff). Il s'agissait peut-être à'Anioni<br />

Bischoff,bien connu à Genève, où il avait séjourné en qualité <strong>de</strong> commissaire<br />

bernois (Voy. l'In<strong>de</strong>x du t. m). Emprisonné en 1535 pour quelques<br />

paro<strong>les</strong> impru<strong>de</strong>ntes prononcées contre ses supérieurs, puis relâché à la<br />

prière <strong><strong>de</strong>s</strong> dames <strong>de</strong> Berne, il fut arrêté <strong>de</strong> nouveau le 8 juin 1536, jugé<br />

et décapité le 17. Clau<strong>de</strong> Savoye écrivait <strong>de</strong> Berne au Conseil <strong>de</strong> Genève,<br />

le 9 juin «Bichef et moy <strong>de</strong>bvion fère nostret conte <strong>de</strong>van Messieurs;<br />

més, pour aucune paro<strong>les</strong> dangerieuze, il a esté pris sus la messon <strong>de</strong> ville<br />

et mené en la prizon hon [1. où]-il avoët déjà esté. (Mscr. orig. Arch.<br />

<strong>de</strong> Genève.) Il est possible que Farel ait prié Ghrynœus<strong>de</strong> solliciter l'intervention<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Bftlois en faveur du Bernois prisonnier (Voyez, sur Antoni<br />

Bischoff, Froment, op. cit. p. 90-91, 177. Lettre d'Ami Porral, 24 décembre<br />

1535. Arch. <strong>de</strong> Genève. Manuel <strong>de</strong> Berne <strong><strong>de</strong>s</strong> 8, 17 et 18 juin<br />

1536. Stettler. Schweizer Chronflc,P. II, p. 74, 75).<br />

8 Les marchands genevois auxquels Farel avait remis sa lettre.<br />

4 Ce personnage nous est inconnu.<br />

5 II doit être question <strong><strong>de</strong>s</strong> leçons <strong>de</strong> grec que Grynœus donnait à<br />

l'Université, et qu'il abandonna en 1536, pour enseigner l'exégèse du<br />

Nouveau Testament. On lit, en effet, aux pages 349 et 351 <strong><strong>de</strong>s</strong> Athen»<br />

Rauricœ « S. Grynaeus anno 1529 professionem grsecam adiit, eaque<br />

se abdicavit anno 1536, ad explicationem N. T. translatus. » < S. Grynseus,<br />

cum anno 1536 à professione graeca et collegii Acgusthuani administratione<br />

ad professionem N. T. vocaretur, effecit, ut Oporinus, quem<br />

grsecè doctissimum noverat, in stationem hanc utramque substitueretur. »<br />

Mais comment concilier avec ce <strong>de</strong>rnier passage l'assertion suivante <strong>de</strong><br />

Calvin et <strong>de</strong> Farel, qu'on trouve <strong>dans</strong> leur lettre écrite <strong>de</strong> BAIe à Viret,<br />

vers le 5 juin 1588 c Nihil adhuc habemus constitutnm, quôd Qryruem<br />

gymnasii curam Oporino<strong>de</strong>mandant ? »


1536 [MARTINBUCER] AGUILLAUME FAREL, [A GENÈVE], 149<br />

locus aliquis mihi non inhonestas, nec inutilis, pato, reipubticae.<br />

Cnm autem à contionibns esse non possem, nunc qui<strong>de</strong>m, nolui<br />

praecla<strong>de</strong>re aliis eam occasionem.<br />

Quod mandasti ut a<strong><strong>de</strong>s</strong>sem in coëmendo fratribus istis eram<br />

paratus omnia facere verùm nemo venit ad me. Etiam ad prandium<br />

vocaram, verùm non comparuere. Gau<strong>de</strong>amaliquid tibi gratificari,atqui<br />

Dominusnovit voluntates nostras. Ta vale, charissime,<br />

et Christum Dominum nostrom pro [me] sedulô interpellato. Basileae.<br />

SimonGrtoeus tuas.<br />

(Inscriptio :) D. GnlielmoFarello, amico et fratri suo chariss.<br />

599<br />

[martin BUCER•] à Guillaume Farel, [à Genève].<br />

(De Strasbourg, vers la fin <strong>de</strong> 1536 *?)<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaibe. Les lettres que nons avons remises aux frères ont dû vous apprendre que<br />

leur cause n'est pas encore gagnée. Le Seigneur nous permettra-t-il d'intercé<strong>de</strong>r<br />

pour eux avec plus <strong>de</strong> succès? Les préparatifs <strong>de</strong> nos adhérents se font partout,<br />

il est vrai, avec la promptitu<strong>de</strong> et l'activité qu'inspire la joie dn cœur. Malgré cela,<br />

notre ingratitu<strong>de</strong> envers le Seigneur n'est pas moinsgran<strong>de</strong>. Redoublons<strong>les</strong> exhortations<br />

et <strong>les</strong> prières, afin qu'on ne mette plus en doute la puissance <strong>de</strong> Christ et <strong>de</strong><br />

son évangile. Que le Seigneur bénisse <strong>les</strong> efforta que vous faites <strong>dans</strong> cette direction<br />

et vos exhortations à la vraie concor<strong>de</strong>!<br />

S. D. Fratres et literaequas illis <strong>de</strong>dimus jam docuerunt vos, ut<br />

Dominus bene institutam illorum causam Q. bene institutaeillorum<br />

causas]nondum voluerit dare profectum 8.Quisautem scit an Do-<br />

6 Voyezla note 3.<br />

La lettre ne porte pu <strong>de</strong> signature,maiselle estcertainement<strong>de</strong><br />

la main<strong>de</strong> Bucer.<br />

Voyez<strong>les</strong> notes3 et 4.<br />

8 D'après <strong>les</strong> détails qui suivent,on peut croire qu'il s'agissait <strong><strong>de</strong>s</strong>


150 [MARTIN BUCER] A GUILLAUME FAREL, [A GENÈVE]. 153S<br />

minus velit nobis ea interim largiri, ut interce<strong>de</strong>re possimas pro<br />

illis efficaciùs 1 Nostri undique sese instruunt satis promptè et forti-<br />

ter, animi quoque admodum alacres sunl Nitet tamen ingratitudo<br />

nostra, et quôd nusquam ita ad Dominum concessimus ut exem-<br />

pla habemus a Domino commendata in Scripturis. Hîc nostris in-<br />

stemus, et precibns pertinaciter insistamus, et dabit Dominus ne<br />

dicatur nobis « Ubi est Christus ? ubi Evangelion eorom ?»<br />

Dominns Jesus faciat vos in hiis efficaces et in adhortando ad<br />

veram conjunctionem! Optamus vos optimè valere. Huic ado<strong>les</strong>-<br />

cent instate, ut studiis literarum et pietatis incumbat ar<strong>de</strong>ntiùs 5.<br />

(Inscriptio :) Eximio cum primis servo Domini, D. Wilhelma<br />

Farello, suo colendo et chariss. fratri.<br />

Évangéliques <strong>de</strong> France, qui cherchaient à obtenir <strong>de</strong> nouveau l'intercession<br />

<strong>de</strong> leurs frères d'Allemagne. Les lettres que ceux-ci avaient adressées<br />

à François I, en juillet, étaient restées sans résultat (Voy. N° 577, n. 4, 6).<br />

Depuis lors, et sur la proposition <strong>de</strong> Strasbourg, l'envoi d'une ambassa<strong>de</strong><br />

avait été décidé, ce qui faisait dire à Bucer Dieu permettra-t-il qu'elle<br />

agisse plus efficacement?<br />

Vers la fin <strong>de</strong> l'année 1536, <strong>les</strong> Vil<strong>les</strong> évangéliques échangèrent<br />

plusieurs lettres, afin <strong>de</strong> s'entendre sur <strong>les</strong> instructions <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées aux<br />

ambassa<strong>de</strong>urs qu'el<strong>les</strong> voulaient envoyer à François I. Nous mentionnerons<br />

seulement <strong>les</strong> lettres suivantes cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Berne à Bftle du 29 novembre<br />

et du 17 décembre, <strong>de</strong> Baie à Zurich du 22 décembre, <strong>de</strong><br />

Zurich à Berne du 25 décembre, <strong>de</strong> Strasbourg à Bàle du 5 janvier<br />

1537, et <strong>de</strong> Bâle à Berne du 13 janvier. Le 29 novembre MM. <strong>de</strong> Berne<br />

avaient élu comme ambassa<strong>de</strong>urs auprès du Roi, Jean-Frantz Nâgaeli et<br />

Jost <strong>de</strong> Diesbach. Ils écrivaient aux Genevois le 17 décembre 1536<br />


1537 LES CONSEILS DE BERNE AUX PASTEURS DU PAYS ROMAND. I5i<br />

600<br />

LESconseils DEBERNEaux Pasteurs du Pays Romand'<br />

De Berne, 5 janvier 1537.<br />

Inédite. Minute originale. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

Sommaibe. MM. <strong>de</strong> Berne invitent le clergé du <strong>pays</strong> romand & ne point s'écarter <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

formes en usage <strong>dans</strong> l'église bernoise.<br />

LTAdvoyer,petit et grand Conseil<strong>de</strong> Berne à tous ministres <strong>de</strong><br />

la Parolle <strong>de</strong> Dieuz estans en nous <strong>pays</strong> <strong>de</strong> Vaulx, Chablex,Gex et<br />

Ternier, nostre salutation. En après vous'advertissant estre venuz<br />

à nostre notice, comme aulcuns entre vous soyent d'opinion<br />

d'ensuivre leur fasson <strong>de</strong> faire, touchant <strong>les</strong> cérémonies et sacraments,<br />

en aultre sourte que nous l'avons advisés conformez à<br />

nostre réformation <strong>de</strong> nostre église2.<br />

Sur quoy vous admonestons et aussy commandons que, en tons<br />

endroits, vous ensuives et observés la réformation et man<strong>de</strong>ment<br />

que sur ce avons faict, <strong>les</strong>quels nous commis vous communiqueront8.<br />

En ce ne faicte reffus ne faulte, en tant que <strong><strong>de</strong>s</strong>irrés d'éviter<br />

nostre male grâce. Datum v Januarii, anno, etc., xxxvn0.<br />

1 Laminuteportece titre cPredicantenim Savoyerland. »<br />

2<br />

C'est-à-dire,la réformation<strong>de</strong> 1528(Voy. Rachat, IV, 451,459,<br />

487,488,490).<br />

8 Cescommissairesau nombre <strong>de</strong> cinq (MichelAugsburger,Crispin<br />

Fischer,PierreGiron,Jean Schleiffet Jean Huber)étaientchargésd'exécuter<br />

Pédit<strong>de</strong> Réformationdu 24 décembreprécé<strong>de</strong>nt(Voy.Ruchat,IV,<br />

897).Ils partirent pourle Pays<strong>de</strong> Vaudversle 12janvier.On a toutlieu<br />

<strong>de</strong> croire qu'ils n'insistèrent pas sur l'observationstricte et immédiate<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> formesusitéesà Berne<strong>dans</strong> l'administration<strong><strong>de</strong>s</strong> Sacrements.Ainsi<br />

l'ordre d'ériger <strong><strong>de</strong>s</strong>baptistèreset <strong>de</strong>communieravecdu painsanslevain<br />

ne fut publiéà Thononquedixmoisplustard (Voy.la lettre <strong>de</strong> Fabridu<br />

13octobre1587).


152 CHRISTOPHE CHRISTOPHEFABRI FABRI A GUILLAUME GUILLAUMEFAREL, FAREL, A GENÈVE. 1 537<br />

601<br />

CHRISTOPHE FABRI à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 11 janvier 1537.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaire. Notre bailli prie par lettre le Conseil <strong>de</strong> Genève <strong>de</strong> nous cé<strong>de</strong>r Coraud,<br />

on un antre ministre qui me remplacerait ici, pendant que j'irais évangéliser <strong>les</strong><br />

églises qui sont encore dépourvues <strong>de</strong> pasteurs. J'avais obtenu, à force d'instances,<br />

que l'édit abolissant le papisme fût appliqué aux fêtes licrrtcieuses<strong>de</strong> l'Abbaye [<strong>de</strong><br />

la Jeunesse], surtout à cause <strong>de</strong> ces cavalca<strong><strong>de</strong>s</strong>où l'on tourne en ridicule <strong>les</strong> maris<br />

battus par leurs femmes. Je me suis ainsi attiré la haine mortelle <strong>de</strong> plusieurs<br />

individus, dont quelques-uns s'étaient d'abord montrés zélés partisans <strong>de</strong> l'Évangile,<br />

et j'ai failli ne plus être en sûreté chez moi. Enhardis par l'exemple <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

autres localités, ils vont renouveler dimanche prochain leurs pompes grotesques,<br />

et, à moins que l'un <strong>de</strong> vous n'arrive, il mesera bien difficile d'officier ce jour-là.<br />

La semaine passée, j'ai visité la seigneurie que M. <strong>de</strong> Montfort possè<strong>de</strong> sur<br />

l'autre rive du lac, et je me suis longuement entretenu i Marges avec Jacques<br />

[leCoq].Nos Rabbins préten<strong>de</strong>nt qu'il est trop jeune pour occuper une place aussi<br />

importante, et qu'elle <strong>de</strong>vrait échoir i Marcourt. Ce renseignement m'a été confirmé<br />

par Viret, qui s'était arrêté à Morges. Il faut donc aviser aux moyens <strong>de</strong><br />

prévenir cette secon<strong>de</strong> b<strong>les</strong>sure qu'on veut nous infliger.<br />

S. Juxta consilium tuum, Prœfectus noster ad Sindicos et Sena-<br />

tum istum scribit ut Choraudum2 vel alium ex vobis hue ad tem-<br />

pus mittant, quô liberiùs reliquis satisfaciam ecc<strong>les</strong>iis, donec mis<br />

meliùs consultum fuerit. Importunitate effeceram, ut regnum hoc<br />

1 La lettre <strong>de</strong> J.-R. Nœgueli au Conseil <strong>de</strong> Genève, datée <strong>de</strong> Thonon<br />

le 11 janvier, renferme ces passages c Serat la présente pour vous adverty<br />

comme nostre prédican [Fabri], à l'oneur <strong>de</strong> Dieu et pour l'édiffication<br />

du peuple s'en est aller par <strong>les</strong> villages prêcher Qu'il vous<br />

playse, pour ung peu <strong>de</strong> temps, <strong>de</strong> nous envoyer l'on [1. l'un] <strong>de</strong> vous<br />

bon prédican, pour prêché en ceste ville jusque au retour <strong>de</strong> nostre meystre<br />

Christoffle. Et, si vous playt, nous envoyerés meystre Coraux » (Mecr.<br />

orig. Arch. <strong>de</strong> Genève).<br />

Le pasteur Élie Coraud (Voy. le N° 584, n. 9).


f$37 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 153<br />

verè Satanicum unà cum hujusce Abbatice3 insolentiisprohiberentur,<br />

gravibus indictis suppliciis, maxime ob asinarias iUasequitationes<br />

ac irrisiones, quae jam fieri incipiebant in viros ab uxoribus<br />

suis csesos. Quœ nugamenta Christianis indignissimavel Judaei ac<br />

Tarcae satis agnoscunt. Ego tamen in his abolendislœthaleodium<br />

à nonnuttis mihi conciliaram, a<strong>de</strong>ô ut vix domi essemsecurus, vel<br />

ab iis qui in principio se ac sua in Evangelii promotionemexposuenint.<br />

Qui, Regum impiisferiis 4 elapsis, nbi in aliis locis hasce<br />

impietates adhuc majore pompa observatas audierant, nullum non<br />

moverunt lapi<strong>de</strong>m, ut i<strong>de</strong>m agerent, quod iii proxinmm diem dominicum<br />

5<strong>de</strong>liberatum est, authore Satana, qui mordicus negocium<br />

hoc arripuit et tam impiam consuetudinem animis eorum suggessit,<br />

ne quid sibi <strong>de</strong>ce<strong>de</strong>ret. Quamobrem aegrè admodum hîc a<strong>de</strong>ro,<br />

si nemo alius advenerit.<br />

Superiore liebdoma<strong>de</strong> ditionem Do. a Montefortiquam habet ex<br />

uxore sua extra lacum 6 invisi. Avunculus Ia~jTds proximè abiturus<br />

est, un<strong>de</strong> uberiorem expectamus fructum. Jacobum8 fratrem<br />

Morgiis quandiu licuit <strong>de</strong> omnibus compellavimus, qui Rabinorum<br />

nostrorum 9 conatuset studia mihi aperuit Quod junior et imberbis<br />

talem locum occupare non <strong>de</strong>beat, i<strong>de</strong>oque necessarium ut<br />

Marcurt[ius I0]illic praeflciatur, etc. Viretus(lie illo illac transiit11<br />

qui omnia meliùs ac propiùs sentiit et novit quàm ipse. Proin<strong>de</strong><br />

8<br />

L'abbaye ou Société<strong>de</strong> la Jeunesseà Thonon.<br />

Le samedi6 janvier.<br />

Le dimanche14janvier.<br />

6 C'est-à-dire,la terre <strong>de</strong> Vullieremau-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<strong>de</strong> Morges,terre que<br />

Français<strong>de</strong> Montfortpossédaitdu chef <strong>de</strong> sa femme,Marguerite<strong>de</strong> Colombier.<br />

7Le mot avunculus(onclematernel)n'est pas exact,puisquele personnagequ'il<br />

désignene pouvaitêtre que Jean <strong>de</strong> Colombier, seigneurdu<br />

village<strong>de</strong> ce nom. situé près <strong>de</strong> Vullierens.Or ce gentilhommeétait<br />

l'onclepaternel<strong>de</strong> la dame<strong>de</strong> Montfort(Voy.n. 6, et <strong>les</strong>Mém.et Doc.<br />

<strong>de</strong> la Soc.d'Hist. <strong>de</strong> la Suisseroman<strong>de</strong>,XV, 618).<br />

8<br />

Jacquesle Coq,pasteurà Morges(N°574).<br />

9 Les ministresqui voulaientdominerleurs collègues.Comparezce<br />

passageavecle t. m, p. 217,ligne5 du texte en remontant.<br />

10Pour être vieux et barbu (Voy.N° 574, fin<strong>de</strong> la note2), Antoine<br />

Màrcourtn'en était pas moins,au dire <strong>de</strong> ses paroissiens<strong>de</strong> Neuchâtel,<br />

un chomme<strong>de</strong> paix,d'honneuret <strong>de</strong> bonsavoir (Voy.la lettre du 17 «<br />

juin 1538).<br />

11C'était pour se rendre à Genèveque Pierre Viretavait passé par<br />

Morges,entre le lundi 1" janvieret le dimanchesuivant.


154 LES MINISTRES DE GENÈVE AU CONSEIL DE GENÈVE. 1 537<br />

dispiciendum qua via huic tam periculoso vulneri, nunc secundo<br />

subdolé refricato, sit resistendum, ne novissima longé pejora prioribus<br />

eveniant. Vale. Tononü, 11° Jan. 1537.<br />

Tuus Christof.Libert.[etus].<br />

Saluta Viretum et omnes fratres, quibus ob nego- ia et praecipitem<br />

hujiis digressum scribere non licuit.<br />

(Inscriptio :) Chariss. fratri Gulielmo Farello, Genevae.<br />

m<br />

602<br />

LES MINISTRES DE GENÈVE an Conseil <strong>de</strong> Genève<br />

(Vers le 13 janvier 1537 f .)<br />

Copie contemporaine. Archives <strong>de</strong> Genève. J. Gaberel. Histoire <strong>de</strong><br />

l'Église <strong>de</strong> Genève, 1838, 1. 1, pièces justif. p. 102.<br />

Sohkaieb.Les pasteurs signalentan Conseil<strong>les</strong> mesuresqu'il serait nécessaire<strong>de</strong><br />

18 C'est-à-dire, qu'à Morges, comme précé<strong>de</strong>mment à Lausanne, lors<br />

<strong>de</strong> la nomination <strong>de</strong> Caroli, on voulait évincer un jeune ministre, pour<br />

donner sa place à un pasteur plus âgé.<br />

Ce mémoire porte entête c Duplum cujusdamlitere, » et, au dos, la<br />

note suivante écrite par le secrétaire du Conseil « Artic<strong>les</strong> baillés par<br />

<strong>les</strong> prescheurs. 16 januarii 1537. » La netteté <strong>de</strong> conception, la clarté et<br />

la fermeté <strong>de</strong> style qui le distinguent nous autorisent à croire qu'il a été<br />

rédigé par Calvin. Mais ce n'est pas assez <strong>de</strong> dire que la forme lui appartient<br />

le fond même <strong><strong>de</strong>s</strong> idées est à lui. On ne peut, du moins, méconnattre<br />

l'analogie frappante qui existe entre certains paragraphes (celui<br />

<strong>de</strong> l'excommunication, par exemple) et <strong>les</strong> passages correspondants <strong>de</strong><br />

Vlnstituiion Chrétienne (Voy. <strong>les</strong> notes 6, 7, 11, et l'ouvrage intitulé<br />

« Johann Calvin. Seine Kirche und sein Staat in Genf, von J.-W. Kampschulte,<br />

» Leipzig, 1869, Bd. I, S. 287-289).<br />

Calvin dut composer ce mémoire après avoir mis la <strong>de</strong>rnière main à<br />

l'opuscule qu'il intitula: c Ioannis Calvini, Sacrarum Literarum in Ecc<strong>les</strong>ia<br />

Genevensi professons, Epistolœ duse, <strong>de</strong> rebus hoc seecnlo cognitu<br />

apprime necessariis, » et dont la préface est datée « Genev», pridie Idus<br />

Ianuarii. Anno 1537>» Voyez la lettre d'Ôporin du 25 mars suivant.<br />

La date est fixée par le procès-verbal du Conseil du 15 janvier 1537,


1537 LES MINISTRES DE GENÈVE AU CONSEIL DE GENÈVE. 1S5<br />

prendre, pour que l'église <strong>de</strong> Genève fût organisée et réglée selon la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu.<br />

Nous très-honnorés Seigneurs 1<br />

n est certain que une esglise ne peut estre dicte bien ordonnée<br />

et reiglée synon en laquelle la Saincte Cène <strong>de</strong> Nostre Seigneur<br />

est souventefoys célébrée et fréquentée, et ce avecq si bonne police,<br />

que nul ne ose présumer <strong>de</strong> soy y présenter synon sainctemant<br />

et en singulière révérence. Et pour ceste cause est nécessaire,<br />

pour bien maintenir l'esglise en son intégrité, la discipline<strong>de</strong> l'excommunication,par<br />

laquelle soyent corrigéz ceux qui ne se veulent<br />

renger amyablement et en toute obéyssance à la saincte Parolle <strong>de</strong><br />

Dieu. Davantage, c'est une chose bien expédiente à l'édification<strong>de</strong><br />

l'esglise, <strong>de</strong> chanter aulcungs pseaumes en forme d'oraysons publicqs,<br />

par <strong>les</strong>queulx on face prières à Dieu, ou que on chante ses<br />

louanges, affin que <strong>les</strong> cueurs <strong>de</strong> tous soyent esmeuz et incités à<br />

formé pareil<strong>les</strong> oraysons et rendre pareil<strong>les</strong> louanges et grâces à<br />

Dieu d'une mesme affection.Tiercement, il est fort requis et quasi<br />

nécessayre, pour conserver le peuple en poureté <strong>de</strong> doctrine, que<br />

<strong>les</strong> enffans dès leur jeune eage soyent tellement instruicts, qu'ils<br />

puyssent rendre rayson <strong>de</strong> la foy, affinque on ne laisse <strong><strong>de</strong>s</strong>choyr<br />

la doctrine évangélique, ains que la sentence en soy[t] diligemment<br />

retenue et baillée <strong>de</strong> main en main et <strong>de</strong> père en filz.Finablement<br />

la tirannie que az exercé le [pape] en matière <strong>de</strong> mariages,<br />

et <strong>les</strong> loyx iniques qu'il y a imposé, font qu'il survient beaucop <strong>de</strong><br />

controversies, pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> vuy<strong>de</strong>r il seroyt bon adviser <strong>de</strong> fère<br />

certaynes ordonnances par <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> on eust à se y governer, et<br />

quant il y adviendroyt quelque différent,mettre bon ordre à <strong>les</strong><br />

ap<strong>pays</strong>er.<br />

Or, pour le trouble et confusion qui estoyt au commencemanlen<br />

cesteville, <strong>de</strong>vant que l'Évangille y fûtz d'ung accord receu et recogneu*,<br />

il n'a esté possible <strong>de</strong> réduyre tout du premier coup à bon<br />

ordre, veu que mesme l'ignorance du peuple ne le povoyt porter*.<br />

oùil est dit: cAudito magistroOuillelmoFaretto, arresté que <strong>de</strong>main<br />

après disner soit assembléle Conseil<strong>de</strong> Deux-Centz,pourveoirla artic<strong>les</strong>qvtila<br />

VauHrejourbaillé.»<br />

Cetteacceptationavait eu lieule 21 mai1536(Voy.N°560,n. 13).<br />

L'état religieux<strong>de</strong> Genèveà cetteépoqueestappréciécommeil sait<br />

<strong>dans</strong>le discoursd'adieu adressépar Calvinà ses collègues c Quandje


156 LES MINISTRES DE GENÈVE AU CONSEIL DE GENÈVE. 1537<br />

Maysmaintenant qu'il az pleuz au Seigneur <strong>de</strong> ung peu mieux establir<br />

icy son régne, il nous az semblé advis estre bon et salutayre<br />

<strong>de</strong> conférer ensemble touchant ces choses, et, après avoyr ad visé<br />

entre nous par la Parolle du Seigneur, ayant invocqué son nom et<br />

imploré l'assistence <strong>de</strong> son esprit, quellepolisseil seroyt bon<strong>de</strong> y<br />

tenir cy-après,nous avons conclud <strong>de</strong> vousprésenter par artic<strong>les</strong> ce<br />

que en avons délibéré,selon la cognoyssance que le Seigneur nous<br />

en az donnné, vous priant au nom <strong>de</strong> Dieu que vostreplaysir soyt<br />

ne vous espargner, <strong>de</strong> vostre part, à faire icy ce qui est <strong>de</strong>vostre<br />

office: C'est que si vous voyés nostre advertissement estre <strong>de</strong> la<br />

saincte parolle <strong>de</strong> l'Évangille, mettez bonne diligence que ces observations<br />

soyent receues et maintenues en vostre ville, puisque le<br />

Seigneur, par sa bonté, vous az donné ceste cognoyssance que <strong>les</strong><br />

ordonnancespar <strong>les</strong>queul<strong>les</strong>son Esgliseest entretenue sont: que elle<br />

soyt vrayement et le plus prest quefère sepeull conforméeà sa Parolle,<br />

qui est la certayne reigle <strong>de</strong> tout gouvernement et administration<br />

s, maysprincipalement dit gouvernementecclésiastique.<br />

Il seroytbien à désirer que la communication<strong>de</strong> la saincte Cène<br />

<strong>de</strong> Jésucrisl fust tous <strong>les</strong> dimenchespour le moins en usage quant<br />

l'esglise est assemblée en multitu<strong>de</strong>, veu la grand'consolation que<br />

<strong>les</strong> fidè<strong>les</strong> en reçoipvent et le fruict qui en procè<strong>de</strong> en toute ma-<br />

nière, tant pour <strong>les</strong> promesses qui sont là présentées en nostre<br />

foy, -c'est que vrayment nous sommes faicts participans du corps<br />

et du sang <strong>de</strong> Jésus, <strong>de</strong> sa mort, <strong>de</strong> sa vie, <strong>de</strong> son esprit et <strong>de</strong> tous<br />

vins premièrement en ceste église, il n'y avoit quasi comme rien. On<br />

preschoit, et puis c'est tout. On cerchoit bien Ips ido<strong>les</strong> et <strong>les</strong> brusloiton<br />

mais il n'y avoit aucune réformation. Tout escoit en tumulte (Lettres<br />

<strong>française</strong>s <strong>de</strong> Calvin, publiées par Ju<strong>les</strong> Bonnet, t. II, p. 574).<br />

6 Dans le passage suivant <strong>de</strong> l'Institution Chrétienne, Calvin avait<br />

affirmé que le maintien <strong>de</strong> la Religion était l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> buts que l'État <strong>de</strong>vait<br />

se proposer: « Non hue spectat duntaxat [politia], ut spirent homines,<br />

edant, bibant, foveantur. sed ne idololatria, ne in Dei nomen sacrilegia,<br />

ne adversùs ejus veritatem blasphemite aliœque religionis offensiones publicae<br />

emergant, ac in populum spargantur <strong>de</strong>nique utinter Christianos<br />

publica religiotris facies existât, inter homines constet humanitas. » (Édit.<br />

<strong>de</strong> 1536, p. 473. Calvini Opp. Brunsvigse, t. 1, col. 230.)<br />

6 On lit <strong>dans</strong> l'Institution Chrétienne <strong>de</strong> 1536 (p. 261, 262 Calv.<br />

Opp. éd. citée, 1, 130) « Hœc consuetudo quse semelquotannis communicare<br />

jubet, certissimum est Diaboli inventum Longè aliter factum<br />

oportuit singulis, ad^minimum, hebdomadïbus proponenda erat Christianorum<br />

cœtui mensa Domini. »


1537 LES MINISTRES DE GENÈVE AU CONSEIL DE GENÈVE. 157<br />

ses biens, que pour <strong>les</strong> exortations qui nous y sont faictes à<br />

recognoëstre et magniffier par confession<strong>de</strong> louanges <strong>les</strong> merveilleuses<br />

choses, grâces <strong>de</strong> Dieu sur nous, finablementà vivre crestiennement<br />

estans conjoincts ensemble en bonne payx et unité<br />

fraternelle, comme membre d'ung mesme corps T.Et, <strong>de</strong> faict,elle<br />

n'az pas esté instituée <strong>de</strong> Jltésuspour en fève commémoration<strong>de</strong>ux<br />

ou troys foys l'an, mayspour ung fréquent exercice <strong>de</strong> nostre foy et<br />

charité,duquel la congrégation <strong><strong>de</strong>s</strong> crestiens heulz à user quant elle<br />

seroyt absemblée, comme nous voyons qu'il est escript aux Actes,<br />

2"chap., que <strong>les</strong> discip<strong>les</strong><strong>de</strong> Nostre Seigneur persévéroyent en la<br />

fraction du pain, qui est l'ordonnance <strong>de</strong> la Cène. Et telle az esté<br />

tousjours la practique <strong>de</strong> l'Esglise ancienne jusques à ce que l'abomination<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> messes a esté introduicte, en laquelle au lieu <strong>de</strong><br />

ceste communication <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> fidè<strong>les</strong>, a esté dressé cest horrible<br />

sacrilége que ung sacrifieroyt pour tous en quoi la Cène a esté<br />

du tout <strong><strong>de</strong>s</strong>traicte et abolie. Mays,pource que l'infirmité du peuple<br />

est encore telle qu'il y auroyt dangier que ce sacré et tant excellent<br />

mistère ne vint en mespris, s'il estoyt si souvent célébré, ayant esgard<br />

a cela, il nousa semblébon que, en attendant que le peuple,<br />

qui est encores aucunement débile, sera plus confermé, cestesaincte<br />

Cène soyt usitée une foys chascun moys en l'ung <strong><strong>de</strong>s</strong> troys lieux où<br />

nefont maintenant <strong>les</strong> prédications, c'est à sçavoyr,S.-Pierre, Rive 8<br />

ou Sainct-Gervays tellement que l'ung <strong><strong>de</strong>s</strong> moys elle se face à<br />

Sainct-Pierre, l'aultre à Rive, et l'aultre à Sainct-Gervays,et ainsin<br />

revienne par ordre, après avoyr achevé le tour. Toutefoysce ne<br />

sera pas pour ung quartier <strong>de</strong> la ville, mays pour toute l'esglise 9.<br />

Et pour ce fayre on eslira heure commo<strong>de</strong> et le dénuncera-on par<br />

tout, le dimenche <strong>de</strong>vant. Affin qu'il n'y ayt rien <strong>de</strong> contemptible,<br />

Cesréflexionssur <strong>les</strong>fruitsspirituels<strong>de</strong> la sainteCènesont,très en<br />

abrégé, la reproduction<strong>de</strong> diverspassages<strong>de</strong> l'Institution Chrétienne<br />

(édit.<strong>de</strong> 1536,p. 253,254, 260.Calv.Opp.J, 126,129).<br />

8 C'est-à-dire,<strong>dans</strong>l'église<strong>de</strong> l'anciencouvent<strong><strong>de</strong>s</strong> Cor<strong>de</strong>liers.<br />

La division<strong>de</strong> la ville en paroissesne fut rétablie queplustard.<br />

Les artic<strong>les</strong>présentésen 1538 au syno<strong>de</strong><strong>de</strong> Zurich(29 avril 3 mai),<br />

<strong>de</strong> la part <strong>de</strong> Calvinet <strong>de</strong> Farel, renfermentsur ce sujet le paragraphe<br />

suivant « Quaein primisnecessariasunt constitaicupimus Primumest,<br />

ut urbs[scil.Geneva]in certasparochiasdistribuatur.Quumenim,prœterquam<br />

quôdpopulosaest, collectaetiamest ex varia diversarumgentium<br />

pastorem stram plebs respiciat, et pastor vicissim plebem. Quod fiet instituta<br />

ista distinctione » (Voy. Henry, op. cit. I, Beflagen, p. 47).


158 LES MINISTRES DE GENÈVE AU CONSEIL DE GENÈVE. 1 537<br />

mays que ce hault mistère soyt traicté en la plus gran<strong>de</strong> dignité<br />

que possible sera, il nous a semblé advis le meilleur, que <strong>les</strong> ministres<br />

<strong>de</strong> la Parolle, <strong><strong>de</strong>s</strong>quelz proprement l'office est d'a<br />

tout ce que apertient aux mistères <strong>de</strong> Dieu, distribuent le pain et<br />

le vin, figures et sacremens du corps et du sang <strong>de</strong> Nostre Seigneur<br />

et, affin que tout ce face en honesteté et sans tumulte ne<br />

insolence, nous avons proposé <strong>de</strong> fayre nostre <strong>de</strong>bvoyr à remontrer<br />

et advertir quel ordre le peuple y <strong>de</strong>bvra tenir, et admonester<br />

ung chascun <strong>de</strong> éviter confusion, et vous supplier <strong>de</strong> provoyr par<br />

le moyen que verrez expédiant, qu'il y aye bonne conduicte,veuz<br />

que S. Paul nous comman<strong>de</strong> tant <strong>de</strong> y venir en singulière révérence.<br />

Maysle principal ordre qui est requis et duquelil convient avoyr<br />

la plus gran<strong>de</strong> sollicitu<strong>de</strong>,c'est que ceste SaincteCène,ordonnée et<br />

instituée pour conjoindre <strong>les</strong> membres <strong>de</strong> nostre Seigneur Jésacrist<br />

avecq leur cliefz et entre eux mesmes en ung corps et ung<br />

esprit, ne soyt souilléeet contaminée,si ceux qui se déchirent et<br />

manifestent par leur meschante et inique vie n'appertenir nullement<br />

à Jésus, viennent à y communiquer car en ceste profanation<br />

<strong>de</strong> son sacrement, Nostre Seigneur est gran<strong>de</strong>ment déshonoré.<br />

Pourtant il nous fault donner <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> que ceste pollution, qui<br />

redun<strong>de</strong> tellement au déshonneur <strong>de</strong> Dieu, ne soyt vehue entre<br />

nous par nostre négligence, veuz que sainct Paul dénunce une si<br />

grosse veng[e]ance sur ceux qui traicteront ce sacrement indignement.<br />

Il fault doncq que ceux qui ont la puissance <strong>de</strong> fayre ceste<br />

policemettent ordre que ceux qui viennent à ceste communication<br />

soyent comme approuvés membres <strong>de</strong> Jésucrist. Pour cestecause,<br />

Nostre Seigneur a mise en son Esglise la correctionet discipline<br />

d'excommunication, par laquelle il az voullu que ceux qui seroyent.<br />

<strong>de</strong> vie désordonnée et indigne d'ung crestien, et qui mespriseroyent<br />

après avoyr estés admonestéz <strong>de</strong> venir à amen<strong>de</strong>mant<br />

et se réduire à la droicte voye, fussent déjectézdu corps <strong>de</strong> l'Esglise<br />

et, quasi comme membres pourris, couppéz jusques à ce qu'ils<br />

revinissent à résipiscence, recognoyssant leur faulte et paovreté.<br />

Ceste manière <strong>de</strong> correction a esté commandée du Seigneur à<br />

son Esglise, au 18e<strong>de</strong> S. Mathieu.Nous en <strong>de</strong>bvons doncq user,<br />

si nous ne mesprisons le comman<strong>de</strong>ment qui nous en est donné.<br />

Nous en avons l'exemple en S. Paul (I Timoth. t et I Corinth. 5),<br />

avecq griesve dénunciation que nous n'ayons à hanter aulcunemant<br />

avecq ceux"quise dirons crestiens et néantmoins seront no-


1537 LES MINISTRES DE GENÈVE AU CONSEIL DE GENÈVE. 159<br />

toyrement paHiars,avaricieux, idolâtres, maldisans ou yvrongnes,<br />

adonnés à rapines. Pourtant, s'il y a quelquecraincte en nous <strong>de</strong><br />

Dieu, il fanlt que cesteordonnance aye lieu en nostre esglise l0. Encores<br />

<strong>les</strong> raysons mesmes sur quoy elle est fondée, et <strong>les</strong> froicts<br />

qui en proviennent, nous <strong>de</strong>bvroyent esmouvoyr à en user, quant<br />

il n'y auroyt pas si exprès comman<strong>de</strong>ment C'est premièrement,<br />

que Jhésucrist n'est pas blasphème et déshonneur, comment si son<br />

Esglise estoyt une conjuration <strong>de</strong> gens pervers et dissoluzen tous<br />

vices.Secun<strong>de</strong>ment, que ceulxqui reçoipvent telle correction, ayans<br />

honte et confusion <strong>de</strong> leur péché, viennent à se recognoëstre et se<br />

amen<strong>de</strong>r. Tiercement, que <strong>les</strong> aultres ne sont pas corrompuz et<br />

pervertis <strong>de</strong> leur conversation, mays plustost par leur exemple sont<br />

advertiz <strong>de</strong> ne cheoyr en pareil<strong>les</strong> faultes<br />

Ceste usance et praticque a duré anciennement quelque temps<br />

enl'Esglise avecq singulière utilité et advancemant <strong>de</strong> la crestienté,<br />

10Les termes mêmes <strong>dans</strong> <strong>les</strong>quels cette affirmation est présentée<br />

prouvent que l'excommunication n'était pas encore en usage <strong>dans</strong> l'église<br />

<strong>de</strong> Genève. Aussi M. Amédée Roget nous semble-t-il s'être trop avancé,<br />

en disant (op. cit. I, 6) c La discipline ecclésiastique, avec l'intervention<br />

<strong>dans</strong> <strong>les</strong> mœurs privées qui la caractérise essentiellement, était mise<br />

en activité à Genève avant l'arrivée <strong>de</strong> Calvin, et c'est à tort qu'on attribue<br />

souvent à ce réformateur la conception et l'initiative du régime<br />

disciplinaire qui a prévalu <strong>dans</strong> notre cité. Calvin n'a fait que sanctionner,<br />

consoli<strong>de</strong>r et étendre graduellement un régime dont il avait trouvé<br />

<strong>les</strong> fon<strong>de</strong>ments posés. »<br />

11 Sauf une inversion, ces trois <strong>de</strong>rnières phrases sont traduites <strong>de</strong><br />

l'Institution Chrétienne <strong>de</strong> 1536, où on lit, p. 144-145 < In hune usum<br />

constitutae sont excommunicationes, quibus à fi<strong>de</strong>lium consortio abdicarentur<br />

atque expellerentur ii qui nihil aliud sunt quàm scandala Ecc<strong>les</strong>ise,<br />

i<strong>de</strong>aoue indigni qui Christi nomine glorientur Primùm, ne cum<br />

Dei contumelia inter Christianos nominentur, ac si sancta ejus Ecc<strong>les</strong>ia<br />

foret maleticorum ac publicè improborum hominum conjuratio; <strong>de</strong>in<strong>de</strong>,<br />

ne frequenti consuetudine alios corrumpant perversœ vitse exemplo; postremo,<br />

ut eos ipsos pudore confusos, suœ turpitudinis pœnitere incipiat,<br />

ac ex ea pœnitentia resipiscere tan<strong>de</strong>m discant Brunswick, I, 75-76).<br />

» (Calv. Opp. édit. <strong>de</strong><br />

Cette sévérité excessive <strong>de</strong> Calvin contraste avec la mansuétu<strong>de</strong> qui<br />

animait Farel, quand il définissait en ces termes le but <strong>de</strong> Vexcommunicar<br />

non: c Cecy est faict affin que, par honte et tristesse qu'il en a, il [le<br />

pécheur] revienne à aman<strong>de</strong>ment, laissant son péché C'est une correction<br />

amyable et pleine <strong>de</strong> charité pour tirer <strong>les</strong> paovres pécheurs<br />

<strong>de</strong> leurs péchez » (Sommaire <strong>de</strong> G. Farel, réimprimé d'après l'éd. <strong>de</strong> l'an<br />

1534 et précédé d'une introd. par J.-G. Baum. Genève, 1867, p. 78).


160 LES MINISTRES DE GENÈVE AU CONSEIL DE GENÈVE. 1 537<br />

jusques à ce que aulcimgs meschans évesques, ou plustost brigans<br />

tenans places d'évesques, l'ont tournée en tirannye et en ont abusé<br />

à leurs mauvayses cupidités, tellement que c'est aujourduy l'une<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> choses plus pernicieuses et mauldictes qu'on Voyeau royaulme<br />

du pape que l'excommunication, combienque ce soyt une <strong><strong>de</strong>s</strong> choses<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> plus prouffitab<strong>les</strong> et salutayres que ayt donné Nostre Seigneur<br />

à son Esglise. Or ceste faulte est advenue par ce que <strong>les</strong><br />

pseu<strong><strong>de</strong>s</strong> évesquesont ravy à Rassemblée<strong><strong>de</strong>s</strong> fidè<strong>les</strong>et tiré à eux la<br />

cognaissance et puissance d'excommunier, laquelle véritablement<br />

ne leur apertenoyt pas par la Parolle; et après avoyr usurpé ceste<br />

domination, il l'hontconvertie en toute perversité. Après doncques<br />

avoyr considéré que une esglise ne petilt consister e.i son vray estat<br />

sans gar<strong>de</strong>r ceste ordonnance du [Seigneur],et qu'ilseroyt fort à<br />

craindre que le contempnement ne fùlz pugny par une gran<strong>de</strong> ven-<br />

gance <strong>de</strong> Dieu, il nous az sembléadvis estre expédient qu'elle fùtz<br />

remise sus en l'esglise ia et exercéeselonla reigle que nous en avons<br />

en l'Escripture, et néantmoins qu'on mist, d'aultre port, bon ordre<br />

<strong>de</strong> ne tomberen inconvénient<strong>de</strong> la dépraver et corrwnpre par mau-<br />

vays usaige.<br />

Et, pour cefaire, nous avons <strong><strong>de</strong>s</strong>libérè requérir <strong>de</strong> vous, que vostre<br />

playsir soyt ordonner et eslire certaynes personnes <strong>de</strong> bonne vie<br />

et <strong>de</strong> bon <strong>les</strong>moignageentre tous <strong>les</strong> fidè<strong>les</strong>,pareillement <strong>de</strong> bonne<br />

constance, et que ne soyent poënt aysés <strong>de</strong> corrumpre, <strong>les</strong>quelz<br />

estans départis et distribués en tous <strong>les</strong> quartiers <strong>de</strong> la ville, ayant<br />

l'ail sus la vie et gouvernement d'ung chascun; et s'il voyent quelque<br />

notable viceà reprendre en quelquepersonne,qu'il en communiquent<br />

avecqquelcung<strong><strong>de</strong>s</strong> ministres, pour admonester quicunque sera celluy<br />

lequelsera en faulte et l'exorter fraternellement <strong>de</strong> se corriger.<br />

Et si on veoyt que tel<strong>les</strong>remonstrances ne profitent rien, le advertir<br />

que on signiffiera à l'esglise son obstination; et lors s'il se recognoyt,<br />

voylà <strong><strong>de</strong>s</strong>jà un grand prouflît <strong>de</strong> ceste discipline. S'il n'y<br />

veult entendre, il sera tempsque le ministre, estant advoué<strong>de</strong> ceux<br />

qui auront cestecharge, dénunce publiquementen l'assembléele <strong>de</strong>bvoyr<br />

qu'on aura faict <strong>de</strong> le retirer à amen<strong>de</strong>ment,et commenttout<br />

cela n'a rien proffité.Adoncqueson cognoëstras'il veult persévérer<br />

en la dur[e]té<strong>de</strong> son cueur, et lors sera temps<strong>de</strong>l'excommunier,c'est<br />

à sçavoyr qu'il soyt tenu comme rejecté <strong>de</strong> la compagnie <strong><strong>de</strong>s</strong> crestiens<br />

et laissé en la puissance du diable, pour une confusion tem-<br />

18 Passageà compareravecceluiqui estplushaut (renv.<strong>de</strong> n. 10).


1537 LES MINISTRES DE GENÈVE AU CONSEIL DE GENÈVE. 161<br />

porelle, jusque à ce qu'il donne bonne apparence <strong>de</strong> sa pénitence<br />

et amen<strong>de</strong>ment;et, ensigne<strong>de</strong>ce,qu'il soytrejecté<strong>de</strong> la communion<br />

<strong>de</strong> la Cène, et qu'il soytdénoncéaux aultres fi<strong>de</strong>ttes <strong>de</strong>ne converser<br />

poëntfamilièrementavecqluytz; toutefoys, qu'il ne laisse poënt <strong>de</strong><br />

venir aux prédications pour recepvoyr tousjours doctrine,affind'esprover<br />

toujour s'il playra au Seigneur luy toucher le cueur pour<br />

retorner en bonne voye. Les vices qui seront à corriger en ceste<br />

manière sont ceux que vous avés onv par avant nommés <strong>de</strong> S.<br />

Paul, et telz semblab<strong>les</strong>. Quant quelques aultres, comme voysins<br />

ou parens, auroyent cognoyssance<strong><strong>de</strong>s</strong> vices, premier que <strong>les</strong> dicts<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>patés s'en apperceussent, il en porroyent eux-mesmes fayre la<br />

remonstrance, et quant il cognoëstriont n'y faire par eux aulcung<br />

proffit, il auroyent à en advertir iceux <strong><strong>de</strong>s</strong>putéz pour procé<strong>de</strong>r en<br />

leur office.<br />

Velà comment il nous semble ung bon moyen <strong>de</strong> réduyre l'excommunication<br />

en nostre esglise et l'entretenir en son entier. Et<br />

oultre ceste correction, l'esglise n'a poënt à procé<strong>de</strong>r. Mais,s'il y<br />

en avoyt <strong>de</strong> si insolenset habandonnéz à toute perversité, qu'il ne<br />

se fissent que rire d'estre excommuniez et ne se souciassent <strong>de</strong> vivre<br />

et morir en telle réjection, ce sera à vous à regar<strong>de</strong>r si vous<br />

aurés à souffrir à la longue et laissé impugny ung tel contempnement<br />

et une telle mocquerie <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> son évangille.<br />

Davantage, pour ce qu'il y a gran<strong><strong>de</strong>s</strong> suspicions et quasi apparances<br />

évi<strong>de</strong>ntes,qu'il y a encore plusieurs habitans en ceste ville<br />

qui ne se sont aulcunementrengé à VÉvangille,maysil contredisent<br />

tant qu'il peuvent, nourissant en leur cueur toutes <strong>les</strong> supersticions<br />

compétantes contra la Parolle <strong>de</strong> Dieu, ce seroyt une chose<br />

bien expédiente<strong>de</strong> commencerpremièrement à cognoëstreceux qui<br />

neveulent advouer <strong>de</strong> l'esglise <strong>de</strong>Jhésucrist ou non. Car s'il est besoing<br />

<strong>de</strong> mesmes rejecter par excommunication <strong>de</strong> nostre assemblée<br />

ceux qui vrayment et à juste cause auroyent par avant esté<br />

18Farel n'était pas allé si loin.Onlit en effet <strong>dans</strong> son Sommaire<strong>de</strong><br />

1534(éd. cit. p. 80) c S'il ne se veultaman<strong>de</strong>r,alors tonsceulx<strong>de</strong> la<br />

parroisse le doiventprier et admonnester<strong>de</strong> soyretourner et laisser<br />

sonpéché.Et si pour tout cecyil ne veult rien faire, alors on ne doit<br />

converseravec luy, sinoncommeavec unginfidèle aveclequeltu ne<br />

vouldroyspoint venir à la table <strong>de</strong> NostreSeigneur,ne aussiconverser<br />

avecluy approuvantsa viene sa foy.Maisen toute autre sorte beuvant<br />

et mangeantavecluy, pour le gaigneret retirer. Ainsifault converser<br />

avecVexcommimié, en toutecharité.»<br />

•Si IV.<br />

11


162<br />

LES MINISTRES DE GENÈVE AU CONSEIL DE GENÈVE. 1537<br />

tenus comme membres d'icelle, combien plus est-il nécessayre <strong>de</strong><br />

discerner <strong>les</strong>quelz on doyt recepvoyr pour membres, ou <strong>les</strong>quelz<br />

on ne doyt accepter. Secun<strong>de</strong>mant. il est certain qu'il n'y a nulle<br />

plus gran<strong>de</strong> division que <strong>de</strong> la foy, et pourtant, si ceux qui conviennent<br />

en foy avecq nous, seullement pour leurs vices doibvent<br />

estre excommuniez, par plus forte rayson ceux ne doibvent estre<br />

tolléréz en l'esglise qui sont du tout contrayres à nouz en religion.<br />

Le remes<strong>de</strong>doncq que avonspensé à cecy est <strong>de</strong> vous supplier<br />

que tous <strong>les</strong>habitans <strong>de</strong> vostreville ayentà fère confessionet rendre<br />

rayson <strong>de</strong> leur foy pour cognoëstre <strong>les</strong>quelzaccor<strong>de</strong>nt à l'Évangille,<br />

et <strong>les</strong>quelz ayment mieux estre du royaulme dit pape quedu<br />

royaulme<strong>de</strong> Jésucrist. Ce seroyt doncq un acte <strong>de</strong> magistratz crestiens,<br />

si vous, Messieurs du Conseil,cbascun pour soy, faysiezen<br />

vostre Conseilconfession,par laquelleon entendist que la doctrine<br />

<strong>de</strong> vostre foy est vrayement celle par laquelle tous <strong>les</strong> fi<strong>de</strong>l<strong>les</strong>sont<br />

unis en une esglise; car par vostre exemple vous monstreriez ce<br />

que ung chascun auroyt à fayre en vous ensuivant; et après, ordonniez<br />

aulcuns <strong>de</strong> vostre compagnie, qui, estans adjoinct avecq<br />

quelque ministre, requissent ung chascun <strong>de</strong> fayre <strong>de</strong> mesmes, et<br />

cela seroyt seulement pour ceste foys,pourtant que ou n'a poè'nt<br />

encoresdiscerné quelledoctrine ung chascun lient, qui est le droict<br />

commencementd'une esglise.<br />

L'aultre part est <strong><strong>de</strong>s</strong> pseaulmes, que nous <strong><strong>de</strong>s</strong>irons estre chantés<br />

u Plusieurshistoriensmo<strong>de</strong>rnesdisent que Farel avait présenté,le<br />

10 novembre1536,au Conseil<strong><strong>de</strong>s</strong> Deux-Centsune Confession<strong>de</strong>foi en<br />

xxi artic<strong>les</strong>,quifut approuvéepeu<strong>de</strong> tempsaprès. Or, le procès-verbal<br />

du jour précité s'exprimeainsià ce sujet «Articulipredicatorum.Magister<br />

GuillelmusFarellus proposuitarticulas<strong>de</strong> regimineeec<strong>les</strong>iœ,etc.,<br />

quifuerunt lecti,et super quibusfuit arrestatum,quôd articuliipsiobserventurintegrè,et<br />

ruantur ymaginesin quibuscumquelocisfuerintrepertœ,et<br />

provi<strong>de</strong>atur<strong>de</strong>predicatoribus,sicutilatiùsdiceturin Ordinario<br />

Consilio.» Mais<strong><strong>de</strong>s</strong> termes mêmes<strong>de</strong> la décisionprise,il ne résultepas<br />

que <strong>les</strong> susditsArtic<strong>les</strong> se composassent d'une confession<strong>de</strong> foi.Peut-on<br />

admettreque,si celle-ciavait été réellementprésentéeet approuvée<strong>de</strong>ux<br />

moisauparavant,<strong>les</strong> pasteursn:en eussentpas rappelé l'existence au<br />

momentoù ils <strong>de</strong>mandaientquechacunrendit raison<strong>de</strong> sa foi?<br />

Nouscroyons,par conséquent,que la Confession<strong>de</strong> Foi attribuéeà<br />

Farel n'a été rédigéequ'aprèsla présentationdu mémoiredu 13janvier<br />

1537.Il est dumoinsavéréqu'ellene sortit <strong><strong>de</strong>s</strong> presses<strong>de</strong> WigandKôln<br />

quele 27 avrilsuivant(Voyezle N°627,n. 1). Cedocument,dont l'original<br />

impriméne porte aucunedate, a été reproduitpar Ruchat, IV,<br />

111-122,et par J. Gaberel,op. cit., I, piècesjustificatives,p. 120-127.


1537 LES MINISTRES DE GENÈVE AU CONSEIL DE GENÈVE. 163<br />

en Vesgliseu, comme nousen avons l'exemple en l'esgliseancienne<br />

et mesme le tesmogniage <strong>de</strong> S. Paul, qui dict estre bon <strong>de</strong> chanter<br />

en la congrégation <strong>de</strong> bouche et <strong>de</strong> cueur. Nous ne povons concepvoyr<br />

l'advancement et édificationqui en procé<strong>de</strong>ra, sinon après<br />

l'avoyr expérimenté. Certes comme nous faysons,<strong>les</strong> oraysons <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

fi<strong>de</strong>l<strong>les</strong>sont si froi<strong><strong>de</strong>s</strong>, que cela nous doyt tourner à grand honte et<br />

confusion. Lespseaulmes nous parrant inciter à eslevernoz cueurs<br />

à Dieu, et nous esmovoyrà ung ar<strong>de</strong>ur tant <strong>de</strong> Vinvocquerque <strong>de</strong><br />

exalter par louangesla gloyre<strong>de</strong> son nom.Oultre,par celaon pourra<br />

cognoëstre <strong>de</strong> quel bien et <strong>de</strong> quelle consolation le pape et <strong>les</strong><br />

siens ont privé l'Esglise,quant il ont applicqués <strong>les</strong> pseaulmes, qui<br />

doibvent estre vrays chants spirituels,à murmurer entre eux sa[nsj<br />

aulcune intelligence.<br />

La manière <strong>de</strong> y procé<strong>de</strong>r nous a semblé advis bonne, si aulcungs<br />

enfans auxquelz on ayt au.paravant recordé ung chant mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te<br />

et ecclésiastique chantent à aulte voyx et distincte, le peuple<br />

escoutant en toute attention et suyvant <strong>de</strong> cueur ce qui est chanté<br />

<strong>de</strong> bouche, jusque à ce que petit à petit ung chascun se accoustu-<br />

18La première édition connue <strong><strong>de</strong>s</strong> Pseaumes <strong>de</strong> David traduits par<br />

Marot est <strong>de</strong> 1541 (Voy. Brunet, Manuel du Libraire, 5meédit. t. m,<br />

col. 1461). n semble donc, au premier abord, que <strong>les</strong> pasteurs <strong>de</strong> Genève<br />

enten<strong>de</strong>nt ici, par le moi, pseaumes, <strong><strong>de</strong>s</strong> cantiques du genre <strong>de</strong> ces


164<br />

LES MINISTRES DE GENÈVE AU CONSEIL DE GENÈVE. 1537<br />

mera à chanter communément. Mays, affin <strong>de</strong> éviter toute confusion,<br />

il seroyt besoing que vous ne permettés que aulcun par son<br />

insolence, pour avoyr en irrision la saincte congrégation, vienne à<br />

troublé l'ordre qui y sera mis.<br />

Le 3" article est <strong>de</strong>d'instruction<strong><strong>de</strong>s</strong> enfans, <strong>les</strong>queulx sans doubte<br />

doibvent à l'Esglise une confession <strong>de</strong> leur foy. Pour ceste cause,<br />

anciennement on avoyt certain cathécismepour instituer ung chascun<br />

aux fon<strong>de</strong>mens <strong>de</strong> la religion crestienne, et qui estoyt comme<br />

ung formulayre <strong>de</strong> tesmoignage dont ung chacun usoyt pour déclaii-ersa<br />

crestienté, et nomméement<strong>les</strong> enfans estoyent enseignéz<br />

<strong>de</strong> ce cathécisme pour venir testiffier à l'Esglise leur foy,dont il<br />

n'avoyent peu rendre tesmoignage à leur batesme. Carnous voyons<br />

que l'Escripture nous a conjoinct tousjours la confession avecq la<br />

foy,et nous dict que si nous croyons véritablement <strong>de</strong> cueur à justice,<br />

qu'il nous fault confesser <strong>de</strong> bouche à salut ce que nous avons<br />

creu. Or si ceste ordonnance a jamays esté propre et convenable,<br />

elle est maintenant plus que nécessayre, veu le mcspris <strong>de</strong> la Parolle<br />

<strong>de</strong> Dieu que nous voyons en la plus part et la négligence <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

parens à instruire leurs enfans en la voye <strong>de</strong> Dieu, dont on voyt<br />

une merveillieuse ru<strong><strong>de</strong>s</strong>se et ignorance en beaucop, laquelle n'est<br />

aucunement tollérable en l'esglise <strong>de</strong> Dieu.<br />

L'ordre que nous avons advisé<strong>de</strong> y mettre, c'est qu'il y aye une<br />

briesve sommet facile <strong>de</strong> la foy crestienne, laquelle soyt aprinse à<br />

tous <strong>les</strong> enfansie, et que, certaynes saisons <strong>de</strong> l'année, il viennent<br />

par <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> ministres pour estre interroguéz et examinéz et recepvoyr<br />

plus ample déclaration, selon qu'il sera besoing à la capacité<br />

d'ung chascun d'eux, jusques à ce qu'on <strong>les</strong> aye approvéz<br />

estre suffisammentmstruicts. Maysque vostre playsir soyt fère comman<strong>de</strong>ment<br />

aux parens <strong>de</strong> mettre payne et diligence que leurs enfans<br />

apprennent icellé somme et qu'il se présentent aux ministres<br />

aux temps qu'il sera dict.<br />

Finablement, pour ce que le [pape] a tant brouillé <strong>les</strong> causes <strong>de</strong><br />

mariage en faysant <strong>de</strong>gréz à son playsir, déterminant <strong><strong>de</strong>s</strong> divorses<br />

iniquemant et contre toute rayson, que il.est requis et nécessayre<br />

16 Cette


1537 LES MINISTRES DE GENÈVE AU CONSEIL DE GENÈVE. 165<br />

<strong>de</strong> vuy<strong>de</strong>r <strong>les</strong> controversies qui en sont ensuyvies bien souvant<br />

par la Parolle <strong>de</strong> Dieu, nous ayons délibéré vous supplier, pour<br />

avoyr la chose plus certayne, que vous donniez la charge et commission<br />

ficertaynes personnes <strong>de</strong> vostrecompagnie<strong>de</strong> juger et déci<strong>de</strong>r<br />

toutes causes qui en viendront en avant, adjoingnant avecq<br />

eux quelques ministres pour <strong>les</strong>mieux informer <strong>de</strong> ce qui sera <strong>de</strong><br />

fère selonla Parolle <strong>de</strong>Dieu; <strong>les</strong>quelz commissayres,avecq le conseil<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> dicts ministres, feront premièrement ordonnances <strong>de</strong> cas<br />

survenans communément, selon <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> il auront à juger, ce<br />

néantmoins après vous <strong>les</strong> avoyr présentées pour estre approuvées<br />

<strong>de</strong> par vous, <strong>de</strong>vant que <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r en avant.<br />

Maintenant,nous très-honnorés Seigneurs, nous vous mpplions<br />

affectueusement, tous d'ung accord, et prions au nom <strong>de</strong> Dieu,<br />

si vousvoyésqueces advertissemanset exhortationssoyent vrayement<br />

<strong>de</strong> fa Parolle <strong>de</strong> Dieu, ne <strong>les</strong>prendre poënt comme<strong>de</strong> nous, mays<br />

comme<strong>de</strong> Celluydont el<strong>les</strong>procè<strong>de</strong>nt; pareillement, considérer <strong>de</strong><br />

quelle importance et conséquence el<strong>les</strong> sont à entretenir en son<br />

estat l'honneur <strong>de</strong> Dieu et conserver l'esglise en son entier <strong>les</strong>quel<strong>les</strong><br />

considérations feront que ne vous espargnerés à mettre en<br />

exéquution diligemment ce que verrez non-seulement estre <strong>de</strong> vostre<br />

office,mays aussi tant nécessayre à entretenir vostre peuple en<br />

bonne police Et ne vous doyt <strong><strong>de</strong>s</strong>mouvoyrla difficultéque aulmn<br />

17Voici le texte <strong><strong>de</strong>s</strong> résolutionsque prit le Conseil<strong>de</strong> Genève,à la<br />

date du 16janvier 1537 c Articuliprœdicatornm.Icy sont estésleuz<br />

<strong>les</strong> artic<strong>les</strong>donnéspar maistre GuillaumeFarel et <strong>les</strong>attitrésprédicans.<br />

Est arresté mettre en Conseil<strong>de</strong> Deux-Centznostre advys,qu'est que,<br />

<strong>de</strong> la Cène,elle se face quatresfoysl'an que le batesmese doëgefaire<br />

tous<strong>les</strong>jours en la congrégation;que <strong>les</strong> mariagesse doëgentannancer<br />

trois dimencheset exposer[1.épouser]tous<strong>les</strong>jours en la congrégation,<br />

et qu'ily ayeunghomme<strong>de</strong> bienauquell'onseaddresserapour cognoistre<br />

<strong>les</strong> mariés,pour leur signer leurs annunces,tellementque personnene<br />

soitannuncény exposéque il ne soitcogneu,aussipouréviterle bro[u]illement<br />

[qui résulte <strong>de</strong> ce]que l'on seprésenteaujourdhuysà ung, <strong>de</strong>mainà<br />

ungaultre, pourannuncer.<br />

c Descausesmatrimonia<strong>les</strong>, nousen <strong>de</strong>mqronsqu'el<strong>les</strong>soyentcogneues<br />

en Conseilordinaire,sans appellation;maispremièrementl'on en aura<br />

conféranceavecque<strong>les</strong> prescheurset ministres,pourse guy<strong>de</strong>rjouxtela<br />

Parolle<strong>de</strong> Dieu.<br />

«La reste <strong><strong>de</strong>s</strong> artic<strong>les</strong> est passée ainsinqu'il sont escriptz,adjoinct<br />

que l'on <strong>de</strong>ffen<strong>de</strong>aux femmesobstetrices[c.-à-d.auxsages-femmes], <strong>de</strong><br />

ne baptiserpoint.<br />

cConsUiumDucentenarium Icy sont esté leus<strong>les</strong> artic<strong>les</strong>et la ré-


166<br />

-ASPARDMEGANDERA BULLINGER ET A LÉONJUDE, A ZURICH. 1537<br />

porroyt alléguer estre en ces choses; car nous <strong>de</strong>bvons avoyr ceste<br />

espérance, quant nous nos offrons <strong>de</strong> suivre ce qui nous az esté ordonné<br />

<strong>de</strong> Dieu, que <strong>de</strong> sa bonté il fera prospérer et conduira à bonne<br />

fin nostre entreprinse, comme vous-mesmes avés assés expérimenté<br />

jusqttes icy, en tous <strong>les</strong> affères où le Seigneiar vous as faict ceste<br />

grâce <strong>de</strong> chercher sa gloyre. Il vous assiste par sa puissance pour<br />

mener tout à bonne yssue!I<br />

605<br />

GASPARDMEGANDER à Bullingeret à Léon Ju<strong>de</strong>, à Zurich.<br />

De Berne, 15 janvier 1537.<br />

Inédite. Autographe. Archives <strong>de</strong> Zurich.<br />

Sommaire.La fondationd'une haute écoleà Lausanne est décidée,et l'on appellera<br />

Jean Friess, pour en être le principal; il faudra égalementse procurernn professeurd'hébreu.Carolidonnera<strong><strong>de</strong>s</strong>leçonssur<br />

l'AncienTestament; V'treE,snr le<br />

Nouveau.On leur adjoindra nn professeur <strong>de</strong> grec. Plusieurs ministresdu <strong>pays</strong><br />

romand,<strong>dans</strong>leursprédications,font<strong><strong>de</strong>s</strong>vœnxpour<strong>les</strong> habitants<strong>de</strong> laBowrgoepxe.<br />

Gratiam à Domino Ludum Lauzan[œ] instituimus, lectionemque<br />

Theologicam l. Quare opus erit nobis, praefectis utrinque doctis et<br />

solution sus faicte en Conseil ordinaire, et est arresté que l'arrest du<br />

Conseil ordinaire est bien. On lit encore, au 13 mars suivant c Sus ce<br />

que a proposé maistre Farel et Cauvin, est résolu <strong>de</strong> mettre ordre à la<br />

sène et aultres choses <strong><strong>de</strong>s</strong> artic<strong>les</strong> l'on faira observer <strong>les</strong> artic<strong>les</strong><br />

(Registres du Conseil *).<br />

1 Cette phrase, rapprochée <strong><strong>de</strong>s</strong>*suivantes, fixe en janvier 1537 la date.<br />

<strong>de</strong> la fondation <strong>de</strong> l'Académie <strong>de</strong> Lausanne. Elle eut <strong><strong>de</strong>s</strong> commencements<br />

très-mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tes, et le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> ne reçut sa forme définitive qu'au<br />

moment où l'enseignement élémentaire fut constitué, c'est-à-dire, en<br />

1540.


1 537 Gaspard megan<strong>de</strong>r A bulunger et a léon jubé, A zurich. 167<br />

eraditis, M prœseriïm mo<strong>de</strong>ratore, qui gallicam teneat lingnam<br />

in quem locum Frisium Tigarinum a haud dnbiè vocaturi sumus,<br />

nisi nobis per vos fuerit <strong>de</strong>negatum. Carabimus qaô stipendium ac<br />

prœminm habeat se dignum, vi<strong>de</strong>licet, nostrae monetae aoreos centum,<br />

aut circiter. Salarium itaque quod habet ab ecc<strong>les</strong>ia Tigurina<br />

in aliquem alium converti poterit.<br />

Prœterea, quô hebreœlinguœ professorem habeamus diligenter in-<br />

quiremus*. Utinam Emn<strong>de</strong>rk 4 nobis contingat! Carolus Veteris<br />

Testamenti, Viretus verô Xovi theologum prsestabit 5. Utro([ue [l.<br />

utriqne?] enim rpiottidie pnblica erit lectio, uhi litdi mo<strong>de</strong>rator<br />

cole inférieure, <strong>de</strong> 5a? collége. Ces dénominations ont été conservées longtemps<br />

et même <strong>de</strong>puis l'admission dn mot Académie » (André Gindroz.<br />

Hist. <strong>de</strong> l'Instruction publique <strong>dans</strong> le Pays <strong>de</strong> Vaud. Lausanne, 1853,<br />

p. 278).<br />

Quoi qu'il en soit. nous avons ici la preuve que, dès le mois <strong>de</strong> janvier<br />

1537, on recherchait activement <strong><strong>de</strong>s</strong> professeurs pour <strong>les</strong> adjoindre aux<br />

<strong>de</strong>ux pasteurs qu'on avait sous la main. De plus, on lit <strong>dans</strong> le Journal<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> commissaires bernois qui étaient venus à Lausanne pour régler l'emploi<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> biens <strong>de</strong> l'ancienne Église, l'article suivant, daté du 27 février<br />

1537 « Mes Seigneurs ont établi un lecteur <strong>de</strong> Théologie (ein lectorem<br />

théologie» doctrinae) et un principal pour <strong>les</strong> enfants <strong>de</strong> l'école <strong>de</strong> Lausanne.-<br />

Ils ont assigné au Lecteur une prében<strong>de</strong> <strong>de</strong> chanoine valant 100<br />

florins <strong>de</strong> Berne, et qui, <strong>dans</strong> le cas oit elle ne rapporterait pas autant,<br />

sera complétée par le Bailli. Le principal recevra annuellement 100 florins<br />

et le salaire <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants. » (Trad. du Registre intitulé « Ro<strong>de</strong>ll allerley<br />

admodiatzenn und Liehnngen <strong>de</strong>r Aptyen, Clôstern im nuw<br />

gewunnen Lan<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>s 1536 jars. Arch. vaudoises. Communication <strong>de</strong><br />

M. Ernest Chavannes.)<br />

2 Voyez, sur Jean Friess, le X° 569, n. 1, 8, 11. Ses supérieurs <strong>de</strong><br />

Zurich ne lui permirent pas d'accepter un appel du <strong>de</strong>hors.<br />

3 Le premier professeur d'hébreu à l'Académie <strong>de</strong> Lausanne fut Imbert<br />

Paccolet, natif du midi <strong>de</strong> la France. n était déjà en fonction au<br />

mois <strong>de</strong> juillet 1537 (Voyez Ruchat, IV, 435). Nous ne savons sur quelle<br />

autorité André Gindroz (op. cit. p. 279) a placé Jean Merlin avant Im-<br />

hert, <strong>dans</strong> le Tableau synchronique <strong><strong>de</strong>s</strong> professeurs. Jean-Beymond Merlin<br />

ne vint à Lausanne qu'après 1540.<br />

4 Il est sans doute question <strong>de</strong> Beneiictiis Kienisen, surnommé Evan<strong>de</strong>r,<br />

l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> stipendiaires du collège <strong>de</strong> Zurich (Voy. Zuinglii Opp. éd.<br />

Schuier et Schulthess, t. VIII, p. 372, note 2).<br />

5 C'est-à-dire à eux <strong>de</strong>ux, ces pasteurs se chargeront <strong>de</strong> l'interprétation<br />

théologique <strong>de</strong> l'Écriture Sainte. A cette époque, on s'attachait<br />

beaucoup moins à constater, par <strong>les</strong> ressources <strong>de</strong> la philologie, le sens<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> textes <strong>de</strong> l'Écriture, qu'à exposer l'enchaînement <strong><strong>de</strong>s</strong> idées et leur<br />

importance religieuse on dogmatique. Les commentaires <strong>de</strong> Lambert d'Aa,


168<br />

GASPARD MEGANDERA BDLUNGER ET A LÉON JUDE, A ZURICH. 1537<br />

utrinque graeca interpretabitur s. Caeterùm ministri nohtri linguœ<br />

gatticœ, multis in locis, concionibus Burgundiones salutant, quos<br />

speramns Deum suo spiritn brevi invisurum T. Bene valete, charissimi<br />

mei fratres. Beraae, 15 Januarii, anno 37.<br />

Megand.[er]<br />

vester totus.<br />

(Inscrïptio :) D. Heinrico Bullingero ac Leoni Judœ, Tigurinas<br />

Ecc<strong>les</strong>iae praefectis, fratribus suis in Domino charissimis.<br />

vignon et d'Œcolampa<strong>de</strong> fournissent un spécimen <strong>de</strong> ce genre <strong>de</strong> leçons,<br />

qu'on appelait volontiers <strong><strong>de</strong>s</strong> enarrationes. Pierre Viret pouvait en donner<br />

<strong>de</strong> pareil<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> Évangi<strong>les</strong> et <strong>les</strong> Épîtres. Mais Pierre Caroli, s'il<br />

faut en croire le témoignage suivant <strong>de</strong> Calvin, n'était guère capable<br />

d'expliquer l'Ancien Testament d'après le texte original c Jactat se<br />

[Carolus] Munstero, per octo menses, assiduam operam <strong>de</strong>disse in discenda<br />

lingua Hebraica, ut persua<strong>de</strong>at ejus linguse se esse peritum, quam<br />

olim in Gallia discere meditatus, non ultra alphabetum perrexit, cum<br />

tamen in eu studio très menses elaborasset. Itaque Basileœ sapientior fuit<br />

quàm prse se ferat. Noluit enim operam et tempus per<strong>de</strong>re, quia cum<br />

paucis diebus tentasset, mox <strong><strong>de</strong>s</strong>titit. » (ProG. Farello et collegis ejus,<br />

adversus Caroli calumnias Defensio N. Gallasii. (Genevae)1545, p. 28, à<br />

comparer avec le N° 533, n. 6.)<br />

9 Si nous comprenons bien ce que dit Megan<strong>de</strong>r, il résulterait <strong>de</strong> ce<br />

passage, que, <strong>dans</strong> chaque leçon, le principal <strong>de</strong> rÉcole <strong>de</strong>vait donner<br />

l'explication grammaticale du texte grec (soit <strong>de</strong> la version <strong><strong>de</strong>s</strong> Septante,<br />

soit du Nouveau Testament) qui était ensuite l'objet <strong>de</strong> l'exposition théologique<br />

<strong>de</strong> Caroli ou <strong>de</strong> Viret.<br />

7<br />

Voyez <strong>les</strong> lettres <strong>de</strong> Neuchàtel à Berne du 29 janvier et du 12 février<br />

(N°« 605, 609), la note 1 du N° 613, la lettre <strong>de</strong> Calvin du 23 avril (No<br />

628), et celle <strong>de</strong> Le Coq du 19 juillet (N° 643, renvoi <strong>de</strong> note 8).


1537 LE CONSEIL DE BERNE A SES AMBASSADEURS. 169<br />

604<br />

LE CONSEIL DE BERNE à ses ambassa<strong>de</strong>urs.<br />

De Berne (15 janvier 1537*).<br />

Inédite. Minute originale 2. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

Sommaire.Le Conseil<strong>de</strong> Berne donne à ses ambassa<strong>de</strong>urs,envoyésen France au<br />

nom<strong><strong>de</strong>s</strong>Vil<strong>les</strong>évangéliques,l'analyse dn discoursqu'ils <strong>de</strong>vrontadresserà FrançoisI<br />

en faveur<strong><strong>de</strong>s</strong> fidè<strong>les</strong>persécutés<strong>dans</strong> ses États.<br />

Instruction sur nob<strong>les</strong>, pru<strong>dans</strong> seigneurs, Jehan-François Nâ-<br />

gelli trésorier, et Jost <strong>de</strong> Diespach, conseilliers, ambassa<strong>de</strong>urs <strong>de</strong><br />

Messieurs <strong>de</strong> Berne 3, envoyés par <strong>de</strong>vers la Majesté Royalle.<br />

Premièrement, vous sçavés la charge que Messieurs nous sup<br />

lieurs vous hont donnée en ce présent voyage, assavoir: <strong>de</strong><br />

faire leurs humb<strong>les</strong> recommendations et cordia<strong>les</strong> requestes en-<br />

vers la Royalle Majesté, touchant <strong>les</strong> paouvres prisonniers et ban-<br />

1 La minute <strong>de</strong> cette pièce ne porte aucune date; elle se trouve <strong>dans</strong><br />

le Registre <strong><strong>de</strong>s</strong> Instructions (Instruct. Buch, vol. C, fol. 105) entre <strong>de</strong>ux<br />

documents datés, l'un du 12, l'autre du 18 janvier 1537. Nous lui donnons<br />

pour date le 15, jour où <strong>les</strong> ambassa<strong>de</strong>urs reçurent leurs lettres <strong>de</strong><br />

créance.<br />

Cette minute se compose <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux parties très-distinctes. La première<br />

est relative aux Évangéliques <strong>de</strong> France, la secon<strong>de</strong>, à <strong><strong>de</strong>s</strong> questions<br />

temporel<strong>les</strong>, nées <strong>de</strong> la conquête du Chablais par <strong>les</strong> Bernois. Quoique la<br />

première partie ait été biffée, nous la reproduisons <strong>de</strong> préférence à une<br />

autre rédaction dont nous avons déjà cité <strong><strong>de</strong>s</strong> passages (N° 577, n. 4-6)<br />

et qui n'est que le développement <strong>de</strong>.celle-ci. Nous nous contenterons<br />

d'emprunter à la rédaction plus développée un ou <strong>de</strong>ux détails qu'on<br />

trouvera <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Notes.<br />

8 De la lettre <strong>de</strong> Strasbourg au Conseil <strong>de</strong> Bàle du 5 janvier 1537,<br />

et <strong>de</strong> celle <strong><strong>de</strong>s</strong> Bftlois à MM. <strong>de</strong> Berne du 13 janvier suivant (Arch. bâ-<br />

loises), il résulte que J.-F. Nâgueli et Jost <strong>de</strong> DieBbach <strong>de</strong>vaient parler<br />

au nom <strong><strong>de</strong>s</strong> IV Vil<strong>les</strong> évangéliques. C'est pourquoi la rédaction plus développée<br />

qui est aux Archives <strong>de</strong> Berne porte seulement ce titre c Instruction<br />

pour <strong>les</strong> Ambassa<strong>de</strong>urs par <strong>de</strong>vers la Majesté Royale envoyéz. »


170 LE CONSEIL DE BERNE A SES AMBASSADEURS. 1537<br />

nis, que <strong><strong>de</strong>s</strong>jà piéça et encores journellement sont tormentés, bannis,<br />

incarcérés et exéquutés ait Royaulme <strong>de</strong> France, à cause <strong>de</strong> la Pa-<br />

rolle <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> la religion qu'il Mènent, semblable à celle que<br />

plusieurs gros Estas, Princes et Vil<strong>les</strong> <strong>de</strong> la Germanie hont acceptée<br />

et approuvée Dont, pour le premier chieff <strong>de</strong> ceste requeste,<br />

conviendra réduisre en mémoire à Sa Majesté ce que, par le passé,<br />

MM. <strong><strong>de</strong>s</strong> vil<strong>les</strong> Strassbourg, Zurich, Berne et Basle hmiS escript à sa<br />

dite Majesté 5, en fateur <strong><strong>de</strong>s</strong> dits bonnes gens, amateurs <strong>de</strong> la doc-<br />

trine <strong>de</strong> nostre seul Saulveur Jésus.<br />

Ce estre faict, exposerés humblement à Sa Majesté, que Mes-<br />

sieurs, non ayans eheu responce sus ces lectres 6, <strong>de</strong> leur pure<br />

charité, faveur et amour qu'il pourtent premièrement à S. M. et<br />

Un projet <strong>de</strong> requête, sans indication <strong>de</strong> Heu, ni <strong>de</strong> date, mais qui<br />

nous semble avoir été rédigé vers le commencement <strong>de</strong> juillet 1536, insiste<br />

en ces termes sur l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> foi <strong><strong>de</strong>s</strong> Évangéliques <strong>de</strong> la France et<br />

<strong>de</strong> l'Allemagne c Vi<strong>de</strong>retar nobis commodissimum (salvo meliori judicio)<br />

ut Principes et Civitatum Respublirre ad Regem scriberent. Prima statim<br />

fronte gratias agerent Deo, et gratularentur Principi, pro clementia qua<br />

prosequitur suos His ad<strong>de</strong>re poterunt:


1537 LE CONSEIL DE BERNE A SES AMBASSADEURS. 171<br />

suyvant [c"à-d. ensuite] à ces bonnes gens, vous ont envoyé par<br />

<strong>de</strong>vers sa dite Majesté,pour ycelle supplier et requérir, qu'à ycelle<br />

plaise en toute bénignité havoir du regard sus ces paouvres désoulés,<br />

ensuyvant le bon et louable commencement que <strong><strong>de</strong>s</strong>jà, par<br />

la volenté et instinction <strong>de</strong> Dieu, du Roy <strong><strong>de</strong>s</strong> roys, Sa Majestéy a<br />

faict, en ce qu'elle a bien voulsuz accor<strong>de</strong>r que <strong>les</strong> dits bannis<br />

puissent retourner chescung en son lieu, et que <strong>les</strong> prisonniers<br />

feussent libérésT: <strong>de</strong> quoy Messieurset tous amateurs <strong>de</strong> la vérité<br />

<strong>de</strong> Dieu se treuvent estre gran<strong>de</strong>ment tenus à S. M.Et eust ycelle<br />

Irès-gracieuse révocation <strong><strong>de</strong>s</strong> dits pouvres chrestiens engeindré<br />

une perfaicte joye es cueurs <strong>de</strong> tous fidè<strong>les</strong> <strong>de</strong> ce quartier, s'il ne<br />

feust esté adjoinct que ceulx que vouldroyent jouyr <strong>de</strong> ceste grâce<br />

(le rappel, se <strong>de</strong>ussent <strong><strong>de</strong>s</strong>dire <strong>de</strong> leur loy, en la présence <strong>de</strong> leurs<br />

évesques et curés, ou aultres à ce députés: chose que semble à<br />

Messieurs fort rigoreuse, veheu que cella seroit en parthye reprouchable<br />

et confusible, non tant seulement à ceulx que tellement<br />

se <strong><strong>de</strong>s</strong>diroyent, ains aulcunement aussy à Messieurset tous<br />

aultres <strong>de</strong> ceste mesme religion, <strong>les</strong>quels en seroyent scandalizés<br />

et blasmés, en ce que l'on leur pourroit reproucher que leur loy<br />

feust esté <strong><strong>de</strong>s</strong>dicte et renoncée par tout le Royaulme <strong>de</strong> France.<br />

Vous âdvertirés aussy la dite Majesté<strong>de</strong> la bonne conversationet<br />

honnesteléque chascun cognaitet a veheuen ses [1.ces] bonnespersonnes<br />

et bannis estans par <strong>de</strong>ça, <strong>les</strong>quieulx n'ont en façon quelconque<br />

blasmer ne mauldict <strong>de</strong> S. M., ains ycelle gran<strong>de</strong>ment<br />

exhaulsé, priant Dieu pour Elle, en sy grosse soubmission et humilité,<br />

que <strong>de</strong> leur cmistèn'est à craindre aulcung tumulte ou mutination<br />

contra la Supériorité veheu qu'il ne cherchent que liberté<br />

7 Allusionà l'édit <strong>de</strong> Coucyda 16juillet 1535,et à celui<strong>de</strong> Lyondu<br />

31 mai1536(Voy.N° 566,n. 2).<br />

8 La rédactionplus développée(Voy.note 2) renfermesur ce sujet<br />

<strong>les</strong> paragraphessuivants


172<br />

LE CONSEIL DE BERNE A SES AMBASSADEURS. 1537<br />

<strong>de</strong> leurs consciences; an <strong><strong>de</strong>s</strong>moarant, [étant] prest <strong>de</strong> corps et biens<br />

pour servir et obéyr non tant seulement aux roys et princes, mais<br />

aussy <strong>de</strong> bien faire à tout le mon<strong>de</strong> en toute tranquillité, ainsin<br />

que la Parolle <strong>de</strong> Dieu, qu'est l'Évangille <strong>de</strong> paix et- doctrine <strong>de</strong><br />

patience, le veult. Prions <strong>de</strong> rechieff sa dite Majesté <strong>de</strong> prendre <strong>les</strong><br />

choses à cueur, et leur miltroyé franchise <strong><strong>de</strong>s</strong> consciences, avec<br />

une pure et non conditionée révocation ou rappell, sans <strong>les</strong> cons-<br />

traindre à se <strong><strong>de</strong>s</strong>dire, et ce pour l'honneur <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> Mes-<br />

sieurs 9.<br />

Secrétayre DEBERNE.<br />

avant que nous fussions onys. Pourtant, nous avoir bonne espérance<br />

que S. M. en usera [avec] telle grâce envers ses subjectz, aussi bien que<br />

envers nous. La modération laquelle nous estre en S. M. requérons,<br />

séparera bien ceulx quelz Sathan mesle parmi <strong>les</strong> enfants <strong>de</strong> Dieu, pour<br />

exciter secteset séditions. »<br />

9 La minute <strong>de</strong> la rédaction plus développée se termine par le paragraphe<br />

suivant, qui est d'une autre main c Aussi <strong>les</strong> aucuns d'iceulx<br />

pouvres subjectz <strong>de</strong> S. M. mentionnent d'avoir ouyt réciter, que <strong>les</strong> Seigneurs<br />

du grand parlement <strong>de</strong> Paris ont faict <strong><strong>de</strong>s</strong> secrètes et non pas bien<br />

congruentes protestations et diffinimens, que quand Dieu auroit appelé<br />

avec Luy (ce que Dieu ne voulsist pas!) Sa Majesté Royale, ilz exécuteroient<br />

et mettroient à toutes gran<strong><strong>de</strong>s</strong> punitions et rigueurs ceulx qui auroient<br />

cuydé et imaginé d'estre en tranquillité et hors <strong>de</strong> quelconque dangier<br />

par le pardon et privilége donné par S. M., que [1. ce qui] seroit<br />

chuse trop pernicieuse et que S. M. ne doibt tolérer et agréer. Pour ce,<br />

sera <strong>de</strong> sa clémence <strong>de</strong> y pourveoir. »<br />

Un nouveau paragraphe, qui n'existe que <strong>dans</strong> la copie <strong>de</strong> la susdite<br />

rédaction, contient ce qui suit « Nos dits Ambassa<strong>de</strong>urs remercieront<br />

bien humblement Monsieur le Grand-Maistre <strong>de</strong> France [Anne <strong>de</strong> Mont-<br />

morency], <strong>de</strong> se qu'il a esté cause, d'une part, <strong>de</strong> faire donner le rappel<br />

pour ces povres gens, à nostre requeste [c.-à-d. en mai 1536], et luy dire<br />

qu'en tout ce que le plaira, nous luy obéyrons <strong>de</strong> bien bon cœur. »


1537 LE CONSEIL DE NEUCHaTEL AU CONSEIL DE BERNE. 173<br />

605<br />

«<br />

i<br />

LE CONSEILDE NEUCHATELau Conseil <strong>de</strong> Berne.<br />

De Neuchâtel, 29 janvier 1537.<br />

Inédite. Manuscritoriginal. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

sioMMiiSE. Lesmagistrats<strong>de</strong> Neuchâtel requièrent l'intervention dugouvernement<br />

bernoisenfaveur<strong>de</strong><strong>de</strong>uxcitoyens <strong>de</strong>Besançon persécutés à cause<strong>de</strong>VÉvangile.<br />

Magnifiques, illustres, excellens, très-redoubtéz, puyssans Princes<br />

et Seigneurs, nostre amyable recommendation avant mise.<br />

Il vous plaira entendre comme, <strong>de</strong>puys ung moys, nous avons<br />

escript à Messieurs<strong>de</strong> Besançon,à cause que au paravant il avoyent<br />

détenu prisonnier ung honneste homme, Pierre du Chemin,leur<br />

citoyen et bourgeois, pour une bibleinprimée en françoys à Neufchastel<br />

en laquelle <strong>les</strong> gentz du pape disoyent estre contenues<br />

plussieurs erreurs et faulcetéz, nous offrans [1.tandis que nous<br />

nous offrons] la maintenir bonne et véritable par la Parolle <strong>de</strong><br />

Dieu. A laquelle chose nous ont respondu par lettres, que nous<br />

estions mal informéz, et que <strong>de</strong> ce nous <strong>de</strong>ussions contenter, et<br />

(lue, au surplus, il avoyent proposéz <strong>de</strong> vivre au temps futur<br />

comme du passéza. A laquelle responce <strong>de</strong> rechef leur avons es-<br />

1II s'agit évi<strong>de</strong>mment<strong>de</strong> la Bibled'Olivétan,impriméeà NeuchâteL<br />

oùelle parut en 1535(Voy.N°509,n. 4).<br />

La persécutionreligieuseavait déjà fait <strong><strong>de</strong>s</strong> victimesà Besançon<br />

<strong>dans</strong> <strong>les</strong> années 1524et 1529 (VoyezMatile.Muséehistorique<strong>de</strong> Neuchâtel,I,<br />

249,257).Vers le commencement<strong>de</strong>l'année 1535,un prêtre,<br />

nomméCoquiïlard,y fut dégradé et supplicié« pourla doctrine<strong>de</strong> l'Évangile»(Voy.Crespin,op.cit.<br />

f. 105b). Unan plustard, Clau<strong>de</strong>Javand<br />

écrivait<strong>de</strong> cette ville à BonifaceAmerbach:« Hîcnullusest rumormagnoperenovus,<br />

nisi id scire velis SenatumBesontHedixisse,ne vulgô<br />

jactaretur nomenLutheri, nequein conviviis,neque in disputatiombus,<br />

sed ne in coponisqui<strong>de</strong>m.Et proncitursanèmultùm Jam altenm edictum<br />

conflatur,ut audio,à canonicis<strong>de</strong>abrogandisliterisgrcecis.Quid,inquics,


174 LE CONSEIL DE NEUCHATEL AU CONSEIL DE BERNE. 1537<br />

cript, que <strong>de</strong> contentement pour ceste heure aurions assez, mais<br />

que il ne détinssent point prisonnier leur dit bourgeois Pierre<br />

du Chemin, à cause <strong>de</strong> nous lettres, comme il font, <strong>les</strong> priant af-<br />

fectueusement comme bons voysins, que plus oultre ne voulsissent<br />

mo<strong>les</strong>ter le dit du Chemin ne aultres pour ceste cause; et que ainsi<br />

qu'ilz vivront pour l'advenir, Dieu, qui seul cognoist <strong>les</strong> choses<br />

futures, en disposera.<br />

Mais toutes noz lettres et prières n'ont <strong>de</strong> riens servi envers<br />

iceulx, ains tousjours tiennent le dit du Chemin en prison, et aulcuns<br />

aultres sont fuytiffjs pour la persécution. Et nomméement<br />

ung appelé Guillaume Paintre est pour ceste cause en prison, enferré<br />

fortement au chasteau <strong>de</strong> Gy 3. Parquoy, trés-honnoréz Sei-<br />

gneurs, très-humblement et atTectueusement nous vous pryons,<br />

pour Fhonneur <strong>de</strong> nostre seul Sauveur Jésuchrist, qui tant a souffert<br />

pour nous, qu'il vous playse prier, pour l'ancienne amytié,<br />

envoyer, man<strong>de</strong>r et escripre acertes à iceulx <strong>de</strong> Besançon, que il-<br />

ayent à incontinent délivré iceluy du Chemin hors <strong>de</strong> prison, et<br />

faire aussi que le dit Guillaume Paintre en sorte car par eulx il<br />

est au dit lieu détenu. Et se ainsi il ne font, il monstrent évidam-<br />

ment que il ne vueyllent pas estre nous bons voysins.<br />

audio ? Literas grsecas aboleri ? Sanè, mi praecaptor, nam cum hactenus<br />

lingase latinœ hic ru<strong><strong>de</strong>s</strong> fuerimus, nolumus hoc <strong>de</strong><strong>de</strong>core contaminari,<br />

nempe literis graecis. Hoc edictum nondum qui<strong>de</strong>m edi<strong>de</strong>runt, verùm jam<br />

clamant quidam


1537 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 175<br />

Très-redoubtéz Seigneurs, nous prions le Seigneur Dieu, qui<br />

vous doint la grâce, force et puyssance <strong>de</strong> tousjours avancer son<br />

trés-sainct nom et sa gloyre. J)onnéà Neufchastel, ce 29e jour <strong>de</strong><br />

Janvyer 1537.<br />

Yoz très-humb<strong>les</strong> combourgeois<br />

LES quattres Ministraulx ET CONSEILDE NEUFCHASTEL.<br />

606<br />

CHRISTOPHEFABRI à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 5 février 1537.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchàtel.<br />

Sommaire. Vous connaissez,je pense, la tilualion [fâcheuse] <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Lausanne.<br />

On attend d'un jour à l'autre la conférence publique où <strong>les</strong> erreurs <strong>de</strong> Diotriphe<br />

[c.-d-d. Carolï\ seront réfutées par vous, Viret et Calvin. Coraud est d'opinion<br />

que Calvin <strong>de</strong>vrait seul être charge <strong>de</strong> cette affaire. Si vous adoptez cet avis,<br />

Coraud pourrait prolonger son séjour à Thononjusqu'au moment où Viret quitterait<br />

Genève.Cependant je continuerais d évangéliser <strong>de</strong> nombreuses églises, comme je<br />

l'ai déjà fait <strong>de</strong>puis que votre collègue est ici.<br />

Une frau<strong>de</strong> pieusa m'a permis <strong>de</strong> pénétrer a Lullin. J'étais accompagné<strong>de</strong> trois<br />

hommes nons étions tous armés, et j'avais fait revêtir a Quinei le costume bernois.<br />

Dans toute cette vallée, ainsi qu'à St.-Cergua, Lantjin et autres lieux, nous avons<br />

pu, quoique très-hâtivement, nous acquitter <strong>de</strong> notre périlleuse mission; mais c'est<br />

grâce d la protection divine.<br />

Si Coraud vous est nécessaire, envoyez-moid sa place Nicolas Teinturier et<br />

dd renoncer au ministère. Thomas<strong>de</strong> la Planche<br />

Jacques <strong>de</strong> Lyon, Clau<strong>de</strong> ayant<br />

m'a invité d ses noces voyez vous-mêmes si je peux y assister. Je crains que<br />

MM. <strong>de</strong> Beme ne veuillent rien changer à leur règlement du 14 décembre. Vienne<br />

le régne <strong>de</strong> Christ et non celui <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes<br />

S. Arbitror vobis abundè cognitum Lausannensis ecc<strong>les</strong>iœ sta-<br />

tum l. Hîc nuper conveni scortatorem illum qui à porno diminutum<br />

1 Pendant l'absence <strong>de</strong> Viret, qui avait passé à Genève la plus gran<strong>de</strong><br />

partie du mois <strong>de</strong> janvier, Pierre Caroli avait excité <strong><strong>de</strong>s</strong> troub<strong>les</strong> <strong>dans</strong>


176 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1537<br />

habet nomen 2; hic Diotrephes 3 omnino partes taetnr, magnisque<br />

insignit titulis etlaudibus, verè Gnato, quem huc explorandi gratià<br />

transnavigasse conjicio, ex multis quae Coraud mecum communicavit.<br />

Expectant in dies congressum quo tu, Viretus et Cal-<br />

einus hominem 5 brevi publicè convincatis eorum quae Scripturis<br />

se ûrmaturum omnibus usque praedicat. Hoc maxime à nobis olfacere<br />

tentavit, sed non admodum grata audivit. Huic tam fraudu-<br />

lento ulceri mox in legatorum adventu me<strong>de</strong>ndum esset. Coraudus<br />

mecum in ea est sententia, ut Calvinus soins illic omnia curaret<br />

apud legatos6, iis rationibus quas nuper cum Vireto ipse tractabam<br />

t. Qttôd si id consilium sequemini, ipse Coraudus posset hîc<br />

agere donec isthinc abiret Viretus 8; ego interim tam multis satisfacerem<br />

ecc<strong>les</strong>iis, quemadmodum, gratiâ Domini, toto hoc tem-<br />

pore quo hic 9 stetit, magno cum fructu miroque ovium Christi<br />

solatio.<br />

Lnlinenses wsancto qui<strong>de</strong>m dolo aggressus mm, comitatus tribus,<br />

bombardis mecum probè instructis, quorum uni vestem rubronigram<br />

l'église <strong>de</strong> Lausanne, en soutenant l'efficacité <strong>de</strong> la prière pour <strong>les</strong> morts<br />

(Voyez <strong>les</strong> Nos 610, 611).<br />

2 C'était probablement ce Jean Pomettas que nous avons mentionné<br />

plus haut (N° 567, fin <strong>de</strong> la note 1).<br />

3 Le correspondant <strong>de</strong> Farel applique à Pierre CaroKle nom d'un personnage<br />

que St. Jean a censuré (IIIe Épître, v. 9, 10), à cause <strong>de</strong> son<br />

ambition.<br />

4 Le ministre Élie Coraud, qui était à Thonon <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong> janvier<br />

(No 601, n. 1).<br />

6<br />

C'est-à-dire, Pierre Caroli.<br />

6 Coraud et Fabri ignoraient que Viret se trouvait déjà à Lausanne<br />

(Voy. N° 607, n. 3), où Calvin le rejoignit vers le milieu <strong>de</strong> février. Avant<br />

<strong>de</strong> partir, ce <strong>de</strong>rnier reçut six écus <strong>de</strong> MM. <strong>de</strong> Genève, qui l'avaient jusque<br />

là fort peu rémunéré (Voyez le Registre du Conseil, séance du 13<br />

février). La conférence entre Caroli, d'une part, et Calvin et Viret, <strong>de</strong><br />

l'autre, eut lieu à Lausanne le 17, en présence <strong><strong>de</strong>s</strong> commissaires envoyés<br />

par <strong>les</strong> Bernois pour régler l'emploi <strong><strong>de</strong>s</strong> biens d'Église <strong>dans</strong> le Pays <strong>de</strong><br />

Vaud (Voyez le N° 610, n. 7, 12).<br />

7 Fabri veut parler <strong>de</strong> la conversation qu'il avait eue avec Viret à<br />

Marges. C'est là qu'ils s'étaient rencontrés vers le 5 janvier (N° 601,<br />

n. 11).<br />

8 Viret dut repartir <strong>de</strong> Genève vers le 3 février, pour se rendre à<br />

Lausanne (Voy. N° 607).<br />

9<br />

Voyez la note 4.<br />

10 Le village <strong>de</strong> LvXlin est situé <strong>dans</strong> la vallée <strong>de</strong> la Follaz, à 3 lieues<br />

S.-E. <strong>de</strong> Thonon.


1537 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 177<br />

et germanum piïeum11 tradi curaram, nempe Quineto12.Omnia<br />

sanè peregimns in tota valle illa, Pulchris Vallibits n exéeptis,sed<br />

ea festinatione qua Judaei suum Pesah u esse, et Apostoli, omnibus<br />

exonerati, neminem per viam salutantes, calceati sandaliis,<br />

legationem pro Christo diligenter ex[s]equi jobebantur. Sic per<br />

totam ditionem hanc Sanctosergensem, Langinensem15, et alia<br />

val<strong>de</strong> periculosa loca, Dominossua virtute <strong>de</strong>duxit; et nisi ipse optimus<br />

Pater nobis os et sapientiam,maxime apud Demœas ls illos<br />

Lulinemes, suppeditasset, actum erat <strong>de</strong> nobis. Quamobrem ad<br />

hocperegrinationes haenon parùm conducent, ut singularampraefecturarum<br />

et suppnefecturarum naturam, statum, et quaenecessaria<br />

<strong>de</strong>prehendimus, legatis omnino indicemus.<br />

Vi<strong><strong>de</strong>s</strong> qnibus rationibus Coraudiis Me in diem promoveat, et<br />

aliaram ecc<strong>les</strong>iaram aedificationiset consolationis in causa siet.<br />

Quem si istic plus profecturam magisque necessarium vi<strong>de</strong>ritis, et<br />

eum redire oportuerit t8, curate ut pins ille Nicolans Tlnctw19,<br />

tnii me saltem in pagis sublevaturus [erit], mox ejns loco hue veniat.<br />

Quin et JacofntmLtigdunensem20 simul cum eo, juxta tenuitatem<br />

meam, hic magno futurum solatio, <strong><strong>de</strong>s</strong>i<strong>de</strong>rarim, cum Clau-<br />

11 C'est-à-direque celui<strong><strong>de</strong>s</strong> compagnons<strong>de</strong> Fabri quiportait un bonnet<br />

alleman<strong>de</strong>t an juste-au-corpsrongeet noir (couleîrs bernoises),pouvaitpasserpourun<br />

officierdu bailli<strong>de</strong> Thonon.<br />

18 Voyezsur Clau<strong>de</strong>Qiànetle N°579,renvoi<strong>de</strong> note 6.<br />

18Fabri avaitparcourutoute la vallée<strong>de</strong> la Fottaz(l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> affluents<br />

<strong>de</strong>la Dranse),maisnonla paroisse<strong>de</strong> Beïlevaux,au S.-E. <strong>de</strong> Lullinet à<br />

4 lieuesS. <strong>de</strong> Thonon.<br />

u C'est le nomhébreu<strong>de</strong> la Pâque.<br />

15 La commune<strong>de</strong> Langin, au N.-E. <strong>de</strong> St.-Oergues,estneuéloignée<br />

duterritoiregenevois(rivegauchedu lac).<br />

16 Allusionà ceDémasdontSt.Paul disait il a aiméle présentsiècle.<br />

Les commissairesbernoisqui parcouraient <strong>dans</strong> ce moment-làle<br />

Pays <strong>de</strong> Vaud étaient attendusà Thonon.Ds n'y arrivèrentqu'à la fin<br />

du mois<strong>de</strong> mars.<br />

18Cbraudfut rappelé à Genèvele jour mêmeoù Fabri écrivaitceslignes(Voy.le<br />

N° suivant).<br />

10NicolasTeinturier.Nousignorons<strong>les</strong> antécé<strong>de</strong>nts<strong>de</strong> cepersonnage,<br />

qui parait ici pour la premièrefois.Cenom<strong>de</strong> famillene se retrouvant<br />

pas <strong>dans</strong>la Suisseroman<strong>de</strong>,noussupposonsquele ministrequile portait<br />

était venu<strong>de</strong> France.<br />

*° JacquesCamerle,pasteurà Colongesprès du Fort-<strong>de</strong>-l'Écluse,on<br />

JacquesHugues,pasteur <strong>de</strong> la ville<strong>de</strong> Gex?En 1540,il y avaità Genè*?<br />

un maître d'écriturenomméJacques<strong>de</strong>Lyon.<br />

T. rv. 12


178<br />

CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE.<br />

1537<br />

dius cessarit à ministerio 31.NamPrœfectus illum ad me remiserat,<br />

hac lege ut, si pro fllins doctrina satisfacere valerem, illum admitterem,<br />

alioqui non..<br />

ThomasPlanchœits*2me in 14 hnjos mensis diem ad nuptias invitavitsuas,idque<br />

magno sui et aliorum <strong><strong>de</strong>s</strong>i<strong>de</strong>rio verùm in tanta<br />

operis mole non liceret, nisi alter praedictoram vel uterque hic<br />

remaneret, modo legatos ante 17 hue non profecturos certô scirem.<br />

Scio me non in vanum illac profecturam, si liceret, quod invicem<br />

dispicietis. Viretum salvere jubemus omnes. Si isthinc brevi<br />

soluturus sit23, mittat testudinem suam navigio cui Frumentus<br />

batyram menm committet. Nunqnam snmus sine offendicnlisob<br />

pntidissimos scortatores, quibus pins œquo indolgetor Pecuniae<br />

obediunt omnia. Yelim remitteres mihi aphorismos illos quos per<br />

Thomamad te nuper misi, que illis aliosad<strong>de</strong>rem sed frustra illos<br />

produxerimus, quum jam scripserint quod scripserint, nil immntaturi<br />

eoram articulorum quos jam 14 <strong>de</strong>cembris die conclnserunt<br />

Veniat regmtm Christi, non hominum!Vale, salutatis omnibus.<br />

Omnesvicissim vos salutant. Tononii, 5 feb. 1537.<br />

Tuus Christof. Lœertetus.<br />

(Inscriptio:) Chariss. fratri GulielmoFarello, Genevae.<br />

31Est-il question<strong>de</strong> Clau<strong>de</strong>Regison <strong>de</strong>Clau<strong>de</strong>Clémentzs,<br />

ex- Augustin<br />

<strong>de</strong> Thonon(Voyezle N° 582,note 7)?<br />

Thomas<strong>de</strong> la Planche,pasteur<strong>dans</strong>le comté<strong>de</strong> Neuchâtel,<strong><strong>de</strong>s</strong>servaitpeut-être<br />

momentanémentune paroissedu bailliage<strong>de</strong> Ternierou<br />

du <strong>pays</strong><strong>de</strong> Gex. Un acte passéà Neuchâtelle 9janvier 1538mentionne<br />

commetémoins


1537 LE CONSEILDE GENÈVEAU BAILLIDE THONON. i79<br />

607<br />

LE CONSEILDE Genève au Bailli <strong>de</strong> Thonon<br />

De Genève, 5 février 1537.<br />

Inédite. Minute originale. Archives <strong>de</strong> Genève.<br />

Sommaire. Genève setrouvantdépourvue <strong>de</strong>prédicateurs rappelleÉlieCoraud.<br />

Monsieur le ballyfz, nous nous recommandons humblement à<br />

vostre bonne grâce. Monsieur, sus vostre lettre2, <strong>de</strong>rnièrement<br />

vous envoyasmes maistre EslyeCourante, nostre prescheur, pour<br />

secourir aux vostres, empêchés au villaige. Maintenant <strong>les</strong> ministres<br />

<strong>de</strong> nostre esglise sont esté <strong>de</strong> cest advys envoyer Maistre Viret<br />

quelque part, où est neccessaire 3. Maistre Guillaume a assés affaire<br />

aller aux villaiges d'ang costel et d'aultre tant que, sans le<br />

.dit Maistre Élye,sumespresque sans sermon.Pourtant vous prions,<br />

il vous plaise nous le renvoyer avecque le présent porteur, pour<br />

la neccessité que en avons. Et s'il y a chose par <strong>de</strong>ça où vous<br />

puyssions faire service, le fairons <strong>de</strong> bon cœur, prians Nostre Seigneur,<br />

Monsieur le ballyfz, il vous doënt bonne vie. De Genève,<br />

le cinquieusme <strong>de</strong> febvrier 1537.<br />

[LES Scindiques ET CoNSEIL DE GENÈVE.]<br />

1 Laminuteporte,par erreur <strong>de</strong> plume,l'adressesuivante « AMonsieur<br />

le ballyfz<strong>de</strong> Themier.»<br />

Celledu 11janvier(N° 601,n. 1).<br />

8 De ce passage,comparéavecle N°465,renvoi<strong>de</strong> note 3, il résulte<br />

que Pierre Viretétait encorepasteur titulaire <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Genève,et<br />

•queses collèguesl'avaientdéputéà ce titre. Noussavonsd'ailleursqu'il<br />

était retournéà Lausanne,pour y combattre<strong>les</strong> erreurs<strong>de</strong> Pierre Caroli<br />

(Voyezplusloinla lettre <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs<strong>de</strong> Genèveà ceux<strong>de</strong> Berné,p. 184,<br />

lignes2-4,et celle<strong>de</strong> Calvinà GaspardMegan<strong>de</strong>r,p. 189,ligne11).<br />

Voyezle N»551,note 10.


180 PIERRE TOUSSAINA AHBROISBBLAARER,A TUBINGDE. 153T<br />

608<br />

pierre toussain à Ambroise Blaarer, à Tubingue.<br />

De Montbéliard, 11 février 1537.<br />

Inédite. Autographe. Bibl. <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> St.-Gall.<br />

8osntAiEE.J'espérais que vous exhorteriez sérieusement <strong>les</strong> Princes £ faire leur <strong>de</strong>voir,<br />

et qu'après cela nous pourrions sortir du bourbier dam lequel on nous a maintenusjusqu'ici.<br />

Cette attente est trompée, et j'en ressens une vive douleur. Afin<br />

<strong>de</strong> vous épargner l'ennui d'une plus longue lettre, je charge le porteur <strong>de</strong> vous<br />

informer <strong>de</strong> tout ce qui me concerne.<br />

P.-S. Les Princes ont ici pour conseillerset officiersquelques prêtres sans aucune<br />

moralité et d'antres hommes <strong>de</strong> rien, qui sont cependant <strong>les</strong> gouverneurs du <strong>pays</strong>.<br />

Ces gens-la cherchent à détourner <strong>de</strong> la vérité tout le mon<strong>de</strong> tant qu'ils seront<br />

en place, nos affairesn'iront jamais bien. Le chancelier seul est un homme vraiment<br />

pieux.<br />

Charissimeet observan<strong>de</strong> Blaurere, vehementer miror, qui fiât<br />

ut in eo<strong>de</strong>msemperhœreamusluto. Nam omnino sperabam, te sic<br />

hujus ecc<strong>les</strong>iaecaussam suscepturum apud Principes ut officii<br />

seriô admoniti tan<strong>de</strong>m fungerentur suo munerea. Sed vi<strong>de</strong>o me<br />

falsum esse mea expectatione quœ causa est sanè ut hic agam<br />

magno cum animi dolore et cruciatu. Cœterûm, ne habeam necesse<br />

obtnn<strong>de</strong>re te prolixiore epistola, rogavi hune nuntium, viram<br />

pium et tibi, ut arbitror, non ignotum, quô te <strong>de</strong> rébus meis<br />

omnibus certiorem reddat. Vale in Domino, et saluta D. Phrygionem<br />

meo nomine. Monbelgardi, 11 Febr. 37.<br />

Servus tuus in Domino P. Tossanus.<br />

Scripsi jam ad te saepe, Principes hic habere à ConsiHis<strong>de</strong>plo-<br />

1Ulric<strong>de</strong> Wurtemberg et son frère le comte Georges.<br />

Après être rentré en possession dn Wurtemberg (1534), le dnc Ulric<br />

y avait établi sans tar<strong>de</strong>r la Réformation; <strong>dans</strong> le Montbéliard, au contraire,<br />

il laissait subsister l'ancien culte à côté du nouveau. Cet état <strong>de</strong><br />

choses dura jusqu'au mois <strong>de</strong> novembre 1538.<br />

8 Professeur^ théologie à Tubingue.


1537<br />

LE CONSEILDE NEDCHATELAU CONSEILDE BERNE. 18i<br />

.ratos aliquot sacerdotes,item Majorem*, Procaratorerr4 et alios id<br />

genus nebulones, penes quossumma rerum hujus urbis et ditionis<br />

est, et quos possunt, quibusquepossunt modis à via veritatis avertunt,-homines<br />

palam flagitiosi,ut jadicare facilepossis, res nostras<br />

nunquam bene habituras, hujusmodi praesidibusimpiis regnantibus,<br />

et quos certè non aliam ob caussam feront Principes<br />

quàm qaôd, propemodum dixerim, homines sint malis artibns,<br />

astatia et dolo praediti. Inter quos unus est soins Sigismundus<br />

Stier, Cancellarius, vir summè pius et nominis tni cum primis<br />

stadiosas, quique salatem tibi plarimam adscribit et ad qtiem<br />

aliquando te scribere cuperem.<br />

(Inscripiïo :) Literis et pietate clarissimoviro D. AmbrosioBlaurero,<br />

Domino sao et fratri observando.<br />

609<br />

LE CONSEILDE NEUCHATELan Conseil <strong>de</strong> Berne.<br />

De Neuchâtel, 12 février 1537.<br />

Inédite. Manuscritoriginal. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

Somhaibe. Les Ministraux <strong>de</strong> Nench&telavertissent MM.<strong>de</strong> Berne que la persécution<br />

éclateavec une nouvelleviolmceciBesançon et à Dôle, et ils <strong>les</strong> exhortent a prendre<br />

en main la cause <strong><strong>de</strong>s</strong> «pauvres prisonniers. »<br />

Magnifiques,spectab<strong>les</strong>, nob<strong>les</strong>, pru<strong>de</strong>ns, illustres et redoubtéz<br />

Seigneurs, nostre amyable salùtacion <strong>de</strong>vant mise.<br />

n vous plaira entendre comme<strong>les</strong> Bourguignons, tant à Ddle<br />

que à Besançon, 8oubdainementet <strong>de</strong> nouveau' ont esmeugran<strong>de</strong><br />

persécution, laquelle fortement ilz exercent contre tous personnaiges<br />

qu'ilz peuvent congnoistre aucunement aymer et favoriser<br />

à TÉvangille.Et, <strong>de</strong> présent, à Dôleen ont mis et tiennent aucuns<br />

en leurs prisons, <strong>les</strong>quelz nous entendons estre gens non scanda-<br />

Le mayoTyofficiercivilqui avait<strong>dans</strong>ses attnbntionsla police.


182 LE CONSEIL DE NEUCHATEL AU CONSEIL DE BERNE. 153?<br />

leux, mais paisib<strong>les</strong> et honnorab<strong>les</strong>. Et plusieurs autres sont en<br />

fuyte, du nombre <strong><strong>de</strong>s</strong>quelz <strong>les</strong> pourteurs <strong>de</strong> ces présentes sont. En<br />

la faveur <strong><strong>de</strong>s</strong>quelz,et surtout en pitié <strong><strong>de</strong>s</strong> povres prisonniers, nousavons<br />

bien voulu vous escripre, vous priant très-affectueusement<br />

que, par vostre charité et bonté, vueillez advertir Messieurs <strong>de</strong><br />

Déle1 et autres du Conté, qu'ilz se vueillent dépourter <strong>de</strong> tel<strong>les</strong>.<br />

choses. Car, pour vray, c'est chose pitoyable <strong>de</strong> ainsi traicter <strong>les</strong><br />

povres membres <strong>de</strong> JhésuciïsL<br />

Parquoy, très-chiers Seigneurs, <strong>de</strong> rechief humblement vous.<br />

supplions, pour l'honneur <strong>de</strong> Dieu, vouloir à cecy avoir esgard2;<br />

car certainement Dieu par beaucop <strong>de</strong> moyens vous en a donné le<br />

povoir. Nob<strong>les</strong>, pru<strong>de</strong>ns, vertueux et redoubtéz Seigneurs, nous<br />

prions nostre bon et seul Saulveur Jésus-Christ vous donner accomplissement<br />

<strong>de</strong> voz sainctz et bons <strong><strong>de</strong>s</strong>irs. De Neufchastel, ce<br />

12ejour <strong>de</strong> Février xvcxxxvn.<br />

L'entièrement voz humb<strong>les</strong> bourgeois<br />

LESQUATREMlMSTRACLX ETCONSEILDENeDFCHASTEL.<br />

1<br />

C'est-à-dire,<strong>les</strong> conseillersdu parlement<strong>de</strong> Dôle.<br />

Le surlen<strong>de</strong>main,le Conseil<strong>de</strong> Berne écrivaitaux gouverneurs<strong>de</strong><br />

Besançon,et sans doute aussi aux conseillers<strong>de</strong> Dole: c Noussomes<br />

estésadvertis qu'ayésesmeuuneperséquutioncontre<strong>les</strong> amateurs<strong>de</strong><br />

la Parolle <strong>de</strong> Dieu,que i'ung [1.l'on] apelleLuthériens tant seulementpourcequel'aient<br />

[1.qu'ilsaient]ehuen leursmaisonsla Bible,qu'est<br />

le contenuet sermon<strong>de</strong> nostresalut. Dontvousprions,pourl'honneur<br />

<strong>de</strong> Dieuet <strong>de</strong> nous, qu'il vonsplaise havoir pitié <strong>de</strong> ces bonnesgens,<br />

sans <strong>les</strong> ainsytormenter,vehu.qu'il n'ont aulcunementdéroguéà voit»<br />

ordonnanceset estatutscivils,ainstousjoursyceulxobservéset.très-bien<br />

gardé. Pourquoyne noussemblequ'ilz soientdignesd'estre syru<strong>de</strong>ment<br />

traictés, sanshavoiraultrementoffanséVous Seigneuries.Pour quoy<strong>de</strong><br />

rechiefvousprions<strong>les</strong>voulloirbénighement rel&cher,et cepour l'honneur<br />

<strong>de</strong> nous,quesommestousjoursprestpour vous gratiffier nonobstant<br />

diversité<strong>de</strong> la Relligionqu'est d'ung costéet d'aultre, remectantzycelleà<br />

la discrétion<strong>de</strong> Dieu »(Min.<br />

orig. Arch.<strong>de</strong> Berne.)


1537 [LES PASTEURS DE genève AUX PASTEURS DE berne.] J 183<br />

610<br />

[LES PASTEURS DE genève aux Pasteurs <strong>de</strong> Berne.]<br />

(De Genève, vers le 20 février 1537 *).<br />

Inédite. Minute orig. <strong>de</strong> Calvin. Bibl. Publ. <strong>de</strong> Genève. Vol. n° 100.<br />

Sojduibe. Ayant appris récemment que Pierre Caroli avait révélé à son troupeau<br />

un dogme étrange et dangereux, nous avons envoyé Virct à Lausanne, pour combattre<br />

cette folie mais, bien loin d'écouter ses remontrances, Caroli l'a fait dénoncer<br />

comme coupable <strong>de</strong> sédition, et il l'a accusé d'être entaché d'arianisme.<br />

Là-<strong><strong>de</strong>s</strong>sns, nous avons chargé Calvin d'essayer <strong>de</strong> lui faire entendre raison. Arrivé<br />

à Lausanne, il a exposé tout" l'affaire aux commissairesbernois, qui ont appelé<br />

Caroli <strong>de</strong>vant eux. Celui-ci a refusé <strong>de</strong> s'expliquer ailleurs qne <strong>de</strong>vant le Conseil<strong>de</strong><br />

Berne et le Consistoire, et il s'est répandu en injures contre nous, disant que nous<br />

étions tous <strong><strong>de</strong>s</strong> Ariens. Pour réfuter cette calomnie, Calvin a lu le chapitre <strong>de</strong><br />

notre Confessionqui traite du Père, du Fils et du St.-Esprit. Mais l'imposteur n'en<br />

a tenu compte il prétendait nous contraindre à souscrire aux trois Symbo<strong>les</strong>. Enfin<br />

<strong>les</strong> commissairesbemois ont remis la décision du différend au syno<strong>de</strong> qu'ils feront<br />

convoquer par leurs supérieurs.<br />

` Vous voyez, par notre récit, £ quel point ce syno<strong>de</strong> est indispensable, et nous<br />

vous supplions <strong>de</strong> hâter le moment od il se réunira, et od nous pourrons nous justifier.<br />

Le dogme inventé par Caroli a excité çà et là <strong>de</strong> grands troub<strong>les</strong>. Le mal<br />

s'augmente chaque jour, et la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> ministres montrent peu <strong>de</strong> zèle à le<br />

combattre. Certains dissentiments se manifestent déjà.<br />

Deux motifs nous font souhaiter que le Syno<strong>de</strong> se réunisse avant Pâques: aucune<br />

époque <strong>de</strong> l'année ne serait aussi favorable, et il importe que la concor<strong>de</strong> se rétablisse<br />

entre nous avant <strong>les</strong> fêtes. Quant au lien <strong>de</strong> réunion, c'est la ville <strong>de</strong> Marges<br />

qui offrirait, nous semble-t-il, le plus d'avantages.<br />

Gratia vobis et pax a Deo patre nostro per Dominum Jesum,<br />

fratres nobis amicissimi!1<br />

Quum nobis nuper renunciatum esset, Vîreto hic agente', vul-<br />

1 Voyez<strong>les</strong> notes7 et 12.<br />

Viret avait passé à Qenkee <strong>les</strong> trois <strong>de</strong>rnières semaines du mois <strong>de</strong><br />

janvier. Il n'y était plus le 5 février (Voy. N° 607).


184 [LES PASTEURS DE genève AUX PASTEURS DE berne.] J 1537<br />

gatum ad plebem faisse a Carolo dogma curiosum et futile, atque<br />

etiam, ut nunc Ecc<strong>les</strong>iaeres habent, plané noxiom 3, Viretum<br />

ipsum eô mox remittendum censuimus, ad compescendam hominis<br />

stoliditatem.Verdm optimi ac mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tissimi collegaeamicismonitionibus<br />

a<strong>de</strong>ô non mitigatus est, ut apertè tum <strong>de</strong>mum insanire<br />

cœperit4. Nam et improbos quosdam e Lausannensi Senatu subomavit,<br />

qui Viretum seditionis criminarentur5, et ipse Q.ipsum?]<br />

omni probrorum genere impu<strong>de</strong>ntissimè proscissum tan<strong>de</strong>m ArrianaBhaereseosnon<br />

obscnrè insimulavit.<br />

Tanta importunissimi hominis improbitate perturbati, Calvinum<br />

Viretoaddidimus*, tentaturi vias omnes quibus ad sanam mentem<br />

revocari posset. flli, expositâ legatis vestris causa, qui tum ad res<br />

provinciceconstituendas illic forum agebant7, effecerant ut accerseretur<br />

[scil. Carohts],Rogatus est ab illustri viro Gyrono,vestraî<br />

civitatis secretario, ut à fratribus placi<strong>de</strong> se admoneri pateretur.<br />

Sed omissa causse prœsentis mentione, quin palam testatus rationem<br />

se ejus rei, nisi coram Senatu collegioqne vestro, non redditurum,<br />

furiosè in nos <strong>de</strong>bacchari cœpit extra causam. Multai<br />

8 Aucommencement<strong>de</strong> la lettre suivante,Calvinrésumeen cestermes<br />

le dogmequi venait d'être proclaméà Lausannepar Caroli «Modum<br />

excogitavitquo mortuosprenons juvare liceat, non ut peccatis<br />

solvantur,sed ut quàmcelerrimèsuscitentur.»<br />

Toutce quiconcernele différen<strong>de</strong>ntre Caroliet Viretse trouveracontéfort<br />

en détail <strong>dans</strong> la DefensioN. Gàttasii,ouvrageanonyme<strong>de</strong><br />

Calvin,p. 20-22,82-84.<br />

6 Le Manueldu Conseil<strong>de</strong> Lausannene disantrien <strong>de</strong> cetteaffaire,<br />

l'assertioi»<strong>de</strong>Calnn doitêtre comparéeavecla lettre <strong>de</strong> Farel du 21 octobre<br />

1539,qui renferme<strong>les</strong> passagessuivants: «AViretoadmonitus.<br />

respondit [Carolus]ut sua curaret se non aliquid attingere<strong>de</strong> iis quœ<br />

prsedicaretViretus, quamvisdiligentersubindicatumesset uniuscausamessealterius,nonhaberese<br />

diversasecc<strong>les</strong>ias. Ubirediit Genevâ<br />

Viretus,fuit mox pertractus ad Senatum.Ibi cœpit Carolus. indicare<br />

suspectamse habereVïretifi<strong>de</strong>m,ac moxposcerequandamconfessionem<br />

qumsanèindicabantanimnm<strong>de</strong>ploratum,qui,cumfratre priùsquicquam<br />

noncontulit,nec verbumunquamfecit,testatus estse nollenequemonere<br />

nequemoneri,sed in Senatutraduxit. Sicfuror exagitabathominem,ut,<br />

cnmnonpossetViretumper<strong>de</strong>re,in Christqpharumrabiemverterit. »<br />

6 Calvindut partir pourLausanneversle milieu<strong>de</strong> février1637(Voy.<br />

No606,commencement <strong>de</strong> la note 6).<br />

7 Les cinq commissairesdéputé»par <strong>les</strong> Bernois <strong>dans</strong> le <strong>pays</strong> ro-<br />

mand se trouvaientà Lausanne<strong>les</strong> 15, 16 et 17février1537(Voyezla<br />

note 12et le NO4KX), n. 3).


1537 [LES PASTEURSDE genève AUX pasteurs DE berne.] 185<br />

fileront maledictorim formae, sed omnium haec atrocissima est,<br />

quôd totam nostram cohortem Arriano errore inquinatam pronunciavit.<br />

Ad refutandam indignissimam criminationem, capat nostraeConfessionis<br />

recitavit Calvinusquo ita scriptum erat: DamPatrem,<br />

«Filium ac Spiritum nominamus, non tres <strong>de</strong>os nobis fingimus;<br />


186 [LES PASTEURS DE GENÈVE AUX PASTEURS DE BERNE.] 1537<br />

symbolumnulla unqtutm legitimaecc<strong>les</strong>iaapprobasset.Legati, quia<br />

nollum altercationibus finem faturam vi<strong>de</strong>bant, totam istam cognitionem<br />

in fratrum conventum rejecernnt, quem polliciti sunt<br />

propediem se curaturos 1".<br />

Pauca hsec obifer vobis referre visum est, optimi fratres, on<strong>de</strong><br />

intelligeretis quàm sit omnino necessarius hic conventus. Vi<strong>de</strong>tis<br />

enim paucorum malitià fleri, ut discordiis ac contentionibus miserè<br />

laceretur Ecc<strong>les</strong>ia.Gliscit in dies pestis, ac nos statim opprimet,<br />

nisi maturè succurratur. Plura in nostram purgationem nunc<br />

afferre nihil refert, cui locus erit in conventu opportunior, ubi<br />

sic innocentiam nostram bonis omnibus approbatum iri confidimus,<br />

ne qua in nobis suspitio resi<strong>de</strong>re queat. Nunc vos per Christum<br />

obtestamur, partes ipsi suscipite <strong>de</strong> ipso maturando. Quantum<br />

enim periculi immineat si diutius moramur, aliqua ex parte vi<strong>de</strong>tis<br />

sed ne id qui<strong>de</strong>m ipsum satis prospicitis ipiàmnecessaria sit celeritas.<br />

Graves Pirbas passim excitaviï Carolinumillud dogma. Ptœriqiie<br />

ministri non admodumprobèse gerunt; alii, niaiad officium<br />

atimulentivr,torpescunt. Quœdamdissid-ionimsemina caput exerere<br />

incipiunt Sunt et alia nonnulla13. Quaeomnia nisi in conventu<br />

nullo modo explicaii possunt.<br />

Duaenos rationes novent ut ante dièm Paschatis 14 [conventum]<br />

haberi optemus: quia nullum anni tempus commodias <strong>de</strong>ligi potest,<br />

et ante diem :llum certam iniri inter fratres consensionem<br />

magni interest. Si vos, pro vestro officio,gnaviter apud Senatum<br />

instabitis, minimè dubitamus quin sit vestrœ flagitationi concessurus.<br />

Loci <strong>de</strong>ligendi arbitriom etsi Senalui, penes quem est, relinquimus,<br />

nihil tamen vi<strong>de</strong>ttir impedire, quominus etiam nobis<br />

liceat, quem maxime idoneum putemus, indicare. Oppidulum est<br />

cis Lausannam duobus Sabaudicis millibus (Morgias vocant) ad<br />

lacus rippam situm, non modo novae provincial, sed omnium<br />

11Cettepromessefut faite par <strong>les</strong>commissairesbernoisle 16 on le 17<br />

février.Onlit en effet <strong>dans</strong>leur Journal,à la date du 17 Résolud'écrire<br />

à Messeigneurs,à proposdn dissentimentqui s'est élevéentre le<br />

docteur Caroli et Viret, qu'il serait utile <strong>de</strong> convoquerun syno<strong>de</strong> »<br />

(Trad. <strong>de</strong> l'allemand.Registre <strong><strong>de</strong>s</strong> amodiations<strong>de</strong> l'année 1586.Arch.<br />

du Canton<strong>de</strong> Vaud.Communication<strong>de</strong> M.Ernest Chavannes).On peut<br />

inférer <strong>de</strong> là, que Calvindut rentrer à Genèvele 18ou le 19février,au<br />

plustard, et qu'il écrivitla présentelettre le 20 dule 21, aprèsen avoir<br />

délibéréavecses collègues.<br />

18Voyezle N°611,renvoi<strong>de</strong> note 10.<br />

Pâquesfut le 1~ avril en 1537.<br />

»


1537<br />

[JEAX CALVIN A GASPARD MEGANDER, A BERNE.]<br />

187<br />

pœnè gallicarum ecc<strong>les</strong>iarum umbQicus.Eô si cogatur Synodus,<br />

nec se ultra modum gravari ullus jure conqueretur, nec longé à<br />

suis ecc<strong>les</strong>iis distrahentur ministri, et locus hospitiis non incommodus<br />

erit..<br />

611<br />

[jean calvin à Gaspard Megan<strong>de</strong>r, à Berne.]<br />

(De Genève, vers le 20 février 1537 '.)<br />

Inédite. Minuteautographe. Bibl. Publ. <strong>de</strong> Genève. Vol. n° 106.<br />

Vons savez, sans cloute,quel vilain tour vient <strong>de</strong> nous jouer Caroli. Il s'est<br />

imaginé qu'on doit prier pour <strong>les</strong> morts, aân <strong>de</strong> hâter leur résurrection. Voilà par<br />

quelle nouveauté, déjà très-ancienne, cet homme ambitieux a essayé <strong>de</strong> se faire<br />

valoir auprès du peuple. Je m'engage à démontrer an besoin que son invention<br />

est aussi frivole qu'insensée. Il est d'ailleurs coupable <strong>de</strong> l'avoir divulguée avec<br />

une précipitation furieuse, et alors que son collêgne Viret était absent. Ce procédé<br />

violait l'ordonnance décrétée par tons <strong>les</strong> frères, et qui <strong>de</strong>vait maintenir <strong>dans</strong> nos<br />

églises l'unité <strong>de</strong> doctrine. Viret. <strong>de</strong> retour & Lausanne, l'ayant admonesté sans<br />

effet,j'y suis accouru, sur t'ordre <strong><strong>de</strong>s</strong> frères. La lettre que nous adressons &votre<br />

Consistoire vous informe <strong><strong>de</strong>s</strong> débats qui ont eu lien entre Caroli et nous, en présence<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> députés bernois. Ceux-ci ont renvoyé l'examen <strong>de</strong> l'affaire &un syno<strong>de</strong>.<br />

Nous recommandons instamment, soit à vos collègues du Consistoire, soit a vousmême,<br />

<strong>de</strong> nous ai<strong>de</strong>r &obtenir la réunion du syno<strong>de</strong>promis. Vous ne sauriez croire<br />

a quel point nos églises sont ébranlées par ce premier choc. Déjà l'on nous donne<br />

l'épithête d'imposteurs, parce que nous n'avons pas enseigné à prier pour <strong>les</strong> morts.<br />

Déjà <strong>les</strong> <strong>pays</strong>ans nous objectent, que nous <strong>de</strong>vrions premièrement nous mettre d'accord<br />

entre nous, avant <strong>de</strong> chercher à convaincre<strong>les</strong> autres. Il est donc très-nécessaire<br />

que tous <strong>les</strong> ministres <strong>de</strong> <strong>langue</strong> <strong>française</strong> qui dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> votre gouvernement<br />

soient convoquésau syno<strong>de</strong>, et, si possible, avant Piques, puisque certaines<br />

difficultés exigent une prompte solution. Quelques personnes, en effet, parlent <strong>de</strong><br />

je ne sais quelle « incrustation du corps <strong>de</strong> Christ.<br />

Votre liturgie a été, sur ma <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, traduite par Morelet; nous l'avons com-<br />

1 Le contenu <strong>de</strong> cette lettre montre qu'elle est <strong>de</strong> la même date que<br />

la précé<strong>de</strong>nte, et qu'elle fut adressée à un pasteur très-influent<strong>de</strong> l'église<br />

<strong>de</strong> Berne, c'est-à-dire, très-probablementa, Gaspard Megan<strong>de</strong>r.


188 [JEAN CALVIN A GASPARD MEGANDER, A BERNE.] 1537<br />

parée avec la nôtre, dont elle ne diffère que par sa brièveté. J'avais emporté ce<br />

livre &Lausanne, d'où je comptais d'abord aller jusqu'à Berne; mais j'espère avoir<br />

l'occasion <strong>de</strong> vous le communiquer à l'époque du Syno<strong>de</strong>.<br />

Gratia et pax tibi a Domino, frater integerrime! Jam tibi satis<br />

cognitum arbitror, quam nobis camarinam, his diebus, moverit<br />

Carolus. Modumenin excogitavit quo mortuos precibus juvare liceat,<br />

non ut peccatis solvantur, sed ut quàm celerrimè msciïentur.<br />

Res scilicet cognitu perquam necessaria, hoc tempore praesertim<br />

quo tot seriis difficaltatibas urgemar Sed voluit homo ambitiosus<br />

aliqua novitate se ad populum venditare, cui alioqui non est val<strong>de</strong><br />

commendabilis2,perin<strong>de</strong> ac si novum istud esset, qaod longé antehac<br />

à diversis quoque authoribus proditum est. Lau<strong>de</strong>m tamen<br />

inventionis impa<strong>de</strong>nter sibi vendicat: quo sané testatum facit, quo<br />

primùm consilio motus fuerit ad hoc dogma publicandum. Qaôd<br />

si ejus capiditati istam quam postulat falsam lau<strong>de</strong>m concedamus,<br />

quid tamen consequetur, ubi evi<strong>de</strong>nter <strong>de</strong>monstratum fuerit, non<br />

curiosum modo et futile, sed stolidum esse inventum? quod ego<br />

qui<strong>de</strong>m ostensurum me profiteor 3.<br />

Verùm, ut dogmatis veritatem ac falsitatem omittamus, in ratione<br />

tamen ejus vulgandi summam et malitiam et improbitatem<br />

excusare non potest. Quamdiu Viretum habuit praesentem, verbnm<br />

<strong>de</strong> hac re nullum fecit. Invisit ille nos'; rumor extemplo subsecutus<br />

est. Res ipsa loquitur, illum malitiosè collegœabsentiam observasse,<br />

ad tranquillitatem ecc<strong>les</strong>iaeperlurbandam. Hnc accedit<br />

quôd, vobisauthoribus, fratrum omnium <strong>de</strong>creto Ii constitutum erat,<br />

ne quid ad plebem ihauditum aut inusitatum efferrelur, nisi compluribus<br />

consulta. Id quàm aequum sit, et ad fovendam doctrinae<br />

Voyezla lettre <strong>de</strong> Viret du 14 juillet 1545 et l'ouvrageintitulé<br />

«Pro G. Farelloet collegisejus DefensioN. Gallasii,1545, p. 84-85.<br />

Calvinn'eut pas à s'occuper<strong>de</strong> cette démonstration.Lesarguments<br />

<strong>de</strong> Carolien faveur <strong>de</strong> la prière pour<strong>les</strong>mortsfurent réfutéspar Ftref<br />

au Syno<strong>de</strong><strong>de</strong> Berne (fin<strong>de</strong> mai 1537).Voyez<strong>les</strong> «AxiomataCaroliet<br />

probationes» suivis <strong>de</strong> la «Confutatio<strong>de</strong> Viret. Ces <strong>de</strong>ux pièces se<br />

trouventà la BibliothèquePublique<strong>de</strong> Genève,n° 145<strong><strong>de</strong>s</strong> manuscrits<br />

el<strong>les</strong>sontimpriméesen entier<strong>dans</strong>la DefensioN. Gallasii,p. 71-82.<br />

Voyezle N°610,note 2.<br />

6 n s'agit ici d'une décisionque<strong>les</strong>pasteursdu <strong>pays</strong>romandauraient<br />

prise à Lausannevers le milieu d'octobre 1536ou le 24 novembresuivant<br />

(Voy.le îîo 582, renvoi <strong>de</strong> note 2, à compareravec le N° 581,<br />

renv. <strong>de</strong> n. 6).


1537 [JEANCALVINAGASPARDMEGANDER, ABERNE.]<br />

189<br />

unitatem appositmn, vi<strong><strong>de</strong>s</strong>. Hoc décrète nostras ecc<strong>les</strong>ias optimè<br />

mnnitas confi<strong>de</strong>bamus, ne quibus dissidiisscin<strong>de</strong>rentnr. Iste verô,<br />

at nequaquam pensi habuit, quantum sua temeritate Christi regno<br />

incommodaret, ita totins Ecc<strong>les</strong>iae<strong>de</strong>cretum susque <strong>de</strong>que habuit.<br />

Etsi vitam hactenus duxit non legibus modo, sed omni etiam ratione<br />

solutam, aliâ tamen dietà nunc sibi utendum esse consi<strong>de</strong>rare<br />

<strong>de</strong>bnerat. Jam verô qui in tractando modus? Nihil unquam<br />

furiosius anditum est, ut palam esset adversùm nos ipsum data<br />

operà hostiliter belligerari, tanta erat cerebri commotio, tanta<br />

clamandi ferocitas, tanta acerbitas verborum!1<br />

Viretus primùm eô remigravit; sed cum nihil efficeret, jussu<br />

fratrum ipse quoque accurri. Coram vestris legatisse facti sui rationem<br />

redclit arrogantissimè pemegavit. Nostram verô solicitndinem<br />

ad se postulandam, nihil quàm nequitiosam ad se evertendum<br />

conspirationem esse criminatus est, cumtamen certo<br />

certins sit me nullas unquam cum eo inimicitias gessisse Farellum<br />

autem et Viretum nunquam, nisi ob morum foeditatem,fili<br />

succensuisses. Atqni omnes ejusmodi strophas ac calumnias tanta<br />

<strong>de</strong>xteritate Virelm refutavit, ut manifesté <strong>de</strong>prehensus hac parte<br />

teneretnr. Ut ergo aliqua in re superior vi<strong>de</strong>retnr, universam nos-<br />

duximus, dum Legati (i<strong>de</strong>m praestarent, sed has partes potiùs ad<br />

8 Voyez le N° 610, notes 7 et 12.<br />

7 Depuis leur rencontre à Bâle (N° 533, n. 8), Caroli et Calvins'étaient<br />

vus à diverses reprises, et le jeune réformateur avait même diné<br />

une fois chez l'ancien docteur <strong>de</strong> Sorbonne, après que ce <strong>de</strong>rnier se fut<br />

établi à Lausanne (Voyez la DefensioN. Gallaan, p. 33).<br />

8 Voyez la lettre <strong>de</strong> Farel du 11 juin 1545et la DefensioN.<br />

p. 20-22, 68-69.<br />

s Voyez le No 610, notes 8, 9, 10.


190 [JEAN CALVLV A GASPARD MEGAXDER, A BERNE.] 1537<br />

te collegasque iaos esse rejiciendas. In eam sententiam literaead<br />

vestram collegiam publiée scripta; sont.<br />

Verùm tu, integerrinie frater, qui et plurimùm hac in re potes<br />

et pro tua facultate prœ aliis adniti <strong>de</strong>bes, peculiariter mihi rogandns<br />

vi<strong>de</strong>ris, ut seriô in hanc curam incumbas. Vix credas quàm<br />

uno hocktu graviter percutsa sint fundamenta quœ hacteimsjacta<br />

f itérant,dum nos in doctrina religionis inter nos dissi<strong>de</strong>re audiant<br />

impenti; neque ulli dubium est, quin aliquid gravius, nisi commodùm<br />

me<strong>de</strong>amur, mox sit sequuturum. Jam vocantur quidam ex<br />

nostris impostores, qui pro moi-ttûs orandum non dissimularinl<br />

modo, sed conti<strong>de</strong>nter negarint. Jam à paganis oùjicihtr, ul inter<br />

nos prias consentiamus, quam <strong>de</strong> aliis in nostram sententiam adducendis<br />

laboreimis. Tute ipse reputa, quid ex talibus praïludiis<br />

emergere queat. Porrô hîerere diutius uœc macula in nobis non<br />

potest, quam sce<strong>les</strong>tus ille calumniator nobis inussit, quin totuni<br />

simul Evangelium impiorum contumeliis proscindatur. Procuran-<br />

(tum ergo ut omnes gallieaelinguœ ministri qui sub reip.[ublicae]<br />

vestrœ ditione snnt, ad concilium cogantur, abi omnes ejusmodi<br />

controversiaî <strong>de</strong>cidanlur. Maturandum tamen, et, si qua ratione<br />

obtineri potest, enitendum, ut ante pascha. Sunt enim et alia quaedam<br />

quœ ante diem illum explicarinon meiliocriter conducat, si-<br />

qui<strong>de</strong>m audimus nonnullos fremere nescio quid <strong>de</strong> Christi corpore<br />

incrustato l0, quorum temeritati occurramus tempore necesse est.<br />

Tu itaque, pro tua pietate ac pru<strong>de</strong>ntia provi<strong>de</strong>bis, ne nobis <strong><strong>de</strong>s</strong>is<br />

in tanto articulo, ac omnino efficiesut ne in Paschatis usque diem<br />

differamur<br />

Libettumtuum ceremonialem a Mauro 13,rogatu nostro, ver-<br />

10Nous ne savonssi ces motsdésignentl'imagedu Christ,imprimée<br />

en reliefsur <strong><strong>de</strong>s</strong> oubliesqui auraient servià la célébration<strong>de</strong> la sainte<br />

Cène.<br />

11 n y a <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons <strong>de</strong> croire que Megan<strong>de</strong>r n'était guère disposéà<br />

appuyer la requête <strong><strong>de</strong>s</strong> Genevois (Voy. sa lettre du 8 mars à Bullinger).<br />

Bien loin <strong>de</strong> réunir le Syno<strong>de</strong>avant Pâques, c'est-à-dire, avant le 1eravril,<br />

<strong>les</strong> Bernois le convoquèrentseulementpour le 14 mai à Lausanne.<br />

12 Ce liber ceremonialiadoit être la Liturgie bernoise. Elle parut en<br />

allemand le 16 mars 1529, avec une préface <strong><strong>de</strong>s</strong> Conseils<strong>de</strong> Berne datée<br />

du 8 mars, même année.<br />

18 Moreletdu Museau(enlatin Mourus Musceus),qui aurait appris l'allemand<br />

pendant son séjour à Baie (1535-1536). Ami <strong>de</strong> Oodvin,il résidait<br />

encore à Gettèveau commencement<strong>de</strong> l'année 1537. Nous ne voyonspas<br />

à quel autre habitant <strong>de</strong> cette ville pourrait se rapporter le nom <strong>de</strong> Mo-


f537<br />

FRANÇOIS I AUX CONSEILS DE ZURICH, BERNE, BALE, ETC. 191<br />

sum, cum nostro contulimus, à quo nihil penitùs nisi brevitate<br />

differt M.Eum Lausannam mecum nuper tuleram, quoniam spes<br />

erat Bernam quoque me profectunim15.Mihisatins vi<strong>de</strong>tur expectari<br />

conventus diem, quo per ocium coràm commentabimur. Tu<br />

et <strong>de</strong> eo et <strong>de</strong> Synodi indictione scribere, quaeso,ne graveris I6,cui<br />

intéresse nostri non <strong>de</strong>trectabunt.<br />

612<br />

FRANÇOIS i aux Conseils<strong>de</strong> Zurich, Berne, Bâle et<br />

Strasbourg.<br />

De Compiègne, 20 février 1537.<br />

[néilite. Manuscritoriginal sur vélin. Archives <strong>de</strong> Bàle.<br />

Réponse du Roi aux Vil<strong>les</strong> évangéliques, qui l'ont fait prier <strong>de</strong> ne pas<br />

imposer une abjuration aux Français fugitifs poia- la religion et qui voudraient<br />

rentrer <strong>dans</strong> leur patrie.<br />

François, par la grâce <strong>de</strong> Dieu roy <strong>de</strong> France,<br />

Très-chers et grans amys! Nous avons entendu ce que voz ambassa<strong>de</strong>urs<br />

Nous ont dit et déclairé <strong>de</strong> voz partz, touchant ceulx<br />

re SimonMoreau n'y vint que<br />

plus tard, et qu'il ne fut jamais invité par le Conseilà traduire <strong><strong>de</strong>s</strong> pièces<br />

alleman<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

14La liturgie usitée <strong>dans</strong> Véglisegenevoiseétait, selon toutes <strong>les</strong> vraisemblances,<br />

celle <strong>de</strong> Farel, publiée à Neuchâtel, le 29 août 1533, sons<br />

le titre suivant « LaManière et Fasson qu'on tient en baillant le sainct<br />

baptesme. ès lieux que Dieu <strong>de</strong> sa grâce a visités. » Nous avonsconstaté<br />

que la liturgie bernoise offre<strong>les</strong> plus grands rapports avec la Manière<br />

et Fasson, et qu'elle en diffèreseulementpar la brièveté.<br />

18Calvin dut préalablement retourner à Genève,d'où il écrivit la présente<br />

lettre. Mais vers la fin du moisil partit pour Berneet s'adjoignit<br />

Viret en passant à Lausanne.<br />

18Nous ignorons si Megan<strong>de</strong>rrépondit à Calvin.


192 FRANÇOIS I AUX CONSEILS DE ZURICH, BERNE, BALE, ETC. 1537<br />

qui sont fugitifs et détenus prisonniers en-Nostre royaume, pour le<br />

fait <strong>de</strong> la foy et religion K Sur quoy leur avons fait response par<br />

escript, telle que pourrez veoir. Vous priant croire que Nous trouverez<br />

tousjours prestz <strong>de</strong> faire pour vous tout ce que bonnement<br />

faire pourrons, ainsi que Nostre bonne et entière amytiéle requiert<br />

et que plus amplement l'avons dit et déclairé à vos dits ambassa<strong>de</strong>urs2.<br />

Priant Dieu, très-chers et grans amys, qu'il vous ait en sa<br />

saincte gar<strong>de</strong>. Escript à Compiègne, le 20ejour <strong>de</strong> Février, Tan<br />

mil cinq cens trente six (1537 3).<br />

Françoys.<br />

Bochetel.<br />

(Suscription:) A noz très-chers et grans amys,alliez, confédérée<br />

et bons compères, <strong>les</strong> Seigneurs <strong><strong>de</strong>s</strong> quentons <strong>de</strong> Snrich, Berne,<br />

Basle et Strasbourg<br />

Pour respondre s à ce que <strong>les</strong> ambassa<strong>de</strong>urs <strong><strong>de</strong>s</strong> Seigneurs du<br />

quenton <strong>de</strong> Berne ont dit et exposé an Roy, touchant ceulx qui se<br />

sont absentés <strong>de</strong> ce Royaumeet rendus fugitifs, pour aucunes causes<br />

touchans et concernans le fait <strong>de</strong> la foy et religion, ausquels<br />

le Roy(à la prière <strong>de</strong> mes dits Seigneurs <strong>de</strong> Berne, et en faveur<br />

et contemplacion <strong>de</strong> la bonne amytié qui leur porte) amplifia 8 la<br />

rémission qu'i[l\ leur avoit auparavant 7 octroyée,à la charge d'adjurer<br />

p. d'abjurer] <strong>de</strong>vant leurs évesques, officiaulx, vicaires ou<br />

Inquisiteurs <strong>de</strong> la foy, laquelle adjuracion <strong>les</strong> dits Seigneurs <strong>de</strong><br />

5 Cette réponse, qui se trouve aux Archives <strong>de</strong> Berne, est celle dontil<br />

est fait mention plus haut.<br />

Il faut sous-entendre par l'édit du 31 mai 1536, daté <strong>de</strong> Lyon (Voy.<br />

N


1537 FRANÇOIS I AUX CONSEILSDE ZURICH,BERNE, BALE, ETC. 193<br />

Berne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à présent estre levée et ostée d'iceHe rémission,<br />

le Royleur respond sur ce qu'Us sçaventtrès-bien comme,pour<br />

l'amour (fente seuttement,ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong>sus est dit, la dite rémission<br />

leur fut ampliée,en vertu <strong>de</strong> laquelle et soubz <strong>les</strong> conditions<br />

y contenues, tous banniz et fugitifz <strong>de</strong> son Royaume y peuvent retourner<br />

franchement et librement, et y <strong>de</strong>mourer en bonne paix<br />

et seureté, sans ce qu'ijl] leur soit fait, mis ou donné, en leurs<br />

personnes et biens, aucun arrest, <strong><strong>de</strong>s</strong>tourbier on empeschement,<br />

au contraire. De quoy il semble bien au dit Seigneur qu'ilz se doivent<br />

gran<strong>de</strong>ment contenter.<br />

Et, au regard <strong>de</strong> ceulx qu'ilz disent qui sont prisonniers en ce<br />

Royaume, le Roy est contant, pour l'affection qu'il a <strong>de</strong> leur satisfaire<br />

et gratiffier le plus qui lay est possible, [<strong>de</strong>] donner, pour<br />

l'amour d'eulx, aus dits prisonniers telle grâce et rémission qu'il a<br />

fait à ceulx qui se sont absentéz <strong>de</strong> ce dit Royaume, et, pour cest<br />

effect,escripra aux lieux où ilz sont, pour le fait <strong>de</strong> leur délivrance.<br />

Fait à Compiègne,le xxnne jour <strong>de</strong> Février mil cinq cens trente<br />

six (1537, nouv. style).<br />

T. IV. 13<br />

-7<br />

Françoys.<br />

Bochetel.<br />

Les dites quictances n'ont esté monstrées ans dits ambassa<strong>de</strong>urs,<br />

parce qu'ilz n'ont eu loisir d'actendre8; mais el<strong>les</strong> seront envoyées<br />

en leurs paîs, pour en faire exhibition à leurs supérieurs 9.<br />

Bochetel.<br />

8 Usétaient repartis <strong>de</strong> Compiègneentre le 17et le 24 février(Voy.<br />

n. 2).<br />

La présenteréponsedu Roi fat envoyéeaux ambassa<strong>de</strong>urspar le<br />

grand-maîtreAnne <strong>de</strong> Montmorency;ils la reçurent après leur départ,<br />

et ils la présentèrentà leurs supérieursle 15mars(Voyezle N°618et la<br />

lettre <strong>de</strong> Bernedu 17novembre1537).<br />

Onlit, àla marge,cette note du chancelierGiron:cGehôrt zuman<strong>de</strong>rn,»<br />

c'est-à-dire:Cepost-scriptumestrelatifà l'autre (lettre),celledu<br />

20, et au dos «DesEûngsantwurtvon<strong>de</strong>r evangelischenwegen,»ce<br />

quisignifie:Réponsedu Roi, au sujet<strong><strong>de</strong>s</strong> Évangéliques.


194 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE NEUCHATEL. 1537<br />

615<br />

LE CONSEILDE berne an Conseil <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

De Berne, 26 février 1537.<br />

Inédite. Minuteoriginale. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

Sommaire. Les démarches faites en faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> Evangéliques <strong>de</strong> Besançon n'ayant<br />

pas été couronnées <strong>de</strong> succès, MM. <strong>de</strong> Berne exhortent <strong>les</strong> Neuchâtelois à prendre<br />

patience et à modérer leur propagan<strong>de</strong> <strong>dans</strong> la Franche-Comté.<br />

Nob<strong>les</strong>,etc. Nous havons en vous lectres vehu la copye <strong><strong>de</strong>s</strong> responces<br />

que vous ont faict <strong>les</strong> gouverneurs <strong>de</strong> Bemnzon, touchant<br />

l'emprisonnement <strong>de</strong> Pierre du Chemin et du Painctre, pour <strong>les</strong>quieulx<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>jà, coment sçavés, havons faict nostre <strong>de</strong>bvoir d'escripvre<br />

en leurs faveurs aulx dicts <strong>de</strong> Besanzon. Lesquieulxnous ont<br />

faict responce conforme à l'aultre à vous envoyée. De laquelle havons,<br />

ad cause <strong>de</strong> l'affectionévangélicque, quelque regrect, voyans<br />

sy grosse mesprisance du sainct évangelle <strong>de</strong> Dieu en ces endroicts.<br />

Toutefois, il nous est force <strong>de</strong> prendre patience, et ne sçavons<br />

faire davantaige <strong>de</strong> ce qu'avons faict. Vousprians <strong>de</strong> vouloirfaire<br />

<strong>de</strong> mesme,sans troublé vous voysins <strong>de</strong> Besançonet aultres, oultre<br />

cequ'il convient', vehu et consydéré qu'il n'est encores la volenté<br />

<strong>de</strong> Dieu <strong>de</strong> <strong>les</strong> inspirer <strong>de</strong> sa grâce, et que <strong>les</strong> ouffres qu'il vous<br />

font, <strong>de</strong> leur part (assçavoir,<strong>de</strong> ne se Q. <strong>de</strong> se] voulloir aulcunement<br />

empescher <strong>de</strong> tenir propos contre nostre loy avecque nous<br />

aultres, pour vehu que faisions ainsy, et le semblable), sont assés<br />

raysonnab<strong>les</strong> scelon le temps et <strong>les</strong> occurrens du présent. Dieu par<br />

sa grâce y mectra ordre, auquel soyés recommandés. Datum xxvi°<br />

Febr. 1537.<br />

L'Advoyer<br />

ET CONSEIL DE BERNE.<br />

Le 25 février, l'ambassa<strong>de</strong>urimpérial s'était plaint par écrit au


4537 LE CONSEIL DE BERNE A GUILLAUME FAREL, A LAUSANNE. 195<br />

614<br />

LE CONSEILDE BERNE à Guillaume Farel, à Lausanne.<br />

De Berne, 28 février 1537.<br />

Inédite. Minuteoriginale..Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

Sommaire. Les magistrats bernois, ayant appris que Farel est arrivé à Lausanne,<br />

l'invitent à ne pas se mêler, c sans vocation, du différend qui existe entre Caroli<br />

et Viret.<br />

L'Àdvoyer et Conseil <strong>de</strong> Berne ad sçavant, preud et discret<br />

Guillaume Pharell, ministre <strong>de</strong> l'Évangelle <strong>de</strong> Jésus, salut!I<br />

Nous somes véritablement advertis que, pendant le différent<br />

d'entre Pierre Viret et Doctor Caroli, prédicans <strong>de</strong> Losanne, touchant<br />

l'intercession pour <strong>les</strong> trespassést, et yceulx estant en nostre<br />

ville pour la dicte matière2, etc., vous soyés enhardie <strong>de</strong> vous<br />

transpourter au dict lieu <strong>de</strong> Losanne 3,pour (scelonnostre advis)<br />

esmouvoir quelque fascherie au dict Caroli absent: ce (sy ainsy<br />

est) que nous <strong><strong>de</strong>s</strong>plaist gran<strong>de</strong>ment, vehu que somes après pour<br />

adpaiser toutes choses le mieulx qu'il sera poussible. Dont vous<br />

admonestons vous voulloir dépourter <strong>de</strong> vostre emprinse [l. entreprisej..En<br />

ce nous fairés plaisir; car nous n'entendons aulcune-<br />

Conseil<strong>de</strong> Berne,<strong>de</strong> ceque«ceux<strong>de</strong> Neucluitedavaient établi un prédicantà<br />

Morteau[<strong>dans</strong>la Franche-Comté]et injuriéun prêtre (Voy.le<br />

Manuel<strong>de</strong> Berneau ditjour).<br />

1 Voyez<strong>les</strong>N


196 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A LAUSANNE. 1537<br />

ment que, sans vocation, vous doibiés entremesler d'aultre esglise<br />

que <strong>de</strong> la ventre <strong>de</strong> Genève,qu'est <strong>de</strong> vostre charge. Desyrans sur<br />

ce vostre responce Datum ultima Feb. 1537.<br />

(Suscription:) A Guillaume Pharel, ministre <strong>de</strong> l'ÉvangelK<br />

nostre bon amy.<br />

615<br />

CHRISTOPHEfabri à Guillaume Farel, à Lausanne.<br />

De Thonon, 2 mars 1537.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchàtel.<br />

Sommaire. Les frères ont pris, <strong>dans</strong> la congrégation, toutes <strong>les</strong> mesures nécessaires.<br />

Clau<strong>de</strong> [d'Jliodf] Wyétait pas il attend à Genèvevotre retour et celui <strong>de</strong> Calvin,<br />

et je crains que, là aussi, ses discours ne fassent dn maL MaisDieu m'ai<strong>de</strong>ra i ex-<br />

tirper <strong>les</strong> mauvaises semences que ce méchant ouvrier a déposées <strong>dans</strong> quelques<br />

esprits, en abusant <strong>de</strong> ma confianceexcessive.<br />

J'ai visité, non sans fruit, <strong>les</strong> Oervaisietu. Je recevrais MichelFumet avec grand<br />

plaisir, pourvu que <strong>les</strong> frères voulussent l'admettre au saint ministère; <strong>de</strong>puis plusieurs<br />

années, il est fort connu <strong>de</strong> moi, <strong>de</strong> Vùret,<strong>de</strong> Saunier, etc. Je ne sais encore<br />

quel pasteur nous pourrons procurer au pieux seigneur <strong>de</strong> Montfort. A peine voudra-t-il<br />

attendre Clau<strong>de</strong> Clerc, qui n'est peut-être pas assez savant pour lui et pour<br />

<strong>les</strong> membres <strong>de</strong> sa famille.<br />

Notre baiïli se propose d'aller &Genève et <strong>de</strong> visiter votre frère Clau<strong>de</strong>,auquel<br />

il donnera une place, si Dieu le permet.<br />

S. Fratres omnia in congregationerite praescripserunt quaeordinanda<br />

erant. CUtudius linea non adfuit, sed nunc Genevatexpectat<br />

tuum et Calvini adventum3, qaô seorsim inter aliquot vestrûm<br />

postremô tractet negocium suum. Atvereor ne tan<strong>de</strong>m sermo<br />

fllius serpat illic, quemadmodum hujusmodi cancri corrosiones<br />

4 La réponse<strong>de</strong> Farel ne se trouvepas aux Archives<strong>de</strong> Berne.<br />

1 Voyezla note 3.<br />

1 CçUvinétait alors à Berne (N° 614, n. 2).


f 537 CHRISTOPHEFABM A GUILLAUMEFAREL, A LAUSANNE. 197<br />

modo hic <strong>de</strong>prehendo quotidie*. Nec immeritô dixit Apostolus,<br />

hajasmodi operarios esse subdolos. Qaamvis sperem divino auxilio,<br />

brevi me dissipaturum quae qaornndam animis suggessit. Haec<br />

nobis tristia cum sint, adversariis essent jacnndissima, si ea rescirent.<br />

Nunc agnosco quàm facilé mihi imponatur (qnamvis beneficiorum<br />

me non pœniteat), et quàm impra<strong>de</strong>nter illi fi<strong>de</strong>rim, in iis<br />

quae praestando non esset. Dominus nos perficiat, et pra<strong>de</strong>ntiam<br />

simplicitati ac scientiam zelo addat!<br />

Satis tempestivè Gervasianos* invisimns, non sine fructu. Mchaëlem<br />

Porretum 5 optarim mecum agere, quem ego liberiùs im-<br />

pellerem quàm quivis alius; illum verô potins admitterem (si priùs,<br />

at monui, à fratribus probaretur; alioqui ne patrem qui<strong>de</strong>m ad<br />

tantnm munus reciperem, nunc malo meo pra<strong>de</strong>ntiorfactos), quôd<br />

à multis annis non mihi solùm, verdm etiam Vireto, Sonerio,<br />

Fran~isco et aliis quibusdam fratribus sit notissimus. Praeterea,<br />

nescio quem pio a Forti Monte T exhibeamus. Vix Claudium Clericum<br />

8 expectabit, quem forte non satis doctum reperiet, qualem<br />

poscit potentem in Scripturis, qui multos Scriptarae nodos, inter<br />

hajus generis pios ac ingennos viros 9, dissolvere pru<strong>de</strong>nter no-<br />

8 Fabri veut sans doute parler <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> d'Aliod, Panti-triiiitaire<br />

(Voy. l'In<strong>de</strong>x du t. m). On lit, en effet, <strong>dans</strong> la lettre adressée par <strong>les</strong><br />

Bernois, le 28février 1537,à leurs commissaires « Noussavonsavec certitu<strong>de</strong><br />

que le nomméClau<strong>de</strong><strong>de</strong> Savoie [Voy. N° 464], précé<strong>de</strong>mment banni<br />

par nous, à cause <strong>de</strong> ses doctrines ariennes, rési<strong>de</strong> <strong>dans</strong> notre nouveau<br />

territoire, et particulièrement à Thonon. Nous vous ordonnons <strong>de</strong> le<br />

faire arrêter et <strong>de</strong> nous l'envoyer, afin <strong>de</strong> le punir selon ses démérites.<br />

Vous insisterez auprès <strong>de</strong> nos combourgeois<strong>de</strong> Genève,pour que le susdit<br />

Clau<strong>de</strong> soit poursuivi, et qu'on ne le tolère en aucune manière au milieu<br />

d'eux (Minute orig. Teutsche Missiven-Bnch,vol. W, p. 426. Arch. <strong>de</strong><br />

Berne. Trad. <strong>de</strong> l'allemand). Voy. aussi Trechsel, op. cit. Th. I, S. 56-69.<br />

Fabri veut-il parler <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants du faubourg <strong>de</strong> SL-Gervais à Genève?2<br />

5 MichelPorret était natif du comté <strong>de</strong> Nenchàtel.<br />

8 François Martoret du Rivier, ancien ministre <strong>de</strong> St.-Blaise.<br />

1 François ffAlmges,seigneur <strong>de</strong> Montfort. La suite<strong>de</strong> la lettre semble<br />

annoncer qu'il voulait établir on pasteur, non <strong>dans</strong> sa terre <strong>de</strong> Vullierens<br />

(commenous l'avons dit p. 125, n. 7), mais <strong>dans</strong> la paroisse d'Alinges,<br />

près <strong>de</strong> Thonon.<br />

8 Clau<strong>de</strong> Clerc,pasteur <strong>de</strong> St.-Aubin, <strong>dans</strong> le comté <strong>de</strong> Neuchatel.<br />

Nousne savonsquels étaient <strong>les</strong> membres <strong>de</strong> la famille âfAUnges<br />

qui partageaient, avec Fr. <strong>de</strong> Montfort et Marguerite <strong>de</strong> Colombier,sa<br />

femme, <strong>les</strong> croyancesévangéliques.


{98 GASPARD MEGANDER AHENRIBULLINGER, AZURICH. 1S37<br />

verit; posset tamen mihi plurimùm opitulari, si hic ageret. Tu <strong>de</strong><br />

iis cum Vireto dispicies,et tan<strong>de</strong>m rescribes, si vacaverit, per pium<br />

hune tabellarium.<br />

Prcefectusnoster te salutat, qui se itarnm Genevamproximè sperat,<br />

et Claudium fratrem tuum invisnrum, quem, si Dominus vellet,<br />

hic saffîciendum curaret, vel in confiniis hujusce ditionis 10<br />

qnod jam pro viribus tonatus sum. Jam mihi Langiuum pro6ciscendam<br />

est. Vale, salutatis piis omnibus. Omnes vos salntant.<br />

Tononü, 2 Martü 1537.<br />

Tdus Christoforus Libertetus.<br />

(Inscriptio :) Chariss. fratri Gnlielmo Farello, Lausannœl<br />

616<br />

GASPARDMEGANDERà Henri Bullinger, à Zurich.<br />

De Berne, 8 mars 1537.<br />

Faeslinus. Epistol» ab Ecc<strong>les</strong>iaeHelveticaeReformatoribus vel ad<br />

eos scripts. Tiguri, 1742, in-8°, p. 170.<br />

Sommaire. Nouvel<strong>les</strong> diverses. Détails sur le différend qui s'est élevé entre Caroli et<br />

Vtret. Plusieurs pasteurs du nouveau territoire bernois sont suspects d'arianisme.<br />

Voyage <strong>de</strong> Calvin à Berne.<br />

Qnod quseris,quomodo nobis cum Friburgemibus conveniat,<br />

pulchrè certè respon<strong>de</strong>bo, quemadmodum olim Jacobo<br />

cam fratre suo Esavo1. Legati in cmtssa exulantium ad Regem<br />

Gallorumablegati nondum remissi sunt, nec statim etiam reversu-<br />

10Cefut à BipaUte,près <strong>de</strong> Thonon,que s'établit Clau<strong>de</strong>Fard, peu<br />

<strong>de</strong> tempsaprès.<br />

11 Levillage<strong>de</strong> Langmestsituéau nord <strong>de</strong> la montagne<strong><strong>de</strong>s</strong> Voirons.<br />

1<br />

Megan<strong>de</strong>rdisait déjà,le 16 avril 1536,an sujet <strong><strong>de</strong>s</strong> Fribourgeois<br />

« Tïcm»nostrisubin<strong>de</strong>nescioqusemachinantur,quônobisaut sibimetipsisnegociumfacessant<br />

»(Mscr. orig.Arch. <strong>de</strong> Zurich).


1537 GASPARD MEGANDER A HENRI BULUNGER, A ZURICH. 199<br />

ros, nisi negotio inexpedito, speramus*. Nam, modo vera sint qaae<br />

vulgô narrantur, Regio colloquio nondum dignati sont8. Tanti nos<br />

facit tyrannus ille, nobis vicinus, et ex cor<strong>de</strong> (at aiunt) fantort1<br />

Oportuit enim prids tegaHonemThurcicam quàm nostram excipere.<br />

I<strong>de</strong>m et Venetos,viri cujusdam probi scripto, fecisse certô constat.<br />

Appulit enim 15 Januarii VenetiasThurca, qui honorificentissimè<br />

a Senata exceptas atqae in palatium Sti Marci <strong>de</strong>ductus est.<br />

Ludus Lausannœ certô instituetur, nec modo Indus litterarius,<br />

sed et lectio quoque Theologica, quemadmodum proximè tibi significaram4;<br />

quare non usque a<strong>de</strong>ô gratrun est, Frisium ludo<br />

Abbatissano prsefectum esse5; spem enim mihi certam <strong>de</strong> homine<br />

faciebam; plaçait consilium Calvino,Carolo et Virelofratribus6. De<br />

Vinslero, oxori meae cognato, quid actum sit nihil scribis, quôd<br />

imc usque prœdictum locum occnparit. Controversia non vulgaris<br />

intercedit inter Carolumet Viretum,Lansanensisecc<strong>les</strong>ia?ministros,<br />

idque propter <strong>de</strong>functoram cornora. Voluit enim Carohts: Ecc<strong>les</strong>iam<br />

Catholicam pro canctis fi<strong>de</strong>libus piè semper orasse et adhnc<br />

orare, nt liberentur à morte et ut resurgant, vitamquefuturi seculi<br />

corpora <strong>de</strong>fnnctoram consequantur. At Viretus planè diversum,<br />

immô minime rogandam esse Dominum ut corpora <strong><strong>de</strong>s</strong>tinato tempore<br />

resurrectura excitel. Qua <strong>de</strong> re diebus duobusstrennè contendimus\<br />

at quo pacto negotium compositum, in pnesentiarom non<br />

scribo.<br />

»-8 Voyez<strong>les</strong>N°«604,612,618.<br />

Voyezla lettre <strong>de</strong> Megan<strong>de</strong>rdu 15janvierprécé<strong>de</strong>nt(N°603).<br />

Le collége<strong>de</strong> Zurich,dontJean Friess fat élu principalversla fin<br />

<strong>de</strong>février1537,était installé<strong>dans</strong> une ancienneabbaye<strong>de</strong> femmes;d'où,<br />

le nom<strong>de</strong> LudusÂbbatiœanus.<br />

Calvinavaitpeut-êtreconnuJean Friessà Paris en 1534.<br />

Ces débats entre CaroU,d'un côté,et Viretet Calvin,<strong>de</strong> l'autre,<br />

eurentliendu 28févrierau l« mars,<strong>de</strong>vantleConsistoire<strong>de</strong> Berne,dont<br />

Megan<strong>de</strong>rétait l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> membres.La dateest fixéepar la lettre <strong><strong>de</strong>s</strong>Bernoisà<br />

Farel (N° 614, renv. <strong>de</strong> n. 2), et par un passagedu Manuel<strong>de</strong><br />

Bernedu 1ermars,où il est dit que le trésorierdonnera2 écus à Viret.<br />

Lesdétails<strong>de</strong> cettediscussionontété reproduitspar Calvin<strong>dans</strong> sonouvragecontre<br />

Caroli(DefensioGallasiï,1545,p. 32-35).Mais, bien que<br />

le réformateur<strong>de</strong> Genèvedise,à cepropos c Leganturacta Conaistorii<br />

Bernauù. Consentientprorsus cum mea narratione, » <strong>les</strong> registresdu<br />

Consistoiresont absolumentmuets sur cette affaire.Us ne relatent, en<br />

effet,que<strong>les</strong>sentencesrelativesaux causesmatrimonia<strong>les</strong>.VoyezRuchat,<br />

V, 21-24. Trechsel. DieprotestantischenAntitrinitariervor Faustus<br />

Socin.Hei<strong>de</strong>lberg,1839,Th. I, S. 158, 159.– C.-B. Hun<strong><strong>de</strong>s</strong>hagen.Die


200 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DOLANDERON. 1537<br />

Postremô, Gailorwn quidam, in ditione noviter occupata, suspecti<br />

sunt nobu haud rectè <strong>de</strong> Christo personarumque Trinitate sentire<br />

quam ob caussam Calvinus, Bernam veniens, obnixè pétait, ut Synodus<br />

cogeretur, quod abnegatum est homini usque post paschatis9.<br />

Vi<strong>de</strong> quantum negotii nobis facturi sint Galli illi superstition,<br />

ne dicam seditiosi. 10.Haec sunt quas tibi in praesentiarum, charissime<br />

mi Bnllingere, nota volui. Bernae, vm Martii i537.<br />

617<br />

MEGANDER<br />

totus tuus.<br />

LE CONSEILDE BERNE au Conseil du Lan<strong>de</strong>ron<br />

De Berne, 14 mars 1537.<br />

Inédite. Minute originale. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

SOMMAIEE. Berneexhorte<strong>les</strong> magistratsdu Lan<strong>de</strong>ronà embrasserl'Évangileet à<br />

«délaisser<strong>les</strong> traditionshumaines.»<br />

Nob<strong>les</strong>, discrects Seigneurs et chiers voisins! Le <strong><strong>de</strong>s</strong>yr qu'est en<br />

nous cueurs d'avancer la gloire <strong>de</strong> Dieu éternel et <strong>de</strong> son filz,<br />

Conflikte<strong><strong>de</strong>s</strong> Zwinglianismus,Latherthums und Calvinismusin <strong>de</strong>r BernischenLan<strong><strong>de</strong>s</strong>kirche.<br />

Bern, 1842,S. 112-116.Ces Jeux <strong>de</strong>rniers auteurs<br />

ont suivi Kirchhofer (op. cit. I, 224) et placé inexactement à Lausanne<br />

la discussion susdite, telle qu'elle est racontée par Calvin.<br />

8 Cette accusation était le fait <strong>de</strong> Caroli(Voy. N" 610, 611. Defensio<br />

Gallasu, p. 33). Elle fut facilementaccueillieà Berne, parce qu'on<br />

savait que Clau<strong>de</strong>tPAhod répandait <strong>dans</strong> le Chablais ses doctrines antitrinitaires<br />

(N°615, n. 3). Mais <strong>les</strong> ministresbernois ne tardèrent pas à reconnaîtreque<br />

Farel, Calvinet plusieurs <strong>de</strong> leurs collèguesavaient été injustementaccusésd'arianisme<br />

(Voy. la lettre <strong>de</strong> Megan<strong>de</strong>r du 22 mai 1637).<br />

9 C'est-à-dire, après le 1" avril.<br />

10 Pierre Kunto, pasteur <strong>de</strong> Berne, disait <strong>de</strong> même <strong>dans</strong> sa lettre à<br />

Myconius du 22 juin 1538: «Non interquiescent capita ista unquam»<br />

(Voy. Kirchhofer. Farels Leben, I, 250).<br />

1 Voyez, sur le Lan<strong>de</strong>ron, le N° 339, notes 2, 5, et le Chroniqueur<strong>de</strong><br />

L. Vuiliemin, p. 295.


1537 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DU LANDERON. 201<br />

nostre seul Saulveur, nous esmeat <strong>de</strong> vous escripre la présente,<br />

touchant <strong>les</strong> omces <strong>de</strong> vostre esglise, qu'amendons estre abandonnée<br />

du curé qui soloit estre, et par ainsy cesser messes et prédication3.<br />

Dont espérans havoir l'occasion <strong>de</strong> vous exhorter à prendre<br />

l'Évangeille <strong>de</strong>Jésus et délaisser<strong>les</strong> traditions humaines, pour augmenter<br />

aussy bonne paix et union <strong>de</strong> la pure religion, à laquelle<br />

jusques au présent havés contrarié, vousprions, par le salut que<br />

nous a conquis le filz <strong>de</strong> Dieu, qu'aies esgard à sa saincte Parolle,<br />

non tant pour nous complaisreet vous con formerà tous vous circumvoisins3,<br />

que pour obéyr à Celluyqui jugera le mon<strong>de</strong>, lequel<br />

par sa saincte grâce vous sometz à sa Parolle par plusieurs manières.<br />

Dont convient que à ycelle soiés obéissans. Prians Nostre<br />

Seigneur qu'il vous touche le cueur, <strong>de</strong> sorte que sa doctrine règne<br />

entre vous. Aquoy <strong>de</strong> tout nostre pouvoir vous <strong><strong>de</strong>s</strong>irons avancer<br />

par prédicants et ministres du sainct Évangelle, sy yceulx voullés<br />

accepter, tellement que vostre salut le requiert et [que]nous avons<br />

nostre parfaicte confiance en vous, actendant sur ce vostre responce,<br />

pour scelon ycelle nous sçavoir pourter, quant sy-aprés<br />

nous présenterés ung curé De Berne, ce 14 Mars 1537.<br />

L'Advoyer ET CONSEIL DE BERNE.<br />

(Suscription :) Aux nob<strong>les</strong>, discretz, nous chiers voisins et bons<br />

amys, chastelain, maire et Conseil du Landyron.<br />

2 Ce passage peut servir à rectifier l'une <strong><strong>de</strong>s</strong> assertions <strong>de</strong> Rachat,<br />

qui dit, t. IV, p. 445-446 c Les Seigneurs <strong>de</strong> Berne travaillèrent à introduire<br />

la réformation au Lan<strong>de</strong>ron mais ils n'en purent venir à bout.<br />

Et cPàbord, commeils avaient le droit <strong>de</strong> collature sur l'Église du Lan<strong>de</strong>ron,<br />

ils écrivirent au Conseil du lieu, <strong>de</strong> congédierleur curé. pour<br />

mettre un<br />

8 La Neuveville,Cornaux, St.-Blaise et Cerlier étaient déjà réformés<br />

<strong>de</strong>puis plusieurs années.<br />

Il parait que le Conseildu Lan<strong>de</strong>ron installa un nouveaucuré sans<br />

le présenter à l'acceptation <strong><strong>de</strong>s</strong> Bernois,et que ceux-ci refusèrent <strong>de</strong> considérer<br />

sa nomination-comme légitime. C'est alors seulement,le 27avril,<br />

qu'ils écrivirent au Conseildu Lan<strong>de</strong>ron la lettre mentionnéepar Ruchat<br />

(Voyezn. 2). Elle s'exprime ainsi: c Nous avons receuz vostre lectre.<br />

parefliiementicelle <strong>de</strong> vostre curé. Sur quoy vousrespondons,que tout<br />

aultrement en vérité summes informés. A ceste cause, est entièrement<br />

nostre vouloir que le dit curé vui<strong>de</strong> la dite cure, et icelle abandonez»<br />

(Minuteorig. Weltsche Missiven-Buch.Vol. B, fol. 3 a).


202 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE BALE. 1537<br />

6i8<br />

LE conseil DE bekne an Conseil <strong>de</strong> Bâle.<br />

De Berne, 15 mars 1537.<br />

Inédite. Minute originale Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

(TRADUIT DE l'allemand.)<br />

Sommaire. Le Conseil <strong>de</strong> Berne fait connaître anx Vil<strong>les</strong> évatujâiques le rapport <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ambassa<strong>de</strong>urs envoyés par eïïe* auprès <strong>de</strong> François I.<br />

Salut! Nousavons aujourd'hui entendu le rapport <strong>de</strong> nos fidè<strong>les</strong><br />

collègues, qui, <strong>de</strong> votre part, <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> nos confédérés <strong>de</strong> Zurich<br />

et <strong>de</strong> nos bonsvoisins <strong>de</strong> Sfrasboitrg, ainsi que <strong>de</strong> la nôtre, ont été<br />

envoyés auprès <strong>de</strong> Sa Majestéle Roi <strong>de</strong> France, à cause <strong><strong>de</strong>s</strong> Évangéliquesexilés<br />

on prisonniers. Nous sommes bien informés, tant<br />

par leur rapport verbal, que par la réponse écrite que Sa Majesté<br />

a faiteà leur discours,et dont la copie est ci-incluse qu'il n'y avait<br />

à la Cour sauf le seigneur <strong>de</strong> Langey3,le comte Guillaume[<strong>de</strong><br />

Furstemberg*] et quelques autres qu'un petit nombre <strong>de</strong> partisans<br />

<strong>de</strong> l'Évangile. C'est pour cela qu'ils n'ont pu recevoir une réponse<br />

aussi favorable que celle qu'ils auraient obtenue peut-être,<br />

si nos amis eussent été plus nombreux. Toutefois la sœur du Roi,<br />

la reine <strong>de</strong> Navarre, s'est donné toute la peine possible pour faire<br />

réussir leur mission Le Roi, <strong>de</strong> son côté, s'est d'abord exprimé,<br />

1 Elle portele titre suivant «Zurich, Basell,Actalegationisad regemGallorumpro<br />

exactisChristianis.»<br />

Voyezla secon<strong>de</strong>partie dn N°612.<br />

Guillaumedu Bellay(Voy.N°530,n. 4).<br />

Voyez<strong>les</strong>N°»572et 578.<br />

5 MM.<strong>de</strong> Berneécrivaientle 15janvierprécé<strong>de</strong>ntà la reine <strong>de</strong> Navarre<br />

c Nousenvolons. nous ambassa<strong>de</strong>urspar <strong>de</strong>vers la Majesté<br />

Royalle<strong>de</strong> France,pour certains affairesqu'il hont en charge <strong>de</strong> nous.


1537<br />

LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE BALE. 203<br />

<strong>dans</strong> son discours, d'une manière plus clémente qu'il ne l'a fait<br />

subséquemment <strong>dans</strong> sa réponse écrite.<br />

Nos ambassa<strong>de</strong>urs ont envoyé, par messager sûr, une copie <strong>de</strong><br />

celle-ciau comte Guillaume, en le priant <strong>de</strong> saisir l'occasion <strong>de</strong><br />

s'adresser <strong>de</strong> nouveau à Sa Majesté, et <strong>de</strong> s'informer si <strong>les</strong> intentions<br />

du Roi étaient vraiment conformesà la réponse écrite remise<br />

par le grand-maître à nos ambassa<strong>de</strong>urs: ce que nous croyons pouvoir<br />

mettre en doute, d'après le rapport que ceux-ci nous ont fait.<br />

Car, pendant qu'ils étaient en route pour rentrer au <strong>pays</strong>,le comte<br />

Guillaumeleur a dépêché un courrier, pour <strong>les</strong> informer qu'il avait<br />

eu l'occasion <strong>de</strong> parler, entre autres, au Roi,<strong>de</strong> leur départ, et que<br />

Sa Majesté lui avait répondu, qu'Elle avait accordé aux députés<br />

leur requête et <strong>les</strong> avait congédiés à leur complète satisfaction,<br />

ce qui, toutefois, d'après notre manière <strong>de</strong> voir, ne résulte pas si<br />

clairement <strong>de</strong> la réponse écrite du Roi,attendu que son style obscur<br />

comporte une double signification,comme vous vous en apercevrez<br />

facilement.Nous espérons cependant que le comteGuillaume,<br />

ayant égard à la lettre expresse <strong>de</strong> nos ambassa<strong>de</strong>urs,donnera suite<br />

à l'affaire, et s'efforcera d'obtenir <strong>de</strong> Sa Majesté une réponse plus<br />

positive et plus satisfaisante pour nous tous, et qu'il nous en informera<br />

lui-même plus tard.<br />

Voilà,en peu <strong>de</strong> mots, quel a été le résultat <strong>de</strong> la mission <strong>de</strong><br />

nos ambassa<strong>de</strong>urs. Quoiqu'ils aient fait tous <strong>les</strong> efforts possib<strong>les</strong>Pt<br />

agi fidèlement, ils n'ont reçu en réponse que <strong><strong>de</strong>s</strong> paro<strong>les</strong> <strong>de</strong> cotir.<br />

Nous vous prions amicalement <strong>de</strong> vouloir bien donner connaissance<br />

à nos bonsamis <strong>de</strong> Strasbourg <strong>de</strong> tout ce qui s'est passé,et<br />

<strong>de</strong> nous représenter auprès d'eux, ce dont nous vous serons obligés.<br />

Nous avons ouvert la missive que Sa Majesté a adressée aux<br />

IV Vil<strong>les</strong> concernant cette affaire,et, afin que vous n'en ignoriez<br />

le contenu, nous la joignons à notre lettre. Donnéle 15 mars 1537.<br />

L'AVOYER ET LE CONSEILDE BERNE.<br />

Dont vousprions. qu'il vous plaise nousfaire ce bien et honneur <strong>de</strong> <strong>les</strong><br />

favoriseret avancer tant qu'il voussera possible, affin qu'il aient bénigne<br />

audiencepar <strong>de</strong>vant la dite Majesté, et gratieuse responce » (Minuteorig.<br />

Arch. <strong>de</strong> Berne).Deslettres <strong>de</strong> même teneur furent également adressées<br />

à M. <strong>de</strong> Langey, au grand-chancelier et au grand-maître <strong>de</strong> France.<br />

C'est la lettre du 20 février (1» partie du N° 612).


204<br />

SIMON GRYX.EUS A JEAN CALVIN, A GENÈVE. 1537<br />

619<br />

SIMON grykeus à Jean Calvin, à Genève.<br />

(De Bâle) 15 mars (1537).<br />

Inédite. Autographe. Bibl. Pabl. <strong>de</strong> Genève. Vol. n° 112.<br />

Sinapius a passé par ici en se rendant 4 Tubingue, chez le prince Uhrie<br />

[<strong>de</strong> Wurtemberg]. II ne sait &qnoi se déci<strong>de</strong>r, parce qu'il regrette l'Italie; je l'ai<br />

compris, en L'entendantlouer tant <strong>de</strong> foisune certaine jeune fille que vous avez bien<br />

connue[à Ferrare], la seule qui ait, <strong>dans</strong> ce <strong>pays</strong>-Id, mérité vos éloges, à cause <strong>de</strong><br />

sa piété. Si l'on pouvait obtenir son consentement par vos bons offices,Sinapius la<br />

si né-<br />

préférerait à"toutes <strong>les</strong> antres; son amour pour elle loi ôte le repos d'esprit,<br />

cessaire à ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong>. Son choixa été fixé,non par la fantaisie, mais par la réflexion.<br />

Si vous approuvez ce projet <strong>de</strong> mnriage, veuillez nous parler du caractère <strong>de</strong> la<br />

jeune fille et son<strong>de</strong>r ses dispositions. Elle s'appelle FrancUea Bucerina. Il serait<br />

préférable pour elle <strong>de</strong> vivre en Allemagne, et elle y jouirait dune honnête aisance,<br />

grfece au mérite <strong>de</strong> Sinapius, & qui l'on offre une excellente place à Tubingue.<br />

Écrivez donc &Francisca, en votre nom et an mien, et dites-loi que vous<br />

sollicitez son consentement, pour le compte d'an certain ami. Aussitôt que vous<br />

aurez nne réponse, veuillez m'en informer.<br />

S-Trausiit hac Sinapius1 ac rectà Tubingam tendit, ut sese sistat<br />

Principi. Dabias est animi. Retrahitur in Italiam, quantum non<br />

suspicari modo, sed pene liquidé <strong>de</strong>prehen<strong>de</strong>re licuit, cam assidue<br />

mentionem faceret cujusdam paellas, ut vi<strong>de</strong>tur, pis, conique as-<br />

Galliœ Lndovici filia, rus concessi, nactus nescio quo fato insîgnem familiaritatem<br />

cum proceribusaolseejos »(Lettre datée <strong>de</strong> Belloriguardi,près


1537 SIMON GRY&BUS A JEAN CALVIN, A GENÈVE. 205<br />

siduè hanc laudare{. Eam, quantum inteUigo, etiam tu familiariter<br />

nosti', et unam ex omnibus istic, pietatis ergo, maximè landasti.<br />

Postulat aetas ipsins nuptias. Vi<strong>de</strong>o, si quid ab illa impetrari posset<br />

per te, nullam omnium cuperet magis; et certè qui sic affectibas<br />

xstuat opus tranquillitate habet animus, nisi perire hominis studia<br />

omnia volumus3. Vi<strong>de</strong>tur autem non errore incidisse in hanc, sed<br />

judicîo, qui a<strong>de</strong>ô diu convixit. Vellem <strong>de</strong> moribus hujus indicares<br />

nobis. Francisca Bttceryna*, ni fallor, est nomen. Qtiôd si tibi hoc<br />

Sinapii meumque consilium probetur, vellem explores omnia apud<br />

ipsam. Prestaret utique in Germania versari hanc quàm in Italia.<br />

et è tenebris in lucem aliquam qualecunque (sic) migrare. Sinapio<br />

porrô, marito tali, nunquam <strong>de</strong>futurus sumptus est quo honestè<br />

illa alattir: habet enim Tubingœ conditionem egregiam 5.<br />

<strong>de</strong> Ferrare, septembre (1534). Voyez S. Grynœi Epp. Edidit G.-T. Strenber.<br />

Basilise, 1847, p. 13, 14, 20. Lettre d'Érasme à J. Sinapius du<br />

31 juillet 1534. Bibl. du Muséum à Bâle. Apographa, n° 29, p. 15). En<br />

mai on juin 1535, Grynœus écrivait <strong>de</strong> Tubingue à Blaarer à Stuttgart<br />

« Accepi hodie ex Italia literas a Sinapio. Eâ gratiâ est apud Italos, ut<br />

publiée nunc Ferrarie profiteatnr. Quserit ex me consilium <strong>de</strong> uxore<br />

istic ducenda. Credo posse evocari. Erit certum <strong>de</strong>cus Germanice. »<br />

(Mscr. orig. Bibl. <strong>de</strong> St.-Gall.)<br />

Calvin avait fait la connaissance <strong>de</strong> cette jeune Française à l'époque<br />

où il séjourna à la cour <strong>de</strong> Ferrare (avril mai ? 1536). Voyez note 4.<br />

3<br />

Voyez, <strong>dans</strong> l'Epitome Bibliothecœ Conradi Gesneri (Tiguri, 1555),<br />

l'énumération <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvrages <strong>de</strong> Jean Sinapius.<br />

Plus exactement, Francisca Bucyroma. Elle était <strong>de</strong>moiselle d'honneur<br />

<strong>de</strong> Renée <strong>de</strong> France, duchesse <strong>de</strong> Ferrare. Voyez l'ouvrage intitulé<br />

« Lilii Gregorii Gyraldi. Herculis Vita. Epithalanûa diversorum in<br />

nuptias Joan. Sinapii Germani et Francise» Bucyronie Galhe. Basileœ,<br />

1539, petit in-8°, p. 125, 126, 132, 134, 137, 138.<br />

5 Le 26 juillet (1536) Ambroise Blaarer écrivait <strong>de</strong> Tubingue à son<br />

frère Thomas: c Medicinœ habemus egregios professores.<br />

etiam Sinapius expectatur. On lit encore <strong>dans</strong> <strong>les</strong> lettres<br />

postremô<br />

<strong>de</strong> Martin<br />

Frecht écrites d'Ulm à Simon Grynœus, le 16 septembre 1536, et à Ambroise<br />

Blaarer, le 10 avril 1537 « Bonus Sinapius perpétué est mcertus,<br />

an FerrarÛB remanere, aut Tubingam vocatus conce<strong>de</strong>re <strong>de</strong>beat. Princeps<br />

Ferrariensis ter scripsit Duci UdaMco, ut ejus gratiâ et permissu liceat<br />

Sinapium retinere apud se. » « Scripsit. ille diu expectatus Sinapius,<br />

superiore mense [scil. Martio 1537] ex Schaphusio ad me, summopere <strong>de</strong>predicans<br />

tai fratris creati consulis [Constantiœ] in se et privatam et publicam<br />

humanitatem.Ad Chynteum nostrum Sinapius Basileam abiit, ex<br />

itinere lassitudinem contractam isthic distracturus. Atque <strong>de</strong>in<strong>de</strong> rectà<br />

perget Schwmfurtum, paternam hereditatem aditurus. Post hœc Tubingam<br />

commigrabit. » (Manuscrits orig. Bibl. <strong>de</strong> St.-Gall. Collect. citée).


206 JEANOPOMAJEANCALVIN, AGENÈVE. 1537 1<br />

Rogo vehementer te, nt dare nobis operam hane velis. Certè<br />

nulla ratio hune retinendi vi<strong>de</strong>tur, nisi potiri hac potest. Est autem<br />

ocultè-agenda res, nt ne quô literaeveniant quàm ad ipsam.<br />

Vellemque ad ipsam tuo meoque nomine scribens, istud te dicas<br />

pro amico quodam flagitare. Salutabis autem eam, mihi necessariam,qusBme<br />

per Sinapium prior salutavit. Obsecro ut, pro pietate,<br />

diligenter et in temporedare operamvelis. Vale. 15 Marcii(lS37s).<br />

Gryn.eus tuas.<br />

Responsum nactus, scribes primo quoque tempore ad me T.Vale<br />

rursus.<br />

(Inscriptio ) Joh. Calvino,sao fratri chariss. Genevœ.<br />

620<br />

JEAN OPORIN à Jean Calvin, à Genève.<br />

De Bâle, 25 mars 1537.<br />

Autographe. Bibliothèque <strong>de</strong> Gotha. Publiée en partie <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

Calvini Opp. Édit. <strong>de</strong> Brunswick, t. V, p. XLet xliu.<br />

Sommaire. J'ai récemment chargé notre Ijuxs <strong>de</strong> vous expédier 12 exemplaires <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Épitres que nous avocs impriméca pour vous. Je vous en adresserai davantage, si<br />

vous le désirez, et j'y joindrai même tons <strong>les</strong> livres sortis <strong>de</strong> nos presses qui<br />

pourraient vous être agréab<strong>les</strong> on uti<strong>les</strong>. Votre bonté envers nous a été si gran<strong>de</strong>,<br />

qu'il nous serait difficile <strong>de</strong> la reconnaître dignement. Nous comptonsd'ailleurs<br />

L'année est sûrement fixée par la lettre <strong>de</strong> Frecht du 10 avril 1537<br />

(Voy. n. 5).<br />

7 On ne possè<strong>de</strong>pas la réponse<strong>de</strong> Calvinà Grynœus.<br />

1 Jean Herbst,humanistebâlois,né le 25 janvier 1507,grécisason<br />

nomen celuià'Oporinus.Aprèsavoirfait à Baieet à Strasbourgd'excellentes<br />

étu<strong><strong>de</strong>s</strong>,que la pauvreté l'empêcha<strong>de</strong> continueraussilongtemps<br />

qu'il l'aurait voulu,il cherchad'abord<strong><strong>de</strong>s</strong> ressources<strong>dans</strong>la carrière<strong>de</strong><br />

l'enseignement,puis, poussépar le désird'apprendrela mé<strong>de</strong>cine,il servit,<br />

quatre années durant, le célèbreempiriqueParacelse. Les talents


1537 JEAN OPORIN A JEAN CALVIN, A GENÈVE. 207<br />

sur votre indulgencebien connue,pour le cas ou vous ne seriez pas entièrement<br />

satisfait <strong>de</strong> l'impression<strong><strong>de</strong>s</strong> Épitres.Nousn'avons rien négligé cependant<strong>de</strong> ce<br />

qui pouvaitla rendre correcte Qrynœuset votreLouis ont été consultésau sujet<br />

<strong>de</strong> certainspassagesqui nous embarrassaient.Quelqueslégèresfautesd'impression<br />

ne sauraientvousoffenser.Aucun imprimeur n'a jamais réussi à <strong>les</strong> éviter absolument.<br />

Le publicattend avecimpatiencela réimpression<strong>de</strong> votre Catéchisme[c.-à-d.<br />

votre Institution Chrétienne].Il n'en existe plus à Bdle un seul exemplaire;&<br />

Francfort, nous en avons à peine50. Vousferiez donc un singulier plaisir aux<br />

théologiens,en publiantbientôt unenouvelleédition uu une révision <strong>de</strong> cet ou*<br />

vrage,et nousen serionsparticulièrementcharmés,si vousrecouriez&nos presses.<br />

J'entends dire que votre courssur <strong>les</strong> Épitres <strong>de</strong> St. Paul est très-apprécié <strong>de</strong><br />

vosauditeurs.Je me recomman<strong>de</strong>à vous,pour qu'il soit plus tard communiquéau<br />

publicpar notre intermédiaire.Saluezen mon nom <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux Farel, M1<strong>de</strong> Sctulmont.M1<br />

Vvrct,Rogieret <strong>les</strong> autres amis.<br />

S. Nuper disce<strong>de</strong>ns curavi, ut per Ludovimm nostrwn 2 UbeUos<br />

epistolares tuos, à nobis excusos 3, XII aceiperes plures etiam missaras<br />

perquam libentissimè, si plures habere copias. Quin et ex re-<br />

liquis Hbellis nostro praelo impressis, si quibus maxime vel oblectari<br />

te, vel studia tua juvari posse intelligam, mittam quoscunque jusseris,<br />

tanta enim est tua in nos benevolentia, qua) nullo tamen<br />

nostro in te mutuo possit officio rependi facile<br />

Quod reliquum est, si in excu<strong>de</strong>ndis tais illis forte non respon-<br />

iVOporin trouvèrent un meilleur emploi au Pcedagogium <strong>de</strong> Bâle (1533),<br />

d'où il passa à l'Université, comme professeur <strong>de</strong> grec (1536). En juin on<br />

juillet 1535, il avait, <strong>de</strong> concert avec son beau-frère Robert Winter,<br />

Thomas Platter et Balthasar Rauch, acheté l'imprimerie <strong>de</strong> Cratan<strong>de</strong>r.<br />

C'est ainsi qu'il connut Calvin, à l'occasion <strong>de</strong> l'Institution Chrétienne,<br />

qu'imprimèrent ses associés Lasius et Platter (Voy. X°*545, n. 1, 9; 598,<br />

n. 5. Lettre <strong>de</strong> Georges Bin<strong>de</strong>r à Vadian, écrite <strong>de</strong> Zurich le 20 juillet<br />

1535. Bibl. <strong>de</strong> St.-Gall. Vie <strong>de</strong> Thomas Platter, écrite par lui-même<br />

(trad. en franç. par le Dr Edouard Fick). Genève, 1862, p. xvm, nx,<br />

110-116. Teissier. Éloges <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes savans, 1715, II, 299-306, m,<br />

138. Athenœ Rauricae, p. 349-354).<br />

Voyez la note 5.<br />

8 n s'agit <strong>de</strong> l'opuscule <strong>de</strong> Cahm dont nous avons déjà indiqué le titre<br />

<strong>dans</strong> la note 1 du N° 602, et qui contient 84 pages in-4°, l'In<strong>de</strong>x compris.<br />

L'avant-<strong>de</strong>rnière porte 4 lignes d'Errata et l'inscription suivante<br />

« Basile», per Balthasarem Lasium et Thomam Platterum, Mense Martio,<br />

Anno M.D.XXXVII. » Oporin s'occupait dit choix <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvrages à imprimer.<br />

Robert Winter fournissait <strong>les</strong> fonds. Lasius (Rauch) et Platter dirigeaient<br />

l'imprimerie.


208 JEAN OPORIN A JEAN CALVIN, A GENÈVE. 1537<br />

dinras per omma expectationi tuae,dabis veniam quam so<strong>les</strong>, pro<br />

humanitate tua, et quam <strong>de</strong>disti hactenus*; quanquam sedulô <strong>de</strong>dimus<br />

operam tamen ut, quantum fieri posset, emendatè excu<strong>de</strong>rentur,<br />

non semel super locis aliquot, in quibus forte nos non explicabamus,consnlto<br />

et Grynœoet Ludovicotuo5;neque in emendandi<br />

otftcio<strong>de</strong> negligentia aliqna nostra multùm querebere. Cavimus<br />

enim id quoque, ne erratorum, nisi leviusculQrani,taedio graviûs<br />

offen<strong>de</strong>reris; nam quod unum atque alteram forte irrepsit6, Cacilè<br />

ignosces; neqne enim ullus unquam liber à quoquam est ita impressns<br />

emendatè, ni non facilèetiam inter imprimendumquaedam<br />

obreperent, quaeomnia evitare impossibile sit, pro ea qua hodie<br />

passim utimur excu<strong>de</strong>ndiratione.<br />

De Catechimo tuo scias,mi Calvine,niagnam esse expectationem,<br />

quando eum recognitum <strong>de</strong>nnô editnrus sis T. Cupiunt hoc plerique,<br />

et exemplarium antea à nobis excusorum nullum nobis superest<br />

ampliiis,hic saltem Basileœ; Francofordiœ autem vix 50 adhuc<br />

habere nos pato. [taque feceris rem gratissimam et sacrae Theologiaestudiosis,si<br />

editionem ant recognitionem illam tuam matures,<br />

et nobis imprimis, si in recn<strong>de</strong>nda illa operà nostrà uti non <strong>de</strong>digneris<br />

8.<br />

Ajtdiote magna cum lais<strong>de</strong> et utilitate prœlegereD. Pauli epistolas<br />

9.Oro igitnr, ut quœcunque in iis praslegere et annotare tuis<br />

so<strong>les</strong>, aliis qnoque uti per nos aliquando communicentur, operam<br />

dare non graveris 10.Salutabismeo nomine diligentiss.[imè]Farel-<br />

Voyezla fin<strong>de</strong> la note 1.<br />

5Probablementl'un <strong><strong>de</strong>s</strong>pensionnairesd'Oporin,on le correcteurqui<br />

avaitrevu <strong>les</strong>épreuves<strong>de</strong> VInstitutionChrétienne.<br />

8 LesErrùta <strong><strong>de</strong>s</strong><strong>de</strong>uxÉpîtres<strong>de</strong> Calvinrelèventseulementcinqfautes<br />

d'impression.<br />

7Il s'agit, nondu Catéchisme<strong>de</strong> Calvin,quivenaitd'être publiétout<br />

récemmentà Genèveet pour la première fois (NM610, n. 8, 9, 10;<br />

611,renvoi<strong>de</strong> note 9), mais <strong>de</strong> VInstitutionChrétienne,que Marc Bertschiappelait,en<br />

mars 1536,c lecatéchismeadresséau Roi<strong>de</strong> Francepar<br />

un certainFrançais» (Voy.N° 545,n. 9).<br />

8 Ce fut à Strasbourg,chezWen<strong>de</strong>linRihel, queparut, en 1539,la<br />

<strong>de</strong>uxièmeéditionlatine <strong>de</strong> l'InstitutionChrétienne.L'imprimerieOporin<br />

et Cien'existaitplusà cette époque.<br />

9 C'est probablementpar l'explication<strong><strong>de</strong>s</strong> épîtres <strong>de</strong> St. Paul que<br />

Calvinavait inauguréses leçonspubliques(septembre1536).<br />

10Le commentaire<strong>de</strong>Calvinsur l'épître<strong>de</strong>S.Paul auxRomainsparut<br />

à Strasbourgtrois ans plustard.


1537 CHRISTOPHE FABBI AUX DÉPUTÉS DE BERNE. 209<br />

lum utrunque ll, Da. ab AltoMonte1; D. Viretum n, Rogerium Il<br />

et amicoscaeteros quibus omnibiisme quàm diligentiss.[imè]etiam<br />

commenda. Basileae,die Palmarum ls 1537.<br />

Raptim, ut non licnerit relegere.<br />

Tuus ex animo Joan. Oporevus.<br />

(Inscriptio:) Insigni Theologo Dn. Joanni Calvino, sacraram<br />

literarnin professori Gebennis, amico et fratri charissimo sno. Genevae.<br />

621<br />

CHRISTOPHEFABRI aux Députés <strong>de</strong> Berne.<br />

(De Thonon, 30 ou 31 mars 1537'.)<br />

Inédite. Minute autographe. Bibi. <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaieb.Fabri signale aux commissaires bernois <strong>les</strong> nombreuses dépenses qu'il a<br />

dû supporter, étant contraint, <strong>de</strong>puis un an, <strong>de</strong> pourvoir à l'évangélisation <strong>de</strong> presque<br />

tontes <strong>les</strong> paroisses du bailliage <strong>de</strong> Thonon, et il <strong>les</strong> prie, <strong>dans</strong> le cas où ces<br />

charges seraient aussi lour<strong><strong>de</strong>s</strong> A l'avenir, d'y avoir égard en fixant le chiffre <strong>de</strong><br />

son traitement.<br />

A tres-puissans et magnifiques Seigneurs, Messieurs <strong>les</strong> Commis<br />

<strong>de</strong> Berne, Salut1<br />

Très-redoubtéz Seigneurs Mly a environ ung an que, touchant<br />

11ChtitlaumeFard et son frère Gauckkr, lequelavait visitéBAI en<br />

novembre1536(N°578).<br />

11Louisdu Tillet,seigneur<strong>de</strong> Hàulmont,qui était alors fixéà Genève.<br />

18<br />

Oporinavait pu fairela connaissance<strong>de</strong> Pierre Vireten novembre<br />

1535(Voyezle N°533, note 2).<br />

14Peut-êtreceJean Bogierqui,vers1542,pratiquaitla chirurgie<strong>dans</strong><br />

le <strong>pays</strong> romand(Voy.la lettre <strong>de</strong> Calvinaux ministresneuchàteloisdu<br />

28 mai1542).<br />

15C'est-à-direle 25 mars.Pâquesfut le 1eravrilen 1537.<br />

1<br />

Voyez<strong>les</strong> notes2 et 12.<br />

T. IV. 14


210 illV CHRISTOPHE UU&U~"UIt"&&P FABRI. AUXDÉPUTÉS DE BERNE. 1537<br />

.&480 ~am.»· -»le<br />

ministère <strong>de</strong> la Parolle <strong>de</strong> Dieu, selon la grâce qu'il m'avoit<br />

donnée, j'ay soubstenu au myeulx que j'ay peu la charge <strong>de</strong> toutés<br />

<strong>les</strong> églises <strong>de</strong> vostre Balliage <strong>de</strong> Tonon2, omis aucunes3, ainsi<br />

qu'avons en l'entrée à icel<strong>les</strong>, courons praisque tous <strong>les</strong>jours ça et<br />

là en gros dangers: Ceque n'ay peu faire sans plus grosse <strong><strong>de</strong>s</strong>pence<br />

que si je n'eusse eu charge que d'ugne église.Car il me failloit entretenir<br />

cheval <strong>de</strong> loyage ou d'emprunt, et mener ung, 2, 3 ou 4<br />

compaignons, selon <strong>les</strong> dangers <strong><strong>de</strong>s</strong> liens', ainsi que sçait Mons*<br />

le Ballif. Et, pour satisfaire en mon absence à ceste église<strong>de</strong> Thonon<br />

et avoir ai<strong>de</strong> aux villages, quant <strong>les</strong> affairesme pressoient,<br />

m'a fallu praisque tousjours entretenir ung <strong>de</strong>ux, ou quelque foy<br />

trois frères avec moy.<br />

J'ay bien vouleu informer Voz Seignories <strong>de</strong> ces charges, pour<br />

vous rendre raison <strong>de</strong> ce que j'ay <strong><strong>de</strong>s</strong>pendu, qui m'a esté délivré<br />

par MonsTle prieur du Piastre5, <strong><strong>de</strong>s</strong>puis qu'il luyfust ordonné par<br />

Messieurs <strong>les</strong> premiers commis 6. Vous ne ignorez point, Messeigneurs,<br />

combien grans effrais et charges adviennent aux ministres<br />

au commencement <strong>de</strong> l'édification d'ung peuple, avec ce que j'ay<br />

faict aucunes réparations en vostre maison1,où je <strong>de</strong>meure. Je laisse<br />

plusieurs autres <strong><strong>de</strong>s</strong>pens nécessaires, comme à la disputation et<br />

congrégation 8, et d'ung voyage que j'ay faict à Berne aussi par<br />

l'ospitalité <strong><strong>de</strong>s</strong> allans et venans [pour l'Év]angile, et autres charges<br />

domestiques. Et toutes ces chosesvouspropose,affinque cognoiscez<br />

Lesfonctionspastora<strong>les</strong><strong>de</strong> Fabri à Thononcommencèrent<strong>dans</strong>la<br />

premièremoitiéd'avril 1536.<br />

8 C'est-à-dire,<strong>les</strong> églises<strong>de</strong> certaineslocalitésdu Chablais,tel<strong>les</strong>que<br />

Hermance,Yvoire, Nernier, Colonges-sur-Bellerive, qui étaientrapprochées<strong>de</strong><br />

Genève.<br />

Comparezce passageavecle N° 606,renvois<strong>de</strong> note 10-16.<br />

5 Louis du Plâtre, prieur <strong><strong>de</strong>s</strong> Bénédictins<strong>de</strong> Thonon.Puisquec'était<br />

lui qui délivraità Fabri son traitement,Bessona commisuneerreur<br />

en disant (op.cit. p. 104)que.


1537 CHRISTOPHEFABRI AUX DÉPUTÉSDE BERNE. 211<br />

que n'ay point <strong><strong>de</strong>s</strong>pendu <strong><strong>de</strong>s</strong>raisonnablement voz biens, mais le<br />

plus sobrement que j'ay peu, à l'avancement <strong>de</strong> la gloire <strong>de</strong> Dien<br />

et <strong>de</strong> vostre honneur et prouffit, au bien et entretenement <strong>de</strong> voz<br />

humb<strong>les</strong> subjectz, ainsi que pleinement Momrle Ballif est informé;<br />

car il a bien sentu sa part <strong><strong>de</strong>s</strong> affaires,charges et fâcheries qui sont<br />

survenues pour l'avancement <strong>de</strong> l'Évangile et mettre bon ordre<br />

partout.<br />

Au surplus, Messeigneurs,j'ay trouvé en la dite maison, jadis <strong>de</strong><br />

Guillet10,plusieurs lètres, instrumens, obligez, quictances, bul<strong>les</strong><br />

et autres papiers d'iceluy cachéz en ung poulalier par <strong>de</strong><strong>de</strong>ns<br />

l'ordure, et quelques utenci<strong>les</strong> <strong>de</strong> maison avec quelques livres en<br />

latin. ray délivré à Mon»'le Ballif <strong>les</strong> dictz papiers, non pas <strong>les</strong><br />

utenci<strong>les</strong> et livres, <strong>les</strong>quelz vous supplie m'ottroyer, ensemble<br />

quelque peu <strong>de</strong> meub<strong>les</strong> que j'ay trouvé en la dite maison, voyans<br />

la nécessité que j'ay <strong>de</strong> mesnage nécessaire, lequelme faultemprunter,<br />

à cause qu'ay <strong><strong>de</strong>s</strong>pendu l'argent que j'avoye eu <strong>de</strong> mon mesnage,<br />

que je vendis quand laissay le <strong>pays</strong> <strong>de</strong> Neufchastelpour venir<br />

par <strong>de</strong>ça. Et, si la nécessité est que je doyge encores porter<br />

tel<strong>les</strong> charges que j'ay soubstenu jusques à présent, il vous plaira<br />

y avoir du regard par vostre pru<strong>de</strong>nce et équité, laquelle prie à<br />

Dieu vous estre tousjours augmentée.<br />

Vostre humble serviteur Christofle Libertet,<br />

prédicant <strong>de</strong> Thonon<br />

10MchelGuittet,seigneur<strong>de</strong> Monthoux,s'étant montréen toute occasionl'ennemi<strong>de</strong><br />

Genèv et <strong>de</strong> Berne(Voy.N°*479,n. 1; 513, n. 8), <strong>les</strong><br />

Bernoisavaientconfisquésesbiens.<br />

11 Al'époqueoù Marguerited'Autriche,veuve<strong>de</strong> Philibertn, duc <strong>de</strong><br />

Savoie,était damedu Pays<strong>de</strong>Vaud,MichelGwUetavait amodiétous <strong>les</strong><br />

revenusdu dit <strong>pays</strong>.Lestitres cachés<strong>dans</strong> la maison<strong>de</strong> MichelGuillet<br />

<strong>de</strong>vaient,par conséquent,offrirun certainintérêt aux Bernois.<br />

11Onlit au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous<strong>les</strong> premièreslignesd'une lettre inachevée,et qui<br />

étaitcertainementadresséeà GaspardMegan<strong>de</strong>rtministre<strong>de</strong> Borne.Nous<br />

<strong>les</strong>reproduisonsici, parce qu'el<strong>les</strong>peuventservirà déterminerla date<strong>de</strong><br />

la requête <strong>de</strong> Fabri aux commissairesbernois<br />

c S.Novissimè, perpiumJoatmemWek,scribam,literisconquestusum<br />

apudte et symmystastuosacnostros,qubdsiccoramIegatisfalsbtraducti<br />

essemus[Voy.NM610,'n.5; 615,n. 8].Cre<strong>de</strong>mihi,frater, nullamgr. »<br />

Lesmotssoulignésplus haut, et qui ont été biffés,nousapprennentque<br />

Sans Week,notaire et l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> sous-secrétairesdu Conseil<strong>de</strong> Berne,<br />

avaitpasséà Thonontrès-peu<strong>de</strong>joursauparavant.Or,c'était luiquitenait<br />

le Journal<strong><strong>de</strong>s</strong>commissairesbernois,et noussavonspar <strong>les</strong>usditJournalou


212 CHRISTOPHEFABRI A GUILLAUMEFAREL, A GENÈVE. 1S37<br />

622<br />

CHRISTOPHEfabri à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 3 avril 1537.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

SoMMAŒB. Les commissairesbernois ont confiéà votre frère Clau<strong>de</strong> l'administration.<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> biens du prieuré <strong>de</strong> Ripaille. Le Bailli l'invite à se présenter bientôt ici. Jevoudrais<br />

voir Morelet [du Museau] arriver avec lui et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r l'intendance <strong>de</strong><br />

l'abbaye <strong>de</strong> FiUy, dont le supérieur <strong>de</strong>vra s'éloigner <strong>dans</strong> cinquante jours, parcequ'il<br />

na pas voulu accepter la Réformation.<br />

Une pension mensuelle a été accordée à ceux du moines <strong>de</strong> FSly et <strong>de</strong> BipaSle<br />

qui sont propres & faire <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> ou qui apprendront un métier; quant aux plus<br />

âgés, ils pourront achever leur vie <strong>dans</strong> le couvent. Le revenu <strong><strong>de</strong>s</strong> biens ecclésiastiques<br />

sera consacré aux pauvres, au prédicateur et au maître d'école <strong>de</strong> Thonon.<br />

Ma pension a été fixée, ainsi que celle <strong>de</strong> mon futur collègue. Je dois ces détails<br />

à une confi<strong>de</strong>ncedu Bailli, car je n'ai pas encore reçu la réponse <strong><strong>de</strong>s</strong> commissaires<br />

sur <strong>les</strong> artic<strong>les</strong> que je leur ai présentés. Mon confrère M1<strong>de</strong> Sauhnont, M*<strong>de</strong> 8t.<br />

Paul et Clau<strong>de</strong> vous saluent.<br />

«<br />

Salutem per Jesum Christum, qui suos perpétue discruciari non<br />

sinit, sed cportunè illis nunquam non a<strong><strong>de</strong>s</strong>se novit!<br />

Legali curam et dispensatianem omnium bonorum Ripalliensiwn<br />

fràtri tuo Claudio concesserunt x, exceptâ turri maxima a cum horto-<br />

Rôle <strong><strong>de</strong>s</strong> amodiations, que ses supérieurs s'occupèrent <strong><strong>de</strong>s</strong> biens d'Égliseà<br />

Thonon le 31 mars 1537. Voyez, au surplus, la lettre suivante.<br />

1 On lit <strong>dans</strong> le Journal <strong><strong>de</strong>s</strong> commissaires bernois «Le lundi <strong>de</strong> Pâques<br />

(2 avril) 1637, à Thonon, mes Seigneurs ont enjoint au Bailli <strong>de</strong> donner<br />

pour administrateur aux chanoines <strong>de</strong> Ripaille, le frère <strong>de</strong> Farel.<br />

C'est lui qui leur paiera leur prében<strong>de</strong> et qui rendra compte, à la St.<br />

Michel» (Trad. <strong>de</strong> l'allemand. Communication <strong>de</strong> M. Ernest Chavannes).<br />

Ripaille, situé tout près du lac et à un quart <strong>de</strong> lieue N.-E. <strong>de</strong> Thonon,<br />

était un prieuré <strong>de</strong> chanoines réguliers <strong>de</strong> St.-Augustin. n fut fondé<br />

en 1410 par lexomte <strong>de</strong> Savoie Amédée YID, qui <strong>de</strong>vint pape (1439) et<br />

prit le nom <strong>de</strong> Félix Y. Ce prince fit construire, en 1434, à côté du susdit


1537 CHRISTOPHEFABRI A GUILLAUMEPAREL, A GENÈVE. 213<br />

minori, vineâ qaadam et prato uno, qaae Domino a S. Paido &reliq[uerunt],<br />

cum duobus illis sacerdociis qaoram curae post Abbatem* Il<br />

successerat. Prœfectus jussit ut frater tuus mox hue concedat, sed<br />

nemini ea divulgentur. Consulerem Morum 5 cum eo huc conferre<br />

se, nt tent[aret] an Filliaci Abbatiam 6 et Dominiam impetrare posset.<br />

Abbas enim Ainc ad 50'u'~ diem abire jzcsstcsest, quad reformationi<br />

eorum stibscribere noluerit*.<br />

prieuré, un cMteau qui <strong>de</strong>vait servir d'habitation aux chevaliers <strong>de</strong> l'Ordre<br />

<strong>de</strong> St.-Maurice, qu'il venait <strong>de</strong> créer et dontil fut lui-mêmele doyen<br />

on grand-maître. La faça<strong>de</strong> principale <strong>de</strong> ce château était flanquée <strong>de</strong><br />

sept tours. La plus large et la plus haute communiquaitavec un grand<br />

pavillon carré, qui formait le logementdu doyen,et c'est probablement à<br />

celle-là que Fabri fait allusion en l'appelant iurris maxima(VoyezNotice<br />

historique sur Ripaille par A. Lecoy <strong>de</strong> la Marche. Paris, Annecy, 1863,<br />

p. 12-30, 38-40, 42, 45. Grillet. Dict. hist. <strong><strong>de</strong>s</strong> départements du Mont-<br />

Blanc et du Léman, I, 135).<br />

De ces <strong>de</strong>ux personnages, il semblerait que le secondfût Michel <strong>de</strong><br />

Blonay, abbé <strong>de</strong> la Jeunesse <strong>de</strong> Thonon, mort en novembreon en décembre<br />

1536 (N°» 558, n. 9; 592, n. 5), et le premier, celui <strong><strong>de</strong>s</strong> frères du<br />

susdit abbé qui portait le nom <strong>de</strong> Gabriel <strong>de</strong> Blonayet s'intitulait prieur<br />

et seigneur <strong>de</strong> St.-Paul. Mais <strong>les</strong> passages suivants du Manuel <strong>de</strong> Berne<br />

s'opposent à cette explication «8 novembre 1536. Écrire au bailli <strong>de</strong><br />

Thonon, que Messeigneursveulent laisser kM.<strong>de</strong> St.-Paul <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux amodiations<br />

qu'ils avaient accordées à son cousindéfunt.El<strong>les</strong> lui seront confirmées<br />

plus tard. » « 21 mars 1537. Écrire aux députés [à Thonon],<br />

qu'ils fassent la meilleure réponse qu'ils pourront à la requête <strong>de</strong> M. <strong>de</strong><br />

St.-Paul, relative au prieuré ou aux amodiations,mais le tout sous réserve<br />

du bon plaisir <strong>de</strong> Messeigneurs (Trad. <strong>de</strong> l'allemand).<br />

6 Ce personnage ne peut être que Moreletdu Museau, gentilhomme<br />

français qui était fixé <strong>de</strong>puis quelque temps à Genève(N° 611, n. 13).<br />

6<br />

L'abbaye <strong>de</strong> FiUy, située près <strong>de</strong> Coudréeet an S.-O. <strong>de</strong> Thonon,<br />

était <strong>de</strong> l'Ordre <strong><strong>de</strong>s</strong> chanoines réguliers <strong>de</strong> St.-Augustin. Les Bernois<br />

voulaient y établir un intendant, pour administrer <strong>les</strong> biens du couvent,<br />

et Fabri désirait que Moreletdu Museau obtint cette place.<br />

7 Clau<strong>de</strong>-LouisAlar<strong>de</strong>t, chanoine <strong>de</strong> la cathédrale <strong>de</strong> Genèveen 1536,<br />

et qui fut le <strong>de</strong>rnier abbé <strong>de</strong> Filly (Voy.Besson,op. cit. p. 98. Egbert-<br />

Frie<strong>de</strong>rich von Mullinen. Helvetia Sacra, I, 22). Le 8 mai 1537,<strong>les</strong> Bernois<br />

décidèrent, que le bailli <strong>de</strong> Thonon lui signifierait <strong>de</strong> quitter l'abbaye<br />

<strong>de</strong> Filly à Pentecôte (20 mai).<br />

• Ce passage et le suivant montrent que, malgré la conquête du Char<br />

biais par <strong>les</strong> Bernois, rabbé et <strong>les</strong> religieuse<strong>de</strong> Fitty n'avaient pas abandonné<br />

leur monastère ce qui rectifie l'assertion <strong>de</strong> Besson (op. cit. p.<br />

98), d'après lequel l'abbaye <strong>de</strong> Filly aurait été « ravagée par <strong>les</strong> Bernois<br />

en 1536. » II commetla même erreur à propos <strong>de</strong> plusieurs maisonsreli-


2i4 CHRISTOPHEFABRI A GUILLAUMEFAREL, A GENÈVE.. IS3T<br />

De Monachis Filliacensibus et Ripaliensibus, <strong>de</strong>mensum illis <strong>de</strong>-<br />

signatnm fait, modo stu<strong>de</strong>ant qui ad literas idonei fuerint9, reliqui<br />

opifpciran] discant; sed qui senes et plané inuti<strong>les</strong> sunt sinuntur<br />

in stabulis suis, qaamdia vixerint I0. P[rwen]tus<br />

ti in usus pauperwn.concionatoris<br />

et didascali Tononiensis donatus est. Domus cran<br />

horto mihi <strong><strong>de</strong>s</strong>ignata est, cum ducentis florenis, duobus vini doliis<br />

et 4 modiis framenti. Mihi quoque, adjungendo cooperario w, prœscripserant<br />

centum tlorenos, dolinm vini et toti<strong>de</strong>m fhunenti. Sed<br />

<strong>de</strong> equo nulla mentio. Haec seorsim mihi aperuit Prœfectus, cum<br />

nnllam habuerim respon[sionem], nec rursns accersitus [fiierim],.<br />

postquam illis 13 omnia proposui. Quamobrem <strong>de</strong> omnium articulamm<br />

à meillis oblatorum u exitu nihil adhuc certô scribere possum.<br />

Comooalis meus ab Alto Monte u, Dominas Paulinus le, Claudius11<br />

giettsesdu Chablais. Grfllet a été mieux renseigné (Voy. son ouvrage, 1,<br />

129).<br />

• MM. <strong>de</strong> Berne prirent la même décision relativement à ceux <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

moines<strong>de</strong> quelquesautres couventsqui consentirent à étudier. Onlit <strong>dans</strong><br />

le volumeintitulé: c TeutschSpruch-Buch<strong>de</strong>r Statt Bern, GG, p. 639,<br />

à la date du 3 mai 1537 «Moines<strong>de</strong> Romainmôtiers.François <strong>de</strong> Longecombe,chamelier<br />

du couvent, voulant étudier, on lui laisse sa prében<strong>de</strong>,<br />

pourvu qu'il<br />

étudie là où l'on ne dit la messe.»<br />

10 Onlit <strong>dans</strong> la Notice <strong>de</strong> M.Lecoy<strong>de</strong> la Marche,p. 50 < Telleétait<br />

l'épouvante qui précédait <strong>les</strong> Bernois, que <strong>les</strong> autorités du Chablais.<br />

envoyèrent leur soumission pour épargner le <strong>pays</strong> [février 1536]. Cet<br />

acte <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce sauva le château <strong>de</strong> Ripaille mais le couvent et ses<br />

dépendances furent saccagés, et <strong>les</strong> religieux dispersés. » Nous voyons<br />

cependant qu'au mois d'avril 1537, le couvent <strong>de</strong> Ripaille était habité<br />

par ses anciens hôtes. Cinq d'entre eux qui acceptèrent la Réformation<br />

s'y trouvaient encore l'année suivante (Voyez <strong>les</strong> notes <strong>de</strong> la lettre <strong>de</strong><br />

Fabri du 23 février 1538).<br />

11 Fabri veut-il parler <strong><strong>de</strong>s</strong> revenus <strong>de</strong> Bipaille et <strong>de</strong> Fiïly, commele<br />

contexte semblerait l'indiquer, ou <strong><strong>de</strong>s</strong> biens du clergé régulier <strong>de</strong> Thonon<br />

(VoyezRuchat, IV, 450)?<br />

Le collègue <strong>de</strong> Fabri fut Antoine.Proment,élu diacre <strong>de</strong> Thonon<br />

vers le commencement<strong>de</strong> juillet 1537.<br />

18 C'est-à-dire, aux commissairesbernois.<br />

14 Nous ne savons si c'est une allusion à la requête <strong>de</strong> Fabri qui se<br />

trouve plus haut (N°621).<br />

18 Louis du ZRZet,seigneur <strong>de</strong> Havtonont,qui était en visite chez Fàbri,<br />

peut-être pour s'exercer à la prédication. Voyez le N° 624, renvois <strong>de</strong><br />

note 7 et 8.<br />

18 Le même qui est appelé plus haut Dominus a S. Paulo (Voyezle<br />

renvoi <strong>de</strong> note 3).<br />

11 Voyez le N* 582, note 7.


1537 LES CHARTREUXDE LA LANCEAU CONSEILDE FRIBOURG. 215<br />

et reliqui vos omnes salutant. Vale. Gratia Domini sit tecum Tononii,<br />

3 April. 1537.<br />

Tans Christofords Libertetus.<br />

(Inscriptio :) Chariss. fratri Gulielmo Farello. Genevae.<br />

625<br />

LESchartreux DELAlance an Conseil<strong>de</strong> Fribourg.<br />

Du couvent<strong>de</strong> la Lance, 3 avril 1537.<br />

Inédite. Manuscrit original. Archives <strong>de</strong> Fribourg.<br />

Sommaire.Aprèsavoirremercié<strong>les</strong>Fnbourgeois<strong>de</strong>leur sollicitu<strong>de</strong>pourlemaintien<br />

<strong>de</strong>l'Églisecatholique, <strong>les</strong>Chartreuxexprimentla douleurqu'ils ont éprouvéen<br />

recevantl'ordre<strong>de</strong>-ne pluscélébrer«ledivinoffice.» L'acceptation aishtRéforme par leursvoisins<strong>de</strong> Concisest nulleet nonavenuepour<strong><strong>de</strong>s</strong>religieuxqui veulent<br />

resterfidè<strong>les</strong>a «lavéritablefoi.»Us espèrentdoncqueMM.<strong>de</strong> Fribourgprendrontleurdéfenset<br />

ferontjustice<strong>de</strong> ceuxquiontravagé<strong>les</strong> églises<strong>de</strong> Grandson<br />

etle couvent<strong>de</strong> la Lance.<br />

Très-redoctés, très-puissant et magnifiques Signeurs, le plus<br />

humblement et affectuosement que povons, à vostres nob<strong>les</strong> et<br />

bénignes grâces nous recommandons, en vous mercient très-humblement<br />

<strong>de</strong> tant <strong>de</strong> biens que nous feites, et <strong>de</strong> la grosse péna et<br />

1 Monastèresitué<strong>dans</strong> le bailliage<strong>de</strong> Grandson(Voy.le N°840),et dont<br />

<strong>les</strong> députés<strong>de</strong> Berneet <strong>de</strong> Fribourg s'étaient occupésplusieurs fois en 1582<br />

(Recès<strong>de</strong> Grandson<strong><strong>de</strong>s</strong> 18janvier, 5 mars,14 octobre <strong>de</strong> la susdite année.<br />

Arch. du canton <strong>de</strong> Vaud). Le procès-verbal <strong>de</strong> leur conférence du 3<br />

juillet 1586renferme un paragraphe intitulé «Petit ordre en la Lance, »<br />

et qui atteste que, par la faute du prieur, <strong>les</strong> religieux <strong>de</strong> ce monastère<br />

étaient «mal traités et entretenus <strong>de</strong> leur vie, » et <strong>les</strong> biens du couvent<br />

fort mal administrés (Arch. vaudoises).Aussi l'inventaire en fut-il dressé,<br />

par ordre supérieur, le 16 février 1537 (Carnets <strong>de</strong> Grandson, vol. A,<br />

fol. 9. Ibi<strong>de</strong>m).


216 LES LESCHARTREUX<br />

CHARTREUX DE DELALANCEAUCONSEIL<br />

LA LANCE AU CONSEIL DE DEFRIBOURG.{53?<br />

FRIBOURG. {53?<br />

sollicitacionque prenés pour mantenir nostre saintte mère Église<br />

et <strong>les</strong> sainct sacrament d'ycelle, et ausi <strong>les</strong> povres désolés gens<br />

d'Église. Dieu par sa saintte grâce vous vuyllieztout jours donné<br />

persévérence bonne, pour mantenir sa saintte foy et comman<strong>de</strong>ment<br />

<strong>de</strong> nostre saintte mère Église, comment avés fait'le temps<br />

passés et faites tout <strong>les</strong> jours Loé en soit Dieu Luy priant trèshumblement<br />

que vous donne tous jours bonne persévérence jusque<br />

à la fin, pour mantenir la Cristienté et vous [1. vos] povres<br />

suggés au sauyement <strong>de</strong> leur âmes.<br />

Très-redoctés et magnifiquesSigneurs! Vous pleise savoër que<br />

nous vous avons escript une lectre en my-carôme2, etc., en nous<br />

recomman<strong>de</strong>nt à vous nob<strong>les</strong> et bénignes grâces, laquelle espéront<br />

que avés resieu. Meys nous n'avons puënt lieu <strong>de</strong> response d'ycelle,<br />

et ce à cause <strong>de</strong> vous grand négoces et affères que avés tous<br />

<strong>les</strong>jours, comment le povont bien entendre.<br />

Nous très-redoctés et magnifiques Signeurs, esquenlx, après<br />

Dieu, est toute nostre expérence et confiance Vous savés que,<br />

par l'ordonnance que fut faite, il laz cinq ans, par vous nous trèsredoctés<br />

et mag. Signeurs <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux Vil<strong>les</strong>8, que vousdonndtes<br />

au suggés <strong>de</strong> vostre terre <strong>de</strong> Granssont libéral arbitre <strong>de</strong> aller à la<br />

messeet au service <strong>de</strong> Dieu, comment tout jour a esté fait jusque<br />

à présent, qui voudroyt. Et qui ne voudroyt,pocet aller à l'Évengile<br />

et loynovella,ung checon [1.chacun] à sont libéral arbitre et sellont<br />

sa conscience, etc. Pour quoy, cella bien entendu, sommes<br />

bien troblés et scandalizés, que ung nous a <strong>de</strong>ffendu tout le dyvint<br />

officeen nostre église, et que ne célèbr[i\ontplus messes,etc., veheu<br />

que nous sommes gens d'Église et religieux, et à cella nous sommes<br />

tenus <strong>de</strong> le dyre et fère, comment gens <strong>de</strong> religions le dèvent<br />

fère et nostre Ordre le nous expressément comman<strong>de</strong>; car ce<br />

nostre vocacion et commen<strong>de</strong>mant <strong>de</strong> Dieu. Nousvollonsvivre el<br />

mory tous en ceste véritablefoy, en feysant sont service, comment<br />

Luy avons promis par noslres professions.Nous n'avons que fères,<br />

ny sosy [Lsouci} <strong>de</strong> nous voysins <strong>de</strong> Concisa,ny <strong>de</strong> leur oppinionet<br />

conse[i\l,et <strong>de</strong> cella qui lont fait <strong>les</strong>plus, la secon<strong>de</strong>foy[s]*,qui ne<br />

C'est-à-dire,vers le 8 mars 1537.Nousn'avons pas trouvécette<br />

lettre auxArchives<strong>de</strong> Fribourg.<br />

Allusionaux ordonnancesfaites par MM.<strong>de</strong> Berneet MM.<strong>de</strong> Fribourgle30<br />

janvier 1532(N°871).<br />

4 Depuisle milieu <strong>de</strong> l'année 1531, l'Évangile avait été prêchéà<br />

CbncûeparPierre Mtuuyer(Voy.l'In<strong>de</strong>x du t. In), remplacéle 19octo-<br />

>


1337 LES CHARTREUX DE LA LANCE AU CONSEIL DE FRIBOURG. 217<br />

-a.1I_JL _·<br />

soët doyt pas fère, qui sont tout jour nous ennemys,etc, en nous<br />

persécutens en toutes sortes qui povent,jour et nuy, etc.<br />

Pour quoy, nous très-redoctés et mag.. Signeurs, très-humblement<br />

à genoux vous prions, en l'honneur <strong>de</strong> laz saintte passion et<br />

résurrection <strong>de</strong> nostre ré<strong>de</strong>mpteur Jhésucrist5, qui [l.que] vuylliés<br />

avoër <strong>de</strong> nous, vous povres suggés et orateurs, miséricor<strong>de</strong> et compassion,<br />

en nous retornant au service <strong>de</strong> Dieu,comment par avant,<br />

<strong>de</strong> jour et <strong>de</strong> nuyt, et célébré messes, comment bon religieux et<br />

gens ecclésiastiques dèvent feyre, pour le saluz <strong>de</strong> nous âmes et<br />

la bonne prospérité <strong>de</strong> vous, nous redoctés signeurs et princes et<br />

nous bienfeyteurs, et généralement pour tota la Cristianté. Vous<br />

recomman<strong>de</strong>nt nostres bon parrochians <strong>de</strong> Onnens et <strong>de</strong> Champagnies<br />

et nostre viquère <strong>de</strong> la dicte nostre cure <strong>de</strong> Onnens6,qui vont<br />

par <strong>de</strong>vant vostres bénignes grâces, pour vous enformé <strong>de</strong> la vérité,<br />

qui sont bons Cristiens et ecclésiastiques et qui sont bien<br />

troblés et désolés, et non san cause.<br />

bre 1536par AiméCoïïonÇS°574,n. 4). Le 25 janvier 1537,le cultecatholiquey<br />

avaitété aboli,à la pluralité <strong><strong>de</strong>s</strong>suffrages.C'estce qu'on appelait<br />

alors faire un plus. Les Réformés<strong>de</strong> Concisesoutenaientque cette<br />

décisionfaisaitloi pour le couvent<strong>de</strong> la Lance, situé <strong>dans</strong> leur paroisse<br />

(Voy.Rachat, IV, 426,427). Ils s'étaient déjà prononcés<strong>dans</strong>ce sens,<br />

quelquesannées auparavant. Le 5 octobre 1531,leursprud'hommesdisaient<br />

aux députés<strong>de</strong>Berneet <strong>de</strong>Fribourg «Notrecuré[VoyezN° 358,<br />

n. 19] et sonvicaireveulentdire la messe,laquellenousne voulonspermettre,sinon<br />

qu'ils la doyent maintenirbonne. Autrement,nous<strong>de</strong>vonsavoir<br />

l'Évangile. » (Recès<strong>de</strong> Grandson.Arch. <strong>de</strong> Berne).Us se<br />

plaignaient,le 18 janvier 1532,<strong>de</strong> ce que «<strong>les</strong> Religieulx<strong>de</strong> la Lance<br />

avoyentchantermesse,quiestchousecontre<strong>les</strong>arestz <strong>de</strong> Messeigneurs, »<br />

et, le 5 mars suivant,ils rappelaient que<strong>les</strong>autelsavaientété «dérués<br />

par la plupart. et que la messeestoit mise bas, vu que le curé ne la<br />

vouloitpoint maintenir»(Recès<strong>de</strong> Grandson.Arch. vaudoises).Néanmoins,<strong>dans</strong><br />

une nouvellevotationqui eut lieuchezeux la mêmeannée,<br />

une majorité <strong>de</strong> 60 voixcontre26 s'était prononcéepour la messe(Ruchat,<br />

m, 135),et ce fut cette décision-làque<strong>les</strong> Chartreux<strong>de</strong> la Lance<br />

appelèrentlepremierplus <strong><strong>de</strong>s</strong> gens<strong>de</strong> Concise.<br />

6 On était au surlen<strong>de</strong>main<strong>de</strong> Pâques.<br />

Leshabitants à1 Onnens et <strong>de</strong> Champagneavaientdéfinitivement embrasséla<br />

Réformele 25 janvier 1537(Voy.ND385, n. 4, et le Recès<strong>de</strong><br />

Grandsondu 11 février 1537.Arch. vaudoises).Le curé â! Onnens était<br />

le prieur mêmedu monastère<strong>de</strong> la Lance, c'est-à-dire Pierre<strong>de</strong> Domr<br />

pierre,commenousle savonspar une sentencedatée<strong>de</strong> Bernele 1ermars<br />

1586 (TeutscheSpruch-Buch,vol. FF, p. 468). L'église <strong>de</strong> Champagne<br />

était la filiale<strong>de</strong> celled'Onnens.


218<br />

LES CHARTREUX DE LA LANCE AU CONSEIL DE FRIBOURG. 1537<br />

Non aultre chose à présent, si non que Dieu, par sa sainte miséricor<strong>de</strong>,<br />

vous donne la grâce <strong>de</strong> y mettre bon ordre et fère bonne<br />

justice <strong>de</strong> ceulx qui ont rompu vous ordonnances et commen<strong>de</strong>ment,<br />

et qui ont gasté et violé <strong>les</strong> sainttes églises, tant en nostre convent<br />

comment aultre par[t] par vostre terra, etc 7. De la Lance, vostre<br />

povre convent, bien povre et désolé, le tier jour d'Avril 1337.<br />

Par vous povres, humb<strong>les</strong> et indignes serviteurs et orateurs<br />

LE Prieur ETTOUSLESreugeeulx DEVOSTRE<br />

PETIT convent DE lance,<br />

bien tristes et désolés<br />

(Suscription:) A nous très-redoctés, trés-puissent et magnifiques<br />

Sig18Monsigr FAvoyé et Consel <strong>de</strong> la noble et trés-cristienne<br />

ville <strong>de</strong> Fribourg, très-humblement.<br />

1 Les instructionsdonnées,le 4 janvier 1537,par <strong>les</strong> Fribourgeois aux<br />

députés qu'ils envoyaientà Grandson renferment le passagesuivant c Deman<strong>de</strong>r<br />

la punition <strong><strong>de</strong>s</strong> individus qui ont détruit <strong>les</strong> autels, tableaux et<br />

statues <strong><strong>de</strong>s</strong> Cor<strong>de</strong>liers à Grandson et <strong><strong>de</strong>s</strong> Chartreux à la Lance, <strong>de</strong> même<br />

que celle du prédicant <strong>de</strong> Grandson, qui a insulté le prieur <strong>de</strong> la Lance »<br />

(Trad. <strong>de</strong> l'allemand. Communication<strong>de</strong> M. Char<strong>les</strong> du Mont). L'église<br />

<strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier couvent avait été dévastée <strong>dans</strong> la noiedu 24 au 25 décembre<br />

1536; celle <strong><strong>de</strong>s</strong> Cor<strong>de</strong>liers <strong>de</strong> Grandson, le 31 du même mois. Ici le<br />

mauvais exempleavait été donné par le pasteur Jean Leamte, à l'issue<br />

<strong>de</strong> sa prédication (VoyezRuchat, IV, 422, 423, 426).<br />

8<br />

Fribourg protégeait moins efficacement ses coreligionnaires que<br />

Berne <strong>les</strong> siens. c Lacause n'en était pas seulement <strong>dans</strong> l'inégalité <strong>de</strong><br />

puissance<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux républiques. Fribourg savait fort bien, quand elle le<br />

voulait, se faire écouter; mais la réformation d'une contrée qu'elle et sa<br />

rivale possédaient en commun avait un secret pour trouver grâce à ses<br />

yeux: c'est que l'ancienne église étant dissoute, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux souverains se<br />

partageaient ses biens » (JusteOlivier. Le canton <strong>de</strong> Vaud, sa vie et son<br />

histoire. Lausanne, 1837, p. 832, 833). Aussi n'est-on pas trop surpris<br />

<strong>de</strong> trouver le paragraphe suivant <strong>dans</strong> <strong>les</strong> instructions données aux députés<br />

<strong>de</strong> Fribourg, le 7 mars 1538<br />

« Commela conférence<strong>de</strong> Grandson a pour but essentiel le plus qui a<br />

passé à Conciseen faveur <strong>de</strong> la Réformation, et comme <strong>les</strong> Bernois veulent<br />

procé<strong>de</strong>r au partage <strong><strong>de</strong>s</strong> biens <strong>de</strong> la Chartreuse, qui, à teneur <strong>de</strong> ce<br />

plus, se trouve être supprimée,nos députés consentiront enfin à ce partage<br />

(Trad. <strong>de</strong> l'allemand). Le 27 mars 1588, Berne ordonnait aux<br />

Chartreux <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> leur monastère. VoyezPierrefleur, op. cit. p. 49,<br />

172. Tableaux historiques <strong>de</strong> la Suisse,par l'abbé Girard. Carouge,<br />

1802, article Grandson. Mémorial <strong>de</strong> Fribourg, année 1855, p. 84,<br />

85.


1537 GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRf, A THONON. 219<br />

624<br />

GUILLAUMEFAREL à Christophe Fabri, à Thonon.<br />

De Genève, 4 avril 1537.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaire. Je suis si occupéqu'il m'est impossible<strong>de</strong> vousinformer <strong>de</strong> ce qui se passe<br />

à Genève; mais mon frère \Clmtdë[sera pour vous une lettre vivante. Efforcez-vous<br />

d'abord <strong>de</strong> faire donner à la jeunesse un instituteur capable, et nous songerons en-<br />

suite aux autres affaires.<br />

Quelle belle occasion <strong>de</strong> nous censurer sera fournie à nos adversaires, quand ils<br />

sauront que monfrère est administrateur [du prieuré <strong>de</strong> SipaSk]1. J'aurais préféré<br />

qu'il fût envoyéà MontAoux,puisque la messe y règne encore; JtPcfeMaxiîly a pris la<br />

place, et nous savons <strong>dans</strong> quelle mesure il y travaillera à l'avancement du règne<br />

<strong>de</strong> Christ. Je n'ai enten<strong>de</strong> parler d'aucune décision relative aux baillis du voisinage,<br />

si peu soucieux <strong>de</strong> la gloire <strong>de</strong> Notre Seigneur.<br />

Saluez JtP<strong>de</strong> Saulmont. S'il va chez Tiret [à Lausanne], exhortez celui-ci à ne<br />

rien négliger pour que ce frère exerce ses talents <strong>dans</strong> <strong>les</strong> environs. Ils pourront<br />

s'entretenir ensemble <strong>de</strong> la dispute et tout arranger pour le mieux. Communiquez.<br />

nous <strong>les</strong> arguments que vous pouvezavancer en faveur <strong>de</strong> la congrégation, et remerciez<br />

[<strong>de</strong> ma part] votre bailli avec toutes <strong>les</strong> formes <strong>de</strong> la rhétorique.<br />

S. Mi Christophore, sic sum involutus ut te horum quae hic geruntur<br />

certiorem non possim red<strong>de</strong>re; sed frater pro literis erit<br />

Cura ut juventuti idoneus <strong><strong>de</strong>s</strong>ignet'l.r [scil. didascalm], cum scias<br />

non parvam nec contemnendam parlem ecc<strong>les</strong>iœ esse juventutem.<br />

Interea dabitur opera ut aliïs consulatur.<br />

Nunc possunt egregiè in nos aperire os adversarii, cum papas<br />

habeamus, episcopos,abbates et priores, ubi resciverint fratrem isti<br />

praefectum loco. MaluissemM&ntiAlto7, ubi missœ et abominatio<br />

1 Farel vent parler <strong>de</strong> son frire Clau<strong>de</strong>,qui venait d'être nommé<br />

administrateurdu prieuré<strong>de</strong> Bipatlïe(No622).<br />

n s'agit <strong>de</strong> Monihoux, près d'Annemasse, ancienne seigneurie <strong>de</strong> Michel<br />

Guillet, et dont <strong>les</strong> Bernois s'étaient emparés en 1536 (N° 621, n. 10)f.


220 GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A THONON. 1537<br />

omnis régnât3, désignation. Sed Massiîiacus occupât4, curaturus,<br />

ut scis, <strong>de</strong> more quod Christi est. De Preefectis nobis vicinis 5 nihil<br />

actum audio. Satis te pato nosse quàm sint studiosi gloriae Chrisü,<br />

vel xp– e; sed quod homines non plectunt, justa oltione Dominns<br />

feriet.<br />

Saluta plurimùm ab Alto Monte"1,qui si ad Viretum concesserit,<br />

tibi Petrus erit admonendus ut in viciniâ fratrem exerceri cnret,<br />

ut Christi dona in fratte non sint sine fructu sepolta9. Praeterea,<br />

super disputatione I0 poterunt inter se dispicere, ut rectè habeant<br />

omnia. Quae ad congregationem faciunt, te consi<strong>de</strong>rare velim ac<br />

nobis communicare. Vale bene. Saluta plurimùm Prœfectum, et, ut<br />

nosti rhetoricari, gratias age 12in omni genere, nihil omittens [eorum]<br />

quae perfectus arator, orator dico, adducturus esset. Te salutant<br />

omnes. Genevas, 4 Aprilis 1337. »<br />

3 Les Bernois avaient à Monthoux<strong>les</strong>droits <strong>de</strong> chante, basse, moyenne<br />

et omnimo<strong>de</strong>juridiction, » mais non la souveraineté, qui appartenait à<br />

Madame<strong>de</strong> Nemours (Voyez <strong>les</strong> lettres <strong>de</strong> Berne du 3 août 1537et du<br />

29 juillet 1539,adressées à la dite dame.Minutes orig. Arch. bernoises).<br />

C'est par cette raison que la messen'y avait pas été abolie.<br />

4 n est question<strong>de</strong> Michel<strong>de</strong> Blonay,seigneur <strong>de</strong> Maxiïly et du Crest,<br />

châtelain et receveur à Monthoux,pour <strong>les</strong> Bernois (N° 592, n. 26).<br />

5 Le bailli <strong>de</strong> Gex, Jacob Hetzel, et le bailli <strong>de</strong> Ternier et Gaillard,<br />

SimonFarber (Ruchat, IV, 58).<br />

6 Ce mot, placé à la fin d'une ligne, n'est pas nettement écrit. n faut<br />

peut-être lire xpwjMtrwv, argent, ou y.piwv, pris <strong>dans</strong> le sens <strong>de</strong> <strong>de</strong>voirs.<br />

7 Louis du Tillet, seigneur <strong>de</strong> Haulmont.<br />

8 Prénom <strong>de</strong> Viret.<br />

9 De ces paro<strong>les</strong> on peut inférer que <strong>les</strong> amis <strong>de</strong> Louis du Tilletl'a*<br />

paient engagé à s'exercer à la prédication, et c'est peut-être <strong>dans</strong> ce but<br />

qu'il était venu à Thonon chez Fabri (Voy. N° 622, renv. <strong>de</strong> n. 15).<br />

10<br />

S'agissait-il <strong>de</strong> proposer une nouvelle disputeaux prêtres <strong>de</strong> Lausanne,<br />

ou d'en accepter une contre <strong>les</strong> quatre anabaptistes,bannis <strong>de</strong> Genève<br />

(19, 30 mars), et qui, selon la Chronique<strong>de</strong> Savion, se réfugièrent<br />

<strong>dans</strong> le Pays <strong>de</strong> Vaud? (Voyez le Registre <strong>de</strong> Genève<strong><strong>de</strong>s</strong> 9, 18, U, 16,<br />

17, 18, 19 et 30 mars 1537. A. Roget, op. cit. I, 31-33.)<br />

11Dans le <strong>pays</strong> romand on appelait congrégationsou colloques<strong>les</strong> conférences<br />

qui avaient lieu périodiquemententre <strong>les</strong> pasteurs d'un même<br />

bailliage ou d'un petit territoire (Voy.NM580, n. 1; 581, renv. <strong>de</strong> n. 9;<br />

588, renv. <strong>de</strong> n. 1; 660, vers la fin. Mém. <strong>de</strong> Pierrefleur, p. 187).<br />

11Fabri <strong>de</strong>vait remercier le bailli <strong>de</strong> Thonon <strong>de</strong> ce qu'il avait procuré<br />

une place à Clau<strong>de</strong>Farel (Voy.n. 1)..


1 537 CHARLES DE SAINTE-MARTHE A JEAN CALVIN, A LAUSANNE. 221<br />

En oblitus eram Danielis,quem salutabis, ac Paulinum do.[minum],<br />

Claudium et pios omnes.<br />

Farellus tuns.<br />

(Inscriptio :) Suo Christophoro, Tonnonii.<br />

625<br />

CHARLES DE sainte-Marthe a Jean Calvin, à Lausanne.<br />

De Poitiers, 10 avril 1537.<br />

Antographe.Bibliothèque <strong>de</strong> Gotha.Joannis Calvini,Theod.Bezae,<br />

aliorumque Oliusaevihominnm Literae quaedamnondum editoe.<br />

Edidit C.-G. Bretschnei<strong>de</strong>r. Lipsiae,1835, p. 187.<br />

Sommaire. Bien que je vous sois tout &fait inconnu et que j'aie le sentiment <strong>de</strong> mon<br />

insuffisance,je me suis enhardi à vous écrire notre ami commun Laurmt <strong>de</strong> Jformandie<br />

m'y autorisait expressément, et je me flattais <strong>de</strong> l'idée que, grâce a la conformité<br />

<strong>de</strong> nos étu<strong><strong>de</strong>s</strong> et <strong>de</strong> nos espérances religieuses, vous me feriez un bon accueil.<br />

C'est donc en me réclamant <strong>de</strong> Christ et <strong>de</strong> sa Parole, que je sollicite votre<br />

amitié je ne chercherai point a l'obtenir en louant cette vertu divine, cette piété<br />

qui vous a inspiré d'abandonner parents,patrie, richesses, et <strong>de</strong> vous dépouiller vousmêmepour<br />

enrichir <strong>les</strong> autres, en exposant votre vie. De pareils sacrifices sont le<br />

gage assuré <strong><strong>de</strong>s</strong> succès que vous avez obtenus; aussi voudrais-je que nous eussions<br />

beaucoup <strong>de</strong> Calvins dignes <strong>de</strong> l'accueil que vous recevez maintenant. Je ne vous<br />

porte point envie; je regrette seulement que nous soyons privés <strong>de</strong>-vous et même<br />

<strong>de</strong> l'Institution chrétienne, qui aurait pu nous instruire en votre absence.<br />

Nous avons du moins une consolation, c'est que notre académie est pleine d'hommes<br />

pieux et savants. Je me dispose à exercer ma charge, qui, vu ma jeunesse, a<br />

suscité contre moi <strong>de</strong> nombreux ennemis mais je leur résisterai jusqu'à la <strong>de</strong>rnière<br />

extrémité. Nous prions le Seigneur <strong>de</strong> faire fructifier <strong>les</strong> heureux débuts [<strong>de</strong> vos<br />

églises]. Deman<strong>de</strong>z-Lui<strong>de</strong> nous donner l'esprit <strong>de</strong> Christ, afin que nous puissions<br />

annoncer courageusement l'Évangile, même au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> flammes. Etienne, le<br />

porteur <strong>de</strong> ma lettre, se rend auprès <strong>de</strong> vous pour y vivre et s'instruire en liberté.<br />

H vous dira quels sont nos progrès.<br />

Carolus Sammarthanus sacrarum literarum in Pictav[i]ensi<br />

1 Char<strong>les</strong> <strong>de</strong> Sainte-Marthe, né à Fontevrault en Poitou (1512), était


222 79TeTe<br />

CHARLES DESAINTE-MARTHE AJEANCALVIN, ALAUSANNE. 1537<br />

Acha<strong>de</strong>mia regius professor3, D. Joanni Calvino, LausanensiEcc<strong>les</strong>iastae,viro<br />

pio juxtà et erudito, S. D. in eo qui est omnium vera<br />

sains.<br />

Multaesunt causae,doctissime Calvine, quae me ad te scribere<br />

parantem optimojure et <strong>de</strong>terrere poterant, et omnino à scribendo<br />

revocare. Quas si commemoravero, vulgares fortè existimabis, et<br />

in hujasmodi accnsationibasadduci solitas,set [1.sed] graves tamen<br />

mihi, ut qui <strong>de</strong> iis optimè conscius satis perspiciam, quàm ille famam<br />

prostituit suam qui ad ta<strong>les</strong>, tam cordatos, tam emunctaenaris,<br />

tamque absolutos numeris omnibus viros, au<strong>de</strong>at literis garrire,<br />

seriis studiis obstrepere, a<strong>de</strong>oque <strong>de</strong>licatas aures obtnn<strong>de</strong>re. Nam<br />

prœterquam quôd neqne tibi <strong>de</strong> facie notas sim, neque <strong>de</strong> nomine,<br />

sentio <strong>de</strong>esse mihi omnia quae ad scribendum loquendumve perquam<br />

necessaria sunt.<br />

Et tamen eô audaciaeveni, ut nihil minus dubitarim quàm votis<br />

meis satisfacere,Ulud in sese recipiente communi amicoNormandio<br />

hoc verô mihi promittente singulari tua humanitate, quam<br />

spero, communi literarum nomine, <strong>de</strong>in<strong>de</strong> arctiore vinculo eorun<strong>de</strong>m<br />

sludiorum, ad<strong>de</strong> aequè flagrante pietatis <strong><strong>de</strong>s</strong>y<strong>de</strong>rio, propiciam<br />

mihi fore. Neque enim vi<strong>de</strong>tur quidquam recusaturus quod amicitiœ<br />

christianae legem non violet, qui per sese facilisest et perhumanus.<br />

fils<strong>de</strong> Gaucher<strong>de</strong> Sainte-Marthe,mé<strong>de</strong>cin<strong>de</strong> FrançoisI. Nousne possédonspas<br />

<strong>de</strong> renseignementsur ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong>universitaires.VoyezDu Verdier.<br />

Bibliothèquefrançoise. ScaevolseSammarthaniElogia. Nicéron.<br />

Mémoires,etc., t. VM, p. 11. Biographieuniverselle.<br />

C'était commeprofesseurofficielque Char<strong>les</strong><strong>de</strong> Ste-Martheenseignait<br />

la théologieà l'université <strong>de</strong> Poitiers.Il y a donc au moinsune<br />

rectificationà faire <strong>dans</strong><strong>les</strong> passagessuivants<strong>de</strong> l'Histoireecclésiastique<br />

<strong>de</strong> Bèze,I, 63 < Pokers. l'une <strong><strong>de</strong>s</strong> universités<strong><strong>de</strong>s</strong> plus célèbres<strong>de</strong><br />

France en la faculté<strong><strong>de</strong>s</strong> droicts civil et Canon,embrassaaussi <strong><strong>de</strong>s</strong>premières<br />

la grâce <strong>de</strong> Dieu. Un cor<strong>de</strong>lier,nommé<strong>de</strong> Troia, feit alors<br />

très-bon<strong>de</strong>voir,avecl'abbé <strong>de</strong> Valence. et par cesmoiensl'ar<strong>de</strong>ur <strong>de</strong><br />

quelquesuns creut tellement,que l'an 1637un jeune homme,nommé<br />

Samctemartre. commencea<strong>de</strong> faire <strong><strong>de</strong>s</strong> lectures en théologie;mais<br />

pourcequ'il n'avoitpoint<strong>de</strong> fond, et qu'à la véritéil y avoiten lui plus<br />

<strong>de</strong> légèretéque <strong>de</strong> vray zèle, il y eut en sonfaict plus <strong>de</strong> fuméeque <strong>de</strong><br />

feu. »<br />

8 Laurent<strong>de</strong> Normandie,né à Noyonvers151C,faisait alors sesétu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong> droità Poitiers.Voyezla Notice<strong>de</strong> M. ThéophileHeyersur ce<br />

personnage,<strong>dans</strong><strong>les</strong> Mémoireset documents<strong>de</strong> la Société d'Histoire<strong>de</strong><br />

Genève,t. XVI, p. 400.


1337 CHARLES DE SAINTE-MARTHE A JEAX CALVIN, A LAUSANNE. 22$<br />

Dlad porrô quod à te per literas contendo, Christam spectat'<br />

solum et Verbi eias majestatem, nempe, qaumea<strong>de</strong>m professione<br />

ean<strong>de</strong>m animorum voluntatem et conjunctionem certè [testemnr],<br />

utCarolum Sammarthanum in amicoram taoram numeram adscribas,<br />

et illo pharmaco sableves aegrotam.Hic ego, camalium more,<br />

viam non curabo mihi sterni ad amorem tuum, encomiodivinœ virtutis<br />

et pietatis tuœ, qua per motus,nihil parentes, nihil patriam,<br />

nihil opesœstimasti, te ipsum nudasti, ut alios locupletes faceres,<br />

magno intérim citœ periculo*. Et quanquam non diffidam, toi<br />

similibus aliter ce<strong>de</strong>re non posse quàm tibi cesserit, nempe felicissimè,<br />

ego tamen multos optarim Calvinos,mnltas Calvini dotes,<br />

multos etiam qui Calvini imitatores tam bénigne exciperent. Nihil<br />

tibi invi<strong>de</strong>o hoc doleotantàm, quôd prœreptus nobissis 5, quôdque<br />

alter loqitens Calvinus, nempe, quôd Institutio Christiat,a ad nos<br />

non perveniat6. Invi<strong>de</strong>o Germaniœ, quia quod illa, adsequi non<br />

possamus.<br />

Forte hoc nos hic solatur, quôd Acha<strong>de</strong>mia nostra Ubera sit,<br />

plena viris piis, iis<strong>de</strong>mque doctis, set interim renascitur alicabi hydi*a,surgit<br />

nocte qui zizania superaspergat quanquam, pro dono<br />

gratis; Christi, accingome ad munus cocaHonismeœT, quaepartim<br />

ob novam dignitatem et aetatem,ad<strong>de</strong> et doctrinaestudium, multos<br />

mihi produxit sycophantas, larvatos cuculliones,<strong><strong>de</strong>s</strong>peratiss.[iinae]<br />

sortis monstra: quibus tamen tantùm abest ut sim cessurus, ut<br />

etiam companctionis spiritui vitam ipsam opponam, quando permittet<br />

Dominus.<br />

Comparez ce passageavecle N°490,note 2.<br />

5 Sainte-Marthe<strong>de</strong>vaitsavoirce qu'il en était <strong><strong>de</strong>s</strong>rapportsantérieurs<br />

<strong>de</strong> Caluinavec<strong>les</strong>Évangéliquesdu Poitou.Nouscroyons,par conséquent,<br />

quesi cesrapportsavaienten l'importancequeleurattribuent Florimond<br />

<strong>de</strong> Remond(op. cit. 1648,p. 890-893),M. Ju<strong>les</strong> Bonnet(Lettres <strong>française</strong>s<strong>de</strong><br />

Calvin,I, 431, II, 10)et M. Merled'Aubigné(op.cit. III, 57-<br />

82), Sainte-Marthen'aurait pas manquéd'y insister<strong>dans</strong> unelettre aussi<br />

élogieusequecelle-ci.<br />

6 SoitqueVInstitutionChrétiennen'eût pas été tirée à un grandnombre<br />

d'exemplaires,soitqu'elle eut trottvébeaucoup<strong>de</strong> faveur<strong>dans</strong>le public,<br />

la premièreédition <strong>de</strong> cet ouvrageétait presqueépuiséeau bout<br />

d'un an (Voy.N°620,renvois<strong>de</strong> note 7-8).Riend'étonnant à ce qu'il<br />

ne fut pas généralementconnuen France,ou il n'était cependantpas encore<br />

interdit.<br />

7 Ch. <strong>de</strong> Ste-Marthea publié, entre autres,l'ouvrage intitulé


224 LE CONSEIL DE BERNE AU PARLEMENT DE DOLE. 4 537<br />

l'II.. #1> _& 1_<br />

Oramus nos ad Dominum, ut. fœlicissimaauspicia vestra <strong>de</strong>xterrimo<br />

progrediantur corsa. Vos viussim pro nobis petite, spiritum<br />

Christi nobis dari, ad dignè et intrépi<strong>de</strong>, in mediis flammiset hostibns,<br />

Evangelium pronunciandum: <strong>de</strong> cujus Me progressu audies<br />

a Stephano*,qui bas perfert, viro et graecèet latinè docto, mo<strong><strong>de</strong>s</strong>to,<br />

diserto et veritatis amantissimo, qui rectà ad vos proficiscitur,ut<br />

sibi liberèloqui et discere liceat. Eum patriae nomine et Evangelii<br />

pietate piè tibi commendo. Ta eos<strong>de</strong>m nobis amicos isthic concilia,<br />

et andaciam nostram boni consolito. Jesns, Dominus et Deas noster,<br />

aasas taos juvet, teque sua gratiâ impletum ad sui Evangelii<br />

propagationem dia •incolamem servet Pyctavii. Raptim 4 id.<br />

April. 1.5.3.7.<br />

Tans frater in Christo C.SAH.<br />

(Inscriptio:) D. Joanni Calvino, doctrina omni et pietate cumprimis<br />

venerando, Ecc<strong>les</strong>iastaeLausanensi. Lausanae.<br />

626<br />

LE conseil DE berne au Parlement <strong>de</strong> Dôle.<br />

De Berne, 12 avril 1537.<br />

Inédite. Minute originale. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

Sommatrk. Berne intercè<strong>de</strong> pour ceux<strong><strong>de</strong>s</strong> Évangiliques <strong>de</strong> D6U qui sont réfugiés<br />

enSni88e.<br />

Nob<strong>les</strong>,etc. Noussomes esté requis par Jehan le Nuy<strong>de</strong>t aultres,<br />

au présent fugitifz <strong>de</strong> vostre ville, pour la persêquution quil y est<br />

ad cause<strong>de</strong> la Parolle <strong>de</strong> Dieu,vous voulloir escripre la présente,<br />

pour et ad cause <strong>de</strong> la détention<strong>de</strong> leurs femes et enfans, avecque<br />

ce peu <strong>de</strong> bien qu'il ont laisséen vostredicte ville.Dont vous prions<br />

très-affectueusement,qu'il vous plaise consydérer tous drois divins<br />

et humains, ensemble charité chrestiène, et, pour l'honneur <strong>de</strong><br />

Dieu et <strong>de</strong> nous, laisser ensuy[v]re leurs maris et pères <strong>les</strong> paon-<br />

• v.<br />

Ce personnagenousestinconnu.


t537 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENEVE. 225<br />

vres femes et enfans, avecque ce peu <strong>de</strong> bien qu'il ont, sans leur<br />

tenir telle rigueur, venu que <strong>les</strong> ditg maris et pères n'ont aulcunement<br />

offèncé Vous Seigneuries en cas ou crime notable, ains tant<br />

seulement, parcraincte <strong>de</strong> la perséquution, se sont retiré par <strong>de</strong>çà,<br />

pour saulver lenrs vyes, <strong><strong>de</strong>s</strong>yrant servir leur Seigneur et Créateur<br />

Jésns. Dont ne seroit raisonable leur détenir par <strong>de</strong>là femes et<br />

enfans. Nous confians parfaictement en vous que nous gratiffierés<br />

en cecy 1.Et nous le recognoistrons, etc. Datum 12» Aprflis iS37.<br />

L'Advoyer ETConseil DEBerne.<br />

627<br />

CHRISTOPHE fabri à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 20 avril 1537.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaire.Je n'ai pasen leloisird'étudierà fondlaConfession<strong>de</strong>foi, maisje i'examineraiavecClau<strong>de</strong>carnous<strong>de</strong>vons,<strong>dans</strong>cetteaffaire,procé<strong>de</strong>ravecbeancoap<br />

<strong>de</strong>pru<strong>de</strong>nce.Clau<strong>de</strong>auraitvouluqueJacquesvintâ BipaHUavantl'arrivée<strong><strong>de</strong>s</strong>trois<br />

frira quivonsremettrontla présentelettre cependant jene trouvepasconvenable<br />

<strong>de</strong> l'arracherauxétu<strong><strong>de</strong>s</strong>qu'ila commencées auprès<strong>de</strong>vous.C'est<strong><strong>de</strong>s</strong>prédicateurs<br />

déjàformésquenous<strong>de</strong>vonsentretenir,et non<strong><strong>de</strong>s</strong>novices.Si vousmerenvoyez<br />

1 La requête fat accordée, grâce à <strong><strong>de</strong>s</strong> circonstancespolitiques. Le<br />

duc Christophe<strong>de</strong> Wurtembergoccupaitalors îa Bourgogne avec ses lansquenets<br />

(Voy.<br />

T. IV. 15<br />

N° 572, n. 10), et il venait d'imposer <strong>de</strong> fortes contributions<br />

aux habitants <strong>de</strong> Qray, ville située <strong>dans</strong> la Franche-Comté,à 12<br />

lieuesN.-O. <strong>de</strong> Besançon.Le parlement <strong>de</strong> Dole, qui croyait ses reseortissants<br />

suffisamment protégés par une trêve <strong>de</strong> dix-huit mois, due à<br />

l'intercession <strong><strong>de</strong>s</strong> Suisses,s'empressa d'envoyer ses ambassa<strong>de</strong>ursà Berne.<br />

Ils annoncèrent aux Bernois, le 4 mai, que <strong>les</strong> femmes et enfants <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Évangéliques fugitifs étaient libres, et.que leurs biens leur seraient rendus.<br />

Puis fls prièrent MM. <strong>de</strong> Berne <strong>de</strong> rappeler le duc Christopheau respect <strong><strong>de</strong>s</strong> traités (Voy. le Manuel <strong>de</strong> Berne du 4 mai 1537, et la lettre<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Bernois à François I et au duc,<strong>de</strong> Wurtemberg datée du mêmejour. Minute orig. Arch. bernoises).


226 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. i53t<br />

Jacques, il se corrigera plus vite <strong>de</strong> sa timidité, et je m'occuperai <strong>de</strong> lui autant que<br />

possible, maisje ne l'autoriserai a prêcher qu'après <strong><strong>de</strong>s</strong> épreuvessatisfaisantes.<br />

Gesseronest trop peu comnwnicatif avec nous. Panât résiste a tous <strong>les</strong> stimulants,<br />

et notre badli refuse d'admettre quiconque n'a pas été examiné et confirmé.<br />

Nos gens sont revenus récemment <strong>de</strong> Berne, ou ils ont rencontré <strong>les</strong> députés <strong>de</strong><br />

Lausanne et Caroli. Celui-ci s'est vanté d'avoir énergiquement soutenu <strong>de</strong>vant <strong>les</strong><br />

magistmts bernois le dogme impie qu'on lui reproche.<br />

J'ai promis aux paroissiens <strong>de</strong> MaxiUy <strong>de</strong> leur envoyer cette semaine un mi.<br />

nistre; ils l'atten<strong>de</strong>nt avec impatience. S'ù réunit <strong>les</strong> qualités requises, j'aurai bon<br />

espoir relativement a tous nos voisins, excepté ceux d'Évian. J'exhorte Saunier a<br />

se défaire <strong>de</strong> ses préventions <strong>dans</strong> un moment où nous avons si pen <strong>de</strong> pasteurs<br />

disponib<strong>les</strong>.<br />

S. Fi<strong>de</strong>i Co~afessiorem1 per occupationes ddi,«,encidsexcutere<br />

non licuit, mi frater; dabo operam ut propiùs expendam et cum<br />

Claudio latiùs communkem. Id enim summopere nobis praevi<strong>de</strong>ndum<br />

atque praecavendum. Claudius Jacobum 2 Ripalliis<strong><strong>de</strong>s</strong>i<strong>de</strong>rabat,<br />

priusquam hi tres fratres3 3 appellerent sed bonasspeihominem<br />

à studio avellendum non censeo, si modô acceperit quod<br />

impetravit. Alioqui jam formatos (si reperiantur) alere <strong>de</strong>bemus<br />

quàm formandos. Scio ilium potiùs ac familiariùs hic agere velie<br />

quàm isthic, atque i<strong>de</strong>o magis profecturum, a<strong>de</strong>mpto illo nimio<br />

pudore ac timore qui totum illum isthic obtosum et stupidum<br />

reddit. Si hnc remittendum consulitis, faciam quod in me fuerit,<br />

sed ad concionemnon admittam, nisi à vobis probatum, aut mihi<br />

probandum, si id concesseritis.<br />

Gesseronusnihil ampliùs nobis communicat, nescio an offensus,<br />

quôd prima fronte talem illum baud judicaverimus qualem se<br />

1 Onpourraitcroired'abordqu'il s'agit ici<strong>de</strong> la Confession<strong>de</strong> Foi <strong>de</strong><br />

TÉglisegenevoise, dontl'imprimeurWuigandKôlnlivra,le27avril suivant,<br />

1500exemplaires, foi durentêtredistribuésau peuple(Voy.le Reg.<strong>de</strong> Genèvedu<br />

ditjour).Maisunpassage<strong>de</strong> la lettre suivantemontreque Fabri<br />

veut parler <strong>de</strong> la confession<strong>de</strong> foispécialeque Farel, Cahrinet leurs<br />

collègues<strong>de</strong>vaientopposerprochainementaux accusations<strong>de</strong> Pierre-Caroli<br />

(N°628,renvoi<strong>de</strong> n. 9).<br />

9 Cepersonnage,dont nous ignoronsle nom<strong>de</strong> famille,se préparait<br />

à Genèveau saint ministère.Clau<strong>de</strong>(collègue<strong>de</strong> Fabri?) désiraitqu'il<br />

vint continuersesétu<strong><strong>de</strong>s</strong>au prieuré<strong>de</strong> Ripaille.<br />

8Les lettressubséquentesne donnentpas <strong>de</strong> renseignementsur ces<br />

troisfrères,quiétaientpeut-être<strong><strong>de</strong>s</strong> religieuxdéfroqués.<br />

4 Les antécé<strong>de</strong>nts<strong>de</strong> ce nouveaucandidat (oupasteur?) sontinconnus.


1537<br />

CHRISTOPHEFABRI A GUILLAUMEFAREL, A GENÈVE. 227<br />

existtimaf.Partoto» nnllisstimulis ad aratram adigipotest 5,et Prœfectus,juxta<br />

Bernatium edictum, quenquam admittere récusât, nisi<br />

prias à fratribus probatum ac Bernœ confirmatum.Nostri nuper<br />

illinc redieruût, qui tuarum literaram responsionem propè mittendam<br />

Gaudierant à pio Girono, qui nos omnes tan<strong>de</strong>m per eos salatat.<br />

Carolumcum Lausannensibus illic offén<strong>de</strong>rnntT, cui et exprobrarant<br />

coram multis dogma impiam quod se slrennuè in Senatu<br />

défendisse asserebat 8.<br />

De JMtM~Mc~MM&M~ i<strong>de</strong>m praedicoqaod F.~umentus.Vixcre<strong>de</strong>res<br />

quantum profecerint hae tametsi facati hominis nuptiae.Ministrum<br />

hac hebdoma<strong>de</strong>illue profectitrum (si fieri posset) Mis pottidtus<br />

sum, quem avidissimèexpetunt et expectant. Sed eum non modo<br />

pinrn ac doctum velim, venim et pni<strong>de</strong>ntem, benignom, patientem<br />

ac ciyflem qnalem si Dominas miserit, bene spero <strong>de</strong> circunwicinis<br />

omnibus, Aquianensibus10exceptis.Non potero mihi temperare<br />

quin Sonerium saltem literis admoueam<strong>de</strong>abjiciendisprivatis cqfectibus,<br />

sicut oportet in tam operosa necessititdine cui me<strong>de</strong>atur<br />

summas ille medicus ac pastorum princeps, sub quo tam anxiè<br />

militamus, ob pœnuriam istam; verùm ipse brevi succurret nobis<br />

-spintus vel numeri augmento, sicut Mosche, Heliae et aliis tali<br />

5 A compareravecla page 126,lignes8-11.<br />

Le Manueldu Conseil<strong>de</strong> Bernene dit rien <strong>de</strong> cettelettre <strong>de</strong> Farel<br />

•et<strong>de</strong> la réponsequi luifut faite.<br />

7 De ces paro<strong>les</strong> on peut inférer que le DocteurPierre Caroliétait<br />

-déjàà Bernele 15avril. C'est seulementà la date du 19 quele Manuel<br />

bernoismentionnel'audiencequilui fut accordée,commedéputédu Conseil<br />

<strong>de</strong> Lausanne(Voy.n. 8).<br />

8 On lit <strong>dans</strong>le Manuel<strong>de</strong> Berne du 19avril c Ceux<strong>de</strong> Lausanne,<br />

,par l'organe <strong>de</strong> Karoli, leur prédicant,remercientMesseigneurs. <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bienfaitsqu'ilsontreçusd'eux. et Os<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt,etc. (Traduitie l'allemand.)L'analyse<strong>de</strong><br />

celongdiscoursne contientpasunseulmot quisoit<br />

relatif au c dogme » imaginé par le premier-pasteur<strong>de</strong> Lausanne.<br />

9 n est ici question<strong><strong>de</strong>s</strong> habitants<strong>de</strong> Maxiïïy, villagesitué <strong>dans</strong>le<br />

nouveauterritoire<strong><strong>de</strong>s</strong> Vahasans,à une lieueE. d'Évian,et qui appartenait<br />

à Michel<strong>de</strong> Blonay,seigneurdu Crest.Celui-ciayantjuré fidélité<br />

.auxBernoisle6février1536,c'est-à-dire,avantque<strong>les</strong> Valaisanseussent<br />

-occupéla contréequi s'étend entre St.-Gingolphet la Dranse,Maxiïïy<br />

avait, à l'exemple<strong>de</strong> son seigneur,acceptéla Réformation(Voy.le N°<br />

558, n. 8. Le Chroniqueur,p. 286, 237,238. La lettre du 26mai<br />

1542).Michel<strong>de</strong>Blonayétait neveu<strong>de</strong> J.-R. NeegueU, bailli<strong>de</strong> Thonon;<br />

•cetteparentéexpliquebien.<strong><strong>de</strong>s</strong>.choses.<br />

10Les habitantsà'Évian.


228 JEANCALVINAPIERREVIRET,ALAUSANNE. 153T<br />

onere pressis.De tribus Ais nihil adhucscrïbere vaieo, cumGaudium<br />

adhuc non convenerint. Vale, salutatis omnibus. Joannez<br />

meus, qui augescit dietim, ac reliqui omnes te salutant. Tononiir<br />

20 Aprilis 1537.<br />

Tuas Christoforus Libertetus.<br />

(Inscriptio:) Chariss. fratri GulielmoFarello. Genevae.-<br />

628<br />

JEAN calvin à Pierre Viret, à Lausanne.<br />

De Genève, 23 avril (1537).<br />

Inédite. Autographe. Bibl. Publ. <strong>de</strong> Geaève. Vol. n° i06.<br />

Sommaire. Je n'avais rien <strong>de</strong> particulier à vous dire présentement, et c'est pour déférer<br />

an désir <strong>de</strong> Farel que je vous écris; il est donc probable que ma lettre sera unerépétition<br />

<strong>de</strong> la sienne.Commenous avons appris que le frère qui était prisonnier d<br />

Besançon a été mis en liberté, et que l'évique, indigné, est sorti <strong>de</strong> la ville, l'occasion<br />

<strong>de</strong> nous glisser <strong>dans</strong> la place nous a paru s'offrir d'elle-même. Un personnage<br />

natif du <strong>pays</strong> <strong>de</strong> Langre8, et qui était bien qualifiépour cette entreprise, a refusé <strong>de</strong><br />

s'en charger.Nousnous sommesdonc adressés à Jean <strong>de</strong> Tournay, <strong>dans</strong> la pensée que<br />

Froment le remplacerait à Aiylt,; il feindra un voyage<strong>de</strong> quelques jours &Genève*<br />

pour visiter <strong><strong>de</strong>s</strong> amis <strong>de</strong> France, et pendant cetemps il ira examiner si la moisson<br />

est mure [à Besançon).<br />

Pressez la convocationdu syno<strong>de</strong> et veillez Ace que tous <strong>les</strong> nôtres soient prêts.<br />

et bien*unis.n faut que, soit en présentant notre confession[sur la Trinité], soit en<br />

discutant, nous soyonstous parfaitement d'accord.<br />

Michaulx a quitté Genève,et, malgré nos protestations, il s'est installé pasteur<br />

&Aubonne, <strong>de</strong> sa propre autorité. Que <strong>de</strong>viendra notre ministère, si une pareille<br />

audace reste impunie? Votreretour me semble absolument nécessaire, si uous voulons<br />

soulager Farel, qui est accablé <strong>de</strong> dégoûts. M*<strong>de</strong> Haubnont projette un<br />

voyage en France; renvoyez-nous donc le vêtement et <strong>les</strong> livres qu'ou avait transportés<br />

i Lausanne.<br />

Ut nulla mihi scribendi materia se in praesensofferre vi<strong>de</strong>batar,.<br />

ita scribere minime institaeram, nisi Farello secùs visum esseL<br />

Ergo ejus postulation! ut satisfacerem, potiùs quàm quôd necessa-


1537 JEAN CALVIN A PIERRE VIRET, A LAUSANNE. 229<br />

t<br />

TÎnm esse ducerem, pennam in manum sumpsi. Non enim dubito,<br />

quin ompia literis suis l complectatur quœ venire mihi.in mentem<br />

poterunt.<br />

Cam nobis bonus quidam vir recitasset, scriptum sibi nuper<br />

fuisse,frairem illum qui Vesuntionein vinculis <strong>de</strong>tinebatur, magno<br />

populi consensu emissum et plané absolution3, cum jam antè in<br />

carcerem <strong>de</strong>trosos foret fonestnm et capitalem, è quo nemo unquam<br />

nisi ad supplicium extradas fait praetereaEpiscopum3,collectis<br />

vasis, indignabundom sese in vicinam arcem* récépissé,<br />

opportunitas illuc irrependi visa est nobis perquam idonea. Itaque<br />

Lingonemquemdam,qui tum in manibus a<strong>de</strong>rat, hominem optima<br />

et eruditione et morum suavitate praeditam,rogavimus, ut provinciam<br />

istam susciperet; sed quoniam adduci nullis precibus potuit,<br />

nos in Tornacensems respeximns, si qua ratione Aquilω evelli<br />

queat quod ipsum non fore nimis difficilearbitramnr, si Frumentus<br />

eô concesserit ad snstinendas ejus vices. Fingere enim licebit,<br />

accersititm esseGenevamad paucos dies ab AmicisGaUis,quotempore<br />

tentabit, an qua rima ad faciendam irruptionem pateat. Et si<br />

qui<strong>de</strong>m successerit, salva res est; sin vi<strong>de</strong>bit segetem nondum<br />

maturuisse, tempore se recipiet6.<br />

Tu insta quantum poteris, quô diem conventdsantevertamusT<br />

ad quem ut omnes nostri optimè comparati accedant,interim efflce.<br />

Nam ad versus tantam improbitatem 8 stare non possumus, nisi<br />

summa inter nos consensione cohaerentes.Quare et in e<strong>de</strong>nda confessione9,<br />

et in omni <strong>de</strong>liberatione, unam omnium vocem esse<br />

Cette lettre <strong>de</strong> Farel n'a pas été conservée.<br />

Lepersonnagequiavait été emprisonnéà Besançonétait sansdoute<br />

Pierre du Chemin(Voy.N°«605,609,626,n. 1).<br />

8 Cedoit être l'archevêqueAntoine<strong>de</strong> Vergy,quioccupale siége<strong>de</strong><br />

Besançon<strong>de</strong> 1502à 1541,et nonl'un <strong>de</strong> sesévêques-sufiragants.<br />

Le château<strong>de</strong> Gy(N°605,renvoi<strong>de</strong> note 8).<br />

Jean <strong>de</strong> Tournay,pasteurà Aigle.<br />

6 Nousignoronssi l'entreprisefut tentée.<br />

7 Voyezle N"611,note 11, et leN»631,note1.<br />

8 n s'agit <strong><strong>de</strong>s</strong> accusationsd'arianismelancéespar CarolicontreFarel,<br />

'Calvin,Vwetet plusieurs<strong>de</strong> leurs collègues.<br />

9 CetteConfessionfut présentéepar Calvinet sescollèguesau syno<strong>de</strong><br />

lui se réunit à Lausannele 14 mai suivant.Elle a été imprimée<strong>dans</strong><br />

la DefenaioOoXkun,1545,p. 39-45,et <strong>dans</strong><strong>les</strong>Épltres <strong>de</strong> Calvin,1575,<br />

p. 287-289,où elle est intitulée cCalvmiConfessio<strong>de</strong> Trinitatepropter<br />

«alumniasP. Caroli.»


230 JEANCALVINAPIERREVIRET,ALAUSANNE. 153T<br />

conveniet.Michelius10,universo fratrum collegio reclamante, à se><br />

uno lectus Albonœepiscopus n, hinc <strong>de</strong>migravit, nihil moratus plorimas<br />

fratrum obtestationes, quibus ipsum à cœptis usque a<strong>de</strong>6><br />

audacibus avocare conabantur. Si tale semel exemplum admissnm<br />

f<strong>de</strong>rit, quid erit nostrum ministerinm, nisi merum latrociniumî*<br />

De homine i<strong>de</strong>o taceo, quia obi primùm vi<strong>de</strong>ris, quid secum ferai<br />

facilèolfacies.<br />

Te nobisresHtui omnino necessariwnjudico, nisi Fareffum per-<strong>de</strong>re<br />

volumus,qui majori tœdioconficitur,quàm in pectus ilhid ferreum<br />

ca<strong>de</strong>re possearbitrabar. Ejus te monitum volai, quo <strong>de</strong> successore<br />

per ocium cogites 1S.Vereor enim ne chasmate peritura<br />

sit illa ecc<strong>les</strong>ia,si quid hiulcum in ea relinquamus. Dominus te novis<br />

subin<strong>de</strong> spiritus sui incrementis locnpletet, frater amicissime!<br />

Dominus zb Alto Monte <strong>de</strong> petenda Gallia consilium captât1*^<br />

I<strong>de</strong>o, si vectorem fîdom et idoneum nactus fueris, vestem et quidquid<br />

librorum allatum faerat, remittes ts. Salatat te ipse, Sonneriu&<br />

et Cognatusls. Genevae,23 April.(U&7.)<br />

Calvinus.<br />

(Inscriptio ) Vireto, fratri mihichariss. Lausannensis ecc<strong>les</strong>i»<br />

ministro 11.<br />

10 Voyezla note 12.<br />

11Les pasteurs<strong>de</strong> Genève,ou ceux<strong>de</strong> la classe<strong>de</strong> Marges?<br />

Gil<strong>les</strong>Mkhauîx (en latin JEgidiusMicheliusou Mchaëlins),origi-naire<strong>de</strong><br />

France,fut le premierdiacretfAubonne(Voy.Ruchat,IV, 409).<br />

18n ne parait pas que Viretait sérieusementsongéà se faireremplacer<br />

pourquelquetempsà Lausanne.<br />

u Louisdu Tïïïet,qui estici appeléM' <strong>de</strong> Haulmont,quittala Suisseau<br />

moisd'août 1537.<br />

15 Cepassage,rapproché<strong>de</strong> la fin du No624,renvois<strong>de</strong> notes7-10,.<br />

permet<strong>de</strong> croirequeM*<strong>de</strong>Haulmonts'était propre?<strong>de</strong> faireun séjour à<br />

Lausanne.<br />

ie Jean Cousin,dont nousignorons<strong>les</strong> antécé<strong>de</strong>nts,n <strong>de</strong>vintpasteur<strong>dans</strong><br />

le Pays<strong>de</strong> Vaud.<br />

17 La lettre porte l'empreintedu cachet<strong>de</strong> Farel.


1537 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 231<br />

629<br />

CHRISTOPHEF abri à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 27 avril 1537.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaire. Veuille le Seigneur mesurer nos forces 4 la difficulté <strong>de</strong> notre tâche, et<br />

déjouer <strong>les</strong> rases <strong>de</strong> ceuxqui nous calomnient Les mala<strong><strong>de</strong>s</strong> m'appellent <strong>de</strong> tons<br />

côtés, ce qui, joint à mes antres occupations,ne me permet pas <strong>de</strong> vous écrire lon-<br />

guement je préfère vous communiquer la lettre <strong>de</strong> Viret, et je lui enverrai la<br />

vôtre. Mais à quoi servent tous nos efforts, puisque notre syno<strong>de</strong> ne sera .probable*<br />

ment pas convoquéavant celui <strong>de</strong> Berne t<br />

Je serais assez d'avis que <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux Franciscains jetassent le froc a Lausanne,<br />

pour attaquer ensuite avec vigueur l'Ordre à qui l'idolâtrie doit tous ses progrès.<br />

Jean a fait ici une abjuration publique; je recomman<strong>de</strong>rai Jacques a votre frère.<br />

Quant a Bacchus [Déni»Lambert], il me semble expédient que son affaire soit examinée<br />

<strong>dans</strong> le syno<strong>de</strong>.<br />

Hier, j'ai fait une promena<strong>de</strong> à ffipa&e avec le Bailli et sa famille. Si Virei<br />

traversait le lac <strong>de</strong>main ou la semaine prochaine, je vous enverrais un cheval, afin<br />

que vous veniez le rejoindre à Thonon; je pourrais alors prêcher dimanche<strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

villages. J'ai vainement essayé jusqu'ici d'obtenir un traitement pour <strong>les</strong> trois ou<br />

quatre collaborateurs dontj'aurais besoin tAchezcependant <strong>de</strong> me <strong>les</strong> procurer. Les<br />

gens sages trouvent que le <strong>de</strong>rnier man<strong>de</strong>ment du bailli est trop sévère.<br />

S.[alutem] et pacem ab optimo Patre nostro, per Dominum Jesum<br />

Cliristura, qui vires juxta modum oneris et afflictionisdiariae<br />

nobis addat, tantun<strong>de</strong>m auferendo ab us qui dolosè, supraquam<br />

cogitare unquam potuissemus, ipsins tractant negocium et opus,<br />

quô minus cursum pionun revocent et minus calumnientur 1 Sic<br />

tan<strong>de</strong>mfiet.<br />

Mittotibi quas ad me scripsit literas Viretos,quôd ea qu» tractant<br />

te scire conveniat, nec referre Ucet per, otium. Heri Scriba<br />

noslerhinc solvit, quem hodie soluturum sperabamus. Quamobrem<br />

1 Onne possè<strong>de</strong>pas cettelettre <strong>de</strong> Viret.


232 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. i 537<br />

,wn"nfnn ml: .IJC .n,. ~+.a. ~1:<br />

per œgrotos qui me, alioqui abondé occupatum, tantopere distrahunt,<br />

tam subitô scribere non lîcnit.Literas tuas cum aliis ad Viretum<br />

mittam, hac lege ut remittat, si tabellarimn non repererit;<br />

nam frequenter hinc Bernam itur. At quid proficimus? Puto diem<br />

Dobishaud priùs indicturos Bernates,quàm more suo in Maioconvenerint2.<br />

Audio sanè quod in proverbio est, in eurru trahendo<br />

plus revocat intractabilis equus, quàm multi alii, vel ad sudorem<br />

et lassitudinem usque conantes, pergere valeant. Sed optimum<br />

habemus aarigam, qui flagello in ordinem redigere hujusmodi<br />

oportunè novit, vel omnino expungere.<br />

Nonimprobarim consilium <strong>de</strong> duobusfranciscains3, ut Lausannœ<br />

cucul[l]um exuerent, sed non solùm pontificia damnarent, verumetiam<br />

toti in Rabbinos et capitiatos ferrenlur, quôd ex illorum<br />

fermento quicquid est erroris et idololatriœobortum sit. De Joanne<br />

qui hîc conversionem suam publicè testatus est, Frwnentus<br />

omnia referre potest meliùs quàm ipse (lui aberam. Jacobumfra~<br />

tri T commendabo, ut scribis. Canaicum 8 jam admonui, sed omnia<br />

negavit, nisi quandamleviora quorum tamen illumpublicè argui,<br />

sed leniter, quôd aliquantula spes sit <strong>de</strong> eo. Bacchi9 negociumin<br />

conventum proximum differendiim putarim, nonnullis rationibus<br />

quas nunc scribere non licet. Miror quôd pel<strong>les</strong> isthic non reperiri<br />

audiam. Rogo te, ut peccuniis quas misi qua<strong>les</strong>cunque emantur,<br />

modo libri illis <strong>de</strong>center operiri possint; nisi crastino die hue mittantur,<br />

vereor ne libri incompacti mihi relinquantur.<br />

Heri Prœfectw, cum uxore et domesticis, nobiscum expatiatus<br />

est Ripaliis,ubi oportunè multa, prœsertim <strong>de</strong> fratre, contulimus.Si<br />

Viretus in thononiensibus navibus cras huc transnavigare volet 10,<br />

aut proxima hebdoma<strong>de</strong>, si potiùs licuerit, equum ad te mittam, si<br />

jusseris. Utinam nterque hic proximo die dominico essetis! Multi<br />

Cefut le contrairequi arriva, le syno<strong>de</strong><strong>de</strong> Berne ayant été convoquéaprèscelui<strong>de</strong><br />

Lausanne.<br />

Les noms<strong>de</strong> ces<strong>de</strong>uxFranciscainsnoussontinconnus.<br />

4 Est-ceuneallusionaux Capucins?<br />

Nous n'avonspas <strong>de</strong> renseignementsur ce personnage.<br />

Voyez le N° 627,renvoi<strong>de</strong> note 2.<br />

7 Clau<strong>de</strong>Farel, administrateur<strong>de</strong> Ripaille.<br />

8 Encoreun personnageinconnu.<br />

9 BernaLambert, qui était pasteur à Végi<strong>de</strong>puis le milieud'août<br />

1536(Voy.le N° 588,renvoi<strong>de</strong> note 1, et le Manuel<strong>de</strong> Berne du 6<br />

août 1536).<br />

10 Le 28 avril 1537fut un samedi(Voy.N° 589,n. 8).


1537 -6. JEAN CALVIN A PIERRE VIRET, vaaaen a, [A L'""7.m.o.'I¡''I'J.<br />

LAUSANNE], 233 -vU'<br />

ex rusticis fraction in<strong>de</strong> perciperent, quos alioqui invisere non poterimus.<br />

Jam toties ean<strong>de</strong>m cantilenam canere cogor, ntcnnque<br />

nihil ministris provi<strong>de</strong>atur; sed spero in Dominome suppeditaturam<br />

tribus aut 4 coopérante, si eos hue miseritis, donec <strong>de</strong>mensum<br />

extorquere poterimns. Urgemus ferè nimis ut noviss.[imum] Prœfecti<br />

mandatum impleamus, sed id plus aequo violentum in tempore<br />

hoc vi<strong>de</strong>tur multis non omnino impra<strong>de</strong>ntibus. Alind impetravi<br />

mandatum pro expensis discursurorum. Vale,salutato Calvino,<br />

Ab alto Morte, Olivetano, Frumento et reliquis omnibus. Omnes<br />

vicissim vos salutant. Tononü, 27 Apr. 1537.<br />

Remitte mihi Vireti literas cum pellibus.<br />

Tuus Christof. Ljbert.[etus].<br />

(inscripUo ) Gulielmo Farello suo. Genevae.<br />

630<br />

JEAN calvdt à Pierre Viret. [à Lausanne].<br />

De Genève, 3 mai (1537).<br />

Inédite. Copie contemporaine Bibî. Publ. <strong>de</strong> Genève. Vol. n° 111 a.<br />

Sohmaibe. Nous n'avons pas reçu votre lettre, et Gindron, qui en était le porteur,<br />

affirme que Jacques l'a reprise <strong>de</strong> ses mJns.<br />

Nous désirons nous entretenir avec vons aussitôt que possible. Si vous pouviez<br />

traverser le lac samedi, et prêcher dimanche à la place <strong>de</strong> Christophe[Fàbri\, nous<br />

aurions notre entrevue lundi, d Thonon. Vous me feriez plaisir en apportant <strong>les</strong><br />

commentaires <strong>de</strong> Bucer, mais gar<strong>de</strong>z le reste du bagage jusqu'au moment où le<br />

départ [<strong>de</strong>Jf <strong>de</strong> Eavlmont] pour la France sera décidé.<br />

S. Literaequibus omnia fusiùs te prosecutum nuper scripsisti, ad<br />

nos non pervenerunt. Gendronius, hujus frater a, à nobis ea <strong>de</strong> re<br />

1Elle se trouve<strong>dans</strong>une collection<strong>de</strong>copies<strong><strong>de</strong>s</strong>lettresfamilières<strong>de</strong><br />

CaMnqui a été fait»,après 1564,par Charte <strong>de</strong> Jonvilliers,amidu Réformateur.L'adresse«Ad<br />

Viretum,» placéeen tête, a dû être abrégée<br />

par le copiste.<br />

2 n s'agit <strong><strong>de</strong>s</strong> frères Ghtidoet FrançoisGindron<strong>de</strong> Lausanne. Le<br />

Manuel<strong>de</strong> leur ville natalementionnele premiercomme.ayant été élu


234 w~ JEANCALVINAPIERREVIRET,[a 7 L---J_ LAUSANNE]. 1537<br />

appellatus, testatus est sibi qui<strong>de</strong>m semel datas fuisse, sed postea<br />

per Jaco~MB*3 repetitas. Ad<strong>de</strong>bat etiam injectam ex eo sibi faisse<br />

quandam snspitionem, ac si <strong>de</strong> sua fi<strong>de</strong> dnbitares.<br />

Colloquendi facultatem prima qtiaqtie occasione dari nobis expetimm<br />

Tn si Sabbatho navem conscen<strong>de</strong>res, quo die ordinarins est<br />

trajectus 5, posset tua opera non mediocriter juvare Ch.ristaphort6rra<br />

die Dominico, qui suam in alias ecc<strong>les</strong>ias conferret 6. Nos, <strong>de</strong> tuo ad-<br />

ventn certiores facti, die Lnnae «ffttc^onveniremus.Vi<strong>de</strong>bis ergo an<br />

tot diernm imlncias obtinere à collega possis quot Qli nUro sis con-<br />

cessants, quoties illi visam fuerit. Milii gratum fuerit, si teciun<br />

Buceti cana-menta~r~os' atteras. Retiquam supellectilem asservabis,<br />

donec fuerit nobis <strong>de</strong> Gallica profectione l0 aliquid constittitum.<br />

Vale. Farelhts et D. ab Alto Mante tibi prosperam navigationem<br />

preca[n]tur. Geneva?, o Nonas Maias (i§37 u).<br />

Calvous tuus.<br />

banneret <strong><strong>de</strong>s</strong> Lausannois qui <strong>de</strong>vaient, en septembre 1534, marcher an<br />

secours <strong>de</strong> Genève. Le second, ancien prêtre, avait déclaré aux commissaires<br />

bernois, le 16 février 1537, qu'il acceptait la Réforme (Communication<br />

<strong>de</strong> M. Ernest Chs-vannes).<br />

3 Ce personnage nous est inconnu.<br />

4 L'entrevue que désiraient Farel et Calvin était sans doute <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée<br />

à fixer, <strong>de</strong> concert avec Viret, la ligne <strong>de</strong> conduite qu'ils suivraient au<br />

prochain syno<strong>de</strong>. Ils ignoraient peut-être encore, le 3 mai, que Berne avait<br />

convoqué cette assemblée pour le 14 du même mois à Lausanne mais<br />

ils en forent instruits, le 5, par le'Cmseil <strong>de</strong> Genève, qui <strong>les</strong> invita à se<br />

rendre au syno<strong>de</strong> susmentionné (Yoy. ta lettre <strong><strong>de</strong>s</strong> Bernois du 30 avril à<br />

tous leurs baillis du <strong>pays</strong> romand. Veutsche Missiven-Buch. Arch. <strong>de</strong><br />

Berne. Registre <strong>de</strong> Genève du 5 mai 1537).<br />

6 Le trajet <strong>de</strong> Lausanne à Thonon (Voy. N° 589, n. 8).<br />

8 Voyez.la lettre <strong>de</strong> Christophe Fabri du 27 avril.<br />

7 AThonon, où l'entrevue projetée aurait lieu le lundi 7 mai.<br />

8 Pierre Caroli, preraier-pasteuB <strong>de</strong> Lausanne. n ne fut <strong><strong>de</strong>s</strong>titué qu'au<br />

mois <strong>de</strong> juin 1537, et Viret, qui lui succéda, n'obtint un diacre que vers<br />

la fin <strong>de</strong> juillet, même année.<br />

9 Le commentaire <strong>de</strong> Bucer sur <strong>les</strong> Psaumes, ou ses Enarrationesin quatuor<br />

Evangelia? La phrase suivante permet <strong>de</strong> croire que le livre <strong>de</strong>mandé<br />

appartenait à Louis du Tiîlet, seigneur <strong>de</strong> Haulmont.<br />

10 De ces paro<strong>les</strong> il ne résulte nullement, comme l'affirme Senebier<br />

(CatUogue <strong><strong>de</strong>s</strong> Manuscrits <strong>de</strong> la Bibl. <strong>de</strong> Genève, 1779, p. 250), que le<br />

Réformateur parle c <strong>de</strong> son prochain départ pour la France. » T,a lettre<br />

<strong>de</strong> Calvin du 23 avril (N° 628, renv. <strong>de</strong> n. 14) prouve, au contraire, qu'il<br />

s'agit ici du voyage <strong>de</strong> Louis du Tillet.<br />

11 La lettre-appartient certainement à l'année 1537. Le 3 mai 1536,<br />

Calvin n'était pas encore à Genève; le 3 mai 1538,il n'y était plus.


f 537 G. MEGANDER A H. BULLEVGER ET A LÉON JUDE, A ZURICH. 233<br />

631<br />

GASPARDMEGANDERà Henri Bullinger et à Léon Ju<strong>de</strong>,<br />

à Zurich.<br />

De Berne, 22 mai 1537.<br />

Inédite. Autographe. Archives <strong>de</strong> Zurich. Copie mo<strong>de</strong>rne <strong>dans</strong> la<br />

CollectionSimler.<br />

Résultats du Syno<strong>de</strong>réuni à Lausanne le 14 mai. Une nouvelle assemblée<br />

est convoquéeà Berne.<br />

Synodus fratrum Galhrum <strong>de</strong>cimo quarto Maii,me pressente,<br />

Lmtsannœcelebrata atque felicissimètransacta est l. Clauditis<br />

Sabaud~s Arianismum revocavit. Fareldzds,Calvinussmultique alii<br />

fratres, viri pii ac doctissimi,malo hujus hœresis iniquiùs aspersi<br />

et insimulati sunt 3.Carolw, qui hanc tragœdiam movit, non ob<br />

eam solùm, sed impia, vana et rara cpiœdani alia, communibus<br />

fratrum suffragüs munere suo privatus est. Non dubito Dominos<br />

quoque hanc fratrum sententiam adprobaturos Synodusitem co-<br />

4 Voyez la lettre <strong>de</strong> Berne du 7 juin suivant.


236 GmLLAmŒ FAREL AU CONSEIL DE GENÈVE. 153 ï<br />

~M AM~A~WM ~WA~~M~t~M t~Vt~~t~ ~W~FtVtC~ Tt~TtVttt~n~~ enh nnnfn<br />

getur in urbem nostram, hujus mensis penultimâ, sub noctu,<br />

propter caussam Sebastiani*. Quàm turbarit miser homo ecc<strong>les</strong>iam,<br />

haud dubiè magno cum dolore brevi audietis. Cuperem alterum<br />

vestrum synodo nostra nobiscum esse. Operam dabimus ne<br />

scindamur. Orate Deum hune fortitudinis ac pacis, ut efficiat qaô<br />

nihil adfectn,sed omnia juxta suam voluntatem perficiamos. Bene<br />

valete. Berœe, xxn Maii,anno 1537.<br />

MEGANDER totns vester.<br />

(Inscriptio:) Ballingero ac Leoni, viris piis et doctissimis,amicis<br />

et fratribus suis observandissimis.<br />

632<br />

GUILLAUMEFAREL au Conseil <strong>de</strong> Genève.<br />

De Berne, 29 mai 1537.<br />

Inédite. Autographe. Bibl. Publique <strong>de</strong> Genève.<br />

Sommaire. Farel s'excuse d'avoir gardé si longtemps le cheval <strong>de</strong> M. Morelet, et il<br />

prio <strong>les</strong> Syndics d'en fournir un autre à ce personnage.<br />

La grâce, paix et miséricor<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu, nostre bon père, par<br />

nostre Seigneur Jésus, son seul filz1<br />

Messieurs, j'ay entendu comment Monsieur Morlet1 a besoing<br />

<strong>de</strong> son cheval, lequel ne pensoye tant gar<strong>de</strong>r, mais espérant <strong>de</strong><br />

jour en jour partir', l'ay gardé jusques à présent, et <strong>de</strong> [le]luy en-<br />

6 SébastienMayer,pasteur<strong>de</strong> la ville<strong>de</strong> Berne(Voy.NM128,n. 15;<br />

183,n. 28; 640,n. 7). Exilé<strong>de</strong> cetteville le 26 octobre1524,il y avait<br />

été rappelépourremplacerBertholdHaller, mort le 25 février1536.<br />

1 Moreletdu Museau,quiétait arrivéà Genèveenjuillet 1536.<br />

J n paraitque Farel n'était pas retournéà Genèveaprèsle syno<strong>de</strong>4e<br />

Lausanne.On lit, du moins,<strong>dans</strong> le Registre <strong>de</strong> Genèvedu 24 mai<br />

«M. le maistreJ3avoyest revenu <strong>de</strong> Berne.[Il] rapporte que maistre<br />

tftitH. Farel <strong>de</strong>man<strong>de</strong>qu'on luy envoyeà Berne maistre Cauvmpour


1537<br />

GUILLAUME FAREL AU CONSEIL DE GENÈVE. 237<br />

voyer, il sera las quant sera arrivé, et sera fâcherie à ce bon personnaige.<br />

Par quoy sera vostre bon plaisir luy trouver une monture<br />

jusques à Lausanne, et Lundy au soir 3il trouvera sa monture,<br />

et je prandray celle qu'il aura amainée, et ce a semblé le<br />

plus commo<strong>de</strong> pour tous <strong>de</strong>ux; car aussy bien ne sauroit-on si<br />

tost amainer cheval comme j'espoire [que]m'en pouray retourner;<br />

et vous savez que le temps ne porte pas due soyons si long temps<br />

absent 4.Pourtant je vous prie que vostre bon plaisir [soit]donner<br />

si bon ordre, que le dict Morlet puysse avoir monture, et avoir<br />

esgard qu'elle soit commo<strong>de</strong> pour Iuy, car Calvinus luy avoit promis<br />

qu'il n'y auroit faulte que la sienne ne luy fût renvoyé <strong>dans</strong><br />

dimenche. Quant l'on sera <strong>de</strong> par <strong>de</strong>là, <strong>de</strong> tout serés advertis5.<br />

Priant le Seigneur vous avoir en_sa gar<strong>de</strong> et protection. Calvinus<br />

et Viret vous saluent. De Berne, ce 29 <strong>de</strong> May 1537.<br />

Vostre humble serviteur en nostre Seigneur Jésus,<br />

Farel.<br />

(Suscription:) A Messeigneurs Messieurs <strong>les</strong> Syndiques <strong>de</strong> Genève.<br />

quelquejournéequ'il y a à disputer.Est résoluqu'il aile. > D'après Rachat,<br />

IV, 399,Farel setrouvait,vers la fin <strong>de</strong> mai1537,à Moudon,où<br />

le Conseil<strong>de</strong> la villelui envoyale vind'honneur.<br />

SLe lundi4 juin. Le procès-verbaldu Conseil<strong>de</strong> Genèvedu 5 juin<br />

1537renfermece quisuit «Le seigneurMorletexposecomment il veult<br />

partir d'ycy pour <strong>de</strong>uxmoys,[et] supplieluy laisser la maisonpourle<br />

dicttemps.n lairra ung homme<strong>de</strong> bien dict Gastan,pour gar<strong>de</strong>r noz<br />

mob<strong>les</strong>et <strong>les</strong>siens,et veultsatisfairedu sallaire.Arresté,le tout luy est<br />

accordé.»<br />

4Farel et Calvinne durent pas être <strong>de</strong> retour à Genèveavantle II<br />

juin, puisqu'ilsse trouvaientencoreà Bernele 7 du mêmemois(Voy.le<br />

3» suivant).<br />

6<br />

C'est-à-dire,<strong>de</strong> tout ce quiaurait été fait au syno<strong>de</strong><strong>de</strong>-Berne.Cette<br />

assemblée<strong>de</strong>vait se-réunir le len<strong>de</strong>main(Voyezla lettre <strong><strong>de</strong>s</strong> Bernois<br />

adresséeà leurs baillisle 19 mai 1537.TeutscheMissiven-Buch.Arch.<br />

<strong>de</strong> Berne).


23*<br />

LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE LAUSANNE. 1537<br />

635<br />

LE CONSEILDE BERNE au Conseil <strong>de</strong> Lausanne.<br />

De Berne, 7 juin 1537.<br />

Inédite. Manuscrit original. Archives <strong>de</strong> Lausanne.<br />

Sommaire. BerneannonceauxLausannois que<strong>les</strong>accusations <strong>de</strong>PierreCarolicontre<br />

Farelet sescollègues ayantétéjugéescalomnieuses, et sadoctrineanti-évangélique,il<br />

est<strong><strong>de</strong>s</strong>titué<strong><strong>de</strong>s</strong>esfonctions àLausanne, où Viretprendrasaplace.<br />

Nob<strong>les</strong>,pru<strong>dans</strong>, chiers et féaulx! Âffinque feussiés aulcugnement<br />

informé du cas <strong>de</strong> Caroli (combien qu'espérons le comprendrés<br />

bien plus au long par <strong>les</strong> ministres qui sont estés ici avecq<br />

luy), vous advertissons que, pour gros blâmes et vitupères qu'il<br />

avoyt imposé tant à maistre Guillame Farel, Viret, Calvinus, que<br />

aultres, <strong>les</strong>quieulx ilz n'a peuz trouver [l. prouver] véritab<strong>les</strong>, ains<br />

tout le contrayre, sus cestuysyno<strong>de</strong>ici tenus, voyre que sa doctrine<br />

s'est aussy trouvée dissonante à la vérité évangélicque1, Nousa<br />

semblé fort estrange, avoyr congneuz sa qualité, qu'il <strong>de</strong>ust estre<br />

préfect d'une sy belle église qu'est Lausanne, voyre <strong>de</strong> toutes<br />

cel<strong>les</strong> tenantes la loy apostolicque.Pourquoy l'avons démis <strong>de</strong> tel<br />

ministère et <strong>de</strong>ffendu <strong>de</strong> non plus prêcher en lieu quelconque <strong>de</strong><br />

nostre gouvernance et régiment. Dont ne 1uypresterés plus <strong>de</strong><br />

audience,ains à maistre Pierre Viret, lequel y procè<strong>de</strong> féablement,<br />

comme c'est trouvé, et lequel vous recommandons'.<br />

De Berne, vn&Junii, anno, etc., xxxvu0.<br />

L'ADVOYERet Conseil DE Berne.<br />

(Suscription:) A Nob<strong>les</strong>,pru<strong>dans</strong>,nous chiers et féaulx Burguemeistre<br />

et Conseil<strong>de</strong> Lausanne.<br />

1 Voyez,sur le syno<strong>de</strong><strong>de</strong> Berne,qui fut réuni du 31 mai an 5 juin<br />

environ,la DefensioGattasii,p. 66-89,Rachat, V, 16, 16, 80-38,et la<br />

lettre suivante.Ce fut seulementle samedi2 juin et le len<strong>de</strong>mainque<br />

cetteassemblées'occupa<strong>de</strong> l'affaire<strong>de</strong> Caroli(Voy.le Manuel<strong>de</strong> Berne<br />

auxfdatesprécitées).<br />

Viret,Farel et Calvinse trouvaientencoreà Bernele 7 juin.Ils <strong>de</strong>-


1537 JEANCALVINASIMONGRYN/EUS, ABALE. 239<br />

654<br />

jean calvin à Simon Grynœus, à Baie.<br />

De Berne, (7 on 8 juin 1537).<br />

J. Calvini Epistolae et Responsa. Genevae, 1575, p. 362.<br />

Sommaire. Nous avons reconnu <strong>les</strong> ruses <strong>de</strong> Satan <strong>dans</strong> l'attaque récemmentdirigée<br />

contre nous par Caroli, et nous n'avons pas en trop <strong>de</strong> peine à la repousser.Lors-<br />

qu'il a prétendu que nous étions ariens, nous lui avons présenté notre catéchisme,<br />

publié <strong>de</strong>rnièrement enfrançais, et <strong>dans</strong> lequel nous proclamons que Christ possè<strong>de</strong>,<br />

<strong>de</strong> tonte éternité, l'essence divine. Cet argument n'ayant pas satisfait notre adversaire,<br />

nousavons <strong>de</strong>mandé a nousdéfendre <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> ministres du territoire bernois.<br />

Le Syno<strong>de</strong> s'est premièrement réuni à Lausanne, et, après avoir constaté <strong>les</strong><br />

mensonges<strong>de</strong> Caroli, il l'a déposé du ministère et nous a déclarés absous. Notre<br />

confession<strong>de</strong> foi a été jugée irréprochable. Nous n'en avons pas moins éprouvé nne<br />

gran<strong>de</strong> douleur, lorsque <strong>les</strong> lettres <strong>de</strong> Myconiuset <strong>de</strong> Capiton,adressées an Syno<strong>de</strong>,<br />

nous ont fait connaître ce qu'on disait an loin <strong>de</strong> notre différend avec Caroli.Jamais<br />

nous n'aurions penséqu'on pût nous accuser <strong>de</strong> mettre en doute le point capital <strong>de</strong><br />

notre religion. Nous espérons cependant que la vérité viendra au jour. Déjà le calomniateur<br />

est exilé, et c'est en vain qu'il veut se faire passer pour un martyr <strong>de</strong> la<br />

Foi. Je vousenvoie un exemplaire <strong>de</strong> notre Confession, en vous priant <strong>de</strong> la com-<br />

muniquer à vos collègues. H importe gran<strong>de</strong>ment qu'ils ne soient pas égarés par <strong>de</strong><br />

faux bruits.<br />

Quando mirificas et propè incredibi<strong>les</strong> esse Satanae artes, quibus<br />

unà cum opere nostro assiduè nos impetit, satis jam experti sa-<br />

mus, minimè nos fefellit malitiosa ejus vafricies, qua nos per Ca-<br />

rolum saum nuper adortus est. Nam et ejusmodi certamina omnia<br />

mandèrent, ce jour-là, au Conseil <strong><strong>de</strong>s</strong> «lettres testimonia<strong>les</strong> <strong>de</strong> leur innocence.<br />

» L'original <strong>de</strong> cette pièce, datée du 7 juin 1537, existe parmi <strong>les</strong><br />

manuscrits <strong>de</strong> la Bibliothèque Publique <strong>de</strong> Genève, volume n° 145. Elle<br />

est reproduite <strong>dans</strong> le tome V <strong>de</strong> Ruchat, p. 89-40. C'est par méprise<br />

que, <strong>dans</strong> le tome IV, p. 421, cet auteur place au 29 juin la <strong><strong>de</strong>s</strong>titution<br />

<strong>de</strong> Caroli.<br />

1 Voyez la note 13.


240 JEAN CALVIN A SIMON GRYN-EUS, A BALE. 1537<br />

multô antè opinione conceperamus 2, et ad ea sustinenda eramus<br />

animo parati. Itaque cum Arrianœ prirnùm kœreseos,pattlô post<br />

etiamSabellianœinsimulari nos audivimus,nihil nos istorum val<strong>de</strong><br />

perturbavit, cum et ad ta<strong>les</strong> calnmnias aures nostrcepri<strong>de</strong>m obduruissent,<br />

et spes certa esset, in fnmum mox exituras. Purgationen<br />

duntaxat quœ prœ manibus erat oèjecimus3, qua piis omnibus ac<br />

integiis viris satisfieri abundè posset. Cùnscriptus enim aliquanto<br />

antè catechismitsà nobis fuerat, Gallicèetiam editiis ubi sub una<br />

Dei essentia nos Patrem, Filium et Spiritum complecti testabamur<br />

alterum tamen ab altero sic distingaebamus, ne quis sinistrœ suspicioni<br />

locus relinqueretur. Christum nempe docebamas veram et<br />

naturalem esse Dei Filiuin, (lui unam cum Patre divinitatem ab<br />

aeternopossedisset,carnem nostram suscepisset,secundùm tempus<br />

re<strong>de</strong>mptioni nostne <strong><strong>de</strong>s</strong>tinatum.<br />

Cùm pergeret rabiosa illa bestia, conventionMinistrorum totius<br />

Bernensis ditionis dari nobis petiimus, apud quem innocentiam<br />

nostram <strong>de</strong>fen<strong>de</strong>remus. Fratres Gallicœlinguœ prids Lausannam<br />

coacti sunt5, cpiô etiam duo è Senatu Bernensi ac Ministri duo<br />

missi sunt. Quœcunque conflari mendacia potuerant, bonus Me vir<br />

in unum fasciculum collegit. Venerat enim ad accusationem instructos,<br />

quomodo jurisconsultiprœcipiunt, nempe cum sacco paratas.<br />

Verùm totum illum saccum nostra refutatione sic exhausimns,<br />

ut ne minima qui<strong>de</strong>m suspicio in hominum animis resi<strong>de</strong>ret. Demum<br />

ventum est ad nostrœ confessionis6recitationem, in qua <strong>de</strong>cem<br />

circiter errores ipse qui<strong>de</strong>m animadvertit; aliipenè omnes T<br />

nihil non pium esse ac sanctum judicarunt. Ita nos Synodi senten-<br />

a Pendant sonséjourà Bâle (1536),Caroliavait déjà mis en doute<br />

l'orthodoxie<strong>de</strong> Fard (Voy.N° 533,renvois<strong>de</strong> note8-10).<br />

a C'était à Lausanne,vers le milieu <strong>de</strong> février 1537,que Calvinet<br />

Viret avaientprésentécette apologieaux commissairesbernois (Voy.<br />

N»610,n. 7, 12).<br />

VoyezN°610, notes8-10.<br />

6<br />

VoyezN° 631,note 1.<br />

Nous avons:donnéplushaut quelquesrenseignementssurcette Confession<strong>de</strong><br />

foi(N°628,n. 9).<br />

7 Carolieut <strong><strong>de</strong>s</strong> partisans au syno<strong>de</strong><strong>de</strong> Lausanne.Nouslisons,en<br />

effet,<strong>dans</strong> la DtfensioGdiïasii,p. 59 « Calumnia omniumatrocis.<br />

simaest, ubihanc sententiamimpugnat[Carolus]:Christumsemperà se<br />

ipsohabuisseut esset.In quoeumnonnullialii, nihiliqui<strong>de</strong>mhomines.<br />

seqtratisunt. È quorumnumeroest quidamfurciferflli simillimus,quise<br />

Cortesitmnominat*. »


1 537 JEANCALVINA SIMONGRYN/EU5,A.BALE. 241<br />

tiâ fdimus absoluti, alle indignus judicatus, qui ministerio fungeretur8.<br />

Tali exitu nihila <strong>de</strong>missiorem factum arguit perpetua ejus<br />

impu<strong>de</strong>ntia: Saccum fllom futilem, magis qaàm antea refertum<br />

attulit. Ubià nobis excnssa omnia fuerunt, quibus suspicionem aliquam<br />

<strong>de</strong> tempore praeterito injicere conabatur, producta est coufessionis<br />

nostrœ forma, quae, omnibus alüs criminibus absoluta,<br />

uno dnntaxat capite rea fiebat, quôd Christus illic affirmatur ille<br />

esse Jehovah qui à seipso semper kabuit at esset quam criminationem<br />

discutere promptum fait 9.Nam si distinctio spectatur quae<br />

est inter Patrem et Verbum, hune ab Mo esse dicemos. Si autem<br />

Verbi essentia consi<strong>de</strong>ratur, quatenus unus est cum Pâtre Deus,<br />

quidquid dici <strong>de</strong> Deo potest in illum competit. Jamquid nomen<br />

Jehovahsignificat? Quid? Illud quod Mosidictum fait « Ego sum<br />

qui sum. Hujus dicti Christum auctorem facit Paulus.<br />

Apud te qui<strong>de</strong>m, piosque omnes, in approbanda ejus sententiae<br />

veritate non laboramus sed noluimus tacitam praeteriri perditi<br />

hujus calnmniatoris malignitatem, ne quidquam ad vos, secùs<br />

([uàmres haberet, rumor <strong>de</strong>ferret. Nihil enim dici apertios poterat<br />

qaàm habet nostra confessio < Christum Sermonem esse illum<br />

aeternum ex Patre ante saecula genitum. Verùm nisi duplicem<br />

Deum comminisci libet, <strong>de</strong> ejus essentia disseramns oportet non<br />

aliter ac <strong>de</strong> unios Dei essentia. Atque hac ratione, cui non satisfaceret,<br />

nemo praeter ipsom repertus est. Fratres, ut dignam erat<br />

fldisChristi ministris, nos iniquissimè in suspicionem aliquam adductos<br />

sibi vi<strong>de</strong>ri pronuntiarnnt; in nostra autem confessione nihil<br />

improbandum se animadvertisse.<br />

Dum haec geruntur 10,afferantar a Myconioliterae publicé ad<br />

conventumscriptœ Aliserorsom a Capitonead Farettum12generatim<br />

missas quibus utrisque intellectam est, horrendum longé<br />

lateque ramorem <strong>de</strong> nostra controversia pervagatum esse, <strong>de</strong>ni-<br />

8<br />

Voyezle N° 631,renvoi<strong>de</strong> note 3.<br />

9 La Confession<strong>de</strong> foiqueCalvinet ses collèguesopposèrentà cette<br />

nouvelleaccusation<strong>de</strong> Caroliest imprimée<strong>dans</strong>la LefensioNie. GaU<br />

îasii,p. 60. Elle se trouve aussi <strong>dans</strong> <strong>les</strong> CakimEpùtolœ et Besponsa,<br />

1575,p.290, sousle titre suivant «QuodCalvinusin Confessioneoblata<br />

LausanneChristumIehovaappellarit<strong>de</strong>claratur.»<br />

10Le contextesembleannoncerqu'il est encorequestiondu syno<strong>de</strong><strong>de</strong><br />

Lausanne.Calvinparle à peine <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Berne(renvoi<strong>de</strong> note 13),<br />

<strong>de</strong>vantlequell'affairefut cependanttraitée <strong>de</strong> nouveau(2-3juin).<br />

l1-13La lettre <strong>de</strong> Mycomuset celle<strong>de</strong> Capitonn'ont pas été conservées.<br />

T. IV.<br />

16 ta


242 JEAN CALVIN A SIMON GRYftEUS, A BALE. 1 537<br />

que, ad excitandam erga nos gentium omnium invidiam, maliciosè<br />

à certis hominibus fabrefactiun.Quod autem homonihili futilissima<br />

sua vanitate tantum proficere potaerit, ut tot ecc<strong>les</strong>iissinistram <strong>de</strong><br />

nôbis opinionem injiceret, id verô est quod nos vehementer perturbavit.<br />

Siqui<strong>de</strong>m non levis momenti rem esse ducebamus, si<br />

caput religionis nostrœprœcipuum inter nos controverti adversarii<br />

nostri audirent, vel ecc<strong>les</strong>iœquidquam <strong>de</strong> nobis tale snspicarentur.<br />

Eô autem graviùs hoc nuntio perculsi somus, quôd id ne timere<br />

qui<strong>de</strong>m nunquam in mentem venerit. Speramus tamen fore, ut<br />

Domini bonitate inanes illi fumi discutiantar propediem, ac in capita<br />

impiorum recidat quidquid mali Christo, ejusque Ecc<strong>les</strong>iae,intentarunt.<br />

Cœpitenim jam affulgere Domini manus, atque virtus<br />

ejus sese exerere, ad extinguenda haecquatiacunque exordia. Sycophanta<br />

Me SenatusconmUo in exilium actiis est 1S,nos planè absoluti,<br />

non à crimine modo,sed ab omni quoquestispicione1".Quanquam<br />

verô se Athanasii titulo nunc venditetts, qui pœnas luat<br />

<strong>de</strong>fensaefi<strong>de</strong>i, nullum tamen fore periculumvi<strong>de</strong>tur, ut orbis pro<br />

Athanasiosacrilegum, scortatorem, homicidam sanctorum multorum<br />

sanguine ma<strong>de</strong>ntem agnoscat. Qualem dura, istumpraedica-<br />

18Le Manuel<strong>de</strong> Berne du 7 juin 1537renfermece passage c On<br />

écrira au Bailli et à la ville <strong>de</strong> Lausanneque Caroliest congédié. »<br />

(Trad. <strong>de</strong> l'ail.) Voyezle N°633. Ce fait donneapproximativement la<br />

date <strong>de</strong> la présentelettre.<br />

14Cette<strong>de</strong>rnièreaffirmationétait trop absolue.Il suffitpour s'en convaincre<strong>de</strong><br />

lire la lettre <strong><strong>de</strong>s</strong> Bernoisdu13 août 1537à Farel et à Calvin.<br />

Caroliavait étéjugé assezfavorablementpar l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs<strong>de</strong> la ville<br />

<strong>de</strong> Berne,Pierre Kuniz,qui écrivait,environle 3juin 1537,<strong>les</strong> paro<strong>les</strong><br />

suivantesà Ebrard <strong>de</strong> Rumlangen c Qusepridie D. Carolus<strong>de</strong> sacerdocioChristi,ejusquegloria<br />

diseruit,<strong>de</strong> triumphoitem resurrectionis<br />

<strong>de</strong>jugi spe, ar<strong>de</strong>ntique<strong><strong>de</strong>s</strong>y<strong>de</strong>rioquoelectiomnes,tam superstitesquàm<br />

vitafuncti,flagrant,nihil dubito.Stetit hœcsententiapectoremeohactenus<br />

firmiter,priusquamCarolumadhucin carne vidissem.Et cur hsec,<br />

propter bontm Carolum,displicerent,cum istœc doctrina non qui<strong>de</strong>m<br />

CarolisedSpiritusSanctisit in divinisScripturisluculenterprodita?<br />

Quodverôsic importunéin novellulaet plus nimiotenera ecc<strong>les</strong>iahoc<br />

dogmateprodit Carolus,nonval<strong>de</strong>probo.» (Mscr. autogr. Arch. <strong>de</strong><br />

l'église <strong>de</strong> Berne).<br />

16On lit <strong>dans</strong> la DefensioIf. Gaïlasii, p. 85 «Meminime audire<br />

Berna, inter altercationes,hanc illi [se. Carolo]vocemexcidisse « Ego<br />

hîc sum ut Athanasius.» Sed hancvocemsicfuisse repulsamà Càlvino,<br />

ut stolidœsuœjactantiaeval<strong>de</strong>eumpœniteret.»<br />

16Entre autres aveux qu'il avait faits au syno<strong>de</strong><strong>de</strong> Berne, Caroli


1 537 PIERRE CAROLI AU CONSEIL DE LAUSANNE. 243<br />

mns, nihil dicimus quàm quod solidis testimoniis revincere sumus<br />

parati.<br />

Haectibi paucis significata volai, ne iniquis improboram <strong>de</strong>lationibus<br />

absentes sic inanditi, ut fit, opprimamur. Exempter etiam<br />

Confessimis ad te mitto, quod cum tuis collegiscommanices. Magnopere<br />

enim referre daco, ut ne obscuris rumoribus exagitentur.<br />

Simul te obtestor, ut tum Confessionem ipsam, tum has literas ad<br />

illos ipsos etiam fratres mittendas cures 1T,aut potiùs ipse propriis<br />

tuis literis eonun animos placare intendas. Vale. Dominus Jesus<br />

vos omnes spiritu suo impleat, quô unanimes nominis sui gloriam<br />

propagare possitis! Bernae.<br />

Tuus Calvinus.<br />

655<br />

pierre CAROLIau Conseil <strong>de</strong> Lausanne.<br />

De Soleure1, 16 juin (1537).<br />

Ruchat, op. cit. Édition Vulliemin,t. V, p. 40.<br />

•Sommaire. Caroli exhorte <strong>les</strong> magistrats lausannois i vivre sagement et sans c consentir<br />

à l'erreur. » II leur annonce qu'il maintiendra tout ce qu'il a soutenu contre<br />

<strong>les</strong> ennemis <strong>de</strong> la très-sainte Trinité et <strong>de</strong> la divinité <strong>de</strong> Jésus-Christ.<br />

Très-magnifiqueset honorés Seigneurs Après humble recommandation<br />

et salut en nostre Seigneur Jésus-Christ, je vous pry<br />

vous maintenir le plus sagement [et] mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tement que pourrez,<br />

s'était reconnucoupable<strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux jeunes hommesd'Angoulême,qu'ilavaitdénoncésaux<br />

magistrats(Voy.Ruchat, V, 31, 32).<br />

17Calvina sans douteici en vue<strong>les</strong> pasteurs<strong>de</strong> Zurich(Voy.la lettre<br />

-<strong>de</strong>Bullingerà Myconiusdu 23juillet).<br />

1 Caroli,cité le 6 juin <strong>de</strong>vant le Conseil<strong>de</strong> Berne, s'était trouvé<br />

absent <strong>de</strong> son logis(Voy.Ruchat, V, 39).Il avait pris le chemin<strong>de</strong> Soleure,où<br />

résidaithabituellementM.<strong>de</strong>Boisrigaud,ambassa<strong>de</strong>ur<strong>de</strong> François<br />

I auprès<strong><strong>de</strong>s</strong> cantonssuisses.


244 PIERRE CAROLIAU CONSEILDE LAUSANNE. 1 53T<br />

• » r *x• r __•<br />

sous <strong>les</strong> puissances ordonnées <strong>de</strong> Dieu, sans blécer vostre conscience<br />

ou consentir à erreur. Je remercie Dieu, lequel par [sa]<br />

grâce m'a tiré honorablementd'une ban<strong>de</strong> laquelle <strong>de</strong> long temps:<br />

me <strong><strong>de</strong>s</strong>plaisoitEt touchant nostre débat, il n'est pas finy. Il faolt<br />

que <strong>les</strong> aultres nations chrestiennes en jugent, pource qu'Ostouchent<br />

viscéralement la fundamentale doctrine <strong>de</strong> l'Église et, si<br />

Dieu me doint force et vertu, comme il a bien commencé,je le<br />

poursuyvrai jusques au bout, si [c.-à-d.tellement] que <strong>les</strong> ennemie<br />

<strong>de</strong> la Trés-Saincte et Individue Trinité et <strong>de</strong> la génération éter-nelle<br />

<strong>de</strong> nostre Seigneur Jésus-Christ ne s'esjouyront guères longuement<br />

<strong>de</strong> leur vaine victoire. Les choses en sont jà bien avant<br />

sur le bureau. Dieu conduyse le <strong>de</strong>meurant, auquel je prie vous<br />

consoler par son Sainct Esperit, si que ne dévoyez jamais <strong>de</strong> la<br />

vérité De Soleure, 16 juing (1537).<br />

Tout tant qu'ils m'ont objecté, je le maintiendray <strong>de</strong>vant toute<br />

l'Église universelle, tant <strong>de</strong> la messeque <strong>de</strong> la prière pour <strong>les</strong> trépasséz<br />

et autre propos. La fin fera le compte. Gar<strong>de</strong>z <strong>de</strong> vous<br />

laisser abuser. Je vous envoye un blanc signé pour quatre sepmaines,<br />

<strong>de</strong>puis le 6 may jusques au 6 <strong>de</strong> juing. Vous pourrez calculer<br />

combien el<strong>les</strong> monteront'. Si j'estoye bien riche, rien ne vous en<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>roye, vous signifiant que là où je soye, tousjours <strong>de</strong>meureray<br />

Vostre très-humble serviteur P. Caroli.<br />

(Suscription:) A très-magnifiques et, honorés Seigneurs, Messieurs<br />

<strong>les</strong> Bourguemaître et Conseil<strong>de</strong> Lausanne.<br />

2 Caroliavait exercé<strong>les</strong>fonctions,<strong>de</strong>pasteurà Lausanne<strong>de</strong>puisle 6novembre1536jusqu'au<br />

milieu<strong>de</strong> mai 1537.Onlit <strong>dans</strong><strong>les</strong>comptesduboursier<strong>de</strong><br />

Lausanne: < Délivré. 3 escussoloë[1.soleil]à MesseCarroli,le<br />

mescredi17<strong>de</strong> janvier 1536(1637nouv.style)= 28 florins.Item,,<br />

au dict. prédicaut,49 fi. 7 sols,le 17 <strong>de</strong> mars 1637.Item, au dict.<br />

Docteuren théollogie,prédicant,le vendredi11mai,80fl. Item,an dict.<br />

xx escussoloë,reducti 93 fl. 4 sols.Item, à MonseigneurCarrolipourrestaz<strong>de</strong><br />

cest quiluy est déubtpoursessalères,à savoir21 florins.Datum<br />

20 <strong>de</strong>juyn 1537»(Communication <strong>de</strong> M.Ernest Chavannes).<br />

i


1537 LE CONSEIL DE GENÈVE AU CARDINAL DE TOURNON. 245<br />

656<br />

LE CONSEIL DE GENÈVE au Cardinal <strong>de</strong> Tournon*.<br />

De Genève, 25 juin 1537.<br />

Inédite. Minute originale 2. Archives <strong>de</strong> Genève.<br />

Sommaire.Les magistrats<strong>de</strong> Genèven'empêchant nnllement<strong>les</strong> ecclésiastiques <strong>de</strong><br />

la Savoieet<strong>de</strong>la Bresse<strong>de</strong>percevoir<strong>les</strong> revenus<strong>de</strong> leurséglisessurle territoire<br />

genevois, ils espèrentqueMadame<strong>de</strong>Nemours,parnnejusteréciprocité, ne permettrapas<br />

chezelleauxchanoines fugitif <strong>de</strong> Genève<strong>de</strong> recueillir<strong><strong>de</strong>s</strong>dimesappartenant<br />

aux pauvres<strong>de</strong> la villequ'ilsont voulutrahir.<br />

Très-ré[vérend] et très-hauld Seigneur Après nous estre <strong>de</strong><br />

rechief recommandés à vostre bonne grâce et vous avoir remertié<br />

<strong>de</strong> bien bon cueur <strong>de</strong> ce que vous a pieu nous rescripre ainsy bénignement<br />

et par amytié, vostre plaisir sera prendre iceste nostre<br />

response à la bonne part.<br />

Ceux <strong>de</strong> Nantua et tous aultres ayons rière nous quelque revenu,<br />

à l'occasion <strong>de</strong> leurs églises, le peuvent retirer à eux, comme aussy<br />

retirent journellement sans contredict Nous aussy entendons que<br />

nous soit licite et permys faire le semblable <strong>de</strong> ce que appartient à<br />

noz ègUse[s},quelque part qu'il soit, le convertissant en pitéable<br />

1 H est appelé c gouverneur<strong>de</strong> Lyon» <strong>dans</strong> une première rédaction<br />

<strong>de</strong> la présente lettre.<br />

Écrite par l'ancien syndic Ami Porral.<br />

8 Dans la première rédaction <strong>les</strong> magistrats genevois affirmentque<br />

<strong>les</strong> églises d'Annecy, <strong>de</strong> la Boche, du Faucigny, etc., perçoivent librement<br />

leurs revenus sur le territoire <strong>de</strong> Genève. «Nous vous supplions<br />

(disent-ils au Cardinal) advertir Madame <strong>de</strong> Nemours, elle nous doëge<br />

laisser nostre bien <strong>de</strong> nostre cathédrale, <strong>de</strong> noz monastèreset aultres<br />

églises <strong>de</strong> nostre ville dépen<strong>dans</strong>. sans se arrester aux fâcheuses practicques<br />

<strong>de</strong> ceufe qyâl,après avoir faM rendrenostreviBeà nostre ememys,<br />

retirés vers elle, nous sollicitent tels empêches. » (MinuteOrig. Ardu<br />

<strong>de</strong> Genève.)


246 LE CONSEIL DE GENÈVE AU CARDINAL DE TOURNON. 153T<br />

usaige et non permettre qu'il sait pourté après ceux qui en hont<br />

abusé et failly <strong>de</strong> nous trahyr comme chescun sçait. Pourquoy<br />

prions Vostre Excellence, luy plaise faire <strong>de</strong> cecy <strong>les</strong> remonstrances<br />

à ceux qui ainsy l'importunent [<strong>de</strong>] nous escripre, tâcheansnous<br />

mettre à sa maie grâce et <strong>de</strong> la MagestéRoyalle,à laquelle<br />

néantmoins [nous] nous offérissonsà tout plaisir et service possib<strong>les</strong><br />

à nous.<br />

Touchant ce que dites, aulcuns <strong><strong>de</strong>s</strong> nostres avoir en Foucigny<br />

arraché quelque saulvegar<strong>de</strong> s, nous en avons <strong>de</strong> vous <strong>les</strong> premières<br />

noveUes.Croyésque nous en ferons la poursuyte rière nous,<br />

ainsy que Messieurs <strong>de</strong> Berne vous rescrivent veulent faire rière<br />

eux T.Quant au tiers point, nous ne gardons personne <strong>de</strong> nos sttbgectz<br />

<strong>de</strong> aller habiter là oit il Iuyplaict. Vray est que l'esdict est<br />

fait entre nous, que celluyqui fera <strong>de</strong>hors cequ'il ne ouseroitfaire<br />

<strong>de</strong>dant nostreville, terres et païs, touchant la mod<strong>de</strong><strong>de</strong> vivre que<br />

[notis]avons promisobserverjouxtel'Évangille,qu'ildoibge<strong>de</strong>meurer<br />

là où il hara cela faict 8.Aultre contrainte ne faisons-nons à personne,<br />

queUequ'elle soit, quoy que l'on vous die, et Dieu le sçait,<br />

lequel, très-révérend et très-excellent Seigneur, vous doint bonne<br />

vie et longue! De Genève, 25 Juin 1537.<br />

(P. S.) Très-révérend Seigneur! Despuis nous est venu à notice,<br />

comme<strong>les</strong> officiersdu Conté9,et <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> Madame<strong>de</strong> Nemoux,<br />

hont fait défenses à tous leurs subgectz qui nous pourroient<br />

<strong>de</strong>bvoir quelque chose à l'occasion <strong>de</strong> nos dites églises,qu'ilz ne<br />

nous heussent à poyer,sur la peine <strong>de</strong> la vie: ce que trouvons fort<br />

4 C'est-à-direpoar l'entretien <strong><strong>de</strong>s</strong> pauvres.<br />

5 Allusionaux chanoines et prêtres fugitifs<strong>de</strong> Genève»(Voy.la<br />

note 3 et la lettre <strong><strong>de</strong>s</strong> Genevoisau cardinal<strong>de</strong> Tournondatéedu 30mai<br />

1537.Minuteorig. Arch. <strong>de</strong> Genève).<br />

• C'est-à-dire,un poteauportant uneinscriptionquirappelait<strong>les</strong>priviléges<strong>de</strong><br />

telle ou telle localité.<br />

1 MM.<strong>de</strong> Berneécrivaientdéjà au cardinal<strong>de</strong> Tournon,le 31 mai<br />

1537 «Nousavons recephuvouslettres, par <strong>les</strong>quel<strong>les</strong>noussigniffiésaulcangsexcèsfaict<br />

par nousprèdicantsonaultresès pals <strong>de</strong>Fowsigny,<br />

en ce quedictes<strong>les</strong> dits prédicantsy avoirpreschéet <strong>de</strong>ffenduaulx<br />

<strong>pays</strong>sans<strong>de</strong> sattisfaireaulx gens d'Esglise<strong><strong>de</strong>s</strong> dixmesan eulx adpertenans<br />

Sy ainsyest. nous en feronschastiementque sera exemple<br />

aulx aultres .» (Min.orig. Arch. <strong>de</strong> Berne.)<br />

8 Allusionà ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants <strong>de</strong> la villequi allaient assisterà la.<br />

messeen Savoie,<br />

9 II faut sous-entendre <strong>de</strong> Genevois.


1 537 LES CONSEILS DE BERNE AU CONSEIL DE NEUCHATEL. 247<br />

estrange, et ne sçairions croyre cela procé<strong>de</strong>r du voloir Royal, veu<br />

que ceserait donner le glaive à ses ennemyset aux nostres; car il [le<br />

Roi]est assésinformé commeceschanoineset prebstres fugitif zhont<br />

tousjours estez, comme sont encores à présent, quelque beau semblant<br />

qu'ilz facent, adhérens à sen adversaire 10, et que la cause<br />

pourquoy nous hont ainsy hays à mort procédoit <strong>de</strong> ce quele cort<br />

[I. corps] <strong>de</strong> la ville ne <strong>les</strong> voulait en cela suyure. Pourquoy vous<br />

plaira donner ordre que telz mo<strong>les</strong>tes et empeschemens irraisonnab<strong>les</strong><br />

soient houstés et abattuz, affinque tout soit fait réciprocquement<br />

sellonclDieu et raison, ainsy quenous escrivés estre vostre<br />

vouloir, pour éviter toute fâcherie Il.<br />

Il y a aussy, Monsieur, que celluy qui nous a présenté vostre<br />

lettre, luy-mesme a faictz <strong>de</strong>ffences à nouz censiers <strong>de</strong> ne nous<br />

poyer le nostre, sus la poënne <strong>de</strong> la vie. Très-hault Seigneur, nous<br />

vous supplions que ainsy ne nous soit faict.<br />

657<br />

LES CONSEILSDE BERNE au Conseil <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

De Berne, 29 juin 1537.<br />

Inédite. Minuteoriginale. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

Sommaire.. Le Conseil <strong>de</strong> Berne fait connaître aux magistrats nenchatelois l'issue du<br />

procès <strong>de</strong> Fwrel contre Caroli, et il leur annonce qu'ils peuvent, à volonté, se prononcer<br />

sur la lettre que leur a adressée Caroli et sur <strong>les</strong> réponses qu'elle a-provoquées<br />

<strong>de</strong> la part <strong><strong>de</strong>s</strong> ministres <strong>de</strong> Neuchatel.<br />

Nostre amiable salutation <strong>de</strong>vant mise. Nob<strong>les</strong>, pru<strong>dans</strong>, singuliers<br />

amys et très-chiers bourgeoys, nous avons veuz vostre.missive,<br />

aussy la copie <strong>de</strong> la lectre du docteur Caroli aussy en parthye<br />

entenduz le contenuz <strong><strong>de</strong>s</strong> responses que Maistre Guillaume<br />

Farel et vousprédicants sur cellaont faictes2. Sur quoy vous adver-<br />

10Allusionau duc<strong>de</strong> Savoie.<br />

11 Cequisuit est <strong>de</strong> la maindu secrétaireClau<strong>de</strong>Boset.<br />

Cespiècesdiversesn'ont pas été conservées.


248 PIERRE CAROU AU PAPE PAUL m. 153?<br />

tissons que le dit affaire a esté débatuz par <strong>de</strong>vant le Syno<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>rnièrement tenuz icy en nostre ville. En après, maistre Guillaume<br />

Farel ei ses adhérans, nous avoir requesté <strong>de</strong> arrester le<br />

dit docteur CaroU,pour l'enduisre à réparation <strong><strong>de</strong>s</strong> injures sur<br />

eulx mises et <strong><strong>de</strong>s</strong> accusations d'hérésie contre eulx faictes, implo-<br />

rant justice,<br />

avons ambes parthyes le primier jour ouyes, en<br />

après remises <strong>de</strong>vant nostre Consistoire, lequel, après <strong>les</strong> avoir<br />

entendues, ne <strong>les</strong> ont peuz accor<strong>de</strong>r, ains remises par <strong>de</strong>vant nous,<br />

à laquelle rémission le dit Caroli n'ast obéyr, ains soy retiréz.<br />

Dont le dit Farel et ses adhérans nous ont prié <strong>de</strong> pourvision, <strong>de</strong><br />

laquelle leurs avons donné lectres et sceaulx à quoy nous arrestons.<br />

Pour autant, sy vous y voulés faire, sur ce que le dit Caroli<br />

vous az rescript et [sur ce que] vousprédicants et Farel ont responduz,<br />

plus ample pourvision, le pouvés faire. Datum xxix Junii,<br />

anno, etc., xxxvn.<br />

L'Advoyer, PETIT ET Grand Conseil DE Berne.<br />

658<br />

PIERRE CAROLIau Pape Paul III.<br />

(De Lyon, vers la fin <strong>de</strong> juin 1537.)<br />

Inédite. Copiecontemporaine1. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

Somhaibe. Caroliconfesse qu'il a embrassé jadis la doctrine <strong>de</strong> Luther, converséavec<br />

<strong>les</strong> Zwmglienset rempli à Lausanne une place <strong>de</strong> pasteur. Après avoir soutenu<br />

<strong>de</strong> grands combats pour résister aux hérésies qui surgissaient autour <strong>de</strong> lui, il s'est<br />

vu exiler du territoire bernois. Le repentir le pousse maintenant à abjurer ses<br />

erreurs, et il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> &rentrer <strong>dans</strong> le giron <strong>de</strong> l'Église catholique.<br />

Beatissime Pater,<br />

Exponitur Sanctitati Yestrse,pro parte <strong>de</strong>voti illius oratoris PETRI<br />

Caroli, presbiteri, TheologiaeFacultatis Parisiensis doctoris, quôd,<br />

On conserveà"la BibliothèquePublique<strong>de</strong> Genève(Manuscrits,vol.


1 537 PIERRE GAROU AU PAPE PAUL III. 249<br />

_» _LL1~_ &J_ __1 -I! r_cum<br />

ipse, abhinc annos tre<strong>de</strong>cim, vel eo ampliùs, plerasque Lutheri<br />

ac aliotum Germanorum reprobatas assertiones et propositiones<br />

dbgmatisaverit, sustinuerit, ac tam publiée quàm occulté<br />

disseminaverit et praedicaverit ac illis adhaeserit2,et aliquando à<br />

sni dicti ordinis et Facultatis doctoribus super his redargntus, inculpatus<br />

et impetitus, quasdam ex praediclis propositionibus in<br />

Facuitate emolliverit3; postea verô, persecutionum metu, è Gallia<br />

ad Germanoset Helcetios,praecipuéBernenses, Zainglianis dogma-<br />

tibus imbatos, confugerit<br />

à quibus honorificè susceptus, in<br />

Lausannensi ecc<strong>les</strong>ia et civitate^ab eis<strong>de</strong>m occupata, ad praedicationis<br />

officiumet primarium pastoralis regiminis locum, in eorum<br />

secta praefectus fuerit, illicque per menses septem, partim juxta<br />

fllorum doctrinam (etsi non per omnia) populum rexerit et docuerit5,<br />

ac secundùm eorum<strong>de</strong>m ritum uxorem duxerit et ei<strong>de</strong>m<br />

adhaeserit.<br />

Cum autem, Pater Sancte, dictus orator in his nationibus multiformes<br />

horrendas haereses alias ex aliis exoriri, propagari et in<br />

profundum impietatis procumbere perspexerit, illorumque rectores<br />

et dogmatistas, quos prœdicantes vocant, prope ad Ârrii, Sabellii,<br />

Pauli Samosateni, Nestorü ac Basilidis dogmata acce<strong>de</strong>re, eôque<br />

<strong>de</strong>venisse ut concilii Niceni et divi Athanasii symbola majori ex<br />

parte ri<strong>de</strong>rent, proscin<strong>de</strong>rent, proculcarent, et ab ecc<strong>les</strong>ia legitima<br />

unquam fuisse recepta negarent,<br />

non potuit i<strong>de</strong>m Carolus tam<br />

<strong>de</strong>testabi<strong>les</strong>lapsus,errores ac diras blasphemias aequoanimo ferre.<br />

Verùm, publicis synodis et disputationibus, ob id Lausannœ ac<br />

<strong>de</strong>in<strong>de</strong> Bernœ, celebri hominum conventu, indictis, enixè studuit,<br />

Sacrarum Literarum apertis testimoniis ac theologicis rationibus,<br />

hujusmodi nephandos errores revincere, confatare, ac haereticorum<br />

praedictorum cornua confringere. Cumque auspice Deo magis<br />

n°145)unecopie<strong>de</strong>cettepiècequia dûêtre levéeclan<strong><strong>de</strong>s</strong>tinement<br />

<strong>dans</strong>la<br />

chancellerie<strong>de</strong> l'Official<strong>de</strong> Lyon; elle porte plusieurscorrectionsd'orthographe,quisont<br />

<strong>de</strong> la main<strong>de</strong> Farel. Nousavonssuivi<strong>de</strong> préférence<br />

la copie<strong>de</strong> Berne,parce qu'ellea heureusementabrégé<strong>les</strong>interminab<strong>les</strong><br />

formu<strong>les</strong><strong>de</strong>l'Officialitélyonnaise.<br />

Voyez,<strong>dans</strong>le tomeI, leN°103,renvois<strong>de</strong>notes56, 57,et leN°158.<br />

-» Voyezle N° 104,renvoi<strong>de</strong> note 14.<br />

4 CaroKse-réfugiaà Genèveau mois <strong>de</strong> mai 1535(Voy.CalviniEpp.<br />

et Besp. Genevœ,1575, p. 58). En août, même année,il partit pour<br />

Bâte(Voyezle N»530,note 9).<br />

» Voyez<strong>les</strong> N" 576,633.


230 PIERRE CAROLI AU PAPE PAUL m. 1537<br />

inva<strong>les</strong>ceret ac eos propemodum confun<strong>de</strong>ret, illis infensus et<br />

odiosus, quoniam praedicaverat Lausanœ et alibi aliqua quaeBernatibus<br />

et eorum sectatoribus non placèrent, ab eorum dîtione expulsus<br />

est s. Dein<strong>de</strong> a Faretto, heresiarcha Gebennensi,et sectatoribus<br />

ejus, tam acriter insidiis petitus, at vitsepericulum subüsset,<br />

nisi clam céleri fdga e Berna sibi salutem quaesivissjt T,quum vi<strong>de</strong>ret<br />

i<strong>de</strong>m, apud hosce populos, hac haeresi infami inipticatos,<br />

multam vitaelicentiam, morum incompositionem,nullam Christianae<br />

libertatis prœtextu religionem, inordinatos affectus, instabi<strong>les</strong><br />

ascensus ac <strong>de</strong>cessus, et innumeros abusus.<br />

Itaque, in Ecc<strong>les</strong>ia Christi se non esse sentiens, ad cor reversus,<br />

dolens ab intimo se fuisse (ut praefertur) à sanctœ matris Ecc<strong>les</strong>iae<br />

gremio, et si corpore, non tamen animo, diversum et abstractum,<br />

et obnixè i<strong>les</strong>i<strong>de</strong>ransquod semper <strong><strong>de</strong>s</strong>i<strong>de</strong>ravit, ad ejns<strong>de</strong>m Ecc<strong>les</strong>ise<br />

et fî<strong>de</strong>i orthodoxœunionem suspirans,syncera mente et cor<strong>de</strong> non<br />

ficto, redire et resipiscere, omnemque lueresim in forma Ecc<strong>les</strong>iœ<br />

solita et competenter abjurare, et pro <strong>de</strong>lictis pœnitentiam salutarem<br />

ei injungendam subire, supplicat liumiliter S. V. orator, ut<br />

ipsam ad unitatem sanctae matris Ecc<strong>les</strong>iœ et ad prœdictam resipiscentiam<br />

et abjurationem competenter faciendam admittere,<br />

eum<strong>de</strong>mque ab omni crimine hœreseos, censurisque et pœnis in<strong>de</strong><br />

provenientibus, promulgatis seu promulgandis, inflictiset infligendis,<br />

absolvere, et pœnas quas ob dictum mattimonium contractum<br />

secundùm canones incurrit, omnemque infamiseseu irregularitalis<br />

notam seu maculam abolere, matrimoniumque contractum nullum<br />

secundùm canones <strong>de</strong>clarare8, ipsumque oratorem ad pristinum<br />

e Voyezl'historique<strong>de</strong> cette affaire<strong>dans</strong>le N°634.<br />

7 II estévi<strong>de</strong>ntquesi Caroliavaitréellementcm queFarel en voulait<br />

à sa vie, il n'aurait pas déclaré,<strong>de</strong>ux ans et <strong>de</strong>miplustard, ce qui suit<br />

cQuelquechosequ'il y ayeen la supplication,laquelleil nyeestrefaicte<br />

<strong>de</strong> luy,maisavoirestécouchéepar VOffieial<strong>de</strong> Lyon,il [Caroli\ne tient,<br />

ne répute<strong>les</strong> frèresaultresquevraysChrestienset droictzannonciateurs'<br />

<strong>de</strong> l'Évangile; et, par ainsy,il ne tient, ne réputeFarel et <strong>les</strong> aultres<br />

quevrays Chrestiens,et leur ministère,tant du présent que du passé,<br />

estre <strong>de</strong> Dieu. »(Procès-verbal<strong>de</strong> la conférencetenue à la Neuveville,<br />

le 29janvier 1640,entreCaroliet <strong>les</strong> ministresneuchàtelois.Mscritorig.<br />

Bibl. <strong><strong>de</strong>s</strong>pasteurs<strong>de</strong> Neuchâtel).<br />

8 On lit <strong>dans</strong> le manuscritcité plushaut « Quant est;<strong>de</strong> sa femme,<br />

û [Coroft]confessequecelaqu'est enla supplicationest malfaict,et que<br />

jamaisil ne l'y a mis,mais VOffieial<strong>de</strong> Lyon, et qu'il l'avait effacé,et<br />

queen la bule [du pape Paul III datéedu 17 août 1537]n'en est faict<br />

aucunemention. »


1537 SINON GRYN^EUS A JEAN CALVIN, A GENÈVE. 251<br />

sui doctoratus gradam, dignitatem et integram statum, et ad om-.<br />

nes sacros et presbiteratus ordines, etiam ad altaris ministerium<br />

restituere, et ut quaectmquebeneficiasecularia et quorumvis ordinum<br />

regularia, cum cura vel sine cura, si illi aliàs canonicè conferantur,<br />

obtinere et assequi valeat, reabilitare et secum dispensare,<br />

<strong>de</strong> benignitate Sedis Apostolicsedignemini. Non obstantibusJulii ac<br />

bonae mémorise Clementis papae VII, et aliorum prae<strong>de</strong>cessorum<br />

vestrorum super praefixisad abjurandum terminis,jam diu elapsis,<br />

et etiam in relapsos seditis constitutionibus et ordinationibus apostolicis<br />

contrariis quibuscunque cum ampta <strong>de</strong>rogatione 9.<br />

659<br />

SIMONgryxeus à Jean Calvin, à Genève.<br />

De Bâle, (vers la fin <strong>de</strong> juin 1537).<br />

J. Calvini Epistolaeet Responsa. Genevae,1575, p. 363.<br />

Sommaire. J'ignore <strong>de</strong> quel côté viennent <strong>les</strong>plaintes formulées contrevous.Personne<br />

ne m'en avait parlé, et Capiton, <strong>dans</strong> ses lettres, jugeait avec bienveillance tons<br />

vos actes, ainsi que ceux <strong>de</strong> vos collègues. Les premières nouvel<strong>les</strong> étaient tristes,<br />

et quand j'ai su que vous rejetiez <strong>les</strong> expressions consacrées pour désigner <strong>les</strong><br />

personnes divines, j'ai éprouvé quelque trouble. Mais <strong>de</strong>puis "ne votre Confession<br />

<strong>de</strong> foi nous est parvenue, nul n'y trouve à redire. Quant à moi, étant fort chagriné<br />

9 On lit au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous < Fiat dt petituk. Expediatur in forma brevis.<br />

Et, pro prsemissis oxequendis et abjuratione prsedicta recipienda, committatur<br />

Reverendissimo Cardinali à Turnone. »<br />

Le papePondIII répondit,eneffet,àla requête<strong>de</strong> Carolipar unbrefoù<br />

l'on remarque<strong>les</strong>passagessuivants «. Nos. atten<strong>de</strong>ntessedisapostolicseclementiam.<br />

authoritateapostolica,tenoreprœsentium, [tejmisericorditerabsolvimus.<br />

et omneminstabilitatisseninfamiemaculam.<br />

per te. quomodolibetcontractam,penitùsabolemus. ac te ad pristinumstatum,famamet<br />

honoreset facultatesin quibus,ante sicper te<br />

commissa,existebas,etiam penitùs et omninorestituimus,reponimus,<br />

plenariè redintegramus. Mandantes nihilominusdilecto filio nostro<br />

Francisco. Cardinali<strong>de</strong> Turnone. et venerabilibusfratribus nostris<br />

Vakntinenmac VwiariensùEpiscopis,in civitate Lugdunensicommo-


252 SMON GRY&EUS A JEAN CALVIN,<br />

A GENÈVE. 1537<br />

v I. »• A* » »•_•» e ï 1 5. ¥_"?_• ï_ *<br />

<strong>de</strong> cequ'undifférendsi graveétaitprovoquépar <strong>de</strong>ux<strong>de</strong>mesamis,j'ai reprochéà<br />

Farel<strong>de</strong> mel'avoirlaisséignorer,et je luiaiditque,si votrejeuneéglisen'était pas gouvernée avecpru<strong>de</strong>nce, ellepâtirait<strong>de</strong> cesdisputes.Je suisd'ailleursassez<br />

enclinà portersur Carolile mêmejugementquevous.Il m'avaitfait ici <strong>les</strong>plus<br />

bel<strong>les</strong>promesses, ainsiqu'AMorelet,etmaintenant il varejoindrenosadversaires!<br />

Ehbien!bonvoyage<br />

Queces difficultésnousstimulentd laconcor<strong>de</strong>C'estnne terriblepeste, <strong>dans</strong><br />

notreÉglise,quecettedispositionà noussoupçonner <strong>les</strong> uns<strong>les</strong> autres,tandisque<br />

nous<strong>de</strong>vrionsnousjugerréciproquement aveccan<strong>de</strong>uret sansprévention, comme<br />

il siedà <strong><strong>de</strong>s</strong>frères.<br />

Je vuus aurais envoyé <strong>les</strong> lettres <strong>de</strong> Capiton, si je n'avais pensé qu'il a dû fré-<br />

quemment vous écrire. Je m'acquitterai auprès <strong>de</strong> lui <strong>de</strong> la commission dont Farel<br />

m'a chargé, au sujet <strong>de</strong> Comte.<br />

Quae istae et quorum <strong>de</strong> vobis tam graves querelae sint, ego<br />

nescio. NuUœdum enim ad nos venerunt. Capito non semel ad me<br />

scribit ultro vestra omnia excusans, et val<strong>de</strong> ecc<strong>les</strong>iœ vestrae bene<br />

cupiens. Rumor principio graris sanè fuit, qui meipsiim quoque<br />

lurbavit, cum in isto prœsertim argumente conten<strong>de</strong>re vos audirem<br />

<strong>de</strong> appellationibus personarum dwinarum, et à consuetis vocibus<br />

instituere rece<strong>de</strong>re1. Ea enim res vi<strong>de</strong>batur amplius prœ se ferre.<br />

Verùm ubi ad nos confessio tzia venit 2, neminem vi<strong>de</strong>o qui non<br />

satis sibi factum putarit. Mini privatim val<strong>de</strong> dolnit, ab iis gravem<br />

in Ecc<strong>les</strong>ia contentionem esse exortam, quorum ulerque mea esset<br />

rantibus, quatenus ipsi. aut unus eorum,te absolutione, dispensatione,<br />

repositione, redintegratione. pacificèfrui et gau<strong>de</strong>re faciant. Datum<br />

Romse,apud Sanctum Marcum,<strong>de</strong>cimosexto CalendasSeptembres. anno<br />

tertio Pontificatusnostri » (Copie contempor. Arch. <strong>de</strong> Berne). Le bref<br />

commenceainsi: c Dilecto filio Petro Carolo, presbitero, raagistro in<br />

TheologiaParisiensi, vel alterius civitatis sen Diocesis,Salutem. »<br />

1 II convient <strong>de</strong> rapprocher <strong>de</strong> ces paro<strong>les</strong> cel<strong>les</strong> que Farel, Viret<br />

et quelques-uns<strong>de</strong> leurs collèguesadressèrent plus tard à Caroli « Que<br />

son occasion n'estoit pas soufisantepour avoir meu ung tel trouble, veu<br />

que sy clèrement on déclairoit la divinité<strong>de</strong> Jésuchrist, et que sy appertement<br />

on monstroit la vraye distinctionentre le Père et le Filz et le Sainct<br />

Esperit. Au commencement<strong>de</strong> la prédication<strong>de</strong> l'Évangile, on regardoit<br />

cela qu'estoit plus d'édificationet ce que le peuple pouvoit plus facilement<br />

comprendre; non point, qu'on rejectast <strong>les</strong> motz [trinité,personnes],<br />

ne qu'on <strong>les</strong> con<strong>de</strong>mnast,ne ceulx qu'en usoyent<br />

ce que jamais n'ad-<br />

vint. (Procès-verbal <strong>de</strong> la conférencetenue le 29 janvier 1540 à la<br />

Neuveville.)<br />

Cette Confession<strong>de</strong> foi <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Genèveétait incluse<strong>dans</strong> la<br />

lettre <strong>de</strong> Calvinà Grynœus écrite le 7ou le8 juin (Yoy.la fin du N° 634).


1537 SIMONGRYN^DS AJEANCALVIN, A GENÈVE. 253<br />

amicitia et consuetudine usus diu. Etiam hoc mirabar, quomodo<br />

tantum incendium et tamdîa durans, et vixdum extinctum me latuisset.Hoc<br />

queri apud Farelhtm3memini, ac aliud praetereanihil:<br />

nisi quôd dicerem vereri me, ne rudis et nova ecc<strong>les</strong>ia, nisi cautè<br />

administraretur sub initia, capere magnum incommodum possit ab<br />

istis contentionibus. Sic igitur ex me habe, neminem scire me qui<br />

<strong>de</strong> vobis queratur<br />

Carolum talem esse qualem pingis, haud aegrè adducor ut credam,postquam<br />

ad illos 5 à vobis secessionem facit. Quid enim instituit<br />

aliud, ([uàm quod tu meliùs praedicis. Promiserat mihi et<br />

Mauro 6 hic amplissimè. Valeat igitur, valeat! Nostrum est, in<br />

ista magna rerum difficultate,modis omnibus jungi et clivelliminimè<br />

pati. Pestis est Ecc<strong>les</strong>iœ noslrœ una hœc pernitiosa maxime,<br />

quôdmspicianitntsval<strong>de</strong> inter nos labo-ram'lIs,et fratres <strong>de</strong> fratribiis<br />

rarô candi<strong>de</strong> verèque sentimm, cùm lenire oporteat et in partem<br />

optimam omnia trahere, et non antè sinistrè <strong>de</strong> fratre suspicari,<br />

quàm ipsa res eventusque coëgisset. Ah quàm malum est eos<br />

ipios nosse Christum credimus, in suspicionem pravam rapere subitô<br />

Ita quod suspectum erit nobis, inutile reddimus.<br />

Literas Capitonis quibus optimè <strong>de</strong> vobis sentire se testatur,<br />

misissem ad te, nisi putem ipsum <strong>de</strong> re ea<strong>de</strong>m ad te saepiusscripsisse.<br />

Qaod Farellus <strong>de</strong> comiteT consulit, exequar apud Capitonem..<br />

Tu valebis interea. Amemus in Domino verè nos, et illi toto cor<strong>de</strong><br />

serviamus. Saluta fratres omnes diligenter, Farelhtm Viretum<br />

cumprimis diligentissimè. DominusJesus nos in suam sanctam voluntatemservet<br />

1 Amen.<br />

Gryn.eus tuus.<br />

3 Allusionà une lettre quin'a pas été conservée.<br />

Quandil écrivit cette lettre, Gryruewignoraitsans doutequeson<br />

collègueMyconiusétaitmécontent<strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs<strong>de</strong> Genève(Voy.N°640);<br />

autrementil n'aurait pas dit « Personnene se plaint <strong>de</strong> vous.» Cette<br />

circonstancenous sembleétablir que Orynam écrivitla présentelettre<br />

peu<strong>de</strong> joursaprès avoirreçu celle<strong>de</strong> Calvin(Voy.n. 2).<br />

5<br />

C'est-à-dire,cesadversaires<strong>de</strong> la Réforme,quisontmentionnés<strong>dans</strong><br />

la lettre <strong>de</strong> Calvin(N°634).<br />

9 Moreïetdu Museau,quirésidaità BéUeà l'époqueoù CaroUj avait<br />

fait un séjour<strong>de</strong> plusieursmois(1585).<br />

7Est-il ici questiondu comteGuillaume<strong>de</strong> Furstemberg,oudu FrançaisBéat<br />

Comte(enlatinBeatusCornes), quenousrencontreronsbientôt à<br />

Genèveet <strong>dans</strong> le Pays <strong>de</strong> Vaud (Yoy.la lettre <strong>de</strong> Farel du 26 août<br />

1587)?


254 OSWALD MYCONIDS A HENRI BULLIXGER, A ZURICH. 1537<br />

640<br />

OSWALDmyconius à Henri Ballinger, à Zurich.<br />

De Baie, 9 juillet 1537.<br />

Inédite. Autographe. Archives <strong>de</strong> Zurich. Copie mo<strong>de</strong>rne <strong>dans</strong> la<br />

Collection Simler.<br />

Sommaire.Jugement<strong>de</strong> Myconînssur la Confession<strong>de</strong> foi <strong>de</strong> Calvinet <strong>de</strong> Fard et<br />

sur leur différend avecCaroli. CetteConfessionest bonne en elle-mêmemais <strong>les</strong><br />

pasteurs<strong>de</strong> Genèvel'ont soutenueavecnn entêtementrépréhensible, et leurs procédésdénotent<strong><strong>de</strong>s</strong>espritspassionnés.MyconiusupplieBallingerd'apaiser<br />

le dissentimentqui<br />

existe entre<strong>les</strong>pasteursbernois.<br />

S. Calvini jussu 1, his colligala mittimus. De Confessione, adperidix<br />

ad finem amputatus est; nescio si quid subsit latentis caussae.<br />

Displicet nobis, non dico Confessio per se, sed consilium Confessionis.<br />

Quid enim opus erat, <strong>de</strong> sanctissima adorandaque Trinitate quidpiam<br />

velut in dubium per illam vocare? Dein<strong>de</strong> Trinitatis et Personœ<br />

vocibus tam iniquum esse, ut eis pertinaciter non utatnr ille,<br />

quibus est tamen usus in Catechismo 3? Venim quid ad me quid<br />

1<br />

Voyez la fin du N° 634.<br />

Le mot adpendix désigne sans doute le morceau qui est intitulé<br />

< Quod Calvinus in Confessione oblata Lausannae Christnm Iehova appel-<br />

^arit <strong>de</strong>claratur. (Voyez Calvini Epp. et Resp. 1575, p. 290.) n manquait<br />

peut-être, <strong>dans</strong> l'exemplaire envoyé à Grynaeus, <strong>les</strong> trois phrases<br />

fina<strong>les</strong>, qui n'ont pas été reproduites <strong>dans</strong> la Defènsio Gaïïasii, 1545,<br />

p. 60, mais qu'on trouve déjà <strong>dans</strong> une copie contemporaine, conservée<br />

<strong>dans</strong> la Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

8 Au syno<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lausanne, Calvin avait reconnu lui-même que ces<br />

expressions Trinité et personnes se trouvaient <strong>dans</strong> son Institution Chrétienne,<br />

et il avait fait à ce sujet la déclaration suivante « Respon<strong>de</strong>o nec<br />

Farellum, nec Calvinum, nec Viretum, ab his vocibus nunquam abhorraisse.<br />

Scripta autem Calvini. testantur, eum libenter semper usum<br />

esse, ac etiam reprehendisse evnm superstitionetn qui eas vel odis8ent,vel<br />

fugerent. Quôd autem illis uti in Confessionesuperse<strong>de</strong>runt, et Carolo importunè<br />

urgenti negarunt se usuros, ad id duabus causis movebantur-


i 537 OSWALD MYCONIUS y HENRI BDLUNGBR, A ZURICH. 255<br />

qnisque confiteatur, cum judicare nec possim nec <strong>de</strong>beam, nisi<br />

quantum ad ecc<strong>les</strong>iam meam pertinet Hîc qui<strong>de</strong>m pro virili cavebo,<br />

ne contentiones exoriantur ob verbala. Istud tamen indicare<br />

planè libet iniquissimum esse ita se velle purgare, ut alium adëô<br />

turpiter quis accuset. Ta<strong>les</strong> fratres sumus? Haecest mansuetudo<br />

Christiana?<br />

Equi<strong>de</strong>m Carolumnon <strong>de</strong>fendo, quamvis olim, id est, ante annos<br />

duos, ipse se apud me coràm <strong>de</strong>fen<strong>de</strong>rit, postquam a Farello turpissimisliteris<br />

liuc scriptis esset accusatus <strong>de</strong> iis<strong>de</strong>m criminibus<br />

Non tamen probare possum, taliter eum tractari apud bonos et<br />

pios viros. Et quid putas Evangelici Galli confecerunt, si Carolus<br />

se publico scripto <strong>de</strong>fen<strong>de</strong>rit ? Hîc erit Evangelio consullum egregiè!<br />

Scio Carolum publicè dixisse « Si consenseritis in Confessio-<br />

« nem Basileœcommuniterscriptam5, vel in eam quae oblata est<br />

« Cœsariin ComitiisAugustanis*, et subscripseritis Athanasii sym-<br />

« bolo, ego vester ero, nihil contra vos movebor. Sin aliter, erit<br />

« quod ferre non licebit. Quid est igitur quod istos movet, nisi<br />

spiritus dissùlii,ne quid dicam aliud? Utinam vel Evangelium non<br />

tractaremus, vel pacis in Domino spiritum recto animo quœreremus<br />

Verùm <strong>de</strong> his satis.<br />

Rerum omnium ignaro et stulto viro has committere volueram,<br />

Philippo tonsori vel Sebastiano; verùm neuter me abiturus salutavit.<br />

Adu<strong>les</strong>centes hi casu fuerunt obviàm. Reliquum est Quia ego<br />

Nolebantenimconsensusuoapprobaretyranni<strong>de</strong>mhanc ut, cum<strong>de</strong> re<br />

satissuperqueconstaret,fi<strong><strong>de</strong>s</strong>verbisaut syllabisessetalligata. Sedpredpuaratio<br />

illis fuit, ut furiosohominieamjactantiam eriperentquam<br />

ipseanimoet spe prsesumpserat.Hocenim. erat ejus consilium totâ<br />

piorumvirorumdoctrinàin suspitionemtracta, authoritatemeorumquoquomodolabefactare.<br />

Namin consessusatisfrequenti. ita cumVireto<br />

egerat Tum mihisuspectaesse<strong><strong>de</strong>s</strong>inet tua fi<strong><strong>de</strong>s</strong>,cùm tribusSymbolis<br />

subscripseris (DefensioN. Gallasii,p. 49, 52, 53).<br />

Voyezle N»533, note8.<br />

La Confession<strong>de</strong> Foi signéeà Bâle,le 3 février1536,par <strong>les</strong>députés<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>églisesréformées<strong>de</strong> la Suissealleman<strong>de</strong>.Dansla DefensioGallasii,<br />

p. 53, Calvindit, en parlant <strong>de</strong> lui-mêmeet <strong>de</strong> sescollègues Helveticam<br />

Confessionem, absque mora aut controversia,coram ipso Carolo,sunt<br />

amplexi.Cujushocest quintum[1.sextum]caput De Deosicsentimus<br />

Unumessentiâ,trinumpersonis,etc. » (Voy.Ruchat, IV, 62, 63.)<br />

6 La ConfessionappeléeTetrapolitana,ou <strong><strong>de</strong>s</strong> quatre Vil<strong>les</strong>, parce<br />

qu'elle fut présentéeà l'Empereurà la diète d'Augsbourg(1530)par <strong>les</strong><br />

députés<strong><strong>de</strong>s</strong> vil<strong>les</strong> <strong>de</strong> Strasbourg,<strong>de</strong> Constance,<strong>de</strong> Memmingenet <strong>de</strong><br />

'Lindau(Voy.Ruchat, II, 241,242).


256 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1537<br />

valeo apud Tigwrinoset Bernenses aeqaaliter,id est, nflûl, et cura<br />

nihflo minus est <strong>de</strong> utrisque, te perDominum rogo atque obtestor,<br />

ut cures dissensionem inter Fratres Bernensessubtatum in. Id<br />

enim nisi fiat,vi<strong>de</strong>bis olim quod noies. Vale cum uxore et liberis<br />

et fratrîbus. Basileae,ix Julii a. 1537.<br />

641<br />

OSVALDUS MyCONIUS tUUS.<br />

CHRISTOPHEFABRI à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 15 juillet 1537.<br />

.Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Somkaire. Des affaires urgentes ne m'ont pas permis d'attendre à Genève votre<br />

retour, quoiquej'eusse plusieurs choses à vous communiquer.Si <strong>les</strong> frères trouvent<br />

bon que Froment vienne s'établir ici, je désire que ce soit prochainement. Il a été<br />

décidé qu'Alexandre rési<strong>de</strong>rait à Thonon. Tâchez <strong>de</strong> nous envoyer encore <strong>les</strong><br />

trois ministres dont nous avons besoinpour ZuUin, Bermance, on Yvoireet Armoy.<br />

Obligez Nicolas &tenir sa promesse, et si le Jacobin dont j'ai parlé à vos collègues<br />

inspire plus <strong>de</strong> confiance que jadis, envoyez-le moi pareillement^ Un<br />

Y<br />

quatrième<br />

pasteur serait nécessaire pour la seigneurie <strong>de</strong> Covdrée.Je vous recomman<strong>de</strong> Berné<br />

[Ferrotelf] et sa femme.<br />

Les gens <strong>de</strong> TKoBonétaient récemment occupés à faire une procession, pour<br />

obtenir <strong>de</strong> la pluie, lorsque le feu du ciel, tombant au milieu d'eux, a tué le portecroix<br />

et b<strong>les</strong>sé mortellement quatre ou cinq personnes, entre autres le curé.<br />

Veuillez me procurer un livre qui enseigne <strong>les</strong> éléments <strong>de</strong> la <strong>langue</strong> alleman<strong>de</strong>.<br />

Nous chercherons un emploi pour l'ancien diacre <strong>de</strong> Nernier. J'ai visité Cologny<strong>dans</strong><br />

sa prison, et je crains qu'il ne fasse beaucoup <strong>de</strong> mal, si vous avez été réellement,<br />

commeil s'en plaint, trop sévères envers lui.<br />

S. Quôd necessitas exposceret ut maturè isthinc solveremus, non<br />

7 Les pasteurs <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Berne n'étaient pas d'accord au sujet <strong>de</strong><br />

la sainte Cène. Sébastien Meyer et Pierre Kuntz se montraient favorab<strong>les</strong><br />

aux idées <strong>de</strong> Luther, tandis que Megarn<strong>de</strong>r, Érasme Bitter et la gran<strong>de</strong><br />

majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> ministres du canton soutenaient avec ar<strong>de</strong>ur la doctrine <strong>de</strong><br />

ZwmgH. C'est essentiellement pour apaiser ce différend que le syno<strong>de</strong> bernois<br />

du 31 mai 1587 avait été convoqué (Voy. le N° 644, fin <strong>de</strong> la note 5. •<br />

Ruchat, V, 14-16).


1 537 CHRISTOPHE FABM A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 257<br />

licuit tuum expectare reditum, tametsi malta, quaevobis communicare<br />

<strong>de</strong>creveram, invitus omiserim. Si fratribus expedire vi<strong>de</strong>bitur<br />

Frumentum bic agere (quemadmodum vestra fait sententia),<br />

date operam ut id brevi fiat. Scio enim nonnisi calcaribus impulsum<br />

hue ventaram De Ale~.randroa actamest ut hic agat. Curate<br />

imprimis tres nobismiltendos adhuc ministros.ïïnos in valle Lulini<br />

praeficiendas,alter Armenchiis vel Eburnœis3. Tertius verô Ârmoyaci*,<br />

et hune prœcipuè mittendum jussit Prœfectus, alioqui<br />

Genevensibussuccensurus. Nicolaum 5 hue adigetis, ut stet pollicitis.<br />

Jacopitam illum quem aliàs novimus, ut Calvino et Frumento<br />

<strong>de</strong>teximus, utcunque inconstanlem, si nunc immutatum vi<strong>de</strong>ritis,<br />

mittite. Tertium nescio perin<strong>de</strong> atque quartum, qui Codrœensi* 6<br />

ditioni necessarius qui<strong>de</strong>m esset. Verùm utrinqne periculum est.<br />

Commendovobis Rhenatum1, cum uxore, quos in diversorio soluturus<br />

non offendi.<br />

In Toloraierasi8 pago,~lquianiproximo, nuper dum pluviam suis<br />

1Fromentayantaccepté,peu <strong>de</strong> moisauparavant,<strong>les</strong> libéralités<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Bernois,nepouvaitguèrerefuser<strong>de</strong> remplirla place<strong>de</strong> diacreà Thonon,<br />

à laquelleil fut appeléle 12juillet 1537.Onlit, en effet,<strong>dans</strong> le Journal<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> commissairesbernois,à la datedu 31 mars, mêmeannée


258 CHRISTOPHE FABRIAGUILLAUME FAREL,AGENÈVE. 153-7<br />

<strong>de</strong>ambulationibus quas processiones vocant, impetrare tentabant,<br />

nescio quis Elias, aquaeloco, ignem è cœlo exoravit 9,qui cracem<br />

et eum qui ferebat eam perdidit, eoque mortuo non est inventa<br />

crux, nisi quas miserum excruciavit cum 4 aut 5 alüs quos aiunt<br />

morti proximos, quoram rams gravissimè laesusest in cruribus ac<br />

femoribus, juxta illud per quaequis peccat. per haeeet torquetur.<br />

HocomnibusJ3gy[p]tiacis signma.non mediocrem incutüt timorem<br />

ac tremorem, a<strong>de</strong>ô ut quosdam mox abituros dicant.<br />

Quaeremihi aliquem libellum theutonicœ linguœ primordia docentem,ut<br />

pollicitus es. De eo qui aliquo tempore Nerniaci10munere<br />

diaconi functus dictus est, in proximo Jovis die tractabitur.<br />

Necesseerit alium habere qui illic prajficiatur.Ego Colùnem in<br />

carcere invisi, quem plurimùm nocituram vereor, nisi bénigne à<br />

ministristractetur, saltem diluatiseam notam qua vos sui àmfcxovç<br />

esse dicit et clamitat.Nicolam, librorumcompactontmfixompactor],<br />

domum obtulit civibus, quum alio satisfacere neqneat. Meritô quid[a]m<br />

patiuntur, sed causam omnibus velim innotescere, ut obturarentur<br />

impiorum ora. Vale, salutatisomnibus. Tononii, dum itineri<br />

me accingerem ex tempore. lo Jullii 1537.<br />

Tuus Christof. libeutetcs.<br />

(InscripHo:) Gulielmo Farello, Verbi Dei ministro. Genevœ.<br />

9 Allusionaux mirac<strong>les</strong>opéréspar le prophèteÉlie. VoyezI Rois,<br />

chap.XVm.<br />

10Onne connaîtpas le nom<strong>de</strong>cediacre<strong>de</strong> Ncrnier(N°591,n. 12-13).<br />

11 La suite <strong>de</strong> la phrase annonceque ce personnageétait Genevois,<br />

et il est fort probable que Fabri vent parler ici <strong>de</strong> Jean Janin dit le<br />

Colognier (Voy.l'In<strong>de</strong>x du t. ni). Le Registredu Conseil<strong>de</strong> Genèverenferme,en<br />

effet,<strong>les</strong> passagessuivants


537 GODEFROI LOPIN A JEAN CALVIN, A GENÈVE. 259<br />

642<br />

GODEFROILOPINà Jean Calvin, à Genève.<br />

(De Paris) 15 juillet (1537).<br />

Inédite.Autographe.Bibl.Publ. <strong>de</strong> Genève.Vol.109.<br />

Sommaire. J'avais toujours désiré <strong>de</strong> vivre <strong>dans</strong> la société <strong><strong>de</strong>s</strong> hommesqui enseignent<br />

réellement la piété, afin <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong> leur exemple. Maisje n'ai rencontré ici qua<br />

l'impiété toutepure, ou bien, chezceux qui se croient plus éclairés, l'absence<strong>de</strong> zèle<br />

et la dissimulation au lieu <strong>de</strong> la foi. C'est ce qui m'engage a vous communiquer<br />

mon <strong><strong>de</strong>s</strong>sein.<br />

J'ai reçu <strong>de</strong> mon entretien avec vous a Paris, lors <strong>de</strong> votre arrivée <strong>de</strong> Bdle, une<br />

impression si profon<strong>de</strong>, que je vous ai tout <strong>de</strong> suite déclaré que je vous accompagnerais<br />

en Allemagne quand vous y retourneriez et je l'eusse fait, si la maladie<br />

me l'avait permis. Plus tord, j'en ai été empêché par la guerre, qui fermait le che.<br />

min <strong>de</strong> l'Italie, et par la résistance <strong>de</strong> monptre, qui se doutait que l'Italie était le<br />

prétexte, et Genèvele b»t <strong>de</strong> monvoyage.Faites donc en sorte <strong>de</strong> me procurer auprès<br />

<strong>de</strong> vous une position ^ui me fournisse <strong>de</strong> quoi vivre, et me permette <strong>de</strong> vous re-<br />

joindre. Je ne refuserai aucun emploi, pourvu que je puisse assister aux laçons<br />

publiques, spécialement anx vôtres. Quant à mon père, je ne dois pas attendre <strong>de</strong><br />

lui le moindre secours; il m'en a prévenu.<br />

(P.-S.) Comme je crains que vous ne vous souveniezpas <strong>de</strong> moi assez distinctement,<br />

j'ajouterai que je suis l'aîné <strong><strong>de</strong>s</strong> frères qui vous firent une visite a Paris, et<br />

l'ami <strong>de</strong> Coigmt, votre compagnon<strong>de</strong> voyage.<br />

G.Lopinus1 JoanniCalvino,totius Gallimornamento,et Genevae<br />

grecaruia literarum professoridoctissimo,S.<br />

Cum ab ineunte aetate vitam ab omni impietate alienam ducere<br />

instituissem, vir doctissime, nihil perin<strong>de</strong> cupivi atque, quantum<br />

possem, eorum familiaritate uti qui verè pietatem docerent, ut<br />

1 En 1525 il existai à Paris un avocat natif <strong>de</strong> Tours, nommé Aymeri<br />

Lopin, et qui fut emprisonné, à la snite du procès <strong>de</strong> Jacques <strong>de</strong> Beaune,<br />

baron <strong>de</strong> Semblançay (Voy. le t. I, p. 192. Journal d'un bourgeois <strong>de</strong><br />

Paris, 311-313. J. Chenut. Antiquités <strong>de</strong> Bourges, 1621, p. 821). Nous<br />

ne savons si Go<strong>de</strong>froi Lopin était son fils.


260 GODEFROI LOPINAJEANCALVIN, AGENÈVE. 1 537<br />

primùm et pia et syncera imbiberem. Tanta est enim ejus vis ac<br />

magnitudo, ut nihil putem esse quod ad vitam perducere possit,si<br />

eam tollas. Verùm, cum modis omnibus id efficere tentassem, res<br />

ita tamen processit, ut nihil me asseq[u]atnm esse vi<strong>de</strong>am. Quid<br />

enim suapte naturâ peccator hic, inter eos apud quos parissima<br />

quaequemalè audiunt et à quibus nihil discas preter meras impietates,<br />

assequeretur? Quo nomine dici non potest, quàm mihi vitam.<br />

esse acerbam putem.<br />

At dicet quis, bonorum consortium hic non <strong>de</strong>esse, et si <strong><strong>de</strong>s</strong>it,<br />

in bibliothecam ab<strong>de</strong>ndam me, ut nihil aliun<strong>de</strong> vitii contraham.<br />

Cuiego responsum volo hic non <strong>de</strong>esse qui sibi sapere vi<strong>de</strong>ntur,<br />

sed tam frigidè res tractant, ut nihilo doctior evadas. Permultos<br />

etiam vi<strong>de</strong>osquorum animi, ambitionevicti, eô perducti sunt, utpro<br />

fi<strong>de</strong> simulationem quandam amplectanlur. Ad<strong>de</strong>etiam sommas impietates<br />

et insignes abominationes, quocunque oculos verteris, hic<br />

esse; quo fit, ut neque bonorum, si qui sunt, consuetudine, neque<br />

solitariostudio adversùs hujusmodi portenta <strong>de</strong>ffen<strong>de</strong>reme queam.<br />

Eà caussâ consiliimei rationem et quid [a] te maxime velim scribendum<br />

esse putavi.<br />

Cum Basiled Luteciam venisses2, simul atque adcentum luum<br />

accepimus,te salatatum immtis in hospitium, ubi tuo colloquioita<br />

affectifuimus, ut te unum ex universa Gallia,quaelatissimè patet,<br />

hactenus suspexerim, ita ut tibi in Germaniumre<strong>de</strong>unti 3 et nos itineris<br />

comitesfuturos amicis prœdiœerimm, et, mihi cre<strong>de</strong>, fuissemus,<br />

si per morbum in quem tum incidimus licuisset. É duo ubi<br />

primùm liberati fuimus, <strong>de</strong>dimus operam ut istuc proficiscereraur,<br />

idque ut ex voluntate patris fieret, et amicorum sermonibus et literis,<br />

tentavimus. Sed primùm bellorum tumultibus viam in Italiam<br />

prseclusamobjectum est4 tleîn<strong>de</strong>,-ubi Italiœ nomine me Genevaim<br />

iter pnetexere sensit pater, res ei mo<strong>les</strong>ta fuit ut cum maxime,<br />

monuitque ut, si se amarem, ne id au<strong>de</strong>rem. Tum ego prope exanimatus<br />

«Num me è pistrino gallico eximam? Num è summis.<br />

miseriis liberabo? Num eos <strong><strong>de</strong>s</strong>eram qui blasphemias et impietates<br />

horrendas adversùs Evangelii simplicitatem tutantur? Ita faciam,<br />

S Allusionan voyageque Jean Calvinfit à Noyon,au printemps<strong>de</strong>l'année<br />

1536,aprèssonretour d'Italie a Bâle(S° 568,n. 3).<br />

Onsait, qu'aprèsavoirréglésesaffairesà Noyon,Calvinse proposait<br />

<strong>de</strong> fixerpour quelquetempssa rési<strong>de</strong>nceà Bâle (N°568,n. 3).<br />

Voyezle X° 577j note 6.


1 537 GODEFROI LOPIN A JEAN CALVIN, A GENÈVE. 261<br />

si Eum audiam qui ait « Quiplus diligitpatrem quàm me non est<br />

me dignus. »<br />

Itaque, amabo, fac ut quacur^ue conditionepoteris hine evocemur;<br />

nihil ùneris <strong>de</strong>trectabo,modôliceatpuàlicospro fessoresattdire<br />

qui istie sunt, quorumte prœcipuum accepimus5. Neque id à te peteremus,<br />

si alium quàm patrem, qui studia nostra juvaret, haberemus<br />

sed soins est et morosus, nec ut ad te commigremus pecuniam<br />

dabit, nec cum istuc venerimus mittet; praedixit id non semel<br />

tute scis quàm malè audiant qui istic sunt, neque profectori<br />

tantum pecuniarum ab amicis accipiemus, ut nos diu istic alere<br />

possimus, sed quaevestitui et libris comparandis par sit. Qaod ad<br />

victum pertinet, velim quocanque modo poteris (malo enim istic<br />

iniqoissima conditione agere quàm hîc optimà apud homines impios<br />

esse), pro necessitudine nostra perficias. Quod si feceris, nos<br />

quàm primùm ad te conferemus6. Idibus Juliis. Bene vale.<br />

Tuus 60D0FREDCSLOPLNUS.<br />

Sed quia veremur, ne non satis cognitos nos habeas, adscribendum<br />

fuit, me eorum fratrum quos hic vidisti majoremnatu esse,qui<br />

se- Annam Aureliam 7 in Anglia vidisse narravit, et qui utebatur<br />

Gognetioe familiariter, querrahabuisti t~uii~ineris'socium. Vale.<br />

Si quid rescripseris, cura literas tuas perferri in vicum, ut vulgô<br />

receptum est, magistri Gervasii, in aè<strong><strong>de</strong>s</strong> quibus signur. trinitatis<br />

appensum est.<br />

Tuus GODOFREDUS<br />

quantus est.<br />

(Inscriptio :) A Monsieur et frère, MonsieurCauvin,Lecteur public<br />

à Genefve.<br />

A Genefve.<br />

6 Ce passage,rapproché <strong><strong>de</strong>s</strong> phrases précé<strong>de</strong>ntes,nous autorise à<br />

croirequela présente lettre est <strong>de</strong> 1537.En juillet 1538 le correspondant<br />

<strong>de</strong> Calvinn'aurait pas ignoréque celui-ciavait été banni <strong>de</strong> Genève<br />

<strong>de</strong>uxmoisauparavant.<br />

8 Si le personnagequia écrit cettelettre est venu à Genèven 1537<br />

ou en 1538,sonséjourn'y a laisséaucunetrace.<br />

7 Hne s'agit pas d'une princesse<strong>de</strong> la maisond'Orléans,maisd'une<br />

dameoriginaire<strong>de</strong> la ville<strong>de</strong> cenom.<br />

8 MatthieuCognietou Coignet,quifut plustard conseillerdu roi <strong>de</strong><br />

France; maître<strong><strong>de</strong>s</strong>Requêtes<strong>de</strong> sonHôtel,procurenrroyalau Parlement<br />

<strong>de</strong> Savoie,et, dès 1555, ambassa<strong>de</strong>ur<strong>de</strong> France auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> Ligues<br />

suisses.<br />

9 Levoyage<strong>de</strong> Calvin<strong>de</strong> BAIeà Paris, ou <strong>de</strong> Paris à Genève? 2


262 JACQUES LECOQAGUILLAUME FAREL,AGENÈVE. 1537<br />

643<br />

JACQUESLE coQ à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De tf orges, 19 juillet 1537.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Xeudiàtel.<br />

Sommaire. Sur votre conseil, je me suis rendu à Grandson, arin d'amener Voisin à.<br />

M*<strong>de</strong> Montfort; mais nous avions été <strong>de</strong>vancés par Malingre, qui a fait agréer à<br />

MM. <strong>de</strong> Berne quatre candidats, dont l'on est déjd installé chez M* <strong>de</strong> Monlfort. Le<br />

procédé <strong>de</strong> Malingre dénote peu <strong>de</strong> respect pour <strong>les</strong> décisions <strong>de</strong> nos syno<strong><strong>de</strong>s</strong> car<br />

il avait été décidé à Lausanne que tout candidat serait préalablement examiné par<br />

le doyen et <strong>les</strong> députés <strong>de</strong> la Classe.<br />

Lenouveauministre<strong>de</strong>Roïïeprêchait jadis«à Éborney, »nonloin<strong><strong>de</strong>s</strong>frontières<br />

<strong>de</strong>la Bourgogne. NotreClassese réunirale 25juilletet el<strong>les</strong>'occuperadufrère<br />

quevousnousavezenvoyé.Voisindésireêtreplacéprès<strong>de</strong> "Tiret, <strong>dans</strong>le <strong><strong>de</strong>s</strong>sein<br />

d'assisterauxleçons[<strong>de</strong>l'Académie]. Je voudrais qu'ilfûtpasteurd Aubonne.<br />

Salutem, gratiam et pacem a Deo patre nostro, per Christum<br />

Adii nuper Grandissonum2.. parens tuo et fratrum consilio,ut Viciimm3<br />

mecum Amonteforti* adducerem. Verùm nos prajvenerat<br />

Malingrius5 nam, ut audio, Benmm petiit, comitatus quatuor fratribus<br />

qui admissi fuerunt a Dominis,quorum unum Amonteforli<br />

adduxit; nescio quis homo sit, nec unquam hominem vidi. Faxit<br />

Dominus ut totus propagan<strong>de</strong> jrloriœ Christi sit addictus!<br />

Suspect» sunt michi adnioduin repentinre Thomœ 6 vocationes,<br />

1 Voyez<strong>les</strong>X°-399et 574.<br />

3 La ville <strong>de</strong> Grandson.<br />

3 Jean Voisin on Voisinet, <strong>de</strong>puis quelques années pasteur <strong>dans</strong> le<br />

bailliage <strong>de</strong> Grandson.<br />

François d'Alinges, dit <strong>de</strong> Montfort, seigneur <strong>de</strong> VuUierens, près <strong>de</strong><br />

Morges; c'était pour ce village qu'il avait <strong>de</strong>mandé un ministre. On lit <strong>dans</strong><br />

le Registre <strong><strong>de</strong>s</strong> amodiations, au 24 juin 1587 « Colombier, Révérol<strong>les</strong>, etc.,<br />

qui dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> VuUierens, n'ont point <strong>de</strong> pasteur. Le sieur <strong>de</strong> Montfort<br />

en <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un (Trad. <strong>de</strong> l'ail. Arch. vaudoises).<br />

5-6 ThomasMalingre,pasteur<strong>de</strong>la villed'Yverdon.Le Coqlui reproche<br />

ici d'appelerspontanément<strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurset <strong>de</strong> <strong>les</strong>présenterà MM.<strong>de</strong>


1537 JACQUES LE COQA GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 263<br />

qui hac in re vi<strong>de</strong>tur omnes cœtas nostri spernere. Caatum erat<br />

Lausannœ ut, si quis fratrum adveniret, Decanns cum Deputatis<br />

illum, priusquam Bernam peteret, examinarent T qaod minimé<br />

factum vi<strong>de</strong>o. Audio ab ipso Amonleforti, palàm concionasse'quae<br />

non satis consonant veritati. Praefecerunt Domini eum qui Ebor-<br />

ney*j circa limites Burgundiœ, ministrabat, Rotuli9. Conveniemus<br />

Margiis, 25 Julii, omnes hujus classis fratres, Scripturas diu intermissas<br />

tractaturi l0; tanc curabitnr, ut fratri quem misistis 11, et<br />

populo qui ma,ris eget meclico, consulatur.<br />

Seribit Viciait* et in hoc est, ut proximus sit Vireto, quô lectio-<br />

nibus 12 interesse possit. Vellem Albonœ 13 ministraret, ni magis<br />

hodie homines tetatem et faciem inspicerent quàm animum w. Oro<br />

Berne, san$ avoir <strong>de</strong>mandé le consentement <strong>de</strong> ses collègues cela donne<br />

lieu <strong>de</strong> penser que Malingre était déjà en 1537 doyen <strong>de</strong> la Classe d'Yverdon<br />

(Voy. la note 7 et Ruchat, IV, 462).<br />

7 Allusion aux règlements adoptés par le syno<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lausanne du 14<br />

mai 1537. Le territoire romand soumis à MM. <strong>de</strong> Berne avait été partagé<br />

en sept divisions ecclésiastiques, nommées Classes. La Classe d' Yverdon<br />

comprenait <strong>les</strong> bailliages d'Yverdon et <strong>de</strong> Romainmôtier; celle <strong>de</strong> Morges,<br />

mentionnée plus bas par Le Coq, <strong>les</strong> bailliages <strong>de</strong> Morges et <strong>de</strong> Nyon (ou<br />

<strong>de</strong> Bonmont). Chaque Classe avait le droit d'élire un doyen, ou modérateur,<br />

et quatre jurés, qui <strong>de</strong>vaient l'assister. Aucun candidat au ministère<br />

ne pouvait se présenter à Berne sans apporter un témoignage <strong>de</strong> capacité,<br />

signé par le doyen et <strong>les</strong> jurés <strong>de</strong> la classe <strong>dans</strong> laquelle il désirait entrer<br />

(Voy. Ruchat, IV, 413, 414, 417-419).<br />

8 TI s'agit ici du village neudiâtelois nommé <strong>les</strong> Brenets, et qui est situé<br />

près <strong>de</strong> la frontière du comté <strong>de</strong> Bourgogne. Pour dire aux Brenets, on<br />

disait alors ès Bernets (Voy. Matile. Musée <strong>de</strong> Neuchâtel, I, 309-313). Le<br />

Coq a fait <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers mots le nom imaginaire d' *Éborney. »<br />

9<br />

C'est-à-dire, à Bolle, ville du Pays <strong>de</strong> Vaud qui avait eu pour pasteur,<br />

<strong>de</strong>puis le mois d'octobre 1536 (N° 574), Melchior Laurent. Nous<br />

ignorons le nom du personnage qui vint le remplacer en juillet 1537.<br />

10<br />

D'après <strong>les</strong> règlements adoptés au syno<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lausanne (Voy. n. 7),<br />

<strong>les</strong> ministres <strong>de</strong> chaque classe <strong>de</strong>vaient se réunir en conférence toutes <strong>les</strong><br />

semaines pour traiter <strong>de</strong> quelque point <strong>de</strong> théologie ou pour expliquer<br />

quelque passage <strong>de</strong> l'Écriture Sainte (Voy. Ruchat, IV, ol7). n se forma<br />

plus tard <strong>dans</strong> chaque classe <strong><strong>de</strong>s</strong> subdivisions nommées colloques.<br />

11 Nousignorons le nom <strong>de</strong> ce personnage.<br />

12 Les leçons <strong>de</strong> V Académie<strong>de</strong> Lausam.% qui, <strong>de</strong>puis la <strong><strong>de</strong>s</strong>titution <strong>de</strong><br />

Caroli, comptait encore <strong>de</strong>ux professeurs, Pierre Viret et Imbert Paccolet,<br />

précé<strong>de</strong>mment recteur du collége <strong>de</strong> Nimes (Voy. N°'603, n. 3, 6. Ménard.<br />

Hist. <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Nîmes. Paris, 1753, IV, 131, 133, 138).<br />

18La ville d'Aubome.<br />

14 A comparer avec te N° 601, renvois <strong>de</strong> note 8-10.


264 HENRIBULLINGER AOSWALDMYCONIUS, ABALE. 1537<br />

ut, si quem probum virum habeatis, illis 15 consulatis. Vale, salutatis<br />

plis omnibus. Salutat fratres Francisais noster. Morgiis,19<br />

Julii 1537.<br />

Tuus JAcOBUSGallus.<br />

(Inscriptio :) Viro pio Guilielmo Farello, Verbi Dominiministro,<br />

Genevœ.<br />

644<br />

HENRI BULLINGERà Oswald Myconius, à Bâle.<br />

De Zurich, 23 juillet 1537.<br />

Inédite. Autographe. Archives <strong>de</strong> Zurich. Copie mo<strong>de</strong>rne <strong>dans</strong> la<br />

CollectionSimler.<br />

SoofATRE. Opinion <strong>de</strong> Bnllinger sur le différend qui a eu lieu entre Caroli et <strong>les</strong><br />

pasteurs <strong>de</strong> Genève.<br />

Gratiam et vitaeinnocentiam a Domino!Recepiliteras illas tuas<br />

Myconi doctissime, unà cum Calvini ad Grynœumnostrum epistola<br />

2 et prœdicatorum Gebennensium confessione3. Et primùm,<br />

quod Confessionemattinet, nihil in ipsa mine qui<strong>de</strong>m vi<strong>de</strong>oquod<br />

displiceat; vi<strong>de</strong>tur enim plané exprimere sacrosanctae Trinitatis<br />

unitatem et personarum distinctionem. Quod voculas substantia et<br />

persona attinet, non arbitror illos fore tam praefractos ut illis uti<br />

nolint, aut alios iis utentes damnare velint 4, quando in ipso intellectu<br />

nullum sit vel periculum, vel dissidium.<br />

16 Les habitantsd'Aubonneou ceux<strong>de</strong> Morges?<br />

»-8 Voyez<strong>les</strong> N°»634et 640.<br />

4 Le 22 septembre1537,au syno<strong>de</strong><strong>de</strong> Berne, Calvin,Farel et Viret<br />

donnèrentsur ce point-là une déclarationécrite,qui fut approuvéepar<br />

Capiton,Bucer,Myconiuset Gryneeus.On y remarque <strong>les</strong> passagessuivants<br />

«Quoniamvocesistas Trinitatiset personarumplurimùmEcc<strong>les</strong>im<br />

Christicommodareintelligimus, ab his usque a<strong>de</strong>ô nonabhorremus,<br />

ut libentereas amplexemur,siveex aliisaudiendœ,siveà nobisusurpandœ<br />

sint. Nequeintérimmalignèinterpretabimur,si Bernensiseccksi»


1 537 HENRI BDLLINGER A OSWALD MYCONTOS,A BALE. 265<br />

Haud benè cessit nobis illa pugna <strong>de</strong> verbis substantiatiter, realiter<br />

et corporaftferhabita5; pessimèce<strong>de</strong>t, si revocaverimus priscam<br />

illam <strong>de</strong> unitate substantiaeet personarum distinctione in sancta<br />

Trinitate multô periculosissimam dispatationem. Satins enim mihi<br />

vi<strong>de</strong>tur adorandis hisce mysteriis toto animo acce<strong>de</strong>re, iliaque cre<strong>de</strong>re<br />

quemadmodum <strong>de</strong> his simpliciter loquitur Scriptura, quàm<br />

docte, subtiliter et acatè in tremendam illammajestatem perrepere<br />

velle. Nos certè curabimus, ne hac in re et propter voculas alla<br />

apud nos moveatnr disputatio. ApostolusPaulus jubet snos sapere<br />

ad sobrietatem et proportionem fi<strong>de</strong>i, vitare concertationem verborum.<br />

In bis ero.<br />

Quod Carolumattinet, hominem neque absolvere,neqtie damnare<br />

possum. Ex œquo enim Calvini accusationemet Caroli repurgationem<br />

ignaro, nisi quôd dira. quœdamlegimus appensa in epistola<br />

Calvini ad D.Grynœum,ad quœ certèobstupui,necdumintelligo quô<br />

spectent.Nihil <strong>de</strong> his scripserant nobis Bernâtes. Nihil ergo <strong>de</strong> bis<br />

judicare possum, nec, si possem, <strong>de</strong>beo. Debeo autem curare, ut<br />

omnis inter fratres dissentio sopiatur. Hue cum tu quoque horteris,<br />

stn<strong>de</strong>bo-magis sedulè<br />

Vale. MU 23, anno 1537.<br />

H. BULLINGERUStUUS.<br />

Grynœi literas remitto. Confessionemnon remitto, quôd putem<br />

illam à vobis non expectari.<br />

(Inscriptio:) D. Osvaldo Myconio, antistiti Basileiensis ecc<strong>les</strong>iae,<br />

charissimo fratri.<br />

Pastoreseosad Verbiministeriumadmitterenonsustineant,quoscompererint<br />

vocesistas aspernari (Copiecontempor.Arch. <strong>de</strong> Berne. Calvini<br />

Epp. et Resp. 1575,p. 290).<br />

6 LesLuthériens'étaientservis<strong>de</strong>cesexpressions<strong>dans</strong> <strong>les</strong>conférences<br />

qu'ils avaienteues avec<strong>les</strong> théologiens<strong>de</strong> la Haute-Allemagne, relativement<br />

à l'Encharistie(Voy.la lettre <strong>de</strong> LéonJu<strong>de</strong> du 15 septembre1534<br />

à AmbroiseBlaarer. Mscr. autogr. Bibl.<strong>de</strong> St.-Gall).Onlit au folio30<br />

<strong>de</strong> l'ouvrage<strong>de</strong> L. Lavaterdéjà cité c BernœHelvetiorum,ultima Maii<br />

(1537),habita estsynodusad sedandasrixas concionatorum<strong>de</strong> CœnaDominiexortas,<strong>de</strong>cretumqueest,ut<br />

SacrasLiterassecundùmdisputationem<br />

Bernœhabitamet ConfessionemBasiliensem. docerent,et relinquerent<br />

«xoticaet contentiosaverbasubstantialiter,corporaliter,carnaliter,supernatwaliter,<br />

etc. »


266 OSWALDMYCOMUS AHENRIBULLINGER, AZURICff. 153?<br />

645<br />

oswaid mtconius à Henri Bullinger, à Zurich.<br />

De Bâle, 26 juillet 1537.<br />

Inédite. Autographe. Archives <strong>de</strong> Zurich. Copie mo<strong>de</strong>rne <strong>dans</strong> la<br />

CollectionSimler.<br />

Sommaire. Le Roi, informé <strong>de</strong> l'hostilité <strong>de</strong> Caroli contre <strong>les</strong> Luthériens, lui a per-<br />

mis <strong>de</strong> rentrer en France. Ce monarque s'imagine que <strong>les</strong> Éuangéliques professent<br />

sur la divinité du Christ une doctrine anti-orthodoxe. Un second Français [Guillaume]<br />

£itjût, abjurant <strong>les</strong> sentiments chrétiens qu'il avait puisés <strong>dans</strong> la société <strong>de</strong><br />

Orynœus, a également obtenu son rappel, et je crains qu'il ne s'etforce, non moins<br />

que l'autre, d'arrêter <strong>les</strong> progrès <strong>de</strong> la piété au milieu <strong>de</strong> ses compatriotes.<br />

Les dissensions <strong><strong>de</strong>s</strong> ministres bernois durent encore. El<strong>les</strong> donnent lien, <strong>de</strong> la<br />

part <strong><strong>de</strong>s</strong> étrangers, aux réflexions <strong>les</strong> plus défavorab<strong>les</strong>. cr L'Évangile <strong>de</strong> Berne a<br />

est <strong>de</strong>venu, grâce à la rapacité <strong>de</strong> certains [baillis], une locution proverbiale <strong>dans</strong><br />

le Pays romand. Les Savoyards disent «On a doublé nos impôts. Le bailli est<br />

insatiable. Où est donc la justice que l'Évangile <strong>de</strong>vait enseigner aux Bernois fa<br />

S. Carolum audio réception m Gallias x, quôd Rex audierit ipsiun<br />

reclamareLutherams. Nescio si res ita habeat. Illud certum est, Ecan-<br />

gefii sectatores non ob aliam causmm pejùs apnd illiim audire, nisi<br />

quôd putat eos non rectè sentire <strong>de</strong> divinitate Christi. Quôd si mine<br />

recepisset istum, vt ad nos nobilis vir et pius 2, hodie retulit coràm,<br />

is, vereor, frigidam suffusurus esset non segniter. Adfh-mavit i<strong>de</strong>m,<br />

Carolum propemeaum <strong>de</strong>lyrare, un<strong>de</strong> quidam divinant, quae facit<br />

non bene sibi conscium facere. Equi<strong>de</strong>m nescio quid rei sit. Quam-<br />

diu fuit apud nos, taliter egit, ut jurassem bonum esse viram.<br />

Haec i<strong>de</strong>o scribo, ut mecum timeas, Galliam habere qui absterreat<br />

magis magisque, ne recipiat Evangelium, atque hoc profectô con-<br />

1 Voyez le N° 638, note 9.<br />

2 Probablement Morélet du Museau, seigneur <strong>de</strong> Marcheferrière, qui se<br />

trouvait alors à Scile (Voyez le N° suivant).


1S37 OSWALD MYCONIUS A HENRI BULLINGER, A ZURICH. 267<br />

tra animi mei sententiam. Receptusest item Digotius Il., philosophas<br />

scientia magnas, poeta, linguarnm peritus, intérim mi<strong>les</strong> et homicida,<br />

quam ob rem hactenus caruit gratia Regis Et receptus est<br />

beneûcio Cardinalium quorundam. Dum hic fuit, incepit, Grynœo<br />

doctore, sapere <strong>de</strong> Christo pulchrè: nunc postquam beneficinm<br />

sensit, imô plenè accepit ab fllisviris, nescio iterum quid cogitem.<br />

Timeojam alterum essequi, relicta cognitioneceritatis, inter Gallos<br />

remoram injiciat*. Utinamnon verè divinem 1<br />

De dissensione fratrum Berraensi~ccni <strong>de</strong>nnô rogo, diligentiam<br />

adhibeas.Nam hoc (lie cru<strong>de</strong>lissima<strong>de</strong> ipsis accipio partes habent,<br />

et eas fovent, pro concionibus nullaï ad unitatem adhortationes, ut<br />

qui aliun<strong>de</strong> veniunt dicant « Qualenam est hoc Evangelium? »<br />

Dein<strong>de</strong> constat, in Galîiis abiisse in proverbium EvangeliumBernatum,<br />

propter anxios quosdam pecuniarum voratoresT, quorum<br />

manifesta avaritia et insatiabilis tribuitur dissidio fratrum; qua<br />

ratione, divinabis ipse facillimè. Querunfur item Sabaudienses8<br />

«Ubi Duci obolus fuerat dandus, nunc dandi sint duo. Et non esse<br />

quo Prœfeclus satiari queat. Putasse semper se, Beruensescoluisse<br />

praeter ceteros justitiam exEvangelii doctrina; nunc multô sentire<br />

aliud, et vi<strong>de</strong>re qualenam Evangelium eis praedicetur. » Hœcapud<br />

te, ut scripturus ad illos habeas quod suppeditet aliquo modo stimulos,<br />

qui moveant; non quôd tibi <strong><strong>de</strong>s</strong>it quo moveas, sed quia<br />

8 GuillaumeBigot,né à Lavalen 1502.TIavait acquispar ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

solitaires<strong><strong>de</strong>s</strong> connaissancesi variées,que Mélanchthonput dire


268 LE CONSEIL DE BÂLE A FRANÇOIS I. 1537<br />

quaedico nescire te arbitror. Vale cum uxore et !iberis felicissimè.<br />

Fratres omnes opto salvos. Basileae,xxvi Julii a. 1537.<br />

Tuus Myconids.<br />

(Inscriptio :) D. Heinricho Bullingero doctissimo,fratri in Domino<br />

suo colendissimo.<br />

646<br />

LE CONSEILDE BALE à François I.<br />

De Bâle, 27 juillet 1537.<br />

Inédite. Minute originale. Archives <strong>de</strong> Bâle.<br />

Sommaire. Les magistrats <strong>de</strong> Baie remercient le Roi, <strong>de</strong> ce qu'il a bien voulu rappeler<br />

<strong>de</strong> l'exil Morelet du Museau et le rétablir <strong>dans</strong> tous ses droits. Us s'empresseront<br />

<strong>de</strong> faire connaitre à leurs amis cet acte <strong>de</strong> clémence, que <strong>les</strong> vertus <strong>de</strong> Morelet<br />

semblaient mériter a juste titre.<br />

Potentissimo atque Christianissimo Principi Francisco, Regi<br />

Francortun, omnimodam fœlicitatem precantur obsequiumque<br />

suum oiïerunt.<br />

Non potuit satis Tuœ Sacerrimœ Majestatis benignitatem et clementissimammagnificentiamlaudibusapud<br />

nos vehereingenwtsvir<br />

Moreletus<strong>de</strong> Museaul, Rex christianissime pariter et invictissime,<br />

quàd Regia Tua Majestasipsum, ex singulari sua in omnes bonos,<br />

sed praecipuèin se benevolentia et gratia; aliquotjam annis extorrem,<br />

in omnesfacultates suas et inlegrum liberalissimèrestitueiit<br />

Cujusrei caussâ, MajestatiTus, clarissime Rex, gratias quàm possumus<br />

maximas, si referre non licet, agimus cum summa reve-<br />

1 n avait quittéGenèvele 6juin (N°632, n. 3).<br />

2 Moreletdu Museauavait été recommandéà la clémencedu Roipar<br />

un anciencollègue<strong>de</strong> sonpère,c'est-à-direpar LouisDangerant,seigneur<br />

<strong>de</strong> Boisrigauld,ambassa<strong>de</strong>urfrançaisauprès<strong><strong>de</strong>s</strong>Liguessuisses(Voyl'In<strong>de</strong>x<br />

du t. m et la lettre <strong>de</strong> remerciementsquele Conseil<strong>de</strong> Bàleadressa<br />

\L. Dangerant,le Jeudi26juillet 1537;Min.orig. Arch.bâloises).


1537 LE CONSEIL DH BALE A FRANÇOIS I. 269<br />

rentia. Et, licet hoc tam egregium facinus per se ejusmodi sit, ut<br />

Regiam MajestatemTuam, tanquam christianissimum et clementissimum<br />

principem, inprimis <strong>de</strong>ceat, nos tamen, perin<strong>de</strong> atque illi<br />

qui RégimeMajestatisTumchristianum et clementem animum quàm<br />

plurimis conspicnum red<strong>de</strong>re contendunt, nunquam eessabimus<br />

hanc tuam gratiam, haud aliter ac in nos collatam, omnibus amicis<br />

et fautoribus per Germaniam insinuare atque ita diffan<strong>de</strong>re, nt benevolus<br />

ille et indulgentissimus MajestatisTure animus in optimum<br />

quemque, principe dignus, volitet per ora virùm,<br />

orantes et<br />

obsecrantes Regiam Majestatem Tuam, ut virum hune optimum<br />

nobisque carissimum,sibi verô <strong>de</strong>vinctissimum,<strong>de</strong>inceps commendatum<br />

omni gratia (quemadmodum nichil ambigimus) ita habeat,<br />

ut senciat,Francisée regum invictissime,nos ipsius negotia minime<br />

negligenter hoc tempore tractare voluisse, et nostram hanc comraendationem<br />

apud Sacerrimam Regiam MajestatemTuam nequaquam<br />

vulgarem extitisse.Quam sanè et benevolentiamet commendationem.<br />

suo quodam jure mereri vi<strong>de</strong>batur hominis primùm<br />

virtus, cita <strong>de</strong>in<strong>de</strong>hic probe ac innocenter acta3, jusque nostrœ civitatisquodadhuc<br />

nobùcumcommunehabet ac singularis erga Regiam.<br />

Majestatem Tuam amor et observantia, quam nobis non<br />

obscure praesese hactenus semper ferre visus est.<br />

Nos verô aliquando per occasionem RegiœMajestati Tuae paria<br />

facere summo cum obsequio erimus plus quàm paratissimi et semper<br />

obvü. Diuvaleas vivasque, Regum <strong>de</strong>cus! Basileœ, vi Kalendas<br />

Augusti, Anno Domini M.DJCXXVII5.<br />

Sacratissmia3MajestatisTuse studiosissimi<br />

CONSULET Senatus Basiuensis.<br />

3-4 Voyezle N°568, note 2.<br />

5 Bientôtaprès,Moreîetrevint à Genève.Onlit, en effet, <strong>dans</strong> le Registre<br />

du Conseil<strong>de</strong> cette république,à la datedu mardi7 août 1537<br />


270 CHRISTOPHE FABRI AUX PASTEURS DE GENÈVE. 1537<br />

647<br />

CHRISTOPHEfabri aux Pasteurs <strong>de</strong> Genève.<br />

De Thonon, 31 juillet 1537.<br />

Inédite. Minute originale. Bibl. <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaire. Que Dieu nous ren<strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nts, pour remédier aux dissensions suscitées<br />

<strong>dans</strong> l'Éjlise par ces hommes audacieux, légers et aveug<strong>les</strong> qui se croient pieux et<br />

guidés par l'Esprit, tandis qu'Ut sont entièrement adonnés à la chair! Ils condamnent<br />

la doctrine papale. Eh! bien, qu'est-ce qui <strong>les</strong> empêche d'aller, malgré <strong>les</strong> périls,<br />

évangéliser <strong>les</strong> lieux où elle est reçue, et y fon<strong>de</strong>r <strong><strong>de</strong>s</strong> églises <strong>de</strong> Jésus-Christ,<br />

à force <strong>de</strong> foi, <strong>de</strong> charité et <strong>de</strong> travaux? Une chose <strong>les</strong> retient, sans doute, et je<br />

pense que c'est la haine <strong>de</strong> la croix.<br />

Je vous dis ces choses, afin que vous sachiez quels sont mes sentiments envers<br />

ces faux-prophètes bien loin Je vouloir faire leur apologie, je suis tout prêt à approuver<br />

l'excommunication que vous avez prononcée contre eux. Moi-même j'ai admonesté<br />

Culogny, en réfutant son opinion sur le Baptéme et le Sabbat, et je lui ai<br />

déclaré que son châtiment était juste et <strong>de</strong>vrait être plus sévère encore, vu qu'au<br />

sortir <strong>de</strong> la congrégation, et quoique satisfait <strong><strong>de</strong>s</strong> ezplications données par <strong>les</strong><br />

frères, il continuait a répandre <strong>dans</strong> la ville <strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines étrangères. Qu'il dénature<br />

mes discours tant qu'il voudra! Je suis en mesure <strong>de</strong> réfuter ses mensonges.<br />

S. Misericordiam et Pacem ab optimo Patre nostro per Jesum<br />

Christum, qui suo spiritu suos pru<strong>de</strong>ntes reddat ad resistendum<br />

Satanœ insidiis, quibus Christi Ecc<strong>les</strong>ia dolosiùs in dies impetitur<br />

per eos qui iri veritatis linitibus et cancellis sese wntinere non pos-<br />

stint: leves nimirum spiritu, et, prœ curiositate nimia. arundine<br />

ipsa inconstantiores, semper discentes, sed nunquam ad veritatis<br />

sotidam cognitionem pervenire valentes, sic varüs sp[inis] undique<br />

cincti, ut miseri fratrum monitionibus, tum prœcationibus, extricari<br />

nulle pacto queant toti [spi\ritua<strong>les</strong>, dum turbant omnia et Evan-<br />

gelii cursum impedi[re conantur Ecc<strong>les</strong>iam] scin<strong>de</strong>n<strong>les</strong> miserè, ut<br />

[habe] antur docti, pz~ et spiritra<strong>les</strong>, quum nihil carni magis <strong>de</strong>dvtum


1 537 CHRISTOPHE FABRI AUX PASTEURS DE GENÈVE. 271<br />

vi<strong>de</strong>amus l Ita excapcavit eos Satan, ut hœc vi<strong>de</strong>re illis non liceat.<br />

Pontificia damnant. Quid igitur non aggrediuntur pontificia loca,<br />

ubi per charitatem, ex puro cor<strong>de</strong>, conscientia bona et fi<strong>de</strong> non<br />

simalata, ecc<strong>les</strong>ias Christo lucrifaciant, et, magnis sudoribus atque<br />

periculis, in ea quae cum ea charitate et vera unione et pace christiana<br />

pagnant totis viribus invehantur1? Non possum excogitare ad<br />

id aliud obstaculo illis esse, quàm cracis Christi odium. Nec imme-<br />

ritô Paulus ta<strong>les</strong> operarios subdolos inimicos crucis Christi cum<br />

lachrymis nunrupat.<br />

Haec scribo, cliarissimi fratres. quô meum erga vos animum<br />

pœnitùs dilatatum recipiatls, et agnoscatis quàm alienus sit ab hu-<br />

jusmodi (si qui sint) pseudapostolis, quibus tantùm abest ut innocentiam<br />

adscribarn 2,ttf,vobis saltem spiritu adjunctus, profligationi<br />

eorum et excommunicationi, post multas monitiones facUe, omnino<br />

mbscribere vettm 3. Nam et ipse Colinœum coram duobus aut<br />

1 Les phrases précé<strong>de</strong>ntes renferment plusieurs expressions empruntées<br />

aux épîtres <strong>de</strong> St. Paul, et que Fabri applique aux Anabaptistes <strong>de</strong><br />

Genève, comme on peut le conclure <strong>de</strong> ia secon<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la présente<br />

lettre.<br />

3 Ces paro<strong>les</strong>, rapprochées <strong>de</strong> ce qui suit et <strong>de</strong> la lettre <strong>de</strong> Fabri du<br />

15juillet (N° 641, renv. <strong>de</strong> n. 11), donnent lieu <strong>de</strong> penser que le personnage<br />

appelé Colon<strong>dans</strong> celle-là, et Colinœus <strong>dans</strong> celle-ci, avait interprété<br />

la commisération <strong>de</strong> Fabri pour sa personne comme une adhésion à ses<br />

croyances hétérodoxes. 11se serait vanté <strong>de</strong> compter <strong>dans</strong> son parti le<br />

pasteur <strong>de</strong> Thonon, et c'est là ce qui aurait engagé Fabri à se disculper<br />

auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> ministres <strong>de</strong> Genève.<br />

3 Les Genevois qui persistaient à soutenir <strong>les</strong> idées <strong><strong>de</strong>s</strong> Anabaptistes<br />

avaient-ils été publiquement excopeimuniéspar <strong>les</strong> ministres, comme <strong>les</strong><br />

paro<strong>les</strong> <strong>de</strong> Fabri sembleraient l'indiquer? Nous en doutons fort. Les<br />

Conseils avaient, il est vrai, accepté en bloc (16 janvier) <strong>les</strong> artic<strong>les</strong> du<br />

mémoire <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs (Voyez N° 602, note 17), mais ils montraient<br />

ne certaine répugnance à régler ce qui concernait l'excommunication.<br />

On lit <strong>dans</strong> le Registre <strong><strong>de</strong>s</strong> Conseils, à la date du 27 juillet 1537 < Conseil<br />

Ordinaire. Icy sont esté maistres Guillamme Farel et Cauvin, [et<br />

ils ont] faict grosse admonition <strong>de</strong> mettre en exéquution l'arrest sus<br />

l'admonition <strong><strong>de</strong>s</strong> gens, etc. Item et sus Collogny, quil ne se veult retorner,<br />

mais continue en ses propos. Est résolu, que l'admonition et correction<br />

soit faicte, et appartient aux seigneurs <strong>de</strong> céans; et que ainsyn qu'ilfs] révelleront<br />

quelcung ayant offensé, l'on le révelle séans, et séans l'on le<br />

faira venir et sera corrigé. » Et, au 29 suivant c Consilium Ducentenarium.<br />

Petuntur. Farellus et Cahinus cum ceco Corello. Admonent,<br />

instant [ut] fiant excommunicatio et confessio, ut alias fuit passatum.<br />

Est arresté, que Pon doêge appelé tous <strong>les</strong> dizennier. Leur sera donnée


272 CHRISTOPHE FABRI AUX PASTEURS DE GENÈVE. t537<br />

quatuor magna lenitate ac severitate admonni, opinionem ittius <strong>de</strong><br />

Baptismo et Sabbatho quantum in me erat refellens, et prœce<strong>de</strong>ntes<br />

fratrum cum illo coUationes objiciens, quœ in eo vanae vi<strong>de</strong>bantur;<br />

atque i<strong>de</strong>o justas lueret pœnas 5, longé majori supplicio dignus»<br />

quôd è congregatione fratrum contentas ahiret 6, nec alias extraneas<br />

hujusmodi opiniones T qnotîdie per urbem disseminare non<br />

cessaret, sicut audiveram, illius obdurationis alioqui inscins. Reliqua<br />

quœ cum eo tune egi prolixiora sunt quàm


1537 LE BAILLI D'AVENCHES A L'AVOYER DE FRIBOURG. 273<br />

648<br />

LE bailli d'avexches à l'Avoyer <strong>de</strong> Fribourg.<br />

D'Avenches, 1er août 1537.<br />

Inédite. Manuscritoriginal. Archives <strong>de</strong> Fribourg.<br />

Sommaire. Le bailli d'Avenches se plaint <strong>de</strong> ce que l'on <strong>de</strong> ses ressortissants a été<br />

mis en prison i Fribourg, parce qu'il n'a pas voulu aller a la messe.<br />

Monseigneur l'Advoyé, à vous me recomman<strong>de</strong>, vous faisant<br />

sçavoir comme j'ay esté advertys que avez pris et mis en vos prisons<br />

ung personnaige <strong><strong>de</strong>s</strong> miens nommé Jehan Aubert l'ancien, et<br />

ce pour cause que il n'a point vollu aller à la messe, estant en<br />

vostre terre, pour ce que nos Seigneurs et supérieurs à luy et à<br />

tous leurs soubjectsl'ont <strong>de</strong>ffendasur poënne et bamp <strong>de</strong> dixlivres 1:<br />

pour laquelle cause vous prie le volloir relâcher, ou aultrement<br />

je seray contrainct d'en advertir mes dits supérieurs. Et s'ils y a<br />

aultre chouse pourquoy le tenez,je vous prie le me volloirrescripre,<br />

ainsi que vuildriez que je fasse <strong>de</strong> l'ung <strong><strong>de</strong>s</strong> vostres, vous disant à<br />

Dieu.D'Avenche, ce premier jor d'aoust, anno, etc., xxxvn.<br />

Par le tout vostre allié et bon voysyn<br />

Anthoine Dyllyer, Baillifd'Avenche'.<br />

1<br />

Voyez <strong>dans</strong> l'ordonnance<strong>de</strong> Réformationdu 24 décembre1636<br />

l'article intitulé «Cérémoniespapa<strong>les</strong> » (Rachat,IV, 526).<br />

1 Le baillid'Avenche seplaignit<strong>de</strong> nouveauà MM.<strong>de</strong> Fribourg,le<br />

12 décembre1537,au sujet <strong><strong>de</strong>s</strong> paro<strong>les</strong>injurieusesqu'un Fnbourgeois<br />

nomméVuiïlermeGwSlietavaitprononcées,à Donnatyre,contreMM.<strong>de</strong><br />

Berneet tous <strong>les</strong> Luthériens(Mscritorig. Arch. fribourgeoises).Selon<br />

Ruchat,IV,465, <strong>les</strong>Réformésd'Avevches« eurentbeaucoupà souffrir<strong>de</strong><br />

la part <strong><strong>de</strong>s</strong> catholiques<strong>de</strong> leur voisinage,entre autres <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>pays</strong>ansdu<br />

village <strong>de</strong> Domdidier,quivenaient<strong>les</strong>insulterjusque<strong>dans</strong>leur ville ar<br />

paro<strong>les</strong>et par voies<strong>de</strong> fait. »<br />

0- et<br />

T. IV. 18


274 W.-F. CAPITON A GUILLAUME FAREL [A GENEVE]. 1537<br />

649<br />

w.-F. capiton à Guillaume Farel [à Genève].<br />

(De Strasbourg) 9 août (1537).<br />

Inédite.Autographe.Bibliothèque<strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs<strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Somhaibe. Je vousremercie<strong>de</strong>m'avoir communiqué leprocès<strong>de</strong>Caroli,quinous<br />

donnait <strong>de</strong>vivesinquiétu<strong><strong>de</strong>s</strong>. Unelonguexpérience nousa montrécombien le»<br />

dissensions <strong><strong>de</strong>s</strong>ministres sontfata<strong>les</strong>à l'Église. n nefautpointenirSatancomme<br />

entièrement vaincu, ninégliger <strong>les</strong>implepeuple. Jenedoutepasque,<strong>dans</strong>votre<br />

église, <strong>les</strong>pluschétifsne soientl'objet<strong>de</strong>la sollicitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>apasteurs. Deosa.<br />

coté, je m'efforce d'eatreren relationintimeavectonsmesparoissiens, afin<strong>de</strong><br />

connaître <strong>les</strong>dispositions religieuses <strong>de</strong>la jeunesse etd'offrir auxâmestroublées<br />

<strong>les</strong>consolations <strong>de</strong>laParole<strong>de</strong>Dieu.Lesministres nesontpasl'Église,maiscelleciétantgouvernée<br />

parunConseil composé d'hommes pieux, il y a lien<strong>de</strong>mettre<br />

enpratique <strong>les</strong>directions querenferme l'évangile selonSt.Matthieu,.chapitre xvm.<br />

Saluezvoscollègues, particulièrement Tiret,CalvinetChristophe [Fairi\.<br />

S. Nihil habeo quod nunc scribo,nisi mevobishaberegratiam<br />

quàd Carolinœactionis participemhabueritis, quœ me habiterait<br />

val<strong>de</strong> sollicitwn,sicut plerosque omnes qui religionem Christi<br />

amant,maxime expertos usu diutino quàm exitiabi<strong>les</strong>it ecc<strong>les</strong>iis<br />

dissidiaministrorum, qua peste nunquam caruimus.Carebimus<br />

autem ea, si viam pœnitenti» pariter fuerimus amplexati,cum<br />

officiumEliaeet praecursorissit convertere corda patrumin fllios.<br />

Per<strong>de</strong>tquasdamecc<strong>les</strong>iassecuritas,quasiSatanasomninovictusjaceat<br />

ex quo pardm prospicitur simplicigregi, qui sub nostro<br />

Evangeliolicentiosissimonegligitur quàm latè patet, nisi in eis<br />

locis ubi disciplinacam singulisquestudiumpatorale exercetur.<br />

Iterum est apudnos Germanos:maledictuspopulusqui nescit legem,<br />

ut supercilium pharisaicumait. Nam curantur aliqui pauc*i<br />

nobisadstomachumfacientes,aliisposthabitis,qui in angustiarerem<br />

ad Christumessentappositissimi.Nequedubito<strong>de</strong> te ac tais,


{537 LE CONSEILDE BERNE A G. PAREL ET A J. CALVIN. 275<br />

qnin doceas perspicnè ac simpliciter, atque instes mberabflibos,<br />

quflras Salvator Christus advenit.<br />

Ego totus.in hoc sum, ut absqae snperstitiosa confessione aditum<br />

reparem ad singnlos, quo liceat javentatem prssertim explorare<br />

super O<strong>de</strong>.Dein<strong>de</strong> ut et afflict» conscientiaBnos queant acce<strong>de</strong>re,<br />

quo per Verbmn Domini expediantar. Autoritas ecc<strong>les</strong>iaeet<br />

autoritas pastoram jacet. Ecc<strong>les</strong>k autem non ministri; sed senatos<br />

ecc<strong>les</strong>iaeex praecipnisest ac timentibus Dominum <strong><strong>de</strong>s</strong>ignatus. Nam<br />

xvra cap. Matth. suum usum in Ecc<strong>les</strong>ia habere débet Hae sunt<br />

corse meae. Det Dominus ut hinc emigrem relicta spe melioris<br />

ecc<strong>les</strong>iae!Vale. 9 Aug. (1537.)<br />

Symmislastua reverenter ex me salvere jubeas, praesertim Viretum,<br />

Colvinumet Christophorum.Gau<strong>de</strong>o vos in Domino ita conspirare.<br />

Iterom Taie. Pro me ergo orare ne negb'gas. Facies matoom.<br />

V. Capito tans.<br />

(Inscriptio :) Wilhelmo Farello, fratri sibi in Domino dilectissimo<br />

et tanquam majori suo suspiciendo.<br />

650<br />

LE CONSEILDE BERNE à G. Farel et à J. Calvin.<br />

De Berne/ 13 août 1537.<br />

Minute originale. Arch. <strong>de</strong> Berne. Rachat, op. cit. V, 499.<br />

Sohmahs. Berne invite Farel et Calvin 4 s'abstenir <strong>de</strong> répandre dm le territoire<br />

bernois leur opinion relative aux mots TrmiU et personnes.<br />

Sçavants discrects chiers et bons amys 1 Nous somes esté<br />

advertis par aulcungs <strong>de</strong> nous prédicants, tant <strong>de</strong> la terre <strong>de</strong> Gex<br />

que aultres, que cherchés tous jours<strong>de</strong> leurs inculquer vostre intention<br />

et opinion <strong>de</strong> la nullité <strong><strong>de</strong>s</strong> moctztrinité et personnex, pour<br />

1 Voyezle N°640,n. 3. Itorél et Cahm avaientprobablementsoulevé


276 LE CONSEIL DE BERNE A G. FAREL ET A J. CALVIN. 1 537<br />

yceulx jà dicts prédicants dévier <strong>de</strong> la costume et manière <strong>de</strong> parlé<br />

<strong>de</strong> la Trinité receptme <strong>de</strong> l'Esglise catholique. Et mesmement est<br />

venuz à nostre notice que vous, Caulvin, ayés escript une lettre à<br />

certain Françoys estant à Basle, disante, que vostre Confession<br />

soit esté adprouvée en nostre congrégation, et nous prédicants<br />

avoir ycelle ratifiée, ce que ne ce constera pas, ains le contraire,<br />

[savoir], que vous et Pharel avés«adoncque esté consantant et accordant<br />

<strong>de</strong> subsigné la nostre faicte au dit Èasle 3, et vous tenir<br />

d'ycelle. Dont nous esbaïssons que tâchés d'y contrevenir par tels<br />

propos, vous prians vous en voulloir déporter*. Aultrement, scerons<br />

contrainct<br />

d'Aoust 1S37.<br />

d'y pourveoir d'aultre remè<strong>de</strong>. De Berne, ce 13<br />

L'Advoyer ET Conseil DE BERNE.<br />

(SuscripHon:) A Maistre Guillame Pharel, prescheur <strong>de</strong> l'Évangile,<br />

et Jehan Caulvin, Lecteur en la Saincte Escripture à Genève,<br />

nous bons amys.<br />

<strong>de</strong> nouveaucette question<strong>dans</strong> une assemblée<strong>de</strong> la Classe <strong>de</strong> Gex.Nous<br />

savonsdu moinsqu'ils assistèrent tons <strong>de</strong>ux en 1537à un syno<strong>de</strong> <strong>de</strong> cette<br />

Classe, commenous l'apprend l'Épître dédicatoire <strong>de</strong> la « Démonologie<br />

dn ministre François Perréaud (Genève,1653),adressée à MM. <strong>de</strong> Berne<br />

et qui s'exprime ainsi: c Vos prédécesseurs. ont esté comme<strong>les</strong> pères<br />

nourrissiers<strong>de</strong> l'Église, et leurs terres. commel'asyle. <strong>de</strong> plusieurs<br />

fidè<strong>les</strong>persécutés. Entre <strong>les</strong>quelsje puis mettre ici feu spectable Pierre<br />

Perréaud, mon ayeul. qui se vint retirer. en ce <strong>pays</strong> en l'année<br />

1537. Et en la mesmeannée s'estant tenue une assemblée ecclésiastique<br />

<strong>dans</strong> la ville <strong>de</strong> Gex, en laquelle assistèrent, entre <strong>les</strong> autres, spectab<strong>les</strong><br />

GuillaumeJfarel et Jean Calvin. mon dit ayeul, après y avoir esté examiné<br />

fort exactement, spécialement par. Fard et Calvin, û fut esleu<br />

par la dite assemblée pasteur en l'une <strong><strong>de</strong>s</strong> églises<strong>de</strong> ce <strong>pays</strong>. » Ornous<br />

avonslien <strong>de</strong> croire que <strong>les</strong> pasteurs du nouveauterritoire bernois tinrent<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> assemblées,cette année-là, vers le commencementdu mois d'août.<br />

Le Manueldu Conseil<strong>de</strong> Berne mentionne,en effet, à la date du 15 août<br />

1537, une requête en vu artic<strong>les</strong> émanée<strong><strong>de</strong>s</strong> « prédicantswelches.» La Confession<strong>de</strong> Foi relative à la Trinité que Cahin et ses collègues<br />

avaient présentée au syno<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lausanne (14 mai 1537) et à celui<br />

<strong>de</strong> Berne (premiersjours <strong>de</strong> juin).<br />

C'est-à-dire, la première Confessionhelvétique.<br />

Voyezle N» 644, note 4.


f 537 LOUISMAITRE-JEAN AGUILLAUME FAREL,AGENÈVE. 277<br />

651<br />

louis MAiTRL-JEAtf à GuillaumeFarel, à Genève.<br />

De Pontareuse, 13 août (1537).<br />

Inédite. Manuscrit original. Bibi. <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaibe. Louis Maître-Jean prie Farel <strong>de</strong> lui pardonner certaines paro<strong>les</strong> qu'il a<br />

proférées contre lui, sons l'empire <strong>de</strong> la colère.<br />

La grâce et paix <strong>de</strong> Dieu,nostre bon père, par Jésuchrist, son<br />

seul filz, nostre Seigneur, soit et <strong>de</strong>meurrent toujours avecque<br />

vous! Amen.<br />

Maistre Guillaume, il est chose véritable, que <strong>de</strong>rrierrement à<br />

Neufchastel ilz i eust ung homme qui me dict publicquement, que<br />

mon beaul-fUzCaroli estoit hérétique, et que nous donnions plustost<br />

nous fil<strong>les</strong>aux estrangiers hérétiques, que ne faisionspoint aux<br />

compagnions <strong>de</strong> la ville auquel [je] respondictz, que Caroli n'estoit<br />

point. Lequel instat <strong>de</strong> rechief que si estoit, car maistre Guillaume<br />

Farel le prova darrierrement à Berne hérétique sur cela,<br />

je respondictz que c'estiez vous que estiez hérétique, Juife, filz <strong>de</strong><br />

Jnifz.Cognoissés assés que le premier mouvement n'est point à la<br />

puissance <strong>de</strong> l'omme, et par insi ay dictes <strong>les</strong> parol<strong>les</strong> en collère.<br />

Desquel<strong>les</strong>Messieurs <strong>de</strong> cesteville, semblablement la communauté,<br />

m'ont prins en cause pour icel<strong>les</strong>,et en sommes en proucès, en<br />

sorte que en sommes vesneus jeusques là <strong>de</strong> vous envoyer quérir,<br />

pour sçavoir <strong>de</strong> vous comment voûtés faire. Et pourtant je vous<br />

prie et suplie, au nom <strong>de</strong> Jésuschrist et pour l'édification <strong>de</strong> l'Évangile,<br />

que vous plaise me vouloir pardonner, vous asseurant<br />

qu'je suis marri <strong>les</strong> avoir dictes, et ne vous veulx maintenir tel<br />

que vous ay apellé, mais vous extraie homme <strong>de</strong> bien. Et ainsi, si<br />

vous plaict moy pardonner, escriprés Jestres testimonia<strong>les</strong> à Messieurs<br />

et à la communauté <strong>de</strong> ceste ville, par <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> je puisse<br />

estre déchargé, affin que ne tombe point en plus grant inconvé-<br />

't"


S78 LECONSEIL DEBERNEAUCONSEIL DELAUSANNE. 1 537<br />

niant qui ne suis. Ainsi faisant, me donnerés courage <strong>de</strong> persévérer<br />

tousjours <strong>de</strong> mieulx en mieulx en la Parolle <strong>de</strong> nostre Seigneur<br />

Jésnschrist, auquel je prie vous donner son sainct esperit, par lequel<br />

puissiés parachever l'euvre <strong>de</strong> Nostre Seigneur. A la cure <strong>de</strong><br />

Pontareuse S le 13*jour d'aoust.<br />

Par vostre humble firëre et amis<br />

LOUISMaistre-Jehan.<br />

(Suscription:) A maistre Guillaume Farel, prédicant <strong>de</strong> Genève,<br />

mon bon frère et amy. A Genève.<br />

652<br />

LE CONSEILDEberne au Conseil <strong>de</strong> Lausanne.<br />

De Berne, 24 août 1537.<br />

Inédite. Minute originale. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

Scvhaibz. Le Conseil<strong>de</strong> Berneadresse<strong><strong>de</strong>s</strong> répriman<strong><strong>de</strong>s</strong>à MM.<strong>de</strong> Lausannean<br />

sujet<strong><strong>de</strong>s</strong>prêtres, <strong>de</strong>la pensionduêiaertet <strong>de</strong> l'activitéinsuffisante duOonsùtoire.<br />

e<br />

Nob<strong>les</strong>, pru<strong>dans</strong>^ chiers et féaulx! Entendons comme<br />

soubstenés tous jours <strong>les</strong> prestres que n'ont voulsu accepter nostre<br />

réformation, et que iceulx acomplissent ancores tout plain d'idolâtrie<br />

dont avons très-grand regret. Vous admonestans expressé-<br />

1<br />

L'église <strong>de</strong> Pontareuse était la paroissiale <strong>de</strong> Boudri (N° 394, note<br />

4). Une annotation récente, écrite an dos <strong>de</strong> la présente lettre, donne à<br />

Lorâ Maître- Jeanle titre <strong>de</strong>


1 537 LE CONSEILDE BERNE AU CONSEILDE LAUSANNE. £79<br />

ment, sans aulcung délays,<strong>de</strong> leur donner incontinant <strong>les</strong>èrement<br />

<strong>de</strong> vui<strong>de</strong>r vostre ville et seigneurie, et n'y plus fayre rési<strong>de</strong>nce, en<br />

leur notifiant que sy ne veulent obéhir, que adviserons comme ly<br />

fauldra en oultre besognier.<br />

Aussy nous mervellions que n'avés ordonné à vostre diacre2<strong>de</strong><br />

pension, sinon lx florins par an 8. Commepouvés panser que atout<br />

ce [c.-à-d.avec ce] il se puisseentretenir? Vousaussy admonestant<br />

<strong>de</strong> le pourvoyr d'une plus ample, à tout le moing d'ung <strong>de</strong>ux cents<br />

florins, car il a grosse poyne, et la rayson veult que ung chascun<br />

vive <strong>de</strong> sa labeur, et principalement que <strong>les</strong>ministres <strong>de</strong>la Saincte<br />

Parole soyent bonnestement entretenuz, nous confiant qu'y aurés<br />

esgard plus oultre.<br />

Aussy nous vient à notice comme ne traictés quasy aulcunes<br />

causes au consistoire, sinon tant seulement cel<strong>les</strong> concernantes<br />

mariages, par avanture pource que nostre bally est co-auditeur.<br />

Vous notiffians que doigés en cela fayre comme fesons ici en<br />

nostre ville, pour toutes causes, tant matrimonia<strong>les</strong>,jeux, ivrogneries,<br />

dances, blasphèmes, déchéquetures <strong>de</strong> vestement, putherie,<br />

maquerélaige, que aultres comprimesen nostre réformation4, et en<br />

ce ne vous fayre difformesà nous, et vous nous ferés plaisir. Datum<br />

24«Augusti 1537.<br />

· L'ADVOYERET Conseil DE BERNE.<br />

sister<strong>de</strong> leur avis et chercher ailleurs.une place,pour y vivre.en leur<br />

vocation, » MM. <strong>de</strong> Lausanneavaientagréécette requête,maisen interdisant<br />

aux susdits religieuxd'aller c chantermesseçà et là (Voy.le<br />

Manuel<strong>de</strong> Lausanneà la date précitée. Buchat, 17, 886).<br />

Cediacreremplissaitdéjà <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctionsà Lausanne<strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>de</strong>rniersjours<br />

<strong>de</strong> juillet (Voy. N°656,n. 4). C'estsans douteau mêmepersonnagequeserapporte<br />

l'article suivantdu Manuel<strong>de</strong> Berne du 13 août<br />

1537 cLejeune hommequi est aux Cor<strong>de</strong>liers[seraétabli}à Lausanne<br />

en qualité<strong>de</strong> diacre (Trad. <strong>de</strong> l'allemand).<br />

MM. <strong>de</strong> Berne avaient octroyéaux Lausannois,le 1~ novembre<br />

1686,une partie considérable<strong><strong>de</strong>s</strong> biensd'Église, à la conditionqu-'flg<br />

subviendraienteux-mêmesà l'entretien <strong>de</strong>.leurspasteurs(Voy.Buchat,<br />

IV, 167, 158. Le Chroniqueur,p. 844, 345).Les soixanteflorins-<strong>de</strong><br />

Savoieaccordésau diacre<strong>de</strong> Lausannevalaient 419fr. 4 centimes:<strong>de</strong><br />

notre monnaie(Évaluation<strong>de</strong> M. Ernest Chavannes.VoyessonMémoire<br />

sur <strong>les</strong>monnaieset mesuresen.usageau Pays<strong>de</strong> Vaudpendantle moyen<br />

âge. Lausanne,1869). • •<br />

Voyesl'édit <strong>de</strong> Béformationdn 24 décembre1536(Ruchat, W,5»7-<br />

52»),


280 GUILLAUME FARELAPIERREVIRET,ALAUSANNE. 1537<br />

653<br />

GUILLAUMEFAREL à Pierre Viret, à Lausanne.<br />

De Genève, 26 août 1537.<br />

Inédite. Autographe. BibL <strong>de</strong> M. le colonel Henri Tronchin.<br />

Sommaire. Voici un cornesqui sera vraiment becAvs,s'il peut <strong>de</strong>venir votre compagnon.<br />

n n'est pas nécessaire <strong>de</strong> vous le recomman<strong>de</strong>r, puisque vous le connaissez<br />

mieux que nous; c'est à vous <strong>de</strong> lui donner <strong>les</strong> directions convenab<strong>les</strong>.Quant a<br />

Jacques [Valier], faites en sorte qu'il se charge, pour le moment, <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctions<strong>de</strong><br />

pasteur a Avborme.Si <strong>les</strong> Bernois ne veulent pas <strong>les</strong> lui confier, on s'ils refusent<br />

d'améliorer son traitement [â Vevsy],eh bien! qu'il revienne &Genève.Nous vous<br />

avons écrit longuement par JK*<strong>de</strong> Maulmont.Je pense que vous avez tout reçu.<br />

S. Habes hic comitem et eum beatum1; si feliciter te comitari<br />

possit et velit, gratum erit maximè. Non est quôd tibi commen-<br />

<strong>de</strong>mus magis quàm nos nosti virum; i<strong>de</strong>o nostro super hac re<br />

non opus habes consilio; age juxta id quod noveris expedire. Sub-<br />

leva quae jacent quàm par sit <strong>de</strong>pressa magis, ac rursus quae expedit<br />

<strong>de</strong>jecta, cum altiùs se attollant, sta<strong>de</strong> <strong>de</strong>primere 2.<br />

Si aliud non potes in negocio Jacobi quem opto Albonœ esse<br />

utmiM vi<strong>de</strong>tar val<strong>de</strong> necessarium, fac nt donec alius venerit qui<br />

Albonœ possit <strong><strong>de</strong>s</strong>ignari, curam interea suscipiat, et id Bernâtes<br />

1 Jeu <strong>de</strong> mots que suggérait naturellement le nom du personnage<br />

dont il s'agit ici, c'est-à-dire Béat Comte, natif <strong>de</strong> Donzères <strong>dans</strong> le<br />

Dauphiné. Quelques-unes <strong>de</strong> ses lettres sont du moins signées Beatus<br />

Comes Donzarensis. Le 81 janvier 1638, il <strong>de</strong>vint collègue <strong>de</strong> Viret à<br />

Lausanne.<br />

Ces conseils avaient probablement trait au caractère <strong>de</strong> Béat Comte.<br />

Jacques Votier, originaire <strong>de</strong> Briançon <strong>dans</strong> le Dauphiné.<br />

Le 7 août 1637, MM. <strong>de</strong> Berne avaient décidé qu'on écrirait à Fa-<br />

relr afin <strong>de</strong> le charger <strong>de</strong> procurer un pasteur à la ville A' Automne (Voy.<br />

le Manuel du dit jour).


1537 LES PASTEURS DE GENÈVEAUXPASTEURSDE ZURICH. 281<br />

ferant5. Quôd si nonmutent sententiam Iternafes, nec condicionem<br />

quam assignanmt re<strong>de</strong>at ad nos T. Molta ad te scripshnus per<br />

Attum Montera*;puto te accepisse omnia. Vale.Salutant te omnes,<br />

quos non vacat scribere. Salata omnes. Genevae,26 Augusti 1537.<br />

(Inscriptio :) P. Vireto. Lausanne.<br />

654<br />

Farellus tans.<br />

LES PASTEURS DE GENÈVE aux Pasteurs <strong>de</strong> Zurich.<br />

De Genève, 30 août (1537).<br />

Manuscritorig. Arch. <strong>de</strong> Zurich. F. Trechsel. Die protestantischen<br />

Antitrinitarier vor Faustus Socin. Hei<strong>de</strong>lberg, 1839,1, 273.<br />

(COMPOSÉE PARCALVIN l.)<br />

Sommaire. Les rumeurs répandues sur notre compte, à la snite <strong><strong>de</strong>s</strong> troub<strong>les</strong> excités<br />

par Caroli, nous ont contraints <strong>de</strong> nous justifier auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> églises voisines, et Grynoms<br />

a dû vous communiquer, <strong>de</strong> notre part, une confession <strong>de</strong> foi et une lettre qui<br />

démontraient l'injustice <strong>de</strong> l'attaque dirigée contre nous. Néanmoins,quelques-uns<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> vOtresnous accusent encore <strong>de</strong> nourrir <strong><strong>de</strong>s</strong> arrière-pensées et d'avoir été nousmêmes<br />

<strong>les</strong> provocateurs. Nous ne répondons pas an premier <strong>de</strong> ces griefs, puisque<br />

notre Confessionexprime nos sentiments d'une manière claire, précise et complète.<br />

Si <strong>les</strong> expressions Trinité et personne» en sont absentes, comme nous l'a reproché<br />

CbroK,nous n'entendons pu cependant <strong>les</strong> proscrire, et nous l'avons bien prouvé<br />

»•' De ces passages, comparés avec la lettre du 31 août suivant, on<br />

peut inférer que Jacques VaUer était, <strong>de</strong>puis peu <strong>de</strong> tempçf diacre<br />

dit<br />

pasteur <strong>de</strong> Vevey et principal <strong>de</strong> l'école <strong>de</strong> cette ville.<br />

•<br />

T, VaÛer <strong>de</strong>vint pasteur à ~M6oMMeet S y resta jusq<strong>de</strong>n 150.<br />

Louis du littet, seigneur <strong>de</strong> Haubnont. Ce passage fixe l'époque <strong>de</strong><br />

son départ pour<br />

1 La minute<br />

la France,<br />

autographe<br />

d'où il ne revint jamais.<br />

<strong>de</strong> Calvin est conservée à la Bibliothèque<br />

Publique <strong>de</strong> Genève (Manuscrits, vol. n° 106). Elle porte en tête « Ministris<br />

Tigurini&. > Le texte publié par Trechsel présente <strong>de</strong> nombreuses<br />

variantes, qui sont le fait d'un copiste mo<strong>de</strong>rne.


282 LES PASTEURS DE GENÈVE AUX PASTEURS DE ZURICH. 1537<br />

n_<br />

en adhérant à la ConfessionHelvétique, ou el<strong>les</strong> sont employées.Nous avons seulement<br />

refusé <strong>de</strong> souscrire &<strong><strong>de</strong>s</strong> formu<strong>les</strong> que nous <strong>de</strong>vions accepter, disait notre adversaire,<br />

sous peine-d'être déclarés hérétiques. Cé<strong>de</strong>rsur ce point, c'était détruire<br />

tout ce que notre ministère avait édifié. Nous ne sommes pas non plus hérétiques,<br />

pour avoir donné à Jésus-Christ le titre <strong>de</strong> Jéhovah; car nous avons démontré qu'il<br />

possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> toute éternité <strong>les</strong> attributs <strong>de</strong> la nature divine.<br />

Examinons maintenant s'il est vrai que, par <strong>de</strong> mauvais procédés, nous ayons<br />

poussé i bout CSwoK?–Nous l'avons, au contraire, contenu <strong>dans</strong> le <strong>de</strong>voir tant<br />

que nous avons pu, jusqu'au moment où, en pleine église, il a recommandé <strong>les</strong><br />

prières pour <strong>les</strong> morts. Son collègue Vîret s'est vu citer <strong>de</strong>vant le Conseil <strong>de</strong> Lausanne<br />

et accuser d'arianisme Calvin, qui, sur notre <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, y était accouru, a<br />

été, ainsi que Farel, en butte à la même accusation, bien qu'il l'eût réduite a néant<br />

par certains passages <strong>de</strong> notre Catéchisme.L'affaire a été déférée au Conseil <strong>de</strong><br />

Berne, et Calvin s'est rendu <strong>dans</strong> cette ville, pour y <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la convocationdu<br />

Syno<strong>de</strong>. Vous savez déjà quel a été le résultat <strong>de</strong> cette assemblée.Nous avions14<br />

<strong>de</strong>vant nous un adversaire furieux; nous nous sommes défendus.<br />

Nous vous <strong>de</strong>mandons <strong>de</strong> recevoir notre apologie <strong>dans</strong> l'esprit qui l'a dictée et<br />

<strong>de</strong> vous prémunir contre <strong>les</strong> faux rapports; nous venons d'éprouver, en effet, com-<br />

bien le silence nous a été nuisible. Nous ferons certainement tout ce qui dépendra<br />

<strong>de</strong> nous pour affermir l'union entre votre église et la nôtre. Si nous avons tort en<br />

quelque chose, nous comptons sur vos avertissements.<br />

Gratia vobis et pax a Deo patre et Domino Jesu Christo, fratres<br />

observandi 1<br />

Cum nobis eas turbas Carolm excitasset, quarum rumor ipse<br />

omnes propè Germante ecc<strong>les</strong>iascommovit, etsi eas paulo post<br />

extinctum iri sperabamus, ut inanes prorsùs erant et ex frivolis<br />

duntaxat calumniisnatae,ne quis tamen scrupus bonorum virorum<br />

animisinsi<strong>de</strong>ret, operam quam licuerat <strong>de</strong><strong>de</strong>ramus, ut innocentia<br />

nostra vicinis ecc<strong>les</strong>iistestata foret. Nequedubium nobis est, qnin<br />

confessionemnostram, adjancta brevi epistola, Grynœus,ut rogatus<br />

erat, ad vos misent2 un<strong>de</strong> perspicere facile fait quàm juste ab<br />

Ma belua essemus impetiti. Verùm quoniam esse isthic quosdam<br />

audimus qui non dissimulanter adhnc obmurmurent, ac nos moliri<br />

clancularium nescioquid fremant alios verô, qui nostra improbitate<br />

et petulantia impulsum fuisse Carolum causentnr, non pessir<br />

mum'alioqut hominem, ut ganta intempérie Christi ecc<strong>les</strong>iasperturbaret*,<br />

utrnmque ut habeat, paucis perstringere visum fuit. Nam<br />

ut totam historiampluribusin praesenspersequamur, per temporis<br />

angustias minime licet. Sed enim quid morosis illis censoribus res-<br />

• Voyezla finda N° 684et le commencement<br />

da N° 644.<br />

» Voyez le N° 644, renvoi <strong>de</strong> note 4 et le <strong>de</strong>rnier paragraphe du texte.


1537 LES PASTEURSDE GENÈVEAUX PASTEURSDE ZURICH. 283<br />

pon<strong>de</strong>amus, qui in re tam plana et expedita suspitionis materiam<br />

quaerunt, non habemos.<br />

Quid enim sibi volant? Nos callidè aliquid machinari obloquuntur<br />

sed un<strong>de</strong> vel minimum ejus vafritiei argnmentom colliguntî<br />

Siqui<strong>de</strong>m in nostra confessione nihil omissum nobis esse vi<strong>de</strong>tur<br />

quod tollendaesuspitioni conveniret nihil ita obscure aut perplexe<br />

positum, quod tergiversationis speciem praebeat. Carolus initio,<br />

qua mor<strong>de</strong>ndi libidineaestuabat,<strong>de</strong>cemcirciterlotis eam impagnare<br />

conabatur. Et sanè jure suo id sibi sumere vi<strong>de</strong>batur, quoniam<br />

Sorbonistis satis est, obi damnatom aliquid volunt, plenis buccis<br />

haereses et schi[s]mata crepare. Nostra tamen responsione <strong>de</strong>jectus<br />

et tot çalumniarum convictus, quot adversùm nos verba fecerat,<br />

turpiter pe<strong>de</strong>m reduxit; nec aliud in tota criminatione vitio tan<strong>de</strong>m<br />

nobis vertere ausus est, quàm quôd nomina trinitafis et personarum<br />

nimiùm pertinaciter illic tacerentor, <strong>de</strong>in<strong>de</strong>, qaôd divinam<br />

Christi essentiam à seipsa esse asseramus. Sed quid priore<br />

illo cavfllodillutius? Ab ejusmodi enim vocibas quàm non abhorreamus,<br />

hinc liquet,quôd liberam earam usumin Ecc<strong>les</strong>ia constare<br />

semper voluimus,et CanfessionemHelveticamBasileœ,editam nobis<br />

piam sanctamque vi<strong>de</strong>ri pronanciavimas, qaaetamen personarum<br />

mentionem continet. Tantùm nolebamus hoc tyrannidis exemplum<br />

in Ecc<strong>les</strong>iam induci, ut is haereticus haberetnr qui non ad alterius<br />

praescriptam loqaeretar, cum ille contra strennaè conten<strong>de</strong>ret, neninem<br />

sine tribus Symbolis esse Christianum. Ac ne quis rixandi<br />

studio id à nobis factum fuisse arbitretur, scitote nos subin<strong>de</strong>istud<br />

diserte esse testatos, non alia magis ratione nos tam refugere personarum<br />

appellationem, quàm quôd eo postulante recipi à nobis<br />

non poterat, quin simul quod nobis crimen inten<strong>de</strong>rat agnosceremus.<br />

Id enim pro sua versutia apud omnes ordines caverat, ut<br />

si suis postolatis conce<strong>de</strong>re visi essemus,fi<strong><strong>de</strong>s</strong> nostra suspecta red<strong>de</strong>retur<br />

quod etiam ipsum palàm pr® se ferebat, cum suspectam<br />

sibi fore nostram doctrinam assereret, donec Symbolorumsubscriptione<br />

sibi approbata foret. Ita si obtinuisset quod postalabat,<br />

non tantùm nutabat quicquid hactenus ministerio nostro edificatum<br />

fuerat, sed radicitds corruebat. Quid ergo aliud nobis restabat,<br />

quàm luculentum doctrinaenostrae spécimen e<strong>de</strong>re, quo constaret<br />

ipsam immerito fuisse insimulatam ? Id sanè offlciinostri fuisse<br />

patavimos.<br />

Jam verd locus Olecui horrendam inesse haeresimCarolu vocifecator,<br />

vix alla excusâtioue vi<strong>de</strong>tur indigere. Nam ubi <strong>de</strong> CkrisH


284 LES PASTEURSDE GENÈVEAUX PASTEURSDE ZURICH. 1537<br />

divinitate seorsum sermo habetar, quaecanque in unum, verum<br />

aeternumqae Deum competunt, Qli jure tribunntar. Distinctionis<br />

autem notatio locum habet ubi cum Patre comparatur quaeà nobis<br />

quoque diligenter observata fuit. Neque enim inficiamar quin<br />

Sermo Me œternus sit a Deo patre genitus. Verùm nos genitum<br />

non intelligimos dillaxu quodam, ut pars sit essentiaePatris, sed<br />

totos sit in Patre, totnm ûlum vicissim in se habens. Hune in modum<br />

Cyrillus,qui saepeFiliVprincipiumPatrem vocare solet (Dial.<br />

3. <strong>de</strong> Trin.), pro ingenti tamen absurdo alibi ducit nisi Filius vitam<br />

à seipso et immortalitem habere credatur. I<strong>de</strong>m docet (Lib. 10.<br />

Thesauri), si ineffabilinaturae proprium est, ut à seipsa sit, in Filium<br />

id jure competere. Quin etiam ratiocinatur Patrem nihil à<br />

seipso habere, nisi Fflius etiam à seipso habeat. Sed quid tam<br />

anxiè hic immoramur, cum nihil plus verba illa nostra exprimant,<br />

quàm in se nomen lehovah complectitur, quo Christum Scripturae<br />

insigniunt? Proin<strong>de</strong>non vi<strong>de</strong>musquid in nobis <strong><strong>de</strong>s</strong>i<strong>de</strong>rent Aristarchi<br />

illi qui nos astutè nimis agere cavillanlur.<br />

Nunc ad alterum obtrectationua caput venimus Coactum importuna<br />

nostra proeacitate fuisse Carolum objectant, antequam tumultus<br />

istosexcitant. Si calomnias suas colore aliquopraetextasesse<br />

volebant, oportuerat paulô verecundiùs mentiri. Nos enim rabidam<br />

illam beluam,tametsi nocendi cupidine exultantem, ultro et ferocientem,<br />

nostra mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tia ad menses aliquot conUnuimus,ne suum<br />

virus effan<strong>de</strong>ret, donec pro publica concione, omnes convitiosè est<br />

insectatus qui mortuos precibus non esse juvandos docuissent.<br />

Viretus, ejuscollega,qui certè supra œtatemsapit', ne conten<strong>de</strong>ndo<br />

majus adhuc incendium concitaret, id publicè dissimulabat; et perin<strong>de</strong><br />

plebem instituebat, ac si nihil esset inter eos controversée,<br />

donec illius factione ad Senatum Lausannensem protractus, cui<br />

Verbum Dei execrabile erat, non obscure nec fignratè, sed apertis<br />

verbis, Arrianismi est insimulatus. Calvinus quoque, cum ecc<strong>les</strong>iae<br />

nostraerogatu illuc accurrisset6, coram legatis Bernensibus, qui ad<br />

res provinciaeconstituendas sub id temporis missi fuerant, Arrianismi<br />

unà cum Farello à sacrilego illo ore notatus fuits.Respondit,<br />

Fïret était âgé <strong>de</strong> vingt-sixans.<br />

5 Calvinavait d'abord écrit Ego quoque cum illuc. accurrissem,»<br />

et. <strong>dans</strong> la suite <strong>de</strong> ce paragraphe,il parlait à la premièrepersonne.<br />

• Voyez<strong>les</strong>NM610et 611.


1 537 LES PASTEURSDE GENÈVEAUXPASTEURSDE ZURICH. 285<br />

satis firmuminnocentiae suas praesidium se habere in suo KbeUo.<br />

Verùm, ne Farelli causam <strong><strong>de</strong>s</strong>ereret, cujus integritas non minus<br />

quàm sua illi comperta erat, protulit locume Catechismoquoecc<strong>les</strong>ia<br />

nostra utitur, ubi disertis verbis asseveramus, unam esse Patris,<br />

FOii et Spiritus divinitatem, gloriam, essentiam « Christum<br />

< autem docemas filium Dei praedicari,non, ut fi<strong>de</strong><strong>les</strong>,adoptione<br />

« dnntaxat et gratia, sed naturalem et verum, i<strong>de</strong>oqne anicnm, ut<br />

« à caeterisdiscernatur. Dominum etiam nostrum esse, non tantùm<br />

« secundùmdivinitatem, quam cum Pâtre unam ab aeternohabuit,<br />

< sed in ea carne in qua exhibitus nobis fait. » SuntnehaecArrianorum<br />

verba ? Verùm cum sce<strong>les</strong>tus nie finem rixandî et conten<strong>de</strong>ndi<br />

nullum faceret, eognitio ad Senatum Bernensem <strong>de</strong>lata fait.<br />

Quô profectus est Calvinus1, ad postulandam, publico ecc<strong>les</strong>iae<br />

nostraenomine, synodum ubi mendacia illa, quibus nos impu<strong>de</strong>ntissimus<br />

calamniator asperserat, ampliori purgatione abstergerentur.<br />

Res tan<strong>de</strong>m eô quo vi<strong>de</strong>tis, praeter nostram expectationem; sed<br />

non sine admirabili Dei provi<strong>de</strong>ntia, progressa est. Quid enim non<br />

ausus esset, rebus dubiis, quem nondum pu<strong>de</strong>t ubique serere,<br />

Christi divinitatem à nobis negari? Actio autem causaetalis fuit, ut<br />

illum plané furere appareret, nos ejus furori duntaxat obviâm ire.<br />

Sed bœc ab aliis vos intelligere malimus, et literaenobis è manibus<br />

pene à festinante tabellario excutiuntur. Tantùm à vobis poscimus,<br />

ne in aliam partem nostram hanc apud vos apologiam accipiatis,<br />

quàm quo animo scripta mit. Scimus enim quaesint <strong>de</strong>latorum<br />

artes et quantum profiçiant, ubi nullaepro veritate eduntur voces.<br />

Imô, jam experimur aliun<strong>de</strong>^qakm noxium ment nobis silentium.<br />

Quoniam ergo non dubitamus Sathanam i<strong>de</strong>m quoque apud vos<br />

conari, occurrere voluimus, ne ejusmodi susurrones falsisobtrectationibus<br />

vestros animos à nobis abalienarent. Neque verô pru<strong>de</strong>ntiaevestrae<br />

diffidimus,sed nulla adhiberi satis magna diligentia<br />

potest in praeci<strong>de</strong>ndis divisionum occasionibus. Quantum ad nos<br />

attinet, sic erga vos affecti sumus, ut rationem nullam omissam.<br />

velimus quae ad confirmandam ecc<strong>les</strong>iaenostrae cum vestra conjunctionem<br />

valeat. Plus satis hactenus inter Christi ec<strong><strong>de</strong>s</strong>ias odiù<br />

et cowtentionibuscertatum fuit. Quibus malts nunquam ita labora-<br />

Voyezle N°616rnote 7.<br />

C'est probablementune allusionà lar lettre qne MM. dc Berne<br />

avaientfait adresser,le 18 août précé<strong>de</strong>nt,à Fard et à Calvin(8° 660).


286 [LES pasteurs DE genève] AU consistoire DE BERNE. 1537<br />

tum fuisset, si mutuo se candore certatim omnes excepissent.Jam<br />

vosper sacrosanctum Christi nomen obtestamur, ut si quid vilain<br />

re ànobis peccari existimetis, ejus nos ne gravemini admonere.<br />

Nihilenim magis cupimns, qnàm quicqaid in hac nostra administratione<br />

agimus, vobis vestriqne similibus approbari. Dominas Jesus<br />

novis spiritus sui incrementis vos subin<strong>de</strong> locapletet! Genevae,<br />

3. Calend.Septemb. (1537).<br />

Fratres amantissimiet observantissimi vestti,<br />

Mdostri ecc<strong>les</strong>le GENEVENSIS.<br />

(Inscriptio:) Oraatissimisviris et observandis in Christo fratribus<br />

TignrinaeEcc<strong>les</strong>iaeMnistris. Tigori.<br />

655<br />

[LES PASTEURSDE GENÈVE] au Consistoire <strong>de</strong> Berne.<br />

1 De Genève, 31 août (1537).<br />

Inédite. Minute originale. Bibl. Publ. <strong>de</strong> Genève. Vol. n° 106.<br />

(ComposéePARCalvin.)<br />

Soxkahs. Sur votre <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, nous avions recherché un professeur <strong>de</strong> grée pour<br />

l'Académie <strong>de</strong> Lausanne, et nous allions vous envoyer le candidat qui vous re-<br />

mettra cette lettre, lorsqu'on nom a dit que votre choix était déjà fait. Plu tard,<br />

Farel a été invité à choisir et â vous présenter un pasteur <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné &l'église d'dxtomne.Nous<br />

vous proposons en conséquencele personnage à qui vous avez confié<br />

récemment <strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> diacre du ministre <strong>de</strong> Veveyet cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> principal da<br />

l'école, n possè<strong>de</strong>, en effet, â notre avis, toutes <strong>les</strong> qualités d'un bon pasteur. Mais,<br />

afin que l'icole <strong>de</strong> Vevey, qui est la plut fréquentée du <strong>pays</strong>, ne soit pu en souf-<br />

france, nous vous offronsl'instituteur que nous avons chargé <strong>de</strong> la présente lettre,<br />

et nous vous prions d'améliorer le traitement <strong>de</strong> 100 florins qui avait été alloué<br />

au principal. Ce ne serait que justice: outre h connaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux <strong>langue</strong>s,<br />

notre candidat a déjà montré une certaine aptitu<strong>de</strong> pour l'enseignement. Chaque<br />

jour nous voyons arriver <strong><strong>de</strong>s</strong> fugitifs dépourvus <strong>de</strong> tout, et nos ressources ne suffisent<br />

pas A<strong>les</strong> entretenir jusqu'au moment od ils pourraient être examinés.<br />

Gratia vobis et pax aDeo patre et Domino Jesu Christo, prae-<br />

stantissimi viri Corn iiterœ vestrœ nobis redditae fuerunt^quibus


f 537 [LES PASTEURS DE genève] AU consistoire <strong>de</strong> berne. 287<br />

hominem voàis dari poscebatis cui Unguœ Grœcœ prcfessio Lan»<br />

sannœ<strong>de</strong>mandareturl,nemiaem. tam ad manum habebamns qaem.<br />

putaremus fore satis idonenm. Neque verô quempiam temeré pra><br />

ficere animus erat qui muneri suo respon<strong>de</strong>re non posset. Ubi<br />

aatem primum hic oblatas nobis fait, illue eum <strong><strong>de</strong>s</strong>tinabamus,<br />

donec renunciatum nobis fait, cdlerum jam suffectum (visse*. Postea<br />

literas a Senatu vestro FareUus accepit, quibus jubebatur fi<strong>de</strong>lem<br />

aliquem ministram Âlbonensi ecc<strong>les</strong>ïœ <strong>de</strong>ligere*, qui ad vos<br />

mitteretnr explorandus et confirmandos. Quoniam magnopere referre<br />

intelligimus ne Alèonensis ecc<strong>les</strong>ia diutius pastore careat5,<br />

expedire censemus, si vobis ita visum faerit, ut eô traducatur qui<br />

nuper vestro <strong>de</strong>creto ministro Viviacensi adjonctos fuerat, ea Iege<br />

ut simul ejus oppidi scholae praeesset*. Si qaid enim jadicii nobis<br />

est, et Verbi ministerio et illi loco erit aptissimas, siqai<strong>de</strong>m et<br />

1 Voyez le N» 603, renvoidé note 6.<br />

s Voyez la note 9.<br />

Le professeur <strong>de</strong> grec que <strong>les</strong> Bernois venaient d'élire pour Vaca,'<br />

démie <strong>de</strong> Lausanne était Conrad Gesner<strong>de</strong> Zurich. Le Manuel <strong>de</strong> Berne<br />

du 18 août 1537 contient, en effet, le paragraphe suivant: c Ondonnera<br />

à Conrad Gesnerune lettre pour le bailli <strong>de</strong> Lausanne, afin qu'il lui délivre<br />

le traitement fixé, et, en outre, il sera exempté <strong><strong>de</strong>s</strong> droits <strong>de</strong> péage.»<br />

(Trad. <strong>de</strong> l'ail.) Myconiusécrivait à Bullinger le 29 août « Gesnerus,<br />

mea commendationead Gasparem[Megandrum] et Qmzemmsublevatus,<br />

stipendium obtinuit satis amplum. Spe sum optima, ipsum, si vixerit, ornamentum<br />

fore Tigwrms olim (Mscr. autog. Arch. <strong>de</strong> Zurich). On lit<br />

encore <strong>dans</strong> la lettre <strong>de</strong> Gesnera Bullinger écrite <strong>de</strong> BAIele 19 septembre<br />

suivant: «Hsec, ut vi<strong><strong>de</strong>s</strong>, celeriter et negligenter scripta sunt. Unlt<br />

enim post horA,iter Losamiam ingrediendum erat » (Copie. Bibl. du Muséum<br />

à Baie. Voy. Hachart, op. cit. p. 63-66, où la lettre entière<br />

est traduite en allemand), et, <strong>dans</strong> la préface <strong>de</strong> sa version latine <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

CoUectanea<strong>de</strong> Stobée (Tigrri, 1543) c Lausamuz stipendio Iiberaliter<br />

conductus, Gnecas UUerasillic per triennium pro virili mea docui. > Or<br />

il est certain qu'il renonça à cette place en septembre 1540.<br />

Voyezle N° 653, note 4.<br />

5 De ces paro<strong>les</strong> faut-il conclure que Gil<strong>les</strong> Michaulx (Voy. N° 628,<br />

renvois <strong>de</strong> n. 10-12) avait quitté la ville VAuboime?<br />

8 GuOtatanedu Moulin, pasteur <strong>de</strong> Vevey, venait d'être transféré<br />

ailleurs (peat-étrff hConter), et il avait été remplacé par VincentPeinant,<br />

précé<strong>de</strong>mmentministre <strong>de</strong> la Neuveoille(Voyez la lettre <strong><strong>de</strong>s</strong> magistrats<br />

bernoisau Consistoire<strong>de</strong> Bernedu 22 août 1537.Arch. bernoises.– Lettre<br />

<strong>de</strong> Martoret du Bivier du II décembre 1540). Quant au personnagequi<br />

remplissait à. Vevey <strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> diacre et <strong>de</strong> principal <strong>de</strong> ITécole,<br />

nousne doutons pas que ce ne fût cemême Jacques mentionné plm haut<br />

par Farel (N*653, resv. <strong>de</strong> n. 3), c'est-à-dire, Jacques VaKer.<br />

c


288<br />

[LES PASTEURS DE genèye] AU CONSISTOIRE DE berne. 1 537<br />

doctrina pollet, et petitia, et integritate, et ains Odi pastoris dotibns7.<br />

Ne autem Viviacensis schola, quœ haclenus totius regionis<br />

celeberrimafuil*, praeceptore spolietur, vobis hune oflferimus,qnem<br />

cognitione utriusque IingusB non pœnitenda praeditum esse experti<br />

sumus 9. Si vobis probatus faerit, date operam ut cum poblico Senatus<br />

mandato illuc dimittator. Stipendium priori10 constitntum,<br />

ut nobis vi<strong>de</strong>tur, fuerat malignius paulô qaàm conveniat. Centum<br />

enim floreni Sabaudici duntaxat assignat! erant11. Cujus rei vos<br />

admonemus, quô hnic meliùs prospectum curetis. Dignas enim est<br />

cujus ratio habeatnr. Pneter doctrinam, <strong>de</strong>xteritatem habet in for-<br />

manda pueritia non infoelicem, nonnullo etiam usa confirmatam.<br />

Non pauci hue quotidie confluunt, sed nudi. Neque facultates nostrae<br />

illis tam diu alendis sufficiunt, dum justo examine probari<br />

queant Genevae, pridie Calendas Septembres (1537).<br />

(Inscrîptio :)<br />

Consistorio Bernensi.<br />

7 Nous ne savons <strong>dans</strong> quelle paroisse le principal <strong>de</strong> Vevey avait<br />

exercé le ministère.<br />

8 La prospérité <strong>de</strong> Pécole<strong>de</strong> Veveypouvait tenir à la renommée<strong>de</strong><br />

l'ancien recteur Jean Mimard, maitre ès arts <strong>de</strong> l'université <strong>de</strong> Paris. Il<br />

avait fait preuve <strong>de</strong> quelque savoir à la Dispute <strong>de</strong> Lausanne (N° 573,<br />

n. 16)et plus tard il fut appelé au collége <strong>de</strong> cette ville.<br />

• Nous sommesautorisé à penser que ce personnage était Jean Bibbit,<br />

appelé aussi Rubit, natif <strong><strong>de</strong>s</strong> environs <strong>de</strong> Sa<strong>les</strong>, en Faucigny, et qui,<br />

après avoir appris le grec au collége<strong>de</strong> la Roche,<strong>dans</strong> la même province,<br />

sous la direction d'Hubert Louis, avait fait à Paris ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong> universitaires.<br />

10n s'agit du principal qui était encore en charge (Voyezrenvoi <strong>de</strong><br />

note 6) et que.Farel <strong><strong>de</strong>s</strong>tinait à l'église d'Aubonne.<br />

Comparezce passage avec le N° 653, renvoi <strong>de</strong> note 6.<br />

11 Plusieurs <strong>de</strong> ces réfugiésfurent établis pasteurs <strong>dans</strong> le <strong>pays</strong> romand.<br />

Nous pouvonsciter, entre autres, Micheldu Bois, élu ministre <strong>de</strong><br />

St.-Prex et d'Étoy, le 13 août 1537, et Jean <strong>de</strong> Cornas, qui fut envoyé<br />

<strong>dans</strong> une paroisse du <strong>pays</strong> <strong>de</strong> Gex (Manuel <strong>de</strong> Berne, date précitée).<br />

D'autres trouvèrent <strong>de</strong> l'emploi chez<strong>les</strong> Genevois.On lit Sans le Registre<br />

<strong>de</strong> Genèvedu 1erseptembre 1537 « Farel et Cawrindisent qu'il y a ung<br />

prescheur, homme <strong>de</strong> bien, <strong>de</strong> Province [I. Provence],lequel volontier se<br />

retireroit icy, et seroit propre pour prescher, quant l'on luy voldroit<br />

donner place. Est arresté que l'on luy donne place.<br />

Pendant <strong>les</strong> mois<br />

suivants on vit encore arriver à Genèvele docteur <strong>de</strong> SorbonneJean Morand,<br />

Michel Mulot, François Dugué, Antoine Bàbier, Pierre Dymse,<br />

François du Pont, tous Français <strong>de</strong> naissance.


1537 LES DÉPUTÉS DE LAUSANNE AU CONSEIL DE BERNE. 289<br />

656<br />

LES députés DE LAUSANNEau Conseil <strong>de</strong> Berne.<br />

De Berne (vers le commencement <strong>de</strong> septembre 1537).<br />

Inédite. Manuscritoriginal. Archives <strong>de</strong> Lausanne.<br />

Sommaibe. LesLausannois répon<strong>de</strong>nt auxreprochesqoileur ontétéadresséspar<br />

MM.<strong>de</strong>Berne.<br />

Très-redoubtés et magnifficques Seigneurs, nous sommes icy<br />

envoyés, <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> vous très-humb<strong>les</strong> serviteurs le Bourguemaystre<br />

et Conseyl <strong>de</strong> Lausanne, <strong>les</strong>queulx très-humblement à<br />

VousExcellencessoy recoman<strong>de</strong>nt, soy tenans prestz à vous fayre<br />

tous pleysirs, honeur et service à eulx à jamays possible vous<br />

fayre: <strong>les</strong>queulx nous ont donné charge vous dire et exposer que,<br />

certayns jours <strong>de</strong>rnièrement passés, ont receupt une lettre <strong>de</strong><br />

vostre part en laquelle sont contenus certayns articc<strong>les</strong>1. Premièrement,<br />

que <strong>de</strong>ussions fayre crier que touttes persones qui doybvent<br />

censes, rentes et aultres choses à Vous Signiories, que icel<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>bgent notimer et poyer aux députés <strong>de</strong> vostre part. Silz vous<br />

playrat sçavoyër que, suyvant la publication <strong><strong>de</strong>s</strong> dictes chosesfaycte<br />

en chayërez par Monsieur le prédicant2, <strong>de</strong>rrechiefz l'avons fayctz<br />

crier, <strong><strong>de</strong>s</strong>irans vous fayre playsyr et service, en cas moyennant<br />

[que] puyssions estre tous jours en vostre bonne grâce et protection.<br />

En apprès, vous pleutz aussy nous rescripre que ancore [il y]<br />

avoyt dam Lausanne plusieurs prestres non conformesà vostre réformation.<br />

Vous advertissans [I. nous vous avertissons] que tous-<br />

1 C'estla lettredu 24 août 15S7(N°652).<br />

» XLs'agit ici<strong>de</strong> Pierre Viret.Nousle verrons,une vingtained'années<br />

plus tard, se plaindreavecses collègues,<strong>de</strong> ce que MM.<strong>de</strong> Berne<strong>les</strong><br />

astreignaientà lire en chaire<strong><strong>de</strong>s</strong> man<strong>de</strong>mentsétrangersà la religion.<br />

r. ry.. 19


290 LES DÉPUTÉS DE LAUSANNE AU CONSEIL DE BERNE. 1557<br />

jour avons fayctz extrême diligence, et ancoure, par le moyan <strong>de</strong><br />

vostre susdicte lettre, avons cherché par toutte nostre ville. Si<br />

n'avons trouvé en icelle que certayns prestres mal-aysés, <strong>les</strong>queulx<br />

tant par vielliesse et hii^otence ne pourriont cheminer; sil se sont<br />

ouffertz vivre jouste icelle [réfonnation], et eulx contrevenans<br />

estre griefvement punis 3.<br />

En oultre, nous avés rescript touchant le salayre <strong>de</strong> nostre dia-<br />

cre, sus lequel avons fayct [convention] avec luy, luy ordonans<br />

pour pension ce que maystre Pierre Viret et luy-mesme ont dictz<br />

luy souffîre, et <strong>de</strong> ce soy contente4. Aussy vous hatz pleutz nous<br />

rescripre tochant le concistoyre. Ilz vous playratz sçavoyër à vous<br />

susdits serviteurs <strong>de</strong> Lausanne, que causes <strong>de</strong> jeux, ivronyeries,<br />

J. dances, blasphèmes,<br />

ville et que à l'heure<br />

et déchicquiteiies qui touchent à police <strong>de</strong><br />

qu'el<strong>les</strong> se font méritent correction 5, coment<br />

fayre l'entendons. Pourquoy icel<strong>les</strong> causes ne se doybvent démener<br />

au concistoyre, car, auttrement, l'on pourront tirer touttes causes<br />

<strong>de</strong>vant le concistoyre par indirects. Très -humblement supplient<br />

Vous Excellences icel<strong>les</strong> causes laysser à nostre correction6, la-<br />

3 Dans presque toutes <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> du Pays <strong>de</strong> Vaud, un nombre considérable<br />

<strong>de</strong> prêtres et <strong>de</strong> religieux acceptèrent la Réformation, quelques mois<br />

après la Dispute <strong>de</strong> Lausanne (Voy. la lettre du 8 octobre 1537, note 3).<br />

4 M. E. Chavannes nous a communiqué le détail suivant, extrait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

comptes du boursier <strong>de</strong> Lausanne « Item. ès délivrés à ung diacre lequel<br />

éthoë avecque Mestre Pierre Viret ad Sanctz-Françoys, ad luy ordonnés<br />

par MM. le burgomestre Jehan Borgeoys et le dit Mestre Pierre,<br />

en saz chambre, le <strong>de</strong>rnier jour <strong>de</strong> Julliet 1537, 12 thestons » [environ 48<br />

francs]. Ce diacre était probablement Jacques Foies, dont le traitement<br />

régulier date du 10 octobre 1537 <strong>dans</strong> <strong>les</strong> comptes précités.<br />

MM. <strong>de</strong> Berne ne se contentèrent pas <strong><strong>de</strong>s</strong> excuses du Conseil <strong>de</strong> Lausanne.<br />

Us firent remettre, le 21 septembre, à ses députés, une réponse<br />

écrite où nous lisons c Concernant la pension <strong>de</strong> leur diacre, ilz est l'entier<br />

vouloyër et intention <strong>de</strong> mes dits Seigneurs, que ceulx <strong>de</strong> Lausanne<br />

donnent à ung chascun diacre 200 florins par an et une mayson, et à<br />

M. Pierre Viret, 300 florins, aussy une mayson » (Le manuscrit original est<br />

signé Secrétaire <strong>de</strong> Berne).<br />

6 Cette phrase embrouillée signifie n vous plaira laisser à notre Con-<br />

seil la connaissance et le jugement <strong><strong>de</strong>s</strong> délits <strong>de</strong> jeux, ivrognerie, etc., qui<br />

sont l'affaire <strong>de</strong> notre police et que nous punissons immédiatement.<br />

6 Cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'explique par l'importance que <strong>les</strong> conseillers lau-<br />

sannois attachaient à leurs droits <strong>de</strong> haute, basse et moyenne juridiction<br />

pour <strong>les</strong> affaires civi<strong>les</strong> et <strong>les</strong> criminel<strong>les</strong> (Voy. Ruchat, IV, 157). Dans<br />

leur tribunal <strong>de</strong> police ils étaient indépendants; mais, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> séances du<br />

Consistoire, fls <strong>de</strong>vaient tenir compte <strong>de</strong> l'opinion du .Bailli <strong>de</strong> Lausanne<br />

1-


1537 LES DÉPUTÉSDE LAUSANNEAU CONSEILDE BERNE. 291<br />

quelle seratz tieule que Dieu et Vous Signiories soy contenteront.<br />

Oultre plus, il vous playratz sçavoyër que Monsieurle gouverneur<br />

et ballifz nous inste sur <strong>les</strong> personages qui aullreffoys se<br />

payentpour <strong>les</strong> cures <strong>les</strong>queUeil vous hatz pleutz nous libéralement<br />

torgir^.TLvous playratz, trés-redoubtés Seigneurs, koais.personages<br />

nous laysser avec <strong>les</strong> aultres biens que Vous Signiories nous [ont]<br />

libéralement fayctz, veu que, <strong>de</strong> vostre libérale munificence,nous<br />

avés faycte une donation, laquelle, oultre ses réserves, tenons estre<br />

franche,ainsynque sont le dons <strong><strong>de</strong>s</strong> grans princes comme vous estes.<br />

Attendu aussy que icel<strong>les</strong>cures sont à présent <strong>de</strong> petitte valeur, car<br />

aullreffoysvàloyentbeaucoupplus par la attraction <strong><strong>de</strong>s</strong> prestres, par<br />

leurs sérimonies papa<strong>les</strong>; et aussy il y en*a une qui <strong>de</strong>bvoyt quelque<br />

argent, à mutation <strong>de</strong> signieur; més, pour ce que n'entendons<br />

ny <strong><strong>de</strong>s</strong>ironsjamays avoyëraultres sauver aynsque VousExcellences,<br />

au playsir <strong>de</strong> Dieu, vous suppliont très-humblement, avec <strong>les</strong> aultres<br />

libéralités que nous avés fayttes,secy nous estre 8<br />

layssé<br />

(Voy. la fin du N° 652). Voicila réponse<strong><strong>de</strong>s</strong> Bernois:c Tant qu'il<br />

touche<strong>les</strong>causesquise doibventdéterminerau Consistoyre,meshon.Seigneurs<br />

ont congneuz. que tant seulementcausesconcernantesmariages<br />

et paillardisedoigentvenir par <strong>de</strong>vant le Consistoyre,mais<strong>les</strong><br />

aultresesman<strong><strong>de</strong>s</strong>[1.amen<strong><strong>de</strong>s</strong>]par le Conseil<strong>de</strong> Lausanneestreexéquutées,et<br />

qu'ilrecouvrenticel<strong>les</strong>. » (Déclarationprécitéedu21septembre<br />

1537.Elle portecette annotationdu dix-septièmesiècle:Sert pourcontrecarrer<br />

le consistoire,etc. »Arch. <strong>de</strong> Lausanne.)<br />

7 C'est-à-dire,le droit<strong>de</strong> patronageque le prébendairepayaitau collateurd'une<br />

cure (Note <strong>de</strong> M. E. Chavannes).Par la donationdu 5 novembre1536,MM.<strong>de</strong><br />

BerneavaientabandonnéauxLausannois<strong>les</strong> biens<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cinqéglisesparoissia<strong>les</strong>et <strong><strong>de</strong>s</strong>couventssitués<strong>dans</strong>la ville,et, au <strong>de</strong>hors,<br />

ceuxdu prieuré <strong>de</strong> St.-Sulpice,<strong><strong>de</strong>s</strong> abbayes <strong>de</strong> Montheronet <strong>de</strong><br />

Bel<strong>les</strong>-Vaux,et <strong>de</strong> l'hospice<strong>de</strong>Ste.-Catherine<strong>dans</strong> le Jorat (Voy.Ruchat,<br />

IV, 157-158).<br />

8 Dans le reste <strong>de</strong> cette pièce<strong>les</strong> Lausannois<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ntencorela<br />

cure <strong>de</strong> Putty et cellei'Ouchy,et ils réclamentcommeleur appartenant<br />

la maisondu chanoine<strong>de</strong> Pontareuse,jadis habitée par Pierre Caroli<br />

(N°582,n. 3).Cestrois <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong>furentrepoussées,et leConseil<strong>de</strong>Berne<br />

avertit MM.<strong>de</strong> Lausannequ'en leur abandonnantc <strong>les</strong>personnaiges<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

parroichesen la ville, »il entendait« qu'il ayent ancoresung pridkant,<br />

auquelil donnentpar an 200florinset unemayson» (Réponseprécitée).


292 W.-F. CAPITON A JEAN CALVIN, A. GENÈVE. t537<br />

657<br />

W.-F. capiton à Jean Calvin, à Genève.<br />

De Strasbourg, 1er septembre 1537.<br />

Inédite. Autographe. Bibl. Publ. <strong>de</strong> Genève. Vol. n° 110.<br />

Sommaire. Immédiatement aprèssonretour<strong><strong>de</strong>s</strong>bains,Bucerpartiraavecmoipour<br />

Sortie,afin<strong>de</strong>dissiper la défiancequ'onluitémoigne, et il s'occuperaavecvous<br />

et <strong>les</strong>autresfrères,<strong>dans</strong>un esprit<strong>de</strong> charitéchrétienne, <strong><strong>de</strong>s</strong>questionsquinous<br />

serontsoumises. Nousneregretterons jamaisle tempsconsacré&ceschoses.Nous<br />

seronsà Bernele 9 oule 10<strong>de</strong>cemois;ne tar<strong>de</strong>zpas4vousy rendre.Je n'ai<br />

puvousen informerplustôt,à cause<strong>de</strong> la santé<strong>de</strong>Bucer.Nousrépondrons <strong>de</strong><br />

bouchei voslettres,cequimefaitespérerquecetteentrevueserasalutairepour<br />

nous.Saluezrespectueusement moncherFarel, Tiretet tous<strong>les</strong>bonsfrères.<br />

S. In thermis fuit Bucerus, necessitate id conce<strong>de</strong>ns ocü. Jam<br />

sibi redditus, antequam alias curas admittat, statuit à reditu mox<br />

Bernam mecum concédèrent illic se purget à suspiciombuset criminibus<br />

vulgi acclamatione adversa intentatis1: interea tamen<br />

quod est Christian» charitatis acturustecum atque cum aliis2. Intelligo<br />

satis quid nunc ans» Satanas apprehen<strong>de</strong>rit, et contra illud<br />

consiliura in Dominum respicientibus non <strong>de</strong>fuerit. Prolixe multa<br />

agenda veniunt brevi illo tempore. In quam rem quicquid impensum<br />

temporis haud facilè unquam paenituerit.'A<strong>de</strong>rimus autem<br />

Bernœ rx aut x hujus mensis8. Vos a<strong><strong>de</strong>s</strong>tote quàmcitô dabitur.<br />

Citiùs significare id vobis non potuimus. Nam nunc primùm <strong>de</strong><br />

valetudine Buceri reddor certior. Ad epistolas tuas sanctissimas<br />

1 Voyezla lettre<strong>de</strong> Capitonda 1erseptembre1537adresséeau Conseil<br />

<strong>de</strong> Berne(Mscritorig.Arch. bernoises),et le N°661,note 2.<br />

C'est-à-direqueBucervoulait s'efforcerd'apaiser<strong>les</strong>différendsqui<br />

existaiententre <strong>les</strong> églises(Voyezle N°661,note2).<br />

s Les <strong>de</strong>uxthéologiens<strong>de</strong> Strasbourgn'arrivèrentà Bernequele 13<br />

oule 14septembre(Voyezle N°661).


«537<br />

LE CONSEILDE GENÈVEAU COMTEDE FORSTEMBERG. 293<br />

juxtà ac docHssimas*respon<strong>de</strong>bimuscoràm, ut ejus sperem couoquii<br />

fructum aliqaem ad nos perventarum5. Vale, et FareUum<br />

meum in Domino, item Viretum et bonos reliquos, reverenter ex<br />

me salntabis. Argent.[inœ]1 septemb. anno 1537.<br />

V. CAPITOtous.<br />

(Inscriptio:) Johanni Calvino, sacras literas docenti Gebennae,<br />

tanquam fratri in Dominodilecto.<br />

658<br />

LE conseil DE GENÈVEau comte Guillaume <strong>de</strong><br />

Furstemberg<br />

De Genève,. 4 septembre 1537.<br />

Inédite. Minuteoriginale. Archives <strong>de</strong> Genève.<br />

Sommaire. Genève prie 1r comte <strong>de</strong> Furstemberg <strong>de</strong> recomman<strong>de</strong>rau Roi <strong>de</strong> France<br />

<strong>les</strong> Évangetiques emprisonné»d Grenoble,Lyon, etc.<br />

Illustre et puyssant Seigneur, nous nous recommandons bien à<br />

vostre bonne grâce.<br />

Monsieur, ainsyn qu'il a pieu à Nostre Seigneur nous donner à<br />

cognoistre la souffrance [que]fwntplusieurs bonsCrestiens, pauvrement<br />

pour la Parole d'ycelluyaffligés enFrance, mesmementà Grenoble,<br />

à Lyonet attitré part*,es quelz à nous est impossible seco-<br />

Anotreconnaissance,ceslettres <strong>de</strong> CalvinàCapitonn'ont pas été<br />

conservées.<br />

B Voyezle N°661,note 2.<br />

1 Onlit <strong>dans</strong>le RegistredllConseil<strong>de</strong> Genèvedu 4 septembre1537<br />

« Icyest parlé d'envoyerunemissiveau compteGwXkameh Lion, en la<br />

faveur <strong><strong>de</strong>s</strong>paovresdétenus.»<br />

1 Dans le nombre<strong>de</strong> ces captifsil faut comprendre-ceux <strong>de</strong> Nbnts<br />

(Voyezla lettre du. 13novembresoivant),et sans doute aussiquelquesuns<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>Vaudois<strong>de</strong> la Provence(Voy.l'Hist. <strong>de</strong> l'exécution<strong>de</strong> Cabrières<br />

et <strong>de</strong> Mérindol.Paris, 1646,p. 20, 21). ~>


294 LE CONSEILDE AU COMTED&FURSTEMBERG. 4537<br />

rir, sinon par le moyeng <strong>de</strong> ceulx que sçavons grand amys et en<br />

la gran<strong>de</strong> bonne grâce du Roy, et mesmement <strong>de</strong> Vostre Seignorie<br />

8: laquelle, par la relation <strong>de</strong> plusieurs <strong><strong>de</strong>s</strong> nostres, avons trou-<br />

vé? nous ponrter grosse bényvolence, sans aultre cause sinon<br />

d'aultant que soyés amateur <strong>de</strong> la Parolle <strong>de</strong> Dieu pour laquelle<br />

bien sçavés que avons soffert: que [I. ce qui] nous faictz a icelle<br />

Vostre Seignorie addresser, pour vous prier, illustre Seigneur, il<br />

soit vostre plaisir tenir propos envers le dit Seigneur Roy <strong>de</strong> telz<br />

paovres détenus, et luy faire <strong>les</strong> remonstrances que bien sçavés<br />

faire, pour obtenir, sil possible est, iceulx détenus estre relaîchés<br />

avecque leurs biens, pour en vivre au service <strong>de</strong> Dieu", quil pour<br />

cela vous en gar<strong>de</strong> ample guerdon, comment espérons, et lequel<br />

supplions il lui playse vous donner [<strong>de</strong>] prospérer.<br />

De Genève,. le quattre <strong>de</strong> septembre 1537».<br />

[Les SINDICQUESET CONSEILDE Genève.]<br />

Ces <strong>de</strong>rniers mots font probablement allusion à Gauchicr Farel, qui<br />

était au service du Comte (Yoy. note 6).<br />

On sait que Giiittawme <strong>de</strong> Furstemberg avait embrassé la Réforme;<br />

mais on connaît moins généralement le jugement très-sévère que Bonivard<br />

a porté sur <strong>les</strong> mœurs <strong>de</strong> ce personnage (Voy. l'Advis et <strong>de</strong>vis <strong>de</strong> la source<br />

<strong>de</strong> l'idolâtrie. Genève, 1856, p. 158).<br />

5 D'après la lettre <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Genève du 13 novembre suivant,<br />

le comte <strong>de</strong> Furstemberg obtint <strong>de</strong> Français I, qui se trouvait à Lyon le<br />

4 octobre 1537, la promesse que tous <strong>les</strong> prisonniers seraient libérés.<br />

6 Le Conseil <strong>de</strong> Genève écrivit, le 10 octobre 1537, au < comte Guillaume<br />

<strong>de</strong> Fu[r]stemberg > à Lyon c Monseigneur, nous ne sçaurions assés<br />

remersier Vostre Seignorie <strong>de</strong> tant da recommandations [que] avons receup<br />

par vostre serviteur Gauchy [Farel\, et du bon voloir et charitable affection.<br />

[que] avés envers nous, <strong>de</strong> vostre grâce, et sans ce que encore<br />

l'ayons déservy en chose que soit. De ce nous tenons estre gran<strong>de</strong>ment<br />

à Dieu et à vous tenus. Ne sçavans toutefois, pour le présent, en aultre<br />

chose le recognoistre, vous prions, illustre et puyssant Seigneur, il vous<br />

plaise, en continuant ce bon voloir, nous avoir tousjours pour recommandé^]<br />

à vostre bonne grAce. Et si vostre dite Seignorie sçait quelque chose<br />

où vous puyssions faire service, et il vous plaict le nous laisser sçavoir, <strong>de</strong><br />

très-bon cœur nous y employerons. (Minute orig. Arch. <strong>de</strong> Genève.)


1537 GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A THONON. 29£<br />

659<br />

Guillaume FAREL à Christophe Fabri, à Thonon.<br />

De Genève, 6 septembre 1537.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaibe. Nous na savons pas d'antre moyen d'amener Fromnt A faire droit à vos<br />

réclamationsque d'adresser une plainte à sesmaîtres [<strong>les</strong> Bernois]. Quand nous prenons<br />

en main votre cause, on dit que nous voulons nous débarrasser <strong>de</strong> lui. E traite<br />

l'affaire <strong>de</strong> Lambert <strong>de</strong> manière a le ménager, et quelques-uns <strong>de</strong> ceux qui elle est<br />

confiéetiennent aussi son parti. Insistez donc; autrement vous n'obtiendrez rien <strong>de</strong><br />

nosmagistrats. Voyez s'il ne conviendrait pas d'engager le baiEli[<strong>de</strong> Thonon] i leur<br />

écrire une secon<strong>de</strong> fois, pour réclamer justice.<br />

On nous a rapporté que Colognys'est retiré sur le territoire bernois, et nous<br />

avons lieu <strong>de</strong> croire qu'il a dit quelque chose contre <strong>les</strong> dîmes. n existe vraiment,<br />

au milieu <strong>de</strong> nous, <strong><strong>de</strong>s</strong> vauriens et <strong><strong>de</strong>s</strong>. traîtres qui préparent tout au moins leur<br />

ruine, s'ils ne peuvent amener celle d'autrui. Ce fléau défiera nos efforts. Froment,<br />

avec sa boutique, prête le flano Ala censure; maisil n'écoute rien. Que le Seigneur<br />

fasse disparaître <strong>les</strong> scanda<strong>les</strong> qui arrêtent le cours <strong>de</strong> sa Parole Nous avons en-<br />

voyé mon cousin vers <strong>les</strong> frères; il pourra s'acquitter <strong>de</strong> quelques soins t SipaSU<br />

jusqu'à l'arrivée <strong>de</strong> monfrère [Clau<strong>de</strong>].<br />

S. Quod <strong>de</strong> Frwnento quereris, poteras nobis indicare literis, ut<br />

ipsum admoneremus justa ratione 1.Nam plané quid cum ipsoagamus<br />

nescimus nisi enim cum hero egerûnns, cum famulo*nihil<br />

fit, qui ut paieat cogitur, imperare cum nesciat, Si nos causam<br />

tum prosequamur, in hoc esse dicimur ut'ipsum ragemus nam<br />

1 La lettre <strong>de</strong>Fabri à laquellefait allusionFarel n'existeplus.Onvoit<br />

seulementqu'elle blâmait la lenteur <strong>de</strong> Fromentà venir occuperson<br />

poste<strong>de</strong> diacre à Thonon(Voy.note4).<br />

Le bailli <strong>de</strong> Thonon.<br />

8 Antoine Fument, qui était au service <strong>de</strong> MM. <strong>de</strong> Berne (Voy. la note<br />

suivante).<br />

4 Bien qu'il eût conservé. son domicile à Genève y Fromentavait, <strong>de</strong>puis<br />

la <strong>de</strong>rniers mois <strong>de</strong> l'année 1586, rempli <strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> prédicateur dam


296<br />

GUILLAUME FAREL A CHBISTOPHE FABRI, A THONON. 1537<br />

nuper cum admoneremus hominem oflScii, nempe, ne sic amarè<br />

loqueretur, satis quid sentiret indicavit. Somma: quid velit [cum]<br />

nescias, aliun<strong>de</strong> est expiscandum. Sic agit Bachi* negocium, ut<br />

non attingat, et, ut vi<strong>de</strong>o, pars favet Bacho hic etiam eorum qui-<br />

bus res est <strong>de</strong>mandata. I<strong>de</strong>o expedit ut diligenter urgeas negocium<br />

aliàs nihil hic impetrabis. Expedit ut Prœfectus iterum scribat8,<br />

et, si tibi vi<strong>de</strong>tur, quasi annotet fautores aliquot hic esse<br />

Bacho, in cujus gratiam non tam <strong>de</strong>bent cessare et negocium ne-<br />

gligere quàm in gratiam veritatis et Bernatium diligedter suam<br />

impen<strong>de</strong>re operam 1.<br />

Colinceum audivimus pagos Bernatium petiisse6; suspicamur <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>timis aliquid sparsisse9, sed res nondum est cognita, licet non<br />

plusieurs localités du Chablais, particulièrement à Colonges-sur-Bellerive<br />

(Voy. Non580, renv. <strong>de</strong> n. 2; 588, renv. <strong>de</strong> n. 15; 591, renv. <strong>de</strong> n. 6;<br />

592, renv. <strong>de</strong> n. 29). Au commencement <strong>de</strong> juillet 1537, <strong>les</strong> pasteurs <strong>de</strong><br />

Genève l'avaient élu diacre du ministre <strong>de</strong> Thonon, et cette nomination<br />

avait été confirmée par <strong>les</strong> commissaires bernois (N° 641, n. 1). Néanmoins,<br />

il ne quitta Genèvequ'après le 21 septembre suivant. On lit, en<br />

effet, <strong>dans</strong> le Registre du Conseil <strong>de</strong> Genève, au dit jour c Estant aoys<br />

Antoine Froment, quil dict qu'il s'en veult partir d'ycy pour aller là ont<br />

Q. où] sont <strong>de</strong>moréz Je advys <strong>les</strong> frères [<strong>de</strong> l'envoyer]. est arresté.<br />

que l'on luy dise que ne luy donnons poënt congé, et que vouldrions bien<br />

qu'il <strong>de</strong>morasse icy; et toutefois luy soyent faictes <strong>les</strong> remonstrances à<br />

cause <strong>de</strong> sa femme. »<br />

6 n s'agit ici du ministre Denis Lambert. Au lieu <strong>de</strong> lui donner son<br />

prénom latin <strong>de</strong> LHonysms,Farel et Fabri le désignaient parfois en se<br />

servant du prénom grec, qui signifie à la fois Denis et Bacchus (Noi 588,<br />

renv. <strong>de</strong> n. 1; 591, renv. <strong>de</strong>n. 1). LesRegistres <strong>de</strong> Genève ne fournissent<br />

pas <strong>de</strong> renseignements sur «l'affaire» qui aurait nécessité une enquête sur<br />

la conduite <strong>de</strong> Lambert; mais la lettre du 19 octobre 1537 donne à penser<br />

qu'on se plaignait <strong>de</strong> ses calomnies.<br />

6 Le 1er septembre, le bailli <strong>de</strong> Thonon avait déjà adressé une lettre<br />

au Conseil <strong>de</strong> Genève a propos <strong>de</strong> Denis Lambert. Nous en avons cité un<br />

fragment (N° 591, n. 3).<br />

7 Le Registre <strong>de</strong> Genève ne mentionne aucune nouvelle démarche faite<br />

par le bailli <strong>de</strong> Thonon au sujet <strong>de</strong> Lambert.<br />

8 De ces paro<strong>les</strong> on pourrait inférer que Jean Janin, dit Gologny, s'était<br />

enfui <strong>de</strong> Genève, pour échapper à l'emprisonnement dont il avait été<br />

menacé le 20 et le 27 juillet (Voy. N° 641, n. 11).<br />

• On lit <strong>dans</strong> la lettre <strong>de</strong> B. Haller à Bullinger datée <strong>de</strong> Berne le 12<br />

septembre 1532: c Qui. ab Anabaptistis sunt vitia cavent, in ipsa invehunt,<br />

inter 3e arctissimè conveniunt, suis legibus addictissimi et hypocrisi<br />

miré etiam simplicibus imponunt, quia multi per ipsos à <strong>de</strong>cimiaet<br />

ceteris oneribus ïiberari sperant » (Fueslinus, op. cit. p. 94, 95).


1537 GBILLACMEFAREL A CHRISTOPHEFABRI, A THOKOK. 297<br />

nihil sit perceptum. Cre<strong>de</strong> mini, malos habemus nebulones et in-<br />

signes proditores, qui, si aliud non possint, ruinam snam procurabunt.<br />

Hœc nostro supererunt labori. Ex Frumento mnltam snmnnt<br />

ansam, propter officinam10, sed aliud non efficias cum Frumento.<br />

Dispicere dilîgentras <strong>de</strong>beremus. Dominus nobis adsit, qui offendicola<br />

tollat per qaae verbam samn bas patitur remoras I Yale. Sa-<br />

\u12lPrœfectnm et omnes. Cognatum11 misimns ad fratres, sed cum<br />

frôler12 istic non sit, poterit interea aliquid domi curare donec<br />

frater veneiit. Genevae, 6 septembris 1537.<br />

(lmcriptio:) Christophoro suo, Tonnonii.<br />

660<br />

Farellds tans.<br />

GUILLAUME FARELà Christophe Fabri, à Thonon.<br />

De Genève, 8 septembre 1537.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> NeuchàteL<br />

Sommaibe.Je vousenvoiela lettre<strong>de</strong> Viret.FromentetAlexandreontreçuchacun<br />

cellequevousleuradressiez.Le messager vous dira laréponse<strong><strong>de</strong>s</strong>Syndics. Je<br />

l'ai engagé£ ne passe rendre<strong>dans</strong>la paroisse<strong>de</strong> Lambert,et j'ai exhortéBenri<br />

[ck2aMare]et Fromentà bienremplirleursfonctions.Hier,nousavonssignalé<br />

an Conseil[feaAnabaptiste»} cesperturbateurs<strong>de</strong>la sociétéchrétiennemaisjevois 10Allusion à la boutique oà Froment vendait diverses <strong>de</strong>nrées. Il continua<br />

ce commerceà Thonon. C'est pour cela que CàMn disait pins tard<br />

cD'advantage [à Genève] il y avoit. ce beau prescheur Froment, qui,<br />

ayant laissé son <strong>de</strong>vantier, s'en montoit en chaire, puis s'en retournoit à<br />

«a "boutique, oit il jasoit, et ainsi il faisoit double sermon » (Vby. <strong>les</strong> Lettres<br />

<strong>française</strong>s <strong>de</strong> Calvinpubliées par Ju<strong>les</strong> Bonnet, H, 574, 575).<br />

11n ne doit pas être question ici du ministre Jean Cousin,mais-PIuOt plutôt<br />

d'un cousin <strong>de</strong> Fontqui se nommaitPierre Trymmi dit 'Oncw.Farel semble<br />

parler encore <strong>de</strong> ce personnage à la fin <strong>de</strong> la lettre suivante,quandil<br />

dit: c Prsefectumne omiseris... ne taceam wnsobrimm.<br />

Clau<strong>de</strong> Farel, administrateur du prieuré <strong>de</strong> Braille, près <strong>de</strong> Thonon.


298 GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI A TBONON. I53T<br />

qu'ilssontprotégés,parcertainespersonnesaveuglées, quetous<strong>les</strong> frères<strong>de</strong>vraient<br />

avertir<strong>de</strong> ragravité<strong><strong>de</strong>s</strong>circonstances. Je suisd'avisque<strong>les</strong>collectes[pour<strong>les</strong>pauvres]se fassent,nonpendant<strong>les</strong>er mon,maislorsqu'i<strong>les</strong>t terminé.Je n'ai pas<strong>de</strong> conseilà donnera Nicolassurle<br />

choixduneparoisse;qu'ils'informeauprès<strong><strong>de</strong>s</strong>gensdu <strong>pays</strong>.Quantà Véeole[<strong>de</strong><br />

Thonon], je prieleSeigneur<strong>de</strong> fairerentrer <strong>dans</strong>le <strong>de</strong>voirceluiquiest coupable.<br />

Veilleza ceque<strong>les</strong>congrégations ne s'occupentpas<strong>de</strong> questionsfrivo<strong>les</strong>;ondoit<br />

y exposer <strong>les</strong>vérités<strong>les</strong>plussimp<strong>les</strong>et <strong>les</strong>pluscompréhensib<strong>les</strong>, cel<strong>les</strong>quidonnent la paixauxconsciences. Nousexaminerons bientôtun jeunehommet nousvous<br />

l'enverrons, s'il peutvousêtreutile.Salueztoutlemon<strong>de</strong>,sansoubliermoncousin.<br />

Comtestpartipourallercherchersa femme.<br />

S. Remitto Vireti literas, ut te non privem jucunda ipsarum Iectione<br />

t. Tuas distribui Frtiviento et Alexandro2. Quid responsi sis<br />

accepturus nescio an sciant ipsi satis mihi non constat. Hic tuas<br />

praeterea Syndicis reddidit3. Quid ipsi dixerint ex eo audies, et alia.<br />

Omnium admonoi quorum necesse est. ne conce<strong>de</strong>ret in locum<br />

ubi Bacmts agit4; praeterea Henrichum5 admonui, ut suo rangatur<br />

«niunere, ac Frumentum quoque. Heri coram Senatu egimus <strong>de</strong><br />

pertiirbatoribiis reipublicœ cfiristianœ6. Sed, ut vi<strong><strong>de</strong>s</strong>, qui nescio<br />

quid moliuntur in sui et aliorum ruinam partes tuentur nocente[s]<br />

paci et œdificationiT. Sanè mihi vi<strong>de</strong>retur expedire ut omnes fra-<br />

1 Cette lettre <strong>de</strong> Viret à Fatel n'existe plus.<br />

Voyez le X° 641, note 2.<br />

3 Le Registre du Conseil<strong>de</strong> Genèvene mentionne pas cette lettre<br />

adressée aux Syndicspar Fabri.<br />

Probablement la paroisse <strong>de</strong> VégiÇS"591, n. 3).<br />

5 Henri <strong>de</strong> la Mare, pasteur à Jvssy-TÉoêqae.<br />

Nous trouvons le paragraphe suivant <strong>dans</strong> le procès-verbal du Conseil<br />

<strong>de</strong> Genève c Vendredy, 7 septembre 1537. Icy sont venus <strong>les</strong> prédicants,hont<br />

faict <strong>les</strong> remonstranceset beaucoup <strong>de</strong> admonitionstouchant<br />

l'affaire <strong>de</strong>[s] Katàbaptiste[


1537 GUILLAUME PARELACHRISTOPHE FABRI,ATHONON. 299<br />

très sedulô admonerent omnium quorum opus est Me cessante» in<br />

tara gravi negocio; nam miseri in ipsa praecipiti ruina indormiunt:<br />

excitandi sunt.<br />

De collectis non placet consilium inter concionandnm fieri, nam<br />

id miré concioni obesset; praestat peractâ fieri8. Quodattinetad<br />

Nicolaum9, nescio quis locoram sit commodior istud à regionis peritis<br />

et qui norunt cui loco idoneus fnerit, petendum est. Saper<br />

ludo Kterario, Dominus miseram dignas pœnas Inere facit, qui <strong>de</strong>t<br />

ut melior évadât10! Ubi in œngregationious nugatur, obviandum<br />

est, ac indicandum plebi et piis non nugas nec perplexa proponenda,<br />

sed expeditissima et clarissima n, nt in<strong>de</strong> timidiores conscientiae<br />

certiores reddantur <strong>de</strong> sainte, et pleniùs discant fi<strong>de</strong>re Christo,<br />

et per fi<strong>de</strong>m vivere eamqne operantem charitate. Habemus hic<br />

jnvenem cujus nondum periculum fecimus. Ubi fuerit probatus,<br />

dispicietur an tibi usui esse possit Quas naper [I.super ?] Frumento<br />

tuas communicavi, non vi<strong>de</strong>ntnr un<strong>de</strong> queraris, sed repetam, ne<br />

te habeam in hac re objurgatorem; nam tua mihi censura gravior<br />

est. De mutationibus quai fiant qrtid dicam non habeo. Vale,<br />

omnes saluta. Prœfectium ne omiseris et tuos, ne taceam conso-<br />

8<br />

C'est la première fois qu'il est question d'une collectepour <strong>les</strong> pauvres<br />

faite <strong>dans</strong> <strong>les</strong> églises du <strong>pays</strong> romand.<br />

9<br />

S'agit-il <strong>de</strong> Nicolas Teinturier(N" 606, renv. <strong>de</strong> n. 19; 641, renv. <strong>de</strong><br />

note 5) ?<br />

10H est question, <strong>dans</strong> cette phrase, <strong>de</strong> Vécoh <strong>de</strong> Thonon,mais nous<br />

ignoronssi l'épithète <strong>de</strong> miserum doit s'appliquer au principal <strong>de</strong> cette<br />

école, ou au itous-maitrequi se nommaitDavid (Voy.<strong>les</strong> lettres <strong>de</strong> Fabri<br />

du 19 octobre et du 12 novembre 1537).<br />

11II est probable que la congrégation<strong>de</strong> Thononétait instituée en imitation<br />

<strong>de</strong> celle <strong>de</strong> Genève (Voy. N° 647, n. 6).<br />

Que ce fut en qualité <strong>de</strong> pasteur ou -<strong>de</strong>régent que ce jeune homme<br />

dut être envoyéà Fabri, ce passage peut serapporter à François Dugué,<br />

pasteur à Moudonvers 1542,et qui écrivait à Calvin,le 7 décembre156i<br />

c Monsieur. <strong>de</strong>rnièrementje vous. remisen mémoirel'ancienne bénévolenceque<br />

vôstre grâce me monstra, lorsque arrivé à Genève,qui fut (si<br />

bien m'en souvien) l'an 1587. ne voulûtes permette» que je délaisasse<br />

'<strong>les</strong> lettres, mateme feistesce bien d'avoir une classe au Collège,duquel<br />

pour lors estoit principal M*Soimer » (User. orig. Bibl. da Genève).<br />

18Farel veut parler <strong><strong>de</strong>s</strong> changements <strong>de</strong> postes auxquels <strong>les</strong> pasteurs<br />

du nouveauterritoire bernoisétaient alors fréquemmentassujettis (H*595,<br />

renvoi <strong>de</strong> note 3). On lit <strong>dans</strong> le Manuel <strong>de</strong> Berne, à la date du 1&août<br />

1587 « Décidé <strong>de</strong> donner au prédicant <strong>de</strong> Colonges[Jacques Cbnerfe},<br />

qui va à Gex, 10 florins d'augmentation, et à celui qui va k Colongesf10<br />

forint aussi longtempsque cela plaira à mes Seigneurs. »<br />

r


300 LECONSEILDE BERNEAUCONSEILDEGENÈVE. 1537<br />

brinumu. Cornes1*te non resalutat, nam uxorem abiit repetiturus.<br />

Genevae, 8 Septembris 1537.<br />

(Inscriptio:) Christophoro suo, Tonnonü.<br />

661<br />

Farellus tans.<br />

LE CONSEIL DE BERNE au Conseil <strong>de</strong> Genève.<br />

De Berne, 14 septembre 1537.<br />

Inédite. Manuscrit orig. Archives <strong>de</strong> Genève.<br />

SoMMAnœ. Capitonet Bucer,avec<strong>de</strong>uxdocteurs<strong>de</strong> Bdle,sontici pouruneaffaire<br />

concernantcla foi catholique.»Ils vousprient<strong>de</strong> permettreà Farel et d Calvin<br />

<strong>de</strong>venirprès<strong>de</strong>uxaussitôtquepossible.<br />

Nob<strong>les</strong>, magnifficques Seigneurs, singuliers<br />

combourgoys!<br />

amys et très-chiers<br />

1<br />

Docteurs Capito et Bucerus <strong>de</strong> Strassburg, avecq <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>Basle1,<br />

sont comparnz ici par <strong>de</strong>vant nous, pour quelque affayre concernant<br />

la foy catholicqne 2. Lesquieulx ont <strong><strong>de</strong>s</strong>iré <strong>de</strong> vous vou-<br />

w<br />

Voyez le N»659, note 11.<br />

u Béat Comte(N»653, note 1).<br />

1 C'étaient Myconiuset Ghyrueus,qui <strong>de</strong>vaient, au besoin, servir <strong>de</strong><br />

médiateursentre Bucer et Capiton, d'un côté, et <strong>les</strong> pasteurs bernois, <strong>de</strong><br />

l'autre.<br />

Le syno<strong>de</strong>qui fut convoquéà la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> Bucer tint sa première<br />

séance le 22 septembre 1537. Les passages suivants <strong>de</strong> la lettre <strong>de</strong> Myconius<br />

à Bullinger, du 4 octobre, même année, nous<br />

font<br />

connaître lès<br />

motifspour <strong>les</strong>quelsBucer avait <strong>de</strong>mandé la convocation<strong>de</strong> cette assemblée,<br />

et <strong>les</strong> résultats qu'elle eut c Bucerus noluit apud Bernensegtut<br />

amicos venerandos, malè audire, tanquamegisset contra Disputationem.<br />

[anno 1528actam], in qua non segniter pugnarat, vel contra Synodumeujus<br />

décréta conscripserat Capito [anno 1532], vel contra Confessionem<br />

communem,quam nos omnes simul confechnus, vel tanquam in negotié<br />

Concordie fdisset perfidns. Ut igitur sese multis excusavit, ita satisfecit


153? LE CONSEILDE BERNE AUCONSEILDE GENÈVE., 30i<br />

loyr escripre, que feust <strong>de</strong> vostre playsir, <strong>de</strong>puis que [L puisque]<br />

vous et nous avecq eulx tenons une mesme religion, <strong>de</strong> tramétre<br />

par <strong>de</strong>vers nous vous ministres, assavoyr M. Gvillame Farel et<br />

M. Calvin: ce qu'avons, tant pour l'avancement <strong>de</strong> la vraye vérité<br />

(<strong>de</strong> laquelle il sont ministre) comme pour rameur d'eux, bien<br />

voulsu fayre, espérant que à cela ne fériés difficulté8. De quoy<br />

aussy vous en prions, et ce le plus toust et commodéement que<br />

sera possible, priant Dieu vous donner à tous bonne vie. Datum<br />

xnn* Septembris 1337*.<br />

L'ADVOYERETConseilz DEBerne s.<br />

et Senatui et Fratribus, quam ob rem etiam Testimonim urso consignatam<br />

abstulit [23 septembre 1537. Voy. Bâchât, V, 44, 45], cujus exemplar<br />

ad te nunc mitto. Non.dubiam est, quin probaturus sis. Utinam actioniinterfuisses,quô<br />

vidissesetiamquàmesset hac parte synceriter actum!I<br />

Consensusin Eucharistisecaussa firmatus est, et fraternitas pristina veluti<br />

renovata. Ego qui<strong>de</strong>mputo, Deum in medionostri fuisse, tam species erat<br />

horribilis primo intoita Tollendœ primùm erant suspicionesmal» contra<br />

ArgenHnenses, <strong>de</strong>in<strong>de</strong> Concordiacommunisconcflianda, tnm discordiss<br />

privatss. furor consopiendus,tan<strong>de</strong>m et Gfébemenseserant reducendiin<br />

viam.Hœc autem omnia sic confecit Dominus, ut omnia bona speranua<br />

mihi vi<strong>de</strong>antur in futurum. » (Mscrit orig. Arch. zuricoises*). Voyez<br />

aussi Ruchat, V, 42-47.<br />

• Foret, Calvin et Vwretassistèrent au syno<strong>de</strong> <strong>de</strong> Berne. Outre leur<br />

déclaration relative à l'usage <strong><strong>de</strong>s</strong> mots Trinité et personnes(Yoy. N° 644,<br />

note 4), ils présentèrent, le 22 septembre, aux théologiens <strong>de</strong> Strasbourg<br />

et <strong>de</strong> BAIeune confession<strong>de</strong> foi relative à l'Eucharistie qui fat souscrite<br />

par Bucer et Capiion. Elle a été publiée <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Calvini Epistol» et<br />

Responsa, 1575, p. 289, 290. Une copie contemporaine <strong><strong>de</strong>s</strong>,<strong>de</strong>ux pièces<br />

susdites est conservée <strong>dans</strong> la Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuch&tel.<br />

On y remarque <strong>de</strong> nombreuses variantes, et, au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous <strong>de</strong> la première<br />

pièce, cette annotation « Acta Bernéecum Bucer. Cap. (Jryn.'et Mycon.<br />

Sept. 22, 1537.» (Voyez, <strong>dans</strong> Ruchat, V, 500-503, ces <strong>de</strong>ux documents,<br />

reproduits d'après la copie neuchâteloiseprécitée.)<br />

5 On lit <strong>dans</strong> le Registre du Conseil<strong>de</strong> Genève, an 27 septembre<br />

1537 « ConsDiumDucentenarium. GuMielmmFareUm et CaMnu8yrë<strong>de</strong>untes<br />

à Berno, refferunt ibi<strong>de</strong>m fuissecongregationem adnrimstratornm<br />

Verbi Dei magnam, et fuisseibi<strong>de</strong>m admonitionemdé exortandapopulum<br />

<strong>de</strong> vivendoin loge et secundùm prsecepta Domini, et <strong>de</strong>mmistrandaunicm'quejustitia,<br />

sequè pauperi ac dfvHi,manendoin unione cmaD. Berna


302<br />

LE CONSEIL DE BERiSE AU CONSEIL DE LAUSANNE. 1537<br />

662<br />

LE CONSEILDE BERNE au Conseil <strong>de</strong> Lausanne.<br />

De Berne, 8 octobre 1537.<br />

Inédite. Minuteoriginale. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

Soukajbe. Berne se plaint <strong>de</strong> ce que <strong>les</strong> Lausannois n'observent pas <strong>les</strong> ordonnances<br />

relatives aux prêtres.<br />

Nob<strong>les</strong>, pru<strong>dans</strong>, chiers et féaulx! Nous summes certainement<br />

informés comme à nostre rescription datée xxime da moys<br />

d'Aougst n'ayés donné lieuz et mis en exéquution le contenuz<br />

d'iceUe1,chose que nous prennons à très-grand regraict. A- ceste<br />

cause, vous <strong>de</strong>rrechieff et trés-acertes commandons que à icelle<br />

incontinant soit donné lieuz: Premièrement à nostre mandament<br />

que nous avons donné es recepveurs <strong>de</strong> Chapitre et [<strong><strong>de</strong>s</strong>] chapel<strong>les</strong>,<br />

lequel vous sera présenté2. Secon<strong>de</strong>ment, que <strong>les</strong> prestres<br />

que n'ont voulsuz accepténostre rèformaUon,<strong>les</strong>quels <strong>de</strong>bviés bannis<br />

atout le sèrement [c.-à-d. avec serment] hors <strong>de</strong> nous <strong>pays</strong>,<br />

incontinant mettes en prison et captivité,et <strong>de</strong> là leur donnés sèrement<br />

<strong>de</strong> vui<strong>de</strong>r incontinant nous <strong>pays</strong> et jurisdictiàns3. Pareillie-<br />

tan<strong>de</strong>m,omnibuspropositishinc in<strong>de</strong> auditis, remanseruntconcor<strong><strong>de</strong>s</strong>et<br />

unanimes<strong>de</strong> superstitioneilla que erat super assena présentâtcorporis<br />

Cristi,prout in articulisper utramquepartem subscriptis.»<br />

1 Voyezle N°652.<br />

9 Nousn'avonspas trouvéle texte <strong>de</strong> ce « man<strong>de</strong>ment» <strong>dans</strong><strong>les</strong>Archives<strong>de</strong><br />

Lausanne.<br />

8 Pourjuger équitablementces ordres <strong>de</strong> MM.<strong>de</strong> Berne, on doit se<br />

rappelerque <strong>les</strong>prêtres<strong>de</strong> Lausanneavaienteu une annéepourprendre<br />

un parti; que ceuxquirefusèrentd'accepterla Réformationreçurentdu<br />

gouvernementbernoisun viatiquehonnête,et qu'on leur permit<strong>de</strong> rentrer<br />

au <strong>pays</strong>d'année en année pour y percevoirleurs revenus(Voy.Buchat,<br />

IV, 391-896,405, 413,474).n y a loin <strong>de</strong> ces procédés à ceux<br />

dont quelquesprincescontemporainsusaientenvers«<strong>les</strong> hérétiques.»<br />

Dansle restedu Pays <strong>de</strong> Vaud,le nombre<strong><strong>de</strong>s</strong>prêtres exilésne dut pas


1537<br />

CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 303<br />

ment, veiuiés tenir main que <strong>les</strong> transgresseurs <strong>de</strong> nostre réformation,<br />

comme palliards, adultères et aultres, soyent punis, en<br />

tant que <strong><strong>de</strong>s</strong>irrés d'éviter nostre male grâce et nous donner occasion<br />

<strong>de</strong> révocquer <strong>les</strong> bénignes élargitions que vous avons faictes4.<br />

Sur ce, vostre response. Datum vm octobris, anno, etc., xxxvn.<br />

L'Advoyer et CONSEILDEBERNE.<br />

665<br />

CHRISTOPHE fabri à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 13 octobre 1537.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaire.L'édit relatif aux baptistère» etaux pains tanslevainvientd'être publié<br />

nousri j avonspas encoresouscrit,maisnons<strong>de</strong>vronsfaireconnattreau Bailli,<br />

être considérable.Nous avons constaté, en effet, que plus <strong>de</strong> cent-vingt<br />

curés et vicaireset qaaU?-vingtsreligieux(donttrois abbés, ceux <strong>de</strong> Bonmont,<br />

<strong>de</strong> Haut-Crêt et du Lac-<strong>de</strong>-Joux) acceptèrent la Réforme, au commencement<br />

<strong>de</strong> l'année 1537.Ce résultat surprend d'autant plus que, lors<br />

<strong>de</strong> la Dispute <strong>de</strong> religion, une dizaine <strong>de</strong> curés seulement,savoir ceux<br />

d'Yverdon, <strong>de</strong> Fey et <strong>de</strong> Granges, avaient souscrit <strong>les</strong> thèses <strong>de</strong> Farel.<br />

A Lausanne, parmi <strong>les</strong> adhérents du nouvel ordre <strong>de</strong> choses, on ne<br />

comptait encore, au commencement<strong>de</strong> 1537, que trois chanoines et chapelains<br />

<strong>de</strong> la cathédrale, sept chanoines du chapitre <strong>de</strong> St.-Maire et trois<br />

curés <strong>de</strong> la ville (Yoy.le Manuel <strong>de</strong> Lausanne aux dates suivantes 16<br />

novembre,21 décembre1536, 2 janvier, 15, 17 février 1537. Le Reg.<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> amodiationsdéjà cité. Arch. vandoises. Ruchat, IV, 385, 386, 387,<br />

400, 402, 449, 450, 453, 455, 456, 458, 463,464).<br />

La réponse <strong><strong>de</strong>s</strong> Lausannoisfut sans doute peu satisfaisante.MM. <strong>de</strong><br />

Berne leur écrivaient <strong>de</strong> nouveaule 21 novembresuivant «A cause qu'à<br />

la plus part <strong><strong>de</strong>s</strong> arrests et rescriptions à vousdonnées et envoyées n'avés<br />

donnez lieux, ne mis en exéquution. avons advisé <strong>de</strong> vous dure, une<br />

pour toutes foys, nostre intention. A ceste cause, avons estably journée<br />

pour comparoistre par <strong>de</strong>vant nous et nostre Grand Conseil,assavoir<br />

lundi-ma <strong>de</strong> Décembreprochain. Sur ce sçaichés envoyer vousCommis<br />

avecq plaine et entière charge. » (Minuteorig. Arch. <strong>de</strong> Berne.)


304 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1537<br />

jeudiprochain, l'opinion<strong><strong>de</strong>s</strong>frères.De<strong>de</strong>uxchosesl'une onnonsallonsaccepter<br />

cesnouveauxrites,peut-êtreangrandscandale<strong><strong>de</strong>s</strong>faib<strong>les</strong>, ouil nousfautabandonnernoséglises,<br />

enexcitant, je le crains,unscandaleplusgran<strong>de</strong>ncore. Inutile<br />

<strong>de</strong>discuter; la décisionestprise.Quelletristessepour<strong>les</strong>genspieux,queltriomphepour<strong>les</strong>impies,<br />

si nousdonnonsnotredémissionNousresteronspartoutet<br />

toujours <strong>de</strong> fidè<strong>les</strong>ministres<strong>de</strong>Jésus-Christ; et cependant tout cequenousavons<br />

édifiéseraenbutteà la calomnie. DeIâ notreanxiété.QueDieunouséclaireI<br />

Vous,quiêtesnotrepèretrès-cher, conseillez-nous. Lescandalequiseraitla conséquence<strong>de</strong>notredépartm'affecte<br />

an-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong>touteschosesje crainsquenotre<br />

troupeaune<strong>de</strong>vienne la proie<strong><strong>de</strong>s</strong>loups.Faut-ilsesoumettre, aprèsavoirprotesté<br />

et faitsesréserves?SaluezetconsultezCalvin, Corau<strong>de</strong>tSaunier.<br />

S. Nwncémit <strong>de</strong>cretum Baptisterii et Asimorum1, cui non prima<br />

fronte subscripsimus, sed in proximum Jovis diem fratrum suffra-<br />

gia Prœfectoindicare jussi sumus. Dtiorumalterum <strong>de</strong>ligamusoportet<br />

aut ritus illos, magno forte pusfllorum offendiculo,amplexemw,<br />

aut ecc<strong>les</strong>ias nostrœ fî<strong>de</strong>icreditas relinqiiamus, un<strong>de</strong> vereor<br />

ne majus atque plurinm sequatur offendiculum.Argumenta aliquot<br />

congesseram, sed quid efficient, ubi jam transaction est negocium?<br />

Nec alla spes est immutandaehujus sententise, quicquid ex<br />

adverso adferatnr. Quàm piorum animi <strong>de</strong>jicientur et impiiagent<br />

trophœos,si à ministerio cessaverimus! Quid non effîngentin nos?<br />

Etiamsi nec Christum, neque ministerium, ubicunque simus, vel ad<br />

mortem usque abnegaturi simus, quicquidtamenpromovimushominum<br />

maledicentiœet calumniis obnoxiumfiet Proin<strong>de</strong> lupum auribus<br />

tenemus. Dominus quod optimum est consulat,ne quid temerè<br />

aggrediamarl Tu quoque, quem pro patre charissimo habemus,<br />

quod Dominus3 [tibi suggesserit] [r]escribit[o] Quod ad me<br />

attinet, plus me movet futurum offendiculum, [si à ministerio<br />

nobis] concesso <strong>de</strong>fecerimus, quàm vita aut mors. Aliorum<br />

1 Cet édit était une confirmationdu man<strong>de</strong>mentadressépar MM.<strong>de</strong><br />

Berne,le 5 janvier 1537,à tous <strong>les</strong> pasteursdu Pays romand(Voy.N°<br />

600).Le gouvernementbernois ordonnaitd'ériger <strong><strong>de</strong>s</strong> baptistèresà l'entrée<br />

du chœur<strong><strong>de</strong>s</strong> églises,et d'user <strong>de</strong>pains sans levainpourla célébration<br />

<strong>de</strong> la sainteCène. Cesinnovationsfurent, dès la mêmeannée, réalisées<br />

<strong>dans</strong> quelquesvil<strong>les</strong> du Pays <strong>de</strong> Vaud.A Morges,par exemple,<br />

on se servit, pour la sainte Cène <strong>de</strong> Noël 1537,d'hosties sans levain,<br />

préparéesavecun fer fait exprès (Voyezla note 4 et Ruchat, IV, 410,<br />

460, 461).<br />

Ici et plusbasnousavonsessayé<strong>de</strong> comblerpartiellement<strong>les</strong>lacunes<br />

du manuscrit.


1537 CHRISTOPHEFABRI A GUILLAUMEFAREL, A<br />

quoque fratrum gratiâ plu[rimùm timerem], ac ne post discessnm<br />

nostrum in ovicnlas grassarentor lupi graveis. Quid, si protestatione<br />

fllis oblata id admisérîmus, aut nonnnQisconditionibas additis,<br />

vel citra conditionem, juxta fllud Mat. 5: « Si qnis te a<strong>de</strong>gerit,<br />

etc.9? Hoc enim mmister bonâ conscientià agere potest,<br />

nisi manifesté immineat offendiculi periçuium. Vale, satutato et<br />

consulto Calvino*, Choraudo.,Sonerio et omnibus aliis fratribns.<br />

Tononii, 13 Octob. 1537.<br />

(Inseriptio:) Suo Gnlielmo Farello. Genevae.<br />

664<br />

Tans Chmstop.[orus].<br />

Christophe fabm à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 19 octobre 1537.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaibe. Hier, au moment od quelques-uns <strong><strong>de</strong>s</strong> frères recevaient leur traitement,<br />

Denis [Zamberf] s'est présenté <strong>de</strong>vant le Bailli, sans y être appelé, et, après nous<br />

avoir reproché notre tyrannie et rappelé ses travaux herculéens, il a tourné contre<br />

moi toute sa fureur. Le BaHUme disait « Si vous le voulu, je le paierai comme<br />

<strong>les</strong> autres. » e Cela vous regar<strong>de</strong>, ai-je répondu je ne suis pas le boursier <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Bernai»; mais, <strong>de</strong> peur que vous ne mettiez en doute notre véracité, nous prouverons<br />

d'ici &lundi <strong>les</strong> accusations que nous avons formulées contre Zombert. » Celui-ci,<br />

pendant notre dîner, n'a pas cessé <strong>de</strong> nous déchirer et <strong>de</strong> nous imputer <strong>de</strong><br />

nouveauxméfaits. Juges par 14s'il est urgent d'éloigner définitivementune pareille<br />

Le passage du chapitre V <strong>de</strong> l'Êvangfle selon St. Matthieu auquel<br />

Fabri fait allusion est le verset 41 «Si quelqu'un te veut contraindre<br />

d'aner avec lui une lieue, vas-en <strong>de</strong>ux. »<br />

4 Noua ne savons quelle fut la réponse <strong>de</strong> CbZoih. Mais on est en droit<br />

<strong>de</strong> supposer que<br />

t. w.. 20<br />

<strong>les</strong> innovations introduites par <strong>les</strong> Bernois <strong>dans</strong> <strong>les</strong> églises<br />

roman<strong><strong>de</strong>s</strong> ne lui semblèrent pas <strong>de</strong> nature à nécessiter la démission<br />

<strong>de</strong> Fàbri et <strong>de</strong> ses collègues. (Voy. le N° 581, n. 6, et le commencement<br />

<strong>de</strong> la lettre <strong>de</strong> Fabri du 12 novembre).


306<br />

CHRISTOPHE PABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1537<br />

peste. n- nous suspect» tous, vous surtout et moi, dont il affirme être détesté <strong>de</strong>puis<br />

trois ans. Les frères reviendront ici lundi; ils désirent que vous y veniez aussi<br />

avec Calvin, en apportant <strong>les</strong> attestations <strong>de</strong> ceux qui ont connu le personnage <strong>de</strong>-<br />

puis son séjour â Neuchdtel.<br />

Nous avons achevé hier <strong>les</strong> censures <strong><strong>de</strong>s</strong> frères, excepté cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> François, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>ux Régis, <strong>de</strong> Froment et à! Alexandre. Les admonitions ont été faites et reçues<br />

avec une bienveillance à laquelle je ne m'attendais pas; j'ai meilleur espoir que<br />

jamais. Je vous prie <strong>de</strong> me procurer un ministre qui aille prêcher à ma place,<br />

dimanche, à Balaixon; il <strong>de</strong>vra expliquer le Symbole <strong><strong>de</strong>s</strong> Apôtres.<br />

Le Seigneur a merveilleusement accru nos espérances en nous donnant ce que<br />

nous avions inutilement recherché, je veux dire, un principal pour le collége <strong>de</strong><br />

Thomm. Les Bernois ont confié ces fonctions au pieux Jean Albert. Vous l'enten-<br />

drez donnant sa leçon <strong>de</strong> grec.<br />

S. Heri\ quum aliquot ex fratribus Frœfeclum adiissent, reliquum<br />

annome pro ratione temporis accepturi, Dionisiuseô non<br />

vocatus2 se intrusit. Ubi verô, praesente ipso. reliquis omnibus satisfactum<br />

fait, statim oculo suo malo intuitus nos accusare cœpit<br />

et tyrannidis arguere, suos labores et aenunnas plusquam hercu-<br />

Iseas3enarrans, totusque furibundus Magistratûs eminentiam nihil<br />

reveritus, increpabat me, in quem Prœfectus totam causam rejicere<br />

vi<strong>de</strong>batur dicens: « Si velis, stipendia illi persolvam ut caeteris. »<br />

« Ast ego (inquiebam) loculorum tuorum curam aut œconomiam-<br />

non gero, nec pecuniarum Bernatium; tu age quod lubet,<br />

ipse non prohibeo; sed ne falsos accusatores et aemulosputes, nos<br />

hinc ad diem lunse tibi eorum certitudinem et comprobationem<br />

afferemus, quorum hic à nobis apud te accusatus fuit. Tuum erit<br />

Judicare ex provincia in hoc tibi concessa, aut Bernam ablegare<br />

nos, si vo<strong>les</strong>, quando id tantis clamoribus expetat. Atque tan<strong>de</strong>m<br />

in eum diem negocium prodnxit.<br />

Hic verô, totus ferè insanus, ad domum usque obmurmurando<br />

multaque minitando sequatus est, ubi dum pran<strong>de</strong>remus nihil non<br />

intentabat adversùs ministros, noUensbibere saltem nobiscum,sed<br />

proscin<strong>de</strong>ns omnes. Unum ex ministris fornicatorem, imô adulterum,<br />

dicebat, quem tu et nos agnosceremus, atque in ministerio<br />

1 Le18octobre1537fat vaijeudi,jour quisembleavoirété fixépour<br />

la réunionhebdomadaire<strong>de</strong> la Classe<strong>de</strong> Thonon.<br />

On peut conclure<strong>de</strong> là et <strong>de</strong> cequi suit, que Dam Lambertétait<br />

déposéon suspendu<strong><strong>de</strong>s</strong>esfonctions.<br />

Passageà compareravecle N°588,renvois<strong>de</strong> note 3-8.


1S37<br />

CHRISTOPHE FABRI A GOILEAUME FAREL, A<br />

semper retineremns, qnod patria (sic) esset4; alium verô literas<br />

scripsisse ipsis laenonibusindignas; adbaecunum esse qui, ubi aliqaandin<br />

Verbum administravit, Lugdunum concessit atqae fflic<br />

apud rasum confessusest, et, vorato cum fllis pastaceo <strong>de</strong>o, <strong>de</strong>mum<br />

rediit et adhuc ministrat. Haecfratrum praesentinmmémorise<br />

inhaerere jussi, donec rationem omnium calumniarum red<strong>de</strong>ret,<br />

hosque pro<strong>de</strong>ret quibus me in his connixisse asserebat. Vi<strong>de</strong> igitur,<br />

mi frater, ne tantam pestem sic langnidè proQigando tan<strong>de</strong>m noxiam<br />

sentiamas. Quidpatas apnd alioseffatiatquantumque insaniat,<br />

quam inter ministros sic furiat, ut nos omnes suspectos habeat, te<br />

potissimùm ac me, quibas summè invisum se à tribus annis affirmabat1?<br />

Quamobrem fratribus omnibus diem lunae dramus, qui<br />

unanimiter se hic adfuturos polliciti snnt, hujusque sententiae faeront,<br />

nt tu aut Calvinus, vel uterque, si licet, non <strong>de</strong>ficiatis, sed<br />

multorum fratrum testimoniis atqae suffrages collectis, eorum<br />

maximè qui a Neocamohominem noverunt6. Nos quoque i<strong>de</strong>m<br />

faciemus.<br />

Censuras omniumfratrum heri absolvimus,Francisco8 et duorum<br />

Regalium [1.daobus Begalibus]9, Frumento et Alexandro10<br />

Nousne savonsà quelcompatrioteil est fait ici allusion.<br />

5 Fabri et d'autres pasteurs neuchâteloisavaientfait, en 1534, à<br />

Neuchâlél,la connaissance<strong>de</strong> Lambert.Celui-cidut, en effet,assistera<br />

la congrégationqui setint <strong>dans</strong> cettevillele jeudi 15 octobre,mêmeannée<br />

(Voy.N°482, renv. <strong>de</strong> n. 16),et il est mêmeassez probablequ'il<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>servitune paroisseneuchâteloise,avant d'être appeléà Sometan,le<br />

9 septembre1535(Voy.le N°588,renv. <strong>de</strong> n. 3, et le N°526).<br />

8 Ceux<strong><strong>de</strong>s</strong> ministresen activité<strong>dans</strong>le Chablaiset <strong>dans</strong> <strong>les</strong> contrées<br />

voisinesqui avaientpu connaîtreLambertà NeuchâtelétaientFabri, MichedPorret,<br />

Froment,Saunier,Olivêtan,et peut-être Calvin.Nous omettonsà<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>seinEimerBeynon,parce qu'il avaitreprissesfonctionsà Serrières<br />

(comté<strong>de</strong> Neuchâtel)en février1537.<br />

7 L'institution<strong><strong>de</strong>s</strong> censuresentre <strong>les</strong>ministresd'une mêmeclassedoit<br />

être attribuéeà Farel. Onsait, en effet,par <strong>les</strong>requêtesdu Syno<strong>de</strong>d'Yverdon(8<br />

juin 1536),que <strong>les</strong> censuresecclésiastiquesétaient en usage<br />

à Neuchâtel<strong>de</strong>puis1531(Voy.la page 64, lignes12-15).<br />

8 Est-ceFrançoisdu Pont, natif <strong>de</strong> l'Agénois,et quenoustrouverons<br />

à Genèveen février1538?<br />

9 Jean et Clau<strong>de</strong>Begis.Nousignorons<strong>les</strong> antécé<strong>de</strong>nts<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />

personnages.Jean remplissaitpeut-être déjà <strong>les</strong>fonctions<strong>de</strong> pasteur à<br />

Maxilhj(N°627,n. 9), oùil mouruten 1538. Il y avait alors àVilleneuve,à<br />

Évian,à Thononet à Genève,plusieursfamil<strong>les</strong>qui portaient<br />

le nom<strong>de</strong> Beyou <strong>de</strong> Begis.<br />

10 Voyezle K»641,note2.


308<br />

(si modo nostri sint, ut arbitror) exceptis.Idque Deo volente, actum<br />

est ut Francisci censuras adsitis. Quàm bénigne monitiones<br />

facta ac receptae faerint dici non posset, nec ipse unquam credidissem.Meliùssperare<br />

incipio quàm prias. Pollicitus nuper fneram<br />

me Balleisonum11proximo die dominico profecturum, aut. aliom<br />

manè fllic concicnatanun, ob matrimonimn unum. Proin<strong>de</strong> vi<strong>de</strong>to<br />

cum Alexandro et Frumento quid magis expediat, et id ante meridiem<br />

proximi sabbati, si liceat, significato, alioqui hos relinquere<br />

non au<strong>de</strong>rem, et illis mendax haberer. Qui Olucconcessorns est<br />

admoneatur, ut Symbolumillis explicet.<br />

Unum superest quo Dominus spem miré auxit nobis, dam pios<br />

conatus irritos vi<strong>de</strong>ns, inopinatô optimè consalit, ploraqae nobis<br />

praestitit quàm conaremur. [d (ne diutius te suspendam) accipe.<br />

Quum juventuti nostrœ mnltùm timeremus, Bernâtes pium Joannem<br />

Albertum12, tibi non ignotam, à multis sibi commendatum, in<br />

ludimagistrum urbi8 fiujus <strong>de</strong>legernnt, condignis atque honestis<br />

stipendiis, et Prœfecto onicè commendarnnt. [Uamgraecèpraelegentem<br />

audietis. Sed te rogatum velim, ut literas meas quibus<br />

omnia famffiariterretego, perin<strong>de</strong> ac si coràm tecum colloquerer,<br />

eas, inquam, supprimas. Nebulo1*enim eas mihi objecit, nec scio<br />

un<strong>de</strong> extorserit. Vale, salutato CtUvinoet omnibus. Tononü, 19Octob.<br />

1S37.<br />

Taus Christoforus Libertinus.<br />

Si cras te hue in diem dominicumappulsunun maturè rescirem,<br />

statim itineri accingerer16.<br />

(Inscriptio:) Charissimo fratri GulielmoFarello. Genevae.<br />

Voyezle N»591,notes12-13.<br />

Jean Albert(ouAJbrecht?)avait enseignéà Berne.Voyezle postscriptam<strong>de</strong><br />

la lettre <strong>de</strong>Fabri du12novembre.<br />

18Allusionà DenisLambert.<br />

MCepost-scriptumestécrit <strong>dans</strong>la longueur<strong>de</strong> la marge.


1<br />

1537 HENRI BULUN6BR A G. FAREL ET A i. CALVIN,A GENÈVE. 309<br />

665<br />

HENRIbullinger à G. Farel et à J. Calvin, à Genève.<br />

De Zurich, 1ernovembre 1537.<br />

Inédite.Autographe.Archives<strong>de</strong> Zurich. Copiemo<strong>de</strong>rne<strong>dans</strong> la<br />

CollectionSimler.<br />

Sojqcaîbe. De ce que je ne vous -ai point écrit encore, ne concluez pas que mon<br />

amitié pour vous s'est re&oidie; car je vous ai toujours aimés, A cause <strong>de</strong> votre<br />

fidélité et <strong><strong>de</strong>s</strong> dons remarquab<strong>les</strong> que Dieu vous a départis. Votre confusion <strong>de</strong> foi<br />

sur la Trinité nous est parvenue et elle m'a beaucoup plu;'je n'ai pas entendu,<br />

dire qu'un seul <strong>de</strong> mes collègues l'ait désapprouvée. Personne n'a prêté confiance<br />

aux calomniateurs. Nous avons appris à connaître CaroU: plût A Dieu qu'il eût<br />

d'autres sentiments La frères <strong>de</strong> Berne nous ont écrit plus d'une fois au sujet<br />

du différend en question.<br />

Les Anglais qui vous remettront la présente lettre vont à Genèvepour faire la<br />

connaissance<strong>de</strong> Calvin et <strong>de</strong> Farel. Ils ont vécu à Zurich pendant plus d'une année,<br />

et ils vous montreront le certificat honorable que nous leur avons délivré. Ce sont<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> hommespieux et savants qui cherchent sincèrement Dieu et la vérité. Vous ne<br />

refuserea pas vos bons officesà d'excellents frères qui désirent séjourner quelque<br />

temps au milieu <strong>de</strong> vous.Ils appartiennentd'ailleurs à <strong><strong>de</strong>s</strong> famil<strong>les</strong> nob<strong>les</strong> et riches.<br />

W Nicolas Eliott est pensionné par le Roi. MM.rem Butter et Nicolas Partnige<br />

vivent t leurs propres frais. Adieu, et priez pour l'église <strong>de</strong> Zurich.<br />

Gratiam et vitae innocentiam a Domino I Quôd nihil ad vos scripserim<br />

hactenus, fratres in Domino colendi, non i<strong>de</strong>o factum est<br />

quôd minus vos amem. Nam dona Ma Dei in nobis rara et vos ipsos,<br />

fidè<strong>les</strong> ChrisH ministros,semper amavi et feci plurim1. Faxit Dominus<br />

ut vestro ministerio plarimos Christo regi lucrifaciatis, perga-<br />

tisque in regno Christi fidè<strong>les</strong> esse ministril Confessio vestra, quam<br />

1 BuXKnger avait fait Ia connaissance <strong>de</strong> Farel à la Dispute <strong>de</strong> Berne<br />

(janvier 1628), et il était entré en relation avec Jean Calvin k Bâte, vers<br />

le 3 février 1536 (Voy. le Ne 545, n. 2, et J.- J. Hottinger, Helvet. Kir-<br />

chen-Geschichte, m, 401, 405).


310 HENRI BOLUNGER A G. FAREL ET A J. CALVIN, A GENÈVE. 1 537<br />

Tigurinae ecc<strong>les</strong>iae misistis, facta <strong>de</strong> sancta Trinitate, mihiplacuit<br />

plurimùm2, nec audivi inter nos qaemqnam cui Ma displicuerit.<br />

Nemo est qui credat calumniatoribos3. Didicimus quis sit Carolus*.<br />

Utinam saperet ea qoae pacis sunt et gloriae Dei! Multa ea <strong>de</strong> re<br />

fratres Bernenses scripsere nobis non semel5. Dominus in concordiam<br />

redigat omnes, dissipet et discordias, atque consflia contra<br />

veritatem et veritatis stndiosos a Sathana inventa evertatl<br />

Viri qui hasce ferunt Uteras Angli sunt6. Veniuntad vos, Calvini<br />

et Fareiïi vi<strong>de</strong>ndi gralid. Habttarant apud nos Tiguri anno integro<br />

et mensibus aliqoot7. Qnaliter se gesserint docebit vos elogium<br />

ipsis datum à nobis 8. Quid ploribos? Viri sunt sancti et docti, qui<br />

Deum et veritatem qoœront ex animo. Ne ergo <strong>de</strong>faeritis fratribus<br />

optimis. Coperem autem ipsis per vos prospici <strong>de</strong> loco aliquo<br />

quieto, in quo possent morari. Nam illi cupiunt ad tempas audire<br />

La Confession <strong>de</strong> Foi <strong>de</strong> Calvin et <strong>de</strong> ses collègues relative au dogme<br />

<strong>de</strong> la Trinité ÇS°628, n. 9) avait été envoyée à Zurich par <strong>les</strong> théologiens<br />

<strong>de</strong> Bâle, le 9 juillet précé<strong>de</strong>nt (N°* 634, renv. <strong>de</strong> n. 17; 640, renv. <strong>de</strong><br />

note 1; 644, renv. <strong>de</strong> n. 2-4). Les pasteurs zuricois avaient dû recevoir<br />

également une copie <strong><strong>de</strong>s</strong> nouvel<strong>les</strong> déclarations présentées au syno<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Berne par Farel, Calvin et Viret, le 22 septembre (Voy. N° 661, n. 2-4).<br />

C'est ce que nous apprend le billet suivant <strong>de</strong> Gaspard Megan<strong>de</strong>r à Bullinger<br />

c Gratiam a Domino Plaçait hoc nuncio Genevensisec<strong><strong>de</strong>s</strong>ÙBÇonfessionem<br />

Eucharistùe, vocis item Adonaï explicationem perspicnam, visitatoribus<br />

Capifoni et Bttcero jampri<strong>de</strong>m Berna oblatam, transmittere,<br />

quô quid boni viri illi et doctissimi hisce in rébus sentiant appareat. Spero<br />

me vigesimâ hujus mensis prima, sub noctem, vobiscum Tiguri futurum.<br />

Dominus vobiscum Bernœ, 13 Octobris, anno xxxvn» (Mscr. orig. Arch.<br />

<strong>de</strong> Zurich).<br />

8 Allusion aux plaintes qu'exprimaient <strong>les</strong> pasteurs <strong>de</strong> Genève <strong>dans</strong><br />

leur lettre du 30 août, adressée aux Zuricois (N° 654).<br />

Passage à comparer avec <strong>les</strong> Noi 640, 644, 645.<br />

6 Cel<strong>les</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> lettres <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs bernois qu'on trouve encore à Zurich<br />

fournissent peu <strong>de</strong> détails sur Vaffaire <strong>de</strong> Caroli en 1537.<br />

*-7 Le 22 août 1536, Bullinger écrivait à Vadian: « Vénérant hisce<br />

diebus Tigurum ires juvenes Angli, nobilibus orti parentibos, ingénus<br />

longé pientioribus et nobilioribus. Nec alia causa hue appuieront quàm<br />

reUgioms ducendte gratiâ » (Mscr.orig. Bibl. <strong>de</strong> St.-Gall). Deux <strong>de</strong> ces<br />

Anglais <strong>de</strong>vinrent <strong>les</strong> pensionnaires <strong>de</strong> Conrad PeUican (Voy. l'autobiographie<br />

<strong>de</strong> Pellican. Bekenntnisse merkwûrdiger Manner von sich selbst,<br />

1810, VI, 146, 148).<br />

8 Un accueil fraternel était assuré, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> évangéliques, aux<br />

arrivants qui présentaient un testimomum (attestation <strong>de</strong> bonne conduite<br />

et <strong>de</strong> saine doctrine) délivré par <strong>les</strong> ministres <strong><strong>de</strong>s</strong> églises-sœurs.


1537 PIERRE TOUSSAI* A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 311<br />

vos et pietati inviguare. Utinam ergo obtingat ipsis commodum<br />

hospitium! Opulenti aIiàs sunt, honesto loco et nobflflrasnati parentibus.<br />

D. Mcolaus Eiioltus stipendio vivit regio; alii duo, D.<br />

Joannes Buttlerus et D. Mcolam Partrigius, suis impensis9. Nina<br />

dubito rem vos Deo facturos gratissimam, si omnem his praesti<br />

teritis humanitatem. Quôd si meae quicanam apud vos preces<br />

valent, age, commendatos habete viros sanctissimos.Vivite-,valete<br />

et orate pro ecc<strong>les</strong>iaTigarina. Tiguri, 1 Novembris 1537.<br />

H. Bulungerds vester.<br />

(Inscriptio:) Clarissimisviris D. V. Farello et D. Joaoni Calvino,<br />

GebennensisEcc<strong>les</strong>iaeministris, carissimis fratribns.<br />

666<br />

PIERRE toussain à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Montbéliard, 12 novembre (1537).<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchàtel.<br />

Sommaire. La lettre et l'Homère que vous adressiez a "Tiretdoivent lui être parvenus<br />

par l'intermédiaire d'un.Lausannois qui s'est trouvé anr mon chemin. A Nevr<br />

ehdfelj'ai remis votre missive a JUareourt et je l'ai calmé amant que possible. C'est<br />

par <strong><strong>de</strong>s</strong> témoignages affectueux et <strong>de</strong>r, lettres plus fréquentes que vous regagnerez<br />

son amitié et celle <strong><strong>de</strong>s</strong> autres frères qui vous paraissent changés à votre égard.<br />

Quelques-unsd'entre eux pensent que, soit <strong>dans</strong> vos entretiens, soit <strong>dans</strong> vos lettres,<br />

vous êtes trop enclinsA censurer <strong>les</strong> frères. Si Antoine sa rend à Genève,recevez-le<br />

avec bienveillance, et pardonnez-vous mutuellement vos torts.<br />

LecomteGeorgesviendraàMontbéliard <strong>dans</strong>peu<strong>de</strong> jours;il sersmécontent<br />

9 Ce <strong>de</strong>rnier personnage,dont le nom anglais Partridgese traduit<br />

par le mot.Perdixr avait, quelquesmoisauparavant,fait un voyageen<br />

Angleterreavec le jeune ZuricoisRodolpheWalther (Voyezle manuscrit<br />

intitulé: « Ephemeri<strong><strong>de</strong>s</strong>peregrinationisquam suscepitRodolphus<br />

GualtherusTigurinuscumNicolaoPerdice,Anglo.Anno Domini1537.»<br />

Bfibl.<strong>de</strong>.Zurich). Un quatrièmeAnglais,dont Bullingeromet le nom,<br />

dut aussiarriverà Genèv en novembre15S7.C'était BarfhilemiTnhem<br />

(Voyez<strong>les</strong> <strong>de</strong>uxlettres qu'il écrività Calvinen 1538);


3i2 PIERRETOUSSADi AGUILLAUME FAREL, AGENÈVE. i 537<br />

<strong>de</strong> ce que .WfcoJa»n'est pas encore arrivé. OS»moine<strong>de</strong> Vabbaye <strong>de</strong> Beîchamp qui<br />

aimait l'Évangile a été arrêté, sur Tordre <strong>de</strong> l'éviqve da Betançon, et jeté dam <strong>les</strong><br />

fers. Nous croyonsque no»primée»,indignés <strong>de</strong> ce forfait, aboliront ici tout ce qui<br />

s'oppose &la gloire <strong>de</strong> Christ. Déjà no» chanoines ont été contraints <strong>de</strong> remettre<br />

an Gouverneur l'indication détaillée <strong>de</strong> tons leurs revenus. Michel[Mulo€ que j'ai<br />

amené avec moi. servira notre église. Nous aurions encore besoin <strong>de</strong> Guillaume<br />

/Bettes; veuillez nous l'envoyer avec le présentmessager. Nous tAcheronstous d'obtenir<br />

que Pierre Oranier soit également appelé. Saluez Calvin, Coraud, Saunier,<br />

Olivétan et <strong>les</strong> autres frères,<br />

Gratia tibi et pax a Deo pâtre per Christum Jesoml In itinere1<br />

incidi in Losannensem aliquem, cui Iiteras tuas et Homerum ad<br />

Viretum <strong>de</strong>di. NeocomiMarcurtio epistolamtuam reddidi, et placavi<br />

hominem quibus potoi modis, quem puto vobis posthac literis<br />

frequentioribus ac humanitate retinendum2. Nec hune solùm,<br />

sed et reliquos fratres, quos putatis à vobis nonnihil alienatos<br />

essé, cum sciatisdissidiisistis nihil posse excogitari pestilentius in<br />

Ecc<strong>les</strong>ia, quaesic semel inter vos cupiamisse sopita, ut nunquam<br />

repullu<strong>les</strong>cant8. Quorundam<strong>de</strong> vobisjudicium est, quôdin colloquiïs<br />

et epistolis vestris promptiores sitisad conviciandumfratrièus. Si<br />

Antonius* isthac venerit, suscipite hominem amicé, et condonate<br />

mutuô, si quid allus habeat adversùs alium.<br />

Comes meus Georgiushîc a<strong>de</strong>rit intra dies ad summum quattuor,<br />

quem Prœfectus et Cancellarius8, viri pii, aBgrèlatnrnm putant,<br />

quôd Nicolaus*nondum venerit, cum multaesint causaequare<br />

a<strong><strong>de</strong>s</strong>se oportebat. Erat apud nos, in monasterio Belli campi*, ut<br />

vocant, monachus quidam Evangelii studiosus. Is arte proditus et<br />

1 Tou&ainavait fait récemmentnn voyageà Genève,commenous<br />

l'apprendsa lettre à Farel du 28 décembre1537.<br />

Les lettreséchangéesà cette époqueentre <strong>les</strong> ministres<strong>de</strong>Genève<br />

et Marcourt,pasteurà Neuchâtel,n'existentplus.<br />

Les correspondancescontemporainesne font pas connaîtrel'origine<br />

<strong>de</strong> cesdissentiments.<br />

4 Tonssainvent sansdouteparler i* AntoineMarcourt.<br />

Le comteGeorges<strong>de</strong> Wurtemberg, gouverneurdu comté<strong>de</strong> Montbéliard.<br />

Nousne connaissonspas le nomdu baU <strong>de</strong>Montbéliard.Le Chan-<br />

celier<strong>de</strong> ce <strong>pays</strong>-làétait SigismondStier(Voy.la findu N°608). ·<br />

7 ProbablementNicolas<strong>de</strong> la Garenne,qui<strong>de</strong>vinten 1589le collègue<br />

<strong>de</strong> Toussain<strong>dans</strong> la ville<strong>de</strong> Montbéliard(Voy.Duvemoy.Éphéméri<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

du comté<strong>de</strong> Montbéliard.Besançon,1832,p. 111).<br />

L'abbaye<strong>de</strong> Beichamp..


1537<br />

PIERRE TOOSSAEÏA<br />

captas ab episcopoBisuntino9, conjectus est in vincula. Quod facinus,<br />

scio, non ferent Principes nostri, imô patamos fore ut, .tanta<br />

petolantia et iniquitate moti, hic semel evertant quicquid adversator<br />

gloriaeChristi. Canonici nostri10coacti sunt, hac septimana",<br />

conscribere Principi manuque propria sobscribere singnli omnes<br />

reditus suos, sed non absque timore ac tremore molto.<br />

De Mchaëlefratre quemmecum adduxi1"1,hîc inserviet Ecc<strong>les</strong>iae<br />

Christi. Et opus habemus quoque GuiilelmoSeïïes, qui isthic apud<br />

vos agit". Qaare obsecro vos per Dominum Jesom, ut hominem<br />

officii diligenter admonitam ad nos mittatis cam hoc nnntio. De<br />

Petro Granier1*, ubi Cornes redierit, dabimus omnes operam, at<br />

hue qaoqae vocetnr. Tu interea vale in Domino.Jesu, et salata<br />

mihi diligenter Calvinum, Couraux, Sonerium, Olivetanumet retiquos<br />

fratres, quorum omnium precibus me quibus possum modis<br />

commendo. Monbelgardi,postridie Martini(153715).<br />

Tans P. Tossanus.<br />

(Jnscriptio:) Galielmo Farello, fratri suo observando.<br />

9 Antoine<strong>de</strong> Vergy,archevêque<strong>de</strong> Besançon.<br />

10 Leschanoinesdu chapitre<strong>de</strong> St.-Mainbœuf.<br />

11 C'est-à-dire,la semaineprécé<strong>de</strong>nte,le 12 novembre1537tombant<br />

sur on lundi.<br />

MichelMulot,dont nousignorons<strong>les</strong>antécé<strong>de</strong>nts,était récemment<br />

arrivé <strong>de</strong> GenèveavecToossain.Onl'appelait à dirigerl'école <strong>de</strong> Montbéliard(Voyez<strong>les</strong>lettres<br />

<strong>de</strong> Toussaindu 28 décembre1537et du 18 février<br />

1538).<br />

18GmOaumeSel<strong>les</strong>(on ZeHes?)<strong>de</strong>vait être associéà MichelMulot<br />

(Voy.n. 12).<br />

14 Pierre Gramerparait ici pour la premièrefois <strong>dans</strong> la correspondance<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Réformateurs.Nousne savonssi c'était lui quise cachaitsous<br />

le pseudonyme<strong>de</strong> CephasGeramUyqui accompagneparfois<strong>de</strong> courtes<br />

pièces<strong>de</strong> versservantd'épigrapheaux opuscu<strong>les</strong>anti-catholiquesimprimésà<br />

NeuchatelchezPierre <strong>de</strong> Wingle(1533-1535).<br />

Le millésimestfixépar la comparaison<strong>de</strong> la présente lettre avec<br />

celle<strong>de</strong> Toussantdu 28 décembre1537.


314<br />

CHRISTOPHE FABRI AGUILLAUME FAREL, AGENÈVE. 1557<br />

667<br />

CHRISTOPHEfabri à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 12 novembre 1537.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sovxàxsb. Hier, je me stris entretenu avec notre nouveau baiiïif, et je l'ai amené à<br />

reconnaftre que <strong>les</strong> rites <strong>de</strong> notre église sont <strong>les</strong> plus conformes à l'Évangile. n a<br />

fini par me révéler que ses supérieurs n'introduiront pas <strong>les</strong> rites nouveaux <strong>dans</strong><br />

<strong>les</strong> paroisses od il en résulterait quelque scandale. Notre réponse écrite <strong>de</strong>vra lui<br />

être remise jeudi prochain, et il l'enverra à Berne.<br />

Nous avons ici quelques personnages qui désirent apprendre l'hébreu et le grec.<br />

Veuillez donc nous envoyer <strong><strong>de</strong>s</strong> grammaires avec le Nouveau Testament grec qui<br />

<strong>de</strong>vait nous être livré par le relieur <strong>de</strong> votre collége. Albert, notre principal, a<br />

interprété à Berne l'épître aux Romains. David a conservé <strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> sousmattre.<br />

S. Heri salis prolixe conveni mo<strong>de</strong>rnum prœfectoremnostruml,<br />

a<strong>de</strong>ô ut fateretur rilus noatros' alüs guriores esse, atque tan<strong>de</strong>m<br />

mandato Dominorum hanc conditionem additam inter confabulandum<br />

<strong>de</strong>texit c Sic enim fieri volumus in locis in quibus citra offendiculum<br />

haec introduci poterunt $. Haec quum audirem prae<br />

gaudio totus gestiebam in animo. Die postremô responsionem<br />

scnpto hinc ad diem Jovis sibi concedi jussit, Bernam mox mit-<br />

1 Le nouveaubailli <strong>de</strong> Thonons'appelaitNicolas<strong>de</strong>Diesbaeh.Le 21<br />

octobre1537,J.-R. Nœgueliécrivait <strong>de</strong> Thononan Conseil<strong>de</strong> Genève<br />

qu'il attendaitprochainement<strong>les</strong> députésbernoischargésd'installerson<br />

successeur.<br />

C'est-à-dire, <strong>les</strong> rites usités à Genève <strong>dans</strong> l'administration <strong><strong>de</strong>s</strong> Sacrements<br />

(Voy. N°« 581, n. 6 663, n. 1. Ruchat, IV, 451, V, 58).<br />

Cette <strong>de</strong>rnière phrase était sans doute empruntée aux instructions<br />

que le bailli <strong>de</strong> Thonon avait reçues <strong>de</strong> ses supérieurs. Elle fut insérée<br />

<strong>dans</strong> l'édit relatif aux cérémonies qui parut en avril 1538, et dont Ruchat<br />

a donné le résumé, t. IV, p. 459.


f 537 LES PÀSTEUHSDE GENÈVEAOXPASTEURS DEZURICH, ETC. 3IS<br />

tendam cum literis suis. Si per navim liceret, unus nostrùnt Loksannam<br />

transaavigaret. Velim et alios fratres serîô negocium expen<strong>de</strong>re,<br />

propter consequentpam], Sunt Me aliquot non omnino<br />

inepti ad literas, qui cupiunt hebraicis ac grœcis initiari literis ».<br />

Il<br />

Rogote ut cures, quàm brevissimè invenire liaient, IntroàucHones8<br />

mox hue mittendas cum Nova Testa.[mento] grœcoquod iste Collegii<br />

compactorante octo dies missurns erat, sed more suo non<br />

stetit pollicitis.Yale, salutato Calvino, Choraudo, Olivetanoet aliis.<br />

Tononii, 12 No. 1537.<br />

Tuus Chmstoporus.<br />

Albertus noster Ro. [L ad Romanos]epistolam Bernœ pralegit;<br />

puto multis mores hominis jam innotuisse. David 9 permansit di-'<br />

dascalus.<br />

(lnscriptio:) Gulielmo Farello suo. Genevae.<br />

668<br />

LES PASTEURSDE GENÈVEaux Pasteurs <strong>de</strong> Zurich,<br />

<strong>de</strong> Bâle [et <strong>de</strong> Berne?]<br />

De Genève, 13 novembre 1537.<br />

Manuscrit orig. Arch. <strong>de</strong> Zurich. Calvini Epp. et Resp. 1575, p. 7.<br />

Somhaibe. Nous vous envoyons tout exprès le présent messager pour vous avertir<br />

<strong>de</strong> ce qui vient <strong>de</strong> se passer à Mme* en Languedoc. Une nouvelle persécution a<br />

éclaté contre <strong>les</strong> pauvres frères qui sont disséminés <strong>dans</strong> cette province. Nous ne<br />

nou attendions &rien <strong>de</strong> pareil, car nous avions obtenu récemment <strong><strong>de</strong>s</strong> magistrats<br />

Voyez le N» 664, note 1.<br />

5 Cespersonnagesétaient d'anciensprêtres pour la plupart(Voye%<br />

N°670,renvoi<strong>de</strong> note 6).<br />

C'est-à-dire, <strong><strong>de</strong>s</strong>grammaires.<br />

7 Le relieurda Collège<strong>de</strong>Genève.<br />

Voyezle N°664,renvoi<strong>de</strong> note 12.<br />

Le nom <strong>de</strong> famille<strong>de</strong>-ce*personnagenousest inconnu..


3i6<br />

LES PASTEURS DE GENEVE AUX PASTEURS DE ZURICH, ETC. 1537<br />

<strong>de</strong> Strasbourg et <strong>de</strong> Bdle <strong><strong>de</strong>s</strong> lettres adressées au comte GhnUmanc[<strong>de</strong> Furstembera]<br />

en faveur <strong>de</strong> tous ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> Évangéliques <strong>de</strong> France qui étaient emprisonnés. On<br />

assurait que le Roi lui avait promis <strong>de</strong> leur rendre à tous la liberté. Cette espérance<br />

est trompée <strong>de</strong>ux martyr» ont péri par le feu. Le messager pourra vous dire la<br />

fermeté extraordinaire dont Us ont fait preuve au milieu du tourments. Beaucoup<br />

d'antres sont <strong>dans</strong> <strong>les</strong> fers, exposés 4 perdre la vie, on peut-être à faiblir, si l'on<br />

ne prévient pas <strong>les</strong> projets sanguinaires <strong>de</strong> leurs bourreaux.<br />

S'il est vrai, commeon le dit, que vos magistrats aient conclu avec notre roi un<br />

traité par lequel celui-ci s'engage &montrer moins <strong>de</strong> sévérité envers vos coreligionnaires,<br />

nous ne pouvons pas laisser échapper cette occasion <strong>de</strong> secourir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

frères dont Christ lui-même nous recomman<strong>de</strong> la cause. Nous comptons sur votre<br />

absolu dévouement. Faites donc en sorte que vos supérieurs adressent au Roi, <strong>dans</strong><br />

le plus bref délai, <strong>de</strong> sérieuses protestations.<br />

Gratia vobis et pax à Deo, patre nostro, et DominoJesa Christo,<br />

fratres amicissimiet nobis nnicé observandi M<br />

Négociant, cujas causa hominem hune data operà mittendum<br />

ad vos censuinras, paucis complectemur. Nemosienim, non incelebri<br />

Linguae,ut nunc vocant, Occitanaeoppido, nova nuper impiorum<br />

sœvitia in miseros fratres qui illic dispersi agunt*, ejrerbuit,<br />

.1<br />

1 Cette salutation n'existe pas <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Calvini Epistoke et Besponsa.<br />

Bèze, qui en fat l'éditeur, a donné à la présente lettre le titre suivant<br />

« Calvinus ministris Basiliensis Ecc<strong>les</strong>iœ. » II ignorait, sane doute, qu'elle<br />

avait été également adressée aux ministres <strong>de</strong> Znrich, <strong>de</strong> la part <strong><strong>de</strong>s</strong> ministres<br />

<strong>de</strong> Genève.<br />

Noos ne connaissons pas la date précise <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers symptômes <strong>de</strong><br />

la Réformation à Nîmes et <strong>dans</strong> le Languedoc. Les idées nouvel<strong>les</strong> purent<br />

y être introduites soit par <strong>les</strong> marchands qui fréquentaient la fameuse<br />

foire annuelle <strong>de</strong> Beaucaire, soit par quelques Vaudois fugitifs <strong>de</strong> la Provence,<br />

soit aussi par d'anciens élèves <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Caturce, professeur à<br />

Toulouse (Voy. Crespin, op. cit. 1582, fol. 99 a). Si nous en croyons<br />

M. G. Charvet (Le château <strong>de</strong> St.-Privat-du-Gard. Uzès, 1867, p. 18,<br />

19), <strong>de</strong>ux habitants <strong>de</strong> Remonlins, Honorât Foret et le notaire Loys Colet,<br />

avaient, <strong>de</strong>puis 1584 environ, formé <strong>dans</strong> cette petite ville, située à 5<br />

lieues N.-E. <strong>de</strong> Nîmes, « un noyau d'hérésie qui se développa rapi<strong>de</strong>ment.<br />

H est prouvé, par <strong><strong>de</strong>s</strong> informations que, vers ce temps-là, déjà<br />

[c.-à-d. vers 1538], le château <strong>de</strong> St.-Privat [propriété <strong>de</strong> Jacques Foret,<br />

frère aîné à* Honorât] était <strong>de</strong>venu l'asile <strong><strong>de</strong>s</strong> partisans <strong>de</strong> la nouvelle<br />

religion. »<br />

Selon M. le pasteur Ariste Viguié, *Nitnes a ce privilège que sa Réformation<br />

sortit à la fois, comme en Allemagne, du couvent <strong><strong>de</strong>s</strong> Augustins,<br />

et comme en France, <strong>de</strong> l'Université savante. » II donne, pour preuve <strong>de</strong><br />

sa première assertion, <strong>les</strong> textes suivants, extraits du Registre du Conseil<br />

<strong>de</strong> Ntmes c31 mars 1532, feste <strong>de</strong> Pasques. Pour ce que le beau père,


DE ZURICH, ETC. 317<br />

cùm nibil tale suspicaremur. Literas non ita pri<strong>de</strong>m publicas Senatus<br />

Argentoratensis et Basiliensis obtimteramas s, quibus omnium<br />

qui nunc [I. tanc] per GalHas in vinculis tenebantur, salus et<br />

incolumitas commendabator Comiti Guittebno Ille a Bege impetrasse<br />

dicebatnr, nt solverentur omnes 5. In hac spe securi acquiescebamus,<br />

dum renuncîatum nobis fait, ignem illicsvehementer<br />

flagrare. Duo combmti fuerunt1, <strong>de</strong> quorum morte ab ipso spec-<br />

fraire <strong><strong>de</strong>s</strong> Augustins, a presché ceste caresme. et a nory <strong>les</strong> habitans<br />

<strong>de</strong> la ville pabtilo cariiatis et bonne doctrine évangéliquejusques à la<br />

veille <strong>de</strong> Pasques, auquel jour, sur le soir, a esté constitué prisonier par<br />

quelque huissier <strong>de</strong> Tholoze, et l'on ne scet à quelz fins est détenu au<br />

chasteau du roy, dont le dit beau père pourra avoir afaire d'argent<br />

pour soy ai<strong>de</strong>r. en ses nécessités [<strong>les</strong> consuls <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt si] la ville<br />

luy doit bailler. ses gaiges ordinares, qui sont <strong>de</strong> douzelivres tant<br />

seullement, ou si la ville luy donnera davantaige. attendu la bonne<br />

doctrine évangéliquequ'il a presché au peuble. Requérant MM. <strong>les</strong><br />

Conseillers que, sur ce, ils dissent leurs opinions. » « Ces opinions.<br />

(ajoute l'historien) sont toutes <strong>dans</strong> le sens du frère Augustin, avec une<br />

nuance d'irritation contre <strong>les</strong> accusateurs, et le prédicateur du carême et<br />

sa doctrine reçoivent l'approbation et l'appui du Conseil » (Discourssur<br />

<strong>les</strong> origines <strong>de</strong> la Réfonnation à Nimes, 1869, p. 11, 14, 15).<br />

Pour affirmer que le susdit Augustin était réellement c un prédicateur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> idées nouvel<strong>les</strong>, » il faudrait d'abord, ce nous semble, connaître la<br />

cause <strong>de</strong> son emprisonnementet l'issue <strong>de</strong> son procès. « L'approbation »<br />

donnée par <strong>les</strong> magistrats nlmois à la doctrine <strong>de</strong> ce religieux ne peut<br />

pas, en tout cas, être interprétée comme une adhésion à la Réforme,<br />

puisque ces mêmes magistrats, cinq ans plus tard, se plaignaient <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

< gran<strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs pullulant contre la foi catholique » (Voyezla note 8).<br />

8 Nous ne possédonspas le texte <strong>de</strong> ces lettres adressées au comte<br />

Guillaumepar <strong>les</strong> magistrats <strong>de</strong> Strasbourg et <strong>de</strong> Baie. El<strong>les</strong> furent probablement<br />

écrites en août 1537et remises à leur <strong><strong>de</strong>s</strong>tinataire par Gauchier<br />

Farel (Voy. N° 668, renv. <strong>de</strong> n. 5, et note 6).<br />

D'après le traducteur anglais <strong><strong>de</strong>s</strong> Lettres <strong>de</strong> Calvin (édit. d'Edimbourg,<br />

1855, 1, 34), le personnage qui est ici mentionné serait Qu&lawne<br />

du Bellay, seigneur <strong>de</strong> Langey. Oril est certain qu'il n'a jamais porté le<br />

titre <strong>de</strong> emie, par la raison toute simple que sa seigneurie<strong>de</strong> Langey ne<br />

fut pas érigée en comté. H s'agit ici du comte Guillaume<strong>de</strong> Furstemberg<br />

(Voy.<strong>les</strong> No


318<br />

LES PASTEURS DP GENÈVE AUX PASTEURS DE ZURICH, ETC. 1537<br />

tatore audietis, siqui<strong>de</strong>m latinè vobis narrare qneat quod nobis retulit.<br />

Pturimi in vincula conjecti sunt, qui <strong>de</strong> capite periclitantur<br />

nisi maturé obviam eator eoram farori qui, jam ebrii duorum san-<br />

guine, finem alioqui saeviendi nullam facturi sunt. Duo illi singularem<br />

constandam ad extremos usque spiritus exkibuerunt, cum<br />

tamen exquisita cru<strong>de</strong>litate ipsorum patientia tentaretur. Verum qui<br />

scimus, an ea<strong>de</strong>m alii coastatura sit animi magnitudo? Ferendae<br />

la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> notre ami M. IF pasteur Char<strong>les</strong> Dardier, entrèprendre<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> recherches sur ce point spécial.<br />

8 Un document daté <strong>de</strong> Nîmes le 1er novembre 1537, et publié par Ménard<br />

(Hist. <strong>de</strong> Nismes, t. IV, Preuves, p. 135-137), parle, mais en termes<br />

généraux, <strong><strong>de</strong>s</strong> peines infligées à certains hérétiques par <strong>les</strong> seigneurs temporels.<br />

Le 27 octobre précé<strong>de</strong>nt, <strong>les</strong> consuls <strong>de</strong> Nîmes, <strong>de</strong> Sommières et d'Aymargues,<br />

avaient, au nom <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants du diocèse, présenté à Robert<br />

<strong>de</strong> la Croix (prévôt <strong>de</strong> la cathédrale et vicaire <strong>de</strong> l'évêque, Michel Bri-<br />

çonnet) une requête tendant à obtenir la nomination <strong>de</strong> Gaspard Cavart,<br />

comme recteur du collége <strong>de</strong> Nîmes, et l'institution d'un professeur <strong>de</strong><br />

théologie, «veu mesmement (disaient <strong>les</strong> pétitionnaires) le temps que<br />

court, et que, à faulte <strong>de</strong> ce, y a eu et <strong>de</strong> présent y a et pullulent journellementplusieurs<br />

grands erreurs contre nostre foy, et à très-grand préjudice<br />

et troublement <strong>de</strong> VEsglise et Crestienié.<br />

p. 134, 135.)<br />

» (Ménard, op. cit. IV, Preuves,<br />

Le prévôt répondit (1er novembre) qu'on avait déjà un théologal pour<br />

<strong>les</strong> chanoines et religieux; que c'était au chantre <strong>de</strong> la cathédrale à<br />

nommer <strong>les</strong> maîtres d'école, sans avoir égard aux présentations faites par<br />

<strong>les</strong> consuls; que < le dit chantre voyant le dangier [qui] estoit survenu en<br />

la cité <strong>de</strong> Nysmes par le maistre-maige [1. recteur] ès escol<strong>les</strong> et escolliers,<br />

pullulant magna hœresis, tant <strong><strong>de</strong>s</strong>acramento altaris que <strong>de</strong> saeramentis<br />

Ecc<strong>les</strong>iœ, dont plusieurs sont esté prévenus et pugnis, tant par<br />

censures ecclésiastiques que aussi per dominos tempora<strong>les</strong>. <strong>les</strong> conenlz<br />

ont essayé <strong>de</strong> présenter ung maistre Tnibert Pecolet pour régir <strong>les</strong> escol<strong>les</strong>,<br />

lequel à longtemps que a esté intitulé in materia haresis. Dont <strong>les</strong><br />

dits consulz <strong>de</strong>voient désister. <strong>de</strong> instituer. maistre Tnibert aux escol-<br />

<strong>les</strong>, <strong>les</strong>quelz estoient bien avertis <strong>les</strong> erreurs hérétiques estre provenues<br />

ab escoli8, et présenter le dit. Tnibert. ce n'estoit sinon pour multiplier<br />

<strong>les</strong> erreurs. Et. <strong>les</strong> consulz ont présenté ung nommé maistre Gaspar<br />

Cavart, lequel. estoit compaignon du dit maistre Ymbert. Et si, y a<br />

plus encores; car le dit. Gaspar fiât socius <strong>de</strong> maistre Batalerii, lequel<br />

obfugit. Le prévôt proteste ensuite c en cas que la hérésie. viendroit à<br />

pulluler. et contre <strong>les</strong> coupab<strong>les</strong> d'icelle soient esté faictes plusieurs<br />

exécutions, et enjoinct par arrest à fère pugnition, que [cela] ne tient<br />

pas à l'évesque <strong>de</strong> Nysmes. mais aux consulz, voilant empescher icelle<br />

par ce que <strong><strong>de</strong>s</strong>sus. »


1537 LES PASTEURS DE GENÈVE AUX PASTEURS DE ZURICH, ETC. 319<br />

ergo in tempore suppetiae, si qua ratione Iicet, ne terrore concidant,<br />

si qui sunt imbecilliores. Dein<strong>de</strong> summopere cavendum, ne<br />

yff<strong>les</strong>cat nobis piorum sanguis, qnem scimus esse in conspectn<br />

Domini preciosnm.<br />

Audimus recens fuisse à principibus vestris percnssmn fœdus<br />

cum rege nostro, in quo mentio qaaedam injecta faerit religionis,<br />

ne scilicetsolita severitate posthac plecterentor, quibus in religionis<br />

sensti vobiscum conveniret 9. Id si ireram est, non omittenda<br />

est nobis juvandorum fratrum tanta opportunitas, quibus ad opem<br />

ferendam non modo clara voce nos Christus vocat, sed se <strong><strong>de</strong>s</strong>eri<br />

conqneritor, si <strong><strong>de</strong>s</strong>erantuf Proin<strong>de</strong>, fratres optimi et pientissimi,<br />

vos pro animi vestri sinceritate in hanc causam totos impendite.<br />

Quod quia vos ultro facturos conOdimus,plurimis non agemus vobiscuni.<br />

Agedum ergo, apud Senatum vestrum efficite,utseriô Rex<br />

appelletur 10,idque quàm fieri poterit brevissimé, ne furiosi fllîantevertant.<br />

Scitisenim quàm sedula sit eorum improbitas. Dominus<br />

Jesus vos novis spiritus sai incrementis magis in dies locupletet,<br />

fratres eruditissimi et nobis dilectissimi! Genevae,xm Novembris<br />

1537.<br />

Fratres vestri amantissimi et observantissimi<br />

Genevensis ecc<strong>les</strong>le ministri.<br />

(Inscriplio :) Fratribus et Symmistis nostris in Domino observandis<br />

Tigurinœ ecc<strong>les</strong>iaePastoribus.<br />

8 Nousne connaissonspas <strong>de</strong> traité d'allianceconcluà cette époque<br />

entre FrançoisI et <strong>les</strong> vil<strong>les</strong>évangéliques<strong>de</strong> la Suisse.Zurich,Bâle et<br />

Berne,<strong>de</strong>puisqu'el<strong>les</strong> avaientacceptéla Réformation,se refusaientabsolumentà<br />

laisser enrôler, parmi leurs sujets,<strong><strong>de</strong>s</strong> soldats mercenaires,<br />

et ce fut en vain que, le 12 juin et le 23 juillet 1537,l'ambassa<strong>de</strong>urdu<br />

roi <strong>de</strong> France sollicita<strong>les</strong>gouvernements<strong>de</strong> cestrois cantons<strong>de</strong> revenir<br />

<strong>de</strong> leur décisionrelativeaux servicesétrangers(Voy.Stettler, op. cit. H,<br />

104,105).<br />

10 Voyezla lettre suivante,adresséeau Roi par <strong>les</strong> Bernois.Bâleet<br />

Zurichfirent, sansdoute, une pareilledémarche(Voyezle N°672,renvois<strong>de</strong><br />

note 12-13).


320<br />

LE CONSEIL DE BERNE A FRANÇOIS I. 1537<br />

669<br />

LE CONSEILDE BERNE à François I.<br />

De Berne, 17 novembre 1537.<br />

Inédite. Minuteoriginale. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

Somhaibe. MM.<strong>de</strong> Berne expriment an Roi la douleur qu'ils ont éprouvée en apprenant<br />

que <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> leurs frères ont été c brûlés » &Nimes et d'autres emprisonnés.<br />

Us supplient ce monarque <strong>de</strong> faire cesser la persécution dam tout son royaume, et<br />

<strong>de</strong> donner louange à Dieu.»<br />

Sire, à Vostre Royale Magesté très-affectueusement nous recommandons.<br />

Sire, sur la bénigne response que VostreMagesté donnast à nous<br />

ambassa<strong>de</strong>urs à Compi[è]gne,le xvne <strong>de</strong> Février Tan, etc., xxxvi1,<br />

avoir entendnz leur charge et instruction qu'ilz avoint <strong>de</strong> nous alliés<br />

<strong>de</strong> Zurich et Basle,nous voysins<strong>de</strong> Strassburg et nous, en faveur<br />

<strong>de</strong> vous soubgects qu'estoient prisonniers, aussy <strong>de</strong> ceulx qu'estoint<br />

sortis <strong>de</strong> vostre royanlme à cause <strong>de</strong> la religiona, puis<br />

bien que la response après donnée par escript le xxnn <strong>de</strong> Février<br />

et à aulx envoyée8, soit (commeilz nous ont^apourté) en quelque<br />

endroit diverse et non semblable à icelle que receurent <strong>de</strong> vostre<br />

bouche4, ce nésansmoings avons jusque icy euz confiance que<br />

icelle eust lieuz, et davantaige <strong>les</strong> novel<strong>les</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> y n'agaire<br />

avons entendues touchant ce mesme affairenous avoint corroboréz<br />

1 C'est-à-dire,1507,nouveaustyle.<br />

Voyezle N»604.<br />

8 Voyezla secon<strong>de</strong>partie da N° 612.<br />

4 Acompareravecle N° 618,fin du premierparagraphe.Les ambassa<strong>de</strong>ursenvoyésparMM.<strong>de</strong><br />

Berneavaient<strong>de</strong>mandéà FrançoisI <strong>de</strong> dispenser<strong>les</strong><br />

Évangéliquesfugitifs<strong>de</strong> l'abjuration qu'on exigeaitd'eux, à<br />

leur rentrée en France.La réponseécrite du Roiéquivalait,sur ce point,<br />

à un refus (Voyezla secon<strong>de</strong>partiedu N°612).<br />

tf


1 537 LECONSEIL DEBERNEAFRANÇOIS I. 321<br />

l'espoir. Car nous aviens entenduz que Vostre Magestéavoit promis<br />

<strong>de</strong> faire délivrer tous <strong>les</strong> prisonniers <strong>de</strong> vostre toyanlme estant<br />

détenus à cause <strong>de</strong> la relligion, et aussy <strong>de</strong> rien <strong><strong>de</strong>s</strong>man<strong>de</strong>r à<br />

ceulx que estoint sortis <strong>de</strong> vostre royaulme 5.Toutteffoys,<strong>les</strong> no-<br />

Tel<strong>les</strong> que <strong>de</strong>puis nous sont venues à notice nous ont fort troublez,<br />

avoir entenduz que, en vostre ville <strong>de</strong> Nysmesen Languedoc, ces<br />

jours passés, aulcuns sont pour la mesme cause estés brusléz, pluseurs<br />

prins et en dangier d'estre brusléz chose que nous est,<br />

plus que nous ne pouvons exprimer, mo<strong>les</strong>te, car nous pouvons<br />

facilement considéré en quelle estimation nous et aultres nous frères<br />

summes par <strong>de</strong>là, voyant que ceulx que sont à nous semblab<strong>les</strong><br />

et <strong>de</strong> mesme religion ainsy sont persécutés et réputés.<br />

A ceste cause, Sire très-chrestien, Vostre Royale Magesté sy<br />

très-affectueusement, très-humblement et trés-acertes que faire<br />

pouvons, prions et supplions pour l'honneur <strong>de</strong>Dieuz et ameur <strong>de</strong><br />

nous, syjamais vous fismes plaisirs, que vostre bénigne grâce et<br />

voulenté soit <strong>de</strong> pourvoir à tieul affaire, faire cesser la ditepersécution<br />

en tout vostre royaulme7, donner lcuange à Dieuz, que par<br />

sa grâce y laisse venir en avant la vérité, c'est la consolation et asseurance<br />

<strong>de</strong> la vie éternelle que recepvons par son sainct Évangile,<br />

nous confians et croyans en Luy seul par Jésuz-Christ, nostre Seigneur<br />

et seul Saulveur, lequel prions <strong>de</strong> bon cueur que à vous<br />

doint victoire <strong>de</strong> vous ennemys. Vostre bénigne responce sur ce<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>irrant et attendant. Datum xvn Novembris, anno, etc., xxxvn 8.<br />

KW..<br />

L'Advoyer ETConseil DEBerne.<br />

8 A.Berne,commeà Genève,on croyait que le comteGuUlatme<strong>de</strong><br />

Fwrstembergavaitobtenudu Roila grâce <strong>de</strong> tons<strong>les</strong>Évangéliquescaptifs<br />

(N°668,renvois<strong>de</strong> n. 4, 5).<br />

6<br />

Voyezle N°précé<strong>de</strong>nt,n est bienprobablequec'étaient<strong>les</strong> pasteurs<br />

<strong>de</strong> Genèvequi avaienttransmisa MM.<strong>de</strong> Berne,ou à leurs ministres,<br />

<strong>les</strong> tristes nouvel<strong>les</strong>reçuesdu Languedoc.<br />

1 Acompareravecle N° 658,renvoi<strong>de</strong> note 2.<br />

• Deuxjoursplustard, MM. <strong>de</strong> BerneécrivaienthM.<strong>de</strong> Boisrigaud,<br />

ambassa<strong>de</strong>ur<strong>de</strong> France, qui résidait à Soleure: cMonsieur,nous rescripvonalecEres.anBoy»en<br />

faveur d'aulcungsprisonniersque sontdétenus,<br />

à cause<strong>de</strong> la foy,à Nysmesen Languedocq, Sa Magesté/priant,<br />

pour l'amour <strong>de</strong> nous, <strong>les</strong>avoirpour recommandés,et <strong>de</strong> faire cesserla<br />

persécution<strong>de</strong> tieulx personnaiges,que sont nous frères. Car ceulx<br />

que confessentung seul Dieu, une seule ré<strong>de</strong>mptionpar Jésu-Chrîst,<br />

tenonspournousfrèreschrestiens,condoléansquantla persécutiontombe<br />

suseulx. Et, à cause que ceste matièreest <strong>de</strong> grosseimportance,vous<br />

21


322<br />

CHRISTOPHE FABHIA. GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. i 537<br />

670<br />

CHRISTOPHEFABRI à Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 19 novembre 1537.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaire. Je me suis efforcé <strong>de</strong> persua<strong>de</strong>r aux er aux frères que cette affaire [<strong><strong>de</strong>s</strong> nounouveaux rites] présentait moins <strong>de</strong> dangers qu'ils ne le pensaient; mais ils déclarent<br />

tous qu'ils désobéiront &l'édit <strong><strong>de</strong>s</strong> Bernois, parce qu'il est impossible <strong>de</strong> s'y sonmettre<br />

sans exciter un grand scandale. On a finalement décidé qu'Alexandre et<br />

moi nous irions à Berne, afin <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r, au nom <strong>de</strong> toute la Classe, que l'exception<br />

indiquée <strong>dans</strong> l'édit fut appliquée à toutes <strong>les</strong> églises dont la fondation est<br />

antérieure à la Dispute <strong>de</strong> religion. Nous proposerons, en outre, certaines réformes<br />

urgentes et nous réclamerons pour Froment un traitement plus avantageux, un<br />

local pour notre école et <strong><strong>de</strong>s</strong> subsi<strong><strong>de</strong>s</strong> pour ai<strong>de</strong>r <strong>les</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> quelques moines<br />

bien doués. Si nos Seigneurs maintiennent l'exécution stricte <strong>de</strong> l'édit, nous leur<br />

dirons que nous craignons d'être privés <strong>de</strong> pieux ministres.<br />

De Verna et ses <strong>de</strong>ux complices nous ont accusés d'avoir, en votre présence,<br />

forcé la .portedu cellier <strong>de</strong> cette maisonet volé du vin. Cette calomnie a fait tant<br />

<strong>de</strong> bruit, que <strong>les</strong> fidè<strong>les</strong> nous ont presque forcés <strong>de</strong> poursuivre l'affaire <strong>de</strong>vant la<br />

Justice. Je crois que j'arriverai à Berne très à propos pour réfuter <strong>les</strong> mensonges<br />

<strong>de</strong> Latiivtift»<br />

S. Conatus sum apud fratres pro viribus extenuare periculosum<br />

hoc negocium $ed pa;ne frustra. Omnes enim pri~s excussuri sunt<br />

Montra jugum quàm in eo pareant quod non sine magno rei chri-<br />

stianœ offendiatlo sibi licere asserunt. Atque tan<strong>de</strong>m in hanc itum<br />

prions <strong>de</strong> faire tenir <strong>les</strong> dictes lectres an Roy sy tost que sera possible,<br />

et, s'yl vous est agréable, en e8cripre.au Roy, affin que obtenons bénigne<br />

et brîefve response; <strong>de</strong> qnoy vous prions très-acertes. Et la response que<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>mandons estre venue, la nous incontinant envoyer. En ce nous ferés<br />

grand plaisir à déservir, etc. Datum 19 Novembris 1537» (Minute orig.<br />

Arch. <strong>de</strong> Berne).<br />

1 C'est-à-dire, l'introduction <strong><strong>de</strong>s</strong> nouveaux rites (N" 663, 667).


1 S37 CHRISTOPHEFABRI A GUILLAUMEPAREL, A 323<br />

est sententiam, ut Alexan<strong>de</strong>r* (alioquiitnras) mecumBernam profîciscatur,et<br />

Dominosomnium nomine rogemus per Christum, ut<br />

offendiculoromrationem habeant, juxta edicti conditionem, quum<br />

in ecc<strong>les</strong>iis nostris morem illum introducere citra offendiculum<br />

non possemus3; habendam quoque earam rationem in quibus<br />

ferme-à duobus annis laboratum est et ante disputationes randamenta<br />

magnis qui<strong>de</strong>m pericnlis jacta faere. Expositari quoque<br />

sumus qaaedam necessariô reformanda, et pro Frumento oratori<br />

ut domnm et condignam conditionem praescribant, locumquoque<br />

prœlectionibits aptum nobis concedant 5, atque nonnuUos rasorum<br />

ad Hteras non omninoineptosjuvent, et hic stu<strong>de</strong>re jabeant 6.<br />

Si quid aliam proponendum vi<strong>de</strong>as, per fratris famuflmn]mox<br />

significato; hac enim hebdoma<strong>de</strong> sud' finem soluturi sumus. Vereor<br />

ne Domino8, ob tam varia quae ex legatis proximè àudituri<br />

sunt, non satis propitios offendamus. Cupiebam sané illos praece<strong>de</strong>re,<br />

sed non Iic[uit].Doininussaltem nobis non <strong>de</strong>erit in suo hoc<br />

tam serio negocio. Qaôd si illi, nulla offendiculi ratione habita,<br />

id rursus prsecipiarit, aut immorigeros amandare velint, id fratribus<br />

significaturi redibimus. Necillis ultrà responsabimus, nisi quôd<br />

timemus ne piis fratribus hac ratione privemur, quod mo<strong>les</strong>tum<br />

sané nobis esset.<br />

Laboramus in juditio, ut recenti offendiculo me<strong>de</strong>antnr, <strong>de</strong><br />

Vema*8 camduobus aliis, qui populi aures calumniisin nos oppleverant<br />

Quôd scilicetpenuarii hujus domos 9 fores noctu fregeri-<br />

L'un <strong><strong>de</strong>s</strong>troispersonnagesnomméspinshaut, N° 641,note2.<br />

8 Acompareravecle N° 667,renvoi<strong>de</strong> note 3.<br />

4 LaRéformeavait été prêchée<strong>dans</strong>certainesparoissesdu Chablais<br />

dèsle milieud'avril 1536.<br />

6 Nousne savonsquel était le local affectéà Vécok<strong>de</strong>Thonon.tya&txe<br />

ans plustard elle fat installée<strong>dans</strong>l'anciencouvent<strong><strong>de</strong>s</strong> Ermites<strong>de</strong> St.-<br />

Augustin(Voy.la lettre <strong>de</strong> Fabri du 25 mai 1542).<br />

9<br />

C'étaient, pour la plupart, <strong>de</strong> jeunes prêtres qui avaientconservé<br />

leur prében<strong>de</strong>,à conditiond'adopter la Réformation(Voy.la lettre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

`<br />

Bernoisdu 21 avril 1539au Conseil<strong>de</strong> Lausanne).<br />

7 Clau<strong>de</strong>Farel, administrateur<strong><strong>de</strong>s</strong> biens<strong>de</strong> Ripaille.<br />

Cepersonnage,qui appartenaità une famille<strong>de</strong> Genève,résidait<br />

sans douteà Thonon.<br />

9 Fabri avait reçu un logement<strong>dans</strong> l'anciennemaison<strong>de</strong> JMScbél<br />

Gus?lei,qui avaitété confisquéepar<strong>les</strong> Bernois(Voy.N»621,renv. <strong>de</strong><br />

n. 7,. 10).Les caves<strong>de</strong> cette maisoncontenaientle produit<strong>de</strong>avignob<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong> MM.<strong>de</strong> Berne.


3m ANTOiNE FROMENT ACCMtSE!t.DZ6ENKWR.


1537 ANTOINEPROMENTAUCONSEILDEGENÈVE. 325<br />

Dieu, qui p. qu'ils] soyentbien si hardis <strong>de</strong> m'avoir ausé diffamer,<br />

en grand escandale<strong>de</strong> la Parolle <strong>de</strong> Dieu,jusques en ceste ville "<strong>de</strong><br />

Thonon, disant que je ay prins et empourté fcy <strong>les</strong> biens meub<strong>les</strong>,<br />

voyre jusques es sarrames <strong><strong>de</strong>s</strong> portes <strong>de</strong> la mayson <strong>de</strong> Pierre Maàoussonl,<br />

ont [1.où] je me tenés. Vouspriant, Messier~*s'il est<br />

vostre playsir vous informer pius amplement, envers Jeun <strong>de</strong> ta<br />

Montaigne et Clau<strong>de</strong>GriUm <strong>de</strong> ceulx qui m'ont ainsi meschamment<br />

accusé; moy fériés playsir, afin que le cas et escandalle n'ale<br />

plus avant; car flz ne m'ont voulla <strong><strong>de</strong>s</strong>clarer quelz ilz sont. Et si<br />

est ainsi comme Hz m'ont faulcement calomnyé, qu'il vous playse<br />

fayre bonne justice <strong>de</strong> moy. Car je me soubmetz pleynement à<br />

vous. Aussi qu'il vous playse ne laysser ainsi blasmer FÉvangilte,<br />

ne vous serviteurs qui le portent, par vous subjectz, mais leur remonstrer,<br />

ainsi que vostre omce porte. Car je vous veulxbien dire<br />

que on m'a accusé à tort et sans cause. Bien est vray que je avoys<br />

faict fayre une sarraille à mon estu<strong>de</strong>, et une aultre à la porte davant,<br />

<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ay reprins et appourté comme miennes. Aussi le<br />

sarraillon <strong>de</strong> la Fusterie » a encores celle du granier. Je n'eus pas<br />

le loysir la luy fayre remectre, pençant aussi <strong>de</strong> retourner embrif<br />

[I.en brief], pour disposer <strong>de</strong> tout<br />

Touchant le mesnaige et meuble <strong>de</strong> la mayson que suys accusé,<br />

vous l'avyés <strong><strong>de</strong>s</strong>jà baillé à Sonier5, quand je y suys entré. Ce que<br />

je y ay trouvé <strong>de</strong><strong>dans</strong> l'inventoyre n'est pas perdu. Jehan Monnier Il<br />

l'a pour escript <strong>de</strong> ma main, lequel Monniery a encores ung buffect<br />

<strong>de</strong> noyer qui luy appertient, et le m'avoit preste, et luy avoys<br />

baillé la clefz pour le reprendre; mais on ne le luy veult rendre,<br />

comme il m'a mandé. Parquoy, Messieurs, ceulx-là qui m'ont accusé<br />

<strong>de</strong> larrecin, je vous prie qu'ilz le monstrent, sans moy espargner<br />

en rien, pour l'honneur <strong>de</strong> Dieu. Car je serés bien marry, si<br />

1 Pierre Màlboswn,l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> partisans du duc <strong>de</strong> Savoie,fat. condamnéà<br />

mortpar contumace,le 13juillet 1535,et sesbiensfurentcon<br />

fisqués(Voy.Froment.Actes et Gestes.Extraits <strong><strong>de</strong>s</strong> Begistres <strong>de</strong> Genève,p.<br />

")-<br />

Jean da la Montagne,apothicaireà Genèveet membredu Conseil<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Deux-Cents(N">395,note 14).Clau<strong>de</strong>GriUonestun personnagenuigmfiant*<br />

C'est-à-dire,le serrurier<strong>de</strong>meurantà la Fusterie,l'une <strong><strong>de</strong>s</strong> places<br />

<strong>de</strong> la vQfe.<strong>de</strong> Genève.<br />

Fromentavait quittéGenèvevente 22 septembre(N«65»,n->4).<br />

AntoineSaunier,recteur du collège <strong>de</strong> Geiiève.<br />

s Peut-être le JemMbymer mentionnéplus haut(N»647,iï.7>.


396 SIMONGRYNiEnS k JEANCALTDî, A~GENÈVE. 1537<br />

je avons p. avois] prins ou empourté, mesme pour ma nécessité,<br />

la valleur d'ung <strong>de</strong>nier, que je n'en voulcissebien retourner troys.<br />

Combien que je me tiens si bien assenré <strong>de</strong> vous, Messieurs, que<br />

quand je neusse-Q.j'eusse] pourté quelque chose pour ma nécessité,<br />

en bien poyant, n'eussiés pas esté marris laquelle chose n'ay<br />

voullu fayre, crégnant ce qu'il n'est [I. ce qui m'est] advenu. Car<br />

on ne peult aller si droictement, que encores n'y aye tousjourt <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

calompniateurs, et principalement contre noz aultres. Vous priant<br />

aussi, Messieurs, m'avoir pour excusé, si à mon <strong><strong>de</strong>s</strong>partement<br />

n'eust loysir vous remettre la clef <strong>de</strong> la mayson. Car je y pencés<br />

retourner incontinent, pour la vous rendre et remercier le bien et<br />

l'honneur qui vous a pieu moy faire. Ne pouvant retourner si<br />

briefvement, en avés [1.j'en avois] escript au sire AmyéBandièreT,<br />

pour vous fayre rendre la clef. Priant Nostre Seigneur vous donner<br />

sa grâce, et si vous pouvés p. pouvois] faire quelque service,<br />

Messieurs, je suys tousjourt, si vous plaist, vostre humble servite[u]r.<br />

De Thonon, ce Il <strong>de</strong> novembre 1537.<br />

Vostre obéissant serviteur,<br />

Anthoine Fromment.<br />

(Suscription:) A Messieurs<strong>les</strong> Sindicques et Conseil <strong>de</strong> Genève,<br />

mes très-honnorés et manificquesSeigneurs.<br />

672<br />

SMONgrykeus à Jean Calvin,à Genève.<br />

De Bâle, (vers le 4 décembre1537').<br />

Inédite. Autographe. Bibl. Pùbl. <strong>de</strong> Genève. Vol. n° If 3.<br />

SoMMAUtB. Puisque vou le <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong>, je vous donnerai quelques détails sut damort<br />

d» notre ami Boehefort. Il était allô se promener,conduit par un traitée qui Ini<br />

Le conseiller d'État Ami Bandière, qui avait été syndic en 1685»<br />

1 7oyez, pour la détenmnatioa<strong>de</strong> la dater <strong>les</strong> notea 2, 7, 11» <<br />

t


1537 SI40N6RTOEUSÀJEANGàLVE^AGENÈYE. 3Sff<br />

vantait<strong>les</strong> exercices<strong>de</strong> <strong>dans</strong>eet <strong>de</strong>lutteexécutés<strong>dans</strong>un.villagevoisinpar<strong><strong>de</strong>s</strong> sotdatsmercenaires.<br />

Près<strong>de</strong>cevillage,.Boefcforfetses. compagnons sontassaillispar unetroupe<strong>de</strong> brigandset poussés<strong>dans</strong>un bateaudisposétoutexprèsan lord du<br />

Rhin,Notreamis'échappe,maisil est poursuivipar <strong>de</strong>uxcavaliers, ressaisiprès <strong>de</strong>laroute<strong>de</strong>Strasbourg, et,malgrésonénergiquerésistance,«mnum*&traversla<br />

forêt.A la tombée^elanuitl'un <strong><strong>de</strong>s</strong>brigandsl'a tuéd'unconpd'arquebuse.Nos magistratsontfait arrêterlemaîtredubateauet ils sepréparent4tontes<strong>les</strong>éventualités.La<br />

diètesuisseseréunitcettesemaine-ci. Tela étéle<strong><strong>de</strong>s</strong>tin<strong>de</strong> cetnomme<br />

universellement regretté,et qui, peu <strong>de</strong>joursavantsamort,avaitfaituneprofessionouverte<strong><strong>de</strong>s</strong>a<br />

foi,en s'approchant <strong>de</strong> la tableduSeigneur. H n'existepas<strong>de</strong>traitéavecle roi [<strong>de</strong>Franee].LeBourgmattre a écritunesecon<strong>de</strong>lettre&Guillaume[<strong>de</strong>FurtUmberg]etil<br />

luia fait écrireau nomduConseil.<br />

Les tentatives<strong>de</strong>» perversà Genèvem'affligentvivement;mais,commevousle<br />

ditesvous-même<strong>dans</strong>votrelettre,cestempêtesn'abandonneront jamaiscettemer. Nousseronstoujoursen ve<strong>de</strong>tteet fortifiéspar leSeigneurcontretous<strong>les</strong>assauts.<br />

S. Quanquam, non dabito, famâ dtidum ad vos <strong>de</strong> morte Rupefortis<br />

nostri 2 allatumesse, tamen, quia id postulas, verbis paucis<br />

significabo. Ambulatum cum propinquo Vivario*extra mônia iverat,<br />

per proditorem, qui in pago proximo quosdam e Gallia nuper<br />

reversos milites saltandi luctandîqne gnaros esse promiserat, eductus<br />

4. Cam ad pagtun feré ventum est, cunens hostium, impetu<br />

Antoine<strong>de</strong> Eochefort^gentilhommefrançais, qui faisait sesétu<strong><strong>de</strong>s</strong> à<br />

Bâle. Quoiqu'il ne soit pas mentionné<strong>dans</strong> le registre <strong><strong>de</strong>s</strong> immatriculations<br />

<strong>de</strong> cette université, nous supposonsqu'il appartenait à la mêmefamâle<br />

que François et Sancy <strong>de</strong> Rochefort, natifs du diocèse<strong>de</strong> Toulouse,<br />

et dont le susdit registre relate <strong>les</strong> noms à l'année 15S7.Antoine<strong>de</strong> Bachefortfut<br />

assassinéle 24 novembre<strong>de</strong> la même année (Voyez la lettre du<br />

Conseil<strong>de</strong> Baie à celui <strong>de</strong> Zurich datée du 26 novembre 1537. Min. orig.<br />

Arch. bâloises. Stettkr, Chronik, 1626-27,n, 106).<br />

Ouvimario? Ce n'est pas, en tout cas, le nom latinisé <strong>de</strong> Jean la<br />

Vigne, natif <strong>de</strong> Toulouse, qui étudiait à Baie en 1537.<br />

Le traitoïk I» persuasionduquel A. <strong>de</strong> Bochefort consentit à faire<br />

une promena<strong>de</strong>jusqu'au, village à'Huningue, près <strong>de</strong> Baie, était un garçon<br />

<strong>de</strong> quatorze ans, fribourgeois <strong>de</strong> naissance, qui servit <strong>les</strong> perfi<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

.projets fo (jfwltaume Anent;l'un <strong>de</strong> ses parents (Voy. sr9). Celui-ci,<br />

ancien bourgmaître <strong>de</strong> Fribourg (152-1),en avait été- exilé, àvcause da<br />

luthéranœme. H avait ensuite servi comme capitaine dana Parmée <strong>de</strong><br />

Franço&rL'La sol<strong>de</strong> qui lui était due parce princen'ayant pas été payéer<br />

nudgrérin^ercession <strong>de</strong>là diète suisse, .4«ent résolut<strong>de</strong> se venger.' c H<br />

menasse<strong>de</strong>Vprandre>aucuns <strong>de</strong> nos subgectzi-(écrivait leroi <strong>de</strong> France au<br />

Conseil <strong>de</strong>Genêye), et là où il ne<strong>les</strong>pourroit prandre, leur.mectre-<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

carqouuitr[t^coB£^> dbnrmort^ensny^nA/q^ ÇLettre<br />

datée <strong>de</strong> Dreux fe 1* décembre1634, Arch. <strong>de</strong>Cfenève). A kifind'a-


328 SIMONGRYN/EUS A.JEANCALVIN,A GENÈVE. 1537<br />

Éacto,omnes qui<strong>de</strong>m praehendit, et in navim quas ad Bheni ripam<br />

in hoc disposita stabat, compatits. Propinquns igitar Vivarius et<br />

servorum Rupefortis alter, dam in navim pertonduntor', ipse Bu-<br />

pefortis, inter mflituin tumultum, salta sese ingenti in ripam proripit<br />

ac manos Iatronom evadit. Equites in insidiis erant duo, qui<br />

fugientem ad pagum proximum persecuti, longiùs egerunt praeter<br />

pagum, ac in campis ipsis apertis eum, itinere quo Argentind venitur,<br />

ad currus eà praetereantes ten<strong>de</strong>ntem, inter ceperant. Vi<strong>de</strong>rant<br />

aarigae, cum se fortiter <strong>de</strong>fen<strong>de</strong>ret et opem eorum imploraret,<br />

captum ac equo impositum et ad sylvam proximam abreptum.<br />

Res haecacciditmille ad summum à mônibns passuum intervallo.<br />

Per sylvam ductus est equo, cum alter equitum in pe<strong><strong>de</strong>s</strong> se conjecisset.<br />

Orta nocte jam, et ex vulnere quod in capite habait satis<br />

magnum, et ex itinere fatigatus, vehi equo non potait commo<strong>de</strong>,<br />

ac <strong><strong>de</strong>s</strong>titui viribus, ut vi<strong>de</strong>tur, coepit. Latro exanimum propemodum<br />

prorsùs hominem istic interfecit, bombarda pectore trajecto.<br />

Globumhic nos domi habemus; et rusticus qui ipse oculis suis vidit,<br />

et clamores morientis et ictum ferientis, bombardaeque sonum<br />

audivit, narravit nobis. Est facinus quod nullis verbis satis attolli<br />

potest.<br />

Priehendit Magistratos eum qui navi praefuit. Parat se rebus<br />

omnibus, ad arces exscin<strong>de</strong>ndas eas quaeet tenent hos, et praetereuntes<br />

receperunt. Comitia hac hebdoma<strong>de</strong>habentur apud Helvetios<br />

Sic fatum est hujus viri. Ipse, dominicâ proximà8, [antè]<br />

vril 1536,Anent et le chevalier PaviOarddévalisaientle château ùa<br />

Vaache,en Savoie,et contraignaientM"* <strong>de</strong> Montchenuzet son gendre<br />

à <strong>les</strong>suivrejusqu'à St.-Clau<strong>de</strong>,sur <strong>les</strong>terres<strong>de</strong>l'Empereur(Voy.le Manuel<br />

<strong>de</strong> Bernedu 4 mai 1536).Quelquetemps après le forfaitd'Huningue,<br />

Asnentfut arrêté en Lorraineet livréau roi <strong>de</strong> France, qui lui At<br />

trancherla tête, le 28 avril 1539,à Sens,<strong>de</strong>vanttoute sa cour(Voy.la<br />

Chronique<strong>de</strong> FrançoisI publiéeparG. Guifirey,p. 267,268. Stettler,<br />

op. cit. H, 63, 69, 90, 106, 111,112. Berchtold. Hist. du canton<strong>de</strong><br />

Fribourg,H, 105, 120).<br />

Ii Les complicesd'Arsentétaientd'ancienssoldatsmercenaires.L'un<br />

d'eux s'appelaitPancraceMotelin.<br />

8 Au dire <strong>de</strong> Stettler, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux compagnonsd'Antoine<strong>de</strong> Rochefort<br />

furentemmenésprisonniers<strong>dans</strong>le château<strong>de</strong> Schwartzenbourg.<br />

r Cedétailfournitune date certaine.La diètesuissequifut convoquée<br />

sur la nouvelledu crimed'Huninguese réunit'le jeudi 6 décembre1587<br />

(Stettler,II, 106).<br />

Le dimanche18 novembre.Depuisla Réformation,la sainte Cène<br />

se célèbrechaquedimanche<strong>dans</strong>l'une <strong><strong>de</strong>s</strong>églises<strong>de</strong> Baie.


1537 SIMONGRYNŒUSAJEANCALVIN, AGENÈVE. 329<br />

qaàm interfectas est, ad mensam Domini adiens significationemfi<strong>de</strong>i<br />

<strong>de</strong>dit non obscuram», et apud me vint innocentissimé. Incredibfle<br />

est qaem dolorem conceperimas omnes ex isto casu, qui utique ad<br />

res majores spectare vi<strong>de</strong>tur10. De fœ<strong>de</strong>re cum Rege nihil est",<br />

nisi jam sit aliqaid. Consul ipse ad Guliehaum JI scripsit iterum,<br />

ac etiam Senatus nomine jossit scribi. Ârgentinensibus significavi<br />

omnia.<br />

De cmatibus jmproborum apud vos val<strong>de</strong> dolet sed hœ tempeslatespelagus<br />

hoc, qualiter rectè ta scribis 15,nunquam <strong><strong>de</strong>s</strong>tituent. Nos in*<br />

9<br />

Myconiusécrivait <strong>de</strong> Bâle à Vadian le 10 janvier 1538 « Arsenii<br />

vel filius, vel nepos ex fratre sacrifico, prodidit artibus longo tempore<br />

paratis D. Antomum a BupeforU,virant nobflemgenere, virtatibus, literis,<br />

linguis, Evangelio,multisque aliis quaetemposscribere vetat » (Mscr.<br />

autogr. Bibl. <strong>de</strong> St.-Gall).<br />

10Cette <strong>de</strong>rnière réflexionn'était possible que peu <strong>de</strong> jours après l'événement.<br />

11Allusion à ce passage <strong>de</strong> la lettre du 13 novembre, où <strong>les</strong> pasteurs<br />

<strong>de</strong> Genève<strong>de</strong>mandaient à ceux <strong>de</strong> Bâle s'il était vrai qu'une convention<br />

eût été récemment conclue entre le roi <strong>de</strong> France et <strong>les</strong> Bftlois.<br />

Jacques Meyer, bourgmaitre <strong>de</strong> Bâle.<br />

18Ce mot, écrit peu lisiblement, doit être le prénom du comte Guillaume<strong>de</strong><br />

Funtemberg, à qui le Conseil <strong>de</strong> Baie avait plus d'une fois recommandé<strong>les</strong><br />

Évangéliques <strong>de</strong> France (Voy. N° 578).<br />

A la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> Farel et <strong>de</strong> Calvin, le Conseil <strong><strong>de</strong>s</strong> Deux-Cents<br />

avait décidé, le 29 juillet, que tous <strong>les</strong> citoyens genevois seraient convoqués<br />

à St.-Fierre, dizaine par dizaine, pour déclarer s'ils voulaient ad-<br />

hérer à la Confession<strong>de</strong> Foi (Voy. N° 602, n. 14).<br />

Cette mesure ren-<br />

contra une certaine résistance. Plusieurs personnes refusèrent <strong>de</strong> c jurer<br />

la Confession (Voy. N° 673, renv. <strong>de</strong> n. 4–7). Un plus grand nombre<br />

encore ne parurent point à l'église. Calvin, portant la parole pour ses<br />

collègues, fit observer au Conseil,le 30 octobre, que


330<br />

LE CONSEIL DE BEBNE AU CONSEIL DE GENÈVE. 1537<br />

statione semper erimus,et gratolabimor nobis, dum sit nos contra<br />

omnia firmat Christus, ut impius interim regno Christi concidat.<br />

Ah! ne nos horribilis facies rernm terreat Snperabit certè Dominus<br />

Christus Jésus. Et fi<strong><strong>de</strong>s</strong> nostra probata, o quod prsecium habebit<br />

Dominus Christus nos in omni voluntate sua saltem servet r<br />

Amen. Dnlce caput et charissimum pectus FareUum noslrum, saluta.<br />

Amate nos verè. Amet nos Dominus Christns! Amen.<br />

(Inscriptio :) Joh. Calvino, suo fratri charissimo. Genevae.<br />

673<br />

LE CONSEILDE BERNE au Conseil <strong>de</strong> Genève.<br />

De Berne, 28 décembre 1537.<br />

Minute originale. Arch. <strong>de</strong> Berne. Publiée en partie par A. Roget.<br />

Hist. du peuple <strong>de</strong> Genève, 1. 1, p. 61-62.<br />

Sohkaibe.Nousvousexhortons affectueusement à cmettreordre» au différendqui<br />

existeentrevous,et quiprocè<strong>de</strong>« d'aucuns rebel<strong>les</strong>t la Parole<strong>de</strong>Dieu.» Nos<br />

ministresnousontdéclaréquevotreConfession <strong>de</strong> Foiestfondéesurla sainte<br />

Écriture.N'oubliezpas<strong>les</strong>grâcesmerveilleuses queDieuvousa faites.<br />

Nob<strong>les</strong>, etc. Vous avés par nous lectres entendnz nostre vouloir<br />

et bone affection que pourtons enver vous, pour apaiser tous différents<br />

que poorroint exordre entre vous l. Sur quoy aviens advisé<br />

d'envoyer nostre ambassa<strong>de</strong> ver vous. Les raisons que nous ont<br />

1 Allusionàla lettre bernoisedn 6décembreprécé<strong>de</strong>nt,quicommençait<br />

ainsi «Noussommescertainementadvertisparnousambassa<strong>de</strong>ursqui <strong>de</strong>rnièrementsontestés<br />

par <strong>de</strong>ver vous,pareflliementpar aultres novel<strong>les</strong>,<br />

commeentre voussoitquelquedissension,à cause<strong>de</strong> la Confessionqu'ast<br />

estéempriméeet publiée,anssyaultres choses. Lesquel<strong>les</strong>poulrsé<strong>de</strong>r<br />

et apaiseravonsadvisézd'envoyénostre ambassa<strong>de</strong>ver-vous.Dont vous<br />

prions. ce-pendantestre. par ensembleen bonnepaix. attendant<br />

la venue<strong>de</strong> nousdits ambassa<strong>de</strong>urs. » (Min.orig.arch. <strong>de</strong> Berne).


1537 LE CONSEILDE AU CONSEILDE GENÈVE. 33i<br />

faict retenir icelle avés aussy assés entenduz 1. Ce non obstant, puis<br />

que <strong>de</strong>rrechieff summes par maistre Guillaume Farel informés, <strong>les</strong><br />

choses non estre ancore apaisées 3, vous voulons par icestes trèsacertes<br />

et très-affectueusement, comme nous frères chrestiens, admonester<br />

<strong>de</strong> mettre ordre et paix au trouble et différent qu'est entre<br />

vous, <strong>les</strong>quels, comme nous summes advertis, procè<strong>de</strong> d*aulcungs<br />

rebel<strong>les</strong> et malveiUiantsà la Parolle <strong>de</strong> Dieuzet. ès$ainctes ordORMf&ces<br />

qu'avés sur ce faictes mesmement à cause <strong>de</strong> la Confession<br />

qu'avés impriniée, pource que au tiltre d'icelle est exprimé que<br />

<strong>de</strong>bvés jurer <strong>de</strong> la tenir et gar<strong>de</strong>r 5; et puis que en icelle <strong>les</strong> dix<br />

Comman<strong>de</strong>mens <strong>de</strong> la Loys sont comprins, aulcuns venllent entendre<br />

que l'on jurez d'icenlx observer, etc., ce que n'est à homme<br />

possible etc. Dont anlcune rebellion et désobéissance est sourvenue<br />

entre vous 7. Avons icelle Confession en parthye regardée,<br />

9 Allusion à la lettre du 9 décembre, <strong>dans</strong> laquelle le gouvernement<br />

bernois s'exprimait ainsi «Nous avions déjà ordonné et esleuz nous ambassa<strong>de</strong>urs<br />

pour aller ver vous. Lesquels <strong>de</strong>main feus[s]ent partir, sy<br />

ne feust le rapourt que Hugo Van<strong>de</strong>l nous a faict, disant que vous estiés<br />

en bonne tranquillité. Sur ce, avons retenuz nostre ambassa<strong>de</strong>. »<br />

(Min. orig. Ibid.)<br />

3<br />

Après la séance orageuse du ConseilGénéral du 25 novembre, Fa-<br />

Tels'était rendu à Berneavec Calvin. A leur retour, ces <strong>de</strong>ux <strong>réformateurs</strong><br />

avaient fait au Conseil<strong>de</strong> Genèvele rapport suivant: MM. <strong>de</strong> Berne<br />

ayant vu la Confessionc l'ont trouvée très-bien, et ont élu <strong><strong>de</strong>s</strong> ambassa<strong>de</strong>urs<br />

pour venir déclarer ici, <strong>de</strong>vant le peuple, que <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> dites par<br />

leurs commissaires(Voy. N° 672, n. 14) n'ont point été dites «à leur nom»<br />

(Reg. <strong>de</strong> Genèvedu 10 décembre).<br />

A la réception <strong>de</strong> la lettre bernoise du 9 décembre(Voy. n. 2), il fut<br />

décidé que Farel retournerait à Berne, et il partit le 15 avec <strong>les</strong> députés<br />

genevois qui étaient chargés <strong>de</strong> défendre certains droits <strong>de</strong> juridiction<br />

contestés par <strong>les</strong> Bernois.<br />

Voyezl'ouvrage précité <strong>de</strong> M. AmédéeRoget, l, p. 3, 4, 6, 11, 22,<br />

29, 39, 41, 43, 44, 46, 47.<br />

8 Nous <strong>de</strong>vons à notre ami M. Henri Bordier la communicationd'un<br />

exemplaire, certainement unique, <strong>de</strong> la première Confession<strong>de</strong> Foi genevoise.<br />

Elle est intitulée « Confession<strong>de</strong> la Foy, laquelle tous bourgeois<br />

et habitans <strong>de</strong> Genèveet subiectz du <strong>pays</strong> doyventjurer <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r-et tenir.<br />

Extraicte <strong>de</strong> l'instruction dont on use en Leglise <strong>de</strong> la dicte Ville. »<br />

Elle se compose<strong>de</strong> 15 pages in-12 en caractères gothiques. Voyez le<br />

tf» 602, fin <strong>de</strong> la note 14.<br />

a Ces <strong>de</strong>rniers mots ne sont pu une appréciation<strong><strong>de</strong>s</strong> Bernois, mais la<br />

reproduction <strong>de</strong> paro<strong>les</strong> prononcées à Genève par l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens qui<br />

refusaient <strong>de</strong> cjurer »la Confession<strong>de</strong> Foi (Voy. A. Roget, op. dfc 1^48).<br />

7 Voyezle N» précé<strong>de</strong>nt, note 14.


332 PIERRE TOUSSADÏÀ GUILLAUMEPAREL, A 1537<br />

aussy la communiqué à nous prédicans, <strong>les</strong>quels tunts ontrapourté,<br />

en plain Conseil,que icelle est selon Dieuz et la Saincte Escripture,<br />

et par ainsy conformeà nostre religion 8.<br />

A ceste cause, vous prions et admonestons, <strong>les</strong> troub<strong>les</strong> que à<br />

cause (ficelle sont entre vous apaiser et sé<strong>de</strong>r, considérant la<br />

grâce que Dieuzvous az faict vous mettant mervillieusement nonseulement<br />

en libertés extérieures, ains aussy <strong>de</strong> vous consciences,<br />

et par ainsy, pour l'honneur <strong>de</strong> Dieuz et entretènement <strong>de</strong> vostre<br />

bien publique, <strong>les</strong> choses mettre en bon ordre, affinque ruine soit<br />

évitée et <strong>les</strong> ennemis <strong>de</strong> la vray chrestienne religion n'ayent occasion<br />

<strong>de</strong> soy réjouir du trouble et dissension qu'est entre vous, et<br />

[que]<strong>les</strong> maulvais[sQient\rectMz <strong>de</strong> leurs sinistres machinations.A<br />

quoy faire Dieuz vous doint grâce Nous avons aussy donnéz<br />

charge à nous ambassa<strong>de</strong>urs, que en brieff seront par <strong>de</strong>là, employer<br />

toute diligence pour apaiser ce que pourrait rester en désordre'.<br />

Datum xxvni 10 Decembris, anno, etc., xxxvn.<br />

L'Advoyer ETCoNSEILDEBerne.<br />

674<br />

piebbe toussais à GuillaumeFarel, à Genève.<br />

De Montbéliard,28 décembre (1537').<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchàtel.<br />

Soioiaibb. Toussain <strong>de</strong>man<strong>de</strong> & Farel et aux ministres <strong>de</strong> Genève <strong>de</strong> loi envoyer<br />

GwBavmeZetUs,qu'on voudrait associer à Michel Mulot, régent <strong>de</strong> l'ieole <strong>de</strong>Montbâtard.<br />

La confrérie*viennent d'être abolies <strong>dans</strong> cette ville, a la gran<strong><strong>de</strong>s</strong>atisfaction<br />

<strong>de</strong> tout le peuple; leurs revenu seront appliqués au paiement <strong><strong>de</strong>s</strong> instituteurs.<br />

9 Voyezla note 8.<br />

Voyezle N°677,renvois<strong>de</strong> note 4-6.<br />

10 M. Roget(op.cit. 1, 61)date du, 22 décembrela présente lettre,<br />

maispar erreur.<br />

1 Voyez<strong>les</strong>notes14, 16, 17.


1537 PIERBE TOUSSAÎNA GOOLAUMEPABEL, A GENÈVE. 339<br />

LeslettresécritesparVare&eoique <strong>de</strong>Setœnçanpourinterdirecet mesores«ont<br />

arrivéestrop tard.Totusam. fait saluerledocteurMonmi,récemment armé &<br />

Genève.Onparled'unepaixprochaine entreVEmpereur etle roi<strong>de</strong>Firmee^<br />

Mon cher et honnoré frère, je n'ay le temps <strong>de</strong> vous escripre<br />

grandz lettres pour le présent, à cause du départ soudain <strong>de</strong> ce<br />

porteur'et <strong>de</strong> autres occupations, et que suisen main <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cin,<br />

ainsy voulant Nostre Seigneur. Pour ce que Tescripture <strong>de</strong> Michel<br />

Mulot,nostre frère, qui vint avecmoy2, n'est suffisanteà satisfère à<br />

tous par <strong>de</strong>ça, et que aussy il ne vouldroit seul prandre charge <strong>de</strong><br />

noz eschottes,à cause <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> fascheries qui sont [survenues]<br />

<strong>de</strong>ux ou trois jours après mon retour <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong> Genève ravoye<br />

intention <strong>de</strong> vous envoyer ung homme exprès, tant pour<br />

fère haster Nicole nostre frère, comme pour vous escripre qu'il<br />

vous pleût <strong>de</strong> nous envoyer par <strong>de</strong>ça ung nommé Guillaume<br />

Zel<strong>les</strong>5, pour ay<strong>de</strong>r au dict Michel,et affin que, après ce que Dieu<br />

nous avera aydé plus avant, il print seul, sy besoing estoit, la<br />

charge <strong><strong>de</strong>s</strong> dictesescAoUes.Et, ainsy que nous estions en ce propos<br />

et délibération <strong>de</strong> vous envoyer ung homme pour ces affères,<br />

Clau<strong>de</strong> Fatin, qui se tient au Neufzchastel*,vint par <strong>de</strong>ça et nous<br />

promist <strong>de</strong> fère tout nostre cas.<br />

Mais<strong>de</strong>puisje n'ay veu l'homme et n'ayheu auchunne response,<br />

ne <strong><strong>de</strong>s</strong> lettres que vous avoye par [luy] envoyé T,ne du dict Gtitflaume<br />

Zel<strong>les</strong>,tant que, aujourd'huy, nostrelibraire Michel*et quelque<br />

autre frère nous ont dict qu'il n'a recen noz lettres, et qu'il est<br />

<strong>de</strong> présent à Gez, <strong>de</strong>ux lieux <strong>de</strong> Genève, auprès <strong>de</strong> Maistre Jacques9.Dont<br />

vous prie et à tous <strong>les</strong> frères, que, itfcontinant <strong>les</strong> pré-<br />

n faut sous-entendre<strong>de</strong> Genève,oùToussainavait fait un voyageau<br />

moisd'octobre.<br />

8 Nousne possédonspas <strong>de</strong> renseignementssur ces «gran<strong><strong>de</strong>s</strong>fâcheries,<br />

»queMichelMuloteut à subir,dès sonarrivée àMontbéliard.<br />

ProbablementNicolasda ta Garem»(N°666,.n. 7).<br />

5<br />

AppeléSel<strong>les</strong><strong>dans</strong> uneprécé<strong>de</strong>ntelettre <strong>de</strong> ToussainÇ$°666,renv.<br />

<strong>de</strong> n. 13).<br />

6 Nousne savonsqueHeitait la profession<strong>de</strong> ce personnage..<br />

C'est probablementune allusionà la lettre <strong>de</strong> Toussaindu 13novembreprécé<strong>de</strong>nt(N»666).<br />

Mkhd du Bois(enlatin Sytoius),imprimeur-libraire, précé<strong>de</strong>mment<br />

fixé à Paris, n l'était définitivementétabli k Genève,où a acheta nne<br />

maison,le 25 janvier 1688(Voy.le Reg. <strong>de</strong> Genèveda dit jouret la lettre<br />

du 4 octobre1589).<br />

JacquesGmerlt, <strong>de</strong>puisquelquesmois.pasteur <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong>Gex


334 PIERRE TOUSSAINA GUILLAUMEFAREL, A GENÈVE. 1537<br />

sentes recenptes, vous plaise <strong>de</strong> l'envoyer par <strong>de</strong>ça. Car, <strong>de</strong>puis<br />

mon <strong>de</strong>rnier retour d'auprès <strong>de</strong> vous, Nostre Seigneur a faict que<br />

<strong>les</strong>confrairies d'icy sont abolies et <strong>les</strong> rentes converties in usum<br />

scholœ.Et ay promys au Prince 10 que le dict Guillaumeviendroit<br />

pour supplier [1.suppléer] à l'escripture Et espéronsicy, aydant<br />

Dieu, dresser une bonneescholle,moyenant que soyons patiens et<br />

contans <strong>de</strong> porter la croix et endurer famine, sy besoing est, pour<br />

l'honneur <strong>de</strong> Nostre Seigneur. Les dicts Michelet Guillaume averont<br />

cent frans 12,pour le moyn, chescun an,pour vivre scholasticquement.<br />

Et <strong>de</strong> quoy, me semble, se pouront contenter, veu qu'il<br />

sont sans charge <strong>de</strong> femme et d'enfans. Vous <strong>les</strong> enhortez <strong>de</strong> <strong>de</strong>mourer<br />

fermes et constans en l'œuvre du Seigneur, et me semble<br />

que <strong>les</strong> dicts pouront, par ce moyen, plus promter icy que en<br />

autre lieu qu'il sceusse estre à présent. Aussy j'ay ung veaige ou<br />

<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> main[s], que j'espère <strong>de</strong> faire à l'honneur du Seigneur,<br />

aydant sa grâce I3.Par quoy vous prie que vous employez<br />

<strong>de</strong> fère venir <strong>les</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sus-dicts le plus tost que possible vous sera.<br />

L'archebeste <strong>de</strong>Bezançon,estant advisé <strong>de</strong> la poursuyte que nous<br />

faisionsicy <strong>de</strong> renverser <strong>les</strong> dites confrai[ries], avoit escript <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

lettres au Prince et d'autres aux Bourgeois. Sed venerunt literaepost<br />

festum, hoc est, postridie abrogationis illarumimpietatum.<br />

Et son[t] esté abrogé[es] con-8entienteet suffragante universo populo.<br />

Et croy que <strong>les</strong> lettres du dit Archevesque seront cause <strong>de</strong><br />

(N°660,n. 13). n existeaux Archivesdu canton<strong>de</strong> Vaudun compte<strong>de</strong><br />

réparationsfaites à la cure<strong>de</strong> Gex, daté du 19novembre1537,et quifat<br />

vérifiépar MaistreJacquesCamerle.<br />

10 Le princeGeorges,gouverneurdn comté<strong>de</strong> Montbéliard.<br />

11 C'est-à-dire, pour enseignerà écrire, à la place <strong>de</strong> MichelMulot,<br />

dontl'écriture n'avait pas étéjugéeassezbonne(Voy.le renv. <strong>de</strong>note2).<br />

18Toussainavait d'abordécrit centLivres.<br />

18Dansla lettre suivante,Toussaindonneà entendreà Farelqu'il va<br />

partir pour Metz.<br />

M Ceslettres <strong>de</strong> l'archevêque<strong>de</strong>Besançon,Antoine<strong>de</strong> Vergy,au comte<br />

Georges<strong>de</strong> Wurtemberget aux bourgeois<strong>de</strong> Montbéliardétaientdatées<br />

du 24 décembre1537,ce qui fixeaveccertitu<strong>de</strong> l'année oùla présente<br />

épitrefut adresséeàFarel. L'archevêquesollicitaitle comted'arrêter la<br />

manifestation<strong>de</strong> « doctrinescontraires a l'observanceet coutumeanciennes,»<br />

déclarantquel'Empereurluiavaitcommandé


1537 PIERRE TODSSAINA GUILLAUMEPAREL, A GENÈVE. 335<br />

nostre plus grand bien et advancement <strong>de</strong> l'honneur <strong>de</strong> Dieu, lequel<br />

vous doint toujours augmentation <strong>de</strong> sa saincte grâce. De<br />

Montbéliard, ce xxvnie <strong>de</strong> Décembre].<br />

Vostre humble frère,<br />

P. Tossain.<br />

Faictez mes recommandations à tous mes chers et honnoréz<br />

frères Calvin, Couraux, Anthoine u, etc., sans oublier Monsr Morand,<br />

quem audio isthic esse apud vos dont suis joyeulx et rend<br />

grâce à Dieu. On dit que l'Empereur et le Roy sont bien délibérez<br />

<strong>de</strong> fère une bonne paix17: quod faxit Dominus Deus, si pacem<br />

quaerunt Jesu Christi Je croy que Pignoli M <strong>de</strong>mourera icy pour<br />

estre libraire et relieur, quod putamus quoque ad gloriam Christi<br />

pertinere. Non vacat has relegere; intelliges quid velim. Et scribit<br />

Mchaël1*, puto, diffusiùs.<br />

(Suscription :) A Me Guillaume FareL, mon cher frère, à Genève.<br />

15 AntoineSaunier, recteur du collége <strong>de</strong> Genève.<br />

16 Jean Morand, natif <strong>de</strong> Vervins, en Picardie, docteur <strong>de</strong> Sorbonne<br />

et ancien vicaire <strong>de</strong> l'évêque d'Amiens. La Faculté <strong>de</strong> Théologie <strong>de</strong> Paris<br />

lui avait intenté un procès, à cause <strong>de</strong> certains sermons <strong>dans</strong> <strong>les</strong>quels il<br />

avait avancé <strong><strong>de</strong>s</strong> propositionsanti-catholiques.La liste <strong>de</strong> cespropositions<br />

est datée du 15juillet 1534. El<strong>les</strong> furent solennellementcondamnéesle 7<br />

octobre suivant, et Morand <strong>les</strong> rétracta le mêmejour (Voyezd'Argentré.<br />

CollectioJudiciorumdè noviserroribus, II, 9C*, 102-116, 116-119).Il ne<br />

dut pas arriver à Genèveavant le mois <strong>de</strong> décembre 1537, puisque ce fut<br />

seulement le 3 janvier 1538 que Fard, et Calvin<strong>de</strong>mandèrent au Conseil<br />

<strong>de</strong> Genève<strong>de</strong> c pourvoir au docteur Morand. » Le Conseildécida comme<br />

il suit c Sus le propos <strong>de</strong> Farel, pour soubstenir Morand, est arresté<br />

faire du meilleur » (Procès-verbal du dit jour). Il ne semble pas, néanmoins,<br />

qu'on lui ait confié <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctionsà Genèvependant <strong>les</strong> premiers<br />

mois <strong>de</strong> 1538 (Voy.la lettre <strong>de</strong> Fabri du 28 février, même année).<br />

17 Charle*-Quintet François I étaient déjà convenus, en novembre,<br />

d'une trève <strong>de</strong> trois mois, mais pour le Piémont et la Lombardie seulement.<br />

Le 18 juin 1538,ils conclurent une nouvelle trêve, à Nice, pour<br />

le terme <strong>de</strong> dix ans.<br />

18 Probablement André Pignoli, que le syno<strong>de</strong> d'Yverdon avait envoyé<br />

commepasteur à Cronay, le 8juin 1536(N° 562, renv. <strong>de</strong> n. 12). Il<br />

quitta cette paroisse au mois d'août suivant, et il y fut remplacé par<br />

Pierre,le Blond (Voy. leManuel <strong>de</strong> Berne du 21 aodt 1536).<br />

10 MichetMulot, mentionnéplus haut.


336 PIERRETOUSSAIN AGUILLAUME FAREL, [a GENÈVE]. t!&7<br />

675<br />

pierre toussais à Guillaume Farel, [à Genève].<br />

(De Montbéliard, vers la fin <strong>de</strong> décembre 1537 ').<br />

Inédile. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaibe.Tonssains'est acquitté <strong><strong>de</strong>s</strong>commissions<br />

qu'ilavaitreçaes<strong>de</strong> Farel.Il lui<br />

amonce qu'il va faireun voyaged Metz.<br />

Mon cher frère, sont <strong>de</strong>ux ou trois jours que vous avoye escript<br />

mes autres lêtres bien hastivement pensant que ce pointeur<br />

dbeût partir plustqgt qu'il n'a [fait]. Depuis, j'ay escript à Gryneus,<br />

le plus au long que j'ay sceu, touchant ce que m'avez escript, et<br />

luy ay envoyé voz lètres, à sçavoir cel<strong>les</strong> que m'avez escript par<br />

Pignol 3. Celuy qui feit une fois ung veiage avec vous <strong>de</strong> Strasbourg<br />

à Metz s'y en va <strong>de</strong>main 5, aydant Dieu, et se recomman<strong>de</strong><br />

à voz bonnes prières et à cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Calvin, etc.<br />

Je vous prie que faictez mes recommandations à vostre frère et<br />

le myen Jehan-Jaques<br />

Vostre serviteur et frère., frère,<br />

Pierre Toussain.<br />

(Suscription :) A mon très-cher frère Farel.<br />

1 La date est fixée par le rapprochement <strong>de</strong> cette lettre avec la précé<strong>de</strong>nte.<br />

Lalettre du 28 décembreÇS°674).<br />

8 AndréPignoli (N° 674, n. 18).<br />

4<br />

Toussain, ne voulant pas se compromettre, <strong>dans</strong> le cas où sa lettre<br />

serait interceptée, parle <strong>de</strong> lui-mêmeà la troisième personne, en rappelant<br />

le souvenirdu voyage qu'il avait fait à MèUt, avec Farel, en juin<br />

1525 (Voyez,<strong>dans</strong> le tome I, le N° 140, note 5).<br />

Les Chroniques <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Metz publiées par J.-F. Huguenin<br />

(Metz, 1888)ne mentionnent pas, à l'année 1588, la présence temporaire<br />

d'un c prédicant luthérien » d'où l'on pourrait conclure que l'arrivée<br />

<strong>de</strong> Xbmsamà Mets et son séjour <strong>dans</strong> cette ville furent habilement dissimulés.<br />

Certains passages <strong><strong>de</strong>s</strong> lettres <strong>de</strong> Tmusamprouvent d'ailleurs qu'il<br />

entretenait une correspondance avec <strong>les</strong> ÉvangéHquesmessins (Voyezau 18mai et au 16juillet 1588).<br />

Jean-Jacques Fard, apothicaire à Genève.


1 537 SIMON GRYNjEUS A JEAN CALVIN, A GENÈVE. 337<br />

676<br />

simon GBYK&usà Jean Calvin, à Genève.<br />

(De Bâle, secon<strong>de</strong> moitié <strong>de</strong> 1537 ou année 1538.)'<br />

Inédite. Autographe. BibI. Publ. <strong>de</strong> Genève. Vol. n° 112.<br />

Somhaibb.Je vousprie înatnmmant, quandvousécrirez&Ferrure,<strong>de</strong> l'encourager<br />

[FrançoiseJtoussiron] Adonnersuiteà un projetque vouscroyezaussiavantageuxpourellequepourlui<br />

(Sinapius).Celui-cim'aécrit qu'elleavaitaccordéson<br />

consentement. Je croisdoncqu'ilnefautpas s'opposerpluslongtempsà la réali<br />

sationd'an vœuinspirépar un amoursi constantet si pur.<br />

Au milieu<strong>de</strong> touscestroub<strong>les</strong>,conservezvotrefermetéet votreconfiancen<br />

Dieu.Hne nousabandonnerapas.<br />

S. Val<strong>de</strong> te oro ut, si quando possis, Ferrariam ad illam a scribens,<br />

animnm eum siqui<strong>de</strong>m esse ex ulriusque re putaris, confirmes,<br />

idque primo quoque tempore facias. Nam ipse ad me non<br />

ita pri<strong>de</strong>m scribens, se volnntatem consensumque illius obtinuisse,<br />

ac se in ea re totam esse, ostendit. Val<strong>de</strong> bonus est vir et ingenio<br />

fôlicissimo, et conditionem apud nos quantum valet obtinebit s.<br />

Non puto repugnandum esse diutius, postquam tam magna amoris,<br />

et ejus honestissimi et tam diuturni, vi concfliantur8. Spero folix<br />

et sanctum utrique futurum. Quaeso te val<strong>de</strong> ut, si quid in ea re<br />

1 Voyezla note 7.<br />

1 FrancwcaBueynma (Voyez le N° 61», note 4). Elle était fille <strong>de</strong><br />

Bomùm, seigneur <strong>de</strong> Grand-Ry, commune <strong>de</strong> Moucnantps-Vendéeen Poitou (Communicationobligeante <strong>de</strong> M. Benjamin Fillon, <strong>de</strong> Fontenayle-Comte.–Voyez<br />

aussi, <strong>dans</strong> la Berne <strong><strong>de</strong>s</strong> Antiquaires <strong>de</strong> l'Ouest, la<br />

Notice sur'Boaœiron publiée par M. Louis Prévost <strong>de</strong> la Boutetiàre).<br />

Allusion à unprojet.<strong>de</strong> mariage qui avait eu l'assentiment <strong>de</strong> Calvin<br />

(Voyezla lettre <strong>de</strong> Sinaphwdu 1" septembre 1689).<br />

Jean Sïnopw»,le fiancé <strong>de</strong> Françoise Boussiron(Ne619, n. I).<br />

5 Voyezle N*619, note 6.<br />

Ce qui permet<strong>de</strong> supposerque l'inégalité <strong>de</strong> condition ne fut pat le<br />

t. iv. 22<br />

`


338 JEANCALVINAMARTIN BUCER, ASTRASBOURG. f 538<br />

potes, jures nos; ita tibi propitimn Dominum Christani ea<strong>de</strong>m in re<br />

institaenda precor. Vale bene.<br />

Obsecrout, in omnibus istis motibus, store foriibus animis vetofis<br />

T.Scis, Domini negocium est; non <strong><strong>de</strong>s</strong>eret nos. Stemas igitur, et<br />

ne mo<strong>les</strong>tüs iliis succambamas. Eriget nos Dominus Christus. Vale<br />

in Domino. Amen.<br />

(Inscriptio :) Joh. Calvino, sno fratri.<br />

677<br />

Simon Gryneus tans,<br />

in Domino amicus semper.<br />

JEANCALVINà Martin Bucer, à Strasbourg.<br />

De Genève, 12 janvier 1538.<br />

Copie contemporaine. Bibl. Publ. <strong>de</strong> Genève. Vol. n° 106. Paul<br />

Henry. Calvins Leben. Hamburg, 1835, 1. 1, Appendice, p. 36.<br />

Soiocaibb.Dansmalettreadressée<strong>de</strong> Bernei Capiton, j'exprimaisla joiequefait<br />

naîtreun succèspresquecertain.NotreConfession <strong>de</strong>foi venaitd'êtreapprouvée par la ministre* [bernois], et lepeuple[<strong>de</strong> Genève]allaitjurer<strong><strong>de</strong>s</strong>'y conformer.<br />

Il nenousrestaitplus&désirerquel'envoid'unenouvelleambassa<strong>de</strong>, pourréparer<br />

le malque<strong>les</strong>ambassa<strong>de</strong>urs précé<strong>de</strong>ntsnousavaientfait.Mais.Bernea confiécette<br />

missionà ceux-làmômequi nousavaientinfligélab<strong>les</strong>sure,puisellea trouvéun<br />

seul obstacle à cette union, c'est le titre suivant <strong>de</strong> l'on <strong><strong>de</strong>s</strong> Épithalames<br />

composésen l'honneur <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes époux «Ad honestiss. nobiHssunamque<br />

virginem FrancUcam Bucyroniam Gfàttam,gua tune à parentilm<br />

nobiUcuidamOaOo<strong>de</strong>apomaesseferébatur, in aula OlostrissimœPrindpfe<br />

Ferrariensis, hx*i •(ofwui D. Ioannis Fichardi » (Epithalamia diverso*<br />

rom, etc. Bagfls», 1589).<br />

T 6rynœu8 parle déjà <strong><strong>de</strong>s</strong> troub<strong>les</strong><strong>de</strong> Genève<strong>dans</strong> sa lettre à Calvin<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> premiersjours dé décembre1587. n est possible toutefoisque la présente<br />

lettre ait été écrite en février on en mars 1588,alors que <strong>les</strong> troub<strong>les</strong><br />

susdits recommencèrentavec une plus gran<strong>de</strong> intensité.


1538 JEANCALVINÀMARTINBUCER, ASTRASBOURG. 339<br />

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t<br />

X__<br />

prétexte pour contremm<strong>de</strong>r leur départ. Bientôt après est venue l'accablant»-nouune<br />

<strong>de</strong> Vexa <strong>de</strong> Megcm<strong>de</strong>r.<br />

Je commence à craindre que la Concor<strong>de</strong>projette ne toit fatale A beaucoup<br />

4'hommes pieux. Je voudrais qu'elle fut <strong>de</strong> nature à rallier tous <strong>les</strong> gens <strong>de</strong> bien,<br />

en tranquillisant tous leurs scrupu<strong>les</strong>. Pour cela, il faut que Luther renonce aux<br />

opinions qui ont soulevé <strong><strong>de</strong>s</strong> réclamations. S'il peut nous accueillir, j'en serai enchanté,<br />

pourvu qu'auparavant nous ayons tenu compte <strong><strong>de</strong>s</strong> miniers <strong>de</strong> personnes<br />

-qu'on insulte, sous le prétexte <strong>de</strong> réaliser la susdite Concor<strong>de</strong>. Je ne doute nullement<br />

<strong>de</strong> la piété <strong>de</strong> Luther, mais plût Dieu qu'elle ne fût pas entachée d'obsti-<br />

nation Oublions, <strong>de</strong> part et d'autre, <strong>les</strong> anciennes querel<strong>les</strong>. Luther a failli par<br />

orgueil et par ignorance mais si le» Suisies s'acharnaient à réfuter son ancienne<br />

doctrine sur la sainte Cène et <strong>les</strong> erreurs actuel<strong>les</strong> <strong>de</strong> ses discip<strong>les</strong>, serait-ce le<br />

moyen <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r une paix soli<strong>de</strong> ? Que chacun reconnaisse ses torts. Cest à vous<br />

d'opérer le rapprochement entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux partis. Amenés <strong>les</strong> Suintes â se désister<br />

<strong>de</strong> leur opiniâtreté, et Luther à abandonner ses airs <strong>de</strong> domination.<br />

Mais je reviens à Megan<strong>de</strong>r, exilé <strong>de</strong> Berne, parce qu'il n'a pas voulu corriger<br />

[son Catéchisme]d'après vos indications. Supposé qu'il ait agi par amour-propre,<br />

ne valait-il pas mieux'conserver un homme <strong>de</strong> ce mérite que <strong>de</strong> le congédier?<br />

Quant aux <strong>de</strong>ux pasteurs qui restent, Sébastien Meyer et Pierre Kuntz, le premier<br />

n'est ni assez éclairé, ni assez maître <strong>de</strong> lui, pour bien gouverner l'église <strong>de</strong> Berne.<br />

Le second, que vous aviez un peu apprivoisé, est <strong>de</strong>monveau pire que jamais. Sa<br />

conduite <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> jours montre qu'il nous hait mortellement. S'agit-il d'élire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ministres, <strong>les</strong> choix qu'il fait sont détestab<strong>les</strong>.<br />

Je dois maintenant, au nom <strong>de</strong> mes collègues, vous adresser un reproche c'est<br />

que, en vous efforçant <strong>de</strong> ne brusquer <strong>les</strong> préjugés <strong>de</strong> personne, mus ménagez<br />

l'erreur aux dépens <strong>de</strong> la vérité. Gagnez tous <strong>les</strong> cœurs à Jésuq-Christ, mais ne<br />

fabriquez pas, à cet effet,un nouvel Évangile. Les plus finss'imaginent que votre<br />

intention est <strong>de</strong> conserver le pape à côté <strong>de</strong> Jésus-Christ; <strong>les</strong> simp<strong>les</strong>, que vous<br />

vous rétractez. J'apprécie votre piété et vos talents, mais je ne saurais approuver<br />

une pareille métho<strong>de</strong>, dont <strong>les</strong> tristes résultats sont <strong>de</strong> jour en jour plus visib<strong>les</strong>.<br />

La place que vous occupés <strong>dans</strong> l'Église vous impose (ne l'oubliez pas) une gran<strong>de</strong><br />

responsabilité.<br />

J'avais omis un fait significatif. On a interdit aux ministres <strong><strong>de</strong>s</strong> églises voisines<br />

toute espèce <strong>de</strong> «dation avec nous.<br />

t<br />

S. Plus satis est quod scribam, tametsi<strong>de</strong> rebus non a<strong>de</strong>ôju-<br />

•cundis,si paulô plus otiisuppeteret;scribendumesttamen, quantùm<br />

feret temporis angnstia,quando non exiguumhoc mikierit<br />

jolatii genus,quœcunquenospremunt mata,in sinumtuum <strong>de</strong>posuisse.In-literis<br />

quas ad CapitonemBerna scripseram,velut rébus<br />

•exsententia confectis,exultabamK Et qnis<strong>de</strong> successutam bons<br />

'Cette lettre <strong>de</strong> Calvinà Capiton,datée<strong>de</strong> Berne,dut"êtreécrite<br />

«<strong>dans</strong>lèspremiersjours<strong>de</strong> décembre1537(Voy.note 2). Elle n'est pas<br />

.parvenuejusqu'ànous.


340 JEANCALVINAMARTINBDCER,ASTRASBOURG. 1 538<br />

cansae dubitasset? Confessio enim nostra, <strong>de</strong> qua tnnc agitabatur,<br />

pia judicabatur à ministris*; sacramentum in eam confirmandam.<br />

optima ratione à plebe exaction 8. Quid restabat, nisi ut legatio <strong>de</strong>cerneretnr,<br />

quae vulneri me<strong>de</strong>retur à prioribvs Bematium legatis<br />

inflicto *? Atqui non non [l..non nisi] egerrimè id foitimpetratum;<br />

sed cum postalato nostro non possent vel iniquissimi intercé<strong>de</strong>ra,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>ignati sont tamen <strong>de</strong>fnngendi causa legati qnos certum erat id<br />

muneris non obituros. Postquam illi recusarunt, <strong>de</strong>mandait est<br />

1 n s'agit ici <strong>de</strong> la Confession<strong>de</strong> Foi <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Genève,publiée<br />

en avril 1537 (N"°602, n. 14) et à laquelle un certain nombre <strong>de</strong> Genevois<br />

avaient refusé d'adhérer. L'approbation qu'elle reçut <strong><strong>de</strong>s</strong> ministres<br />

bernoisn'était pas encore officielleau moment ofUFareZetCalvinse trou-<br />

vaient à Berne, c'est-à-dire, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> premiers jours<br />

<strong>de</strong> décembre 1537.<br />

Ceux-ci, en effet, ne la mentionnèrent point le 10 décembre, <strong>dans</strong> leur<br />

rapport verbal au Conseil<strong>de</strong> Genève(N° 673, n. 3). Ce fut la lettre bernoise<br />

du 28 décembrequi notifia cette approbation aux Genevois (N° 673,<br />

renvoi <strong>de</strong> note 8). a<br />

On lit <strong>dans</strong> le Registre <strong>de</strong> Genèveau lundi 12 novembre1537 c Icy<br />

est proposé commenthier furent <strong>de</strong>mandés<strong>les</strong> gens (dizennepar dizenne)<br />

quil n'avoyent encore faict le sèrement <strong>de</strong> la Refformation, et plusieurs<br />

venirent, et <strong><strong>de</strong>s</strong> aultres non, et mesment ceulx <strong>de</strong> la rue <strong><strong>de</strong>s</strong> Allamans,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>quelz n'en veny pas ung. Sur quoy est arresté. que<br />

s'il ne veulent<br />

tieulle Refformationjurer, qu'il vuy<strong>de</strong>ntla ville et allent aultre part <strong>de</strong>morer<br />

où il vivront à leur plaisir. » Cet arrêté, confirméle 15 novembre<br />

par le Conseil<strong><strong>de</strong>s</strong> Deux-Cents,ne fut pas exécuté. Les récalcitrants ne<br />

cédèrent que le 4 janvier 1538après la réception <strong>de</strong> la lettre <strong><strong>de</strong>s</strong> Bernois<br />

datée du 28 décembre(N° 673). C'est ce qui résulte <strong><strong>de</strong>s</strong> passagessuivants<br />

du Registre précité c Tertio Januarfi 1538. Farel, Calvimtset Corauid<br />

sont venus exposé que, en la Sène ordonnée<strong>de</strong> Dieu ne doibvent entrer<br />

gens dissonnes [1. contraires] à l'union <strong><strong>de</strong>s</strong> fy<strong>de</strong>l<strong>les</strong>, ny semans division.<br />

Pour quoy, puysque dimenche prochain est arresté célébrer la Senne, il<br />

ne sont <strong>de</strong> advysil recepvoir ceulx qu'il sçaivent estre désunys.Et pour<br />

tant <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt l'advys <strong>de</strong> Messieurs.»<br />

<strong>de</strong>y l'on a veu una missive<strong>de</strong> Berne à cam <strong>de</strong> nostre généraleet publique<br />

confession. Arresté quant à la Sène, l'on tiendra <strong>de</strong>main let<br />

Conseil <strong>de</strong> Deux-Centz et seront <strong>de</strong>mandés George<strong>de</strong>»Clefs et Mathieu<br />

MariUch,quil n'ont juré la Confession.n aoyront lire la lettre <strong>de</strong> Berne,,<br />

puys <strong>les</strong> induyra-1'onà jurer la Confession,comment<strong>les</strong> aultres. »Use<br />

soumirent, en effet, le len<strong>de</strong>main.<br />

Les députés bernois Qraffenried et Hans Huber, qui étaient armés<br />

à Genèvele 10 novembre précé<strong>de</strong>nt (Voyezle Reg. <strong>de</strong> Genève <strong><strong>de</strong>s</strong> 10r<br />

26, 26 novembre, 10 et 14 décembre1587, et.le N° 672, n. 14).Le 6 décembre,<br />

MM. <strong>de</strong> Berne avaient écrit aux Genevoisqu'ils leur enverraient<br />

prochainement une nouvelleambassa<strong>de</strong> (N° 673, n. 1).


1538<br />

JEAN-CALVIN A MAB.TINBUCER, ASTRASBOURG. 341<br />

Mis ipsis provincia un<strong>de</strong> mahm artum /îieraf "/verùm,utinteHigas<br />

quàm seriô, audita levi quadam obscuri rumusculi aura, quo res<br />

bene pacataeferebantur, protinus revocati sunt6. Nihil au<strong>de</strong>o ma-<br />

Iignids suspicari, sed onruiesfremunt, occasionem rebus novandis<br />

captare qui sic turbis et seditionibas oblectantur. Non multô post<br />

rennnciatum est, Megandrum exilii caussâ solum vertisse7, quo<br />

nancio perin<strong>de</strong> perculsi fuimus ac si Bemensem ecc<strong>les</strong>iammajori<br />

ex parte collapsamaudissemus8.<br />

Incipio vereri, mi Bucere, ne Concordiam9 meditemurqaaemultorum<br />

piomm sanguine mactanda sanciendaque sit; neque hoc<br />

verbum est reducere pe<strong>de</strong>m volentis, sed capientis talem esse<br />

Concordiam,in quam se nobiscum adjungere boni omnes queant.<br />

Quod si nobis cordi est, omnia qnaetimidiores vi<strong>de</strong>ntur impedire<br />

posse involucra tollantur. Dla autem sunt quibus nos ipsi occurrendam<br />

putavimus, ne vi<strong>de</strong>atur Lutherus traducem quandam, aut<br />

çarnis nostrae in Christi carnem, aut illius in nostram somniare;<br />

ne infinitum affingere Christo corpus; ne localem praesentiamexigere<br />

10.Nemo est enim ferè istoram qui hactenus reclamarant,<br />

qui non aliquid ejusmodi suspicetur. Si potest Lutherus cum nostra<br />

8 Allusionaux députésGraffenrie<strong>de</strong>t Huber(Voy.n. 4).<br />

Voyez le BT»673,note 2.<br />

7 GaspardMegan<strong>de</strong>r,disciplefervent<strong>de</strong> Zwingli,avait rempli pendant<br />

plus <strong>de</strong> dix ans, à Berne,<strong>les</strong>fonctions<strong>de</strong> pasteuret <strong>de</strong> professeur.<br />

n fut <strong><strong>de</strong>s</strong>titué<strong>dans</strong><strong>les</strong><strong>de</strong>rniersjours <strong>de</strong> décembre1537,parce qu'il était<br />

hostileà la Concor<strong>de</strong>queBucervoulaitétablirentre<strong>les</strong> Zwinglienset <strong>les</strong><br />

Luthériens,n ne quitta Bernequ'aprèsle 2 février1538,et il se retira à<br />

Zurich(Voy.la note 16, le N»640,n. 7. Hun<strong><strong>de</strong>s</strong>hagen,op. cit. p. 95,<br />

369*374,-875-377. Scheurer, Berneriscb.esMausoleum,1740-42,n,<br />

188-194).<br />

Théodore<strong>de</strong> Bèzeet NicolasColladon,qui se proposaientd'abord<br />

<strong>de</strong> publiercettelettre <strong>dans</strong><strong>les</strong> CalviniEpistoUel JBesponsa, ontenfermé<br />

ce premierparagrapheentre <strong>de</strong>ux parenthèsesbarrées, pour indiquer<br />

qu'il <strong>de</strong>vaitêtresupprimé.<br />

La formule<strong>de</strong> Concor<strong>de</strong>projetéeentreLutheret <strong>les</strong>théologiens<strong>de</strong><br />

la Haute-Allemagne.<br />

10 Voyez,sur <strong>les</strong> conférencesqui avaienteu lieu entre<strong>les</strong> <strong>de</strong>uxfiraé><br />

tions <strong>de</strong> l'ÉgliseBéforméeet sur <strong>les</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>i<strong>de</strong>rata<strong>de</strong> Luther relativementà<br />

leur réunion,Lud. Lavaterus, Historia<strong>de</strong> origineet prqgressucontro- Yenri»sacramlntari».Tiguri, 1563. Rod. Hospmianus,Historiasacrameniaria.<br />

Genevœ,1681.–Rachat, m, 409, IV, 89-77,81-98,V, 12-<br />

16, 42-46,47-52. J. <strong>de</strong> Muller,Hist. <strong>de</strong> la Confédérationsuisse, XI,<br />

184-186.


342 JEAN CALVINA MARTINBUCER,A STRASBOURG. 153»<br />

Confessione nos amplecd, nihil est quodKbentiusvelim; sed interim<br />

non est unus Me in Ecc<strong>les</strong>ia Deirespiciendus. Ter enim cru<strong>de</strong><strong>les</strong><br />

et barbari sumus, nisi rationem habeamus tot milium quibus,<br />

istins Concordiaepraetextu, ferociter insultatur. Quid <strong>de</strong> Lutherocogitemnescio,quanquam<br />

<strong>de</strong> ejuspietate optimèsim persuasus; sed<br />

utinam falsum sit quod à plerisquejactatur, qui nollent alioqniesse<br />

ifli inj orii,esseejus constantiœnonnihilpertinaciœ admixtwn: cujus<br />

rei snspitionesnon minimas lie praebet. Si verum est quod nuper<br />

intellexi, volitare Witembergensiumglorias, quôd ecc<strong>les</strong>ias prope<br />

omnes a<strong>de</strong>gerint ad errorem recognoscendum, quantaeid, quaesor<br />

vanitatis est! Nisi ambitionis morbo Iaboratur inter nos, an non<br />

satis fuerit Christum haberi veracem, ac illius veritatem hominum<br />

cordibus afiulgere? Vi<strong>de</strong>o sanè quid fdturum sit. Nihil salvum esse<br />

potest, donec rabies ista «pcXovecxta? nos agitabit.<br />

Ergo praeteriti temporis memoria atrinque sepeliatur oportet,<br />

si solidam pacem quaerimus. Acrius enim et amarulentius certamen<br />

fait, quàm ut possit commemorari, quin scintillas saltem aliquas<br />

excitet; et si Lutherus victoriae famam tantopere appetit,<br />

nunquam poterit sincera in puram Dei veritatem concordia coa<strong>les</strong>cere.<br />

Neque enim fasta modo et maledicentia <strong>de</strong>liquit, sed ignorantia<br />

quoque et crassissima hallncinatione. Quàm enim absur<strong>de</strong><br />

initio impingebat,cum diceret: « panemesseipsum corpus! » Quôd<br />

si nunc quoque existimat corpus Christi invoivi pane, illum foedissimè<br />

errare jiidico. Quid alii ejus caussesuffragatores? An non <strong>de</strong>teriùs<br />

Marcione13<strong>de</strong> Christi corpore commentantur? Si ta<strong>les</strong> lapsus<br />

insectari in aTiiTnnmHelvetiiinducerent, qualis ad concordiam via<br />

sic sterneretur? Quare, si quid apud Martinum13 vel gratia vel<br />

authoritate potes, fac ut Christo, quàm sibi, eus quibuscum hactenus<br />

infanstissimapugna luctatus est, subigere malit; quin etiam<br />

ipse quoque veritati <strong>de</strong>t manus, in quam manifesté offendit.<br />

Hic qui<strong>de</strong>m agendum erat, ut quisque pro se errorem snum ingenuè<br />

agnosceret, nec facere potui, quin tibi, «t te meminisse<br />

puto, testarer, istas insinnationes mihi displicere, quibus te et<br />

11n ne s'agit plus <strong>de</strong> la Confession<strong>de</strong> Foi <strong><strong>de</strong>s</strong> Genevois,mais<strong>de</strong> la<br />

premièreConfessionHelvétique(1536).Elle a été traduite et publiéepar<br />

Rachat, IV, 61-76.<br />

I<br />

Marcion,hérésiarquedu secondsiècle,enseignaitque Jésus-Christ<br />

était venu<strong>dans</strong>le mon<strong>de</strong>avecl'apparence,et non la réalité, d'un corps.<br />

humain.<br />

18 MartinLuther.


1 538 JEANCALVINAMARTINBUCER, ASTRASBOURG. 343<br />

Zuinglium excusée conabaris"; sed alios interim aliis insultare<br />

non <strong>de</strong>cet. Utinam in caput meum omnia probra reci<strong>de</strong>re possent,<br />

qui tamen mihi probè consciussum, nanquam me ita <strong>de</strong>relictum<br />

a Domino, ex quo Yerbnm ejus gustare cœpi/quin <strong>de</strong> sacramentorum<br />

usa et corporis Christi participatione pium sensnm retinuerim!<br />

Nihil id certè Concordiammoraretur. Sed, ut <strong>de</strong>mus prseposteram<br />

esse in una parte confitendilapsus yerecnndiam, quis tamen<br />

non eam excaset praeinsolenti,qttamnarrant, Martini ferocitatenf<br />

Quare, mi Bucere, enitendum est tibi, ut bene omnia utrinque<br />

habeant. Difficilis,inquies, provincia; fateor certè. Sed quoniam<br />

has in te partes recepisti, seriô laborandnm est, neque dico, at efficias,sed<br />

ut coneris. Qnàm puîas id vi<strong>de</strong>ri intolerabue, tot ecc<strong>les</strong>ias,<br />

neque universaBqui<strong>de</strong>m Saxoniœpœnitendas, ubi se ad -concordiae<br />

aeqnitatem obtnlernnt, tam diu suspensas teneri! Si ergo<br />

ab Helveliispostulas, ut pertinaciam <strong>de</strong>ponant, age vicissimapud<br />

Lutherum, at tam imperiosè se gerere <strong><strong>de</strong>s</strong>inat.<br />

Venim ad Megandrum re<strong>de</strong>o.Exulare coactusest, qudd tins subscribere<br />

castigationibus non sustineret1*. An non dices, id satis<br />

cansaeesse quôd veritati sine causa refragetur? Quid si oltro ipse<br />

Il Calvinn'approuvaitpas <strong>de</strong> tout pointla doctrine<strong>de</strong> Zvnnglisur la<br />

Ste-Cène(Voyezla lettre qu'il écrivit<strong>de</strong> Strasbourg,le 19mai1539,au<br />

ministreAndréZébédée).<br />

16Luthermontre <strong><strong>de</strong>s</strong> dispositionsvraimentconciliantes<strong>dans</strong>la lettre<br />

qu'il adressa,le 1erdécembre1537,aux républiqueset aux églisesévangéliques<strong>de</strong><br />

la Haute-Allemagne,en réponseà la Confession<strong>de</strong> Foi et au<br />

mémoireexplicatifqu'el<strong>les</strong> lui avaient envoyéen février,mêmeannée<br />

(Voy.Stettler, op. cit. H, 102-104. Luthers Briefe,édit. <strong>de</strong> Wette,<br />

V, 83-86).Cettelettre, dontle résumésetrouve<strong>dans</strong>Ruchat(V,48-52),<br />

ne parvintà Bernequele 26 janvier 1538,et, un moisplustard, Calvin<br />

n'avait pu encores'en procurer unecopie(Voy.sa lettre à Bullingerdu<br />

21 février1538).<br />

16<br />

Meganâeravait composé(vers 1533?) un Catéchismequiétait employépar<br />

la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> ministresbernois,et qui fut traduit en latin et<br />

mêmeen français (Voy.GesneriBibliothecauniversalis,1545,f. 266a.<br />

Ruchat, m, 203, 306).Bucerayantdit, pendant son <strong>de</strong>rnier séjourà<br />

Berne (sept.1537),que ce livre exposaitincomplètementla doctrine<strong>de</strong> •<br />

la Ste-Cène,Mègan<strong>de</strong>rfut invitéà le corrigerd'après <strong>les</strong>indicationsdu<br />

théologien, strasbourgeois.n refusad'obéir &cet ordreinattendu,et MBÏ.<br />

<strong>de</strong> Berne firent publier sans sa participation(janvier1538),uneédition<br />

-officielledu susdit catéchisme,amendéepar Bueer(Voy.la lettre <strong>de</strong> J.<br />

Zwickà Vadiandatée<strong>de</strong> Constancele 4janvier 1638.Bibl.<strong>de</strong> St.-Gall.<br />

Hun<strong>de</strong>ahagen,op. cit. -p.98, 94, 371,873. Ruchat, V, 47, 48).


344 JEANCALVINAMARTIN BUCER, ASTRASBOURG. i 53*<br />

dare veritati testimonium parâtes eratî Quid ea^ causasfuit, quominus<br />

ab altère bene dicta reciperet? Fingamus aliquid humanum<br />

hic ei contigisse; an non satins erat retineri talem virum, condonata<br />

illi tantula infirmitate, qtiàm sao ministerio <strong>de</strong>pelli, magna<br />

cum offensione,.magno verbi Dei contemptu, magna ecc<strong>les</strong>iœjactara,<br />

majori in posterom pericolo? Quàmpelulanter nunc circumquagu<br />

Evcmgeliihostestriumphant, quôd in exilium pastores <strong>de</strong>tur6an<br />

iucipiunt!Qaàm dissolutè Domini evangelio illudunt!f<br />

Quanto ludibrio nos habent, qui, in procinctu habentespotentissimoset<br />

instruclissimos adversarios, matois vulneribus nos conficimus1<br />

Quid porrô agent imbecil<strong>les</strong>, dum vi<strong>de</strong>nt suos pastores exiliis<br />

molctari, à quorum ore antea pepen<strong>de</strong>rant? Postremô nescis,<br />

quanto cum dispendio ejusmodi pastore spoliata sit ecc<strong>les</strong>iaBernensis.<br />

Confi<strong>de</strong>nter dico,te nescire, qaôd bîc te caecutire,ant certè<br />

hallucinari, certô scimus omnes.<br />

Sebastianus" scilicet et Conzenus1*relinquuntur. Sed quid ille<br />

aliud potest, quàm suis <strong>de</strong>liramentis invertere Evangeliipuritatem?<br />

Deprehendi enim nuper, quaesaperstitfonum semina foveret, quàm<br />

aegerrimèadmittebat, inane esse nugamentum scholasticumdogma<br />

<strong>de</strong> septem sacramentis, ac pessimè urebatur, matrimonium et absolutionem<br />

à nobis inter sacramenta non recenseri. Atque, ut ad<br />

haec conniveamus, gubernandae tamen ecc<strong>les</strong>iaenequiquam esse<br />

parem, praesertimtam difficilitempore, omnes vi<strong>de</strong>nt Est enim<br />

a<strong>de</strong>ô etiam pro suggestu obliviosus, ut tertio quoque verbo sibi<br />

plerumque excidat; si quando irritatur, multa rapitur intemperie,<br />

17SébastienMeyer (Voy.<strong>les</strong> N°* 631, renv. <strong>de</strong> n. 5; 640, n. 7.<br />

Scheurer,op. cit. I, 217-227).<br />

18C'est le nom latinisé<strong>de</strong> Pierre Kuntz, mentionnéplusieursfois<br />

précé<strong>de</strong>mment,n naquit,vers 1480,<strong>dans</strong>un village<strong><strong>de</strong>s</strong>Alpesbernoises.<br />

Après avoirfait ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong>à Wittembergsous Lutheret Mélanchthon,<br />

il exerça d'abord le ministère<strong>de</strong> l'Évangile à Erlenbach,<strong>dans</strong>le Bas-<br />

Simmenthal(1517-1635),puis à Berne,où il succédaà FrançoisKolb.<br />

L'attachementexclusifqu'il conservaitpourla doctrine<strong>de</strong> Luther causa<br />

la plupart <strong>de</strong> ses démêlésavec <strong>les</strong> discip<strong>les</strong><strong>de</strong> Zwingli,<strong>de</strong> Farel et <strong>de</strong><br />

Calvin(Voy.le N° 634, n. 14. J.-J. Hottinger,op. cit. MI,395.–<br />

Scheurer,op. cit. n, 177-204. Ruchat, V, 14, 15, 173. G.-J. Kuhn,<br />

Die RefonnatorenBerns, 1828, p. 871-882. Hun<strong><strong>de</strong>s</strong>hagen,op. cit.<br />

p. 70,71).<br />

19 Capitondisait, au contraire, <strong>dans</strong> sa lettre du 10 mars 1538au<br />

théologiensaxon Neobolus,que PierreKunbtet SébastienMeyerétaient<br />

c <strong>les</strong>colonnes<strong>de</strong> l'église bernoise» (Voy.Hun<strong><strong>de</strong>s</strong>hagen,op. ct. p. 877).


153a JEANCALVINAMARTE* BDCER, ASTRASBOURG. 345<br />

ut ne soi qui<strong>de</strong>m compotem esse appareat; si quis illi assentetur,<br />

instar pneri, quô libuerit, illom <strong>de</strong>ducet. Dicesme epistotis solere<br />

fulminare, vi<strong>les</strong>cere verô cutn ventum est in rem prœsentem.Rixari<br />

non est certè mei moris. Sed mihi temperare neqneo, quin simplicibus<br />

verbis et coràm et per literas animi mei sensum exprimam.,<br />

Tu, at vo<strong>les</strong>,aestimabis;sed ubi diligenter expendi, quantô praestet<br />

calliditati sinceritas, vim meo ingenio inferendam non arbitror,<br />

quominus liberè tibi aperiam quod verum esse vi<strong>de</strong>o. Scio enim<br />

apud quem <strong>de</strong>ponam.<br />

Conzenus autem qualis sit, vix au<strong>de</strong>o effari. Vestra qui<strong>de</strong>m mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tia<br />

et laenitate vi<strong>de</strong>batur nobis aliquantulum cicuratus20, et<br />

nuper miram in negotio nostro sedulitatem prœ se ferebat M; momentum<br />

unum praeteriit, seipso factus est <strong>de</strong>terior. Farellus narrat,<br />

se nunquam vidissebeluam rabiosiorem, quàm illum novissimè<br />

expertes est22: vultus, gestus, verba, color ipse furias, ut inquit,<br />

spirabant. Ergo, ateunque mihi posthac excusetur, donec alium<br />

sensero, veneno turgere opinabor. Qua enim, obsecro, ratione nos<br />

itacapitaliter odit, ut extrema quaeque assiduè intentet23? Si tibi<br />

non persua<strong>de</strong>tur, vi<strong>de</strong>t Dominus, qui in tempore vindicem se<br />

exhibebit; cujus judicio contenti, hominum theatrum non a<strong>de</strong>ô<br />

anxiè requirimus, quanquam ita stu<strong>de</strong>mus nos gerere, ne quis jure<br />

damnare nos possit. Qllinetiam erga illum ta<strong>les</strong> suinus, ut intelligat,<br />

nos sibi non esse inimicos, quamlibet nobis sit ipse infensus<br />

tanta mo<strong>de</strong>ratione illum <strong>de</strong>mulcemus, ut nisi apertè insanie|ndo<br />

<strong>de</strong>bacchari in nos nequeat. Judicio qui<strong>de</strong>m nos ab eo<br />

vehementer dissi<strong>de</strong>re fateor, nam quos ad Verbi ministerium eri-<br />

git, dignos esse judicamus qui in patibnlum tollantur". Atque<br />

10 Avant <strong>de</strong> quitter Berne, en septembre 1587,<strong>les</strong> théologiens<strong>de</strong><br />

Strasbourget <strong>de</strong> BaieavaientopéréuneréconciliationentrePierreKuntz<br />

et <strong>les</strong> <strong>réformateurs</strong>genevois(Voy.la lettre <strong>de</strong> S. Grynseusdu 4 mars<br />

1538).<br />

11 C'est-à-dire,lors dn voyageqneFarél et Calvinfirentà Bernevers<br />

le 1erdécembreprécé<strong>de</strong>nt(N«672,n. 14).<br />

2"Allusionau voyage<strong>de</strong> Fard à Bernequi eut lien entre le 15et le<br />

28 décembre1537.n s'y était rendu, non-seulementpour repousserl'accusationd'avoir<br />

«preschéque <strong>de</strong> l'Allemaignevenissetout [le] mal, »<br />

maisencoreafind'assisterau syno<strong>de</strong>que MM.<strong>de</strong> Berne avaientconvoquépourle<br />

17du mêmemois(Voy.la note 86).<br />

Comparezce passageavec la lettre du 4 mars 1588,<strong>dans</strong>laquelle<br />

•rynœus prendla défense<strong>de</strong> Pierre Ktmte.<br />

*•? Commemembredu Consistoire<strong>de</strong> Berne,Kimtsavaitune gran<strong>de</strong>


346<br />

JEANCALVMAMARTINBUGER, ASTRASBOURG. t538<br />

(ut scias, quàm praeposterè) bonos viros qui à nobis probatisint,<br />

non au<strong>de</strong>t cooptare, nisi à tota ejus regionis, cui <strong><strong>de</strong>s</strong>tinantnr,<br />

classe sint explorati; qui verô à tota classe indigni sunt pronanciati,<br />

non tantum ecc<strong>les</strong>iastica functione, sed etiam communione,<br />

Nos in sina fovet. Qui Anabaptismi notati sunt, qui <strong>de</strong>prehensi in<br />

ftirto, illosobtmdit invitis fratribus Interim, qui est omnium et<br />

pientissimus et doctissimus et pra<strong>de</strong>ntissimus in hac vicinia26,à<br />

praefectîs duobus 2T arcessitur capitîsas, plus quàm inbnmaniter<br />

vexatur, violentissimè tractatur, istis Conzeni emissitiis strenué in<br />

ejus rainam incumbentibus. Quidpraesagiemusex talibus exordiis?<br />

Flagella dnm se excitare nobis putat, vereor ne rainam sibi machinetor.<br />

Et sanè, si ita est Dominivoluntas, laqueo potiùs quem<br />

tetendit irretiatur, in foveam quam paravit praeceps ruât, quàm<br />

Ecc<strong>les</strong>ia; Christi tantum mo<strong>les</strong>tiarum facessat diutius! Id Bernez<br />

multis cordatis viris causam vestram val<strong>de</strong> exosam reddit, quàd,<br />

ablegatopastore29/ trucem bestiam sibi relictam essevi<strong>de</strong>nt. Quorsum,<br />

inquies, istœ querimoniœ? Nempe,ut, si potes, remedium excogitesaliquod.Si<br />

nullum tibi suppetit, nobiscum tamen preceris<br />

Dominum, ne abripi nos extra viam per istas tentationes sinat,<br />

gregem verô suum è ferarum ingluvie liberet.<br />

lam ipse quoque (meo et collegarum meorum nomine nunc loquor)<br />

adjurandus nobis vi<strong>de</strong>ris, atque id licentiae sumere nobis<br />

in te au<strong>de</strong>mus, singulari tua mo<strong>de</strong>ratione freti, quàd in tractando<br />

verbo Domini,ac prœserttm in capitibushodiecontroversis, ita orationem<br />

temperare stu<strong><strong>de</strong>s</strong>, ut quàm paucissimos offendas. Id te optimo<br />

animo facere persuasi sumus; sed consilium hoc magnopere<br />

nobis reprobatur. Id, cum aliquoties antehac à nobis inlellexeris,<br />

nunc <strong>de</strong> integro ean<strong>de</strong>m repetere cantilenam cogimur, quôd ani-<br />

influencelorsqu'ils'agissaitd'élire on <strong>de</strong> confirmer<strong>les</strong> pasteurs.C'était<br />

grâceà lui qu'un certainGastiuset quelquesautres personnage suspects<br />

d'anabaptisme,avaientété admis <strong>dans</strong> le clergé romand(Voy.N° 678,<br />

renv. <strong>de</strong> n. 10-11).Maiscela ne prouvaitpas que tous<strong>les</strong> pasteursprésentés<br />

par Kuntzfussent,commeCalvinle prétend, «dignes<strong>de</strong> la potence.»<br />

18 n s'agit <strong>de</strong> JacquesCamerle,pasteur <strong>de</strong> la ville<strong>de</strong> Gex(N" 674,<br />

n. 9; 678,renv.<strong>de</strong> n. 3).<br />

11 JacobHetzel,bailli<strong>de</strong> Gex,et SimonFeerber,bailli<strong>de</strong> Ternier.<br />

88 Dans l'absence<strong>de</strong> renseignementspositifs,noussupposonsque Camerkfut<br />

«accusé<strong>de</strong> lèse-majesté,parce qu'il aurait refuséd'obéir à<br />

Tédit qui imposait<strong>les</strong> rites <strong>de</strong> l'églisebernoise(Voy.<strong>les</strong> N" 668, 667):<br />

Allusionau bannissement<strong>de</strong> Mègan<strong>de</strong>r(note7).


f 538 JEANCALVINAMARTINSUCER, A' STRASBOURG.347<br />

madvertimos, nocentiorem in dies istam temperandi cautionem<br />

fieri80.<br />

Quid praetexere soleas, novi: non esse contentiosis disputationibus<br />

alienandos à religione simpliciorum animos, quos allicere quoquo<br />

modo liceat, si modo qaippiam indulgeatur, quod citra impietatem<br />

concedi potest. Ego verô pro meo more tibi respon<strong>de</strong>o:<br />

si vis omnibus facere Christumplausibilem, tibi non essefabricaudum<br />

Evangelium.Et certè vi<strong>de</strong>repalàm est, quôrecidat. Ubiaudisti,<br />

hominum superstitione Sanctorum invocationem excogitatammagis<br />

quàm verbo Dei fandatam, addis tamen mox: id <strong>de</strong>ferendum<br />

Sanctorum Patrnm authoritati, ne in totmn damnetur ejusmodi<br />

invocatio, quaeillorum scriptis commendatur 31.Ita perpétué so<strong>les</strong><br />

eorom authoritatem ingerere, qaa praetexta quaelibetfalsitas pro<br />

veritate censeatur. An hoc est Deum verè sanctificare, tantum<br />

<strong>de</strong>ferre hominibus, ne sola ejus veritas inter nos regnet? An non<br />

satis Patres honorat qui eos nec rejiciendos, nec contemnendos<br />

censet, etiamsi in multis lapsi comperiantur? Si con potest cohiberi<br />

humana lascivia, quin longiùs semper evagetur, ubi semel<br />

habenae illi laxatae sunt, quem modum, qnaeso, tenebimus, ubi<br />

concessum fuerit extra verbi Dei fines nos egredL impunè posse?<br />

Neque verô id una in re facis, sed ubique vi<strong>de</strong>ris veUeinter<br />

Christumet Papam partiri medium quoddam regnum. Non dicimus<br />

rem ita habere, ac ne suspicamur qni<strong>de</strong>m; sed qui perspicaci versutia<br />

valent, id sibi vi<strong>de</strong>ntur olfacere; simpliciores dum interpretantur<br />

hanc esse retractationem, vehementer perturbantur. Initium<br />

feceras à commentariis in Psalmos, opere alioqui prœclarissimo,<br />

si quod aliud extat, sed illa sub aliene titmo pia vafrities '2<br />

ntcunque tibi condonabator, quanquam, at tibi ingenuè fatear, id<br />

mihi nullo modo ferendum semper visum fuit, quôd fi<strong>de</strong>ijustificationem<br />

illic à fundamentis evertebas; sed uteunque tolerabile<br />

eensebaturtampreHosum qucUicunqttemerce<strong>de</strong> thesaurum per totam<br />

Europam circumferri. Utverô cœpit iuus Me adverses Cenalem<br />

80 N'y a-t-a pas là une allusionà la rentrée <strong>de</strong> Louisdu TiOet<strong>dans</strong><br />

l'église romaine? Calvincroyait queBuceret Capitonavaient


348 JEAN CALVINA MARTINBUCER,A STRASBOURG. 1538<br />

Ubettus legi, nemofuit piorum qui non apertè clamaret, rem esse<br />

indignissimam, à tali Evangelii praecone, Evangelium tot involucris<br />

obscurari. Liber est, quod nemo infîciatur, reconditae eraditionis<br />

refertissimus, eximia arte laboreqae non mediocri conscriptus, sed<br />

tot naevis aspersus, ut plurimi una litura correctum cupiant. Nec<br />

dabito, quin i<strong>de</strong>m animas tibi sit fataras, si scias quos in GaUiaet<br />

AngHo fructus pariat. Quicquid postea edidisti, aliquid fœcis admixtum<br />

habet. Nec ulla dissentiendi libidine correptum iniqniàs ac<br />

malignms me <strong>de</strong> tais scriptis arbitraii putes. Testis est Dominus,<br />

me differri non modo toto pectore, sed ipsis qaoqae visceribus,<br />

quoties mihi non convenire cum piis hominibns vi<strong>de</strong>o, tecnm<br />

praesertim,cujus excellentissimasdotes, praeter pietatem, non possum<br />

non colere ac etiam suspicere. Sed cumme ad summam benignitatem<br />

composui, quaedam tamen assentiri nequeo, quin à<br />

conscientiaBtestimonio <strong>de</strong>flciam. Et sanè admirari soleo,quid in<br />

hac parte tibi velis.Nam dum ad consensionemcum Luthero quœrendam<br />

hortaris, tanti œstimas,ut nihil <strong>de</strong>bere nobisessepluris affirmes,<br />

quàm conjunctis animis et armis cum Sathanœ mendacm<br />

confligere.In ista mo<strong>de</strong>ratione tam dissimilises Luthero, ut ipsum<br />

ista tua agendiratione graviiis offensumiri existimem, si in opera<br />

tua inci<strong>de</strong>ret, quam prius fuerit Zuinglii et Oecolampadiiopinione.<br />

Nulla enim majore invidia sacramentarios gravavit, quàm dam<br />

fi<strong>de</strong>i justificationem ab illis everti objectaret, aut certè <strong>de</strong>teri ac<br />

implicari.<br />

Hœc apud te, amicissime et nobis observan<strong>de</strong> frater, non sine<br />

gemitu conquerimur, quia ingentis ruine exordia prospicimus in<br />

plerisque, si qua cœpistipergere instituas. Scis enim quantum in<br />

atramque partem valeant quos Dominus excellentiore doctrina,<br />

ingenio, pru<strong>de</strong>ntia omavit et instraxit. Certè eô fasligiievectus es,<br />

eumque in ecc<strong>les</strong>ia Christi gradnm tenes, ut plerique in te oculos<br />

convertant. Quare, ne mireris, si abs te exquisitam quandam perfectionem<br />

morosiùs quàm à caeteris vulgô reqairimas; quem scimus<br />

huameris oportere praeire ac praelucere. Quo minore jactura<br />

nos minuti homunciones <strong>de</strong>liaquimus, eô major nobis conceditur<br />

Jibertas. Vos autem, in quorum exemplo multô plus est noxae,majori<br />

religione obstrictos tenere Ecc<strong>les</strong>ia <strong>de</strong>bet. Dominuste conservet,<br />

ac sua dona in te adaugeat, integerrime ac nobis charissime<br />

Voyez,sur le livre <strong>de</strong> Bucer dirigé contre Robert Céneau,évêque<br />

d'Avranches,le N*478, n. 8, 9.<br />

1-


s<br />

1538 JEAN CALVIN A MARTIN BUCER, A STRASBOURG. 349<br />

frater Capitonem meo nomine non vulgariter salntari velim. Farelius<br />

ac duo alii collegœ nostri ntnunqae sahitant. Genevae, m<br />

Januar. 1538.<br />

Calvinus tans.<br />

Praeteriveram qaod postremo loco habendum non erat. Omnibus<br />

enim ministrù qui vicinis ecc<strong>les</strong>iis prœsunt **yinterdictum fuit;<br />

ne quid haberent negotii nobiscum aututto modo commumearent.<br />

Vi<strong>de</strong>, quô spectent ista dissidiorom argumenta, nisi ut ecc<strong>les</strong>i»<br />

penitôs perdantur. Et id Conzeno acceptnm referimns ST.<br />

M Élie Corau<strong>de</strong>t Henri <strong>de</strong> la Mare.<br />

35<br />

C'est-à-dire, <strong>les</strong> églises du Pays <strong>de</strong> Gex, du bailliage <strong>de</strong> Nyon et <strong>de</strong><br />

celui <strong>de</strong> Ternier.<br />

86Les baillis <strong>de</strong> Gex et <strong>de</strong> Ternier venaient <strong>de</strong> défendre aux ministres<br />

<strong>de</strong> leur ressort d'assister aux colloques<strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs genevois et d'admettre<br />

ceux-ci <strong>dans</strong> leurs assembléesecclésiastiquesÇS°678, r. <strong>de</strong> n. 6).<br />

Cette mesure violente,qui contrastait si fort avec-l'approbation donnée<br />

récemment par <strong>les</strong> Bernois &la Confession<strong>de</strong> Foi <strong>de</strong> Genève (N° 673,<br />

n. 3 et renv. <strong>de</strong> n. 8), peut s'expliquer <strong>de</strong> la manièresuivante. Berne<br />

voulait tout à la fois témoigner son mécontentementà Genève,qui soutenait<br />

avec une fermeté inattendue ses droits <strong>de</strong> juridiction, et imposer aux<br />

pasteurs romands <strong>de</strong> son ressort une prompte obéissanceà l'édit qui prescrivait<br />

l'introduction <strong><strong>de</strong>s</strong> cérémoniesbernoises <strong>dans</strong> tout le territoire conquis<br />

en 1536. Le syno<strong>de</strong> assemblé à Berne le 17 décembre 1537 avait<br />

été précisément convoquépour réaliser cette unité <strong><strong>de</strong>s</strong> cérémonies. Nous<br />

manquons <strong>de</strong> détail»sur le dit syno<strong>de</strong>, mais on peut supposer que Farel,<br />

qui y fut appelé, avait revendiqué pour <strong>les</strong> églisesdu Pays <strong>de</strong> Vaud le<br />

droit <strong>de</strong> conserver <strong>les</strong> rites admis lès leur fondation (Vby.la lettre <strong>de</strong><br />

Berne à Genèvedu 24 novembre 1537. Mscrit orig. Arch. genevoises.<br />

Les lettres <strong>de</strong> Berne du 24 novembre, du 2 et du 6 décembre, même année,<br />

aux baillis du nouveau territoire. Minutes orig. Teutscbe Missiven-<br />

Buch, W, ff. 545, 551, 554.–La lettre <strong>de</strong> Zurkin<strong>de</strong>n du 31 mars 1538).<br />

Bèze voulait supprimer ce <strong>de</strong>rnier paragraphe, <strong>dans</strong> le cas où il<br />

aurait publié la présente lettre (Voy. n. 8).<br />

On lit, sur la <strong>de</strong>rnière page du manuscrit, ces <strong>de</strong>ux mots <strong>de</strong> la main<br />

<strong>de</strong> Jean Calvin c Ad Bucerum.»


380 GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A THONON. 1538<br />

678<br />

Guillaume farel à Christophe Fabri, à Thonon.<br />

De Genève,. 14 janvier 1538.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaire. Je vous félicite <strong>de</strong> ce que Dieu vous a donné un Bailli pieux et zélé pour<br />

la propagation <strong>de</strong> l'Évangile. Ici, au contraire, nous déplorons <strong>les</strong> sentiments qui<br />

animent <strong>les</strong> gouverneur? <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux bailliages voisins Os oppriment <strong>les</strong> gens pieux;<br />

toutes <strong>les</strong> lois et coutumes sont bouleversées; notre frère Jacques Camerlea été<br />

victime <strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> iniquité. Dans l'un <strong>de</strong> ses procès, on lui a permis <strong>de</strong><br />

produire comme témoins <strong>les</strong> frères qui avaient conseillé <strong>les</strong> mesures prises [par la<br />

datte <strong>de</strong> Oex] <strong>dans</strong> l'autre, cette permission lui a été refusée, et peu s'en est<br />

fallu qu'il n'ait été conduit en prison. La Saillit rvkOex et <strong>de</strong> Ternier] ont défendu<br />

aux frères <strong>de</strong> nous recevoir <strong>dans</strong> leurs Colloques et d'assister aux nôtres. On<br />

a signifié à Henri [<strong>de</strong> la Mare] qu'il ne pourrait plus à l'avenir prêcher <strong>dans</strong> le<br />

territoire bernois.<br />

Cependant le fameux Bacchus [ZamberQ, Adam, Gasty, Jean Moynier, Cologny<br />

et autres Anabaptistes triomphent. La victoire <strong>de</strong> Gasty est aussi peu honorable<br />

que le crime dont se vanterait un meurtrier ou un larron qui n'aurait pas rencontré<br />

<strong>de</strong> résistance. Je ne crois pas que Gaspard [Megan<strong>de</strong>r] ait été aveuglé au point d'ad-<br />

mettre [comme pasteur] une pareille peste. Que le Seigneur punisse Pierre JBmtot<br />

et ceux qui continuent Adétruire <strong>les</strong> églises! Nous sommes aussi affligés que vous<br />

<strong>de</strong> la perte <strong>de</strong> Megan<strong>de</strong>r, et à juste titre.<br />

f<br />

S. Tibiet aliisgratulor fœlicitatemistam,Deiquemisericordiam<br />

tam insignem<strong>de</strong> pio prœfecto tam amante pietatiset studioso<br />

Evangelii,qui non solùm verbis promovetet adjuvat, sed et manu,<br />

operantesin agro Domini.Contra, quid dicam?Hîc <strong>de</strong>flemus.<br />

Quo exprimamnomine nescioprœfectosutrosque nobisvtànos*,<br />

per quosgravissimèaffligunturpii omnes. Si unquam aliquidini-<br />

1 NicolasdaDiesbach,bailli<strong>de</strong> Thonon.<br />

Les baillis <strong>de</strong> Gex et <strong>de</strong> Ternier.


1S38 GUILLAUME PARELA CHWSTOPBE FABBI,A THONON. 354<br />

qnissimé actom fuit, id maxime est quod cam Camerlo fit/Invertontor<br />

omnia et jura et consuetudines; omnes quoque in hoc sunt<br />

ut fratrem perdant jure iniqdissimo agunt et interea vix sibi tem-<br />

perant à vi. In ana causa admissus fuit, ut Tocarentur fratres quorum-<br />

consilio et <strong>de</strong>creto acta sunt omnia*; in simili non fait admissus,<br />

sed coactus ipsâ horâ respon<strong>de</strong>re, contra usum patrium et<br />

consuetudinem omnem; et nisi cavisset, carcerimancipabatur. Dies<br />

constituta 'erat ad diem Jovis 5; sed prœfecti jusserunt anticipari et<br />

diem Martis indixerunt. Colloquia nostra fratribus sunt interdicta<br />

et fratrum noMs, scilicet jusserunt prœfecti, ne nos fratres ad sua<br />

admitterent colloquia, neque nostra intrarent 6. Henrichus vetitus<br />

est concionari in ditione Bernatium1; sunt qui dicunt et cautum<br />

esse ne nos quoque concionemur. Sic bello geruntur res.<br />

Interea insignis Bachus, Adamus et Gastius cum Joanne Mounerio,<br />

Colineo 9 et aliis anabaptistis triumphant; victoriam suam<br />

ebuccinat Gastius w, quam puto talem esse apud ipsum, sicut cum<br />

8 Pasteur <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Gex.<br />

4 Nous ne savonsà quel<strong>les</strong> démarches Farel fait allusion.<br />

5 Le jeudi 10 janvier.<br />

9<br />

Comparezce passage avec le T$° précé<strong>de</strong>nt, renvoi<strong>de</strong> note 36.<br />

Tn s'agissait d'Henri <strong>de</strong> la Mare, pasteur à Jussy-VÉvêque,paroisse<br />

genevoise. On lit <strong>dans</strong> le Registre <strong>de</strong> Genèvedu 25 mai 1537 c Leprescheur<strong>de</strong><br />

Jussier faict grosse exposition <strong>de</strong> sa neccessité et <strong><strong>de</strong>s</strong> paovres.<br />

Est arresté que l'on le poye et, s'il veult aller prescher sus <strong>les</strong><br />

terres <strong>de</strong> MM. <strong>de</strong> Berne, qu'il en aye ce qu'il porra » (Voyezaussi le<br />

Registre <strong><strong>de</strong>s</strong> 2 octobre, 30 novembre, 1eret 15 décembre 1537).<br />

Le premier <strong>de</strong> ces personnages était Dents Lambert (N0659, n. 5).<br />

Nous ne savons si le <strong>de</strong>uxième doit être i<strong>de</strong>ntifiéavec le pasteur Adam<br />

<strong>de</strong> Betoun (N562, n. 6; 574, n. 4), et nous possédonstrès-peu <strong>de</strong> renseignements<br />

sur Gagtiv8,qui, grâce à la recommandation <strong><strong>de</strong>s</strong> ministres<br />

bernois, venait d'être élu pasteur <strong>de</strong> l'une <strong><strong>de</strong>s</strong> paroisses du Pays <strong>de</strong> Gex<br />

ou du Chablais (Voy. le renv. <strong>de</strong> n. 11). En 1537il habitait Genève,où<br />

il s'était rendu suspect d'anabaptisme. Le Registre <strong>de</strong> Genèvedu 6 octobre<br />

1537 contient, en effet, l'article suivant, relatif à un certain Jacques<br />

<strong>de</strong> Meraulx <strong>de</strong> Lyon, c cheu en fantasie <strong><strong>de</strong>s</strong> Kathabaptistes et venu<br />

folz, » et que Froment avait reçu chez lui pendant quelquesjours, pour<br />

essayer <strong>de</strong> le ramener à <strong><strong>de</strong>s</strong> idéesplus saines « Icy est parlé <strong>de</strong> Jaques<br />

Meraud^et est arresté <strong>de</strong> le oster <strong>de</strong> la compaignie<strong>de</strong> Gasty, pour autant<br />

que l'on le saspeçonne <strong>de</strong> Eatabaptisme »(Voy. aussi le Reg. <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

18 et 29 septembre 1587 et da 24 juin 1541).<br />

Jean Janin, surnommé Cologny(N641, n. 11; 647, n. 8; 659,<br />

renv. <strong>de</strong> n. 8, 9).<br />

14Allusion à <strong><strong>de</strong>s</strong> faits que <strong>les</strong> documentscontemporainsn'éclairassent d'aucune manière.


.352 GmLLAUHEFAREL A. CHRISTOPHEFABRI,A. THONON..1538<br />

quis domum intrat et <strong>de</strong>predatar, aut bursam anfert, ubi nemo<br />

contradicit, vi<strong>de</strong>t et sentit. Sic enim soient Iatrones, non solùm<br />

dum jugulant homines, victoriam existimare, sed dum rapiunt. Vi<strong>de</strong>at<br />

Gastius an ex ipsoram faerit numero rumor aliquis spargitur.<br />

Non puto Casparem u tam fuisse caecijudicii, ut aasns fuerit<br />

totempestem admittere. Rependat Dominas Canzeno juxta id<br />

qaod meritus est! Quiper<strong>de</strong>re pergant Ecc<strong>les</strong>iam, perdat eos Dominus!<br />

Si mo<strong>les</strong>te feras nos Caspare privatos, mo<strong>les</strong>té et nos ferimus,<br />

nec injuria, etsi non erat ipsi ita <strong><strong>de</strong>s</strong>erenda ecc<strong>les</strong>iaI3, cui<br />

consulat Dominus Nam roinam minator et gravissimam. Non<br />

multùra moror impia impii, ne dicam perfidi, verba Il, quamvis<br />

non prodiere à tam sce<strong>les</strong>to ore, quin plares habeat sa» iniquitatis<br />

conscios. Bona voluntas Dominifiât! Dolet mihi ArmencHs<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>ignatum non esse ministrom. Vi<strong>de</strong> at Henrichus in aliquibos<br />

pagis prsefecturaeistius 1S doceat, postquam Bernardus 1T victor<br />

evasit, ne doceret amplids in Ternensi1*.Vale et saluta omnes plurimùm.<br />

Te omnes salutant. Genevae,14 Janaarii 1538.<br />

Farellds tous.<br />

(Inscriptio:) Christophoro suo charissimo. Tonnonii.<br />

11 Gaspard Megan<strong>de</strong>r,qui avait exexcéà Berne<strong>les</strong>fonctions<strong>de</strong> pasteur<br />

et <strong>de</strong> membredu Consistoirejusqu'endécembre1537.<br />

Pierre Ktmtz (N° 677, n. 18, renv. <strong>de</strong> n. 24-28),dont l'influence<br />

était <strong>de</strong>venueprépondéranteà Berne<strong>de</strong>puisquelquesmois.<br />

Megan<strong>de</strong>ravait,non pas abandonnésonposte,maisreçu soncongé<br />

(N°677,n. 7, renvoi<strong>de</strong> note 16).<br />

u Est-ceune allusionàPierre Kuntz?<br />

"-16 Le village d'Hermancefaisaitpartie du bailliage<strong>de</strong> Thonon(N°<br />

591,.n. 12-13).<br />

JacquesBernard,dès1586pasteurà Herchamp,paroissedubailliage<strong>de</strong><br />

Ternier.


1538 LE CONSEILDE BERNE AD CONSEILDE LAUSANNE. 353<br />

679<br />

LECONSEILDEbebne au Conseil<strong>de</strong> Lausanne.<br />

De Berne, 18janvier 1538.<br />

Inédite. Minute originale. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

Sommaire.Berneenvoie&Lausanneun nouveau pasteur[Siat Comte],qm sera le<br />

collègue<strong>de</strong>PierreTiret.<br />

Nostre amiable salutation prémise. Nous avons donné charge à<br />

nous conseffliers Jost <strong>de</strong> Diesbach et Johanns Ludwig Amman <strong>de</strong><br />

vous présenter ung homme doct, pour prêcher et ay<strong>de</strong>r à maistre<br />

Pierre Viret au ministère <strong>de</strong> la Parolle <strong>de</strong> Dienz l. Dont icelluy<br />

vous recommandons, vous comman<strong>dans</strong> que à maistre Pierre Viret<br />

veilliés faire <strong><strong>de</strong>s</strong>livrer le salaire que luy avons ordonné, assavoir<br />

par ans trois cens florins a, et aussy à présent au présent autant,<br />

et cella leur promptement baillier, affin que ilz en puissent<br />

mieulx valoir. A ce ne faicte[s] faulte, anltrement nous y. adviserons.<br />

Datnm xvra Januarii, anno, etc., xxxvra.<br />

L'Advoyer ETCONSEILDEBERNE.<br />

1 C'était Béat Comte(Voy. NM668, n. 1; 660, renv. <strong>de</strong> n. 16). Le<br />

Manuel <strong>de</strong> Lausanne du SI janvier s'exprime ainsi à son sujet: «Fut<br />

admispar Messieurs<strong>de</strong> Conseilà prédicant, pour prêcher le sainct évangille<br />

<strong>de</strong> Dieu, MessyBenoyt le Conte,vi<strong>de</strong>licet Beatus Cornesen latin, lequel<br />

nous ont présenté noz Magntfftqnesseigneurs <strong>de</strong> Berne. Et luy fu[t]<br />

accouentétroys cent florinspar an, à poyer par quartemps. Etiuy furni<br />

<strong>de</strong> quelque meuble (Communication<strong>de</strong> M. Ernest Chavannes).<br />

» Voyez le N° 656, note 8.<br />

C. TT. 23


334 CHARLES D'ESPEVILLE [j.CALVIN] A LOUIS DU TILLET. A PARIS. 1538<br />

680<br />

CHARLES D'ESPEVILLE [j. CALVIN] à Louis du Tillet,<br />

à Paris.<br />

De Genève, 31 janvier (1538).<br />

Copie. Bibl. Impériale. Mscr. français. Baluze, 8069-5. A. Crottet.<br />

<strong>Correspondance</strong> <strong>de</strong> Calvin avec L. du Tillet, 1830, p. 24 l.<br />

Sommaire.Calvina éprouvéune pénib<strong>les</strong>urpriseen apprenant<strong>les</strong> motifsqui ont<br />

déterminéLouisdu TSUtd retourneren Fraaceetd rentrer<strong>dans</strong>Véglisecatholique.n<br />

condamneabsolument cesmotifs,et, aprèsavoirexpriméla persuasion<br />

oùil est,que « cechangement tant subit» n'altérerapointleurssentimentsd'estimeréciproque,<br />

il termineen mentionnant <strong>les</strong>troub<strong>les</strong><strong>de</strong>Genève.<br />

Monsieur, huit jours <strong>de</strong>vant que je receusse <strong>les</strong> lettres qu'aviez<br />

laissées à vostre partement pour me estre envoiées Jehan estoit<br />

arrivé3; tellement que quelques sepmaines <strong>de</strong>vant que j'eusse eu<br />

1<br />

Voici, d'après M. Crottet, le titre du manuscrit où cette lettre est<br />

copiée. c S'ensuivent aucunes épistres <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux jeunes hommesfrançois,<br />

qui s'estoient retiréz <strong>de</strong> iceux pais en Allemaigne, et y avoient habité<br />

quelque temps ès piïs qui ont rejesté l'obéissance du Pape <strong>de</strong> Rome,<br />

jusques à ce que l'un d'eulx [Louis du Tillet]s'estant séparé <strong>de</strong> l'autre,<br />

pour habiter quelque temps en autre contrée d'Allemaigne,nontoutesfois<br />

<strong>de</strong> diverse sorte, finalement s'en retourna en France: l'autre [Jean Calvin]<br />

<strong>de</strong>meurant en Alemaigne, en une ville [Genève]où il avoit prins charge<br />

<strong>de</strong> prescher, <strong>de</strong> laquelle quelque temps après il fut <strong><strong>de</strong>s</strong>chassé.Lesquel<strong>les</strong><br />

épistres furent escriptes <strong>de</strong> l'un à l'autre, premièrementsur le faiet du<br />

retour <strong>de</strong> l'un en France, et puis sur le faict du <strong><strong>de</strong>s</strong>chassement<strong>de</strong> l'autre<br />

hors <strong>de</strong> la ville où il avoit esté receu prescheur. »<br />

Cette lettre du Louis du Tillet n'a pas été conservée.<br />

8 M. Crottet (op. cit. p. 8, 16)et M. Ju<strong>les</strong> Bonnet (Lettres franç. <strong>de</strong><br />

Calvin, I, 2) affirmentque ce personnage était Jean du Tillet, greffier en<br />

chef du Parlement <strong>de</strong> Paris dès le 7 septembre 1630, et frère <strong>de</strong> Louis.<br />

Cette assertion ne nous paraît pas suffisammentétablie par <strong>les</strong> lettres<br />

subséquentes<strong>de</strong> Calvinet.<strong>de</strong> Louis du Tillet.


i 538CHARLES D'ESPEVILLE [j.CALVIN] A.LOUIS DUTILLET, A.PARIS. 355<br />

aucunes nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> par vous, le bruict estoit volé jusques icy <strong>de</strong><br />

vostre partement1. Combien que telle incertitu<strong>de</strong> me feust assez<br />

gran<strong>de</strong> occasion <strong>de</strong> fascherie, néantmoins je tenois en suspend<br />

mon jugement le plus qu'il m'estoit possible. Ce qui me mo<strong>les</strong>toit<br />

et tormentoit le plus, estoit la crainte que j'avois <strong>de</strong> vous avoir<br />

par mon impru<strong>de</strong>nce offensé, comme je congnois et recongnois<br />

que je n'ay pas observé envers vous la mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tie que je vous <strong>de</strong>bvois.<br />

Bien est vray que je sentois tel fruict <strong>de</strong> vostre compaignie<br />

et conversation que l'absence ne me pouvoit estre joieuse; mais<br />

d'autant que je vous voiois ici comme languissant s, je portois patiemment<br />

ce qui me défaiDoit,estimant assez bonne récompense<br />

vostre soulagement. Finalement quand vos lettres sont venues <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>ux costéz par icel<strong>les</strong> j'ai congnen une partie <strong>de</strong> vostre intention.<br />

Pourtant, combien que répute bien que ma compaignie ne<br />

vous pouvoit pas estre trop agréable, en telle incivilité et ru<strong><strong>de</strong>s</strong>se<br />

dont je usois envers vous, néantmoins je me confie que ceste<br />

cause ne vous a pas aliéné ne estrangé <strong>de</strong> nous, ce qui provient<br />

certainement plus <strong>de</strong> vostre pru<strong>de</strong>nce qu'avez eu à me supporter<br />

en cest endroict, que [<strong>de</strong>] ce que je me suis porté comme il appartenoit.<br />

Je ne vous puis dissimuler que je n'aye esté fort estonnéaprès<br />

avoir entendu vostre intention, et mesmes<strong>les</strong> raysons qui sont avec<br />

la déclaration d'iceUeen vos lettres. Cequi me cause la plus gran<strong>de</strong><br />

admiration est que je vousestimois tant conferméet résolu en cest<br />

affaireT,qu'il me ne]feust nullementpossiblevous <strong><strong>de</strong>s</strong>mouvoir<strong>de</strong><br />

propos; et, quand vous n'eussiez pas eu, au train jà par vous commencé,<br />

fort soli<strong>de</strong> rayson, si est-ce que ce changement tant subit<br />

m'a esté fort estrange, veu la constance et fermeté que vous démonstriez<br />

8. Dieu vueille néantmoins qu'il soit prins autant équitablement<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> autres comme je m'efforce <strong>de</strong> le prendre I<br />

Le correspondant<strong>de</strong> Calvinavait quitté Genèv en août 1537(ET0*<br />

628, renv.<strong>de</strong> n. 14; 630,renv.<strong>de</strong> n. 10;668,renv. <strong>de</strong> n. 8),.et il s'éiait<br />

retiré à Strasbourg,d'où il partit pourParis, probablementan moisd'oetobre<br />

ou <strong>de</strong> novembresuivant.<br />

5<br />

Voyezlé commencement <strong>de</strong>la lettre<strong>de</strong> L. dn Tilletda 10mars1588.<br />

6 Louis dn Tillet avait peut-êtreexpédiéen <strong>de</strong>ux exemplaires,et par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> voiesdifférentes,la lettre.qu'ilécrività Calvinavant<strong>de</strong> quitterStrasbourg.<br />

On usait volontiers<strong>de</strong> cette précaution, quand il s'agissait <strong>de</strong><br />

lettresimportantes.<br />

7<br />

Comparezcepassageavecle fragmentcité <strong>dans</strong>la note 11.<br />

De <strong>de</strong>uxpassages<strong>de</strong> la correspondance<strong>de</strong> Farel (N« 622,renv. <strong>de</strong>


356 CHAULESD'ESPEVILLB[*. CALVIN] A LOUISDU TILLET, A PABB. f 538<br />

Quant aux raysons qui vous ont esmeu k ceste délibération, je<br />

ne <strong>les</strong> puis pasappercevoir fort péremptoires. Je scé bien -que ma<br />

conscience est assez asseurée <strong>de</strong>vant Dieu du contraire, et espère<br />

qu'elle sera jusques an jour qu'il faudra comparoistre à rendre<br />

compte.Davantage,je suis bien abusé, ou j'ay tellement déelairé le<br />

bon droit <strong>de</strong> ma cause 9,qu'un chascuns'en doibt contenter, n'estoit<br />

que <strong>les</strong> uns se pardonnent trop facilement, <strong>les</strong> autres vouldroient<br />

bien donner entrée à Jésus-Christ par <strong>les</strong> voies où il ne veult nullement<br />

cheminer. Je n'ay nullement doublé que <strong>les</strong> personnages<br />

dont vous faictes mention10, n'eussent aucunement aydé, sans y<br />

penser, à vous faire prendre une telle conclusion, combien qu'en<br />

touchant.ce propos par lettres àmoyescriptes, Usle dissimulenttx.<br />

Et certes la gran<strong>de</strong> doctrine et piété qui est en eulx a gran<strong>de</strong> apparence<br />

pour donner authorité à tel<strong>les</strong> consultations. Mais je suis<br />

bien asseuré qu'en ceste matière, j'auré, oultre <strong>les</strong> vives raysons,<br />

plus <strong>de</strong> couleur que eux, quand j'auré prins un masque pour me<br />

faire apparoistre semblable à eulx. Ils me contraingnent run et<br />

rautre, par leurs manières <strong>de</strong> fère, <strong>de</strong> désirer en eulx plus grand'<br />

fermeté et constance Quelque crédit qu'on ait, si ne faict-iljamais<br />

bon d'estre tant libéral à espandre le bien d'autruy, et si<br />

nous avons à nous gar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> fère largesse aux <strong><strong>de</strong>s</strong>pans <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes,<br />

quelle caution doibt estre auprès à dispenser la vérité <strong>de</strong><br />

Dieu, laquelle il ne nous commect pas pour en rien diminuer 1S.<br />

n. 15; 624, renv. <strong>de</strong> n. 7, 8), on pourrait inférerque Louis du THIet<br />

avaiten quelquesorte promis<strong>de</strong> prêchersoità Thonon,soit <strong>dans</strong><strong>les</strong> villagesvoisins<strong>de</strong><br />

Lausanne.<br />

Allusionà VInstitutionchrétienne<strong>de</strong> Calvin.<br />

10<br />

Capitonet Bucer.<br />

Les théologiens<strong>de</strong> Strasbourgn'avaientpas <strong>de</strong> motifspour c dissimuler»<br />

le retour en France <strong>de</strong> Louisdu TiUet,puisqu'ilsle croyaient<br />

encoreuni <strong>de</strong> cœur et <strong>de</strong> principesavec eux. On lit, en effet,<strong>dans</strong>la<br />

lettre queBucerlui écrivitle 8 octobre1539 « Hocmagiscruciat quôd<br />

hodiein multiste dissentireà mescribis,qui, cum Mncdisce<strong>de</strong>res, tam<br />

pukhrè éonsentiébas in omnibus,ita sanè mentem tuam ego mtellexi»<br />

(Copieancienne.Manuscritcité, note 1. Notre amiM. Henri Bordiera<br />

bfâtfvoulunousprocurerla transcription<strong>de</strong> cette lettre importante).<br />

Acompareravecle N° 677,renvois<strong>de</strong> note 80-84.<br />

Noussuivonsle texte <strong>de</strong> M. Ju<strong>les</strong>Bonnet(Lettresfranc, <strong>de</strong> Calvin,<br />

1, 4), quinousparait avoir,<strong>dans</strong> cepassage,rendu plusfidèlementl'original.Le<br />

texte <strong>de</strong> M. Crottetporte: « quellecautiondoibt estre auprès<br />

à dispenserla charité <strong>de</strong> Dieulaquelleil ne nousconvientpointen rien<br />

diminuer.»


1538CHARLES D'ESPEVOLB [j. GALVIN] k LOUIS DFTttLET, APARIS. 35Î<br />

sa<br />

Je prie- le Seigneur qu'il nous vueme tant donner d'intelligence<br />

que nous entendions qu'il ne veult pas estre servy à <strong>de</strong>my, comme<br />

nostre folieluy veult diviser sa portion, mais entièrement selon sa<br />

volonté.<br />

$ vous recognqissezpour églises <strong>de</strong> Dieu cel<strong>les</strong>qui nous ont en<br />

exécration, je m'en rapporte à vous. Mais nous serions bien mai en<br />

point, si ainsi esloit. Car certainement vous ne leur pouvez donner<br />

ce filtre que vous ne nous teniez pour schisvr^tiques on il fault ad*<br />

viser comment vous accor<strong>de</strong>rez vostre opinion avec la sentence<br />

<strong>de</strong> nostre maistre: c (JuodcuflflU8ligaverifiis, etc. Il. Si vous enten<strong>de</strong>z<br />

que tousjours il y <strong>de</strong>meure quelques reliques <strong>de</strong> la béné*<br />

diction <strong>de</strong> Dieu, comme sainct Paul afferme <strong><strong>de</strong>s</strong> Israélites, vous<br />

pouvez bien entendre que j'accor<strong>de</strong> avec vous, veu que, quelque*<br />

fois, je vous ay déclaré tel estre mon jugement, voire jusques aux<br />

églises grecques. Maissi ne s'ensuit-il <strong>de</strong> cela qu'en rassemblée il<br />

faillerecongnoistre l'Église.Et si nous l'y recongnoissons; elle sera<br />

nostre, non pas <strong>de</strong> Jésus-Christ, lequel marque la.sienne d'aultres<br />

enseignes, quand il dit: < Ovesmeœ vocem meam audiunl, » et<br />

sainct Paul, quand il la nomme « columne<strong>de</strong>vérité.Vous me respondérez<br />

qu'elle ne se trouvera nulle part, veu que partout y a<br />

ignorance. Maisl'ignorance est telle entre <strong>les</strong> enfans <strong>de</strong> Dieuqu'elle<br />

ne <strong>les</strong> empesche point <strong>de</strong> suivre sa volonté.<br />

Quand il soit question <strong>de</strong> accomparer tel<strong>les</strong> compaigniesaux synagogues<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs, je craindrais <strong>de</strong> faire injure à eestes-cyen ne<br />

<strong>les</strong> préférant aux autres, ou pour le moins en <strong>les</strong> postposant, car<br />

l'idolâtrie n'y est pas telle, ne <strong>les</strong> abominations tant horrib<strong>les</strong>. Ce<br />

qu'on y peult voir <strong>de</strong> bien, il est commun entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux, sinon<br />

qu'il semble bien advis estre un grand advantage que le nom <strong>de</strong><br />

Jésus est advoué <strong><strong>de</strong>s</strong> uns, non <strong><strong>de</strong>s</strong> autres; mais la vertu n'est pas<br />

moins abolie. Ou si nous voulons trouver comparaisonplus propre,<br />

c'est un tel estat qu'il y avoit au peuple d'Israël, soubz Jéroboam,<br />

ou bien soubz Achab, du temps que<strong>les</strong> esperits par longue cotisé<br />

tume estoient plus corrompus. Je ne vous dits pas ces choses,sans<br />

cause, car-j'apperçoys combien plusieurs s'aiment à flatter soubs<br />

le titre <strong>de</strong> l'Église, condamnant hardiement tout ce qui ne leur<br />

ressemble, dont ils rendront compte. Qu'ils regar<strong>de</strong>nt: <strong>de</strong> quel<br />

droit ils le font; car je scé bien que nostre asseurance est trop<br />

certaine pour cé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong> vaines objections.<br />

-M8t. Matthieu,chap. XVm, t: 18;<br />

• '•'


358 CHARLES d'ESPEVILLE [/. CAI.VBV] ALOUISDUTTLLET, APARIS. 1538<br />

•<br />

Quant à vous,je n'estimepas que vous nous teniez autres que si<br />

vous conversiez avec nous, mais c'est un <strong>de</strong>gré pour se diviser <strong>de</strong><br />

FÉglise<strong>de</strong> Dieu, quand on se conjoinct à ce qui luy est contraire.<br />

Au surplus, je pense cognoistre en vous une telle crainte <strong>de</strong> Dieu,<br />

qu'il me fauldroit voir <strong>de</strong> grands arguments pour m'oster.la persuasion<br />

que j'en ay receue. Pourtant, soiez asseuré que <strong>les</strong> prtmiers<br />

légers rapports n'auront pas telle puissance envers moy que<br />

<strong>de</strong> renverser l'expérience que j'ay eu <strong>de</strong> vous par si longues années<br />

19TMais,combien que je vous supporte en ceste infirmité, ne<br />

vous résistant non plus que si vous estiez entre nous, si ne puis-je<br />

nullemeni consentir à ceste entrfprinse. Et plustost, que je sois<br />

osté du mon<strong>de</strong> terrien que d'approuver vostre faict, lequel je cognois<br />

estre damnable en soy, et oultre cela plain <strong>de</strong> ruine, ou<br />

pour le moins <strong>de</strong> merveilleuses offensesenvers plusieurs, avec ce<br />

que je voy la promptitu<strong>de</strong> que nous avons, pour nous bien justifier,<br />

d'induire <strong>les</strong> autres à fère le semblable! Toutesfois <strong>de</strong> ces'<br />

choses dont pour le présent estes résolu, je ne feré longue dispute.<br />

J'ayme mieulx <strong>de</strong> prier le Seigneur que son plaisir soit vous délivrer<br />

<strong>de</strong> tous scrupu<strong>les</strong>, tellement que sa voie vous soit toute<br />

plaine et ouverte en cest endroit, en attendant l'opportunité quand<br />

elle nous sera offerte.<br />

Da département <strong>de</strong> L&isDartois I6, je n'ay jamais eu suspition<br />

qu'il feust procédé <strong>de</strong> vous, d'autant que j'ay esté <strong>de</strong>rnièrement<br />

adverti du contraire. Mais ce a esté une pauvre cautèie à luy <strong>de</strong><br />

se cacher <strong>de</strong> moy <strong>de</strong> choses esquel<strong>les</strong>il ne peult pas tromper Dieu<br />

car ce n'est pas chose légère que <strong>de</strong> tenter Dieu, ce que font ceulx<br />

qui voluntairement se rejectent en captivité.Les sacs mouillésdont<br />

nous avons coustume <strong>de</strong> nous couvrir <strong>de</strong>vant<strong>les</strong> hommes,ne pourront<br />

pas porter la chaleur du jugement <strong>de</strong> Dieu.<br />

Vous m'avez <strong>de</strong> longtemps donné à congnoistre que le vostre<br />

estoit mien, <strong>de</strong> vostre grâce. Pleust à Dien que je vous en peusse<br />

faire bonne recognoissance! Mes compagnonsse recomman<strong>de</strong>nt à<br />

vous, <strong><strong>de</strong>s</strong>quels le jugement est tel que le mien, combien que je<br />

me suis efforsé, sans monstrer vos lettres, d'obvier à toutes offensions.<br />

Je n'ay pas peu donner autre conseil à Jehan que celuy que<br />

•<br />

Les relations<strong>de</strong> Calvinet <strong>de</strong>L. du Tillet étaientantérieuresà l'année<br />

1534(Voy.N° 467),et el<strong>les</strong> dataient probablement<strong>de</strong> l'époque<strong>de</strong><br />

leurs premièresétu<strong><strong>de</strong>s</strong>universitaires.<br />

16A compareravecle N°573,renvoi<strong>de</strong> note 4.<br />

1-


1538 CHARLES D'ESPEVILLE [j. CALVIN] A LOUIS DU TILLET* A PARIS. 359<br />

ma conscience portoit, si je ne voulois estre traistre à la vérité <strong>de</strong><br />

Dieu et au salut <strong>de</strong> luy, ce que ne prendrez en manlvaise part. Je<br />

vous supplie d'avoir singulière mémoire <strong>de</strong> nous en vos prières,<br />

à quoi, combien que la cognoissance que vous avez <strong>de</strong> nostre infirmité<br />

vous doive assez inviter, néantmoins <strong>les</strong> difficultés que<br />

nous sentons vous doibvent encores plus enttamber, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> sont<br />

plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong> que jamais 11.<br />

Après m'estre humblement recommandé à vostre bonne grâce,<br />

je prieré le Seigneur vous conserver en sa saincte protection et<br />

vous diriger tellement, que ne décliniez pas en la voie tant lubri-<br />

que où vous estes,jusques à ce qu'il vous aura monstre la pleine<br />

délivrance. Vous me pardonnerez si ceste présente est assez confusément<br />

escripte,car la briesveté du temps en partie en est cause,<br />

et en partie <strong>les</strong>troub<strong>les</strong> que nous avons, oultre que l'argument ne<br />

m'estoit pas fort propre à traicter. De Villefranche19;ce <strong>de</strong>rnier<br />

<strong>de</strong> janvier (1538).<br />

Vostre humble serviteur et frère,<br />

CHARLES d'Espeville.<br />

17 Contrairementan préavis<strong>de</strong> Farel, <strong>de</strong> Calvinet <strong>de</strong> CoraudÇS°677,<br />

n. 3), le Conseil<strong><strong>de</strong>s</strong> Deux-Centsavait décidé,le 4janvier, quela sainte<br />

Cènene serait refuséeàpersonne.C'était un échecpour <strong>les</strong><strong>réformateurs</strong><br />

<strong>de</strong> Genève.Leursadversairess'adjoignaient<strong>de</strong> nouveauxadhérents,qui<br />

donnaientironiquementaux citoyensduparti opposél'épithète<strong>de</strong> cfrères<br />

en Christ.» Toutsemblaitannoncerque <strong>les</strong> électionsdu 3 févrierne se<br />

passeraientpas sans troub<strong>les</strong>(Voyezle Registre<strong>de</strong> Genèvedu 16 janvier,du<br />

1eret du 5 février1538. ÂmédéeRoget.Histoiredu peuple<strong>de</strong><br />

Genève<strong>de</strong>puis la Réformejusqu'à l'Escala<strong>de</strong>. Genève, 1870,tome I,<br />

p. 67-69).<br />

18 C'est-à-dire,glissante.<br />

19 Pseudonyme<strong>de</strong> Genève.


360<br />

SIMONGRY&EUSA JEAN CALVIN,A GENÈVE. 1538<br />

681<br />

SIMONGrarasus à Jean Calvin, à Genève.<br />

(De Bàle) 12 février (1538).<br />

Autographe. BibI. Publ. <strong>de</strong> Genève. Vol.n°112. Imprimée en partie<br />

<strong>dans</strong> <strong>les</strong> CalviniEpistolaeet Responsa.Genevae,1573, p. 365.<br />

Sommaire. Gastius, ayantapprisquevousétiezoffensédujugement qu'ilavaitporté<br />

jadissu votreConfusion <strong>de</strong>loi,mecharge<strong>de</strong>vousassurerquetouteimpression<br />

fâcheuseesteffacée<strong><strong>de</strong>s</strong>onesprit.Nousornonsenvoususfrire etl'undu beaux<br />

ornements <strong>de</strong>l'église<strong>de</strong>Dieu.VousavezsansdoutequeLuthernousa adresséla<br />

réponsela plusbienveillante, ausujet[<strong>de</strong>l'envoi]<strong>de</strong>notreConfession.<br />

S. Rogavit me Gastius i at se apud te excusaremdiligenter. Nam<br />

intelligit te offensum esse juditio ipsius <strong>de</strong> Confessionetua veritumque<br />

ne qaod olim, cum illa exerta est, <strong>de</strong> ea Judicavit, id nunc<br />

etiam judicet et te suspitionibus gravet. Hoc promittit Gastius <strong>de</strong><br />

se mihi, et ego tibi <strong>de</strong> Gastio, minimè faturum. Nos enim te fratrem<br />

in Domino libenter ac cum gaadio agnoscimus, ac verè eximio<br />

ornamento ecc<strong>les</strong>iaenostrae agnoscimus.Itaque noli hîc tibi<br />

mo<strong>les</strong>tus esse ampliùs, mi frater. Haec<strong>de</strong> Gastio. De Lutheri super<br />

nostra Confessione responso benignissimos, credo te audivisse.<br />

Spes est optima nobis omnia rectè processura. Vos istic in<br />

Domino Christo optimè valete. Salnta venerandum mihi virum<br />

Farellum. 12 Februarii (1538 4).<br />

SimonGryneds tuas.<br />

(Inscriptio:) Joh. Calvino suo, fratri charissimo. Genevae.<br />

1 Jean Gastius,natif <strong>de</strong> Brisach,et Pan <strong><strong>de</strong>s</strong> ministres<strong>de</strong> l'église<strong>de</strong><br />

Bâle,s'est fait connattresurtoutpar sonHistoire<strong><strong>de</strong>s</strong>Anabaptistes.Après<br />

la mortd'Œcolampa<strong>de</strong>,il édita plusieursouvrages<strong>de</strong> ce réformateur.Il<br />

ne faut pas confondreJean Gastiusavec sonhomoqyme,mentionnépar<br />

Farel <strong>dans</strong>la lettre du 14janvierprécé<strong>de</strong>nt.<br />

n s'agit <strong>de</strong> la Confession<strong>de</strong> Calvinrelativeau dogme<strong>de</strong> la Trinité<br />

(N°628,n. 9).<br />

C'estla lettre <strong>de</strong> Luther adresséele 1erdécembre1587aux Conseils<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Vil<strong>les</strong>évangéliques(N°677,n. 15).<br />

L'année est fixéeaveccertitu<strong>de</strong>par la mention<strong>de</strong> la lettre <strong>de</strong> Luther<br />

(Voy.n. 3 et le N°685, renvois<strong>de</strong> note 4-5).


1538 SIMON GRYNiEUS A G. FABEL ET A S. CALVIN, A GENÈVE. 361<br />

682<br />

SIMONgrymus à G. Farel et à J. Calvin, à Genève.<br />

De Baie, 13 février 1538.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaire. C'est avec douleur que j'ai lu vos lettres je comprends au milieu <strong>de</strong><br />

quels orages vous êtes condamnés &vivre. Mais votre cause est celle <strong>de</strong> Jésus-<br />

Christ il démasquera <strong>les</strong> ruses <strong>de</strong> Satan et manifestera ca vous la puissance <strong>de</strong><br />

l'esprit <strong>de</strong> Dieu. Votre seule ressource pendant la tempête, c'est <strong>de</strong> rester courageusement<br />

an gouvernail, je veux dire, <strong>de</strong> prêcher chaque jour la Parole <strong>de</strong> Dieu<br />

avec une foi inébranlable et <strong>de</strong> vous adresser à tous avec calme et charité. Le<br />

reste est l'affaire du Seigneur.<br />

Je vois bien que voire gouvernementn'est pas sincère et qu'il y a peu <strong>de</strong><br />

compte à faire sur l'appui <strong><strong>de</strong>s</strong> Bernois. Mais le Seigneur est vivant; <strong>de</strong>meurez<br />

fermes â votre poste. Priez pour ceux qui vousten<strong>de</strong>nt <strong><strong>de</strong>s</strong> piéges; quand ils organisent<br />

leurs conventicu<strong>les</strong>, recueillez-vous pour implorer le secours du Seigneur.<br />

L'Évangile n'aura pas été prêché si longtemps à Genèvepour préparer la place aux<br />

hommes <strong>les</strong> plus corrompus. Lors uême qu'A force <strong>de</strong> finesse et d'artifice ils<br />

viendraient i triompher, le fond <strong><strong>de</strong>s</strong> cœurs sera mis au grand jour. Le Seigneur<br />

contemple cette mêlée, et nul n'y entrera sans sa permission.<br />

J'instruis la frère» <strong>de</strong> Stratbourg <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> événements. Nous songerons 4<br />

vous, et Christ fera tourner toutes choses au plus grand bien <strong>de</strong> son Église.<br />

S. Legi utriusque epistolas<br />

1 non sine dolore. Vi<strong>de</strong>o teinpesta-<br />

tem, vi<strong>de</strong>o procellas a; saevit atique Sathan et vos jactat agitatque.<br />

1 Ces lettres <strong>de</strong> Farel et <strong>de</strong> Calvin étaient tontes récentes, puisque<br />

Grynsus ne <strong>les</strong> mentionne pas <strong>dans</strong> sa lettre dn jour précé<strong>de</strong>nt.<br />

Allusion aux troub<strong>les</strong> <strong>de</strong> Genève (Voy. X» 680, n. 17). Les élections<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Syndics faites le 3 février s'étaient cependant passées sans désordre,<br />

mais eUes avaient porté au pouvoir Clau<strong>de</strong> Richar<strong>de</strong>t,Jean Philippe, Jean<br />

Luttm et Ami <strong>de</strong> Chapeaurouge, tous adversaires déclarés <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux Ré-<br />

formateurs. Le 4 février, le renouvellement du Petit Conseil s'était opéré<br />

<strong>dans</strong> le même sens, et Ami Portai, conseiller très-influent et ami particulier<br />

<strong>de</strong> Farel, n'avait, pas été réélu (Voy. A. Roget, op. cit. I, p. 68-<br />

71)..<br />

1


362<br />

SIMON GRYftEUS A G. FAREL ET A J. CALVIN, A GENÈVE. 1538<br />

Atqui, o fratres mei charissimi, non vestra, sed Jesu Christi, regis<br />

regam, causa est; is oculis suis et vos, ministros suos, et sevientem<br />

Sathanam yi<strong>de</strong>t. Explorari vim spiritus Dei in vobis necesse<br />

est, ac artes Sathanaenotas fieri. Itaque unum est, fratres mei charissimi,<br />

unum est remedium, unum praesidium,utcunque Mis sedibus<br />

mare hoc convulsumturbine vi<strong>de</strong>atur3 placi<strong>de</strong>tutoque ad gubernacula<br />

verbi Dei forUbusac certis animis consistere ac non disce<strong>de</strong>re.<br />

Ergo certo cum consilio, certa cnm fiducia Jesu Christi<br />

Domini, quottidie ad contiones prodibitis more vestro; certa fi<strong>de</strong>,<br />

certa charitate appellabitisomnes. Hocofficiumnostrum est. Cœtera<br />

Dominus Jésus ipse in tempore curabit.<br />

Vi<strong>de</strong>o, Senatus est non syncerus*; vi<strong>de</strong>o, prœsidium à vicinis<br />

Bernatifms non est fidèle5.At vivit Dominus. Ergo consistite vos<br />

solùm in officiovestro immoti. Somma gravitate ac fi<strong>de</strong> in contionibus<br />

agite. Potens est verbum Domini ac nnnquam hoc magis,<br />

quàm cum maximè saevit Sathan. Igitur isti cum vos per insidias<br />

petunt 6, vos pro contione, pro illisDominum orate. Cum maledicunt<br />

vos, benedicite omnibus timentibus Dominum. Cum conciliabula<br />

sua cogunt vos, cum bonis, et si hii pauci sunt, inter secreta<br />

cordis, ac rursus palàm in oculis Domini, collectis animis, ac omni<br />

fi<strong>de</strong> in Jesum Christum advocata,consilium capite, que potenti Dei<br />

verbo sit retun<strong>de</strong>ndus Sathan. Scio, impossibile est tamdiu istic<br />

auditum esse Christi evangelium; non temerè locum perditissimi<br />

homines habebunt. Artibus impetant vos, ac dolis circumveniant,<br />

ludant ministros Domini, ac regnum sibi stabiliant istic, superareque<br />

vi<strong>de</strong>antur. Omnia, vi<strong>de</strong>bitis, ad <strong>de</strong>clarandnm Sathanam et<br />

capiendum <strong>de</strong> bonis experimentum spectant. Spectator tragSdiœ<br />

hujus Christus Dominus ipse est, nemo in hoc theatro frustra sese<br />

ingeret. Ergo imperterriti simus. Negotium mum Dominus ipse<br />

curabit.<br />

Ad Argentinenses fratres statim soleo mittere omnia, cum ali-<br />

quid accidit. Dabimus operam omnes, quô rebus, duce Domino,<br />

succurramus. Multum auxilii positum apuci Bernâtes est; verùm<br />

Passage à compareravecle N«672,renvoi<strong>de</strong> note 15.<br />

4 Voyezla note 2.<br />

8 Voyezle N° 677,note 86.<br />

A notre connafeaance, <strong>les</strong>documentsofficielsne mentionnent,à cette<br />

époque,aucunedémarohe<strong><strong>de</strong>s</strong>adversaires<strong>de</strong> Calvinet <strong>de</strong>Farel quiait en<br />

le caractère<strong>de</strong> piègeson d'embûches.<br />

7 n ne s'agit plus du Conseil<strong>de</strong> Berne, mais <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteursbernois.


1538 PIERRE TOUSSAIN A G. FAREL ET A J. CALVIN, A GENÈVE. 363<br />

vi<strong>de</strong>tis qui istic quo que motus fnerint hactenus. Spero, Dominas<br />

Christus omnia in otOitatem Ecc<strong>les</strong>iaesnae convertet. la fllum res-<br />

piciamus potens est, ac viam, ubi vi<strong>de</strong>bitur, certam inveniet, quô<br />

statum aliqoem rebus addat. Interea sedulô apud fratres agemus<br />

omnia. Valete, mei fratres charissimi. Dominus Christus confirmet<br />

vos in ipsius ministerio sancto, ad veram salotem soorom! Amen.<br />

Febr. 13, anno 38.<br />

SymonGrykeus, vester frater.<br />

(lnscriptio:) Gnlielmo Farello et Joh. Calvino, ffatribos charissimis<br />

suis in Domino. Genevae.<br />

683<br />

pierre toussain à G. Farel et à J. Calvin, à Genève.<br />

De Montbéliard, 18 février 1538.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Sommaike. Michel Mulot, comme il vous l'annonce lui-même, s'acquitte <strong>de</strong> ses fonctions<br />

<strong>de</strong> principal avec plaisir et succès. n forme à la piété et aux lettres quatrevingts<br />

enfants environ, et j'attends plus <strong>de</strong> huit <strong>de</strong> «on école que <strong>de</strong> tons nos sermons<br />

on voit aujourd'hui si peu d'adultes se tourner sincèrement vers le Seigneur,<br />

que la bonne éducation <strong>de</strong> l'enfance est, <strong>dans</strong> ce déplorable siècle, le seul sujet<br />

d'espoir qui nous reste.<br />

Nous avons promis au Prince et aux bourgeois, lors <strong>de</strong> l'abolition <strong><strong>de</strong>s</strong> confréries,<br />

<strong>de</strong> procurer à notre école un bon maître <strong>de</strong> calligraphie. Je vous prie donc <strong>de</strong> nous<br />

envoyer ce François du Pont qui rési<strong>de</strong> auprès <strong>de</strong> vous, et dont récriture satisfait<br />

nos bourgeois; nous pourrions lui confier la place <strong>de</strong> MichelMulot, si celui-ci recevait<br />

une autre <strong><strong>de</strong>s</strong>tination. Fard me reproche d'appeler un si grand nombre <strong>de</strong><br />

pasteurs; j'agis ainsi parce que j'attends <strong>de</strong> jour en jour la réformation <strong>de</strong> cette<br />

église; autrement, il me serait impossible <strong>de</strong> supporter l'état actuel <strong><strong>de</strong>s</strong> choses.<br />

Farello et Calvino sais in Domino colendissimis fratribus, S.<br />

Michaël Mulotus, frater noster charissimos, scribit ad vos <strong>de</strong> re-<br />

Farel et Calvin, au contraire, ne comptaient nullement sur leur assistance<br />

(NT0*677, renv. <strong>de</strong> n. 17-29, 87; 678, renv. <strong>de</strong> n. 12; 685, renv. <strong>de</strong> n. 6).<br />

t


364 PIERRE TOUSSAINA G. FAREL ET J. CALVIN,A GENÈVE. t538<br />

bus nostris, et qaid habeat animi. Adserit se lubenter et ex animo<br />

soscepto mnnere 1 fungi, qaod certè mihi vehementer gratam est<br />

et jucundam. Habet pueros dr citer octoginta, et.in dies advolant<br />

novi, non solùmex urbe, sed etiam ex hac vicinia et aliun<strong>de</strong>, quos<br />

piè ac diligenter in literis et pietate format2, et un<strong>de</strong> plus certè<br />

sperofructus rediturum ad Christi gloriam, quàm ex omnium qui<br />

hic sumus operd et concionibus, quôd vi<strong>de</strong>amus hodie (si un-<br />

quam aliàs) mundum in malo positum esse totum, paucissimosque<br />

adultos verè redire ad Dominum, ut si quid sit hoc tempore spei,<br />

in hoc <strong>de</strong>plorato seculo, reliquum, in pueritia rectè instituta aut<br />

instituenda situm sit'. Nec sic sum adfectus in hanc urbem, ut vel<br />

aliarum ecc<strong>les</strong>iarnm jactura, ei<strong>de</strong>m, vel charissimi fratris nostri<br />

Muloti incommodo, consultum velim cui semper iiberum fuerit<br />

facere quicquid aut suaserit conscientia, aut jadicarint fratres ad<br />

gloriam Christi magis pertinere.<br />

Caeterùmquoniam in abrogandis confraternitatibus istis impiis<br />

ac <strong>de</strong>cemendo scholœstipendio, recepfcnus apud Principem et cives,<br />

curaturos nos, ut hic habeamus qui pueros non solùm scribere,<br />

sed etiam pingere 5 doceat, obsecro vos per Christum, ut<br />

huc primo qaoqae tempore mittatis Franciscum istum Pontanum<br />

qui apud vos agit9, quique per Pignolum ad me scripsit, cujus<br />

pictura facit satis nostris, et poterit univers» scholae provinciam<br />

sustinere, si forte Mulotumaliô vocarit Dominus. Farellus me accusât<br />

quôd huc tam multos vocem sed hoc facio quôd in dies<br />

expectem et sperem hnjus ecc<strong>les</strong>iaeinstaurationem 9. Âlioqui nol-<br />

•<br />

*- MichelMutotétait régent <strong>de</strong> l'école<strong>de</strong> Montbéliard.Cette école<br />

réunissait<strong>les</strong> enfants <strong>de</strong> la villeet du comté(Voy.le N° 674,et Davernois,op.<br />

cit. p. 333).<br />

1 Acompareravecle premierparagraphedu No624.<br />

4 Voyezle N° 674,renvoi<strong>de</strong> note 14.<br />

a C'est-à-dire:enseîgierla calligraphie.<br />

• Surla présentation<strong>de</strong> Farel et <strong>de</strong> Calvin,François du Pont avait<br />

été élu pasteurdu village<strong>de</strong> Moing,<strong>dans</strong>le canton<strong>de</strong> Genève,le 15février<br />

précé<strong>de</strong>nt.Le mêmejour, le Conseilavait choisiAntoineBàbier,<br />

Français,natif du Gévaudan,pour prêcher à Satigny,et Pierre Dymse<br />

<strong>de</strong> Dieppe,pourprêcherà Cartigny.<br />

Voyezle N°674,note 18.<br />

8 Lesrô<strong>les</strong><strong>de</strong> Farel et <strong>de</strong> Touasainétaientintervertis(Voy.le t. m,<br />

p. 285,lignes1-4du texte en remontant).<br />

En septembreprécé<strong>de</strong>nt,la suppression<strong><strong>de</strong>s</strong> imagesavaitété sérieusementagitée<br />

<strong>dans</strong> le Conseild'Ulric <strong>de</strong> Wurtemberg(Voy.la lettre <strong>de</strong>


Î538<br />

LE CONSEIL DE BERNE A 36S<br />

lemus hic consistere. Nec sic haeremus in hoc lato, quia parati<br />

simus omni hora aliô confugere, si ita visum fuerit Domino, qui<br />

vos Ecc<strong>les</strong>iae su» sanctœ incolomes servet. Valete. Monbelgardi,<br />

i8feb. 1538.<br />

Salatatemihi plurimùm Morandum10, CoraMum,Sonerium, OKvetanwn<br />

et caeterosfratres.<br />

Vester Tossands.<br />

(lnscriptio :) Farello et Calvino, fratribus meis in Christo Jesu<br />

plurimùm observandis. Genevae.<br />

684<br />

LE CONSEILDE BERNE à François Ier.<br />

De Berne, 20 février 1538.<br />

Inédite. Minuteoriginale. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

Soïdiaibe. MM. <strong>de</strong> Berne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt la libération à' AndréPhilippe <strong>de</strong> Genève, qui<br />

est emprisonné à Paris et en danger d'être exécuté commeluthérien.<br />

Sire Ils nous ont nous très-chiers combourgeoys <strong>les</strong> Sindicques<br />

et Conseil<strong>de</strong> Genève,par leur ambassa<strong>de</strong>ur, exposé, comme en<br />

vostreville <strong>de</strong> Paris, àl'instance d'ung bannis <strong>de</strong> Genève,nommé<br />

Françoys du Crest aussy <strong>de</strong> feust l'évesqne [I. <strong>de</strong> Fex-évêque]du<br />

dict Genève nostres ennemis, le fllz <strong>de</strong> Jehan Philippe apellé<br />

Andrieuz Philippesoit mis et détenuz m prison, m dangier d'estre<br />

Jean Zwickà Vadian du 25 septembre15S7.Mscrit original,BSbl.<strong>de</strong><br />

St.-Gall).Mais cette épurationn'eut lieu <strong>dans</strong> le comté<strong>de</strong> Montbéliard<br />

qu'anmois<strong>de</strong> novembre1588.<br />

10 Voyezle N°674,note 16..·<br />

l Françoisdu Crest,l'on <strong><strong>de</strong>s</strong> chefe<strong><strong>de</strong>s</strong> Peneysans(Voyezle N»480;<br />

n. 6-6,et la lettre <strong>de</strong> Genèvean Prési<strong>de</strong>ntd'Annecydu 5 juin 1587.<br />

Min.orig. Arch. genevoises).<br />

Pierre <strong>de</strong> la Baume;


366 LE CONSEIL DE BERNE A FRANÇOIS I. 1538<br />

exéquuté* chose que nous est très-déplaisante. A ceste ciuse,<br />

Vostre Royale Magesté très-affectueusementsupplions,icelluy faire<br />

mettre en liberté,considérantqu'ilzrtest intitulé ne accuséd'aultre<br />

chose,sinon <strong><strong>de</strong>s</strong>tre luthérien.<br />

A ceste cause, Vostre Magestéveilliez Q.veuille] considéré l'affaire.<br />

Carsy nous, <strong>les</strong> nostres et ceulx que nous sont alliés, comme<br />

le dit Andrieuz Philippe, nostre bourgeoy, <strong>de</strong>us[s]ep.t estre ainsy<br />

perséquutés en vostre Royaulme, pouvés pansev quelle conséquence.<br />

Vostre Royale Magesté <strong>de</strong>rrechieff piiant en ce avoir<br />

esgard, et pourvoir en toute diligence que le dit prisonnier ne soit<br />

tormentéz, mo<strong>les</strong>té, ne en sourie que soit troublé, ains mis en<br />

liberté, ou au moins contre lui ne soit procé<strong>de</strong>z jusque à la venue<br />

<strong>de</strong> nostre ambassa<strong>de</strong>ur qu'envoyrons en brieff ver Vostre Magesté<br />

expressément pour cest affaire'. Datum xx Feb. anno,etc., xxxvm.<br />

L'Adyo^er ETCONSEILZ DEBERNE.<br />

Jean Philippe, anciencapitrinegénéralet l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> quatre syndics<br />

élus le 3 févrierprécé<strong>de</strong>nt,a,ait communiquéau Conseil<strong>de</strong> Genève,le<br />

19, une lettre <strong>de</strong> son filsdndré, écrite <strong>de</strong> Paris. c Sur cecy est arresté<br />

(lit-on<strong>dans</strong>le Reg. <strong>de</strong> Genève)en rescripreà Berne,pour avoirambassa<strong>de</strong>ur,etc.<br />

Item, et auxambassa<strong>de</strong>ursqui sontallés en France,qu'il en<br />

parle au Roy, en la meilleurfaçonqu'il porront,pour le faire laiché.»<br />

C'était versle milieu<strong>de</strong> l'année 1537qn' AndréPhilippeavait été enlevé<br />

sur Uroute <strong>de</strong> Màconpar François du Crestet ses complices(Voy.la<br />

lettre <strong>de</strong> Berneau roi <strong>de</strong> France du 10 août 1537.Min.orig. Arch. <strong>de</strong><br />

Berne).<br />

4 Le 25févriersuivant,le Conseil<strong>de</strong> Berneenvoyaitauprèsdu roi <strong>de</strong><br />

France le conseillerJost <strong>de</strong> Diesbach,et, le 2 mars, FrançoisIerfaisait<br />

écrire aux Genevoisce qui suit « Auregard <strong>de</strong> JehanPhilippeAn-<br />

« drieu, en faveurduquelvousnousescripvez,nousavonsmandéprésenc<br />

tementà ceulx<strong>de</strong> nostrecourt<strong>de</strong> Parlementà Paris nousinformerdu<br />

c caspour lequelil est détenuprisonnier.Et aprèsquenousl'auronsen-<br />

«tendu,nousvousferonssavoirce que nousen pourronsfaire. (Lettre<br />

datée<strong>de</strong>Moulins.Mscritorig.Arch. <strong>de</strong> Genève.)NéanmoinsAndréPhilippeétait<br />

encoreprisonnierà Paris le 16avril (Voy.plus loin la lettre<br />

<strong>de</strong> Pierre Lizet à Dubourg,chancelier<strong>de</strong> France,datée <strong>de</strong> Paris le 16<br />

avril).


1538 JEAN CALVIN A HENRI BOLLINGER, A ZURICH. 367<br />

685<br />

JEAN calvin à Henri Bullinger, à Zurich.<br />

De Genève, 21 février 1538.<br />

Inédite. Autographe. Archives <strong>de</strong> Zurich.<br />

Sommaire. Je n'ai pas le loisir <strong>de</strong> vous dépeindre la situation déplorable <strong>de</strong> notre<br />

église mais <strong>les</strong> hommes <strong>de</strong> bien a qui j'ai remis cette lettre suppléeront & ma<br />

brièveté. Quoiqu'ils n'aient peut-être pas remorqué la source même du mal et <strong>de</strong>viné<br />

<strong>les</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>seins <strong><strong>de</strong>s</strong> pervers, ils connaissent assez bien l'état <strong>de</strong> nos affaires. Plût<br />

à Dieu qu'il nous fût possible <strong>de</strong> nous entretenir librement avec vous pendant une<br />

journée J'aurais, en effet,4 vous confier <strong><strong>de</strong>s</strong> choses que la pru<strong>de</strong>nce nous défend<br />

d'écrire et qui réclameraient une discussion approfondie. Le rétablissement <strong>de</strong> l'ancienne<br />

discipline ecclésiastique r jurrait seul, £ mon avis, assurer la durée <strong>de</strong> notre<br />

église; or nous n'avons pu encore obtenir ni l'usage <strong>de</strong> l'excommunication,ni la<br />

division da la ville en paroisses. On voit en nous <strong><strong>de</strong>s</strong> prédicateurs plutôt que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pasteurs. D'autres réformes urgentes ne 3e réaliseront qu'à l'ai<strong>de</strong> d'efforts collectifs.<br />

Oh! si l'on pouvait enfin inaugurer entre <strong>les</strong> églises la Concor<strong>de</strong>désirée Qu'est-ce<br />

qui empêcherait alors la réunion d'un syno<strong>de</strong> général, od l'on adopterait <strong>de</strong> concert<br />

<strong>les</strong> mesures <strong>les</strong> plus convenab<strong>les</strong>, en <strong>les</strong> faisant, au besoin, confirmer par <strong>les</strong> Vil<strong>les</strong><br />

et <strong>les</strong> Princes évangéliques?<br />

Peïïiean et Grynans nous ont annoncé que <strong>les</strong> Suisses ont reçu une réponse tris'<br />

bienveillante <strong>de</strong> Luther. Veuillez nous en donner le résumé. L'église [


368 JEANCALVINA BULUNGER, A ZURICH. 1538<br />

ero tibi mo<strong>les</strong>tas. Etsi enim ipsam fortè mali scaturiginem non<br />

anùnadverterunt, nec quorsum ten<strong>de</strong>rent improborum conatus,<br />

ipsa tamen rerum facies qualis esset non obscuré pérspexerunt.<br />

Utinam verô dies unus ad liberam commentationem nobis daretur!<br />

In<strong>de</strong> enim, ut spero, non disce<strong>de</strong>retur sine ingenti fructu.<br />

Habeo certè quaenec literis complecti nos tutô posse vi<strong>de</strong>o, nec à<br />

nobis, nisi maturè ultro citroque expensa et discussa,transigi.<br />

Hoc tamen obiter indicabo, mihi vi<strong>de</strong>ri nos diuturnam ecc<strong>les</strong>iam<br />

non habituros, nisi restituta in integrum antiqua illa, hoc est, apostolica<br />

disciplina,quaeapud nos in multis partibus <strong><strong>de</strong>s</strong>i<strong>de</strong>ratur. JVbndum<br />

extorqnerepotuimus, ut pura sanctaque postliminio reduceretur<br />

excommunicationisobservatio ut urbs, quaeest pro'amplitudinis<br />

su» modo populosissima,in parœcias distribueretur 3.Quemadmodum<br />

enim fertur confusanea haec administratio, vutgus hominum<br />

concionatores nos magis agnoscit quàm pastores. Alia sant permulta,<br />

quae cum emendata vehementer cupiamus, nullam inire<br />

possumus rationem, nisi id agatur communi et fi<strong>de</strong> et studio et<br />

industria. 0 si pura synceraque tan<strong>de</strong>m inter nos concordia sanciri<br />

queat! Quid enim tune impediret, quominus publica aliqua synodus<br />

cogeretur, ubi singuli quid ecc<strong>les</strong>iis suis maxime conducat<br />

proponerent, ratio ediciendi communi ratione dispiceretur, et, si<br />

opus foret, civitates ac principes etiam, mutua et hortatione se<br />

adjuvarent, et authoritate confirmarenti Sed in tanta perplexitate<br />

magis rogandus est Dominus, ut viam expédiât.<br />

Lutheri responsionemad vos pervenisse admodum benignam et<br />

amicam Pellicanm nobis indicavit4; qua Grynœus sibi multam<br />

spem fieri obtinendaepacis altera ex parte testatur 5.Sed ea qualis<br />

sit, nondum rescire potuimus. Quœ, ob propinquilatem, ecc<strong>les</strong>ia<br />

nobiscumomniaposset opportunissimèemmunicare, nullo unquam<br />

apiculo nos dignata est8.Tu, si qua se offeret occasio, non gravaberis<br />

summam saltem nobis exponere. FareUus te salutat. Saluta-<br />

Voyezplushaut <strong>les</strong> pages156à 161,le N° 647,n. 3 et le N° 680,<br />

n. 17.<br />

8 Acompareravecla note 9 du N° 602.<br />

4 Cette lettre <strong>de</strong> ConradPdlican aux pasteurs<strong>de</strong> Genèven'existe<br />

plus.<br />

6 Allusionà la lettre <strong>de</strong> Qryncemà Calvindu 12févrierprécé<strong>de</strong>nt<br />

ÇS*681).<br />

9Allusionaux pasteurs<strong>de</strong> Véglise<strong>de</strong> Berne.La lettre <strong>de</strong> Lutherdu<br />

1« décembre1587était parvenue<strong>dans</strong>cettevillele 26janvier 1588.


1538 GUILLAUME FARELACONRAD _w~ PELLICAN, Aa--v. ZURICH. 309 -vU'<br />

bis meo nomine non vulgariter fratres mihi in Domino-colendos,<br />

tuos cellegasPellicanum, Leonem, Bibliandrum Praeterea, Phrisiuin<br />

8. Dominosvos omnes in regni sui propagationem incolomes<br />

servetl Genevae,ii Februar. 1538.<br />

Calvinus totns mus.<br />

(Inscriptio:) H. Bailingero Tigurin» ecc<strong>les</strong>iœ yigflantissimo<br />

pastori, fratri et symmistaemihi observando. Tiguri.<br />

686<br />

GUILLAUMEFAREL à Conrad Pellican, à Zurich.<br />

De Genève, 22 février 1538.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong>de</strong> Zurich.<br />

Sommaire. Vincent,qui a conféré avec nous, était certainement digne <strong>de</strong> votre re-<br />

commandation. Les bonnes nouvel<strong>les</strong> que vous nous donnez au sujet <strong>de</strong> Luther<br />

nons ont remplis <strong>de</strong> joie. Fasse le Seigneur que la Concor<strong><strong>de</strong>s</strong>oit durable et sincèrement<br />

acceptée! Toutes <strong>les</strong> églises <strong>de</strong>vraient prendre en considération la discipline<br />

primitive, qui a été abolie, mais dont le rétablissement est indispensable a l'édification<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> fidè<strong>les</strong>. Bucer, Capiton, etc., jugeaient <strong>de</strong> diverses manières le silence<br />

prolongé <strong>de</strong> Luther. Aujourd'hui ils doivent être fort satisfaits <strong>de</strong> sa réponse.<br />

En revanche, il nous vient d'ailleurs <strong><strong>de</strong>s</strong> choses qui nous navrent et qui troublent<br />

notre églùe. Non-contents <strong>de</strong> leurs propres querel<strong>les</strong>, ils [<strong>les</strong> Bernois] en suscitent<br />

chez <strong>les</strong> autres sans s'inquiéter <strong><strong>de</strong>s</strong> périls auxquels ils exposent l'Évangile. Le bon<br />

Vinrent n'a rien négligé pour nous encourager i la patience. Les épreuves que<br />

7 Léon Ju<strong>de</strong>, collègue <strong>de</strong> Bullinger, et Théodore Buchmann (en latin<br />

Biblian<strong>de</strong>r), né à Bischofzell en Thurgovie (1509) et professeur <strong>de</strong> théologie<br />

exégétiqne à Zurich <strong>de</strong>puis le mois <strong>de</strong> janvier 1532. La liste <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

nombreux ouvrages <strong>de</strong> Btblian<strong>de</strong>r se trouve <strong>dans</strong> la c Schola Tignrinorum<br />

Caroîina, » 1664,p. 72, 78. Bullinger disait <strong>de</strong> lui: «Haud scio,<br />

num [isto] aliud hodie festivius, eruditius et majori pollens judicio, vivat<br />

ingenium.<br />

T. iv. 24<br />

» Voyez J.-J. Hottinger, op. cit. m, 421, 638, 889. Teissier,<br />

Eloges <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes savants. Ruchat, II, 467, VII, 50.<br />

s Jean Frim, principal dn collége <strong>de</strong> Zurich (NM 569, note 1; 616,<br />

note 6).<br />

Ai


370<br />

GUILLAUME FAREL A CONRAD PELLICAN, A ZURICH. Î538<br />

nous infligent nos concitoyensne sont pas moins pénib<strong>les</strong>. Mais c'est le Seigneur<br />

qui nous impose cette croix notre <strong>de</strong>voir est <strong>de</strong> la porter avec soumission.<br />

Les pieux frères qui vous remettront ma lettre veulent s'arrêter quelque temps<br />

<strong>dans</strong> votre ville et chez d'autres frères <strong>de</strong> l'Allemagne. Ils pourront vous dire<br />

combienil est nécessaire que nous soyons soutenus par <strong>les</strong> prières <strong><strong>de</strong>s</strong> frères, afin<br />

que nous exercions dignement notre saint ministère et que le peuple en retire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

fruits. Deux <strong><strong>de</strong>s</strong> Anglais nous ont quittés, il y a peu <strong>de</strong> jours, pour retourner à<br />

Zurich; Os nous ont tous édifiés. ils seront, je t'espère, uti<strong>les</strong> <strong>dans</strong> le champ du<br />

Seigneur.<br />

S. Gratiam et pacem a Deo Qiiem val<strong>de</strong> commendas, dignum<br />

sanè Vincentium l vidimus, frater charissime, ac am[icè] contulimus<br />

cum eo, habemusque tibi gratiam omnes, quod nobis <strong>de</strong>pinxeris<br />

tam christianum pectus; ne [1. nae] si peccatum f[uit], in<br />

non excipiendo tanto fratre milltô magis fuisset. Dominus multos<br />

ejusmodi suscitet verè pios, disturbatis tot fucis, quibus omnia<br />

plena sunt Mira affecti fuimus lœtitia <strong>de</strong> us quae scribis <strong>de</strong> Lutero2.<br />

Faxit Dominas, uLtan<strong>de</strong>m plena constet concordia et tam<br />

firma, quàm est ad aedificationemomnium necessarial Plarimùm<br />

expediret ut constituta a[ntea] dispicerent omnes ecc<strong>les</strong>iae super<br />

disciplina, quas prorsûs sublata periit, sine qua nemo non vi<strong>de</strong>t<br />

non poss[e conjstare ecc<strong>les</strong>iarum aedi6cationem.Christus suorum<br />

tangat corda, ut huic incumbant! Capitoet Bucerus,alii,repu[gnantes]<br />

fuere propter tam diu dilatum Martini responsum 3; sed nunc<br />

puto abundè factum esse satis per literas Martini, quas vellemus<br />

communes omnibus; ex te tantùm rescivimus. Grynœus aliquid<br />

scripsit.<br />

Aliun<strong>de</strong> habemus quod nos conficiatet ecc<strong>les</strong>iam turbet, non<br />

quod consolationi serviat. Verùm Dominus turbatoribus tantum<br />

excitabit tut'barum, ut satientur plenè. Non satis habent, domi perpetuas<br />

si habent lUes, nisi et aliis tumultus excitent*, nihil veriti<br />

Ce personnagenonsest inconnu.<br />

Pellicanavait donnéà Farel quelquesrenseignementsur la réponse<br />

<strong>de</strong> Lutheraux Vil<strong>les</strong>évangéliques(N° 685,renv. <strong>de</strong> n. 4).<br />

La Confession<strong>de</strong> Foi helvétiqueavait été remise à Luther versla<br />

fin <strong>de</strong> février1587.Étant alors mala<strong>de</strong>,il s'était contentéd'en accuser<br />

réceptionà JacquesMeyer,bourgmaltre<strong>de</strong> Baie.Unelettre <strong>de</strong> Mélanchthon,<br />

datée<strong>de</strong> Smalcal<strong>de</strong>n,le 15marssuivant,avaitannoncéaux Suisses<br />

que Lutherleur répondraitdès qu'il serait guéri (Voy.Lud. Lavaterus,<br />

op. cit. f. 30. Ruchat, V, 12, 13, 14).<br />

U s'agit <strong>de</strong> MM. <strong>de</strong> Berne,dont<strong>les</strong> procédés,tour à tour amicaux<br />

et hosti<strong>les</strong>,avaientencouragé<strong>les</strong> adversaires<strong>de</strong> Fard et <strong>de</strong> Calvin]<strong>de</strong>


1338 GUILLAUME FABEL A CONRAD. PELUCAN, A ZUBICB. 37£<br />

Eoangeliumin discrimen vocare,sic ut pêne profttgahm cùrarint,<br />

quod miré anxium reddidit bonum illum VincenHum, qui miré<br />

laboravit ut nos animaret ad ferenda omnia. Grave esi quod à domesticisest<br />

perferendum; sed Domini est, crucem pro sua bona<br />

voluntate suorum humeris imponere; nostrûm est impositam ferre,<br />

non imponendameligere.<br />

Fratres hi s vos optamnt vi<strong>de</strong>re, ac aliquandiu istic haerere, et<br />

non solùm vos, sed et alios fratres Germaniœ; conversatio eorum<br />

hic fait pia et christiana. Speramus incrementam eos suscepturos<br />

ex impertitione spiritalis gratiaeper fratres, consolatione fi<strong>de</strong>i piorum.<br />

Duo ex Anglis ante aliquot dies hinc solvenmt, ad vos iterum<br />

redituri 6.Sané non parum ad omnium aedificatiunemfecerunt.<br />

Speramus uti<strong>les</strong> futuros in agro Domini, qui gressus tam<br />

piorum fratrum, ut omnium, dirigatl Plaribus non est quôd tecum<br />

agam super rebus nostris, nam ki abundè poternnt referre<br />

quàm sit necesse ut precibus fratrum adjuvemur, ut sua bonitate<br />

nos tueatur et foveat sic, ut nihil admittalur indignum tam sancto<br />

ministerio, quod purum <strong>de</strong>t ut geramus, plebe rursus, ut est Dei,<br />

excipiente cum fructu!1 Valebene ac tecum pii omnes, quos salvere<br />

cupimus in Domino. Salutant te fratres omnes, Caitinus praeeipuè.<br />

Genevae,22 Februarii 1538.<br />

(Inscriptio :) Conrado Pellicano verè pio. Tiguri.<br />

Farellus tuas totus.<br />

«orte que<strong>les</strong> partisans<strong>de</strong> ceux-cipouvaientdire que <strong>les</strong>Bernoisvoyaient<br />

avecun secret plaisir<strong>les</strong> troub<strong>les</strong><strong>de</strong> Oenève(X°*672,n. 14;677,renvois<br />

<strong>de</strong> n. 4-6, et note 36).<br />

6 C'étaient probablement<strong><strong>de</strong>s</strong> Évangéliquesfrançais, réfugiésà Genève.<br />

4 Jean Butler et BarthélemiTrehernétaient arrivés<strong>de</strong> Zurichà Genève<strong>dans</strong><strong>les</strong><br />

premiersjours <strong>de</strong> novembre1537(NM665, 689).


aœ<br />

CHRISTOPHE PABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 153$<br />

687<br />

Christophe FABRIà Guillaume Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 23 février 1538.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Nenchâtel.<br />

Somkaikb. Nous avons tons été si agités, <strong>de</strong>puis la tragédie <strong>de</strong> Bipaitle, que non»<br />

n'avons rien fait avec ordre. A présent nous nons occupons sérieusement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

paroisses qu'il faut ponrvoir <strong>de</strong> pasteurs, et <strong>de</strong> l'organisation dn consistoire qui<br />

nous a été accordé. Cette nouvelle institution a excité une gran<strong>de</strong> fureur chez nos<br />

adversaires. Nous sommes presque assurés d'obtenir tout ce que nous avions <strong>de</strong>mandé<br />

aux commissaires bernois, ceux-ci ayant remis à notre Bailli la décision,<strong>de</strong><br />

l'affalre.<br />

Je voudrais avoir un entretien avec vous au sujet <strong>de</strong> la présentation <strong>de</strong> Pariât<br />

et <strong>de</strong> Qesseronen qualité <strong>de</strong> pasteurs, et aussi pour vous parler <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong><br />

choses importantes mais je dois attendre que Froment soit revenu <strong>de</strong> Berne. La<br />

ils <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt<br />

bourgeois[<strong>de</strong> Thonon] se sont plaints <strong>de</strong> ce qu'ils ont <strong>de</strong>ux pasteurs,<br />

que je sois renvoyé, a cause <strong>de</strong> ma sévérité excessive,<strong>de</strong> mon <strong><strong>de</strong>s</strong>potisme, etc. Jesouhaiterais<br />

<strong>de</strong> cultiver un autre champ, quoique celui-ci ne soit pas tout à fait<br />

stérile. é<br />

S. Ripaliensis hœc tumultuosa tragcedia nos omnes asque a<strong>de</strong>è<br />

turbavit, nt hactenus confuse om nia tractaverinras l. Nunc verè<br />

1 Pendant la nuit du 14 au 15 février précé<strong>de</strong>nt, une trentaine d'hom-<br />

mes armés, -et qui étaient venns dn Faucigny par ta vallée <strong>de</strong> la Dranse,<br />

avaient envahi le prieuré <strong>de</strong> Ripaille, près <strong>de</strong> Thonon, enlevé l'argent et<br />

<strong>les</strong> chevaux <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> et <strong>de</strong> Gauchier Farel et<br />

poursuivi<br />

leur domestique<br />

en criant: c Attends, traitre, méchant, enseigne-nous où il est ton maître<br />

Farel. M* <strong>de</strong> St.-Pail et cinq chanoines, Messires Noël <strong>de</strong> Bonetr<br />

Bolet Maistrasat, Jacques Mèrmet, Jean- François Mercier et Clau<strong>de</strong> du Prè\<br />

habitaient encore le prieuré. D'après la déposition du susdit Maislreeaty<br />

quelques-uns <strong><strong>de</strong>s</strong> assaillants criaient: tue, tuel et <strong>les</strong> autres disaient aux<br />

chanoines Taysé-vous, l'ong ne vous feraz poënt <strong>de</strong> mal. Si vous voilés<br />

venir <strong>de</strong>moré en nostre pats. nous vous ferons grand' chère. »<br />

Quatre jours plus tard, Gaspard MetziUen, bailli d'Évian pour f es Va-<br />

Ni*.<br />

4


1538 CHRISTOPHEPABRI A GUILLAUMEPANEL, A GENÈVE. 373<br />

toti in hoc smnus ut porœdis, saltem ils quas toties commendasti,<br />

probè consulatar, et Consistorio nobis merito Dei ampfificato in<br />

ordinem omnia digerantur 2. Qaod non parvum gignit paroxysmum<br />

adversoriis, a<strong>de</strong>ô ut nunqaam fllis vel ipso visa graviores<br />

faerimus; honun conatus et reliqua omnia abondé rescies à duoètts<br />

fratribus tui8 » et meis in Domino. Qaumnil à legatis4 im-<br />

petratum putaremus, omnia ferè impetravimus, sed in spe quae<br />

tamen vana non est, quum omnia Prœfecto implenda tradi<strong>de</strong>rint.<br />

Dlom verô quotidie ad hoc urgemus, sed at licet singulatim nonnulla<br />

fiant.<br />

De accersendis ministris Pariato et Gesserono5, velim vobiscum<br />

agere, nam totns honreo. Et nisi me impedivissent h» turbaes,<br />

mox isthuc concessissem,ut scripseras; brevi verô id <strong>de</strong>creveram,<br />

at <strong>de</strong> multis seriis qui<strong>de</strong>m vobiscum agerem; verùm Frumenlus<br />

proximè Bernam (sic) rediturus est,quamobrem abesse non licebit<br />

commo<strong>de</strong>. Conatus nostri non potuerunt emcere ut domum illi<br />

impetraremus T,nedum conditionem dignam. Cives quoque conqussti<br />

sunt quùd duo hic simus8, royantes ut me. ablegarent plus<br />

œqtto rigidum, qui omnia meo nutu velim tractare, et id genus<br />

•<br />

laisans,annonçaitau bailli <strong>de</strong> Thononque Vévêque<strong>de</strong>Lausanne,réfugié<br />

<strong>dans</strong> le Faucigny(Voy.N° 592, n. 11),avait été l'instigateur <strong>de</strong> cette<br />

audacieuseexpédition.(«Ich erkon<strong>de</strong>tdurch ein heimlichspech,vie<br />

es ist czugang dan in Fussiny,darch dm bischoffvonLosen, <strong>de</strong>r die<br />

czyt ist in Fussinygesin.» Lettre datéed'Évian,xrnn Februarii (1588).<br />

Arch. vaadoises.)AussiMM.<strong>de</strong> Bernese plaignaient-ils,le 23 février,à<br />

la comtesse<strong>de</strong> Genevois,<strong>de</strong> ce queRipmUeavaitété saccagé«par praticque<br />

<strong>de</strong> feustl'évesque<strong>de</strong>Lausanne» (Voy.<strong>les</strong>WeltscheMissiven-Buch,<br />

vol. B, f. 62 b. Arch. bernoises^– L'enquête faite à Thonon,<strong>les</strong> 15et<br />

16février15S8,par le lieutenantJean Liffortet <strong>les</strong> syndics<strong>de</strong> Thonon.<br />

Arch. vaudoises).<br />

Lesconsistoires ne furent d'abordétablisque<strong>dans</strong> un certain nomtre<br />

<strong>de</strong> paroissesroman<strong><strong>de</strong>s</strong>(Voy. le N° 652et la lettre <strong>de</strong> Bernedn 15<br />

avril 1538au Conseil<strong>de</strong> Neuchatel).<br />

Clau<strong>de</strong>et GauchierFard.<br />

Le 5 janvier Berne avait envoyé<strong>de</strong> nouveauxdéputés<strong>dans</strong>le <strong>pays</strong>,<br />

romand,pour yrégler l'emploi<strong><strong>de</strong>s</strong>-bien ecclésiastiques.«<br />

GérardPariât figure <strong>dans</strong> <strong>les</strong> lettres précé<strong>de</strong>ntes,mais nousignorons<br />

<strong>les</strong>antécé<strong>de</strong>nts<strong>de</strong> Oesaeron.<br />

Voyezla note 1.<br />

7<br />

Voyesle N*670,-renvoi<strong>de</strong> note 5, et RuchatvIV,463.<br />

•Depuis quelquesmois,Fabti avait v<br />

un collègue<strong>dans</strong>la. personne<strong>de</strong><br />

Jffwntnt*


374 CHRISTOPHE FABWA GUILLAUMEFAREL, A GENÈVE. 1538<br />

multa, quœcunque prias excogitata tune more sao dëtegebant.<br />

Quid verô illis responsum faerit, ignoro. Sed optarim, si citra<br />

offendiculam liceret, feliciàs aliam excolere agrum, qaamvis hic<br />

non-sit omnino sterflis; at vix tan<strong>de</strong>m tam grave pondus substinere<br />

potero. Vale, salutato Ccdvino,OHvetano,Sonerio, Choraudo,<br />

etc. Salutant vos omnes. Tononii,23 feb. 1538.<br />

&<br />

Tans Christof.[orus] Ljbertinus.<br />

(Inscriptio:) Chariss. Farello suo. Genevae.<br />

688<br />

CHRISTOPHEfabri à Guillaume. Farel, à Genève.<br />

De Thonon, 28 février 1538.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong>Neuchâtel.<br />

Sommaiks. Granier a passé ici, avant <strong>de</strong> partir pour Lausanne, et il m'a prié <strong>de</strong><br />

l'excnser auprès <strong>de</strong> vous <strong>de</strong> ce qu'il avait simulé un voyage a Lyon, afin qu'on ne<br />

sût pas a Genève qu'il voulait retenir Morand [a Cullyt] et, <strong>de</strong> là, se rendre à<br />

Moudon pour s'y marier. Il me paraît avoir <strong>de</strong> bons sentiments si cons l'admettions<br />

au ministère, il nous offrirait plus <strong>de</strong> garanties que ces moines ignorants dont le*<br />

eommùaaAre»bernois veulent foire <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs. Nous <strong>de</strong>vrions prévenir <strong>de</strong> pareil<strong>les</strong><br />

nominations en nous hâtant <strong>de</strong> placer <strong>dans</strong> <strong>les</strong> paroisses <strong>les</strong> plus importantes quel-<br />

ques frères recommandab<strong>les</strong> au moins par leur piété. Je n'tii rien négligé pour<br />

affermir Qrmier <strong>dans</strong> son attachement à l'Évangile, et j'ai approuvé la démarche<br />

qu'il veut faire auprès <strong>de</strong> Morand. Examinez entre vous s'il convient <strong>de</strong> <strong>les</strong> retenir<br />

ici, et <strong>dans</strong> quel<strong>les</strong> localités ils seraient le mieux à leur place.<br />

S.GranerM8l,Lausannam profecturus,hac transiit, rogans ut ad<br />

te scriberem, ne*ta, Calvimùset alii fratres offeodantur quod sic<br />

solverit, se Lugdunumitoram simulans apud vos, ne quis sciret<br />

• l Petft-ôtrePierre Gratter, quiest mentionnépins haut(N*666,reœr.<br />

<strong>de</strong>n. 14).


1 538 CHRISTOPBB PABR1 A GUILLAUME PÀREL, A GENÈVE. 375<br />

quôd Morandum* retinere <strong>de</strong>crevisset, atque fllinc Meldwwm*<br />

conce<strong>de</strong>re, nxoris qaaerendaegratiâ. Id sanè flli expedire vi<strong>de</strong>tor,<br />

nec omnino inutilis esset ministerio, si ab uxore quietior red<strong>de</strong>retur<br />

est enim boni animi, ut arbitror, tutiùsque admitteretur<br />

quàm imperiti ac stolidi quilibet monachi quos legati intru<strong>de</strong>re votant,<br />

modo sciant legere. Quumque alia via ecc<strong>les</strong>iis prospici<br />

nolint, satins vi<strong>de</strong>retar ut praeoccuparemus loca potiora atque<br />

periculo propinquiora aliquot piis et securis fratribus, et si non admodum<br />

doctis: Agnovi animnm illius Granerii hac ten<strong>de</strong>re; ipse<br />

verô ad retinendum hominem nnllnm non movi lapi<strong>de</strong>m, a<strong>de</strong>ô ut<br />

potins moriturum se dixerit, quàm ad vomitum redire, ant in patriam.<br />

Qnum vi<strong>de</strong>rem per alinm meliùs retineri non posse Morandum,<br />

quàm per eum, quantum licait hanc commisi flli provinciam.<br />

Tu rescribito quid potins judicaveritis inter fratres, an hîc retinendi<br />

sint et quibus locis apti essent an aliô amandandi, quamvis<br />

(ut dictum est) hue tendat illius et (ut arbitror) a/temwquoque<br />

animus. Scripseram literas ad Gironum5, quas Frumentus tibi<br />

communicaturus erat, sed isthac non transibit. Vale, salntatis omnibus.<br />

Omnes vicissim vos salutant. Thononii, raptim inter negocia.<br />

28 feb. 1538.<br />

` Tans Christoforus.<br />

(Inscriptio :) Chariss. Farello suo. Genevae.<br />

Le docteurJean Morand(N->674,n. 16).<br />

La ville <strong>de</strong> MoudonentreLansanneet Payerae.<br />

Nous ne savonssi Qranierreçut un emploi<strong>dans</strong>le Chablais.Quant<br />

à Jean Morand,il fut nommépasteurà (hUy,petitevillevandoisedtnée<br />

au borddn lac <strong>de</strong> Genève,entre Lausanneet Vevey.Voyezla lettre que<br />

lui adressale Conseil<strong>de</strong> Genève,le 24 avril 1538(N°703).<br />

15Pierre Gfircn,chancelierdu gouvernementbernois.


376<br />

JEAN BUTLER ET BARXHÉLEfiD TREHBRKA JEAN CALVIN. 1538<br />

689<br />

JEAN butleb et BABTHÉLEMI trehern à Jean Calvin.<br />

(De Zurich? vers le commencement <strong>de</strong> mars 1538.)<br />

Inédite. Manuscrit orig. Bibl. Publ. <strong>de</strong> Genève. Vol. n° 113.<br />

SoHHAiBB.Nous avons éprouvé beaucoup <strong>de</strong> chagrin en vous quittant. Nous regrettons,<br />

en effet,d'être privés d'une société que l'agrément <strong>de</strong> votre caractère et <strong>de</strong><br />

vos entretiens nous rendait si douce, et &laquelle, pour rien au mon<strong>de</strong>, nous n'aurions<br />

renoncé, si nous avions pu vous être uti<strong>les</strong> en quelque chose. Malheureusement,<br />

nous nous sentions impuissants à soulager <strong>les</strong> ennuis que vous suscitent<br />

certains insensés. Mais vous possé<strong>de</strong>z Jésus-Christ, le consolateur; il vous rendra<br />

la paix et vous fera triompher <strong>de</strong> vos ennemis.<br />

Saluez M. Farel, cet homme au cœur intrépi<strong>de</strong>, aussi distingué par son savoir<br />

que par sa piété, MM. Olivétèmet da la Fantôme, et votre frère. Mille salutations<br />

<strong>de</strong> la part <strong>de</strong> nos compatriotes.<br />

Eruditissimo viro sibique multdm charissimo D. Johanni Calvino<br />

Johannes Butlerus et Bartbolomaeus Trehernius, tw à>.r(frj<br />

xczpœ" iv XPcc;<br />

Ita nobis posthac laetaomnia accidant ut nobis gravem dolorem<br />

attulit haec nostra à te digressiot. Tametsi enim non. admodum<br />

diuturna, ut speramus, futora sit, tamen tanta ingenii suavitate,<br />

tanta colloqttiorumdulcedine nos, vel ad horas aliquot, fraudari<br />

non doierenon possumus. Nec illud interim animum nostrum mediocriter<br />

angit, ne sint qui patent nos muscas imitari, que, cum<br />

sstate diligenter adsint, ubi hiems ingrait, aufugiunt. Nos certè,<br />

si qua in re te juvare potuissemns,neque ulla voluptas abs te avocasset,<br />

neqae ullum pericalam abstraxisset. Enimvero major est<br />

1 Butteret Tréhern,arrivés à Gtmboeau commencement<br />

<strong>de</strong> novembre<br />

1687,en étaient repartis pour Zurich versle 18 février1588(N°666,<br />

renv. <strong>de</strong> n. 9, àcompareravecle N*686,renv. <strong>de</strong> n. 6).


1688 CHRISTOPHEEABBI AGOILt&mœ FARBL»A GBNÈ¥S. 377<br />

hœetristitia quamtibi maté sana quorunâamingénia attulerunt2,<br />

quàm ut eam nos lenire possîmns. Sed habes qui quicquid animotao<br />

nebularom obortom est, sa» consolationisradiis facile dispellat,<br />

g»?»*'nsffoûv. Is tibi red<strong>de</strong>t laetamtranqnillitatem; is hostes tuos<br />

fan<strong>de</strong>t fugabitque; is te tù£ô£u>? 0pi»f*S£û


378<br />

CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1538<br />

confier <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> églises, et prévenir ainsi <strong>les</strong> mauvais choix qu'on ferait &<br />

notre insu. Ne vous inquiétez pas <strong><strong>de</strong>s</strong> ingrats qui s'efforcent <strong>de</strong> chasser <strong>les</strong> ministres<br />

par la faim. L'état <strong>de</strong> choses dont vous gémissez changera bientôt <strong>de</strong> face.<br />

On parle d'une disputepublique contre <strong>les</strong> Anabaptiste» qui doit avoir lieu prochainement<br />

£ Berne. Froment et Alexandre sont partis pour cette ville, assez à la<br />

légère, comme c'est leur habitu<strong>de</strong>.<br />

S. Recepi binas ex te titeras, quibus exordîne non vacat respon<strong>de</strong>re,<br />

ob literas Prœfecti, qu[as rapjtim exoravimus in gratiam fratrum<br />

ad regem nostrum i, tam ob p[rc£cipitem]Gaucherii discessum.Cavebimus<br />

à pesteilla, quam nufoquam sujspicati fuissemus*.<br />

Gau<strong>de</strong>o tamen nullas à me itti traditas literas, etsi urgeret me<br />

supramodum ut patronum agerem Meldunum pro obtinenda<br />

JoannaK Rogo te, mi frater, ut quotquot isthic reperies boni<br />

animi [et] mediocris doctrinae, hue otiàs mittas precipuis proefiliendos<br />

ecc<strong>les</strong>iis quas nisi mature occupaverimus, vereor-ne,<br />

inconsultis nobis, offendiculismox oppleantar et lupis pro pastoribus<br />

5. Quid a<strong>de</strong>ô cn[ncta]ndum est in re tam séria? Siniïe ingratos<br />

qui, regnoDomini indigni, fame ministros pellere wnanPur, quitta<br />

gladioaut igne non au<strong>de</strong>ant Hoc dico, qnôd pauci illis sufficiant<br />

qui [erecta] utcunque ad tempus tneantur; nam brevi immutabuntur<br />

hsec sinistra. Dominus tristitiam vestram in gaudium féliciter<br />

immutabil.<br />

Vale, salutatis omnibus. Prœfectus accepit proximè [fulujram<br />

disputationem publicam Bernœ adversùs catabaptistas1; si diem<br />

1A notre connaissance,il n'existeaucunecopie <strong>de</strong> cette lettre écrite<br />

par Nicolas <strong>de</strong> Diesbaehà François I, en faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> Évangiliques<strong>de</strong><br />

France.<br />

GauchierFareU<br />

Ce doit être une allusionà [Pierre?]Granier(Voy.N°688,renvois<br />

<strong>de</strong> note 1, 2, 4).<br />

Le nom<strong>de</strong> famille<strong>de</strong> cettepersonnenousest inconnu.<br />

6 Acompareravec le passagedu N°688où Fabrt parle <strong>de</strong> quelques<br />

moinesignorantsdont <strong>les</strong> députésbernoisvoulaientfaire <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs.<br />

Est-ce une allusionaux nouveauxmagistrats<strong>de</strong> Genèveouà MM.<br />

<strong>de</strong> Berne(Voy.N° 686,u. 4) ?<br />

Dans une lettre écrite <strong>de</strong> Bernele 12février 1538,Jean Bheïïican<br />

donnaitdéjà cette nouvelleaux ministres<strong>de</strong> Zurich.Le 7 mars,, même<br />

année,il leur écrivaitencore « Disputatiocnm Kaxo-fkMmçaî; primodie<br />

Lunœ [scil. 11*Marthl inchoabitur.Sulcerusdisputationiscausaper Senatom<br />

nostrumaccersitus, hoc ipso die appulit» (Mscr.orig. Arch.<strong>de</strong><br />

Zurich. Ott, or. cit. p. 96).


1538 SIMON GRYNjEUS A G. FAREL BTAi. CALVIN, A GENÈVE. 379<br />

nosti signtëcato mihi. Frumentus et vle.xaTt<strong>de</strong>rsatis mconsattè, ut<br />

soient, Bernam iverant. Mo<strong>les</strong>té fero, quôd Qaufâm Ofic non<br />

offen<strong>de</strong>rint. Vale, salutato Calvino et omnibus. Tononii raptim.<br />

4Hart. 1S389.<br />

691<br />

Tans Christofords.<br />

Simon GRYiraus à G. Farel et à J. Calvin, à Genève.<br />

De Baie, 4 mars 1538.<br />

Inédite. Autographe. Bibl. Publ. <strong>de</strong> Genève. Vol. n° 11£.<br />

Somhaibe. Vos plaintes excè<strong>de</strong>nt Us Bernois. L'excessive défiance que voua avez<br />

conçue contre aux, vousentraîne, je !s crains, 4 mal interpréter tout ce qu'Usfont.<br />

Je ne puis, en effet, souscrire au jugement défavorable que vous, Calvin, vous portez<br />

sur <strong>les</strong> pasteurs [Kuniz et Meyer\. Dans leurs lettres, ils s'expriment très-ami*<br />

calement à votre égard quand nous <strong>les</strong> exhortons â la concor<strong>de</strong>,ils nous répon<strong>de</strong>nt<br />

qu'il n'existe entre eux et vous que <strong>de</strong> légers dissentiments, et qu'ils sont prêts<br />

t faire droit aux reproches qu'on pourrait leur adresser. Votre lettre, mon cher<br />

Calvin, révèle, au contraire, une très-vive irritation. Le support mutue<strong>les</strong>t-il doue<br />

si difficile à <strong><strong>de</strong>s</strong> cœurs chrétiens, et nous serait-il permis, aussitôt qu'on résista &<br />

nos exigences, <strong>de</strong> pous croire victimes <strong>de</strong> l'orgueil et <strong>de</strong> l'injustice d'aufrui?<br />

A vrai dire, <strong>les</strong> manières grossières <strong>de</strong> Kuniz ne me plaisent nullement-,mais<br />

quand je considère sa.droiture, le zèle avec lequel il remplit ses fonctions, je ne<br />

saurais lui refuser le titre <strong>de</strong> frère. Tenez compte <strong>de</strong> son caractère, <strong>de</strong> l'éducation<br />

qu'il a reçue, et vous comprendrez pourquoi sa ru<strong><strong>de</strong>s</strong>se, son mépris <strong><strong>de</strong>s</strong> fonnes,<br />

Clau<strong>de</strong> Fard?<br />

9 Olivier Perrot a écrit cette note inexacte au dos <strong>de</strong> la présente lettre<br />

c JL536. Mars, et, comme Calvin y est mentionné, il en a conclu<br />

(Biographie mscrite <strong>de</strong> Farel) que l'arrivée <strong>de</strong> CaMn à Genève <strong>de</strong>vait<br />

être placée en mars 1586. Cette conclusion est erronée. Choupard n'a<br />

pas été pins heureux en écrivant^ à son tour, c 4» May 1586» au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous<br />

<strong>de</strong> la note <strong>de</strong> Perrot. L'ensemble <strong>de</strong> cette pièce exige absolument, le. millésime<br />

<strong>de</strong>- 1688, et le passage relatif aux Anabaptiste?- (¥byw n- suffirait<br />

seul à le démontrer. *


380 SMON GRY&EUS A G. FAREL ET A S. CALVIN, A GENÈVE. 1 538<br />

vous ont choqué dès la première entrevue. Je réclame donc <strong>de</strong> celui qui nous a si<br />

bien exposé la philosophie chrétienne plus <strong>de</strong> générosité et cette humeur traitable<br />

qui nous est plus nécessaire t .ujourd'buique jamais. Voyeznotre ami Farel, qu'on<br />

disait jadis un peu violent il commence,au prix <strong>de</strong> vous, i s'adoucir. Dites-vons<br />

un seul instant que Pierre Euntz est votre frère, et je vous garantis que ses défauts<br />

se transformeront à vosyeux; tout au moins, vous le jugerez avec indulgence<br />

vos critiques même seront exemptes d'hostilité. N'êtes-vons pas tons <strong>de</strong>ux serviteurs<br />

<strong>de</strong> Jésus-Christ et enfants du Dieu <strong>de</strong> charité? En nous séparant <strong>de</strong> vous,<br />

il n'y a pas longtemps, nous avions la consolante conviction que vous étiez réconciliés<br />

avec <strong>les</strong> porteurs bernois; nous vous exhortions à vous expliquer fraternelle-<br />

ment avec eux chaque fois que <strong><strong>de</strong>s</strong> médisants essaieraient <strong>de</strong> vous désunir. Le<br />

Seigneur ne permettra pas, je l'espère, qu'un différend personnel cause du dommage<br />

à son Église. n a voulula diversité <strong><strong>de</strong>s</strong> charges, <strong><strong>de</strong>s</strong> caractères et <strong><strong>de</strong>s</strong> sentiments,<br />

en vue <strong>de</strong> l'harmonie,et non <strong>de</strong> la discor<strong>de</strong>. Tout vient <strong>de</strong> Lui et doit tendre<br />

i Lui. Imitez donc, moncher Calvin, votre collègue Farel, qui gagne en douceur,<br />

à mesurequ'il avance en âge, et que la mansuétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Christ règle désormais toute<br />

votre conduite<br />

Je vous recomman<strong>de</strong> le porteur <strong>de</strong> la présente il est fils <strong>de</strong> notre bourgmaftre<br />

et il amène <strong>dans</strong> votre ville un enfant qui doit y apprendre le français. Nous avons<br />

engagé Simon Sulzer, récemment arrivé à Berne, i vous rendre tous <strong>les</strong> services<br />

possib<strong>les</strong>.<br />

S. Per Dominum Christum hortor, ut animis hiis quibus par est<br />

esse antistites sacrorum Christi paululùm me audiatis, fratres.<br />

Vi<strong>de</strong>o enim Sathanam sevire potentissimè et conari modis omnibus<br />

nos divellere. Querelœvestrœ sunt Bernatibus plusquamgraves<br />

KVai<strong>de</strong>vereor,ne Sathan praoè vobisillorum facta omnia interpretelur.<br />

Moquin, quo fieri potest ut suspicionibuslam immanibus<br />

laborent apud vos1 Ego certè, ut dicam qaod me charitas jubet<br />

persua<strong>de</strong>re mihi <strong>de</strong> neutro possum quod tu tibi, Calvine, <strong>de</strong> utroque<br />

non persuasam solùm, sed prorsùs, ut vi<strong>de</strong>o, infixum animo<br />

habes Ipsi cum <strong>de</strong> vobisad nos seribunl, vi<strong>de</strong>ntur sentire <strong>de</strong> nobis<br />

optimè.Et moniti à nobis saepe,ut alerent modis omnibus institutam<br />

concordiam, integram esse scribunt, nisi quôd quaedam leviuscula<br />

obrepant, quae nata ex suspicionibus "non ante possint<br />

recipi, quàm fuerint à vobis edocta ac probata 1. Esse paratos vobis<br />

<strong>de</strong> omnibus satisfacere, si quid accusati apud vos fuerint. Haec<br />

Enl'absence <strong>de</strong> lettresadresséespar Foretet Calvinaux pasteurs<br />

bernois;on-peutconsnltersur <strong>les</strong> plaintesqu'ils formulaientcontreceuxci<br />

<strong>les</strong>N- 677et 678.<br />

Nous ne savons pas an juste à quels dissentiments se rapporte cette<br />

allusion. *»


1538<br />

SIMON GRYN/EDS A G. FAREL ET À. JL CALVIN, A GENEVE. 381<br />

ipsi <strong>de</strong> vobis scribunt; un<strong>de</strong> liquidum est, sic esse erga vos animatos<br />

ut qui sint amicissimé.<br />

Tuam contra scriptnm, Calvine charissime, Iongè est infensissimum4.<br />

Ah! Jesu Christe, quis dabit nobis sensum hune, ut fratri,<br />

ob communem Ecc<strong>les</strong>iaeutilitatem, etiam aliquid <strong>de</strong> nobis nostroqae<br />

jure conce<strong>de</strong>re parati simus? Nasqaam gentium, Iocorum,<br />

temporum, tam bene composita unquam capita duo fileront, qn»<br />

nisi parata fuissent, ob Christi Jesn reverentiam, etiam stultis et<br />

insipientibus per omnia se subjicere, adversarüs et inimicis benefacere,<br />

quin omne fôdus in Christo Jesa semper fnerint raptari!<br />

Est ulique fllud non Christian!spiritus et animi a<strong>de</strong>ô nihil ferre à<br />

fratre velle. Jesu Christe, citiùs mille ecc<strong>les</strong>ias dissipabimus quàm<br />

unam colligamas, nisi omnia fratrum vitia djssimulare parati samus.<br />

Vitia dico, qualia sunt qnaevos atique disjungant, quia torvé<br />

respondit, tumidè et inOatè agit vobiscum. Qnid, mi Calvine, si<br />

nos <strong>de</strong> nobis tam raultum sentimus, ut nisi alias tribuat quantum<br />

postalamus nos dari nobis, misse superbus ipse et injurius vi<strong>de</strong>atur<br />

?<br />

Mhi, ut dicam quod sentio, mores C&ntzeniimprobantur sunt<br />

enim perquam rusticani; at cum vi<strong>de</strong>o animi proposiium et fi<strong>de</strong>m<br />

hominis quantumvis inculH et erga eccleaiamsedulitatem, non possum<br />

certè fralrem a6jicere. Cur non inspicimus naturam hominis,<br />

car non etiam cœlum cur non gentem, car locum un<strong>de</strong> natus<br />

est in Alpibus mediis 5? Certè cam talem tecum, in Gallia media<br />

inter eruditissimos à teneris educato, conferas, cor ipso statim<br />

congressu offen<strong>de</strong>re, facile intelliges. Certè sic est negligens officiorum<br />

hujusmodi, ot, naper tecom, nobis presentibus'agens,<br />

qui alioquin scribit nec inepte, nec barbare, solôcismos ac barbarismos<br />

moltos in oratione admiserit. An ego fratrem cordatum<br />

eam ob rem, propter quam à doctis istis prorsùs explodatur, con-<br />

temptim habeam? Et fnerunt etiam oratores quibuscum agebat<br />

non multo colti magis. Quid igiturt ego in faciem, prssente te, ffli<br />

dixi, fustnario dignum esse. Quôd hoc illi tam facile sit mutare,<br />

4 Grynseusfait peut-êtreallusionà la lettre <strong>de</strong> Calvinà Bucer da 12'<br />

janvier précé<strong>de</strong>nt(N°677), où<strong>les</strong> pssteurs bernoisMeyeret Emt» sont<br />

fort maltraités.<br />

Selon,tontes <strong>les</strong> probabilités,Pierrt Kuniz était né à Erlaibaehr<br />

<strong>dans</strong>le Bas-Simmenthal.<br />

Grynaw et Mycojnuss'éisûent rencontrés&•Berneavec Forel `<br />

et<br />

Gbîbt»enseptembre1537(N»661,n. 1, 2).


382 SIMON GRTNiBUS A G. FAREL ET A J. CALVIN, A GENÈVE. 1538<br />

quàm est tibi difficileferre aut quàm facile cuivis animadvertere<br />

ac reprehen<strong>de</strong>re, dignus acerbiore criminatione sit, quàm est tua,<br />

si non naturam mutarit! Verùm quum sic ingenio, sic moribus natarâ<br />

compositi fuere, ipsi saepe bac ruditite commendari apud<br />

suos volant. Ac vobis non torvitas, sed urbanitas ac comitas placet,<br />

quanquam scis tu, mi Calvine, ista quàm fallax hominum humanitas<br />

sit. Ergo in eo qui est in Christo philosophatus tam fœliàter,<br />

sublimiorem certè animum requiro, ut omnibus omnia fieri<br />

possit. Profectô, ars haecest, quaenisi hoc tempore à nobis usurpetur,<br />

mi Calvine,evertet nos prorsùs.<br />

Farellus noster habitus est diu feroculus, sed is incipit prie te mitescere.<br />

Spero in Christo Jesu, etiam te mitiùs cam fratribus acturum.<br />

Deumsanctam, quae virtas est, qaae prsestantia charitatis<br />

cliristianae!Age enim, mi Calvine, existima vel unum tantùm momentam<br />

apud te, fratrem esse tuum Contzenum; juro tibi per<br />

Dominum, te multis <strong>de</strong> causis fratris hujus non solùm non pu<strong>de</strong>bit,<br />

sed etiam quaetibi nunc vitia vi<strong>de</strong>ntur, ea, conversis animis,<br />

jurabis esse virtutes praestantissimas.Rigiditatem dices esse constantiam,<br />

barbariemdices esse simplicitatem; istam officiorumcivi-<br />

lioram neglectam aliqaando honestissimo nomine irarpoipeXcav di-<br />

ces. Ac ut ut maximè landare non possis, aut etiam reprehen<strong>de</strong>nti<br />

non reclamare, tamen mitissimèvitia omnia in fratre tuo germane<br />

interpretabere. Denique, at accuses etiam ac pro merito palàm<br />

reprehendas, certè sine hostilitate, sine omni mentis tui alienatione<br />

facies.Qui enim possibile illud sit ob ullam caasam te verè à<br />

fratre abalienari, quantisper illa tibi cum iUo est conspiratio in<br />

Christo Jesu, patreque Deo communi, sanguis i<strong>de</strong>m,ea<strong>de</strong>mpatria?<br />

0 Jesu Domine, que vincala sunt tua, quibus tu fratres nobis copulas,<br />

spiritus tuus sanctus, tua ossa, tua caro, tuus sanguis 1<br />

0 communitatem, o necessitudinem! Et verô quem non in usum<br />

copulas nos intimè spiritu tao, in cordibus nostris i<strong>de</strong>m dicente,<br />

faciente, laudante, reprehen<strong>de</strong>nte, unum Dominum praedicante ac<br />

?anctificante,in collectum populi tui, ad salutem dissipati gregis<br />

tui, in terrorem immanium lupornm qui gregem tuum parati sunt<br />

vorare, Jesu Christe Domine!1<br />

Nos certè istinc abeuntes in extremo complexu, cum vos dulcissimos<br />

fratres dimitteremus à nobis, non sine gaudio ac solatio<br />

cordium nostrorum reconciliatos, equi<strong>de</strong>m atque equi<strong>de</strong>m istud<br />

7 Voyezla note 6.


1538 SIMON GftYftEUS A G. PAREL ET A J. CALVIN, A GENÈVE. 383<br />

hortabamur, ut ne quid cniqaam cre<strong>de</strong>retur temerè <strong>de</strong> fratre <strong>de</strong>ferenti,<br />

ut si qua offensa contentione incidisset, ipsi placidè inter<br />

vos presentesqae componeritis, ut ne letnm Sathanae regnum faceretis.<br />

Ah! quàm certa cum spe, quàm magno cum gaudio, post<br />

has pollicitaciones discessimus1 Sed qnid ego apud vos multa?<br />

Confidoin DominoChristo hanc tentacionem Sathanae non succe<strong>de</strong>re.<br />

Scio, profundiùs in vobis spiritos Domini virtutis suae sanctae<br />

vim exercet, quàm ut sitis anqaam passuri, ob privatam illam<br />

contentionem,ecc<strong>les</strong>iam Christi <strong>de</strong>trimenlum accipere. Ergo<br />

submittamns nos fratribos, eis prsesertim in quibus muneris est<br />

Christi praestantioris.An enim non veram est hoc c Major qui<br />

sit, is at ministret caeteris?.» Ah1 DomineChriste, quam tu rem<br />

in unionem <strong>de</strong>disti, eâ fac at ne dividamar officiorum,studiornm,<br />

morum, doctrinae ac rerum omnium diversitatem ac distinctionem<br />

Car enim omnes ocali non sant, aut quid pes stolidus ad<br />

ocalam? At tu, Jesa, unum omnium caput es; tuus est unus omnium<br />

donator spiritus; unius omnia membra corporis sunt. Cur<br />

autem oculus sapientiam in pe<strong>de</strong> requirit? car <strong>de</strong>bet ipse supra<br />

sua prospicere? Aut ulla res alia in. Ecc<strong>les</strong>ia reqairitar, quàm it<br />

omnes, sua omnia cum ab uno acceperunt, ad unum tendant<br />

omnia?<br />

Quaesoigitur te, mi Calvine,vel ipsum Farellum mite8centemtum<br />

simul ac canescentemcollegamtuum, nobileDomini instrumeutum,<br />

hac in re imitere, ac instituas omnia pro lenitate spiritus Christi<br />

cum fratre transigere; oro per Jesum Christum. Ego apud illos<br />

Beruates efficiamper virtutem <strong>les</strong>a Christi ut ne vos negligant.<br />

Oremus Dominum utrique fl<strong>de</strong>liter. Dominus Jésus Christus verè<br />

et ar<strong>de</strong>nter flagranti spiritu suo, ar<strong>de</strong>nti charitatis calore et veré<br />

ce<strong>les</strong>ti igne conflatosin onom reddat! Amen.<br />

Is qui has adfert est nostri consuHs filius,pius jnvenis piissimi<br />

viri filius. Venit ex negotio ad vos, quaerens apud quem puer<br />

quem eô adduxit institui apud vos gallica lingna possit. Pater ipse,<br />

quo nemo fi<strong>de</strong>liùsin omni negotio Christi agit, me oravit ut orem<br />

vos operam <strong>de</strong>tis ut rectè paer et piè gallicè instituatur. Valete,<br />

JacquesMeyer\bourgmaltre<strong>de</strong> la ville<strong>de</strong> Bftle.En Inidédiant, le<br />

7-mars1638,son livre intituléc în EvangelimnMarci exporitio,»Myconimappelaitce<br />

magistrat «le père <strong>de</strong> tons<strong>les</strong>hommespîeox. *Msyer<br />

était aussi un protecteur éclairé <strong><strong>de</strong>s</strong> lettres (Voyezson éloge <strong>dans</strong> la<br />

lettre d'Oporinà Vadian du 5 octobre1641. Bibl. <strong>de</strong> 8t.-Qall. lianuscripte<br />

EpistolfiB, t. V, p. 68).


384 LOUIS DU TILLET A CH. D'ESPBVILLE [j. CALVIN], AGENÈVE. 1 538<br />

charissima pectora, fratres dnlcissimi, Farelle et Calvine. 4 MartU38.<br />

Simon Grynjeus, totas vester servus in Domino.<br />

Simon Sullzerus 9 Bernam adüt; is per nos jussns est omne vobis<br />

obsequium in Domino praestare. Valete.<br />

(lnscriptio:) Fratribus in Domino eharissimis Gui. Farello et<br />

Joh. Calvino. Genevae.<br />

692<br />

LOUISDUTTTJ/KTà Ch. d'Espeville [J. Calvin], à Genève.<br />

De Paris, 10 mars (1538).<br />

Copie. Bibl. Impér. Mscr. français. Baluze, 8069-5. A. Crottet,<br />

op. cit. p. 29-49.<br />

Sommaire.Louisda Tillet expose<strong>les</strong>' raisonsquil'ontengagé &rentrer<strong>dans</strong>l'Église<br />

catholique,et il répondaux observationsque cettedémarcheavaitsuggéréesâ<br />

Calvin.<br />

Si ma retraicte en ce pais vous a causé gran<strong>de</strong> fascherie, comme<br />

je l'ai bien cognen par vostre lettre du <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong> Janvier 1, aussi<br />

Simon Sulzer, né le 22 septembre 1508, était fils illégitime<strong>de</strong> Béat<br />

Snkser,prévôt d'Interlaken. n fit ses premières étu<strong><strong>de</strong>s</strong> à Lucerne, et,<br />

grâce à la protection <strong>de</strong> Berchtold Haller, il pat <strong>les</strong> continuer avec succès<br />

<strong>dans</strong> <strong>les</strong> universités<strong>de</strong> Baie et <strong>de</strong> Strasbourg. n enseignait la philosophie<br />

à BAIe,lorsqu'il fat appelé à Berne (1533) commeprofesseur <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>langue</strong>s<br />

classiques.Les magistrats <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière ville le chargèrent <strong>de</strong> parcourir<br />

le canton, pour y établir <strong><strong>de</strong>s</strong> éco<strong>les</strong>, et, en 1536, ils le députèrent<br />

au syno<strong>de</strong>d'Yverdon (N*562, n. 2). Pendant le mois d'avril 1538,il visita<br />

<strong>les</strong> églises<strong>de</strong> la Saxe et s!entretint avec Luther, qui le gagna à ses<br />

idées sur la sainte Cène (Voyez l'ouvrage intitulé «Athen® Raurics, »<br />

p. 26. La lettre <strong>de</strong> Martin Frecht à AmbroiseBlaarer datée d'Uîm le<br />

limai 1538.Manuscrit orig. Bibl. <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> St.-Gall. GoUectioncitée,<br />

t. IY,p. 207. J.-J. Herzpg, Encyclopédiecitée, KV, 256K<br />

1 Voyezle IT»680.


'?v-<br />

1 53« LOUIS BP TILLE* A GH. D'ESPBVILLE [i. CALVIN], A GENÈVE. 385<br />

n'en avois-jéjamafe moinspensé, estimant que larompture <strong>de</strong>uoa~e<br />

conversation ££famiHmiîéacoustumée,et principalement moncon»<br />

trevenir au jugement vmtre, ce pourrait ne vous engendrer point<br />

tel ennny. liàis que y eussé-je peu fère? Si, estant par <strong>de</strong>là au<br />

sem <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux années2, ma consciencen'a jamais peu s*appaiser<br />

<strong>de</strong> ce que, sans.certaine vocation<strong>de</strong> Dieu,je me estais retiré<br />

du lieu que ne <strong>de</strong>vais délaisser sans comman<strong>de</strong>ment<strong>de</strong> Dieu,<br />

dont j'ay esté mis en <strong>langue</strong>ur que vous avez ven telle, que, pour<br />

<strong>les</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> et continuel<strong>les</strong> afSictionsque mon esperit en a eu, j'ay<br />

esté faict en tout ce temps-là inutile à toutes choses, n'ay-je<br />

point <strong>de</strong>u penser quele Seigneur n'avoit agréable queje continuasse<br />

ce que, sans luy, j'avais commencé,et que ma faulte ne me seroit<br />

pardonnée tant que je persévérerais en icelle, et que, pourtant, il<br />

me falloitretourner, requérant pardon au Seigneur et [me] présenter<br />

à luy par <strong>de</strong> sa p. <strong>de</strong>çà], pour estre prest à l'y servir en ce<br />

qu'il luy playra ci-après m'employer?<br />

Certes, nulle chose <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong> que j'aye eu à porter en tout<br />

ce temps-là qui m'ait peu estre dure, ou pour la mutation <strong>de</strong> mon<br />

auparavant acoustumée forme <strong>de</strong> vivre, ou pour la <strong><strong>de</strong>s</strong>titution <strong>de</strong><br />

puissance en biens et facultézterriennes (laquelle je puis au vray<br />

dire m'avoir esté plus dure à cause d'autruy que à cause <strong>de</strong> moy),<br />

ne m'a esté mo<strong>les</strong>te pour me mouvoir à m'en revenir, et mesmes,<br />

quand j'en eusse eu à porter sans comparaison plus que Nostre<br />

Seigneur par/sa bonté n'a voulu, si n'ay-je (grâces à luy) jamais<br />

esté <strong><strong>de</strong>s</strong>titué <strong>de</strong> volunté ferme à <strong>les</strong> porter, [ce] qui me faict estimer<br />

qu'il m'en eust tousjours faict la mo<strong>les</strong>tie, quand, pour <strong>de</strong>mourer<br />

par <strong>de</strong>là, je n'eusse [eu] à rabatre que cela, estant, autrement,<br />

en voie que j'eusse veu plaire au Seigneur que je f eusse,et<br />

que pourtant j'eusse eu repoz en luy. Car i! m'a faictgrâce <strong>de</strong> recognoistre<br />

que c'est grand heur <strong>de</strong> porter la croix en le suivant,<br />

et que l'amertume d'icelle à qui le suit n'engendre que douceur.<br />

Maisf affliction<strong>de</strong> consciencefondée en la raison que j'ay <strong>de</strong>vant<br />

diète (par laquelle, ainsiqueje puis voir, Nostre Seigneur m'a voulu<br />

adverfÎF-etcorriger) m'a réduicl à ce que j'ay faict, à quoi nulle<br />

autre chose~nem'euatpeufII81Ier.Pourtant, la crainte estoit vaine<br />

qu'avez èœ*que,cela feust procédé d'offense que m'eussiez faicte<br />

"•-•<br />

LonûrdnTtllefcétait arrivé en Suisseversla fin<strong>de</strong> l'année 1534, et<br />

il avaii résidé à Genève<strong>de</strong>puis le mois <strong>de</strong>-joittet 1536jusqu'au qrofe<br />

d'août 1537(Voy.N",490, n, 2; 56Ô,n. 3; 628Krenv.<strong>de</strong> n. 14; 653,<br />

m.8).v~H..<br />

-o-<br />

~r.~v. 25<br />

iIII-<br />

`


386 LOUIS DU TILLET A CH. ft'ESPEVILLE [j. CALVEHJ, A GENÈVE. 1538<br />

en la conversation qu'avons eu ensemble, oultre ce que aussi<br />

vous ne m'y avez point offensé.Et n'a esté besoing que par pru<strong>de</strong>nce<br />

je vous aie, mais bien vous moy, supporté en cet endroit.<br />

Pourquoy, vous faictes beaucoup mieulx <strong>de</strong> vous confier que telle<br />

cause ne m'a point aliéné ni estrangé <strong>de</strong> vous, comme aussi vous<br />

en pouvez estre tout certain, et que mesmesje ne suis pas aliéné<br />

ni estrangé <strong>de</strong> vouspour m'estre retiré par <strong>de</strong>çà,en tant qu'en,' Dieu<br />

je pourré néantmoinsgar<strong>de</strong>r union et amitié avecvous, ce que <strong>de</strong><br />

tout mon cœur je <strong><strong>de</strong>s</strong>ire estre perpétuellement, et espère que<br />

Dieu le nous donnera estre, encores que, pour un temps, nous<br />

aions en quelques choses jugement divers l'un <strong>de</strong> l'autre, et que<br />

pour cela (possible)luy donne quelque occasiond'aliénation et estrangement.<br />

Je cui<strong>de</strong> que, par l'affaire auquel vous m'estimiez confirmé et<br />

résolu, et par le propos duquel pour telle confirmation et résolution<br />

vous estimiez n'estre nullement possible me <strong><strong>de</strong>s</strong>mouvoir (laquelle<br />

estime, vous dictes, vous avoir causé admiration du faict <strong>de</strong><br />

mon retour), vous enten<strong>de</strong>z l'affaire <strong>de</strong> la Parolle <strong>de</strong> Dieu et<br />

pureté <strong>de</strong> religion, et le propos <strong>de</strong> la suivre et tenir. Et si ainsiest,<br />

vous aviez l'estime <strong>de</strong> moy que je <strong><strong>de</strong>s</strong>ire que vous gardiez encore,<br />

non pas que je me sente l'avoir méritée si gran<strong>de</strong>, peult-estre,<br />

que vous l'aviez conçue, car mon imperfection ne m'est pas du<br />

tout incogneue; si est-ce toutesfois, grâces à Nostre Seigneur, que<br />

mon cœur a vrayment esté résolu <strong>de</strong> plusieurs choses,,queindubitablementil<br />

a cogneuestre <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu et pureté <strong>de</strong> religion,<br />

et a esté affectionnéà <strong>les</strong> suivre et tenir, sans quej'aye démontré en<br />

cela constancene fermeté autre queje- n'eusse, et est encores mon<br />

cœur ainsi résolu et affectionnéautant qu'il fut oncques, et espère<br />

<strong>de</strong> Dieu qu'il le sera <strong>de</strong> plus en plus. Mais telle estime que vous<br />

aviez <strong>de</strong> moy ne vous eust causé admiration <strong>de</strong> mon retour, si<br />

l'eussiez prins selon qu'il a esté fait, d'autant que, à la vérité, il<br />

n'a esté faict aucune chose qui contrarie, selon que l'ay peu congnoistre,<br />

à celle estime. Et ceste admiration me monstre, que vous<br />

avez (pour tenir <strong><strong>de</strong>s</strong> choses résolues que je ne puis approuver)<br />

jugement autre <strong>de</strong> mon retour que, en tant que ma conscience<br />

peut juger, il ne mérite, comme jusque quelque jour vous le congnoistrez.<br />

Si ne veulx-jepas pourtant nier que, es circonstances du faict<br />

démon retour, je n'aie bien commis quelque faute, comme en ce<br />

que rien ne vous en ai communiqué ne déclaré, ne aux autres qui<br />

p


1538 LOUISDUTIELETACB.D'ESPEVILLE [J. CALVIN], AGENÈVE. 387<br />

sont avec vous, jusque après la résolution prinse <strong>de</strong> le faire, et<br />

que vous ai dissimulé <strong>les</strong> cogitations [que]je commancé à en avoir<br />

environ <strong>de</strong>ux mois auparavant que me départisse du lieu où vous<br />

estes 3.Maisimperfection même en fut cause, c'est à sçavoir, la<br />

peur que j'avois <strong>de</strong> n'y profitter rien et d'esmouvoir irritation et<br />

malcontentement entre nous laquelle peur ne me <strong>de</strong>voit retenir<br />

et empescherfère ce qui estoit le plus honeste et meilleur <strong>de</strong> soy.<br />

Ce néanmoins, je pense que tel<strong>les</strong> fautes commises es circonstances<br />

du principal faict soient facilement pardonnées <strong>de</strong> von: si ice-<br />

luy principal faict vous sembloit bon, lequel je pensois fixé que<br />

toujours vous et <strong>les</strong> autres preniez bien; mais s'il ne peult estre<br />

prins équitablement d'aucuns, aussi ne sera-t-il jamais en ce<br />

mon<strong>de</strong> que tous prennent toutes choses ainsi qu'il appartient.<br />

Des raysons quej'ay eu pour cemien faict, si el<strong>les</strong> ne vous sont<br />

fort péremptoires et si vostre conscience se peult estre assez asseurée<br />

<strong>de</strong>vant -Dieu du contraire, certes je vouldrois bien que<br />

mieulxje vous<strong>les</strong> peusseexpliquer, déduire et donner à entendre,<br />

<strong>de</strong> sorte que peussiez voir que ne <strong>de</strong>vez penser estre ainsi asseuré<br />

mais si je ne le puis, il ne faut pas pourtant que, pour suivre<br />

vostrejugement,je délaisse celluy<strong>de</strong> ma conscienceet y contrevienne<br />

mesmementen ce qui est <strong>de</strong> mon faict. Car, comme souvent<br />

par faulse persuasion et asseurance que l'on se peult persua<strong>de</strong>r et<br />

penser estre asseuré <strong>de</strong>vant Dieu d'une chose, combien que <strong>de</strong>vant<br />

Dieu vrayement eUene soit, ainsi nulle conscience ne se doibt<br />

asseurer <strong>de</strong>vant Dieu <strong>de</strong> la seurté qu'un autre se y pense ou dict<br />

avoir, mais fault qu'elle se tienne à celle qu'elle mesmes a <strong>de</strong> Dieu.<br />

Vous sçaviez qu'il est dit que • justus fi<strong>de</strong> sua vivet*, non pas<br />

aliena. Et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux dont l'un a une persuasion et l'autre le contraire,<br />

touchant un mesme faict, et néantmoins chacun d'eulx prétend<br />

que la sienne soit <strong>de</strong> Dieu, d'autant qu'il ne se peult fère que<br />

l'une et l'autre en soient, un chascun d'eulx se doibt bien en<br />

gran<strong>de</strong> humilité et crainte examiner, si, par quelque préjudice<br />

qu'il se soit faict ou passion qui le-posssè<strong>de</strong>, il se tient point pour<br />

asseuré <strong>de</strong> ce qu'il ne <strong>de</strong>vroit et qui est autrement qu'il ne juge.<br />

Car, ainsi qu'il faut que le juste vive <strong>de</strong> sa foy, aussi a-t-il bien à<br />

se donner gar<strong>de</strong> qu'il n'estime en luy estre foy <strong>les</strong> persuasions<br />

> Au mois d'avril 1537. Louis du Tillet projetait déjà un voyage en.<br />

France (N° 628, renvoi <strong>de</strong> note 14).<br />

Romains, chap. I, v. 17.


388<br />

LOUIS DU TlLLET A CH. D'ESPEVILLE [j. CALVIN], A GENÈVE. 153$<br />

qu'il se peut fère au contraire <strong>de</strong> ce qui est <strong>de</strong> Dieu, ne le cuydant<br />

pas. Car Dieu ne donne pas à tous <strong>de</strong> voir en tous temps toutes<br />

choses selon qu'el<strong>les</strong> sont, et l'ange <strong>de</strong> Sathan se sçait bien transfigurer<br />

en ange <strong>de</strong> lumière. Je ne parleré point autrement <strong>de</strong> la<br />

déclaration que vous dictes du faict du bon droict <strong>de</strong> vostre cause,<br />

et ne nieré que aucuns ne soient qui se pardonnent trop facilement,<br />

et aultres qui veulent bien donner entrée à Jésus-Christ par<br />

<strong>les</strong>voies où il ne veult nullement cheminer. Mais il ne fouit doubter<br />

aussi que aucuns ne soient qui, quelquefois, pensent autruy se<br />

pardonner, où il ne le fault point, et autres qui cuy<strong>de</strong>nt <strong><strong>de</strong>s</strong> voies<br />

n'estre point <strong>de</strong> Jésus-Christ, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ne laissent pourtant d'en<br />

estre. Je ne répondré rien pareillement aux propos touchant let<br />

personnagesque sçavez5, sinon qu'il est bien vray que eulx et moy<br />

accordons ensemble en plusieurs choses esquel<strong>les</strong>, <strong>de</strong> vostre part<br />

peult-.estre,vous ne accor<strong>de</strong>riez pas avec nous pour le présent 8.<br />

Maissi pouvezestre asseuré que,pour cela,il n'est point venu d'eiilx<br />

quej'aie estémeu <strong>de</strong> m'en retourner.<br />

Je confessequeje recognoispoitr églises<strong>de</strong> Dieu cel<strong>les</strong>ois je suis<br />

retourné; mais qu'el<strong>les</strong>vous aient ea exécration j'en suis en quelque<br />

double.Car, si aucuns <strong><strong>de</strong>s</strong> membres d'icel<strong>les</strong>, mesmes <strong>de</strong> ceulx<br />

qui y tiennent <strong>les</strong> principaulx lieux, vousont en exécration et vous<br />

imputent plusieurs choses calumnieusement, et, autant que vérité<br />

n'est, font que mesmes tout le reste ou le plus grand part <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

membres d'icel<strong>les</strong> aussi vous a en exécration, je ne scé si je<br />

doibs pourtant dire que <strong>les</strong> églises vous y aient, ou plustot dire<br />

qu'el<strong>les</strong> ont en exécration, non pas ce qui est <strong>de</strong> bon en vostre<br />

doctrine ou en vous, mais ce qu'el<strong>les</strong> oient dire <strong>de</strong> vous (et ont<br />

quelque occasion<strong>de</strong> le croire), pour ce que vous tenez en division<br />

d'avec el<strong>les</strong>, aulien que <strong>de</strong>viez vous y tenir en union en tout ce<br />

que, avec Dieu, il se pourroit fère. Que je ne puisse leur donner<br />

ce tiltre d'églises <strong>de</strong> Dieu que je ne vous tienne pour schismatiqnes,<br />

certes je ne vous veulx dissimuler que, comme je n'ose facilement<br />

et légèrement avoir ceste réputation <strong>de</strong> vous et <strong><strong>de</strong>s</strong>ire en<br />

estimer et parler plus mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tement, considérant, d'une part, let<br />

grâces et dons que Nostre Seigneur a faict à plusieurs d'entre vous<br />

et.le zèle<strong>de</strong> Dieu que vous avez, et, d'autre part, que plusieurs <strong>de</strong><br />

vous contrarient en aucunes choses où ils ne <strong>de</strong>nssent, et pour<br />

6 Buceret Capiton(Yoy.N°680,renv. <strong>de</strong> n. 10-12).<br />

Acompareravecle N6680,note Il.


1538 LOmS DU Tlf.LET A CH. d'eSPEVILLE [j. CALVTnJ, A GENÈVE. 389<br />

icettes-mesmes vous persécutent iniquement et intempérament,<br />

aussi ne puis-je pas voir comme vous serez entièrement nets <strong>de</strong><br />

schisme et [que] quelque blàme ne vous en soit à donner.<br />

Ce que vous jugez <strong>de</strong> ces églises, qu'il y aseulement en el<strong>les</strong><br />

quelques reliques <strong>de</strong> la bénédiction <strong>de</strong> Dieu, ainsi que saint Paul<br />

affermoit <strong><strong>de</strong>s</strong> Israélites, ne me satisfait pas, et ne puis approuver<br />

que vous n'osez <strong>les</strong> comparer aux synagogues <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs <strong>de</strong> peur<br />

<strong>de</strong> faire injure à cel<strong>les</strong>-cyen ne <strong>les</strong> préférant pas aux autres, on<br />

pour le moins en <strong>les</strong> postposant, parce que l'idolâtrie n'y est pas<br />

telle, ne <strong>les</strong>-abominations tant horrib<strong>les</strong>; et aussi peu puis approuver<br />

ce que, afin <strong>de</strong> donner comparaison <strong>de</strong> ces églises plus propre,<br />

vous dictes que leur estat est tel qu'il y avoit au peuple d'Israël<br />

soubz Jéroboam, ou bien soubz Achab, du temps que <strong>les</strong> esperitz<br />

par longue coustume estoient plus corrompuz. Je ne veulx pas<br />

estre en dispute avec vous qui peult engendrer contention entre<br />

nous, d'autant que je <strong><strong>de</strong>s</strong>ire (selon que j'ay <strong><strong>de</strong>s</strong>jà cy-<strong>de</strong>vant dict)<br />

observer avec vous union et amitié perpétuelle, en tant que<br />

avec Dieu fère je le pourré. Mais, pour aucunement vous rendre<br />

rayson <strong>de</strong> ce que je suis en cest endroict <strong>de</strong> divers jugement à<br />

vous, ne vous ne moy n'avons jamais en l'efficacité du baptesme<br />

<strong>de</strong> Jésus-Christ, si ne l'avons eu par le vray ministère <strong>de</strong> Dieu. Et<br />

je croy que ne vcildriez nier non plus que moy que ne l'avons<br />

eu [1.que nous ne l'ayons eu] au baptesme que nous avons receu<br />

par le ministère <strong><strong>de</strong>s</strong> églises où nous sommes néz- et avons estéz<br />

baptizéz, voire dès lors [que] feusmes baptizéz. Car, encores que<br />

lors nous n'eussions le sentiment d'icelle efficace,et que mesmes<br />

<strong>de</strong>puis estre venuz en aage <strong>de</strong> cognoissance elle se soit par plusieurs<br />

années, en faultes <strong>de</strong> assez bonne instruction et selon là<br />

dispensation <strong>de</strong> Dieu, si peu exercée en nous, que nul ou bien<br />

petit sentiment nous en avions, toutesfois il n'est à doubter que<br />

dès lors elle print commancement en nous, et que <strong>de</strong>puis elle y'a<br />

receu ses accroissemens quand et comment il apieu à Nostre Seigneur.<br />

Si vous y avez bien pensé, vous ne pouvez, à mon advis;<br />

dire du contraire avec vostre conscience. Que si, nous recogneissons<br />

avoir receu l'efficacedu baptesme <strong>de</strong> Jésus-Christ es églises<br />

où nous avons esté baptizéz, et ce par le ministère qui y estoit,<br />

puisque cette efficacene se peult recevoir.que par le vray ministère<br />

<strong>de</strong> Dieu, d'autant que telle est sa volonté, il est nécessaire<br />

que nous confessionsle ministère d'icel<strong>les</strong> églises avoir esté vray<br />

ministère <strong>de</strong> Dieu, lequel ministère y persévère et continue. Carie


390 LOUIS DUTTLLET A CB. d'eSPEVILLE [S. CALVHff], A GENÈVE. 1535<br />

mesme ministère qui lors yestoit y est encores et n'en a esté osté.<br />

Et s'il y avoit et a encores vray ministère <strong>de</strong> Dieu en icel<strong>les</strong> églises,<br />

il s'en suit qu'el<strong>les</strong> estoient et sont vraies églises <strong>de</strong> Dieu. Car<br />

où il y a vray ministère <strong>de</strong> Dieu, là y a-il aussi nécessairement<br />

vraye Église <strong>de</strong> Dieu. Or vous sçavez que el<strong>les</strong> sont <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> dont<br />

nous prions, vivans en union avec el<strong>les</strong>, tellement que par <strong>les</strong><br />

unes ont esté et sont églises <strong>de</strong> Dieu; autant en est <strong><strong>de</strong>s</strong> autres. Et<br />

comme nous avons receu en ces églises 17efficacedu baptesme<br />

<strong>de</strong> Christ et <strong><strong>de</strong>s</strong> autres sacremens, quand n'y avons mis obstacle<br />

<strong>de</strong> incrédulité et péché, autant y en a esté et faict à l'endroict <strong>de</strong><br />

tous autres qui, par telle grâce du Seigneur, <strong>les</strong> y ont receuz ou<br />

reçoivent, ce qu'il n'est à doubter y estre selon le bon plaisir <strong>de</strong><br />

Dieu advenu et advenir journellement. Si donc il faut confesser<br />

que <strong>les</strong> sacremens <strong>de</strong> Nostre Seigneur et, par-tant,sa Parole sont<br />

journellement dispenséz avec efficaceen ces églises, comment ne<br />

<strong>les</strong> doibt-on recognoislre pour églises <strong>de</strong> Dieu?<br />

Je ne veulx pas nier que plusieurs ne commettenten el<strong>les</strong> infinis<br />

abus, ne que la Parolle du Seigneur n'y est pas le plut souvent si<br />

purement et sainctement administréz cuazmeil appartiendroit, ne<br />

que <strong>les</strong> idoldtries et abominations fort horrib<strong>les</strong> en aucunes ne<br />

soient commisespar aucuns, ne qu'en toutes n'y ait aujourd'huy<br />

beaucoup<strong>de</strong> corruptions, je n'entens pas quant aux mœurs ou la<br />

discipline seulement, mais aussi quant à la Parolle et <strong>les</strong> Sacremens.<br />

Mais tout cela ne faict pas que pourtant el<strong>les</strong> ne soient églises<br />

<strong>de</strong>Dieu, puisque, ce nonobstant, vrayement et publiquement le<br />

nom <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> Jésus y est invoqué, sa Parole, ses sacremens<br />

dispensés. Car si la publique invocation <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> Jésus qui y<br />

est n'est faictepar tous <strong>de</strong> vray cœur, pour le moins il y en a<br />

bonne partie qui la faict, ainsi encore qu'elle ait beaucoup d'ignorance<br />

et d'imperfection et, partant, beaucoupd'erreurs et <strong>de</strong> faulte.<br />

Et s'il y a <strong>de</strong> la corruption quant à la Parole et quant aux Sacremens,<br />

toutesfois beaucoup <strong>de</strong> la Parole et <strong><strong>de</strong>s</strong> Sacremens ne<br />

laisse pourtant d'y estre vrayement adnoncée et dispensés. Certes,<br />

vous-mesmessçavez [que]ce qui est vrayementadnoncé <strong>de</strong> la Parole<br />

<strong>de</strong> Dieu et dispensé<strong>de</strong> ses sacremens ne peut <strong>de</strong>mourer du tout san»<br />

fruict, quelquepart que ce soit. Parquoy, s'il y en a en ces églises,<br />

ilnefault doàbter qu'il n'y ait aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes esquel<strong>les</strong> il<br />

fructifie et proofite, <strong>de</strong> quoy certainement s'ensuit que ces personnes<br />

y invoquent Dieu <strong>de</strong> vray cœur, quelque ignorance, erreur et<br />

imperfection queencore avec cereDesaient, dontNostre Seigneur


$538 LOTOS-<br />

DUTILLETACH.D*ESPEVILLE<br />

[j. CALVIN],<br />

AGENÈVE.394<br />

<strong>les</strong> purgera ainsy qu'il luyplaira. Et que vrayement S soit adnoneé<br />

<strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu et dispensé <strong>de</strong> ses sacremens en ces églises»<br />

et.que par ce moien il y ait <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes esquel<strong>les</strong> il fructifie, le<br />

tesmoignage du S. Esprit le déclare et confirme assez aux cœurs<br />

<strong>de</strong> ces personnes qui bien y reçoivent la Parole et <strong>les</strong> Sacremens<br />

et en fructifient, p ortans-<strong>de</strong>vrais fruictz <strong>de</strong> piété, et <strong>les</strong> autres le<br />

peuvent recognoistre par la production <strong>de</strong> ces fruictz qu'ils voient<br />

en ces personnes, c'est assçavoir la crainte et invocation <strong>de</strong> Dieu,<br />

l'amour <strong>de</strong> Dieu et du prochain dont sort toute honesteté <strong>de</strong> vie;<br />

mais, oultre ce, il est <strong>de</strong> soy si notoire à tous ceulx qui sçaventl'administration<br />

qui se faict en ces églises, qu'ils ne le pourroient nier<br />

que contre leur conscience. Il est bien vrai que Nostre Seigneur a<br />

donné <strong><strong>de</strong>s</strong> enseignemens ausquel<strong>les</strong> on recognoistroit ceulx qui<br />

soient <strong><strong>de</strong>s</strong> siens, quand il a dict Ovesmeaeverô mea audiunt1;»<br />

mais il n'a pas dict que nulle compagnie en laquelle tous ne soient<br />

telz que <strong><strong>de</strong>s</strong> oreil<strong>les</strong> <strong>de</strong> leurs cœurs ils oient sa voix, ne soit à recognoistre<br />

pour son Église, en tant que entre <strong>les</strong> hommes en ce<br />

mon<strong>de</strong> il la fault recognoistre. Car. selon ceste considération, il la<br />

compare à dix vierges <strong><strong>de</strong>s</strong>quel<strong>les</strong> cinq estoient sages et cinq fol<strong>les</strong>;<br />

et à un retz aiant reprins ensemble bons et mauvais poissons.<br />

J'accor<strong>de</strong> bien qu'une église, pour estre bien ordonnée, ne<br />

<strong>de</strong>ust nul recognoistre pour membre d'icelle duquel elle n'eust<br />

occasion,par l'apparence extérieure, estimer qu'elle oie vrayement<br />

la Parolle du Seigneur; mais si ses pasteurs l'enseignent et<br />

l'ordonnent si mal et qu'il y ait en elle tant d'ignorance et <strong>de</strong> corruption<br />

que autrement soit, laisse-elle pourtant d'estre église <strong>de</strong><br />

Dieu, quand néantmoins il y a en elle administration <strong>de</strong> la Parelle<br />

<strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> ses sacremens et bonne partie du peuple qui vrayement<br />

invoque Dieu, encores qu'il y ait beaucoup d'ignorance;<br />

d'erreurs et d'imperfection? Vous ne trouverez, à mon advis,<br />

passage en l'Escritnre qui le dit ou dont on le puisse inférer, mais<br />

plusieurs qui font au contraire, comme ce que S. Parl diet <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

faultes et erreurs <strong>de</strong> l'église <strong><strong>de</strong>s</strong> Corinthiens et <strong>de</strong> celle <strong><strong>de</strong>s</strong> Galates,<br />

et ce qui est dict es second et tiers chapitre <strong>de</strong> l'Apocalypse,<br />

touchant <strong>les</strong> faultes-<strong><strong>de</strong>s</strong> églises y mentionnées. Si S. Paul. aussi<br />

escripvant à Timothée a nommé l'Église columne <strong>de</strong> vérité, »0<br />

a- parlé(selon quecommunément on l'interprète) nonpas d'une<br />

particulière église, mais <strong>de</strong> la catholique. Car encores que Timo-<br />

«> ><br />

Évsmgf<strong>les</strong>elonSt.Jean^chap.Xj v.S. > (:>: '


392<br />

LOUIS DU TILLBT A CD. ft'ESPEVILLE [/.CALVIN], A GEXÈVE. 1538<br />

thée conversast à l'église <strong>de</strong> Crête qui (en regard à la catholique)<br />

estoit particulière, toutesfois sa conversation estoit,aussi. en la ca-<br />

tholique, d'autant qu'en ceste-cy sont reprinses tontes <strong>les</strong> particulières.<br />

Et certainement l'église catholique est columne <strong>de</strong> vérité,<br />

car le bien uni consentement d'icelle est infaillib<strong>les</strong>oustè[ne]ment<br />

et pleine asseurance <strong>de</strong> vérité. Maisquand on le prendra estre dict<br />

pour l'église particulière en, laquelle Timothée conversoit, c'est,<br />

à mon advis, tout un, parce que vrayement, toutes fois et quantes<br />

qu'une église particulière s'assemble au nom <strong>de</strong> Nostre Seigneur,<br />

en tant qu'elle le faict parce que le Seigneur y est présent, jouxte<br />

ce qu'il a dict Ubi sunt duo aut tres, etc., le consentement<br />

d'icelle est aussi infaillib<strong>les</strong>oustement et pleine asseurance <strong>de</strong> vérité,<br />

parquoy elle peult vrayement estre dicte columne <strong>de</strong> vérité.<br />

Et ne repugne à ce qu'en aucunes y ait beaucoup d'ignorance et<br />

<strong>de</strong> corruption. Car <strong>les</strong> assemblées d'icel<strong>les</strong> se peuvent faire en<br />

partie au nom du Seigneur, et en ce le Seigneur leur assiste et <strong>les</strong><br />

fait columnes <strong>de</strong> vérité; en partie aussi el<strong>les</strong> se peuvent faire en<br />

autre nom, selon que Nostre Seigneur permet que <strong>les</strong> pasteurs y<br />

corrompent et <strong><strong>de</strong>s</strong>guisent sa Parolle ou le souffrent fère à autres,<br />

et que plusieurs y sont transportéz d'affection charnelle ou aveugléz<br />

d'ignorance, et en ce el<strong>les</strong> ne font qu'errer. Maisil y a différence<br />

entre ceulx qui errent ainsi; car <strong>les</strong> uns y errent par ignorance,<br />

mais le cœur néantmoins vrayement a Dieu, tellement que,<br />

s'ils cognoissoient leurs erreurs, ils ne <strong>les</strong> voiddroient fère, et<br />

sont leurs erreurs <strong>de</strong> telle sorte qu'ils ne <strong><strong>de</strong>s</strong>truisent et n'ostent<br />

pas le fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> Christ qui est en ces personnes, mais sont<br />

comme foin et paille adjoustez sur ce fon<strong>de</strong>ment 8, dont Nostre<br />

Seigneur <strong>les</strong> purge comme il lui plaist. Les autres y errent, aians<br />

le cœur entièrement corrampu et <strong>de</strong> telle sorte perverti qu'il n'y<br />

a rien en eulx <strong>de</strong> vraie piété, et ne sont leurs erreurs que pures<br />

hypocrisies ou idolâtries et plaines abominations <strong>de</strong>vant Dieu. Et<br />

pour le regard ou à cause <strong>de</strong> ceulx-cy,jamais tel<strong>les</strong> assemblées ne<br />

se font au nom du Seigneur, si ce n'est en leur condamnation ou<br />

pour leur en admonester, afin qu'ils s'adman<strong>de</strong>nt, mais est pour le<br />

regard et à cause <strong><strong>de</strong>s</strong> autres et <strong>de</strong> ceulx qui s'aman<strong>de</strong>nt et leur<br />

<strong>de</strong>meurent semblab<strong>les</strong>, qu'el<strong>les</strong> se font. Car c'est pour eulx que<br />

Nostre Seigneur y conserve vraie administration <strong>de</strong> sa Parolle et<br />

<strong>de</strong> ses sacremens, nonobstant et avec tout erreur et corruption<br />

8 VoyezI Corinthiens,chap. III, v. 12.


1538 LOUISDUTILLETACB.D'ESPBVILCE<br />

[j. CALVIN],<br />

AGENÈVE.39$<br />

qui y est, afin qu'ils aient communication <strong>de</strong> sa grâce et conviennent<br />

à salut. Ainsi vous voiez que ce que S. Paul a nommé l'Église<br />

< columne <strong>de</strong> vérité ne empesche point que <strong>les</strong> églises<br />

dont nous parlons ne doivent estre recognues églises <strong>de</strong> Christ,<br />

non plus que ce que Nostre Seigneur a dict « Ovesmeae vocem<br />

meam audiunt. »<br />

Quant est du peuple <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs on Israélites et <strong>de</strong> leurs synagogues<br />

au temps que S. Paul en parloit, certes lors ce peuple, combien<br />

que reliques, selon l'élection <strong>de</strong> grâce, en feussent faites,<br />

ainsi que l'escript S. Paul, c'est à dire que aucuns, selon la gratuite<br />

élection <strong>de</strong> Dieu, en vinssent à estre sauvez, toutesfois si<br />

avoit-ilperdu, quant à tout le reste, le tit--e <strong>de</strong> peuple, et ne se<br />

pouvoit plus dire que <strong>les</strong> synagogues d'icelluy feussent compagnies<br />

ou églises <strong>de</strong> Dieu, ne qu'il y eust en icel<strong>les</strong> ministère <strong>de</strong><br />

Dieu, ne par ce moien dispensation <strong>de</strong> sa Parolle et <strong>de</strong> ses sacremens.<br />

Non pas qu'il n'y eust bien (possible) lors <strong><strong>de</strong>s</strong> églises <strong>de</strong><br />

Jésus-Christ, aians ministère <strong>de</strong> Dieu et dispensation <strong>de</strong> ses Parol<strong>les</strong><br />

et sacremens, <strong><strong>de</strong>s</strong>quel<strong>les</strong> tous <strong>les</strong> membres estoient Juifs ou<br />

Israélites, comme fut au commancement la première Église <strong>de</strong><br />

Jésus-Christ en Jérusalem, mais ce n'estoient pas synagogues <strong>de</strong><br />

Juifs ou Israélites, c'est-à-dire assemblées ou congrégations d'eulx<br />

selon leur ancienne forme, ains estoient <strong><strong>de</strong>s</strong> reliques <strong>de</strong> ce peuple,<br />

<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> en estoient venues à salut, selon l'élection <strong>de</strong> grâce, et<br />

avoient délaissé leurs synagogues et constitué nouvel<strong>les</strong> églises <strong>de</strong><br />

Jésus-Christ. Car <strong>les</strong> Juifs ou Israélites qui recevoient la foy <strong>de</strong> Nostre<br />

Seigneur n'avoient plus à adhérer à leurs synagogues pour y<br />

trouver et avoir Dieu,maisfalloitqu'ils passassent oultre et vinssent<br />

à constituer nouvelle Église <strong>de</strong> Cbrist ou se joindre à cel<strong>les</strong> qui estoient<br />

jà constituées et y adhérassent, pour y avoir Dieu et la participation<br />

<strong>de</strong> son Esprit en Christ, estans par iceUuy uni? en-une<br />

saincte et universelle Église avec tous <strong>les</strong> enfans <strong>de</strong> Dieu. Et tous<br />

<strong>les</strong> Juifs ou Israélites qui ne vouloient recevoir ceste foy et par cemoien<br />

venir à l'Église <strong>de</strong> Christ, ains s'arrestoient à leurs synagogues,<br />

d'autant qu'ils rejetoient le Christ, ils estoient délaissez et.<br />

rejetez <strong>de</strong> Dieu, eulx et toutes <strong>les</strong> synagogues qu'Os faisoient; et<br />

avoient <strong>les</strong> fidè<strong>les</strong>en Christ à se retirer d'iceUes synagogues, non.<br />

pas qu'il ne leur feust licite,en y preschant on confessantle Christ,<br />

d'y convenir et d'user <strong><strong>de</strong>s</strong> indifférentes par soy observations d'icel<strong>les</strong>,<br />

afin <strong>de</strong> gaigner leurs frères et <strong>les</strong> attirer à Christ, tant<br />

que Dien leur en donnoit espérance, mais en ce qu'ils ne se dé-


394 LOUIS DU TILLET A CH. D'ESPEVILLE [S. CALVIN], A GENÈVE. f538<br />

monstrassent estre encore atten<strong>dans</strong> le Christ, comme s'il n'estoit<br />

venu, et, partant, n'avoir aultre testament et ministère <strong>de</strong> Dieu<br />

que l'ancien, et ainsi consentir à cenlx qui dénioient et résistoient<br />

le Christ. Or si le peuple d'Israël, du temps que S. Paul affermoit<br />

reliques en avoir esté faictes selon l'élection <strong>de</strong> grâce, avoit quant<br />

au reste perdu le tiltre <strong>de</strong> peuple <strong>de</strong> Dieu et n'estoit plus à recognoistre<br />

pour tel, et si <strong>les</strong>églises<strong><strong>de</strong>s</strong> pais oit je suis retourné sont<br />

aujourd'huy églises <strong>de</strong> Dieu, nonobstant <strong>les</strong> abus et erreurs qui se<br />

font en el<strong>les</strong>, et par ce moien doivent estre recogneues pour peuple<br />

<strong>de</strong> Dieu, il s'en ensuit certainementque cen'est assezdéjuger ou<br />

dire aujourd'huy d'el<strong>les</strong>qu'il y <strong>de</strong>moure <strong><strong>de</strong>s</strong> reliques <strong>de</strong> la bénédiction<br />

<strong>de</strong> Dieu, ainsi que S. Paul disoit du peuple d'Israël reliques en<br />

-avoir esté faietesselon l'élection <strong>de</strong> grâce.<br />

Bien est vray qu'en ces églises, tous ceulx qui en sont, et par<br />

un temps, selon qu'ils vivent ou sont enduréz, en doivent estre publiquement<br />

recogneuz pour membres, ne sont pas <strong><strong>de</strong>s</strong> éleuz <strong>de</strong><br />

Dieu pour estre sauvés en gloire éternelle et <strong>de</strong>mourer en perpétuelle<br />

participation <strong>de</strong> la saincte Église <strong>de</strong> Dieu, car plusieurs en<br />

périssent (en quel sens se peult dire mesmes <strong>de</strong> ces églises ce<br />

que S. Paul disoit da peuple d'Israël, que seulement <strong><strong>de</strong>s</strong> reliques<br />

en sont faicteset sauvéesselon l'élection <strong>de</strong> grâce). Mais, par ce<br />

que j'ay déduict, il me semble qu'il est clair à voir qu'il ne s'en<br />

doibt dire en tel sens que j'entens bien que vous voulez, c'est<br />

qu'on <strong>les</strong> juge n'estre point églises <strong>de</strong> Dieu, et que seulement<br />

quelques reliques en sont faictes selon l'élection <strong>de</strong> Dieu, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong>,<br />

quand communication <strong>de</strong> grâce <strong>de</strong> Dieu leur est faicte, ont à<br />

se retirer <strong>de</strong> la communion d'icel<strong>les</strong> églises, comme d'églises <strong>de</strong><br />

Sathan, et ont à fère autres nouvel<strong>les</strong> églises extérieures qui<br />

soient <strong>de</strong> Christ, ou se joindre à cel<strong>les</strong> qui en auront esté faictes,<br />

ainsi qu'il a fallu <strong>les</strong> reliques du peuple d'Israël, qui en ont esté<br />

sauvées <strong>de</strong>puis le Nouveau Testament, se retirer <strong>de</strong> leurs synagogues<br />

anciennes; selon que nous avons.dict, pour recommencer et<br />

constituer nouvelle Église extérieure <strong>de</strong> Christ, ou se joindre et<br />

adhérer à cel<strong>les</strong> qui jà en estoient faictes et constituées. De ma<br />

part, je ne sçaurois ainsijuger <strong>de</strong> ces églises que contre ma conscience<br />

ains comme vous-mesmes, selon que j'estime, jugez que<br />

le peuple <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs estoit peuple <strong>de</strong> Dieu et à recognoistre pour<br />

tel au temps prochain <strong>de</strong> l'advénement <strong>de</strong> Christ et que Christ<br />

nasquit, et jusques à ce qu'il eut institué sa nouvelle Église et estably<br />

son Nouveau/Testament(car lors ce peuple avoit ministère


4538 LOUIS DU TOLbET A CH. D'ESPBVILLE [j. CALVBïj, A GENÈVE. 305<br />

<strong>de</strong> Dieu, doctrine et institutions <strong>de</strong> Dieu), combien que, par le<br />

mauvais levain et perverses traditions <strong>de</strong> ceulx qui tenoient le ministère<br />

<strong>de</strong> Dieu au temple en Jérusalem, beaucoup <strong>de</strong> la doctrine et<br />

institution <strong>de</strong> Dieu feust corompnet que infinies erreurs et impie»<br />

téz s'y commissent. Aussi, comme jugez que ceulx que Nostre Seigneur<br />

se réserva en ce peuple <strong>de</strong> ce temps-là (comme il n'est à<br />

doubter qu'il s'y en réserva plusieurs), qui 9 n'eurent pas, pour <strong>les</strong><br />

abus et impiétéz que <strong>les</strong> aultres commettoient, à se séparer <strong>de</strong><br />

leur temple et <strong>de</strong> la communion d'icelluy quant à,tout ce qui y estoit<br />

<strong>de</strong> Dieu, ne à se fère autre temple, ne dresser autre ministère<br />

et autres institutions que cel<strong>les</strong> qu'ils avoient <strong>de</strong> Dieu, <strong><strong>de</strong>s</strong>quel<strong>les</strong><br />

néantmoins la plus gran<strong>de</strong> part du peuple abusoit, mais eurent,<br />

pour persévérer en Dieu et vivre selon luy,à se tenir à icelle, convenir<br />

au temple et obéir au ministère, en observant chascun selon<br />

sa vocation ce qui estoit <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> sa Loy, et en se gardant<br />

toutesfois <strong>de</strong> tout abuz et impiété et <strong>de</strong> tout ce qui estoit contraire<br />

à Dieu et à sa Loy, d'autant qu'ils le pouvoient comprendre,<br />

ainsi je croy que ces égliseschristianes dont nous parlons sont églises<br />

et peuple <strong>de</strong> Dieu et à recognoistre tel<strong>les</strong>,puisqu'el<strong>les</strong> ont ministère<br />

<strong>de</strong> Dieu, doctrine et institution <strong>de</strong> luy, combien qu'il y ait<br />

aussi beaucoup <strong>de</strong> corruption et y soient faitz plusieurs grands<br />

abuz et impiétéz; et croy que <strong>les</strong>vrayment craignam Dieuet aians<br />

leur vocationen ces églisesn'ont, s'ils veulentpersévérer en Dieu, à<br />

<strong>les</strong> délaisser, ne à se séparer <strong>de</strong> la communion d'icel<strong>les</strong> en tout ce<br />

qui est <strong>de</strong>Dieu, maisà's'y tenir et à y convenir en bien observant,<br />

chascun selon sa vocation, ce qui est <strong>de</strong>Dieu et <strong>de</strong> sa loy évangélique,<br />

et en se gardant tmtesfois <strong>de</strong> tout abuz et impiétéet <strong>de</strong> tout ce<br />

qu'ils peuvent comprendreeslre contraire à Dieu et à sa loyécangélique.<br />

Touchant <strong>de</strong> comparer ces églises aux synagogues<strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs qui<br />

sont à présent (car, à mon advis, vous enten<strong>de</strong>z [en] parler), je ne<br />

voudrois pas repprouver que ne le osissiez comparer ensemble,<br />

mais seulement je ne puis approuver la rayson pour laquelle vous<br />

dictes ne l'oser fère, ne la comparaison que néantmoins vous en<br />

faictes. Car<strong>de</strong> ce que j'ay <strong><strong>de</strong>s</strong>jà déduict, il me semble bien apparoir<br />

estre. fort vray que nul<strong>les</strong> synagogues<strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs, Bon-seulement qui<br />

soient aujeurd'hny, mais qui aient esté <strong>de</strong>puis restablissement^u<br />

Nouveau Testament et <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ne ont voulu recevoir Je Christ*<br />

t., f~<br />

• Hsuffit <strong>de</strong> supprimerquipour rendre la phrasecorrecte. • •••


396 LOUIS DU TILLET A CH. d'ESPEVILLE [l. CALVINj, A GENÈVE. 1538<br />

ne sont aucunement à comparer à ces églises non pas qu'on fist<br />

injure à icel<strong>les</strong> synagogues <strong>de</strong> ne <strong>les</strong>préférer ou <strong>de</strong> <strong>les</strong> postposer à<br />

ces églises, mais parce que ces églises sont <strong>de</strong> Dieu et ont ministère<br />

<strong>de</strong> Dieu, et [que] icel<strong>les</strong> synagogues, aians refusé <strong>de</strong> recevoir<br />

leur Christ et l'aians occiz, ont tousjours <strong>de</strong>puis esté rejetées<br />

et aliénées <strong>de</strong> Dieu et entièrement sans aucun sien ministère,<br />

quelque lecture qu'el<strong>les</strong> aient retenu <strong>de</strong> la lettre <strong><strong>de</strong>s</strong> Escriptures.<br />

Que s'il se commet <strong>de</strong> l'idolâtrie et abomination fort horrible en<br />

ces églises et qui soit en une considération plus gran<strong>de</strong> et exécrable<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong>plaisant à Dieu que celle qui se commet aux synagogues<br />

judaïques, c'est à sçavoir, d'autant qu'elle est commise mesmes<br />

en Église <strong>de</strong> Dieu, et pourtant est <strong>de</strong> plus grand offense, et<br />

est commise par ceulx ausquels a esté faicte plus <strong>de</strong> grâce, et<br />

pourtant il y a plus d'ingratitu<strong>de</strong> envers Dieu et le péché en est<br />

plus grief, toutesfois si ne sont pourtant <strong>les</strong> synagogues judaïques<br />

à préférer ou à non postposer à ces églises,puisque cel<strong>les</strong>-cy sont,<br />

ce nonobstant, <strong>de</strong> Dieu et cel<strong>les</strong>-là n'en sont nullement, et, par<br />

conséquent, en cel<strong>les</strong>-cyy a dispensation <strong>de</strong> la grâce divine et <strong>de</strong><br />

salut et l'y peult-on recevoir et y adhérer, ce que plusieurs font.<br />

Parquoy ils produisent beaucoup <strong>de</strong> bons fruictz, c'est à dire <strong>de</strong><br />

sainctes et dignes œuvres en Dieu, encores qu'il y ait aussi en<br />

eulx beaucoup d'ignorance, d'erreurs et beaucoupd'autres imperfections<br />

dont Dieu <strong>les</strong> purge et ne le leur impute, ne laissant pour<br />

cela <strong>de</strong> <strong>les</strong> avoir agréab<strong>les</strong>, eulx et leurs bonnes œuvres. Au contraire,<br />

en cel<strong>les</strong>-làn'y a'rien <strong>de</strong> Dieu et ne se peult rien fère qui<br />

soit vrayement bien faict ne agréable à Dieu, car tout y est mal et<br />

abomination, tant s'en fanlt que leur soit commun le bien qu'on<br />

peut voir encore en ces églises.<br />

Pour venir maintenant à l'autre comparaison <strong>de</strong> l'estat <strong>de</strong> ces<br />

églises à celui qui estait au peupled'lsraël du temps<strong>de</strong> Jéroboamou<br />

<strong>de</strong> Achab, il est vray que le peuple d'Israël estoit lors peuple <strong>de</strong><br />

Dieu et qu'il y avait en icelluy merveilleuse corruption, hor<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

idolâtries et gran<strong><strong>de</strong>s</strong> abominations, tellement que la plus part du<br />

peuple s'estoit <strong><strong>de</strong>s</strong>voié <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> sa vraye religion. Et d'au<br />

tant que <strong>les</strong> églises dont nous parlons sont maintenant églises et<br />

peuple <strong>de</strong> Dieu, et que en icel<strong>les</strong> y a gran<strong>de</strong> corruption et par<br />

x plusieurs se commettent idolâtries et abomination, je ne vouldrois<br />

pas nier queen cela ne peult bien estre faicte quelque comparaison<br />

<strong>de</strong> ces églises au peuple d'Israël qui lors estoit; mais je ne sçaurois<br />

pas pourtant accor<strong>de</strong>r estre dict querestat qui est à présent


1538 LOUIS DIT TILLET A CH. d'ESPEYILLE [j. CALVUf], A GENÈVE. 397<br />

<strong>de</strong> ces églises soit semblable à eeDnyqui lors estoit an peupled'Israël,<br />

ainsi que je voy bien que l'enten<strong>de</strong>z, c'est à dire que la publique<br />

forme <strong>de</strong> religion qui est en ces églises soit-<strong>de</strong> soi-mesmes<br />

contre Dieu, mauvaise et abominable, ainsi que celle qui fat inventée<br />

et érigée en ce peuple-là par Jéroboam et <strong>de</strong>puis suivie,<br />

maintenue et adjoutée par Achab. Bien ne vouldrois-jepoint a/ferv<br />

mer que,par advanture, i/ n'y ait en aucunes <strong>de</strong> ceséglises,enla publiqueforme<br />

<strong>de</strong> religion qu'elle observe, quelque chose inventée et<br />

érigée qui est mesmes peult-estre <strong>de</strong> soy mauvaise et contre Dieu,<br />

comme aussi ne vouldrois-je pas <strong>de</strong> mon seul sens et témérairement<br />

juger s'il y en a, ou discerner ce qu'il y en a; mais si ainsi<br />

est qu'il y en ait, tout le reste pourtant n'est pas tel, et ce qui l'est<br />

ne peult pas corrompre le <strong>de</strong>mourant ne le rendre tel. Toute la<br />

forme <strong>de</strong> religion dressée et introduite par Jéroboam et par Achab<br />

au peuple d'Israël estoit entièrement <strong>de</strong> soy mauvaise, quelque<br />

couleur qu'ils luy peussent bailler, car elle estoit mise sus contre<br />

la manifeste Parolle <strong>de</strong> Dieu et sa défense expresse, qui ne vouloit<br />

pour ce temps-là autre publique forme <strong>de</strong> religion estre receue <strong>de</strong><br />

son peuple que celle qu'il luyavoit baillée et prescrite au temple<br />

en Jérusalem. Celle qui est en ces églises est par soy bonne,<br />

.j'entends toute celle qui est, qui peult servir à exciter <strong>les</strong> hommes<br />

à recognoistre et révérer Dieu, à désirer grâce et salut <strong>de</strong> luy, à<br />

avoir <strong>de</strong> plus en plus ferme foy en luy et ar<strong>de</strong>nte charité, tant envers<br />

luy que envers <strong>les</strong> prochains, à gar<strong>de</strong>r tonte discipline lioneste,<br />

ordre et police <strong><strong>de</strong>s</strong> églises; bref, toute celle forme <strong>de</strong> religion<br />

qu'ont ces églises qui peut servir à bien est <strong>de</strong> soy bonne, et<br />

ne fault doubter qu'elle n'ait esté instituée <strong>de</strong> Dieu, si nompar la<br />

bouche <strong>de</strong> Jésus-Christ mesmes ou <strong>de</strong> ses Apostres, toutesfois par<br />

son esprit, ouvrant p. œuvrant] es autres bons pasteurs ou serviteurs<br />

<strong>de</strong> Dieu, qui l'ont introduite en ces églises. Car Nostre Seigneur<br />

Jésus qui est vena? non pour estre un législateur comme<br />

Moise,mais pour fère grâce et charité, donnant son Évangile, a<br />

seulement voulu par soy-mesme instituer quelques sacremens<br />

pour estre commun à toutes ses églises, sans en rien plus constituer<br />

certaine forme externe <strong>de</strong> religion à laquelle tous feussent<br />

astramtz, mais a donné puissance à ceulx auxquels il a baillé le<br />

ministère <strong>de</strong> ses églises d'ordonner en icel<strong>les</strong> toutes choses y conçernans<br />

édification, et par ce moien d'y instituer et retenir, outre<br />

ses sacremens, certaine forme publique <strong>de</strong> religion, ta changer<br />

ou corriger, ainsi qu'il peult estre expédiant selon le tempsvpour


388 LOOIS DU TILLETÀ CB. D'ESPEVtLLE [1. CAL~rMî], A GENÈVE. tS3S<br />

l'édificationd'icel<strong>les</strong> églises et la promotion du règne <strong>de</strong> Dieu. Et<br />

ce qu'ils font par ceste puissance (qu'il fault estre vrayement prenant<br />

à la fin que nous avons dicte, car autrement il ne procé<strong>de</strong>roit<br />

<strong>de</strong> ceste puissance, mais <strong>de</strong> tirannie et abuz), il ne se peult (puisque<br />

ceste puissance est <strong>de</strong> Jésus-Christ) dire qu'il ne se soit faict<br />

par l'esprit <strong>de</strong> Jésus et <strong>de</strong> sa Parole.<br />

Il peult bien estre (selon que <strong><strong>de</strong>s</strong> choses qui, pour le regard <strong>de</strong><br />

leur institution, <strong>de</strong> soy sont bonnes et ont esté ordonnées à bien,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> hommes souvent en abusent et <strong>les</strong> tournent à mal) qu'il soit<br />

aujourd'huy expédient <strong>de</strong> changer ou corriger en ces églises plusieurs<br />

tel<strong>les</strong>chosespour l'abus qu'on y commetet qu'on <strong>les</strong> tourne<br />

à mal. Et doivent ceulx qui le cognoissent le remonstrerouil se appartient<br />

et par vocation,mais non pas pourtant ou condamner tel<strong>les</strong><br />

chosescomme<strong>de</strong> soy mauvaises,ou <strong>les</strong>fère changer ou corriger par<br />

voienon légitime; ains, tant qu'il plaintà Nostre Seigneur n'ouvrir<br />

cestevoie, on <strong>les</strong> doibtcependantendurer, en usant en bien et condamnant<br />

l'abuz qui s'y faict, en le déclarant et admonestant un<br />

chascun tant qu'on peult par vocation <strong>de</strong> s'en gar<strong>de</strong>r. Qu'il n'y ait<br />

beaucoup <strong>de</strong> gens en ces églises qui se conduisent ainsi au mieulx<br />

qu'ils peuvent, selon la cognoissanceque le Seigneur leur donne<br />

et la grâce <strong>de</strong> fortification qu'il leur faict en leur infirmité, il ne se<br />

peult dire qui ne le diroit contre ce que l'expérience en monstre<br />

à ceulx qui veulent bien juger, et qui ne diroit une église <strong>de</strong> Dieu<br />

pouvoir estre sans qu'il y ait membres d'icelle qui vrayement craignent<br />

et aiment Dieu. Mais <strong>de</strong> tous ceux du peuple d'Israël qui<br />

adhéroient à la religion dressée et observée par Jéroboam et<br />

Achab,il ne peult estre dict que aucun feust qui d'icelle usast<br />

en bien; car, puisqu'elle estoit toute <strong>de</strong> soy mauvaise, instituée en<br />

mal et contre Dieu, il ne se pouvoit faire que aucun en usast autrement<br />

qu'en mal, et que quiconque en usoit n'eust délaissé la<br />

crainte et amour <strong>de</strong> Dieu ou en feust du. tout <strong><strong>de</strong>s</strong>nué. Vous voiez<br />

doncques qu'il n'y a ordre <strong>de</strong> fère comparaison <strong>de</strong> l'estat qui estoit<br />

au peuple <strong>de</strong> Israël du temps <strong>de</strong> Jéroboam on Achab à celluy qui<br />

est aujourd'huy en ces églises, comme s'il y avoit convenance<br />

en impiété entre la publique forme <strong>de</strong> religion que Jéroboam et<br />

Achab avoient introduite au peuple d'Israël et celle qui est en ces<br />

églises.<br />

Je vous pry, estimezqueje ne vous escrips ces chosessinon qu'en<br />

Dieuje <strong>les</strong>puis voir et juger, le suppliant <strong>de</strong> tout mon cœur, si en<br />

quelque chose je y faulx, qu'il soit son bon plaisir me départir <strong>de</strong>


1538 LOUIS DU TILLET A CE. d'ESPBVILLE [i. CALVIN], A GENÈVE. 389<br />

sa lumière pour mieulxadresser ma veue et assoir mon jugement,<br />

afin que je n'adhère on m'appuie jamais en aucune, chose qui ne<br />

soit <strong>de</strong> sa vérité, comme je me confie qu'il m'assistera <strong>de</strong>.sa grâce<br />

à cest effecl Et je vous supply aussi, considérez en pareille affection,<br />

<strong>de</strong> vostre part, si cequej'escrips ne convientpoint avec la vérité<br />

<strong>de</strong> Dieu, et ce que cognaissezestre recevez-le; comme <strong>de</strong> ma<br />

part, si mepouvezfère voir quelque chosen'en estre, je seré (aidant<br />

la grâce du Sauveur) prest <strong>de</strong> donner gloire à Dieu en confessant<br />

sa vérité qu'il memonstrera par vous.Il est bien vray que plusieurs<br />

se flattent soubs le titre <strong>de</strong> l'Église, condamnant hardiment tout<br />

ce qui ne leur ressemble; et si ne sont eulx que membres pourriz<br />

et pestes en icelle, quelque lieu que Dieu <strong>les</strong> y permette tenir,<br />

toutesfois il ne soit pas moins dangereux, si pour avoir receu<br />

beaucoup <strong>de</strong> dons <strong>de</strong> Dieu et voir l'infirmité et imperfection <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

uns et la malice <strong><strong>de</strong>s</strong> autres, on venoit à ne recognoistre point d'Église<br />

<strong>de</strong> Dieu là où elle est.<br />

Mais il n'est besoing que je respon<strong>de</strong> plus avant au contenu <strong>de</strong><br />

vostre lettre, car, <strong>de</strong> ceque j'ay dict, vous enten<strong>de</strong>z assezen quoy<br />

nous avons divers jugement l'un <strong>de</strong> l'autre et <strong>les</strong> raysons esquel<strong>les</strong><br />

j'ay fondé le mien. Et n'y a, au reste d'icelle vostre lettre, argument<br />

qui puisse militer contre le faict <strong>de</strong> mon retour en cespaïs-cy,<br />

<strong>les</strong> choses que j'ay déduict estans vrayes. Seulement je dire que,<br />

comme je n'ay donné cause au départ <strong>de</strong> Louis Dartois10,aussi ne<br />

voy-je pas qu'il tente Dieu pour s'estre retiré en église <strong>de</strong> Dieu, à<br />

à la vocation qu'il ya <strong>de</strong> Dieud'assister et servir à ses père et mère<br />

et au reste <strong>de</strong> sa maison, i1; il s'estoit pour un temps <strong><strong>de</strong>s</strong>tourné,<br />

par congé toutesfois<strong>de</strong> son père. Aussi, quant à Jehan il a sa<br />

conscience pour juge comme <strong>les</strong> autres, et s'il la suit, soit par ou<br />

contre vostre conseil, selon qu'elle lui respondra bien et le bien<br />

informera <strong>de</strong> vérité <strong>de</strong>vant Dieu, il fera son <strong>de</strong>voir et en seré<br />

tousjours contant. Je croy aussi que ne luy aurez voulu sciemment<br />

donner autre conseil, nequi tendist aucunement, en tant que l'aurez<br />

peu cognoistre, à le divertir <strong>de</strong> vérité; parquoy, quand autrement<br />

vous auriez faict, toutesfois attendu, ce que je pense, que<br />

vostre affection n'y aurait eu mal que à vous incogneu, si ne<br />

pourrois-je ne vous excuser aucunement en cela.<br />

Pour conclusion,je vouspry que si avez par cy-<strong>de</strong>vant cogneu<br />

10 Voyezle N°573,note 4.<br />

-«• Voyezle N»680,note3.


400 LOUIS DU TILLET A CH. D'ESPEVILLE [j. CALVIN], A GENÈVE. 1 538<br />

quelquecrainte <strong>de</strong> Dieu et piété enmoy, que ne vousjpersuadiez ou<br />

entriez en suspition qtte je raie perdue, comme Dieu m'est tesmoinst,<br />

si encores que je soie fort. infirmeet imperfect et grand<br />

pécheur, toutesfois il ne me faict ceste grâce que la semence qu'il<br />

en a mise en mon cueur n'est point -amortie, et que je <strong><strong>de</strong>s</strong>ire,<br />

grâces à luv, autant et plus que je fiz oncques, qu'elle continue et<br />

accroisse. Parquoyje vous pry aussi très-instamment que si, <strong>de</strong><br />

vostre part, vous en recognoissez en vous et en estes vrayement<br />

touché, ainsi que j'estime, nous supplions ensemble Nostre Seigneur,<br />

afin que, puisque nous avons jugement divers l'un <strong>de</strong> l'autre<br />

en chose <strong>de</strong> si grand poix,ce qui ne se peult fère sans que l'un<br />

<strong>de</strong> nous, on, possible, l'un et l'antre, n'ait quelque persuasion<br />

contre la vérité, il soit sonbon plaisir nous illuminer <strong>de</strong> son saint<br />

Esprit l'un et l'autre, en Sorte que <strong>les</strong> ténèbres <strong>de</strong> nos enten<strong>de</strong>mens<br />

soient si bien esclaircies et <strong><strong>de</strong>s</strong>chassées, que puissions ensemble<br />

voir apertement sa vérité en tant qu'il nous est expédient<br />

pour nostre salut, et [qu'il] nous forme le cœur à la recevoir, confesser<br />

et suivre <strong>de</strong> façon que, nous trouvans bien unis et accor<strong>dans</strong><br />

en Lny, et en cheminant en ses voies et emploiant à sa gloire <strong>les</strong><br />

grâces à nous faictes,parvenions à recevoir la rétribution qu'il a<br />

promise à ses éleuz! Amen.<br />

Je vous pry <strong>de</strong> mes recommandations à vos compagnons, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong><br />

aussije vous adresse en singulière affection. De Paris, ce<br />

10 <strong>de</strong> Mars(1538).<br />

Celluy qui tousjours <strong><strong>de</strong>s</strong>ire vous estre frère et amy en Christ,<br />

DEHadltmont<br />

Nomseigneurial<strong>de</strong> Louisdu Tillet.<br />

On lit an <strong><strong>de</strong>s</strong>souscette note du copiste


1538 SMON 6R¥N!sUS A PAREL ET A. CàLVW, AGESitVB. VÊt<br />

693<br />

simon GB.Y8MU8à Farel et à Calvin, à Genève.<br />

De Bâle, 12 mars • (1538).<br />

Autographe. Bibl. Pabl. <strong>de</strong> Genève. VoLn° 142.J. Calvini<br />

Epistolaeet Responsa. Genevae,1575, p. 361.<br />

Sommaire. Je vous prie <strong>de</strong> nous délivrer an pins tôt <strong>de</strong> 1'mquiétuae très-vive que<br />

nous ressentons Avotre sujet. J'espère toujours, qu'à force <strong>de</strong> douceur et d'humi-<br />

lité, vous triompherez <strong>de</strong> vos ennemis et <strong><strong>de</strong>s</strong> passions diaboliques qui <strong>les</strong> poussent<br />

à comploter votre raine. Comage, mes chers et excellents frères Revêtons-nous <strong>de</strong><br />

toutes <strong>les</strong> armes <strong>de</strong> la guerre chrétienne, et retournons à l'œuvre du 3eigneur avec<br />

une invinciblefermeté. Que la haine et <strong>les</strong> jugements insensés du peuple soient<br />

impuissants a étouffer la charité que nous savons témoigner i tons, même aux plus<br />

ingrats. Ne nous abandonnons pas à la douleur, nous qci avons appris i sonflrir.<br />

Qud la piété et la sagesse vous inspirent, afin que cette église en péril écoute <strong>de</strong><br />

nouveauvotre voix et jouisse <strong><strong>de</strong>s</strong> effets <strong>de</strong> votre sollicitu<strong>de</strong>.<br />

[Oro]vos per Dominum at nos primo quoque tempère Iiberetis<br />

solicitudine ingenti, <strong>de</strong> rébus omnibus scribendo. Spero[in] Dominant<br />

Christom vos christiana lenitate ac humilitate omnes adversarios<br />

superaturos, et omnem etiam occasionem vestri evangelii<br />

calumniandi hostibus a<strong>de</strong>mpturos. 0 scintillantes igne Sathanae<br />

oculos et accensum studium in vestrum ministerinm <strong>de</strong>j'icienduni 1<br />

1 Voyezla note 6.<br />

Farel et Calvin se plaignaient surtout <strong>de</strong> l'organisation défectueuse<br />

<strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Genète (Voy. N" 685, 686), et il est bien peu probable<br />

qu'ils eussent accusé <strong>les</strong> nouveaux magistrats <strong>de</strong> cette cité <strong>de</strong> comploter<br />

la ruine du ministère évangélique. Ceux-ci, en effet, n'avaient encore manifesté<br />

<strong>dans</strong> leurs actes publics aucun sentiment d'hostilité contre <strong>les</strong><br />

pasteurs* et quelques-unes <strong><strong>de</strong>s</strong> décisions qu'ils avaient prises témoignaient<br />

même d'une certaine déférence pour eux (Voy. le Reg. du Conseil <strong><strong>de</strong>s</strong>-4,<br />

_12, 15, 16, 26 février). Mai» il n'en est pas moins vrai qu'une partie <strong>de</strong><br />

la population<br />

•s. iv.<br />

genevoise. était très-excitée contre <strong>les</strong> «prédicants.»<br />

nn<br />

26<br />

Les<br />

I


402 SIMONGRYM£US A FARELETACALVIN, AGENÈVE. IS38<br />

Sedagite, agite, fratres mei charissimi, optima ac sanctissima pectora,<br />

armis omnibus Christian* mililiaBinduti, ac isto praesertim<br />

imquissimitemporis momento fi<strong>de</strong>lissimè instructif stemus, ac ad<br />

negotium Domini fortibus animis, invicto pectore, re<strong>de</strong>amus. Non<br />

odium eorum qui se in hac causa ôdiosos verè prebent superet!I<br />

Nos^enim sumus hii qui etiam pro inimicis orare, nedum ferre et<br />

amplecti possumus. Non populi stulta judicia, et stultas levisque<br />

popularisjudicii melus nos hic labefaciat,qui lux sumus mandi, et<br />

subjicere nos infimo cuique etiam ingratissimo possumus. Non<br />

dolor ex contemptu justus 3 nosfrangat, qai nihil dolere didicimus<br />

quando cum (sic)nobis Sathan arte sua negotium Dominiperturbat.<br />

Oro, charissimi fratres, oro vos per viscera Christi, revocare in<br />

animum omnem pietatem, omnem sapientiam velitis, dam vos<br />

vestra virtute ac constantia labantem istic ecc<strong>les</strong>iam, ad manus<br />

vestras revocatam, iterum, duce Deo sic ut côpistis tueamini ac<br />

regatis. 0 quod manus est, quàm solida et vera laus vestra, si in<br />

solum Ghristum respicientes, vestri in bac causa tota obliviscimini51<br />

Dominus Jesus Christus confirmet mentem vestram ad<br />

omne opus ipsius sanctum Amen. Basile», 12 Martii6.<br />

SimonGryn^ds vester.<br />

(Imcriptio :) Guiiehno Farello et Joh. Calvino, fratribus in<br />

Christo charissimis.<br />

ambassa<strong>de</strong>ursbernoisquiétaientarrivésà Genèvele 2 mars avaientdû<br />

prendrela défense<strong>de</strong> Farel, «blasméen ceste ville [pource] qu'il aye<br />

dictà Berne. que nostre débat estoitque<strong>les</strong>ungsvolentla messe,<strong>les</strong><br />

aultres l'Évangille. » Noos déclarons, dirent <strong>les</strong> ambassa<strong>de</strong>urs,que<br />

Farel n'a jamaisproféréà Berne<strong>de</strong> tel<strong>les</strong> paro<strong>les</strong>,et nousvousprions<strong>de</strong><br />

«l'avoirpourrecommandé,commentcelluyqui a féablementporté,presché<br />

et anuncél'Euvangille en cestecité» (Reg.du 3 mars 1538).Voy.<br />

aussile N°694,note 2 et le N°695,note6.<br />

8Le texte <strong><strong>de</strong>s</strong> CalviniEpistolœet Besponsa,publiéesparThéodore<strong>de</strong><br />

Bèze,porteici nondoluret contemptunoutn.<br />

D'après Bèze, il faudraitlire dante Deo,et, plusloin,constiHt,au<br />

lieu<strong>de</strong> côpûtù.<br />

5 Texte<strong>de</strong> Bèze in hac causatoti obliviscamini. »<br />

6 La date «xn Juin, » donnée<strong>dans</strong> <strong>les</strong> CalviniEpisloUeet Besponsa,<br />

ne peut être attribuée qu'à une négligence<strong><strong>de</strong>s</strong> éditeurs. La date que<br />

portele manuscritest très-lisible,et il suffisait<strong>de</strong> connaitre,mômesuperficiellement,la<br />

biographie<strong>de</strong> Calvinet <strong>de</strong> Farel, pour s'apercevoirque<br />

la présentelettre n'avait pu être écriteau mois<strong>de</strong>juillet 1537ou 1538»<br />

encoremoinsen juillet 1536,commel'a conjecturé Streuber (Simonis<br />

GrynœiEpiatolœ.Basiliae,1847,p. 61).


1538 LECONSEILDEBERNEAUCONSEILDEGENÈVE; 403<br />

694<br />

LEconseil DEbebne an Conseil <strong>de</strong> Genève.<br />

De Berne, 20 mars 1538.<br />

Minute originale. Arch. <strong>de</strong> Berne. Publiée en partie par A. Roget,<br />

op. cit. 1, 82.<br />

Souxaibe.MM.<strong>de</strong> Bernedésirentque Farelet Calvinse ren<strong>de</strong>ntau syno<strong>de</strong><strong>de</strong><br />

Lausanne;maisils n'yserontcependant admisque<strong>dans</strong>leeasoù<strong>les</strong> Genevoiset<br />

leurs prédicateursauraientpréalablement acceptéla cérémonies<strong>de</strong> l'égliseber.<br />

voue.<br />

Nob<strong>les</strong>, etc. Nous vous avons par cy-<strong>de</strong>vant, par noos lectres,<br />

priéz <strong>de</strong> vouloir envoyer au Syno<strong>de</strong> que soy tiendra à mie-caresme<br />

à Lausanne, Maistre Guillaume Farel et Chautoin1, ce que ancore<br />

présentement <strong><strong>de</strong>s</strong>irrons, toutteffoys par condition que premièrement<br />

eulx et aultres vous prédicants et vous, vous accordés <strong>de</strong><br />

vous con former avecque nous touchant <strong>les</strong> cérémonies. Ce faisant,<br />

sera ousté à nous voisins occasion <strong>de</strong> calumnier et blasmer nostre<br />

religion, et servira à union <strong><strong>de</strong>s</strong> esglises.Pour autant yadvisé avecque<br />

vous dits prédicans amiablement', affin qu'eulx soyent admis<br />

Voici le contenu<strong>de</strong> la lettre àlaquelleMM.<strong>de</strong> Berne font ici allusion:<br />

«Nob<strong>les</strong>,etc. Noos avons,pour bien et union <strong>de</strong> nons prédicans, avisé<strong>de</strong> tenir ung syno<strong>de</strong>à Lausanne sur la dymenched'en my-careme, qu'est le<br />

<strong>de</strong>rnier jour <strong>de</strong> ce moys,– vous sur ce prians le notifBerà maistre Ghtilliaume<br />

Faret et maistre Jehan Caîvinm et [leur] permectre <strong>de</strong> soy trouver<br />

illaicq sur le dit jour. En ce nons ferés singalïer-plaisir à reveoir,<br />

aydant Dieu, auquel.prions vousavoiren sa saincte gar<strong>de</strong>. DatumvMartii,<br />

anno, etc., xxxvnx?»(Mscr. orig. Arch. genevoises).<br />

Messieurs<strong>de</strong> Berne ignoraient encore que, le lundi 11 mars, c'està-dire,<br />

le jour même où leur lettre du 5 (Voy. n. 1) était parvenue aux<br />

magistrats genevois,ceux-ci, irrités contre <strong>les</strong> prédicateurs, avaient tranché<br />

la question <strong>de</strong>a cérémonies, sans <strong>les</strong> consulter. 0a lit, en effet, <strong>dans</strong><br />

le Registre <strong>de</strong> Genève; au 11 mars: «Conseil<strong><strong>de</strong>s</strong> Deux-Cents. MonaQu*


4©4 CHRISTOPHEPABBIA.GUILLAUMEFAREL,AGENÈVE. 153&<br />

an dit Syno<strong>de</strong> <strong>de</strong> traicter et conférir avecque <strong>les</strong> nostres; car vous<br />

voulons bien advertir que sy oella ne précè<strong>de</strong>, que ylz ne seront<br />

point admis, ains seulement après la conclusion oys, et avecque<br />

eolx à part traicté. Datum xx Martii, anno, etc., xxxvm.<br />

L'Advoyer ET Conseil DEBERNE8.<br />

695<br />

CHRISTOPHE FABRIà Guillaume Fareî, à Genève.<br />

De Thonon (22 mars') 1538.<br />

Inédite. Autographe. Bibliothèque <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> Neuchàtel.<br />

Sommaire.Hier notre Bcilli a envoyé a ses supérieurs tons <strong>les</strong> renseignementsque<br />

nouslui avonsfournis,et il <strong>les</strong> a aussiinformés<strong><strong>de</strong>s</strong>i'.Uceset venuesjournalières<strong>de</strong><br />

[Bernard] du Moulinà Évitai.Cechef <strong>de</strong> brigandscontinueà proférercontrenous<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>menaces<strong>de</strong> mortet a tendre<strong><strong>de</strong>s</strong>embûchesà ceuxqui sont ici en sentinelle peudant<br />

la nuit. Je désiraisque le Baffli mentionnâtégalement<strong>les</strong> procédésdont on<br />

a uséà GenèveenversFromentet enversmoi maisil croitqu'il vaut mieux en<br />

et autres, aut nom <strong>de</strong> la généralité, ont proposé, suyvan le Conseil général<br />

tenu ces <strong>de</strong>ux dimenche passé, que l'on doyge adverti[r] <strong>les</strong> prédicat»<br />

qyftfh] ne ce mesle poèn <strong>de</strong> la politique, mes qui presche l'évangile <strong>de</strong><br />

Dieu. Plus, <strong>de</strong> vivre enla Parolle <strong>de</strong> Dieu, joste [l. selon] <strong>les</strong>ordonance dt<br />

Messieurs <strong>de</strong> Berne. [Il] at esté résolu comme <strong><strong>de</strong>s</strong>ns est proposé. » Et,<br />

an 12 mars « Touchant laz missive envoyé <strong>de</strong> Berne, az cause du syno<strong>de</strong><br />

que se tiendraz az Lausanne, Résoluz d'envoyer maistre Faret<br />

et Calvinus, az la forme <strong>de</strong> la missive, et d'envoyer querre Calvinus t<br />

touchant <strong>de</strong> certaënnes paroUes qu'il az dist aut sermon, que le Conseyl<br />

lequel l'on alloyt tenyr estoyt conseyl du diabte. < L'on az <strong>de</strong>ffenduz<br />

az maystre G. Faret et maystre Caloinus <strong>de</strong> poiën se mesler du ma-<br />

gistrat. »<br />

II ne paraît pas, du reste, quu <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux Réformateurs se soient montrés<br />

offensés <strong>de</strong> ces décisions; <strong>dans</strong> la séance du 25 mars ils rappellent an<br />

Conseil qu'ils doivent aller au syno<strong>de</strong> à Lausanne, et ils <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt c si,<br />

<strong>de</strong> la part <strong>de</strong> laz Ville, l'on leur veult donner poiën <strong>de</strong> charge, car il son<br />

prest as obéyr aut eoman<strong>de</strong>mens » (Reg. du dit jour).<br />

La présente lettre fat remise aux Syndics par <strong>les</strong> ambassa<strong>de</strong>urs bernois<br />

qui arrivèrent à Genève le jeudi 28 mars, et le Conseil décida qu'elle<br />

serait montrée à Farel et à Calvin.<br />

1 Voyez <strong>les</strong> notes 8 et 11.


tS38 CHRISTOPHEFABM k GUILLAUMEFAREL, A GENEVE. 4flS<br />

parler<strong>dans</strong>laprochainSyno<strong>de</strong>.J'ai invitétoas <strong>les</strong> frères 4 se réunir Thonbn<br />

jeudiprochain,pours'entendraavecmoi surcequenousauronsà proposer<strong>dans</strong> la susditeassemblée; lelen<strong>de</strong>mai nousnousrendronsa Lcaumneen traversant le<br />

lac.TAchez<strong>de</strong> voustrouverici, le mêmejour,avecCalvinet ceuxqui voudront<br />

alleri Lausanne,ontoutau moins,envoyez-nous un aperçu<strong><strong>de</strong>s</strong>propositionsque<br />

vousnousconseilleriez<strong>de</strong>faireau syno<strong>de</strong>.<br />

S. Heri Prœfectus omnia quae ab omnibus nobis rescivit et priûs<br />

in parte resciverat, per legatum bemensem qui Dominum a Monte-<br />

forti comitatus faerat tan<strong>de</strong>m rescripsit ad Dominos; quibus<br />

etiam significat principem latronum illam a Pistrino qaotidie securè<br />

et pro arbitrio versari Aqtiiani Nec cessât minari nobis exitiam,<br />

imô non potuit sibi temperare quin apemerit cuidam, se singulis<br />

noctibns quaerere inter eos qui excabias hic agunt, an<br />

reperiat quos vult occi<strong>de</strong>re. Et sic undique prodimur. Milites quoque,<br />

vel ad Abberes usque, circumcingentes nos limites occupant.<br />

Ego rogabam ut ea quoque scriberet quae Frumento et mihi isthic<br />

nuper egernnt 6; sed non patavit expedire ut haec cum illis<br />

immisceantur, quum in proxima Synodo enarrari possint. 8eri<br />

fratres omnes praemonai ut proximo Jovis die 8 mature hue se<br />

recipiant, et praemeditata in Synodo proponenda in commune conferant<br />

cum iis quae paraveram; atque <strong>de</strong>mum, sequenti die, Lau-<br />

François cPAlinges,dit <strong>de</strong> Montfort.<br />

Bernard du Moulin, le chef <strong>de</strong> la troupe armée qui avait envahi et<br />

saccagé'le prieuré <strong>de</strong> Bipartie, <strong>dans</strong> le mois <strong>de</strong> février précé<strong>de</strong>nt (Voy.le<br />

TS°687, n. 1, et la lettre <strong><strong>de</strong>s</strong> Bernois à Madame<strong>de</strong> Nemours du 12 février<br />

1539. Min. orig. Arch. <strong>de</strong> Berne).<br />

La ville i'Érian, <strong>dans</strong> le Chablais.<br />

6 Habère-Pocheet Eabère-Lullin villages<br />

situés <strong>dans</strong> le territoire<br />

bernois, à 3 lieues environ au sud <strong>de</strong> Thonon, formaient une seule paroisse<br />

qu'on désignait sous le nom général d'fla&ère.La Réforme n'y fat<br />

introduite qu'en 1545.<br />

Fabri veut sans doute parler <strong><strong>de</strong>s</strong> insultes qui l'avaient accueillià<br />

Genèvele 11 et le 12 mars. Le Registre du Conseil du mardi 18 mars<br />

s'exprime ainsi à ce sujet Maystre Çhristofa prédican <strong>de</strong> Thonon se<br />

complien[1. se complaint] dé ceux que l'on[t] oultragié vers Byve, ces<br />

jour passés <strong>de</strong>mpuysdymenchéença. Résolus <strong>de</strong> fère prendre <strong>les</strong> informacionsaz<br />

Monsrle Lieutenant. » Les procès-verbaux du mois <strong>de</strong> mars<br />

ne mentionnentpas <strong><strong>de</strong>s</strong> plaintes portées par AntoineFroment.<br />

Le syno<strong>de</strong>qui <strong>de</strong>vait se réunir à Lausanne le 31 mars.<br />

Le « jeudi prochain dont parle Fabri a du tomber sur le 2fc<br />

mars. Les pasteurs du Chablais se propesaient, en effet, <strong>de</strong> quitter Thonon<br />

le len<strong>de</strong>main<strong>de</strong> cejour-là, pour se rendre au syno<strong>de</strong> <strong>de</strong> Tianâânne<br />

qui se réunissait !e dimanche31 mars.


'406 NICOLASZURKEVDENA JEANCALVIN,A GENÈVE. 1538<br />

sonnant in praelongis navigua hujas urbis transnavigemns. Sic<br />

enim expedire censaerunt, ne forte yentornm impetu impediaïrinr.<br />

Tuum erit hic a<strong><strong>de</strong>s</strong>se illo die (si ita expedire vi<strong>de</strong>ris), cum<br />

Gafoino et iis qui volent bine nobiscum solvere, aat saltem quos<br />

expedire noveris locos per classera nostram aut meipsum proponendos<br />

maturè nobis sigcificato. Vale; plara scribere non licet,<br />

qaôd ad concionem vocer et totus occuper in scribendo ad fratres<br />

Neocomenses9.Àntonius 10 hic ad illos reliquit elegantes literas. Tononii,<br />

hoc die Veneris u 1538. Saluta Calvinum et omnes.<br />

(Inscriplio :)<br />

Tuus CHRISTOFORUS Libertetds.<br />

Chariss. Farello suo. Genevae.<br />

696<br />

NICOLAS zurkin<strong>de</strong>n à Jean Calvin, à Genève.<br />

DeBonmont1, 31 mars 1538.<br />

Inédite. Copie ancienne. Bibl. Impériale. Coll. Du Puy, vol. 102.<br />

SomcAiBS. J'aireçuvotrelettreetle livre,maisj'ami plus<strong>de</strong>plaisirencoreà m'entreteniravecvous,quandje<br />

recevraivotrevisite.Voussavezcequejepense<strong>de</strong> la<br />

Cette lettre <strong>de</strong> Fabri aux pasteurs <strong>de</strong> Neuch&teln'a pas été conservée.<br />

10 Nous ignorons le nom <strong>de</strong> famille <strong>de</strong> ce personnage.<br />

Les détails que Fabri donne pins haut (renvoi <strong>de</strong> n. 8) sur la congrégationconvoquéepour<br />

le jeudi suivant, fixent au 22 mars la date <strong>de</strong><br />

la présente lettre.<br />

1 Nicolas sur Kin<strong>de</strong>n, fils naturel d'un sénateur bernois, naquit vers<br />

l'an 1500. Après avoir fait d'excellentes étu<strong><strong>de</strong>s</strong> à l'école <strong>de</strong> Berne, sous<br />

MichelRôttli et MelchiorVolmar,il <strong>de</strong>vint successivementnotaire juré,<br />

membre du Conseil<strong><strong>de</strong>s</strong> Deux-Cents, greffierdu tribunal <strong>de</strong> la Ville»substitut<br />

à -la chancellerie d'État (1631),secrétaire d'État adjoint an chancelier<br />

Giron(1536), et, en 1537,bailli <strong>de</strong> Bonmont (Communicationobligeante<br />

<strong>de</strong> M: le chancelier Maurice <strong>de</strong> Sturler). Zurkin<strong>de</strong>n était non<br />

moins distinguépar ses talents que par l'élévation <strong>de</strong> son caractère. Sa<br />

ce subséquenteavec Calvin,Farel, etc., révèle en lui un ami<br />

<strong>de</strong> la tolérance religieuse, un philosophechrétien, et l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> magistrats<br />

.quiont le plus honoré le nom bernois.<br />

1 Bonmont(en latin .Bonn*Jfmg), ancienneabbaye <strong>de</strong> Bernardins sK


4538 RIGOLASZURKINDEK AJEANCALSDf, X GENEVf. Wî<br />

wi..wwéid vivacitéavec lsm~eltn,A.n8<br />

laquelle<br />

/a.a hedwwüw..r .ir<br />

jqea>ôencitojeiis recomman<strong>de</strong>nt aux Genevois r<br />

l'adoptionf-<strong>de</strong>g<br />

-cérémoniesbernoises. H me semble que nous ne mettons pas autant <strong>de</strong> soin &déve:<br />

lopper autour <strong>de</strong> noas la moralité et la piété, qu'4 imposer <strong>les</strong> «iaïseries sa moyen<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>quel<strong>les</strong>nous nous abusons. Je sois très-surpris qu'on vouspresse tellement àpropos<br />

<strong>de</strong> formes qui ne sont pas <strong>les</strong> mêmes &Berne qu'à ZuriM; et cependant nous<br />

reconnaissonsvolontiers que ces différences sont peu importantes. Mais c'est ainsi<br />

que <strong>les</strong> innocents sont exposés patir <strong><strong>de</strong>s</strong> passions et <strong><strong>de</strong>s</strong> caprices d'autrni.<br />

Le Seigneur nous a délivrés <strong>de</strong> toute crainte, car si nos cœurs sont remplis <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

choses cé<strong>les</strong>tes, nous n'avons plus rien dredouter <strong>de</strong> l'ignorance et <strong>de</strong> l'orgueil <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes. Point <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> & vous communiquer je ne saurais, en effet, donner<br />

cenom aux rumeurs qui agitent momentanément la fonte.<br />

Accepilitteras tuas et librum Calvinesuavissime, libentius ac<br />

majore cnm voluptate te accepteras, si quando dignus visas fuero<br />

quem invisas, quod qui<strong>de</strong>m brevi fore spero ut facias. Nttncius<br />

librorom -pretium indicare non potuit, ut optaram; sed coràm tecum<br />

<strong>de</strong> hoc agam. Deflagiïationenostrorum in consentit cœremoniarum<br />

nostrarum scis ipse quod sentiam, nempe, mihi vi<strong>de</strong>ri,<br />

nos non esse tam sollicitos in excolenda vitae integiitate, pnritate<br />

et innocentia, non exigere tam arduis votis ac minis ad linquendum<br />

(?) Dei contemptum quàm [ad]nostras ineptias qnibns frustra<br />

nobis blandimur. Mrorque ego supramodum vostantopere premi<br />

cum Tigurini se<strong>de</strong>ntes Domini cœnam, son ut nos euntes, célèbrent:<br />

illi ad salutandam Mariam virginem cymbalornm pulsu invitent,<br />

nos non. Taceo festorum observationem,in qua plerique ab<br />

illis cBssentimus,neque inviti confitemur in his parum esse aut<br />

nihil discriminis<br />

tuée au pied du Jnra, à 2 lieuesN.-O.<strong>de</strong> Nyon,avait été séculariséeen<br />

1537.Âmê<strong>de</strong> Gingins,le <strong>de</strong>rnier abbé, y était mort au mois <strong>de</strong> juin,<br />

mêmeannée,aprèsavoiracceptéla Réforme^Les Bernoisy installèrent<br />

ensuiteun intendantquiportale titre <strong>de</strong> gouverneuron<strong>de</strong>bailli<strong>de</strong>Bon*<br />

mont.<br />

C'était peut-êtrele Caièekimelatin <strong>de</strong>Calvin,quivenait<strong>de</strong> paraître<br />

sousletitre suivant «Catechisraus,siveChriatianaeReligion»ïnstitntio,<br />

communionsrenateenuper in EvangelioGenevensisEcc<strong>les</strong>i» soffragus<br />

receptaet vulgariqui<strong>de</strong>mprinsidiomate,nunc veroLatineetiamque <strong>de</strong><br />

Fi<strong>de</strong>i illius synceritate passimaliis etiam Ecc<strong>les</strong>tfeconstet, in lucem<br />

édita.loanneCalvinoautore.Basile», anno mdxxxvhu» Petit in-8»<strong>de</strong><br />

78 pages.Onlit sur la <strong>de</strong>rnier» «Basile, in officmaRobertiWintert<br />

anno x. ». zxzvm. MenseMartio.» VoyezCalviniOpera, édition <strong>de</strong><br />

Brunswick,t. V, Prolegomena,p. xu, xut*<br />

*•• ToyesleN«»694.<br />

MM.<strong>de</strong> Bernereconnurenteux-mêmes,peu <strong>de</strong> temps aprèf, que


.••-<br />

408 BARTBBLEMI TREHERN 4 JEAN CAL VIN, A GENÈVE. 1 53»<br />

Sed sic soienthommestemerèin immeritosgratiâ et invidid moveriy<br />

ntf pensi haôentes qua qui<strong>de</strong>m ratione fanant. Nos omni<br />

meia liberavit Dominas, qui scimas nihil ab hominibus pericoli<br />

ése\ si ex cor<strong>de</strong> cœ<strong>les</strong>tia spiremus, on<strong>de</strong> animis nostris origo.<br />

DIi, quia nec majestatem illam Domini, nec seipsos nonint, plara<br />

sibi quàm homanam imbecillitatem <strong>de</strong>ceat tribuant, tantam <strong>de</strong>rogantes<br />

Domino quantum ipsi illi eminere capiant. Ta raie in Domino,<br />

cui te commendo. Novi nihil habeo, neque enim nova<br />

vi<strong>de</strong>ntar quaehomines in dies exagitant, cam ad haecsemper invigilem,<br />

nec quicquam istoram eveniat quod non sciverim acci<strong>de</strong>re<br />

posse un<strong>de</strong> nihil novum, nil inexspectatum opprimit. Ex Bonomonte,<br />

altima Martiii538.<br />

x<br />

Tuus in Domino Nicolads Zerkin<strong>de</strong>n.<br />

(Inscriptio :) Viro erudifisSimoJoanni CalvinoGenevensi,Ecc<strong>les</strong>iasti<br />

pio ac sancto mihique Domino plorimùm colendo.<br />

697<br />

barthélemi trehern à Jean Calvin, à Genève.<br />

(De Zurich? mars ou avril 1538 '.)<br />

#<br />

Inédite. Autographe. Bibl. Publ. <strong>de</strong> Genève. Vol. n° i09.<br />

ft"« Je vois, par ma propre expérience, que l'issue <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> projets humains<br />

dépend <strong>de</strong> I&volonté divine. Quoiqueje fusse absolumentdécidé a vous revoir bien<br />

< I» cérémonie» sont indifférentes en l'Esglise » (Voy. N» 706,<br />

renv. <strong>de</strong><br />

note 6-6).<br />

r C'était peut-êtreuneallusionaux périls qui,<strong>de</strong>puisquelquetemps,<br />

semblaientmenacerl'indépendance<strong>de</strong> Genève.Berne avait signalé aux<br />

Genevois,le 2mars précé<strong>de</strong>nt,<strong>les</strong> intrigues<strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Montchenu,sont<br />

du roi <strong>de</strong> France (Voy.Roget, op. cit., I, 72-76),et, tout récemment,<br />

l'arrivée d'an corps<strong>de</strong> troupes<strong>française</strong>s<strong>dans</strong> le Faudgny avait nécessité<br />

à Genève<strong><strong>de</strong>s</strong> mesuresextraordinaires<strong>de</strong> précaution(Voy.le Reg.<br />

du Conseil<strong><strong>de</strong>s</strong> 20, 28, 29mars).<br />

1 Voyezla note2..


f 538 WBKSBÈUSmTRBHERNA JEAN CALVIN,A GENÈVE. 409^<br />

tôt, j'ignore maintenant quand cela me «fflrapossible nom avons reçu, en etièt».<br />

^Angleterre <strong><strong>de</strong>s</strong> lettres qui nous obligent 4 y retourner. Binr <strong>de</strong> pins triste, dé<br />

plus désagréable, ne pouvait m'arriver, puisque je désirais passer a« moins une<br />

année auprès <strong>de</strong> vous. Mais il faut aller ou la <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée nous entraine. C'est pourquoi<br />

je désire que, malgré l'absence, nos Amesne cessentpoint d'être mues. rai reçn <strong>de</strong><br />

vous trop <strong>de</strong> bienfaits pour jamais vous oublier, et je ne puis <strong>les</strong> reconnattrequ'en<br />

conservant fidèlement lé souvenir <strong>de</strong> notre amitié.<br />

Je ne vous réclamerais point <strong>les</strong> dix couronnes que je vous ai livrées, si je ne<br />

craignais <strong>de</strong> manquer d'argent en voyage. Veuillez saluer <strong>de</strong> ma part M. Fard et<br />

tous mes autres amis.<br />

Viro longé omnium doctissimo D. Johanni Calvino BartholomaeusTrehernius<br />

SaQutem]in Domino!1<br />

Re ipsa experior, eruditissime Calvine,qnicqnidhomines <strong>de</strong>liberaverint<br />

aut statuerint, omnem tamen eventum pen<strong>de</strong>re ex Dei<br />

volnntate, sepeque fieri ut quod nos primùm agere <strong>de</strong>creverimus,<br />

id aut nnnquam aut longo post tempore fiat. Nam cum mihi in<br />

animo faisset certum fixumque ut te brevi reviserem ita nunc<br />

evenit ut quando id sim facturas planè nesciam. Ta<strong>les</strong> enim literas<br />

è patria accepimus, ut nobis Anglia, velimus nolimus, propiùs sit<br />

a<strong>de</strong>unda qao mihi haud scio an quicquam acci<strong>de</strong>re potuerit tristins,<br />

insuavius certè nnnquam. Cupiebamenim unum saltem annum<br />

apud te transigere 3, utpote cujus consuetudo mihi longé cum<br />

suavissima, tum fructuosissima visa est; sed, ut vi<strong>de</strong>o, quô fata<br />

trahunt nobis eundum est. Quseso itaque ut, tametsi corporibus<br />

longé sejuncti fuerimus, animis tamen ouvotxSfuv. Longé enim <strong>de</strong><br />

me aliter meritus es, quàm at tuî aliquando immemor esse queam;<br />

non enim alia re tuis in me beneficiis respon<strong>de</strong>re possum, quàm<br />

fl<strong>de</strong>liamicitiaenostrae memoria, quam tibi diligenlissimè diutissi-<br />

meque prestabo<br />

Quod superest, <strong>de</strong> <strong>de</strong>cem coronatis quostibi tradidi non pete-<br />

Trehernavait quitté Genèveversle 18février1588(N°686,renv. <strong>de</strong><br />

n. 6 et N°689).Au lieud'y retourneraprès quelquessemaines<strong>de</strong> séjour<br />

à Zurich,il dut partir pour VAngleterre. Comme il ne fait, en annonçant<br />

ce départ, aucuneallusionau bannimement<strong>de</strong> Calvinet <strong>de</strong> Farel, qui eut<br />

lieu le 23 avril suivant,on doit en conclure que la présentelettre-*éfé<br />

écritevers la fin<strong>de</strong> mars 1538ou <strong>dans</strong>le courantd'avril.<br />

Selontoutes<strong>les</strong> probabilité»»Trehenrétait arrivé à Gmhe <strong>dans</strong> le<br />

mois <strong>de</strong> novembre15S7(Yoy. N^665><br />

• -c iZ-<br />

Nousne savonspassi Trehern^aprèsson retour en Angleterre,con-;<br />

tinua.<strong>de</strong>correspondreavecGatom..r- ^i.


410 LACLASSE DBLAUSANNE [AUCONSEIL DEBERNE], 453S<br />

rem, «si vererer ne mihi <strong>de</strong>faturum sit viaticam; vi<strong>de</strong> tamen ne<br />

ipse ullmn capias <strong>de</strong>tiimentam. EHm{i]uin virum Do. Pharellum<br />

meis verbis salntabis, cum reliquis amicis omnibus nominatim.<br />

Vale, charissime, faeliciterdiuque.<br />

(Inscriptio :) Viro eximia pietate pariqae docttina D. Johanni<br />

Calvino, amico cum primis observando.<br />

698<br />

LA CLASSEDE LAUSANNE • [au Conseil <strong>de</strong> Berne].<br />

De Lausanne, 4 avril 1538.<br />

Inédite. Copie contempor. Bibl. <strong>de</strong> M. le colonel Henri Tronchin.<br />

SoMUfATTtK. La Classe <strong>de</strong> Lausanne propose une série <strong>de</strong> réformes qu'il serait urgent<br />

d'adopter ponr le bien <strong>de</strong> l'État et pour l'avancement du règne <strong>de</strong> Dieu.<br />

Articuli exhibiti totius Classis Lausannensis nomine, in Synodo<br />

Lausannœ habita 4 April. 1338 2.<br />

Quum id quidquid est malorom et offendiculorum in Ecc<strong>les</strong>ia,<br />

iis meritô acceptum terre possimus qui Verbo Domini praesunt, ac<br />

nomine Principom res provinciaes administrant, nihil aequèfratres<br />

necessarium esse judicarant, quàm nt ab bac primùm parte sumeretar<br />

exordium un<strong>de</strong> tota pene salusac tranquillitas pen<strong>de</strong>t Reipublica3Christianae.Nulla<br />

itaque via commodior faciliorque visa est,<br />

quàmut prsficiantur ii publicisofficiis,quos experimento constiterit<br />

La classe <strong>de</strong> Lausannecomprenait<strong>les</strong> pasteurs<strong><strong>de</strong>s</strong> bailliages<strong>de</strong><br />

Lausanne,<strong>de</strong> Vevey,d'Oron,et ceuxdu gouvernementd'Aigle(Ruchat,<br />

IV, 41S).<br />

Ce titre, écrit par Pierre Viret,estpostérieurà la transcriptiondn<br />

document.Viret avait d'abord attribué à celui-cila date inexacte du<br />

.4 avril 1558,qu'il a ensuiterectifiée.<br />

C'est-à-dire,le Pays<strong>de</strong> Vaud.


1538 LACLASSEDELAUSANNE [AUCONSEIL J» BERNE]. w<br />

4tt<br />

seriô stu<strong>de</strong>re profectai Evangelico*, quique citra facum ea servari<br />

curent quaein publicum Ecc<strong>les</strong>ieecommodum sancté sont a Priacipibos<br />

constrtuta, ne qnod hactenus accidisse comperimus, cuivis<br />

impnnè et Evangelium Pt Principum edicta ludibrio habeantnr.<br />

Porrô, quod ad Verbiministros attinet, nemo ad id muneris admittatar,<br />

nisi etectas et probatus ad eam quam nobis Scriptura Sacra<br />

normam prsescribit, commendantque Principum constitutiones<br />

qaod hactenus, magna pietatis jactura ac nostro magno<br />

omnium malo, parùm observatum fuisse sentimus.<br />

Dein<strong>de</strong>, quam jnrejurando omnes simus obstricti,nt libéré quisque<br />

pronnntiet qnod in parrochis, praefectisatque eornm vicariis 8<br />

rémoras animadverteret injicere cursui Evangelico atque retiqua<br />

id genus quaejarisjarandi forma 1 continet, et re ipsa simus ex-<br />

perti, in quas quosdam turbas et pericula conjecerit hujus juramenti<br />

religio, rogant fratres, aut ab hac in totom liberari, aut<br />

sibi modum praefiniri, quem in <strong>de</strong>ferendis prœfectis et fratrum<br />

censura sequantur.<br />

Ad haecut iis via praecludatur qui aliud non venantur, quàm ut<br />

calumnientur et traducant Evangelium, et piis Principibus obtrectent,<br />

sitque piis omnibus in confesso,bona Ecc<strong>les</strong>iasticaesse<strong>de</strong>bere<br />

vehtl quoddam communepauperum œrarium, obnixé oramus, ut<br />

Christi membris et iis qui verè pauperes censeri <strong>de</strong>bent, in posterum<br />

meliùs prospiciatur8 tollaturque quoad ejus Seri poterit,<br />

publica ista mendicitas, ignavorum ac nebalonum altrix. Alioqai<br />

non vi<strong>de</strong>mus, quomodo publicis piorum et impiorum hominum<br />

querelis satisfaciamus.<br />

C'estune allosiondétournéeà certainsbaillisquiétaient encorepapistes<strong>dans</strong><br />

le cœur (Voy. Rnchat, IV, 469, et J. <strong>de</strong> Muller, op. cit.<br />

XI, 196). lb<br />

1 Les Actesdu syno<strong>de</strong>tenu à Berneen 1532,l'ordonnance<strong>de</strong> Réformation<br />

dn 24 décembre1536,et <strong>les</strong> règlementsecclésiastiquesadoptés<br />

parle syno<strong>de</strong><strong>de</strong> Lausannedu 18 mai1537(Voy.Rnchat, IV, 413,417-<br />

419, 525).<br />

Ces cinq<strong>de</strong>rniersmots désignent<strong>les</strong> pasteurs, <strong>les</strong> bafflis et leurs<br />

lieutenants.<br />

rNbos n'avons trouvé nulle part la forme iextuelle du serment<br />

prêté par <strong>les</strong> ecclésiastiques.Rachat en donnele résumé<strong>dans</strong> son tome<br />

17, p. 417.<br />

9 Voyez,sur <strong>les</strong> biens*d'Église du <strong>pays</strong> conquispar <strong>les</strong> Bernoisen<br />

>" 1586 et surla <strong><strong>de</strong>s</strong>tinatftmque<br />

reçurentces biens, l'extrait du Chroni-<br />

queur <strong>de</strong> LouisVulfienùnreproduit<strong>dans</strong>la nouvelleédition<strong>de</strong> Bâchât,<br />

t. IV,p. 531-536.<br />

as


442<br />

LA CLASSE DE LAUSANNE [AU CONSEIL DE BERNE].<br />

1 538<br />

Sunt praeterea et alia quaedam minatiora, qnae populo impo-<br />

suit insatiabilis sacrificuloram rapacitas, etiamnnm à quibusdam<br />

exacta', non citra gravissimum Evangelii offendiculum, in quibus<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>y<strong>de</strong>ramus certnm aliquem et aequiorem exactionum modam<br />

praescribi, pro ratione locorum ac temporum.<br />

Superest jam nt <strong>de</strong> cœtu Ecc<strong>les</strong>iastico pauca adjiciamus, nempe,<br />

ut nobis certa aliqaa constet ratione, quem concernai Excommunicationis<br />

usum in Ecc<strong>les</strong>ia exerceri, et quatenus qui ut admittendi<br />

sint, aut rejiciendi à sacra synaxi, cujus tam horrendam protanationem<br />

bona conscientia ampliùs nemo piorum ferre potest 10.<br />

Postremô, qunm passim vi<strong>de</strong>amus bonas literas omnibus esse<br />

contemptui, nec quemquam esse qui suos curet liberos rectè insti-<br />

tuendos, alia habeatur ratio juventutis instituendae ac ludima-<br />

gistrorurn jubeanturque parentes saos liberos, pueros ac paellas,<br />

mittere ad Verbi ministros dum peragitur Catechismus nbi<br />

doceantur Christianae religionis rudimenta, formenturque ad pietatis<br />

officia.<br />

9 II s'agissait <strong>de</strong> certaines re<strong>de</strong>vances exigées autrefois par <strong>les</strong> prêtres,<br />

et dont la perception continuée, malgré l'établissement <strong>de</strong> la Réforme,<br />

contribuait encore à l'entretien <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs (Voyez Rachat, IV,<br />

457).<br />

10 Les pasteurs <strong>de</strong> Genève exprimaient le même sentiment <strong>dans</strong> ce<br />

passage <strong>de</strong> la Préface du Catéchisme latin <strong>de</strong> Calvin (mars 1538) « Utcunque.<br />

estiment alii, nos certè functionem nostram a<strong>de</strong>ô exiguis finibus<br />

terminatam non putamus, ut concione habita, ceu persoluto penso,<br />

conquiescere liceat. Propiùs multo ac vigilantiore opera cnrandi sunt,<br />

quorum sanguis, si <strong><strong>de</strong>s</strong>idia nostra perierit, à nobis reposcetur. Si quando<br />

autem alias nos anxios habebat haec sollicitudo, tum verô acerrimè urebat<br />

ac discruciabat, quoties distribuenda erat Borna» cœna. Quum enim<br />

multorum dubia nobis foret, et maximè etiam suspecta fi<strong><strong>de</strong>s</strong> omnes tamen<br />

promiscuè irrumpebant. Et illi qui<strong>de</strong>m iram Dei vorabant potiùs,<br />

quàm vite sacramentum participabaut (Calvini Opp. édit. <strong>de</strong> Brunawick,<br />

V, 319).<br />

11 Les éco<strong>les</strong> existantes <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Vil<strong>les</strong> du Pays <strong>de</strong> Vaud étaient, pour<br />

la plupart, très-mal organisées, et le traitement alloué aux instituteurs<br />

suffisait à peine pour <strong>les</strong> faire vivre (Voy. le N° 655, renv. <strong>de</strong> n. 10, 11).<br />

11 Le catéchismeemployé <strong>dans</strong> <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> provinces <strong>de</strong> Berne était<br />

celui que Gaspard Megan<strong>de</strong>r avait publié (N° 677, n. 16). L'édit <strong>de</strong> Bê~<br />

formation du 24 décembre 1536 s'exprime, en effet, comme il suit « h*<br />

struction <strong><strong>de</strong>s</strong> enfans. Afin que <strong>les</strong> enfans soient instruits en la loi <strong>de</strong> Dieu,<br />

et appris à prier, avons avisé <strong>de</strong> vous envoyer la forme comme nous la<br />

tenons, pour icelle ensuivre. »


1.538 LACLASSEDELAUSANNE<br />

[AUCONSEILDE BERNE].<br />

413<br />

Reliqua quaesingnli in ecc<strong>les</strong>üs su» commissis fl<strong>de</strong>i <strong><strong>de</strong>s</strong>y<strong>de</strong>rant,<br />

suo dicentur loco Is.<br />

Acta Synodi Lausannensis 4 Apritis ÎS38<br />

Fratres omnes qui ad Lausannensem Synodum convenerunt,<br />

communibus suffrages ac unaoûni consensu admiserunt probamntque<br />

ceremoniaset ritus Bernensis ecc<strong>les</strong>iœ, quae nobis in Synodo<br />

sunt proposita ts nempe, baptisare ad lapi<strong>de</strong>m,sive baptisterium,<br />

uti panibus asymis in Cœna Domini, hac tamen Iege, ut ad<br />

nullam certam panum formam adigantur Is,sed qui frangi possint,<br />

et constituantur qui ta<strong>les</strong> panes suppeditent et curent conficiendos.<br />

Neque magis abhorrent à diebusfestis"; hoc solùm obnixè rogant,<br />

tlt MagnificisDominis placeat remittere nimis exactam istarn quorundam<br />

prœfectorwn severitatem si qui aiioqui viri boni et <strong>de</strong><br />

causa pietatis optimè menti, minimè malo animo aut studio contradicendi<br />

et perturbandae tranquillitatis Ecc<strong>les</strong>iœ, aliquid operis<br />

egerint; sed istam potiùs severitatem exerceant in scortatores,aleatores<br />

et ebriosos, qnibus sunt longé clementiores<br />

18 Ontrouve<strong>dans</strong> Rachat, t. IV, p. 453-456, une analyse complète<br />

du rapportprésentépar le syno<strong>de</strong><strong>de</strong> La îsannesur l'état <strong><strong>de</strong>s</strong> églises du<br />

<strong>pays</strong>romand.Les renseignementsque donnele même historien,t. IV,<br />

p. 457-459,sur <strong>les</strong> autresactesdu susdit syno<strong>de</strong>permettent<strong>de</strong> constater<br />

quela requête envoyéeà Berneau nom <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong>Classes,se composait<br />

en majeurepartie <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>i<strong>de</strong>rata<strong>de</strong> la Classe<strong>de</strong> Lausanne.<br />

14Cemillésimea été anciennementsubstitué,<strong>dans</strong>la copie,à celui<strong>de</strong><br />

1558,qui était inexact(Voy.la n. 15).<br />

15-18Cesartic<strong>les</strong>, rapprochés<strong>de</strong> la lettre adresséepar Berne aux Genevois,le<br />

15 avril 1588, déterminentavec certitu<strong>de</strong> la date <strong>de</strong> cette<br />

pièce<br />

11 Les quatrefêtesreligieusesobservéesà Berne étaientNoël,le nouvelan,<br />

l'Annonciationet l'Ascension(Ruchat,IV, 451).<br />

18Ala suite du syno<strong>de</strong><strong>de</strong> Lausanne,MM. <strong>de</strong> Berne publièrent un<br />

édit par lequel ils ordonnaient,entre autres d'ériger <strong><strong>de</strong>s</strong> baptistères<br />

<strong>dans</strong><strong>les</strong> églises,et d'user d'hostiesen la sainte Cène, si on pouvait le<br />

faireconvenablementet sansscandale « n'entendant pourtant par ceci<br />

(disaient-ils)que baptiser <strong>les</strong> enfanssans pierre, ou célébrer la sainte<br />

Cène<strong>de</strong> NostreSeigneuravecle pain commun,que celasoitmal fait on<br />

contrariantà la sainte Escripture,ains afinqu'un mêmeusageet usance<br />

en soittant ici au près, qu'eniceuxnos dits <strong>pays</strong> conquis,etc. » (Voyez<br />

Bûchât,IV, 459).


414<br />

LE CONSEIL DE BERNE A CALVIN ET A FAREL, A GENÈVE. 1 53&<br />

699<br />

LE CONSEILDE BERNE à Calvin et à Farel, à Genève.<br />

De Berne, 15 avril 1538.<br />

Minute originale. Archives <strong>de</strong> Berne. Rachat, IV, 461.<br />

Sommaire. MM. <strong>de</strong> Berne prient Calvin et Farel d'accepter la décision prise par le<br />

syno<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lausanne relativement aux cérémonies et <strong>de</strong> s'entendre avec <strong>les</strong> magistrats<br />

<strong>de</strong> Genève sur cette question.<br />

Très-docts, trés-chiers, singuliers amyset frères! Après qu'avons<br />

entendus la Conclusion du Seine <strong>de</strong> Lausamie t, aussy <strong>les</strong> propusts<br />

qu'avés tenus au dit lieu', et en parthye la consultation qu'avés<br />

cherchée à Strassburg et Basle3, summes occasionés <strong>de</strong> vous<br />

prier et admonester en fraternelle amitié, pour bien <strong>de</strong> paix et<br />

avancement d'union, que [il] soit <strong>de</strong> vostr*plaisir <strong>de</strong> accor<strong>de</strong>r à la<br />

dite Conclusionet ycelleaccepter, affin queresglise <strong>de</strong> Genesv et la<br />

nostre, que sont quant au fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la foy unies, quant aux cerimouies<br />

aussy soyentconformes Cela faisant, ousterés l'occasion<br />

à nous ennemys <strong>de</strong> calumnier.<br />

A ceste cause, vous fraternellement et très-acertes prions et admonestons<br />

d'adviser avec vostre magistrat, auquel nous pour ces-<br />

1 Voy.le N°698, renvois<strong>de</strong> note 14-17.<br />

La «consultation»que<strong>les</strong> pasteurs<strong>de</strong>Bàleet <strong>de</strong>Strasbourgavaient<br />

donnéeà Calvinet à Farel n'est pas parvenuejusqu'à nous. Quant aux<br />


1538 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE GENÈVE.<br />

4i&<br />

tuy affaire escripvons5,et faire sur le tout sybonne résolution, que<br />

l'on ne paisse disre aulcnne différence estre entre nous, considérant<br />

que la dissension n'est <strong>de</strong> sy grosse importancequ'ellepuisse<br />

nuyre à la vérité, quant vous accepteras <strong>les</strong> trois artic<strong>les</strong> au dit<br />

Seinepar tous <strong>les</strong> ministres conclus, assavoir, <strong>de</strong> baptiser sur le<br />

baptistère, usant en la Cène <strong>de</strong> Nostre Seigneur du pain azime, et<br />

observant <strong>les</strong> quatres festes 6.En ce vous plaise, pour ramour <strong>de</strong><br />

nous et pour le bien d'union entre nous, con<strong><strong>de</strong>s</strong>cendre, non suspendant<br />

l'affairejusque à la journée qui soy tiendra à Zurich T.En<br />

tant priant Dieu que nous doint sa grâce <strong>de</strong> vivre sainctement1<br />

Datum xv Aprilis 1538.<br />

L'Advoyer ET CONSEILDE Berne.<br />

(Suscription:) Aux très-docts, nous très-chiers, singuliers amys<br />

et frères, Jehan Calvin et Guilliaume FareU, ministres en la Parolle<br />

<strong>de</strong> Dieu,à Genesve.<br />

700<br />

LE CONSEILDE BERNE au Conseil <strong>de</strong> Genève.<br />

De Berne, 15 avril 1538.<br />

Manuscrit orig. Archives <strong>de</strong> Genève. Roget, op. cit. f, 84.<br />

SosncAiBB-MM.<strong>de</strong> Berne notifient aux magistrats genevois la décision du syno<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Lausanne reiative aux cérémonie».Ils <strong>les</strong> prient d'accepter <strong>les</strong> mêmes formes et <strong>de</strong><br />

s'entretenir c amiablement » <strong>de</strong> cette question avec Calvin et l'ont.<br />

Nob<strong>les</strong>, magnifficques Seigneurs, singuliers amys, très-chiers et<br />

féaulx combourgeoys! I<br />

8 Voyezla lettre suivante.<br />

Les pasteursassemblésà Lausanneavaienttousadopté<strong>les</strong> cérémonies<br />

bernoises,mais en faisant <strong>de</strong>ux réserves,qui étaient précisément<br />

cel<strong>les</strong>queFarel et Calvinformulaientavecle plus d'insistance(Voy.le<br />

N°698,renv. <strong>de</strong> n. 16, 17, et Henry,loc. cit.).<br />

Le syno<strong>de</strong>da Zvrîch<strong>de</strong>vaitse réunirle 28 avril, non pour donner,


(16 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DB43ENEV&. 1538<br />

Puis qu'avés <strong><strong>de</strong>s</strong>iréz <strong>de</strong>vous faire conformes quant aux Cérimo-<br />

nies avec nous vous voulons bien nottifier la Conclusion du Seine<br />

<strong>de</strong>rnièrement tenu à Lausanne, qu'est tieullerque tous <strong>les</strong> ministres<br />

<strong>de</strong> nous <strong>pays</strong> conquestés ont accordé <strong>de</strong> baptiser <strong>les</strong> enfans sus le<br />

baptistoire; secon<strong>de</strong>ment, <strong>de</strong> user, en la Cène <strong>de</strong> Nostre Seigneur,<br />

du pain non fermenté, toutesfoys la forme d'ycelluy libère petite<br />

ou gran<strong>de</strong>'; tiercement, d'observer <strong>les</strong> quatres festes que nous<br />

avons instituées.<br />

À ceste cause, pour entretènement <strong>de</strong> union entre vostres et<br />

nostres esglises, vous prions et admonestons fraternellement d'accepter<br />

mesme forme, et, avec vous ministres Maistre Calvin et Farell,<br />

amyablement sur ce convenir, auxquels nous avons aussy es-<br />

cript pour ce mesme affaire 3. Espérant que, puis bien qu'il ayent<br />

comme l'affirme M. Roget (op. cit. I, 84) une plus gran<strong>de</strong> extension à<br />

l'œuvre d'unification inaugurée à Lausanne, mais afin <strong>de</strong> préparer la réponse<br />

que <strong>les</strong> Suisses voulaient faire à la lettre <strong>de</strong> Luther du 1er décembre<br />

1537 (Voy. <strong>les</strong> instructions données par MM. <strong>de</strong> Berne, le 24 avril<br />

1538, aux députés qu'ils envoyaient à Zurich. Instructions-Buch, vol. C.<br />

f. 202. Arch. bernoises. Lud. Lavaterns, op. cit. f. 30 b).<br />

1<br />

Voyez le N° 694, note 2.<br />

1<br />

Passage à comparer avec le N° 698, renvoi <strong>de</strong> note 16.<br />

8 La présente lettre et la précé<strong>de</strong>nte parvinrent à Genève le jeudi<br />

18 avril. On lit <strong>dans</strong> le procès-verbal du Conseil tenu le len<strong>de</strong>main<br />

c Receu une missive <strong>de</strong> Berne touchan du seynne tenus az Lausanne,<br />

pour adviser si voulIons observer <strong>les</strong> cérémonies comprises en ycelle, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong><br />

az esté résoluz d'observer, selon le Grand Conseyl général. Nonobstant,<br />

az esté advisé <strong>de</strong> monstrer la dite missive az Faret et Caulvin.<br />

Et leur az esté fayct <strong>les</strong> remonstrances, [pour] voyr si veulle observer <strong>les</strong><br />

dites cérémonies aut non [1. ou non]. Et leur az esté donner terme pour<br />

respondre. Les ditz prédicant on[t] prié <strong>de</strong> non poiên volloyr fêre chose<br />

<strong>de</strong> noveau jusque az laz Penthecoste, et que entre cy et laz se tiendraz<br />

ung seyne az Cliurit et Estràbow. » Résoluz, touchant <strong><strong>de</strong>s</strong> prédicans<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> dites cérémonyes, d'en parlé az M. le ballifz <strong>de</strong> Ternier et <strong>de</strong><br />

Gaillard, pour avoyr conférence avecque eux. » « Résoluz que Goreau,<br />

prédican, ne prêche plus jusque az ce que le droyt soy tenus <strong><strong>de</strong>s</strong> parol<strong>les</strong><br />

par luy proférues en laz ville, et d'envoyer M. le soultier luy. fère laz<br />

<strong>de</strong>ffence. Et si ne veult obayr, qu'il soyt détenuz en prison. » « Résoluz<br />

que laz comas [du 21 avril, jour <strong>de</strong> Pâques] se fasse, s'il est possible<br />

fère, az la forme <strong>de</strong> laz dite missive [<strong>de</strong> Berne, et] d'aller trover Calvinm<br />

et Faret, voyr si veullen presché az laz forme az eux proposé autjourd'huy.<br />

synon d'aller envoyer querre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux prédicans que M. le<br />

balliffz <strong>de</strong> Ternier nous az présenté. » « M. le soultier estant revenus<br />

<strong>de</strong>vert Faret et Calvin az refferuz que totallement ne veulen prêcher<br />

ny donner laz cenne az laz forme <strong>de</strong> la dite missive. »


1538 LE CONSEILDE BERNE AU CONSBILDE NECCRATEL. 417<br />

faictquelque difficulté,il adviseront du mieulx pour conformité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

dictes esglises. Ce que Dieu par sa grâce permectel Datum xv<br />

Aprilis 1338.<br />

L'Advoyer ETConseil DEBERNE.<br />

701<br />

LE CONSEILDE BERNEau Conseil <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

De Berne, 15 avril 1538.<br />

Jonas Boyve. Anna<strong>les</strong> hist. du comté <strong>de</strong> Neuchâlel et Valangin,<br />

t. II, p. 382».<br />

Sommaire.Les Bernois exhortent <strong>les</strong> magistrats <strong>de</strong> Nenchâtel &établir <strong><strong>de</strong>s</strong> consistoires<br />

pour réprimer, commeon le fait à Berne, <strong>les</strong> vices régnants.<br />

Nos salutations coutumières prémises. Ayant plu à l'Éternel, par<br />

une grâce singulière, approcher <strong>de</strong> vous, <strong>de</strong> nous et d'autres le<br />

flambeau <strong>de</strong> sa Parole, pour estre fidèlement proposée, conservée<br />

et fomentée au milieu <strong>de</strong> nous et, <strong>de</strong> nostre costé, ayant reçu<br />

ceste grâce <strong>de</strong> Dieu, d'establir et <strong>de</strong> dresser quelque[s] man<strong>de</strong>ment[s]<br />

tendant à l'abolition, correction et punition <strong><strong>de</strong>s</strong> vices et<br />

à la propagation <strong>de</strong> l'honnesteté et bienséance chrestienne, pour<br />

cest effectdéjà publiés, et auxquelsjusques à présent avons tenu<br />

main forte et exacte; remarquani d'ailleurs que jusques ici, à nostre<br />

grand regret, aucune telle discipline et réformation n'a eu lieu<br />

entre vous, encore qu'ayons tousjours espéré, selon qu'avions la<br />

chose à cœur, que mettriez une fois la main à l'œuvre <strong>de</strong> faire<br />

comme nous, en vous y conformant, afin qu'il ne fust dict <strong>de</strong> vous<br />

qu'estes seulement auditeurs <strong>de</strong> la Parole, sans la mettre en effect,<br />

et nullement practiciens, Nous avons cru estre nostre <strong>de</strong>voir<br />

<strong>de</strong> vous supplier et advertir, selon nostre intention sincère, fidèle,<br />

1Nousavons rétabji l'orthographeancienne<strong>dans</strong> quelques-ans<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

passagesoù l'historienneachatelofel'a mo<strong>de</strong>rnisée.<br />

Ol»<br />

i. vr. 27


-418 PIERRE LIZET AUCHANCEUER DU BOURG. 1338<br />

amiable et chrestienne, <strong>de</strong> ne dilayer plus longuement telle affaire;<br />

ains, <strong><strong>de</strong>s</strong> l'instant ceste reçue, mettre ordre entre vous que <strong>les</strong><br />

vices qui régnent an milieu <strong>de</strong> vous, comme <strong>les</strong> blasphèmes, l'ivrognerie,<br />

<strong>les</strong> jeux, <strong>dans</strong>es, paillardises, et autres semblab<strong>les</strong>,<br />

soient réfrénés, chastiés et punis comme il appartient, afin qu'il<br />

n'y ait point<strong>de</strong> dissemblanceentre nous, qui nous vantons estre <strong>de</strong><br />

mesmereligion3, et que le nom <strong>de</strong> l'Étemel ne soit point blasphémé.<br />

Qu'il vous plaise recevoir telle remonstrance fraternelle,<br />

<strong>de</strong> mesme volonté et affection qu'elle est procédée <strong>de</strong> nous; cela<br />

réussira à la gloire <strong>de</strong> Dieuet à vostre propre honneur et louange,<br />

à quoi vous tend[e] le Seigneur favorablement la main Datum xv<br />

AprilisI5388.<br />

702<br />

Mscrit. orig. Arch. <strong>de</strong> l'Empire, J. 966. Suppl. du Trésor <strong><strong>de</strong>s</strong> Char-<br />

tes. Fragment <strong>dans</strong> le Musée <strong><strong>de</strong>s</strong> Archives <strong>de</strong> l'Empire, p. 343.<br />

Copie communiquée par -M. Théophile Dufour, <strong>de</strong> Genève.<br />

Sommairk. Après avoir aFfirméqu'un seul <strong><strong>de</strong>s</strong> membres <strong>de</strong> la famille Philippe <strong>de</strong> Ger.ave<br />

est en prison, Lizet <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>les</strong> ordres dn Roi, afin <strong>de</strong> poursuivre le procès<br />

du libraire Jean Marin, éditeur du Cymbdbm mvmdi.Le libraire Jean <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong><br />

et d'antres héritvpies ont été récemment brûlés à Paris.<br />

Monseigneur,<br />

Naguèresil a pieu au Roym'escripreqae par cy-<strong>de</strong>vantil m'a,-<br />

• Après avoir réalisé l'unité <strong><strong>de</strong>s</strong> cérémonies<strong>dans</strong> son propre<br />

et <strong>dans</strong> celui <strong><strong>de</strong>s</strong> Genevois,Berne aurait voulu obtenir <strong>les</strong> mêmes résultats<br />

à Neuchatel. Mais ici la chose était plus difficile,parce que <strong>les</strong> rites<br />

introduits par Farel <strong>dans</strong> <strong>les</strong> églises neuchàteloises avaient plus <strong>de</strong> huit<br />

ans d'existence.


1538 PIERREUZBTAUCHANCELIER DUBOURG. 419<br />

voit escripVpar trois foys, L'advertir<strong>de</strong> la cause <strong>de</strong> l'emprisonnement<br />

<strong>de</strong> Jehan et André Philippes <strong>de</strong> Genésve,Et tonteffois, Monseigneur,<br />

vous savez bien qa'il y a plus d'un moys que j'en ay<br />

escript au dit Seigneur et à tous, et envoyé <strong>les</strong> charges et informations<br />

par vertu <strong><strong>de</strong>s</strong>quel<strong>les</strong> le dit André Philippe*a esté arresté<br />

en son logiz et, par <strong>les</strong> <strong>de</strong>rnières lettres qu'il vous a pieu m'escripre<br />

par l'huissier Regnault, j'ay entendu que avez receu <strong>les</strong><br />

dites charges et informations. Et quant à Jehan Philippes, il n'a<br />

poinct esté emprisonné ny arresté par <strong>de</strong>çà1. A ceste cause, il vous<br />

plaira,Monseigneur, en advertir le Roy,auquel j'en escripz. Monseigneur,<br />

je vousay voulu advertir que JehanMorin,libraire, qui a faict<br />

imprimer le petit livre intitulé CymbaldmMundi3, pourquoy il a<br />

esté constitué prisonnier, suivant l'ordonnance du Roy, s'est<br />

trouvé <strong>de</strong>puis chargé d'avoir vendu à ung nommé Jehan <strong>de</strong> la<br />

Gar<strong>de</strong>, aussi libraire, quatre petits livres, <strong>les</strong> plus blasphèmes hérétiques<br />

et scandaleux que l'on sauroit poinct dire, et contre le<br />

sainct sacrement <strong>de</strong> l'autel et toute la doctrine catholique, <strong>les</strong>quelz<br />

Uvresont esté brusléz avecle dit <strong>de</strong>la Gar<strong>de</strong>et aultres exécutez ces<br />

jours passez à mort3. Et parce que le dit Morin libraire est prison-<br />

1 Les éditeurs du Musée nous apprennent que « <strong>dans</strong> cette lettre do<br />

16 avril [1537] Lizet entretient d'abord le chancelier <strong>de</strong> poursuites exer*<br />

cées contre <strong>de</strong>ux hérétiques<strong>de</strong> Genève,Jean et André Philippe- » Or nous<br />

voyonsqu'un seul <strong>de</strong> ces personnages était prisonnier à Paris, et comme<br />

<strong>les</strong>.démarchesfaites en sa faveur par <strong>les</strong> Bernoiset <strong>les</strong> Genevoisn'eurent<br />

lieu qu'au mois<strong>de</strong> février 1538 (N° 684, n. 3, 4), on est autorisé à croire<br />

que la présentelettre fut écrite la même année.<br />

Cet ouvrage, composépar le poète français Jean-Bonaventitre Despérier8<br />

(N° 507, n. 21), avait paru en 1537 (1538, nouv. style?). Dansl'é pitre dédicatoire à sonami Pierre Tryocan, l'auteur prend le pseudonyme<br />

<strong>de</strong> Thomasdu Clemer.On lit à la fin <strong>de</strong> la V édition c Fin du présent<br />

livre intitulé CymbàlvmMundi, en François, impriménouvellementà Paris<br />

pour Jehan Morin, Libraire à Paris, <strong>de</strong>meurant au dit lieu en la rue<br />

S. Jacques, à l'enseigne du Croissant. k. D.xxxvn. Ce fut le 4 mars<br />

1538 que le prési<strong>de</strong>nt Lizet dénonça cet ouvrage au Parlement <strong>de</strong> Paris,.<br />

par ordre du Roi (Voyez<strong>les</strong> Œuvres <strong>de</strong> Bonaventure <strong><strong>de</strong>s</strong> Périers, édition<br />


420<br />

LE CONSEIL DE A JEAN MORAND, A COLLY. 1 538<br />

nier <strong>de</strong> l'ordonnance du Roy, vostre plaisir soit en parler an dit<br />

Seigneur, à ce qu'il luy plaise me faire entendre sur ce son bon<br />

plaisir et comman<strong>de</strong>ment.<br />

Monseigneur, après m'estre très-humblement recommandé à<br />

vostre bonne grâce, priray le benoist Sàulveur vous donner très-<br />

bonne et très-longue vie. De Paris, ce xvr» Avril (1538*).<br />

Vostre plus humble serviteur, Pierre Lket<br />

(Suscription :) A mon seigneur Monseigneur le Ghancellier 8.<br />

703<br />

LE CONSEILDE GENÈVEà Jean Morand à Cully.<br />

De Genève, 24 avril 1538.<br />

Inédite. Manuscrit original. Archives <strong>de</strong> Genève.<br />

sSomhaibe.Le docteurMoran<strong><strong>de</strong>s</strong>t prié <strong>de</strong> venir prêcheret administrerlasainte Cène<br />

4 Genève,Il<strong>les</strong> prédicans » <strong>de</strong> cetteville ayantrefusé <strong>de</strong> se conformeraux cérémoniesadoptéespar<br />

le syno<strong>de</strong><strong>de</strong> Lausanne.<br />

Monsieur, Nous nous recommandons <strong>de</strong> bien bon cueur az<br />

vostre bonne grâce, vous priant qu'il soyt <strong>de</strong> vostre bon playsir <strong>de</strong><br />

vus qui<strong>de</strong>m, sed ita tamen, ut laqueo fracta gula, pendulus ignem succensum<br />

persentisceret, quod pro loci consuetudine, magni beneficii loco<br />

datum ei fuit, eo quôd in carcere, priùs quàm educeretar, assi<strong>de</strong>ntis atque<br />

minitantis judicis Morini voce perterritas, impiè se fecisse testificatns<br />

erat et irreligiosè. Consiraili erant in pericalo ires quidam Germani<br />

Bétgœ, propter ean<strong>de</strong>m causam, sed admoniti per senatorem quendam,<br />

virom inprimis doctum et acri judicio prœditom fuga sibi salutem quserebant.<br />

»<br />

4<br />

Voyez note 1.<br />

Pierre Lizet était <strong>de</strong>puis 1529 premier-prési<strong>de</strong>nt du Parlement <strong>de</strong><br />

Paris.<br />

6 Antoine Du Bourg, d'abord lieutenant civil au Châtelet, puis prési<strong>de</strong>nt<br />

du Parlement <strong>de</strong> Paris, avait été créé chancelier <strong>de</strong> France le<br />

6 juillet 1535 (Yoy. le Journal d'un bourgeois <strong>de</strong> Paris, p. 461, 462, et la<br />

Chronique <strong>de</strong> François I, p. 258).<br />

1<br />

Voyez, sur Jean Morand, <strong>les</strong> N°* 674, note 16; 688, renvoi <strong>de</strong><br />

note 2.


f 538 PIERRE VIRET AU CONSEIL DE GENÈVE. kSA.<br />

voustransporter <strong>de</strong> par <strong>de</strong>çà <strong>dans</strong> nostre ville, pour nous preschés<br />

le Sainct Euvangièle et donner laz Cenne dymenche prochaine 2;<br />

cart nous prédicans n'on[t] voulsu nullement optempérer az ce que<br />

<strong>de</strong>rnièrement az estérésohtzaz Lausanne touchant <strong>les</strong> cérémonies*.<br />

Et à cella <strong>de</strong> rechie[fj nous vous prions <strong>de</strong> venyr, et cependant<br />

envoyrons nous ambassa<strong>de</strong>urs pour aller az Berne, pour aulcong<br />

nous affère, <strong>les</strong>quieulx soliciteron pour obtenyr vostre congé et<br />

licence <strong>de</strong> venyr; et ferons tam envers vous, que aurés cause <strong>de</strong><br />

vous contenté <strong>de</strong> nous, aydant Nostre Seigneur, autqueltnous<br />

prions, Monsieur, qu'il vous doien [I. doint] bone prospérité. De<br />

Genève, ce 24 d'apvril 1538.<br />

LES Sqndiqces ET CONSEYLDE Genève.<br />

(Suscription:) Aut Docteur Morand,prédicant <strong>de</strong> Culliez<br />

704<br />

PIERRE viret au Conseil <strong>de</strong> Genève.<br />

De Lausanne, 25 avril 1538.<br />

Inédite. Autographe. Archives <strong>de</strong> Genève.<br />

Sommaire. Viret annonce à MTf.<strong>de</strong> Genèveque le docteur Morand ne pourra se rendre<br />

auprès d'eux le dimanchesuivant, comme ils l'ont <strong>de</strong>mandé..<br />

Grâce et paix! Vostre messagier le présent porteur a esté vers<br />

moy et m'a <strong>de</strong>mandé nouvel<strong>les</strong>, comme vous luy aviez commandé,<br />

Le dimanche28 avril. Cubainet Fard ayant refusé d'administrer<br />

la sainteCènele 21, jour <strong>de</strong> Pâques,avaientété bannis avec Cbraudle<br />

mardi28 (Voy.N°705).<br />

Voyezle N°700, note 3, et le N°706;note 6.<br />

Cettelettre est <strong>de</strong> la man <strong>de</strong> PierreRttf(i,qui, <strong>de</strong>puisle 12 mars<br />

précé<strong>de</strong>nt,rédigeait<strong>les</strong> procès-verbauxdu Consefl.<strong>de</strong> Genève.Lesfonctions<strong>de</strong><br />

secrétairelui furent déftmtrvement confiéesle 28 avril par mie<br />

dédsiondu Conseilgénéral et l'anciensecrétaireClau<strong>de</strong>Boset,qni avait<br />

encourule mécontentement <strong>de</strong>vBernois,fut mis décote (Voy. kReg.dit-<br />

23févrieret du 28 avril 1588).


4»<br />

G. PAREL ET J. CALVIN AU CONSEIL OR BERNE. f KM*<br />

do docteur Morand, lequel n'est pas à présent ne icy,ne à Cueiify1,car<br />

il est allé àNeufchastelet à Bevay où il faict ses nopces, et<br />

ne pourra partir <strong>de</strong> là <strong>de</strong>vart lundy on mardy, mais fault que<br />

quelcun <strong>de</strong> nous presche dymencheà C'jetKtepourluy. Pourquoy<br />

n'est possible qu'il puisse estre dymenche aultre part, ne qu'il<br />

puysse estre en si brief temps par <strong>de</strong>vers vous en sorte que soit.<br />

La grâce <strong>de</strong> Dieu soit avec vous! De Lausanne, ce 25 <strong>de</strong><br />

Avril 1538.<br />

Vostre humble serviteur Pierre Viret.<br />

(Suscription:) Au[x] trés-honnorés et magnifiques Seigneurs<br />

Messieurs<strong>les</strong> Syndiques,à Genève.<br />

705<br />

G. FAREL et J. calyin au Conseil <strong>de</strong> Berne<br />

Berne, 27 avril 1538.<br />

Copie bernoise officielle.Archives <strong>de</strong> Genève. Impr. en partie<br />

<strong>dans</strong> l'Histoire du peuple <strong>de</strong> Genève,par A.Roget,l, 92,97.<br />

Sommaire. Calvinet Farelexposent à MM.<strong>de</strong>Berneleur,griefscontre<strong>les</strong>magistrats<br />

genevois.<br />

Premièrement, il [c.-à-d. Messieurs<strong>de</strong> Genève]ont voulsu déjecter<br />

Corotdn ministère <strong>de</strong> la Parolle, sans avoir trouver par cer-<br />

Voyez la lettre précé<strong>de</strong>nte.<br />

Bevaix,villageneuchâteltissituéan S.-O.<strong>de</strong> Bondri.<br />

Ledimanche28 avril.<br />

y. Laprésentepièce,nonsignée,estcelledont<strong>les</strong> Bernoisdisent^dan»<br />

leur lettre du 27avril(N°706),qu'elle contient<strong>les</strong> cdoléances,<strong>de</strong> Farel<br />

et <strong>de</strong> Calvin.» I31eporte, da reste, la notesuivanteécriteà Genèvepar<br />

rat~po~sin ie.~dobIe<strong><strong>de</strong>s</strong> MtMes<strong>de</strong> Fonei et 0aIfiR;sas [1.raçns]ce<br />

29d'apvril 1538.» • • > .


t538 6.FARELET J.CALVIN AIT CONSEILDE BKRNE. 42£<br />

tains tesmogniages qu'il enst faDi en son office*mais seulement<br />

soub umbre. <strong>de</strong> quelque faulx rappourt<br />

Item, à cause que après ceste <strong>de</strong>ffense à tay faicte il a presché,<br />

a esté mis en estroicte prison 8, tellement que personne ne parle à<br />

luy, et mesme l'on ne souffre son conducteur (qu'il avoit accoustumé<br />

<strong>de</strong> lay lisre *)approacher <strong>de</strong> luy.<br />

En cestuy emprisonnement il luy ont faict tort, d'aoltant qu'il<br />

n'a riens attenter contre l'ordre <strong>de</strong> Justice; car au paravant il<br />

avoit appellé <strong>de</strong> leur sentence par <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> Deux-Cens et protesté<br />

qu'ijl] feroit son office jusque à ce que l'appellation seroit<br />

vuidée 5.<br />

Item, quant l'on leur a onffert cent bourgeoys pour plaiges,<br />

corps pour corps, biens pour biens, il ne l'ont voulsu relaicher<br />

soub aulcune caution, nous déclairan tontesfoys qu'ifls] ne le tenoyent<br />

sinon pour avoir transgresser en ce qu'il avoit presché<br />

contre leur <strong>de</strong>ffence qu'est une raison frivole.<br />

Onlit <strong>dans</strong> le Registre <strong>de</strong> Genève,au lundi 8 avril 1538 c Touchan<br />

maystre Coreau,prédican, lequelt en saz prédication az blasmer Messieurs<br />

<strong>de</strong> laz Justice, résoluz <strong>de</strong> luy fëre <strong>les</strong> remonstrances et le mandé<br />

querre <strong>de</strong>main en Conseyl. Et, an vendredi 19 dn même mois « Az<br />

esté <strong>de</strong>ffencefaycte az maystre Coreau. <strong>de</strong> non poiën plus prêcher icy,<br />

at cause <strong>de</strong> ce [que], en ses prédications, az blasmé le magistral, et<br />

soventefoys.Lequelt Coreaun'az [1. en a] appelle <strong>de</strong> la dite <strong>de</strong>ffenceant<br />

Conseyl<strong><strong>de</strong>s</strong> Deux-Cent, proférant que MM.<strong>les</strong> governeursavoyen<strong>les</strong> piés<br />

<strong>de</strong> cyre, et que il pense que du Réanime <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux que [ils] croyen que<br />

c'est le Réanime <strong><strong>de</strong>s</strong> grenollies. Et pluseurs aultres parol<strong>les</strong> tropt longues<br />

as raconter, ausy en <strong>les</strong> appellant yvrognyez. »<br />

Malgré la défensequi lui avait été intimée la veille (Voy. n. 2, et le<br />

N° 700, n. 3), Coraud était monté en chaire le samedimatin 20 avril, et<br />

il avait été aussitôt arrêté (Voy. la n. 6).<br />

Éife Coraud était aveugle.<br />

5 Voyez la note 2.<br />

8 Le samedimatin 20 avril, Calvinet Farel, accompagnés <strong>de</strong> quatorze<br />

citoyens(entre antres, <strong>les</strong> anciens syndics Michel Sept, Clau<strong>de</strong> Savoye,<br />

Clau<strong>de</strong> Pertemps, Jean-Ami Curtet, et l'ancien trésorier Ami Perrin) s'étaient<br />

présentés a l'Hôtel <strong>de</strong> ville. D'après le Registre du Conseil, Farei<br />

dit que l'on avoytfayet mal, méchammentet iniquement <strong>de</strong> mettre ètt<br />

prison Cbreotf,<strong>de</strong>mandant avoyr le Conseyl <strong>de</strong>Denx-€ent. Et. fifepf,<br />

Perfemps,Jean Lambert, Clau<strong>de</strong> Bernard'et Perri» on proféruspluseurs<br />

grosse*parol<strong>les</strong>, et, entre <strong>les</strong> anltresy le dit- Sept ax proféré cH-prtcheront.<br />

» Et le dit Farel dist encore «Sans moy vous ne fassïés^pBS<br />

ainsj. » Mesdietz 8eigflèiirrgtin


424 G. FAREL ET J. CALVIN AU CONSEIL DE BERNE. 1538<br />

Quant à nous <strong>de</strong>ux, combien qu'il ne nous ayent déclairé la<br />

cause pourquoy ils nous déjectoyent <strong>de</strong> la ville, tontesfoys nous<br />

entendons qu'il ont prétendus <strong>de</strong>ux choses c'est que nous avons<br />

estés rebel<strong>les</strong> à leurs comman<strong>de</strong>mens, et que nous avou refusés la<br />

con formité <strong><strong>de</strong>s</strong> Cérimonies avec Messieurs <strong>de</strong> Berne, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong><br />

sont toutes <strong>de</strong>ux faulses; car nous avons faict ce qu'estort en nous<br />

pour leur obéyr, et jamais n'avons simplement rejecté ycelle con-<br />

formité, mais plus tost, an contraire, protesté que nous voullions<br />

regar<strong>de</strong>r en quelle manière elle se pourroit bien traicter pour l'édification<br />

<strong>de</strong> l'Esglise T.<br />

Davantaige, il appert que c'est une vainne couverture, veuz<br />

qu'il estoyent prests <strong>de</strong> nous accour<strong>de</strong>r que cestuy affaire feust<br />

différé jusque à V assemblée <strong>de</strong> Zurich moyennant que nous voulsissions<br />

accor<strong>de</strong>r que nostre compaignion feust rejecter <strong>de</strong> l'office<br />

<strong>de</strong> prédication. Et pource que, contre la <strong>de</strong>ffence expresse <strong>de</strong> l'Es-<br />

ciïpture, n'avons voulsus consentir, par <strong><strong>de</strong>s</strong>pict il commencearent<br />

<strong>de</strong> nous presser <strong>de</strong> plus près 9.<br />

blasmé le magistral et <strong>les</strong> governeurs <strong>de</strong> laz ville, en proférant pluseurs<br />

parol<strong>les</strong> oultragieuses contre ycienlx. Avecque cella, az cause <strong><strong>de</strong>s</strong> dictes<br />

parol<strong>les</strong> luy az esté <strong>de</strong>ffenduz laz prédication jusque az ce que son cas<br />

soyt mys en droyt, comment az esté résoluz par Conseyl [Voy. N° 700,<br />

n. 3]. Et, nonobstant la dite <strong>de</strong>ffence, est allé prêché autjourduy. Et,<br />

cella avoyr entendus, n'on[t] cessé <strong>de</strong> proféryt pluseurs parol<strong>les</strong>, et que il<br />

prêcheront, vollés-vous aut non.<br />

< En oultre. az esté proposé au[x] dits prédicans, voyr si volloyent<br />

optempérer ès dites lettres <strong>de</strong> Messieurs <strong>de</strong> Berne [du 15 avril]. Lesquel<br />

prédicans on responduz que il n'en venllent fère, synon selon ce que Dieu<br />

leur az commandé. Et se son[t] offert <strong>les</strong> ditz prédicans et <strong>les</strong> aultres<br />

susnommés <strong>de</strong> volloyr fiancer le dit Coreau az quoy az esté responduz<br />

qu'il n'estoit pas borgoys, et qu'il l'estoyt détenuz pour mesprissance <strong>de</strong><br />

Justice. » Même jour. « Résoluz encore une foys d'aller prier Foret et<br />

Calvin voyr si veullent prêcher <strong>de</strong>maiën et donné laz cenne en laz forme<br />

<strong>de</strong> la missive .En cas <strong>de</strong> refus, qu'i[ls] se doygent déporter <strong>de</strong> prêcher<br />

<strong>de</strong>maiën. » Calvin répondit « que l'on n'avoy pas observéz le contenus <strong>de</strong><br />

la dite lectre, et le Santier lui intima la défense <strong>de</strong> prêcher.<br />

Les artic<strong>les</strong> présentés au syno<strong>de</strong> <strong>de</strong> Zurich, au nom <strong>de</strong> Cal,m et <strong>de</strong><br />

Farel, font entrevoir <strong>de</strong> quelle manière ces <strong>réformateurs</strong> auraient voulu<br />

procé<strong>de</strong>r <strong>dans</strong> cette affaire, si le gouvernement <strong>de</strong> Genève, au lieu d'exiger<br />

une réponse immédiate et. catégorique, eût consenti à discuter «amiablement<br />

» aveceux (Voy. Henry, op. cit. I, App., p. 47, etN» 700, renv.<br />

<strong>de</strong> n. 3).<br />

8 C'est-à-dire, jusqu'au 28 avril (N° 699, n. 7).<br />

9 Le Registre du Conseil <strong>de</strong> Genève ne dit rien <strong>de</strong> cette discussion.


1538 G. FAREL ET 1. CALVIN AU CONSEIL Dfc BERNE. 42&<br />

Ceque nous n'avons point administré la Cène <strong>de</strong> Pasque, nous<br />

avons protesté publiquement <strong>de</strong>vant le peuple, que ce n'estoit<br />

point à cause du pain 10,adjoustans que c'est une choseindifférente<br />

qu'est -enla liberté <strong>de</strong> l'Esgliseu, mais que nous avions grand*difficulté<br />

que nous mouvoità cefaire, c'est assavoir que nous eussions<br />

profanés ung sy sainct mystère,sinon que le peuplefeut mieulx disposé,<br />

allégant <strong>les</strong> désordres et abominations que régnent au jourd'huy<br />

à la ville, tant en blasphèmes exécrab<strong>les</strong> et mocqueries <strong>de</strong><br />

Dieu et [<strong>de</strong>] son Évangille, que en troub<strong>les</strong>, sectes et divisions;car<br />

publicquement,sans ce que aulcune punition en soit faicte, il soit<br />

[l. il se]faict mitjrrisions contre la Parolle <strong>de</strong> Dieu et mesmement<br />

contre la Cène<br />

Encores qu'il peussent prétendre aulcune apparence, néansmoings<br />

il ne se peulvent excuser qu'il n'ayent procédé contre toute<br />

équité et ordre <strong>de</strong> justice; car il ne nous ont jamaisvoulsus admectre<br />

à rendre nous raisons, mais, sans nous avoir ouys, ont contre<br />

nous concitétant <strong>les</strong> Deux-Cens que le peuple, nous chargeant <strong>de</strong><br />

ce que ne se trouvera véritable ne <strong>de</strong>vant Dieu, ne <strong>de</strong>vant <strong>les</strong><br />

hommes13.<br />

10 nfaut sous-entendre sans levain(Voy.N° 700,renv. <strong>de</strong> n. 2).<br />

11Ces<strong>de</strong>rnièresparo<strong>les</strong>sont la répétitiond'un passage<strong>de</strong> VInstitutionchrétienne<strong>de</strong><br />

Calvin(Voy.N° 581, n. 6).<br />

12Voicile procès-verbal<strong>de</strong> la séancedu Conseil<strong>de</strong> Genèvequi eut<br />

lieuaprèscesprotestationspubliques<strong>de</strong> Farel et <strong>de</strong> Calvin a Dymenche<br />

21Aprilis.Az esté proposécommentFaret et Calvin,oultre <strong>les</strong> dépensesaz<br />

leur [1. à eux] faycte <strong>de</strong> non poiënprêcher (Voy. la fin <strong>de</strong> la<br />

n. 6), az cause<strong>de</strong> ce qu'il ne veullentpas optempéreraz laz missiveenvoyée<strong>de</strong><br />

Berne, en méprisantlaz Justice son[t] aller prêcher, Calvin<br />

az Sainct-Pierreet Farelh St.-Gervays. » « Azesté résolus.que, touchantlaz<br />

Cennaz,qu'elle se fassetan seullementdymenchequil vien,et,<br />

cependan,regar<strong>de</strong>r<strong>de</strong> mectre bon ordre aut dit affère.» c Résoluz<br />

ausy<strong>de</strong> tenyr <strong>de</strong>maiënle Conseyl<strong><strong>de</strong>s</strong>Deux-Cent,et mardyprochaiënle<br />

ConseylGénéralpour proposer<strong>les</strong> affères.» c L'on az <strong>de</strong>mandéaz<br />

maystreHenry[<strong>de</strong>la Mare],prédicant,<strong>de</strong> prêcher; lequel az prier <strong>de</strong>.<br />

nonpoiënprêcher,az causeque Foretet Calvinu3l'ont <strong>de</strong>ffenduz<strong>de</strong> non<br />

poiënprêcher,et qu'il le tenoyenpour excommunier,luy <strong>de</strong>ffendanlaz<br />

prédication.»<br />

1SLe Conseil<strong><strong>de</strong>s</strong>Deua>Cent8,téxaû le lundi22avril, entenditlà lecture<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> c troislettres <strong>de</strong> Berne» du 5 mars, du 20 mars et da 15avril,et il<br />

résolut<strong>de</strong> c vivreselon<strong>les</strong> cérémonies<strong>de</strong> MM.<strong>de</strong> Berne. Onlit ensuite<br />

<strong>dans</strong>le procès-verbal<strong>de</strong> la mêmeséance


426 G. FAREL ET S. CALVIN AU CONSEIL DE BERNE. 1538<br />

En ce faisant, il se monstrent assés qu'ils ne cerchent que es-<br />

clandres et scandal<strong>les</strong> pour diffamer FÉvangflle, et, <strong>de</strong> faict, il y a<br />

six moys passés que le brayct en estoit à Lyon et en plusieurs aul-<br />

tres lieux <strong>de</strong> France, tellement que aulcangs marchands ont voulsu<br />

vendre marchandises pour grosse somme à payer quand nous se-<br />

rions <strong><strong>de</strong>s</strong>chassés. En quoy on apparceoit qu'il y aye machinations<br />

secrètes <strong>de</strong> longue main; mesme il ne se sont point contenter <strong>de</strong><br />

l'ignominie, mais ont crié par plusieurs foys que l'on nous gectà[t]<br />

au Rosne w.<br />

dite mesprisance, voyr se l'on <strong>les</strong> mectraz en prison, aut non? Âzesté<br />

résoluz qu'il se doyve déporté <strong>de</strong> prêcher, et que l'on leur donne congié,<br />

nonobstant que porron encore <strong>de</strong>moré ung espace <strong>de</strong> temps, jusque az ce<br />

que l'on en aye trover d'aultres. »<br />

Le Conseil Général, réuni le mardi 23 avril, entendit également la lecture<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> trois lettres <strong>de</strong> Berne susmentionnées; il fut c totallement résoluz<br />

par plus grand' voys, qu'il volloyeri vivre selon <strong>les</strong> cérémonies accordés<br />

az Lausanne <strong>de</strong>rnièrement. » Onlit ensuite <strong>dans</strong> le procès-verbal<br />

< Az esté proposé ansy touchant <strong>de</strong> Faret, <strong>de</strong> Calvinus et aultre prédican,<br />

que n'on poiën volsn obéyr aut comman<strong>de</strong>ment du magistral, et voyr si<br />

l'on leur donnery congé aut non, comment le Petit et Grand Conseyl<br />

az ainsy résoluz? » « Laz plus grand'voys az arresté, qvtil doyjen<br />

vuy<strong>de</strong>r laz ville <strong>dans</strong> troys jour prochain. » « Az esté résoluz que l'on<br />

fasse cryes <strong>de</strong> bien vyvre et selon Dieu, az laz discrétion du Petit Conseyl.<br />

»<br />

< Monsieur le soultier est aller fère comman<strong>de</strong>ment az maystre Guillaume<br />

Faret et az Calvinus <strong>de</strong> non plus prescher <strong>dans</strong> la ville et [<strong>de</strong>] laz<br />

absenté <strong>dans</strong> troys jour prochaiën. Sur quoy on respondus <strong>les</strong> dictz<br />

prédicant « Est bien 1 az laz bonne heure. Si nous heuss[i]ons servy<br />

<strong>les</strong> hommes, nous fussions mal récompenser; més nous servons ung grand<br />

maystre, que nous récompenseraz. » Calvinus az respondus cecy <strong><strong>de</strong>s</strong>sus.<br />

Maystre Faret ausy az responduz < Az la bonne heure et bien <strong>de</strong> par<br />

Dieu »<br />

14 Onlit <strong>les</strong> passages suivants <strong>dans</strong> le discours d'adieu adressé par Cal'<br />

«m à ses collègues en 1564 < J'ay vescu icy en combats merveilleux;<br />

j'ay esté salué par mocquerie le soir <strong>de</strong>vant ma porte <strong>de</strong> 50 ou 60 coups<br />

d'arquebuse. Que pensez-vous que cela pouvoit estonner un pauvre escholier<br />

timi<strong>de</strong> comme je suis, et comme je l'ay tousjours esté, je le confesse<br />

?. Vous estes en une perverse et malheureuse nation, et combien<br />

qu'il y ait <strong><strong>de</strong>s</strong> gens <strong>de</strong> bien, la nation est perverse et meschante, et vous<br />

aurez <strong>de</strong> l'affaire, quand Dieu m'aura retiré. » (Lettres franc, <strong>de</strong> Calvin,<br />

publiées par M. Ju<strong>les</strong> Bonnet, II, 575, 576).


î 538 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE GENÈVE. 427<br />

706<br />

LE CONSEIL DE berne an Conseil <strong>de</strong> Genève.<br />

De Berne, 27 avril 1538.<br />

Manuscrit original Arch. <strong>de</strong> Genève. Roget, op. cit., 1, 97.<br />

Sommaire.MM.<strong>de</strong>BerneadressentauxGenevoisl'exposé<strong><strong>de</strong>s</strong>plaintes<strong>de</strong>Fard et <strong>de</strong><br />

Calvin.Ilsexpriment le chagrinqu'ilsressentent<strong>de</strong> cequis'estpassétoutrécemmentà<br />

Genève,et ils exhortent <strong>les</strong>magistrats<strong>de</strong>cetteville &mitiger<strong>les</strong>décisions<br />

rigoureusesqu'ilsontprisesà l'égard<strong>de</strong>Coraud,<strong>de</strong>Fard et<strong>de</strong> Calvin.<br />

Nob<strong>les</strong>, magnifficques Seigneurs, singuliers amys, très-chiers et<br />

féaulx comboorgeoys! I<br />

Rz sont aujourd'huy comparu par <strong>de</strong>vant nous Maistre Guilliaume<br />

Farell et Calvin2 et faict <strong>les</strong> doléances comprises en la cédule<br />

céans encluse*, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> avons entendus à grand troublement <strong>de</strong><br />

1 n porte cette note contemporaine « La lettre en faveur<strong>de</strong> Fard<br />

et Calvin,ce 29 d'avril 1588. »<br />

A moins <strong>de</strong> voyager avec <strong><strong>de</strong>s</strong> chevaux <strong>de</strong> poste, on mettait alors<br />

trois jours à franchir la distance entre Genèveet Berne. Farel et Calvin<br />

s'étant présentés le 27 avril <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> magistrats bernois, il fcut en conclure<br />

qu'ils avaient quitté Genèvele 24 au plus tard, c'est-à-dire le len<strong>de</strong>mainmême<br />

du jour où ils avaient été bannis <strong>de</strong> cette ville. Calvins'en<br />

était éloigné en laissant la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>. ses effets entre <strong>les</strong><br />

mains<strong>de</strong> son frère Antoine (Voy. sa lettre à Thomas Grynœus, écrite <strong>de</strong><br />

Bâle le 20 juillet suivant). Ils avaient d'ailleurs une excellente raison<br />

pour se hâter le syno<strong>de</strong><strong>de</strong> Zurich, auquel ils désiraient assister, <strong>de</strong>vait<br />

se réunir le 28 avril.<br />

Dès le 24 du même mois, le Conseil<strong>de</strong> Genèvefaisait retirer c <strong>les</strong> mob<strong>les</strong><br />

appertenant az laz ville, <strong>les</strong>queulx l'on avoyt preste; az Fard et Calvîmes»<br />

(Reg. <strong>de</strong> Genèvedu dit jour).<br />

Voyez la pièce précé<strong>de</strong>nte. La copie <strong>de</strong> cette pièce qui a été levée<br />

par le secrétaire genevoisPierre Rvffi porte l'annotation suivante c Doble<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> Faret et CaMnm recyeu ultima aprilis 1588,<strong>les</strong>queulx<br />

on[t] produyct az Berne. »


428 LECONSEH. DEBERNEAUCONSEILDEGENÈVE. 1538<br />

nous cuenrs, considérant que sy <strong>les</strong> choses sont ainsin passées,<br />

que [el<strong>les</strong>]serviront à grand scandale et offension, voire à déshonneur<br />

<strong>de</strong> la religion chrestienne. A ceste cause, vous instantement,<br />

très-acertes et en fraternelle affection prions, admonestons<br />

et requérons, que en tout veuflliésmectre ordre, et premièrement<br />

lâcher et mectre en liberté le pouvre aveugle Coraux*, affin<br />

que vostre esglise ne soit <strong><strong>de</strong>s</strong>tituée <strong>de</strong> pasteur, pareilliement la<br />

rigueur que tenés aux dits Farel et Calvin admodérer, pour l'amour<br />

<strong>de</strong> nous et pour éviter scandale, contemplans que ce qu'avonsà<br />

vouset [à] eulx escript pour la conformité<strong><strong>de</strong>s</strong> cérimonies <strong>de</strong><br />

YEsglise est procédé <strong>de</strong> bonne affection et par mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> requeste,<br />

et non pas pour vous,, ne eulx, constraindre à ces choses,que sont<br />

indifférentes en VEsglise comme le pain <strong>de</strong> la Cène et aultres.<br />

Car certes <strong>de</strong>bvés sçavoir que le trouble qu'est présentement en<br />

vostre ville et le rigoureux parthy que tenés aux dits vous prédicans,<br />

nous est sy très-déplaisant (veu que vous et nous ennemys y<br />

prennent plaisir et en sont très-joyeulx), que ne le pouvons souffisamment<br />

exprimer. Dont vous <strong><strong>de</strong>s</strong>rechieff prions y avoir esgard.<br />

En ce nous ferés plaisir trés-agréable. Sur ce vostre response par<br />

présent pourtour, à cest effectexpressément envoyé. Aultantpriant<br />

Dieu que vous aye en sa gar<strong>de</strong>. Datum xxvn Aprflisi538.<br />

L'ADVOYER ETCONSEILDEBERNE.<br />

nétait libéré<strong>de</strong>puisle 25 avril(Voy.N»707,n. 8).<br />

8 Voyez<strong>les</strong>N°»694et 700.<br />

Le regret qu'éprouvaientMM. <strong>de</strong> Berne d'avoir recherchéavec<br />

trop <strong>de</strong> vivacitél'unité extérieure<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux églises, se trahit naïvement<br />

<strong>dans</strong> cettephrase.Usne voulaient,disent-ils,contraindrepersonne.Cependantleur<br />

lettre du 15 avril avait,probablementcontreleur gré, accéléré<br />

à Genèvela crise ecclésiastique,en fournissantune armeaux adversaires<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Réformateurs.


1538 LE CONSEIL DE GENÈVE AU CONSEIL DE BERNE. 429<br />

707<br />

LE conseil DE GENÈVE au Conseil <strong>de</strong> Berne.<br />

De Genève, 30 avril 1538.<br />

Copie contemporaine l. Arch. <strong>de</strong> Genève. A. Roget, op. cit., 1, 99.<br />

Sohhàibe. Le Conseil <strong>de</strong> Genève répond au Mémoire présenté a MM.<strong>de</strong> Berne<br />

par Farel et Calvin.<br />

Magnifiques, puyssant et três-redouptés Seygneurs, nous nous<br />

recommandons très-humblement az vostres bonnes grâces.<br />

MagnifiquesSeygneurs! Nous avons recyeu laz lectre qu'a a<br />

pleuz az Vous Excellences nous envoyer 2, avec <strong>les</strong> artic<strong>les</strong> <strong>dans</strong><br />

yceUeincluss, <strong>les</strong>queulx trovons fort estrange, et ne pavons bonnement<br />

penser commentMaistre Faret et Calvimts son[t] si ardys <strong>de</strong><br />

informé Vous dictes Excellences contre vérité. Car totalement <strong>les</strong><br />

dit Faret et Calviniisn'ont voulsu jamays, en sorte que ce soyt,<br />

accor<strong>de</strong>r <strong>de</strong> fère laz Cenne, ny observer <strong>les</strong> cérémonies comme<br />

par Vous dites Excellences nous az esté rescript4, combien [que]<br />

non pas par une, ny <strong>de</strong>ux, ne troys foys, mays part pluseurs, charitablement<br />

n'ayen [l. ils aient] esté pryer, comment <strong>les</strong> seigneurs<br />

<strong>de</strong> Dietbachet Hoblemant en son assés informés lequel seigneur<br />

<strong>de</strong> Liesbach allâmes prier qu'il fust son bon playsir <strong>de</strong> reprier <strong>les</strong><br />

dictz Faret et Calvin, laz quelle chose fist. Ausy nous ambassa<strong>de</strong>urs<br />

estant par <strong>de</strong>vers Vous dictes Excellences vous feront le<br />

t Elle est intitulée «Doble <strong>de</strong> laz lectre envoyéaz Messieurs<strong>de</strong><br />

Berne. »<br />

• Voyezle N»706.<br />

» Voyezle N»705.<br />

4 Allusionàla lettre <strong><strong>de</strong>s</strong> Bernoisdu 15avril.<br />

Nicolas<strong>de</strong> Diesbach,bailli<strong>de</strong> Thonon,et Georgesam Bach, appelé<br />

aussiHubebnam, bailli d'Yverdon.Nousne savons à quel proposces<br />

<strong>de</strong>uxpersonnagessetrouvaientà Genève<strong>dans</strong>le courantdu moisd'avril.


430<br />

LE CONSEIL DE GENÈVE AU CONSEIL DE BERNE. 1538<br />

rapport <strong>de</strong> laz vérité. Autquel<strong>les</strong> cérémonies n'on voulsu jamays<br />

accor<strong>de</strong>r.<br />

Et [ils]ne cepeuven rien armer <strong>de</strong> dyre que en nostre ville il y<br />

avoyt gran<strong>de</strong> discor<strong>de</strong>, et [que ils] ne vollien pas donner la dite<br />

Cenne pour cella: laquelle chose n'est pas ainsy. Car sans nulle<br />

faulte Dymenche passé fnst faycte laz Cenne selon vous cérémonies<br />

8 en laquelle Blyassistyr [1. assistèrent] ung grand nombre<br />

<strong>de</strong> gens et tous d'un bon accord; cart totallement voulons vyvre<br />

selon vous cérémonies, comment ausy az esté passé en nostre<br />

général T.<br />

Touchant <strong>de</strong> Careaut, il fast mis <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> prison incontinant 8.<br />

comment nous dit ambassa<strong>de</strong>urs plus amplement du dit affère<br />

vous informeron. En prian Dieu, Magniffiques,puyssant et trésredouptés<br />

Seygneurs qu'il vous donne bonne prospérité. De Genève,<br />

ce <strong>de</strong>rnier d'apvril 13389.<br />

IS C'étaient<strong>les</strong> ministresJacquesBernard et Henri <strong>de</strong> la Mare qui<br />

avaientadministréla sainteCèneà Genèvele dimanche28 avril. On lit,<br />

en effet,<strong>dans</strong>le Registredu Conseildu 26 et du 30 «Az esté appelle<br />

maystreJaquesBernard, aussy maystreHenry,prédicans,peur sçavoyr<br />

si, selonDieu,<strong>les</strong>viergesdoyge.quant l'on <strong>les</strong> espouseen l'église.<br />

avoyr<strong>les</strong> cheveuxabattus aut non [Voy.N° 553, n. 9]. Lesquieulxon<br />

fayetrelationquecellan'est poiëncontreDieu, et que cefla seroit tout<br />

esgal,aut <strong>les</strong> cheveuxabattusaut non.» c Résoluz<strong>de</strong> fère laz Cenne<br />

dymencheprochaiënaz St.-Gervayset az Rivaz; pour <strong>de</strong>ffaulte<strong>de</strong> prédicans,l'on<br />

nelaz ferazpasaz St.-Pierre. » «Mardy,ultimaAprilis.<br />

MaystreHenry. az suppliévolloyrestre admysaz presché az St.-Gervays,nonobstantqu'iQ]ferazce<br />

quebonsemblerazaz Messieurs. »<br />

7 C'est-à-dire,en notreConseilGénéral.<br />

8 Coraud,incarcéréle samedi20 avril, n'avait été mis en libertéque<br />

cinqjoursplustard. Le Registredu 25 avril s'exprimeainsià sonsujet<br />

«Az esté résoluzquéle prédicant Coreau,aveugle,détenuzpour désobéyssance,soyelibéré,<br />

luyfaissantlaz <strong>de</strong>ffencequ'il doygevuydcr laz<br />

ville<strong>dans</strong>troysjour prochaiën,et <strong>de</strong> nonpoiënpreschéen ycelle. »<br />

9 Au dosdu manuscrit,on lit cette note contemporaine < Le doble<br />

<strong>de</strong> la lettre envoyéà Messieurs<strong>de</strong> Berne pour responce <strong>de</strong> celle <strong>de</strong><br />

Faret. »


APPENDICE<br />

DES TOMES I, II ET III<br />

99a<br />

LE fèvre D'ÉTAPLES à Jean <strong>de</strong> Selve, à Paris.<br />

De Meaux, 1ermai 1524.<br />

Psalterium David, argumentis fronti cuiaslibet psalmi adiectis, Hebraica<br />

et Chaldaicamultis in locis tralatione illustratum. Parisiis.<br />

Apud Simonem Colinsum. 1524<br />

Sommaire. La lecture <strong>de</strong> l'Écriture Sainte, et spécialement <strong><strong>de</strong>s</strong> Psaumes, étant le plus<br />

sûr moyend'entrer en communionavec Dieu,Le Fèvre s'est proposé <strong>de</strong> donner unbref<br />

commentaire <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier livre, en suivant <strong>les</strong> traces <strong>de</strong> saint Jérôme. n dédie<br />

son travail a Jean <strong>de</strong> Selve, parce qu'il sait à quel point ce magistrat apprécie<br />

non-seulement <strong>les</strong> Psaumes, mais encore toute la Parole <strong>de</strong> Dieu, et qu'il pense<br />

faire aussi, par cette publication, une chose très-agréable au Parlement <strong>de</strong> Fttrù.<br />

Après avoir mentionné plusieurs sénateurs <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers sièc<strong>les</strong> qui ont été <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

défenseurs <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu; il souhaite que <strong>les</strong> sénateurs actuels leur ressem-<br />

1 Ce rarissime ouvrage, inconnu <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> auteurs qui ont écrit sur<br />

Jacques Le Fbwe cPÉtap<strong>les</strong>, se compose <strong>de</strong> 308 feuillets, très-petit in-8°,<br />

non compris le titre, la dédicace et l'avertissement, qui forment 9 feuil-<br />

lets. M. A. Bernas, pasteur à Ormont-Dessus, nous en a généreusement<br />

communiqué un exemplaire, et il a bien voulu, à cette occasion, nous signaler<br />

une erreur que nous avons commise <strong>dans</strong> notre premier volume<br />

(Voyez la note 5). Qu'il reçoive ici l'expression publique <strong>de</strong> nos remerciements.


433<br />

LE FÈVRE D'ÉTAPLES A JEAN DE SELVE, A PARIS. 1 524<br />

blent. Qu'ils reçoivent <strong>dans</strong> ce livre Jésu-Christ, en qui se résume toute l'Écriture<br />

Sainte et qui est l'unique auteur <strong>de</strong> notre salut<br />

Le Fèvre termine en <strong>de</strong>mardant l'antorisation d'imprimer l'ouvrage dont il vient<br />

<strong>de</strong> parler.<br />

Egregio viro D. Joanni à Selva, Senatus Parisiensis primario<br />

praesidi,Jacobus Faber gratiam et pacem a Domino nostro Jesu<br />

Christo exoptat.<br />

lEquissime praeses,quid alind est divinsBScripturselectio quàm<br />

quaedamanimi nostri felixad Deum peregrinatio? Neque enim per<br />

aliud quo<strong>de</strong>umque studium propiùs ad Deum nos acce<strong>de</strong>re contingit.<br />

Et quis neget hune ad Deum verè esse accessum, cum ipsum<br />

in ea loquentem audiainus? Nam Sacra Scriptura (modô quis rectè<br />

diffinirevelit) nihil aliud est quàm quaedamDeiloqueia autloquelae<br />

ejus expressio. At ita ferme comparatum est, ut qui aliquô peregrinantur<br />

compendio maxime gau<strong>de</strong>ant, ut quàm citissimè possint,<br />

opta tumpertingant terminnm. Et nescio an usquam magis sit Dei<br />

loquela, et non fluxae, sed consubstantialis loquelae ejus (quae<br />

Christus dominus est) expressio, quàm in Psalmis Davidicis. Proin<strong>de</strong><br />

studnimus in illa sacra hymnologia breve quoddam excogitare<br />

compendium, et brevius qui<strong>de</strong>m iis commentariis et adminiculis<br />

quaemulti, nec ignobiliter, nec inutiliter excogitaverunt. In<br />

quo magis sanctum imitati sumus Hieronymum, qui brevitati stu<strong>de</strong>ns,<br />

ad Psalmos nostros veritatem adjecit Hebraicam, rem sanè<br />

et sanctam et piam, nec minùs utilem quàm necessariam. Et id<br />

qui<strong>de</strong>m ipse per totum effecit; nos verô, ut compendiosiores essemus,<br />

solùm in parte, ubi scilicet obscuriora tralationis nostrae loca<br />

(qua Latinorum utuntur ecc<strong>les</strong>iae,et quae ex GraecoLXXinterpretum<br />

fonte ad nos dimanavit) id exposcere vi<strong>de</strong>bantur. Quod tentavimus<br />

efficere ex Hebraicis et Chaldaicis (nam apud me erant<br />

tralationes Hebraicaeet Chaldaicae),ut lux intelligentiaehorum sacrornm<br />

hymnorum, qui <strong><strong>de</strong>s</strong>y<strong>de</strong>ratus hnjus compendii nostri terminus<br />

est, eunctis facile, et utinam non infeliciter, suboriatur.<br />

Hune autem laborem nostrum celeberrimo nomini tuo dicavimus,<br />

quôd me non lateret, te esse et horum DavidicorumPsalmorum<br />

et totius Verbi Dei studiosissimum. Praeterea non eram nescius<br />

me, hac in re, toti clarissimo Senatui rem non ingratam<br />

factunim2, cum ex eornm fuerint ordine qui maximè pro Christo<br />

Passageà compareravec la lettre <strong>de</strong> Le Fèvre du 6-jnillet 1524<br />

(N°103,renvois<strong>de</strong> note 22-23).


1524 LE FÈVRE D'ÉTAPLES A JEAN DE SELVE, A PARIS..433<br />

et Verbi ejus assertione olim clarissimisunt habitr. Nonne Apollonius,<br />

nobilis ille urbis Romae senator, pro Christo et Verbo ejus<br />

non formidavit capitis supplicia m? Quibus item non snnt auditi,<br />

celebralissimi nominis senatorii ordinis viri, Symmachus,Bœotins,<br />

Ambrosius, Pra<strong>de</strong>ntios, Cassiodorus? Quorum duo primi, praeter<br />

insignia scripturae monimenta, sanguine «laureaticonvolarunt ad<br />

coelum.Tertius, celeberrimus Christi antistes, totius ferè Sanctae<br />

Scripturae corpus scriptis mirificè illustravit. Quartus hymnos cecinit<br />

Christo <strong>de</strong>votissimos. Porrô quintus in commentandis Psalmis<br />

lau<strong><strong>de</strong>s</strong> non vulgares promerait. Praeterea inter eos qui in Senatu<br />

causas agebant, Justinus pro Verbo Dei martyrii coronam a<strong>de</strong>ptus,<br />

nunc cum Christo triumphat. Sic et Minutius Félix Romae claras<br />

habitus. Sic Aristi<strong><strong>de</strong>s</strong> sub Adriano. Sic et Tertullianus sub Severo.<br />

Quibusomnibus omnes illius celeberrimi vestri primariique Senatus<br />

(sive hi se<strong>de</strong>ant indices, sive patronos agant) non interiores,<br />

sed multo etiam clariores optarim eva<strong>de</strong>re. Ta<strong>les</strong> Verbum Dei, et<br />

amatum, et, si opus sit, fortiter assertum, maximè efficiet. A<strong>de</strong>rit<br />

CHRISTUS, qui est robar forlissimum, qui et est omnium futurus<br />

ju<strong>de</strong>x, et omnium vera justitia. Ta<strong>les</strong> <strong>de</strong>cet regnum quod dicitllr<br />

Christianissimum.Felices igitur, cur non possimdicere taies ?Ergo,<br />

optime Praeses,sub luo nomine intelligat totus ille primatum optimatumque<br />

Senatus, opus ipsum non minus sibi quàm tibi dicatum.<br />

Quibus (quod sciebam) tu sic haeres, et ipsi tibi, ut caput<br />

memhris et membra capiti, ut alterum ab altero dividi, divellique,<br />

nisi soluta harmonia, non possit. Qiiid enim divi<strong>de</strong>rem quos arctissimum<br />

necessitudinis et justiliae conjunxit vinculum ?<br />

Itaque tu et ipsi, pro incomparabili animi vestri candore, opus<br />

ipsum suscipite, non nosipsos, non nostros qua<strong>les</strong>cunque labores<br />

atten<strong>de</strong>ndo, sed Davi<strong>de</strong>m ipsum, organum spiritus sancti ad has<br />

sacras hymnidicasque odas Deo concinendas, sed patrem misericordiarum<br />

et Christum ipsum, <strong>de</strong> quibus hi divino amatu sunt<br />

psalmi. Ubi perfectè discimus, quonam pacto orandus sit Deus, et<br />

intelligimus non nosipsos esse qui oramus, sed spiritum veritatis<br />

qui orat in nobis, quod est in spiritu et veritate orare Patrem.<br />

0 quàm magnifiée accrescit fi<strong><strong>de</strong>s</strong>, sine qua impossibfleest placere<br />

Deo, cum in ipsis vi<strong>de</strong>amus spiritum sanctum, nihil non omnibus<br />

seculis clarissimè cernentem, omnia Christi mysteriapraedicere,ab<br />

incunabulis ejus usque ad gtoriosam resurrectionem, ascensionem<br />

et sessionem in <strong>de</strong>xtra patris et <strong>de</strong>nique ad ipsam Jcx*t«pt


434<br />

LE FÈVRE D'ÉTAPLES A JEAN DE SELVE, A PARIS. 1524<br />

ponere, ut lux meridiana oculis nostris non sit illustrior! Et hoc<br />

mille annis, imô (si supputatio Eusebii in Chronico placet) sexa-<br />

ginta novem supra mille, ante Chiusti adventum Et quis ambigat<br />

Psalmos ipsos <strong>de</strong> Christo esse, cum ipse apud Lncam dicat Necesseest<br />

impleriomnia quaescripta sunt in lege Moysi,et Prophetis,<br />

et Psalmis<strong>de</strong> me? » et David<strong>de</strong> seipso novissima verba locutus,<br />

etiam dicat: « Dixit David, filius Isaï, dixit vir cui constitntum<br />

est <strong>de</strong> Christo Dei lacob, egregius psaltes Israël: Spiritus Domini<br />

locutus est per me, et sermo ejus per linguam meam? Ipsi ergo<br />

Psalmi <strong>de</strong> Deo et Christo Domino,afHante spiritu sancto, egregio<br />

praecipuoquepsalte, à propheta emanarunt. Ad haec ex Mattbaeo,<br />

Marco,Luca, loanne, Petro, Paulo apostolis, <strong>de</strong> Christo Domino<br />

manifestésunt hi psalmi<br />

(Fabri énumèreici<strong>les</strong> psaumesmessianiques,puis il indique<strong>les</strong>passagesdu<br />

NouveauTestamentoùle livre<strong><strong>de</strong>s</strong> Psaumesest cité.)<br />

Cum igitnr ni psalmi tot Sacra Scripturaetestimoniis apertissimè<br />

probati sint esse <strong>de</strong> Christo, quid <strong>de</strong> aliis sentiendnm ? Et a<strong>de</strong>ô<br />

nemo id possit iuficiari, ut etiam ludaeiipsi testentur, non Psalmos<br />

modô, sed et Prophetas omnes <strong>de</strong> tempore Messiaelocutos. Authores<br />

sunt Rabbi loanna et Rabbi Selomo, cujus haec sant verba<br />

< Omnes Prophétie non prophetaverant nisi <strong>de</strong> diebus re<strong>de</strong>mptionis<br />

et diebus Messiae. Quod dictum sanè receptum mirificè conducit<br />

et adjuvat ad Psalmos ipsos et Prophetas omnes, non in umbra,<br />

sed in veritate ipsa consistendo pe<strong>de</strong>mque 6gendo, spiritualiter<br />

inteUigendos.Christus Dominus est totius Scripturae spiritus. Et<br />

Scriptura sine Christo scriptnra sola est et litera quae occidit.<br />

Christus verô, spiritus vivificans. Christus Dominus est spiritus<br />

oris nostri, qui (juxta Hieremiae Threnos) captus est in peccatis<br />

nostris. Incujus luce novaelegis nobis vivendum est ut Christianis,<br />

non in umbra veteris ut ludaeis qui (attestante Paulo ad Corinthios)<br />

factus est nobis sapientia et justitia, et sanctificatio, et re<strong>de</strong>mptio.<br />

Nosigitur, magnifiéePraeses, tibi in Christo Domino gratificari<br />

volentes, mittimus ad te opus ipsum Psalmornm, Hebraica tralatione<br />

et Chaldaica, argumentisque in fronte cujusque psalmi adjunctis,<br />

illustratum, ut, cum ipsum vi<strong>de</strong>ris et probaveris, ad multorum<br />

utilitatem, et pietatem erga Deum excitandam, si tibi ita visum<br />

fuerit, tua authoritate, tuo tuorumque judicio committatur ty-


f524 LE PÈVRE D'eTAPLES A JEAN DE SELVE, A PARIS. 435<br />

pographis excu<strong>de</strong>ndum 8.Faxit Deus, qui soins optimas, maximus,<br />

potentissimusque est, ut lantillum r.on minùs, imô magis prosit,<br />

quàm si sese in vastam extulisset moleml Quod et ita fulurum<br />

plané in CmsTo confido, cum divinaemiserationi placitam sit sese<br />

ultro communicare et libéré ingerere omnium oculis qui se à<br />

divina luce non avertunt et ad tenebras non relabuntnr. Lux est<br />

immensa Verbum Dei, quod non humana sed divina lace capitur.<br />

0 quàm pulchrum est hominem sibi ipsi mon, et Deum in ipso<br />

vivere, hominem subjici et Deum regnare, hominem hnmiliari et<br />

Deum vel solum exaltaril Revela, Deus, oculos mundo, ut haec<br />

vi<strong>de</strong>at, vivificetur et sapiat.<br />

Si quid autem aliud admonitu dignum vi<strong>de</strong>bitur, in adnotatiuncula<br />

nonnullis dignoscendis necessaria, quas mox subjicietur reperietur,<br />

ne longior quàm par sit nostra protrahatur epistola. Authori<br />

igitur munerum, patri Domini nostri IESUChristi, et Domino<br />

nostro IEsuChristo honor et gloria, qui et prosperum rei praestet<br />

exitum! In quo et tu aeternapace, justitia et felicitate vale, et clarissimus<br />

in quo pncsi<strong><strong>de</strong>s</strong> optimatum Senatus, et omnes qui patrem<br />

Domini nostri IESUChristi et ipsum Dominum nostrum Iesuh<br />

Christum et Verbum ejus in incorraptione diliguntt Meldis,Calendis<br />

Maiis.m. D.xxnn 8.<br />

8 Voyez<strong>les</strong>Noi102,note 5; 104,renvoi<strong>de</strong>note 11.<br />

4 Le Fèvrefait allusionà l'avertissementqui soit la Dédicaceet qui<br />

est intitulé c Adnotatiunculad nonnnllain sequentiopereintelligenda,<br />

necessaria.»<br />

5 Le Psautierdont nousreproduisonsla dédicaceestcelui <strong>de</strong> ses ouvragesauquelXeFèvrefaisaitallusion,quandil<br />

écrivaità Farel le 6juillet<br />

1524 cAccepiet Epistolaset PsalteriumPomerani,donumprofectô<br />

magnificamHogaldi. Si citiùsvenissetin manus meas, non curassem<br />

emittiex officinaPsalteriumcum brevibusargumentset quadamauxesi<br />

ex Hebrœoet Chaldœo;sedjamprimariusproses habebat ad manue,no-<br />

'minisao <strong>de</strong>dicatum, quo favoremcurie emercaremur,ad quicquam,si<br />

opusesset,excu<strong>de</strong>ndum.» Nousavons,par conséquent,donnéuneexplicationfautive<strong>de</strong><br />

ce passage,en disant, plus haut (tomeI, p. 223, note<br />

21) c Le Fèvreparle ici <strong>de</strong> sa traduction<strong>française</strong>du Psautier,quiparut<br />

le 17février1525chezSimon<strong>de</strong> Colines,in-8°. »


436 [FRANÇOIS DEHANNONVILLE] ACLAUSSEQUIN [ATHIONVILLEJ. 1524<br />

99b<br />

[François DEHANNONVILLE<br />

'] à Claussequin[à Thionville].<br />

De Metz (vers le 10 mai 1524).<br />

Inédite. Copie du 17* siècle. Bibliothèque <strong>de</strong> Metz. Manuscrits <strong>de</strong><br />

Paul Ferry. Histoire séculaire <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Metz, t. II» § 126.<br />

Communiquée par<br />

M. Ernest Chavannes.<br />

Sommaire.L'évangéliste<strong>de</strong> Metz[Jean ChasUîliin]a été pris par trahison,mais il<br />

est c bien délibéré<strong>de</strong> soutenirla véritéjusquesà la mort.»<br />

Mon chier frère, je me recomman<strong>de</strong> à vous.Angustiœ<br />

sunt michi<br />

undique. Je vous escrips <strong><strong>de</strong>s</strong> nouvel<strong>les</strong>, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ne me plaisent<br />

point fort bien; car je vons advertis que nostre évangéliste 2 est en<br />

captivité en la main <strong><strong>de</strong>s</strong> Scribes et ennemis <strong>de</strong> vérité. De la façon<br />

et manière <strong>de</strong> sa prinse, et comment il a esté trahis et mis en<br />

main d'iceux 3, je laisse, car il seroit long<br />

à raconter. Néantmoins<br />

1 François <strong>de</strong> Hannonville ne figure pas <strong>dans</strong> la France protestante <strong>de</strong><br />

MM. Haag. Il appartenait à une famille considérée, dont l'on <strong><strong>de</strong>s</strong> membres,<br />

Didier <strong>de</strong> hannonville, faisait partie en 1522, da Conseil <strong><strong>de</strong>s</strong> XIII<br />

<strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Metz (Voy. <strong>les</strong> Chroniques messines, publiées par J.-F. Hugnenin,<br />

Metz, 1838.,p. 784). D'après <strong>les</strong> notes <strong>de</strong> Paul Ferry, il faudrait<br />

i<strong>de</strong>ntifier l'auteur <strong>de</strong> la présente lettre avec ce François <strong>de</strong> Hannonville<br />

qui était amman <strong>de</strong> St-Maximin (ou St-Mesmin?) en 1622. Voyez la note<br />

5, et, plus loin, la note 4 du N° 155 a.<br />

Jean CJtasteîlain (Voyez la note 3).<br />

C'est une allusion évi<strong>de</strong>nte à l'arrestation dn frère augustin Jean<br />

ChaKieïlain, qui, <strong>de</strong>puis le commencement du carême <strong>de</strong> 1524, avait prêché<br />

à Metz la doctrine évangélique (Voyez NM112, n. 6; 144, n. 2). « II<br />

estoit en-la graice <strong>de</strong> la plus part du peuple (disent <strong>les</strong> Chroniques mes-<br />

sines, p. 808^809), mais non pas <strong>de</strong> tous, espécialement <strong>de</strong> la plus part<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> prestres et gros rabis, contre .<strong>les</strong>quels le dit Frère Jehan journellement<br />

preschoit, en <strong><strong>de</strong>s</strong>clairant leurs vices et peschiez, disant qu'ils aba-


f 525[FRANÇOIS DEHANNONVILLB] AGLAUSSEQUDf [ATBIONVILLE]. 487<br />

je veuls que vous sçachiez que il ait esté prins comme fut Jhésu-<br />

Crist, cum huerais, facibus et armis, et avec ce menés d'Héro<strong>de</strong><br />

à PBatepubliquement: dont vous eussiez en grant pitié, comme<br />

vous sçaurez bien cy-après.<br />

Maisil a la plus belle patience qu'il est possible d'avoir, tellement<br />

que son hoste, son hostesse, aucuns forains qui estoient logés<br />

léans quant il fut prins, le torriés [l.le tourner] et sa femme et<br />

plusieurs autres qui l'ont oys parler, porte[nt] tesmoignaige <strong>de</strong><br />

lui. Je n'y vois,je n'y sais autre raisons penser, synon que je croy<br />

que Dieu l'ai[t] ainsy vollus pour ung plus grant bien. Je vous asseure<br />

qu'il est ferme en la foy <strong>de</strong> Jhésu-Crist, et en tout contraire<br />

à ces faulxscribes, et bien <strong><strong>de</strong>s</strong>libérés <strong>de</strong> soustenir la vérité<br />

jusques à la mort<br />

Je voldroye bien que, si c'estoit vostre plaisir, que vous refussiez<br />

[1.que vous fussiez <strong>de</strong> nouveau] au lieu d'ycy,car je suis ainsy<br />

que la brebis entre <strong>les</strong> loups. Néantmoins, je me reconforte, car il<br />

me semble que la femme est au plus grant <strong><strong>de</strong>s</strong>troit et en grant<br />

dolleur, c'est-à-dire qu'elle vuelt enfenter. Je prie au Dieu d'Israël,<br />

qu'il vuel<strong>les</strong> délivrer et mettre hors <strong>de</strong> tribulations ceux qui sont<br />

en captivitéz pour la foy <strong>de</strong> Jhésucrist et vous <strong>les</strong> recomman<strong>de</strong>.<br />

soientle povre peuple. Alors creust toujours plus la hayned'iceulx<br />

prestres. tellementque. futtrouvémanière<strong>de</strong> l'attirer auxchamps;car,<br />

parmi la somme<strong>de</strong> trente escus au soleilquel'ung <strong>de</strong> sesfrèresnommé<br />

Frère Bonnestraineen receut, commeon disoit, le pouvre hommefut<br />

trahi et, soubzfaulceenseigne,fut tiré <strong>de</strong>hors, disant que le provincial<br />

<strong>de</strong> leur Ordrele mandoit. et <strong><strong>de</strong>s</strong>iroitgran<strong>de</strong>ment<strong>de</strong> parler à luy; et<br />

ainay,se partit. açcompaignéd'icelluyFrère Bonnairaineet d'nng novicetant<br />

seulement. En passantparmi Gorze,fat congneudu. maistre<br />

d'hostelet gouverneur. lequelfist incontinentcourir après. Et fut le<br />

povre religieulxprins et arrestéès bois<strong>de</strong> ChambU,ausquelxil s'estoit<br />

caiché, et fut ramenéau dit Oorte. Et fut ce fait le jour<strong>de</strong> VascendonNosire&igneur,qui,<br />

en celleannée,fat le crâquiesmejour <strong>de</strong> may<br />

puis. <strong>de</strong>ux jours après, fut. mené à Nomeney,et là, au chaistiaul,<br />

mis au fond<strong>de</strong> fosse,auquelil tint longuementprison.»<br />

6 Avantd'être arrêté Chastellain«disoiten sessermonsqu'ilnecraindoit<br />

homme,ne jay, pourla crainte <strong>de</strong> la mort, ne lairoit à dire la vérité<br />

et que,s'il y avoithomme,clercne lay, qui en rien se sentist mal<br />

édiffié<strong>de</strong> sesparol<strong>les</strong>,qu'ilretournaistversluy, et il le remettroittellementen<br />

la bonnevoieet chemin<strong>de</strong> vérité qu'il te tiendroit content <strong>de</strong><br />

luy; ouaultrementse soumettait à leur correction» (Chroniquesmessines,p.<br />

808).


438 FRANÇOIS DEHANNONVILLE ACLAUSSEQUIN [ATHTONVILLE]. 45Î4<br />

[Non] autres choses, sinon que Dieu vous ait en sa saincte gar<strong>de</strong> I<br />

A Metz,par<br />

Celluyque sçavez f<br />

(Suscriplion:) A mon frère Claussequind'Ays.<br />

125.<br />

FRANÇOISDE HANNONVILLEà Claussequin [à Thionville]<br />

De Metz, 21 octobre 1524.<br />

Inédite. Copie <strong>de</strong> Paul Ferry. Bibliothèque <strong>de</strong> Metz. Manuscrits<br />

cités, t. n, § 126. Communiquée par M. Ernest Chavannes.<br />

Somtairb. Nouvel<strong>les</strong> diverses. Livres luthériens envoyés i Claussequin par le curé<br />

<strong>de</strong> Metz [Jean-Boger £renncn] et par F. <strong>de</strong> Hannoaville. Vains efforts du clergé<br />

<strong>de</strong> Metz pour faire proscrire la doctrine dl Luther.<br />

Très-chier frère, cordialement à vous me recomman<strong>de</strong>. Je ne<br />

vous escript [I. écrivis] dariènement sus vos lettres, pour ce que<br />

je n'avois encor point parlé à Bacarat1, ce que j'ay fait <strong>de</strong>puis<br />

lequel m'a dit que Rostrecuré 3 vous envoyoit n livre en alement<br />

sus <strong>les</strong>quels escrit escript (sic) Luther. Lequel dit à son fil[s] Hugo<br />

qu'il louà[t] ung autre messagier pour porter ces livres, et qu'il<br />

ne s'y meslit en rien. La cause pour quoy il l'a fait vous est assez<br />

notoire, car il craint plus lepappeque Dieu icy. Touchant ce que<br />

Clément<strong>de</strong> GorBe'ait dit, n'y prenez point <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, car il ne<br />

sçait qu'il dit, et est le contraire vérité. Je vous envoie ci le<br />

La lettre originaleétait écrite<strong>de</strong> la mêmemainquecelledu 21octobre<br />

1524,datée<strong>de</strong> Metzet signée « François<strong>de</strong> Hannonville» (Voy.<br />

la lettre suivante,N° 125a).<br />

Ce personnage nousestinconnu.<br />

C'étaitprobablementJean-BogerBremon,curé<strong>de</strong> Ste-Croixà Metz<br />

(Voy.N" 112,n. 6; 152,n. 1).<br />

Gorge,petite villeavecune abbaye,à 4lieuesS.-O.<strong>de</strong>Metz.


1524 FRANÇOIS DE HANNONVILLE A CLADSSEQUIλ [A TBIONVILLE]. 439<br />

livre que je puis avoir en allement, mais touchant La Défiance à<br />

cause qu'elle n'est pas mienne, comme vous sçavez, vous la renvoirez<br />

quant il vous plaira.<br />

Quant au fait <strong><strong>de</strong>s</strong> Scribes et Pharisiens, il ont cuidés obtenir <strong>de</strong><br />

Messieurs<strong>de</strong> la Cité<strong>de</strong> faire un hachement sus la pure confiscation<br />

<strong>de</strong> corps et <strong>de</strong> bien, que nul n'osoit-tenir ne lire livre <strong>de</strong> Luiher,<br />

ne en parler en hault ny en bas, et le <strong><strong>de</strong>s</strong>clairoient <strong><strong>de</strong>s</strong>jà en<br />

ycelluy huchement hérétique. Laquelle chose, comme Dieu Fa<br />

volus, ne s'a point passée, dont il en sont bien honteux, combien<br />

que il avoient grosse parties eu Conceil,après la partie <strong>de</strong> Dieu, car<br />

<strong>de</strong> ceste-là n'ont-il point.<br />

Quant au fait <strong>de</strong> nostre homme8,il[s] ne trouve[nt] rien sus lui.<br />

Je prie à Dieu qu'il le vuelle délivrer. [Non] autres choses, que je<br />

prie au Tout-Puissant qu'il vous ait en sa saincte gar<strong>de</strong>. A Mets,ce<br />

xxiejour d'octobre xvexxnn.<br />

Le tout vostre frère François DEHannonville.<br />

(Post date.) On ait vollus faire quelques mo<strong>les</strong>tes à Pierron<br />

Gnelrard et autres, mais tel<strong>les</strong> choses sont venues <strong>de</strong>puis, qu'il<br />

leur est tout beau c'il se puissent taire, car <strong>les</strong> choses viengnent<br />

tous <strong>les</strong> jours à eulx contraires.<br />

(Suscription:) A mon frère Sr Claussequind'Ys.<br />

Nousavons vainementcherché <strong>dans</strong> <strong>les</strong>bibliographiesl'indication<br />

exactedn titre <strong>de</strong> cet ouvrage.<br />

6 Onappelaitainsià Metzune.ordonnancequi <strong>de</strong>vait être publiéeà<br />

haute voix<strong>dans</strong><strong>les</strong>rues<strong>de</strong> la ville.L'ordonnancedont il est ici question,<br />

et quele clergé<strong>de</strong> Metzavait essayéd'obtenir du Conseil<strong><strong>de</strong>s</strong> XIII, ne<br />

fut publiéequele 5 août 1525(Voyezla lettre suivante,note 2).<br />

• JeanChasletlain,qui était alors prisonnierà Nomènyet qui périt<br />

sur le bûcherle 12janvier 1525(Voyezla lettre précé<strong>de</strong>nte,note 8, et<br />

le ND144).<br />

Pierre Ouérard,clerc du Palais<strong>de</strong> Metz.Accusé,en 1525,d'avoir<br />

accompagnéJean le Clercle jour où celui-ciavait mutilé<strong><strong>de</strong>s</strong>imagesprès<br />

<strong>de</strong> la ville(23juillet), Guérards'enfuità ThUmoUkoù il fut emprisonné,<br />

c Puis, aprèsplusieursjours passés, û. tronvoitant <strong>de</strong> bonsamisqu'il<br />

fut délivréfrancet quicteet mis <strong>de</strong>hors et fat <strong>de</strong>puisle bien-venuet<br />

misen officean dit lieu <strong>de</strong> Tbionville,mais tousjoursfut-il banni <strong>de</strong>-<br />

Mets.» (Voy.le 1. 1, p. 875, et le t. m, p. 416.– Chroniquesmessines,<br />

p. 824, 825,826,828,829).


440<br />

CLAUSSEQUIN D'ACE A SA MÈRE ET A SA A METZ. 152S<br />

155a<br />

CLAUSSEQUINd'aix à sa mère et à sa sœur, à Metz.<br />

De Thionville, 17 août 1525.<br />

Inédite. Copie <strong>dans</strong> <strong>les</strong> manuscrits <strong>de</strong> Paul Ferry. Btbl. <strong>de</strong> Metz.<br />

Histoire séculaire <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Metz, tome H, § 123. Communiquée<br />

par M.Ernest Chavannes.<br />

Sommaire. Claussequin d'Air <strong>de</strong>man<strong>de</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> livres, ponr <strong>les</strong> communiquer aux prêtres<br />

<strong>de</strong> Thionville, « qui sont tous en bon train. » II craint <strong>de</strong> se rendre à Metz, &cause<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> mauvaises nouvel<strong>les</strong> qu'on reçoit tons <strong>les</strong> jours.<br />

Matrès-chière sueur et ma très-chière mère, tant cordialement<br />

comme je puis me recomman<strong>de</strong> à vous, en vous priant, ma chière<br />

sueur, qu'il vous plaise m'envoyer <strong>les</strong> livres que vous sçavez et<br />

principalementceulx en latin et, tonte et quantes fois qu'il vous<br />

plaira, je <strong>les</strong> vous renvoyeray et vous en rendray bon compte, s'il<br />

plait à mon créateur. En ce faisant me ferez plaisir et serez participant<br />

du fruict qu'ils porteront. Car c'est pour monslrer à nos<br />

prestres, <strong>les</strong>quelssont tous en bon train, fort que [1. excepté]nostre<br />

curé, lequelne puelt abandonner ses offran<strong><strong>de</strong>s</strong>, commefont beaucop<br />

d'auttres.<br />

Au surplus, ma chière sueur et chière mère, je vous eussevoulentiers<br />

visité, mais je n'ose pour <strong>les</strong> estranges nouvel<strong>les</strong> que nous<br />

oyonstous <strong>les</strong> jours pourquoy vous prie que me tenés pour ex-<br />

1 II n'existepas d'indicessuffisantspour i<strong>de</strong>ntifierClaussequinSAix<br />

avecle chevalierNicolasd'Etch, appelé aussiDex et en latin Aquensw<br />

(Voy.l'In<strong>de</strong>x dut. ni). Maison peut supposerqu'ils étaient parents.<br />

Paul Ferry a, du moins,écrit la note suivante sur sa copie <strong>de</strong> la premièrelettre<br />

<strong>de</strong> Hannonvilleà Claussequin c J'ai quelquesmémoires<strong>de</strong><br />

cettefamillecPAix.»<br />

Allusionau supplice<strong>de</strong> Jean le Clerc(samedi29 juillet 1525),et à<br />

l'édit quiavait été publiéà Metsle 5 août suivant.Les Chroniquesmes-


1525<br />

CLAUSSEQUIN D'AEC A SA MÈRE ET A SA SŒUR, A METZ. 441<br />

casé. Car, à mon semblant, sy j'estoye à Metz, cy m'en fauldroit-il<br />

délogier, comme [il] appert. Item, mes trés-chières, je suis adverti<br />

que on vous a osté vos livres, dont suis <strong><strong>de</strong>s</strong>plaisant, combien<br />

que je croy que le Consolateur <strong>les</strong> vous a enracinés en vos cueurs,<br />

tèlement que jamais n'en partiront 3. Ne reste que d'avoir patience,<br />

laquelle j'espère que vous aurez entièrement, louant tousjours<br />

Nostre Seigneur jusques à provision. Et s'il vous plaist d'avoir<br />

ung Noveaulx Testament en françoisje le vous envoyeray voulenfier,<br />

aidant Nostre Seigneur, qui vous doint ce que plus <strong><strong>de</strong>s</strong>irez. A<br />

Thionville, ce xvn8 d'AousJ, Tan xv'xxv.<br />

Le tout vostre Claussequin d'Ays*<br />

bourgeois <strong>de</strong> Thionville.<br />

(Suscription :) A ma très-chière sueur, à Metz'.<br />

sines le font connaitre en ces termes < Le samedi, huict jours après<br />

l'exécution du dit Jehan faicte, l'on fist ung huchement publicque <strong>de</strong>vant<br />

la grant église <strong>de</strong> Mets, qu'il n'y eust homme ne femme, <strong>de</strong> ces jours en<br />

avant, qui voulcist tenir ne soubstenir nulz <strong><strong>de</strong>s</strong> artic<strong>les</strong> du dit Martin Luther,<br />

ne qui list on fist lire aulcun <strong>de</strong> ses livres, sus peine <strong>de</strong> confiscation<br />

<strong>de</strong> corps et <strong>de</strong> biens. Et fut encore huchié que nul libraire ny aultre ne<br />

apportast ne ne vendist aulcuns d'iceulx livres en Mets, sus peine <strong>de</strong> dix<br />

livres <strong>de</strong> metsains d'amen<strong>de</strong>. »<br />

8 On lit <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Chroniques précitées, p. 823, année 1525 c Assez<br />

tost aprez [le départ <strong>de</strong> Toussain et <strong>de</strong> Farci], furent mandées en justice<br />

plusieurs bourgeoises <strong>de</strong> la cité, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> estoient notées <strong>de</strong> faire congrégation<br />

ensemble d'icelle secte Martin Luther; et estoit nouvelle qu'el<strong>les</strong><br />

se disoient estre évangéHennes,en tenant et lisant <strong>les</strong> livres <strong>de</strong>&évangi<strong>les</strong>,<br />

ausquelx el<strong>les</strong> donnoient une glose toutte à leur guise et plaisir, en <strong><strong>de</strong>s</strong>prisant<br />

toutte aultre institution et ordonnance <strong>de</strong> nostre mère saincte<br />

Église. Parquoy. furent interroguées. Aulcunes furent appcllées ab-<br />

besses <strong>de</strong> leur religion et <strong>les</strong> aultres prieuses ou discip<strong>les</strong>,<br />

et tellement<br />

furent ravallées en plein auditoire que chascun <strong>les</strong> en mocquoit. »<br />

L'observation suivante <strong>de</strong> Paul Ferry est relative à la présente lettre<br />

et aux <strong>de</strong>ux lettres <strong>de</strong> Hannonville- qui la précè<strong>de</strong>nt « Les trois originaux<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>trois lettrescy-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus sont entre <strong>les</strong> mains du S*Braconnié, advocat,<br />

fils aisné du Sr Jean Braconnié, médicin, sus <strong>les</strong>quels j'ay fait ces copies<br />

le 30 et le 31 aoust 1645. Dans le§ 127 du t. II <strong><strong>de</strong>s</strong>on Histoire séculaire<br />

<strong>de</strong> Metz,,on lit En juillet 1566, Jean le Braconnié. fut fait maistre<br />

eschevin, faisant profession occulte <strong>de</strong> la religion réformée. »


442 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL Dg LA NEUVEVILLE. 1530<br />

296a<br />

LE CONSEILDE BERNE an Conseil <strong>de</strong> la Neuveville.<br />

De Berne, 11 juillet 1530.<br />

Inédite. Manuscrit original. Archives <strong>de</strong> la Neuveville.<br />

Sommaire. MM. <strong>de</strong> Berne annoncent aux magistrats <strong>de</strong> la Nenveville que le prémissaire<br />

Clerc a embrassé l'Évangile, â la suite d'une conférence qu'il a eue avec<br />

Farel Movat, et ils <strong>les</strong> prient <strong>de</strong> lai conserver sa prében<strong>de</strong> et d'accepter la Pa-<br />

role <strong>de</strong> Dieu.<br />

Nostre amiable salutation <strong>de</strong>vant mise, Noh<strong>les</strong>, pru<strong>dans</strong>, singuliers<br />

amys et très-chiers bourgeoys! Nostre chastellain <strong>de</strong> Serly1 i<br />

nous az faict rapourt <strong>de</strong> ce que lui avés responduz sur nous lectres<br />

que vous avons envoyé par luy, sur raffaire <strong>de</strong> maistre Guilliaume<br />

Farel et domp N. Clerc3, et davantaige <strong><strong>de</strong>s</strong> parol<strong>les</strong> injurieuses<br />

que le dit Clerc a dict contre nous. Or, avoir entenduz que<br />

le dit Clerc est esté ver maistre Gtiillimme Farel à Moral, et par<br />

luy enstruicl en sorte qu'ilz vettlt accepter l'Évangile et vivreselonn<br />

la SaivcteParolle <strong>de</strong> Dieuetlaisserla loy pa~tique,nous sur cepriant<br />

luy vouloir pardonner ce qu'ilz a dict et faiet contre nous et le dict<br />

Farel,<br />

A ceste cause, <strong>de</strong>puis que cognoit son erreur et que soy<br />

veult remettre, luy avons pardonnéz tout ce qu'ilz a dict et faict<br />

contre nous, et ce en contemplation que soy soubmectz <strong>de</strong> vivre<br />

selonn l'Évangile, et aussy sur la requeste que le dit Farel a faict<br />

pour luy. Pour autant, vous prions au dit domp Clerc laisser ses<br />

biens et jouir sa prében<strong>de</strong> 8.En ce nous ferés plaisir à revoir, ay-<br />

1 JacquesTribolet,châtelainou bailli<strong>de</strong> Cerlier,petitevillebernoise,<br />

situéesur la riveméridionaledu lac <strong>de</strong> Bienne,au S.-E. <strong>de</strong> la Neuveville.<br />

Voyez,surle différendquis'était élevéentremessirePierreClerc,primicier<strong>de</strong><br />

la Neuveville,et GuillaumeFarel, <strong>les</strong>notes<strong><strong>de</strong>s</strong>N" 293,295,296.<br />

Pierre Clercconservasa prében<strong>de</strong><strong>de</strong> chapelain<strong>de</strong> la chapelleSte-


1 530 LECONSEIL DEBERNE. AUCONSEIL DELANEUVEVILLE..443<br />

dant Dieaz, auquel prions, trés-chiers bourgeoys, vous donner<br />

grâce d'accepter sa saincte Parolle et <strong>de</strong> vivre selonn icelle. Datum<br />

xi Julii, anno, etc., xxx.<br />

L'ADVOYERET CONSULDE LAVILLEDEBERNE.<br />

(Suscription :) Aux nob<strong>les</strong>, pra<strong>dans</strong>, pourvéab<strong>les</strong> et discrectz<br />

Maire et Conseilz <strong>de</strong> la Boneville, nous singuliers amys et très-<br />

chiers combourgeoys.<br />

Cathérine, et il en fit cession aux bourgeois <strong>de</strong> la Neuveville, le 23 septembre<br />

1532, moyennant une certaine somme d'argent (Acte notarié daté<br />

du lundi avant la St-Michel 1532. Arch. loca<strong>les</strong>). Mais il n'exerça pas<br />

au milieu <strong>de</strong> ses anciens paroissiens <strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> pasteur réformé.<br />

Dès le mois <strong>de</strong> mai précé<strong>de</strong>nt, ces fonctions avaient été confiées à Jean<br />

Bosset, comme on le voit par ce passage <strong>de</strong> la lettre du Conseil <strong>de</strong> Berne<br />

aux magistrats <strong>de</strong> la Neuveville, datée du 21 mai 1530<br />

« Nous ne doutons pas que vous n'ayez encore fraîche mémoire <strong>de</strong> la<br />

réponse que nous avons faite aux députés <strong>de</strong> notre gracieux seigneur<br />

Mr <strong>de</strong> Bâle et aux vôtres, qui ont comparu <strong>de</strong>vant nous ces jours <strong>de</strong>rniers<br />

c'est que nous désirions qu'il vous plût. <strong>de</strong> laisser tranquil<strong>les</strong><br />

ceux qui aiment la vérité évangélique, et aussi Jean Bosset, qui annonce<br />

la Parole <strong>de</strong> Dieu au milieu <strong>de</strong> vous, ce que vous nous avez accordé.<br />

Mais, au lieu <strong>de</strong> tenir votre promesse, vous avez privé le dit Bosset <strong>de</strong><br />

son bénéfice. Nousen sommes très-chagrinés,et nous vous <strong>de</strong>mandons.<br />

<strong>de</strong> laisser le dit Bosset annoncer la Parole <strong>de</strong> Dieu <strong>dans</strong> la chapelle, puisqu'il<br />

a si bien soutenu l'examen <strong>de</strong>vant noire Consistoire, et rendu si bon<br />

compte <strong>de</strong> sa doctrine, qu'on peut se fier à lui. » (Mscrit orig. Arch.<strong>de</strong><br />

la Neuveville. Trad. <strong>de</strong> l'allemand.) Une nouvelle lettre <strong><strong>de</strong>s</strong> Bernois,<br />

datée du 16 juin 1530 et adressée aux mêmes magistrats,<br />

que Jean Bosset était bourgeois <strong>de</strong> la Neuveville.<br />

nous apprend


444 LE& PAROISSIENS DE DOMBRESSON AU CONSEIL DE BIENNE. 1530:<br />

505a<br />

LES PAROISSIENSDE DOMBRESSONau Conseil <strong>de</strong> Bienne.<br />

De Dombresson., 28 août 1530.<br />

Inédite. Manuscrit original. Archives <strong>de</strong> Bienne.<br />

Sommaire. Lesparoissiens <strong>de</strong> Dombresson remercient le Conseil<strong>de</strong>Bienne<strong>de</strong>ce<br />

qu'illeuraproposécnnprédicant. a Usontrésolu<strong>de</strong>vivreselonl'Évangile.<br />

Mes très-chier, honoré et redoubter Signieurs meyre et Consiel<br />

<strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Biène, à vostre bone grâce nous noz recommandons<br />

tant humblement commen povons, en vous remarciant la painne<br />

que avés prins pour le salut <strong>de</strong> nous âmes, <strong>de</strong> ce que nous avés<br />

présenter <strong>de</strong> doner ung prédicant Dont nous vous remercions et<br />

ausy le bon Dieu, qui vous en at inspiré. Car nous summe corivenuz<br />

d'ung accor <strong>de</strong> oir FÉvangille et <strong>de</strong> l'ensuyvre, se tant est que<br />

elle nous soit administrée, et ausi, très-redoubter Signieurs, ne<br />

l'ayéspoint à dépleysir<strong>de</strong> cequen'avons point doner responce sur le<br />

jour que avésdoner, et ausy <strong>de</strong> ce que ne repourtons nous-mesmela<br />

responce; car nous doubtons nostre Dame<strong>de</strong> VaulenginJ, que elle<br />

n'en heusse cy-aprèssevenance sur ceulx que vous pourteroient la<br />

responce.Parquoy rescrivons, affin que singulière persone n'en<br />

soient chargées, etc. Aultre chousse pour le présent, siné [1.sinon]J<br />

1La collatore<strong>de</strong> l'église<strong>de</strong> Dombressonet <strong>de</strong> quelquesautreséglises<br />

duYal<strong>de</strong>Ruz avait appartenujusqu'en 1529au chapitre<strong>de</strong> Saint-Imier,<br />

dont<strong>les</strong> magistrats<strong>de</strong> Bienneétaient<strong>les</strong> avouésou protecteurs.Ceux-ci<br />

prétendirent,après la suppressiondu chapitre <strong>de</strong> St.-Imier,succé<strong>de</strong>rà<br />

toussesdroitstemporels(Voy.N°299,n. 3-6).<br />

GuiUemette <strong>de</strong> Vergy,qui, en l'absence <strong>de</strong> son petit-fils René <strong>de</strong><br />

Challant,gouvernaitla principauté<strong>de</strong> Valangin(NM299, n. 1, 8, 10;<br />

308tn. 3; 312,reav. <strong>de</strong> n. 3-4).


1530 LECONSEIL DEBERNEAUCONSEIL DELANBUVEVILLE.$45<br />

que Dieu vous inspire toatjoors plus avant <strong>de</strong> avancer son honeur.<br />

Escrip à Donbresson, le xxvm <strong>de</strong> agust en l'an 1530.<br />

Par <strong>les</strong> vostre entièrement en tout service<br />

s DE Donbresson.<br />

(Suscription:) Soit donée à mes très-redoubter Signieurs meyre<br />

et Conseil <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Bienne.<br />

5lfa<br />

LE CONSEILDEBERNEau Conseil <strong>de</strong> la Neuveville.<br />

De Berne, 8 septembre 1530.<br />

Inédite. Manuscrit original. Archives <strong>de</strong> la Neuveville.<br />

Sommaire.MM.<strong>de</strong> Berne<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt qoel'Évangilenesoitpasannoncé<strong>dans</strong>une<br />

petitechapel<strong>les</strong>eulement, mais<strong>dans</strong>l'égliseparoissiale<strong>de</strong>la Neuveville.<br />

Nostre amiable salutation <strong>de</strong>vant mise, Nob<strong>les</strong>, pru<strong>dans</strong>, pourvéab<strong>les</strong>et<br />

discrectz, singuliers amysettrés-chiersbourgeoysIVous<br />

avés en bonne mémoire comme puis nagaire pluseurs foys, par<br />

nous lectres et ambassa<strong><strong>de</strong>s</strong>, vous avons requesté et fraternèlement<br />

admonesté <strong>de</strong> recepvoir la Parolle <strong>de</strong> Dieuz, et vous dépourter et<br />

décharger <strong>de</strong> l'erreur auquel sumes esté, etc., ce que en parthye<br />

avés faict, recepvant l'Évangile et permettant que la Parolle<br />

<strong>de</strong> Dienzvous feust anuncée. Dequoy summes estés très-joieulx, espérant<br />

que vous <strong>de</strong> jour en jour permettriés que sans tout obstacle,<br />

en tous lieuz en vostre péroiche, feust publiée la saincte Parolle<br />

<strong>de</strong> Dienz. Or entendons que cella n'az peust avoir lienz, ains<br />

tousjours le doulx Jésus fault <strong>de</strong>mouré rière la pourte, et seulement<br />

annnhcë en une petite place, assavoir en la chapelle,et <strong>les</strong><br />

abhominations<strong>de</strong> l'èntechrist tousjours avancées et avoir lieuz en<br />

vostre gran<strong>de</strong> esglise. Dequoy avons grand regraict et tristéce.<br />

Pour autant vous prions et fraternèlement admonestons <strong>de</strong> consy-


416 CLAUDE DE BELLEGABDE AU CURÉ DE DOMBRBSSOK. 1S3I<br />

déré l'affaire, et donner place à Jésus-Christ nosire Saufoeur, que<br />

sa Parolle soytouye en lieuz compétans, assavoir en l'esglise paroichiale.<br />

En ce ferés vostre <strong>de</strong>bvoir, et à nous grands plaisir à déservir,<br />

aydant Dieuz, auquel prions vous donner grâce <strong>de</strong> vivre<br />

selonn ses saincts comman<strong>de</strong>ments. Datum vin Septembris, anno,<br />

etc., xxx.<br />

L'Advoyé ET CoNSEIL DE LA VILLElà BERNE.<br />

326a<br />

Clau<strong>de</strong> DE BELLEGABDEau curé <strong>de</strong> Dombresson<br />

De Valangin, 25 février 1531.<br />

Inédite. Manuscritoriginal 2.Archives <strong>de</strong> Bienne.<br />

Sommaire. Le maître d'hôtel <strong>de</strong> Valangin s'étonne <strong>de</strong> ce que le curé <strong>de</strong> Dombremm<br />

a cessé <strong>de</strong> dire la messe. Il lui ordonne <strong>de</strong> la célébrer <strong>dans</strong> ce village le len<strong>de</strong>main<br />

ou <strong>de</strong> se faire remplacer par un prêtre capable.<br />

Monsieur le curé <strong>de</strong> Donbresson1<br />

J'ay entendu <strong>de</strong> cyeu~<strong>de</strong> Donbresson que ne vollés dire messe<br />

et servyr à l'esglise <strong>de</strong> Donbressonainsi que avés acoustumé De<br />

quoy suys exbéys [1.ébahi], vehuz que vous savés [que] mécredi<br />

<strong>de</strong>myer passéz, en vostre présence, tous <strong>les</strong> perrochiens là assemblés<br />

sont venus d'accord <strong>de</strong> avoyr et m'ont prier leur faire dire (a<br />

messe,ainsi qu'il l'a esté acoustumé. Et alors je-vousordonnay <strong>de</strong><br />

dire messe et fère <strong>les</strong> services ainsi qu'avés acoustumé. A ceste<br />

4 C'était PierreMaraud (Voy.N»808,n. 7).<br />

L'écriture <strong>de</strong> cettepièceétant la mêmeque celle d'une *Jttre <strong>de</strong><br />

Guillemette<strong>de</strong> Vergypubliéeplushaut (N°326), on peut en inférerque<br />

Clau<strong>de</strong><strong>de</strong>Béttegar<strong>de</strong>remplissaitparfois<strong>les</strong> fonctions<strong>de</strong> secrétaireauprès<br />

<strong>de</strong> la Dame<strong>de</strong> Valangin.<br />

Passageà compareravecle N*805a.


l$3i CLAUDB DEBBLLBGARDB AUCURÉDEDOMBBESSON. 447<br />

cause, je vous ordonne que ne falliés <strong>de</strong> dire messe <strong>de</strong>main* et<br />

aultres jour, et servyr à l'esgtise ainsi que <strong>de</strong> ancienneté a esté<br />

acoostumé. Et si ne vous sentés dispotz <strong>de</strong> vostre personne pour<br />

se fère, que le faites fère par aultre prestre suffisant, sans il fère<br />

faulte, non obstant toutes <strong>de</strong>Jfences<strong>de</strong> Byenne5,ex quel<strong>les</strong> ne fault<br />

hobéyr en ceste signiorie 8; car il n'ont que fère <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r<br />

ny <strong>de</strong>ffendre en ceste signiorie.<br />

Au sorplus, <strong>de</strong>ffenceest faite à ung chescung <strong>de</strong> non empêcher<br />

ne <strong><strong>de</strong>s</strong>torber la messe et aultres services d'Esglise, <strong>de</strong> injurier <strong>les</strong><br />

prestres à cause <strong>de</strong> la messe, <strong>de</strong> blasmer ne vytupérer la messe et<br />

aultres services d'esglises, mais paisiblement, sans murmurer, ne<br />

parler à rencontre, laisser dire la messe et fère aultres services<br />

ainsi que du passéza esté acoustumé, et se à poënne <strong>de</strong> déshobéyssance,<br />

costes et missions, damps et dompneages qu'en porront<br />

advenir, vous advertissant, si ne faites vostre <strong>de</strong>bvoyr, l'ung<br />

[1.Ton] s'en tiendra à vous, quelque excuse que sachés dire, vous<br />

disant à Dieu, Monsrle curé, qui vous ayt en sa gar<strong>de</strong>! De Vanlangin,<br />

le sambedi <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> Bor<strong><strong>de</strong>s</strong> l'an xv'xxxi.<br />

Ausorplus, gardés bien toutes <strong>les</strong> cléz, <strong>les</strong> habilliemans et aultres<br />

choses d'Esglise, que rien ne se per<strong>de</strong>, pour <strong>les</strong> donner et présenter<br />

quant en serés <strong>de</strong>mandéz, sans il fallir et sus la dicte poënne,<br />

<strong>de</strong> quoyj'ay donné charge à vostre advoyéz, Clau<strong>de</strong> Jehan Valet,<br />

vous advertir.<br />

Le lieutenant à Vaulangin,<br />

C. DEBellegar<strong>de</strong>.<br />

(Suscription:) A Monsieur le curé <strong>de</strong> Donbresson.<br />

C'est-à-dire,le premierdimanchedu Carême,qui s'appelait alors<br />

le dimanche<strong><strong>de</strong>s</strong> bor<strong><strong>de</strong>s</strong>ou <strong><strong>de</strong>s</strong> brandons.<br />

5 Voyezle N°305a,note 1.<br />

Celle<strong>de</strong> Valangin(Voyezle N° 299,note 1).<br />

Voyezla note 4, et, <strong>dans</strong>le ST°326,la fin<strong>de</strong> la note 6.


448 FAREL, FROMENT, MARMOD, CGNIER AU CONSEIL DR SIENNE. 1531t<br />

526b<br />

G. FAREL, A. FROMENT,P. MARMOD,G. CUNIER<br />

au Conseil <strong>de</strong> Bienne.<br />

De Neuchâtel, 26 février (1531).<br />

Inédite. Manuscrit original Archives <strong>de</strong> Bienne.<br />

Sommaire. Le maître-d'hôtel <strong>de</strong> Valangin vient d'interdire la prédication <strong>de</strong> l'Évangile<br />

<strong>dans</strong> le Val <strong>de</strong> Rio. MM. <strong>de</strong> Bienne sont exhortés à soutenir leurs droits et<br />

a prendre en main la cause <strong><strong>de</strong>s</strong> prédicateurs.<br />

Mestrès-redoatés seigneurs Messieurs, après toutes recommendations,<br />

vous advertissons <strong><strong>de</strong>s</strong> choses qui ont esté faictes aujourduy<br />

à DonBrissona, premier dimenche <strong>de</strong> ceste caresme xxiin8<strong>de</strong><br />

feuvrier 3,comment Monsieurle maistre <strong>de</strong> Vallangin noz a faict<br />

la <strong>de</strong>ffenceà moy Guillaume Cz6nier5 et à moy Pierre Marmotg,<br />

sur la peine <strong>de</strong> confiscation<strong>de</strong> corps et <strong>de</strong> biens, que nous n'eussions<br />

à prescher nullement à Don Bresson, ne à Savaignye ne<br />

aussy empescher la messe laquelle messe a esté dicte aujourd'huy<br />

à DonBresson et à Savaignye par ung chanoyne <strong>de</strong> Vallangin<br />

nommé messire Jehan Vieffrey,et ce par le comman<strong>de</strong>ment du dit<br />

1 II est <strong>de</strong> la maind'AntoineFroment<br />

Dombresson, villagedu Val <strong>de</strong> Ruz.<br />

Il y a ici uneerreur <strong>de</strong> plume.Ce dimanchetombasur le 26 février<br />

en 1531.Orla comparaison<strong>de</strong> cette lettre avec la précé<strong>de</strong>nteprouve<br />

qu'elleappartientà la mêmeannée.<br />

4 Clau<strong>de</strong><strong>de</strong> Bellegar<strong>de</strong>,maîtred'hôtel ou gouverneur<strong>de</strong> Valangin.<br />

5 Nousignorons<strong>les</strong>antécé<strong>de</strong>nts<strong>de</strong> ce personnage,quiappartenait a<br />

unefamilledu comté<strong>de</strong> Neuchâtel.n prêchait à Savagnier,<strong>dans</strong> le Val<br />

<strong>de</strong> Ruz.<br />

Curétitulaire <strong>de</strong> la paroisse<strong>de</strong> Dambresson(Voy. la pièce précé<strong>de</strong>nte).<br />

Savagnier,villagesitué <strong>dans</strong>le Val<strong>de</strong> Ruz, au sud <strong>de</strong>Dombresson.<br />

1-


1531 FAREL, FROMENT, MARMO», CUNIER AU CONSEIL DE BIENNE. 449<br />

maistre-d'ostel. Plus, m'a faict <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> corps et <strong>de</strong> biens, à<br />

cause <strong>de</strong> ce que messuys p. je me sais], moy Pierre Marmot/vagèrè<br />

à prescher l'Évangflle au dit DonBrisson, et ce par vostre concentement<br />

et voolloir 8.Plus, ceulx <strong>de</strong> Savaignye ont refusé <strong>de</strong> bailler<br />

<strong>les</strong> clés <strong>de</strong> l'église à Guillaume Cunier, auquel <strong>de</strong> vostre grâce<br />

aviés donné charge <strong>de</strong> prescher au dit Savaigné, disans que vous,<br />

Messieurs,n'y avés que affaire et que vous n'estes point collateurs<br />

d'icelle église.<br />

Pourtant, Messieurs, vous supplions qu'il vous playse <strong>de</strong>prendre<br />

la peine d'estre sambedyprochain venant9 à Vallangin,pour <strong>de</strong>flfendre<br />

vostre droict et la causeàvostre main, ou aultrement ne saurions<br />

résister; et ce sera pour l'advancement <strong>de</strong> l'honneur et la gloyre<br />

<strong>de</strong> Dieu et prouffit du povre peuple. MaistreGuillaume Farel vous<br />

eusse escript, lequel aujourd'huy a presché à Vallangin10;mais<br />

tout incontinent qu'il a eu presché, luy a fallu aller à Morat par<br />

certaines causes <strong>de</strong> l'Évangîlle. Ce non obstant, a donné charge à<br />

son serviteur 12,vous escripre tout le contenu <strong><strong>de</strong>s</strong> présentes lettres<br />

que [1.ce qui] sera la fin, priant Nostre Seigneur Dieu vous<br />

donner tousjours cueur pour advancer son honneur et sa gloyre.<br />

De Neufchastel, ce xxnn" [1.xxvi8]<strong>de</strong> février M,<br />

Par vous serviteurs ad l'avancement <strong>de</strong> l'honneur et la gloyre<br />

<strong>de</strong> Dieu,<br />

Anthoeve FROMENT,<br />

serviteur à maistre Guillaume Farel,<br />

Pierre Marmod,GUILLAUME Cunier u.<br />

(Suscription:) A mes très-redoutés Seigneurs Messieurs <strong>de</strong><br />

Bienne, à Bienne.<br />

8 Voyezle N»305a,note 1.<br />

9 C'est-à-dire,le samedi4 mars.<br />

10 Voyezla lettre quela dame<strong>de</strong> Valanginécrivit aux magistrats<strong>de</strong><br />

Xeuchâtele 28 février1531,pourse plaindre<strong>de</strong> Farel (N°326,n. 6).<br />

It Farel était pasteur<strong>de</strong> l'église<strong>française</strong><strong>de</strong> Morat.<br />

11 AntoineFroment(Voy.N»300,n. 6).<br />

18 Voyezla note 3.<br />

u Cestrois signaturesne sontpas <strong>de</strong> la mêmemain.<br />

T. 17. 29


450 GUILLAUME CUNIER AU CONSEIL DE BIENNE. 1 532<br />

575a<br />

Guillaume cunier an Conseil <strong>de</strong> Bienne.<br />

De Valangin, 20 mars 1532.<br />

Inédite. Autographe. Archives <strong>de</strong> Bienne.<br />

Sommaire. Guillaume Cunier remercie 1QL <strong>de</strong> Bienne <strong>de</strong> ce qu'ils l'ont élu pasteur<br />

à Sombeval; mais il ne peut accepter cette nomination, parce qu'il a promis ré-<br />

cemment aux gens <strong>de</strong> Fenin <strong>de</strong> leur annoncer l'Évangile.<br />

La paix <strong>de</strong> nostre Seigneur Jésuchrist soit avec vous!<br />

Mes trôs-honnoréz Seigneurs, à vouz noble grâce et seignories<br />

très-humblement me recomman<strong>de</strong>. Mes honnoré Seigneurs, j'ay<br />

receu vos lettres <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ilz vous a pleuz moy man<strong>de</strong>r touchant<br />

<strong>de</strong> vostre cure <strong>de</strong> Sumbevaulx2,àe laquelle chose très-humblement<br />

vous rendz grâcez et mercis, en moy offrant à vous <strong>de</strong> tout mon<br />

petit povoyr à tousjours, voullant estre vostre oubéyssant serviteur,<br />

considérant <strong>les</strong> grans biens et honestes faveurs que par vous<br />

à moy sont présentez. Vous advertissant que certainnement j'ay<br />

esté requis et <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> puis peult <strong>de</strong> temps en ça <strong>de</strong> auchunes<br />

gens <strong>de</strong> bien pour <strong>de</strong>bvoyr anoncer le sainct esvangile <strong>de</strong> Jésuchrist<br />

ou lieufz <strong>de</strong> Fenim 3. Et pource que je avoye accepté <strong>de</strong><br />

voulloyr faire leur roquesie, je ne me puys bonnement <strong><strong>de</strong>s</strong>partyr<br />

d'eulx. Vous priant toutesfoysqui vous playse <strong>de</strong> non avoyr <strong><strong>de</strong>s</strong>plaisir<br />

<strong>de</strong> ce que je ne suys allé en ce dit lieuz <strong>de</strong> Sombevaulx;car<br />

certainnement je ferays bien plus gran<strong>de</strong> chose pour vous, sy me<br />

estoit possible. Priant nostre bon Dieu qui vous doint en augmen-<br />

1<br />

Voyezla pièceprécé<strong>de</strong>nte,note 5.<br />

Sombeval, près <strong>de</strong> Corgémont,<strong>dans</strong> le Val Saint-Imier.Tontecette<br />

contréedépendait<strong>de</strong> l'évêque<strong>de</strong> Baie, mais c'étaient <strong>les</strong> magistrats <strong>de</strong><br />

Biennequila gouvernaient.<br />

Fenin,villagedu Val <strong>de</strong> Buz.


1532 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE LA NEUVEVttLE. 451<br />

tation <strong>de</strong> son sainct esperit et persévérer en tout le bien que par<br />

vous ilz a gran<strong>de</strong>ment encommencé. Escrip à Vallangin, ce 20<br />

jour <strong>de</strong> mars 1332.<br />

Par vostre obéyssant serviteur<br />

GOILLAME CUMER.<br />

(Suscription :) A mes très-bonnoréz seigneurs Monsieur le<br />

Mayre et Conseilz<strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Byenne.<br />

381a<br />

LE CONSEILDE BERNE au Conseil <strong>de</strong> la Neuveville.<br />

De Berne, 10 juin 1532.<br />

Inédite. Manuscritoriginal. Archives <strong>de</strong> Berne.<br />

Sommaieb. MM. <strong>de</strong> Berne intercè<strong>de</strong>nt en faveur dn ministre Jean Biolard, qui a été<br />

congédié par <strong>les</strong> magistrats <strong>de</strong> la Neuveville.<br />

Nostre amiable salutation <strong>de</strong>vant mise, Nob<strong>les</strong>, prudàns, singuliers<br />

amys et très-chiers bourgeoysl1<br />

Hznous az maystre Jehan Houllard, vostre prédicant1, exposé,<br />

comme à cause <strong>de</strong> quelque regrayct qu'avés prins contre luy, pour<br />

ce qu'il a presché contre ceulx qui ont relevez le jour apellé la<br />

feste Dieu', luy ayés donnés congiéz et démis <strong>de</strong> son omce <strong>de</strong> la<br />

prédication <strong>de</strong> quoy nous mervttlions gran<strong>de</strong>ment.<br />

A ceste cause vous voulions bien prier, puisque sur nostre re-<br />

1<br />

Voyez,sur Jean Hoîard, l'In<strong>de</strong>x placéà la findn tome m.Nousne<br />

savons<strong>de</strong>puiscombien<strong>de</strong> tempsil avait succédéà Jean Bassetou à Jean<br />

<strong>de</strong> Mett,commepasteur<strong>de</strong> la Neuveville.<br />

la Newoevïtie avaitacceptéla Réformeversle milieu <strong>de</strong> décembre<br />

1580,à la majorité<strong>de</strong> 24 voixseulement(N° 316, n. 6). L'année advante,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> dissensions'étaientdéjà élevéesentre <strong>les</strong> habitants <strong>de</strong> cette<br />

localité,à cause<strong><strong>de</strong>s</strong> fêtesreligieuses(VoyezN° 363).


432 GUILLAUME FAREL AU CONSEIL DE BIENNE. 1535<br />

queste l'avés accepté, que ancores luy vuilliés laisser la dite vocation,<br />

pourl'amour <strong>de</strong> nous, oa au moings, sy cella ne vous est<br />

convenable, luy donner terme compétant pour soy pourvoyr allieurs,<br />

on, sy cela ne vous playt, luy donner lettres testimonia<strong>les</strong><br />

[déclarant] à cause <strong>de</strong>quoy vous l'avés démis, affinque s'en puisse<br />

ay<strong>de</strong>r et la Parolle <strong>de</strong> Dieu par luy ne soyt scandaliséez3. En ce<br />

nous ferés grands plaisirs à revoyr, aydant Dieu, auquelz prions<br />

vous donner grâce <strong>de</strong> persévérer en sa saincte Parolle. Datum<br />

x Junii, anno, etc., xxxn0.'<br />

L'ADVOYER ET CONSEILZDE Berne.<br />

507a<br />

GUILLAUMEFAREL au Conseil <strong>de</strong> Bienne.<br />

De Genève, 12 mai 1535.<br />

Inédite. Autographe. Archives <strong>de</strong> Bienne.<br />

Sommaire. Farel <strong>de</strong>man<strong>de</strong> a MM. <strong>de</strong> Bienne si le titre <strong>de</strong> bourgeois qu'ils lui ont<br />

accordé ne pourrait pas être invoqué par ses frères [Oauchier et Clau<strong>de</strong>], pour réolamer<br />

en son nom; la part qui lui revient <strong>de</strong> l'héritage paternel. Il fait ensuite<br />

connaitre la situation <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Genève le désir qui anime <strong>les</strong> magistrats <strong>de</strong><br />

cette république <strong>de</strong> « s'employer pour la gloire <strong>de</strong> Notre Seigneur sans motion et<br />

sans trouble,» et il termine en annonçant la conva<strong>les</strong>cence<strong>de</strong> Vvret.<br />

La grâce, paix et miséricor<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu, nostre bon père, par<br />

nostre seigneur Jésus, son seul filz!<br />

Meshonnorés seigneurs et bons frères en nostre Seigneur Jésus!1<br />

Le bon plaisir <strong>de</strong> Dieu a esté <strong>de</strong> visiter mes frères selon la chair l,<br />

Holardfat probablementremplacéà la.Neuvevillepar VincentPeinant<br />

(N°655, n. 6). On le retrouve à Orbe en janvier 1533 (No404).<br />

Troisans plustard, il était pasteur à GnrceUes, près <strong>de</strong> Ghavornay.on<br />

<strong>dans</strong>ce<strong>de</strong>rniervillage(Voy.le Manuel<strong>de</strong> Bernedu 11juillet 1586).<br />

1 Farel avait quatre frères Daniel, Jean-Jacques,Clau<strong>de</strong>et Gauchier.


1535 GUILLAUME FARELAUCONSEILDE BIENNE. 453<br />

en sorte qu'il n'y a personne d'entre eux qui ose soy tenir en la<br />

maison. Mais comme ce bon père est miséricordieux, il attrempe<br />

<strong>les</strong> amictions <strong>de</strong> consolation, tellement que le présent, qui avoit esté<br />

iniquement con<strong>de</strong>mné à pryson perpétuelle, par la grdce <strong>de</strong> Dieu en<br />

est soriy, et s'est retyré vers moy a; et si j'ay <strong><strong>de</strong>s</strong>ir d'ay<strong>de</strong>r aux au-<br />

tres, je ne luy voudroye fère pis,. ne à luy ne à fautre frère, qui<br />

paravant estait icy3. Nous avons conféré si, par le moyen <strong>de</strong> la<br />

bourgoysie laquelle <strong>de</strong> voslre grdce m'avez donnée seroit possible<br />

qu'ilz retyrassent ce qui me peut advenir <strong><strong>de</strong>s</strong> biens <strong>de</strong> mon père et<br />

<strong>de</strong> ma mère affin qu'ilz s'en aydassent. Pourtant, Messieurs, sera<br />

vostre bon plaisir leur ay<strong>de</strong>r et assister, s'il y aucun bon moyen<br />

qu'ilz puyssent, à mon nom, retyrer quelque chose, affin qu'ilz<br />

soyent aucunement secourus, n'estans du tout abbatus par povreté.<br />

Ainsy faisant me rendrés plus gran<strong>de</strong>ment obligé à vous, com-<br />

1 GauckierFarel, greffier <strong>de</strong> la cour épiscopale <strong>de</strong> Gap, avait été<br />

emprisonné<strong>dans</strong> cette ville, au printemps <strong>de</strong> l'année 1533(Voy.N" 426,<br />

renv. <strong>de</strong> n. 12-13 et n. 14; 433, renv. <strong>de</strong> n. 4-6; 462, renv. <strong>de</strong> n. 6;<br />

463, renv. <strong>de</strong> n. 6-12). Après sa libération, il résida quelque temps à<br />

Genève,puis il fit un voyageà Turin, peut-être aussi à Grenobleet à Gap<br />

(juillet-août 1535. Voy. Noe518, 519), et, vers la fin <strong>de</strong> la même année,<br />

il entra au servicedu comte Guillaume <strong>de</strong> Furst'emberg (No. 539, 577,<br />

578, 658, n. 6).<br />

C'est <strong>de</strong> GauchierFarel ou <strong>de</strong> son frère Clau<strong>de</strong>qu'il doit être question<br />

<strong>dans</strong> ce curieux passage <strong>de</strong> la lettre du cardinal François <strong>de</strong> Tournon<br />

au chancelier Du Bourg, datée <strong>de</strong> Lyon, le 10 août (1536) c .Monseigneur,<br />

il est passé par ceste ville tmgfrère <strong>de</strong> Fareïlus, le plus grand mutin<br />

et le plus mauvayspaillard qu'il est possible,Luthérien et Zuyvinglien<br />

jusques aulx <strong>de</strong>ntz, et est <strong>de</strong> Gap en Daulphiné. Qui le pourroit faire<br />

prendre ce seroyt une belle aulmosne toutesfoiz pource que nous avons<br />

affaire pour ceste heure <strong>de</strong> ceulx<strong>de</strong> Berne, qui prendroient cela à cueur,<br />

je le remetz à vostre bonne discrétion» (Mscrit orig. Arch. <strong>de</strong> l'Empire.<br />

Communicationobligeante <strong>de</strong> notre ami M. ThéophileDufour).<br />

Clau<strong>de</strong>Farel, arrivé en Suisse<strong>de</strong>ux ans auparavant (Voyez l'In<strong>de</strong>x<br />

du t. m).<br />

C'était probablementà la suite <strong><strong>de</strong>s</strong> prédications<strong>de</strong> Farel à la Neuvevûle<br />

et à Diesse,<strong>dans</strong> la Prévôté et <strong>dans</strong> le canton <strong>de</strong> Neuchatel (1529-<br />

1531),que MM. <strong>de</strong> Bienne lui avaient donné la bourgeoisie, commetémpignage'<strong>de</strong>leur<br />

estime et <strong>de</strong> leur reconnaissance.<br />

5 Le père <strong>de</strong> Farel était mort avant 1530; sa mère vivait encore en<br />

1584 (N° 463, renv, <strong>de</strong> n. 13). Gauchier, frère ca<strong>de</strong>t du réformateur,<br />

avait perdu tous ses biens par suite <strong>de</strong> son emprisonnementet <strong>de</strong> la confiscationqu'il<br />

avait soufferte(Voy. N» 463, renv. <strong>de</strong> n. 11-12; 519, renv.<br />

<strong>de</strong> n. 9).


454 GUILLAUME FARELAUCONSEIL DEBIENNE. 1535<br />

bien que par avant Paye esté. Je vous recommen<strong>de</strong> tout, pour<br />

Fhonneur d'iceluy qui veut qu'on aye pitié <strong><strong>de</strong>s</strong> persécutés.<br />

Quant est <strong>de</strong> Vaffère<strong>de</strong> ceste église,par la grdce <strong>de</strong> Nostre Seigneur<br />

ellecroistet augmente <strong>de</strong>jour en jour, espérans par la bonté<br />

<strong>de</strong> Dieu que tout viendra à bon propos, veu que Nostre Seigneur<br />

touchele cueur du Conseil<strong>de</strong> 8oy employerpour la gloire <strong>de</strong> Nostre<br />

Seigneur, selonqu'i[ls] pevententendre estre convenab<strong>les</strong>ans motion<br />

et trouble8.fl y a aucune fâcherie à cause d'aucuns bannis qui font<br />

tout plain <strong>de</strong> fâcherie aux gens qui passentT en quoy chascun<br />

<strong>de</strong>vroit tâcher <strong>de</strong> mètre bon ordre, car trop font d'injures et outraiges<br />

à tous; mais Dieu <strong>les</strong> confnndra et ay<strong>de</strong>ra à ceux qui se<br />

fient en sa saincte bonté et grâce.Et atant prieray le Père plain <strong>de</strong><br />

toute miséricor<strong>de</strong> vous avoir continuellement en sa saincte protection<br />

et gar<strong>de</strong>, vous donnant grâce <strong>de</strong> cheminer purement et sainctement<br />

selon sa saincte Parolle. Ceuxqui ayment Nostre Seigneur<br />

vous saluent gran<strong>de</strong>ment, entre <strong>les</strong>quelz Viret, lequel Nostre Seigneur<br />

a délyvrédu venim8.La grâce et bénédiction <strong>de</strong> Nostre Seigneur<br />

soit sur vous et sur tous! De Genève, ce 12 <strong>de</strong> may 1535.<br />

Vostre humble serviteur et frère en Nostre Seigneur,<br />

Guillaume Farel.<br />

(Suscription:) A mes très-honnorés seigneurs Messeigneursle<br />

Mayreet Conseil<strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Bienne. À Bienne.<br />

Aucunautre témoignagehistoriquen'atteste d'une manièreaussi<br />

précise<strong>les</strong>dispositionsdu Conseil<strong>de</strong> Genèverelativement à la Béforme.AssurémentFarel<br />

était bien placé pour en parler avec connaissance<strong>de</strong><br />

caose(Voy.N01507, n. 1; 516,fin<strong>de</strong> la note 16).<br />

7 A compareravec<strong>les</strong> notes2, 3 et 8 du N°518.<br />

8 Pierre Viretavait été empoisonnéle 6 mars précé<strong>de</strong>nt(N°502,n. 2,t<br />

8, 5, 6). Il <strong>de</strong>vaitêtre co.'inuà Biennepar l'activitépastoralequ'il avait<br />

déployéeà Neuchâtel.


1538 PROGRAMMEDUCOLLEGEDE GENÈVE. 455<br />

PROGRAMMEDU COLLÉGE DE GENÈVE<br />

Genève, 12 janvier 1538.<br />

(D'après le placard original imprimé qui fait partie<br />

<strong>de</strong> notre collection'.)<br />

ORDOET RATIODOCENDI<br />

Geneve in Gymnasio.<br />

Delectisunt ac <strong><strong>de</strong>s</strong>ignati bonarum artium magistri, qui in Gymnasio<br />

Genevensi, qnod <strong>de</strong>creto Senatas anno proximo instita[tnm<br />

atqae conditam fait,] omni studio, diligentia et sedulitate in hoc<br />

incnmbent, ut pueros sua»tt<strong>de</strong>i commissos reddant ipsorumparentibus<br />

tum cultio[res bouibmoribus,] tum eleganter formatos atq<strong>de</strong><br />

expolitos. Nam et quàm honestissimaepossant vitae exemplo illis<br />

praesunt,et ut cognitione lint,nia[ruinet artium liberalium dun]taxat<br />

quas ea aetascapere potest diligenter erndiant, enituntar. Tantùm<br />

ne oblatseoccasioni <strong><strong>de</strong>s</strong>int, quibus liberi sunt addiscendumidonei,<br />

[neque tanto bonoeos fraa]<strong>de</strong>nt nn<strong>de</strong> et sibi privatim domesticum<br />

tam ornamentum, tam emolumentum non médiocre, acquirent<br />

et publicè maximum suae gen[tis commodum:] quàm latè in<br />

privataevite actionibus pateat, satis, nisi experientia, intelligi non<br />

1 Ceplacardn'a étésignalé,quenoussachîonsPparaucunbibliographe.<br />

II estimpriméen caractèresitaliqueset se composed'une page petit infolio.Nousavonsplacéentrecrochets<strong>les</strong><br />

motsquimanquent <strong>dans</strong> notre<br />

exemplaireà la fin<strong><strong>de</strong>s</strong> lignes,et quenousavonssuppléésen recourantà<br />

la traduction<strong>française</strong>du susditplacard.Cettetraductionsetrouve<strong>dans</strong><br />

en opusculepubliéà GenèvechezJean Gérard, le 12janvier 1538,sous<br />

le titre suivant c L'ordre et manièred'enseigneren la Ville <strong>de</strong> Geneue<br />

au College.Description<strong>de</strong> la Ville<strong>de</strong> Geneue.» M.Bétantl'a réimprimé<br />

à la suite*<strong><strong>de</strong>s</strong>a Noticesur le Collège<strong>de</strong> Rive.Genève,J.-G. Fick, 1866.<br />

La fondationdu Collègeavait été décidéeen Conseilgénéral le<br />

21 mai 1536 (Voy.N°*560,n. 13; 569, n. 3). De ces motsprarimo<br />

ara», on pourrait doncinférer quela rédactiondu Programmeeut-lieu<br />

en décembre1537. n fut sansdoutecomposépar AntoineSaunier,principaldu<br />

Collège,et revu par Calvinet MaturinCordier.


456 PROGRAMME DU COLLÉGE DE GENÈVE. 1538<br />

potest eas certô à quàm plnrimis coli, public» utilitatis mag[nopere<br />

refert ad] politicam administrationem, ad sustinendam Ecc<strong>les</strong>iaeincolumitatem,<br />

ad ipsam <strong>de</strong>niqae inter homines humanitatem<br />

retinendam 3; maju[s enim est boaum quàm ut] explicari facile<br />

possit. At verô ne quis majus aliquid jactari à nobis existimet,<br />

quàm re ipsa praestetur quai apad nos institutionis methodus [et<br />

ratio obtineant] particulariùs exponemos.<br />

Manèigitur, horà quintâ, încipiunt in nostro gymnasio exercitationes<br />

in aathoribus enarrandis nec ante <strong>de</strong>cimam, quae est ferè<br />

apudjnos hora prandü, cessant].<br />

Horis autein postmeridianis repeti solet quicquid eo die praelectum<br />

fuerit ea<strong>de</strong>mque opera diligenter à pueris exiguntur quae ad<br />

[verborum signmca]tionem Grammaticam pertineant.<br />

Erudiuntur quotidie ado<strong>les</strong>centes in tribus Unguismaximè insignibus,<br />

Graeca,Hebraica et Latina ut interim <strong>de</strong> Gallica taceamus<br />

[judicio doctorum non] omnino contemnenda. Et qui<strong>de</strong>m<br />

ad Gnscas praelectiones,novum testamentum nobis in usu est quotidiano,<br />

vetus aulem ad Hebraic[as ad haec semper docentur]<br />

utriusque linguseelementa ex institntionibus artis Grammaticae.<br />

Quod ad Latinam linguam pertinet, nullum ejus authorem bonum<br />

rejicimus sed semper tamen primarios, et quasi duces habemus<br />

[Terentium, Virgilium et] Ciceronem, ex quorum assidua lectione<br />

comparari potest ipsius Latini sermonis puritas atque elegantia.<br />

Porrô hune ferè morem observamus in docendo, utrudibus nihil<br />

interpretemur, quod non Latine, aut Gatticè,aut etiam, si commodè<br />

fie[ri possit, utrinque exponamus.]<br />

In ipsa interpretatione, nbi locus exigit, bievissimaeannotationes<br />

et maximè notandae observationes seligi ac dictari soient, praeter<br />

[aliqua exempla linguaeLatins et] Gallicas ut pueri faciliûs rem<br />

ipsam percipiant. Huic autem muneri interpretandi Latinè Maturinus<br />

Cor<strong>de</strong>rius [et alius prseficiuntur*.]<br />

A compareravecle passage<strong>de</strong>l'Institution chrétiennecité <strong>dans</strong> la<br />

note 6 du N°602.<br />

4 MaturinCordier,naquiten Normandie(1479).Cetexcellentami <strong>de</strong><br />

la jeunesseenseignadès 1513 à Paris, d'abord <strong>dans</strong> le collège<strong>de</strong> la<br />

Marche,où il comptaJean Calvinau nombre <strong>de</strong> ses élèves, pnis <strong>dans</strong><br />

celui <strong>de</strong> Navarre.A la persuasion<strong>de</strong> son ami Sobert Estienne,Cordier<br />

embrassavers 1530la doctrineréformée.n remplitensuite<strong>les</strong> fonctions<br />

<strong>de</strong> régentà Nevers(1534-1636.Voy.N° 477,n. 10)et à Bor<strong>de</strong>aux,d'où


1538 PROGRAMME DU COLLÉGE DE GENÈVE. 457<br />

Ad tractandas more scholastico disputationes, duo quotidie ponantur<br />

semi horaespatia.<br />

Finitis verô disputationibus vespertinis, pueri simul omnes in<br />

auditorium maximum 5 conveniunt uoi stans unns eoram cîara<br />

voce pronuntiat [Dei mandata Gallicè]cum precatione dominica et<br />

fi<strong>de</strong>i ChristianaeSymbolo <strong>de</strong>in<strong>de</strong> ad cœnam disceditur.<br />

Nec illad silentio praetereundum est, quôd Antonius Sonnerius,<br />

praefectus ipsius gymnasii, universam multitudinem Christianaereligi[oni<br />

semel quotidie] familiariter institait.<br />

Praeterea toto die parvuli, qui adhuc elementarii sunt, separatim<br />

docenlur (non sine observatione sonorum qui accentns vocantur)<br />

non [solùm legere Latine et Gallicè,] sed etiam nomina et verba<br />

<strong>de</strong>clinare quaesunt certissima linguaeLatinaeelementa.<br />

Et etiam, ne qnid praetermittatur, quod ad pnerilem uoctrinam<br />

conferendam vi<strong>de</strong>atur, huic parvulorum ordini, certa quadam hora<br />

diei, exe[mpla praebentar ad scriben]dum ut et ad literarum figuras<br />

nitidè eleganterqne exprimendas, et ad emendatè scribendi<br />

rationem paulatim informentnr.<br />

Qui verô doctrina cœteros antecedunt assidue in Latinè Ioquendo<br />

et scribendo exercentur, ut mos est in optimis gymnasiis.<br />

Et quoniam, nisi adjuvante Domino ac per spiritum suum mentibus<br />

nostris illucente, non est sperandum ut industrie studioque<br />

nostro [successusobtingat, pre]catione semper incipimus, item eaque<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>inimus.<br />

Quod autem attinet ad convictores in ipso gymnasio habitantes,<br />

majus est nobis otium, pluresque occasiones, quibus ampliùs eos<br />

do[ctrina promoveamus et] quotidie aliquid eis operae privatim<br />

impertiamur cujnsmodi sunt haec,majore cura lectionem, scripturam<br />

et rectum sermonem doce[re, singulatim exigere quae praelecta]<br />

fnerint, eruditiorum scripta diligentiùs emendare. Quo in<br />

genere sunt etiam Arilhmetic» artis initia: hoc est, numerorum et<br />

notarum, [summarum 8 et calculorum].<br />

il fut appeléà Genèven 1537,c et amena beaucoup<strong>de</strong> gens sçavants<br />

avecluy. » (Voy.le commentaire<strong>de</strong> Calvinsur la 1" épltreaux Thessaloniciens.<br />

Froment,op. cit., p. 239,240. La préface<strong><strong>de</strong>s</strong> Colloques<br />

<strong>de</strong> M. Cordier. La Croixdn Maine,note <strong>de</strong> La Monnoye. LaFrance<br />

Protestante.)<br />

1 Le Collégeétait installé <strong>dans</strong> l'ancien couvent<strong><strong>de</strong>s</strong> Cor<strong>de</strong>liers <strong>de</strong>.<br />

Bive(No555,n. 4).<br />

8 Onlit <strong>dans</strong> le passagecorrespondant<strong>de</strong> la traduction<strong>française</strong>


438 PROGRAMME DU COLLÈGE DE GENÈVE. 1538<br />

Adhaec -nni die prins quàm accmnbatur, aliquiseorum, caeteris<br />

audientibus, capat unum clarè recitat ex BibliisGallicis.<br />

Inter accumbendum, singulas è sacris literis sententias diversis<br />

lingais pro suo quisque captu pronuntiant.<br />

Sablata mensa actisque <strong>de</strong> more gratiis (quoniam non minus ingenio<br />

quàm corpori nocet, ad stndiornm laborem statim à cibo redire),<br />

[tnnc sumunt Scripturae] codices, diversa tamen lingua<br />

hoc est (ut quisque est jam aliquo sermone imbutus) aut Graeca,<br />

aut Latina, ant Gallica, ant, si <strong>de</strong> veteri testam[ento agitur, Hebraica.]<br />

Tum igitur, ut omnium animi in re honesta et sancta jucundissimè<br />

relaxentur, anus iiypodidascalorum, <strong>de</strong>posita interim<br />

illamagistri perso[na, aliquem Seripturae locum è La]tino sermone<br />

in Gallicumquasi cursim interpretatur: sic tamen ut orationis contextum<br />

scholastico more particulatim dissotvat. Post, haec ipsis<br />

pjueris Latinè familiariter proponit] eo<strong>de</strong>m modo atque ordine<br />

quo <strong>de</strong>clarata fuerint illi verô Galticèreddant, quantum quisque<br />

scilicet meminisse potuit. Respon<strong>de</strong>t autem [quisque suo ordine<br />

usque ad] finem uniùs periodi aut sententiœ atque illum interea<br />

caeterialacriter et certatim magna cum libertate reprehendunt.<br />

Ita fit, ut et linguar rumac librorum diversitates confe]rantar<br />

puerique ipsi, nullo studio aut labore, non mediccres in lege divina<br />

progressus faciant. Ad summam, nulla est pars omnino [diei<br />

quaesine honesta] exercitatione consumatur.<br />

His atque aliis studiis ado<strong>les</strong>centes spatio temporis cognitionem<br />

assequi possunt quatuor insignium linguarum, nempe Latinae,<br />

Graecae,[Hebraicaeet Gallicœ, qurc omnes] eo ipso gymnasio docentur.assiduè.<br />

Speramus etiam futurum, adjuvante DominoDeo, ut in Rhetoricis<br />

et Dialecticisdoceamus ubi scilicetauditores uostri, postsupera[ta<br />

prima elementa,] his percipiendis idonei fuerint1.<br />

< C'està sçavoirla manière<strong>de</strong> nombrer,chiffrer,getteron calculer.»<br />

L'Abrégédu Parallèle<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>langue</strong>sfrançoiseet latinepar le P. Philibert<br />

Monnet,Genève,1635,expliquele motjeter commeil suit sommer,<br />

composerunesommetotale <strong>de</strong> plusieursparticuliers.Universamsummam<br />

ex minoribussummiscogère.»<br />

Ici<strong>les</strong>éditeurs<strong>de</strong> l'Ordreet manièred'enseigneren la Ville <strong>de</strong> Genèneontinséréle<br />

paragraphesuivant,quin'existepas <strong>dans</strong>le programme<br />

latin Et ne sommespointsi subjectzet liez à nos présentes ordonnances,quele<br />

tempsà venirne puissionspourle bien communy changer<br />

ou adjousterou diminueraucunechose si quelquefoys d'avantare il<br />

advientquele tempsou la chosele requière.»


1538 PROGRAMME DU COLLÉGE DE GENÈVE. 459<br />

Praeter flla supra dicta omnia quaein schola docentur, sunt quotidie<br />

praelectionesdaae in templo ejus urbis maximo. Earum una<br />

est H[ebraicè <strong>de</strong> veteri testamento, horâ] nonâ usque ad <strong>de</strong>cimam.<br />

Hoconus inter se partiumur ejus linguae interpres 8 (cujus partes<br />

sunt singnla verba et loquendi formulas [ac sermonis proprietatem<br />

gram]maticè <strong>de</strong>clarare) et Gulielmus Farellus, qui in excutienda<br />

atque expticanda pietatis doctrina omnino versatar. Alteram verô<br />

praelec[tionem,quaeest Graecé<strong>de</strong> novo] testamento, Joannes Calvinus<br />

horà secundâ postmeridianà exequitur.<br />

Sunt et illic frequenter <strong>de</strong> fi<strong>de</strong> ac religione Christiana public»<br />

disputationes, non illae qui<strong>de</strong>m clamosas,sophisticœ, contentiosae,<br />

sed [quaeagantur omni verborum mo]<strong><strong>de</strong>s</strong>tia atque animi tranquillitate.<br />

In illis autem cœtibus, liberè in ntranque partem ea <strong>de</strong> re<br />

quam quis proposaerit, disputatur cum inte[rea suas positiones<br />

is défendit, ohji]ciunt pro sao quisque arbitratu sic tamen ut aut<br />

confîrmandi, aut refellendi gratià, nihil afferatar, nisi quod sit sacrarum<br />

literarum authoritate [munitum. Qaod qui]<strong>de</strong>m genus<br />

disputandi ob eam causam potissimùm tractatur, ut eo modo periculum<br />

fiat si quis est idoneus, cui populi docendi committatur<br />

[munus, ejus antea tamen] vita et moribas diligenter exploratis.<br />

Quôd si is est, qui scholse praeficiendussit cum illo agitur non<br />

solùm <strong>de</strong> religione, verùm etiam [<strong>de</strong> scientiis humanis, propterjea<br />

quôd eam utroque génère aliqua saltem ex parte instructum<br />

esse oportet.<br />

In ea<strong>de</strong>m civitate, omni dominico die, quinque conciones <strong>de</strong><br />

paro Deiverbo habentur, caeterisautem diebus tantùm binae qua<br />

in. re sic sant [horae distribatae, ut facileomnijbus illis concionibus<br />

ordine interesse possis.<br />

Haecidcircoin vulgus e<strong>de</strong>nda curavimus, ut falsiset iniquis rumoribus<br />

occurreremus quos <strong>de</strong> nobis passim disseminant plarimi c[a-<br />

8 Ce professeurd'hébreu était probablementImbertPaccokt, natif<br />

du midi<strong>de</strong> la France (peut-être<strong>de</strong> Béziers,où il existait alors une famille<strong>de</strong><br />

ce nom).Noussavonsdu moinsque cefut seulementversle milieu<br />

<strong>de</strong> septembre1588 qu'il se retira <strong>de</strong> Genèvepour aller enseigner<br />

l'hébreu à Lausanne. Jean CoIIassusécrivait, en effet, <strong>de</strong> Genèveà<br />

Farel, le? septembre(1588) « Cor<strong>de</strong>rius,Saunerius,Imbertusjubentte<br />

suonominesalvere, » et, le 80 du mêmemois Imbertus,nuneLosamce<br />

profasor hebraicm,eô profectusest. Nousavons,par conséquent,commisuneerreur<br />

(p. 167,268)en affirmant,sur le témoignage<strong>de</strong> Buchaf<br />

que ImbertPaccoletenseignaitdéjà l'hébreu à l'Académie<strong>de</strong> Lausanne<br />

au mois<strong>de</strong> juillet 1537.


460 PROGRAMME DU COLLÈGE DE GENÈVE. 1538<br />

lumniatores,nulla aliacausa nojbis ita infesti,nisi quia ipsam Domini<br />

Evangelium, quo nihil pejùs execrantur,perno&rumrainamconficere<br />

se posse confidant. Naminter [innumerabiliamendacia quibus]<br />

causam nostram exosam red<strong>de</strong>re stu<strong>de</strong>nt, fllud vel in primis criminantur,<br />

politiores literas, ac disciplinasomneis libera<strong>les</strong>, pro nihil<br />

[noshabere, et apnd nos eas]pene jamobsolevisse,atque a<strong>de</strong>ô propemodam<br />

extinctas esse quasiverô Evangelium cum bonis artibus,<br />

quaeinter eximia Dei dona n[os numeramus, pagnaret] utcunque<br />

prodigiosè mentiantor, quia tamen ubique reperiunt quibus facile<br />

imponant, praesertim nbi nulla pro veritatis patrocinio vox ed[atur,<br />

nobis visum est notam] bonis omnibus facere nostram hanc<br />

docendi rationem ut ex ea nos potiùs judicent quàm levibusac temerè<br />

jactatis rumusculis.Hincenim [patebitquàm injuste] ducamur<br />

ceu bonarum artium contemptores in quibus tamen instaurandis<br />

non minus seiïô laboramus quàm hostes nostri in per<strong>de</strong>nda [vera<br />

Dei obedientia. Nam et]si primas <strong>de</strong>ferimus Verbo Domini, non<br />

tamen bonas disciplinas abjicimus quaesecundo loco rite subsi<strong>de</strong>re<br />

possunt. Quinetiam, dum haec [duo tali ordine conjunguntur,<br />

opti]mè intp»*se conspirant ut Dei qui<strong>de</strong>m Verbum omnis<br />

doctrinaesit fundamentum, artes verô quae libera<strong>les</strong> dicuntur adminicuia<br />

sint ac sub[sidia ad plenam Verbi co]gnitionem non contemnenda.<br />

Genevaepridie [dus lan. 1538.


ADDITIONS ET CORRECTIONS<br />

Page 6, ligne 7 en remontant,<br />

juillet.<br />

au lien <strong>de</strong> le 15 juillet, lisez le 16<br />

P. 32, ligne 10 du texte. L'original porte quas processiones et non quos.<br />

P. 51, ajoutez à la note 5 Dans la crainte que cette appréciation ne<br />

ren<strong>de</strong> pas exactement le sens du document auquel elle se rapporte,<br />

croyons <strong>de</strong>voir publier le texte même <strong>de</strong> celui-ci.<br />

nous<br />

c Nous l'Advoyer, petit et grand Conseil <strong>de</strong> Berne faysons sçavoir à<br />

tous et confessons par ces présentes, comme ainsy soit que, après la sommation<br />

envoyée à ceulx <strong>de</strong> Thonon et <strong><strong>de</strong>s</strong> Alinges par nous capitaines,<br />

lieutenants, ban<strong>de</strong>rets et conducteurs <strong>de</strong> nostre armée, iceulx soy soyent<br />

renduz à nous et faict fidélité, homage et sèrement d'obéissance par leur<br />

ambassa<strong>de</strong>urs envoyé à Sainct-JuUien le x <strong>de</strong> février pass' et, sur ce nous<br />

dits capitaines, lieutenants, ban<strong>de</strong>rets et conducteurs <strong>les</strong> [aient] acceptés<br />

et leurs [aient] accordé <strong>les</strong> chapitres et artic<strong>les</strong> suivants Premièrement,<br />

que touchant la foy Hz ne <strong>les</strong> vouloint constraindre, ne leur donner prédicant<br />

oultre leur vouloir, on [1. ou] consentementdu Conseil, on la pluspart<br />

d'icélluy; toutteffoys que aussy y ne punissent, mo<strong>les</strong>tassent personne que<br />

vouldroit parler <strong>de</strong> la Paiolle <strong>de</strong> Dieuz. En quel entier nous <strong>les</strong> eussient<br />

laisséz, sy <strong>de</strong> eulx-mesmes n'eussent changé propost; mais, à cause que<br />

entre eulx ilz ont faict en cestuy endroit une aultre déclaration et conclusion,<br />

assavoir, que ung chescung <strong>de</strong>ust avoir son libère arbitre et chois<br />

d'aller au prêche on [l. ou] à la messe, et nous commis que alheurs P.<br />

alors] estoint az Thonon ont faict sur ce une ordonancex et mise par escript<br />

et publiée, datée xv d'apvril passé, voulons, entendons et commandons<br />

que icelle ordonance soit observée.<br />

En après, leur avons promis <strong>de</strong> <strong>les</strong> laisser en leurs bonnes constumes,<br />

us, libertés et franchises. Tiercement, leur avons, oultroyé que puissent<br />

percepvoir et user leurs revenir et émoluments apertenant à la ville,<br />

comme jusque îcy ont accoustumé et usez, et <strong>de</strong> <strong>les</strong> employer au prouffit<br />

<strong>de</strong> la dite ville. Et pource que leurs ambassa<strong>de</strong>urs, ces jours passés, nous<br />

ont prié <strong>de</strong> leurs donné tie ce lectres et seaulx, leurs avons oultroyé ices-


462<br />

ADDITIONS ET CORRECTIONS.<br />

tes, séélées <strong>de</strong> nostre seaulx pendant, en certiffication <strong><strong>de</strong>s</strong> choses sus-escriptes.<br />

Datum 13 maii 1536. »<br />

P. 54, note 3, ligne 3, au lien <strong>de</strong> Catherine <strong>de</strong> Munsingen, lisez Cathérine<br />

Ndgueli, dont le père était seigneur <strong>de</strong> Munsingen (Communication<br />

<strong>de</strong> M. E.-Frédéric <strong>de</strong> Mûlinen).<br />

P. 64, remplacez <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux premières lignes <strong>de</strong> la note 19 par ce qui<br />

soit MM. <strong>de</strong> Berne s'occupèrent, le 14 juin, du défi adressé par « le<br />

Révérend <strong>de</strong> Vevey »àJean le Grus, régent <strong>de</strong> l'école d'Aigle. On lit<br />

<strong>dans</strong> le Manuel bernois du dit jour « Ecrire à ceux <strong>de</strong> Vevey, au sujet<br />

du moine qui s'est vanté <strong>de</strong> soutenir le papisme contre <strong>les</strong> prédicants,<br />

qu'il doit se présenter ici <strong>dans</strong> 14 jours, ou que mes Seigneurs enverront<br />

[quelqu'un]<br />

mand).<br />

à Lausanne vers lui, pour lui parler » (Trad. <strong>de</strong> l'alle-<br />

P. 64, note 20, ligne 2, lisez Le 12 avril 1536, MM. <strong>de</strong> Berne avaient<br />

élu Clau<strong>de</strong> <strong>de</strong> Gîantinis comme pasteur <strong>de</strong> Cudrefin, etc. Ajoutez à la fin<br />

<strong>de</strong> cette même note II y fut envoyé le 19 avril et fut congédié le 20 juillet<br />

suivant (Voy. le Manuel <strong>de</strong> Berne aux dates précitées).<br />

P. 80, note 8, ligne 6e, remplacez le titre c De corrupti sermonis<br />

emendatione » par celui-ci<br />

quendi ratione liber unus. »<br />

« De Iatini sermonis varietate et Latine lo-<br />

P. 92, note 2, ajoutez avant l'alinéa On est même autorisé à croire<br />

que <strong>les</strong> ministres <strong>de</strong> la Neuveville, <strong>de</strong> Bienne et <strong>de</strong> la Prévôté assistèrent<br />

également à la Dispute <strong>de</strong> Lausanne. La Chronique citée plus bas prétend,<br />

du moins, qu'il y avait à la Dispute c 80 prédicans. »<br />

P. 98, <strong>de</strong>uxième ligne <strong>de</strong> l'alinéa,<br />

tre part.<br />

au lieu <strong>de</strong> en notre nom, lisez <strong>de</strong> no-<br />

P. 134, à la fin <strong>de</strong> la note 1, ajoutez Il faut peut-être i<strong>de</strong>ntifier Jacques<br />

Camerle avec Jacques Camrol (Voy. t. II, p. 181). Un acte du 28<br />

janvier 1535 (Arch. du canton <strong>de</strong> Vaud. Carnets d'Aigle, I, 315) mentionne<br />

< Jacques Camerloz, prescheur et curé <strong>de</strong> NovUJe.» Dans une autre<br />

pièce, datée du 22 avril 1533 (même collection, n, 27), figure c le frère<br />

du prédicant <strong>de</strong> Noville, » qui était probablement ce Clau<strong>de</strong> Camerle que<br />

<strong>les</strong> Bernois élurent le 21 octobre 1536, comme pasteur<br />

(Manuel <strong>de</strong> Berne du dit jour).<br />

du même village<br />

P. 135, note 11, ligne 7, après Farel ajoutez et par la lettre du bailli<br />

d'Évian, datée du 19 février 1538 (Voy. N» 687, fin <strong>de</strong> la n. 1).<br />

P. 147, <strong>de</strong>uxième !ig le du N° 598, lisez De Bàle (au printemps <strong>de</strong><br />

l'année 1536).<br />

P. 148, modifiez ainsi la note 2 II était peut-être question <strong>de</strong> Vévêque<br />

<strong>de</strong> Bâle et d'une requête que <strong>les</strong> Bâlois auraient eu à lui présenter au<br />

sujet <strong><strong>de</strong>s</strong> différents qui existaient entre <strong>les</strong> Réformés <strong>de</strong> Moùtiers-Grandval<br />

et <strong>les</strong> chanoines du même lieu. La présente lettre ayant dû être<br />

écrite en avril ou en mai 1536 (Voy. note 5), <strong>les</strong> mots quod jussisH <strong>de</strong><br />

Episcopo ne peuvent se rapporter à Antoni Bischoif <strong>de</strong> Berne, dont le<br />

procès criminel, commencé le 8 juin, même année, se termina le 17 par<br />

une condamnation à mort.<br />

P. 148, note 5, ligne 2e, lisez en mars 1536, et à la ligne 3e, rempla-


ADDITIONS ET CORRECTIONS. m<br />

cez <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux citations <strong><strong>de</strong>s</strong> Athaue Bauricce par ce qui soit Marais Beraius<br />

écrivait, en effet, <strong>de</strong> Bâle à Vadian, le 28 mars 1536 « Grynœm,<br />

prophanis musis repudiatis tan<strong>de</strong>m sacrœ se consecravit théologies, primam<br />

auspicatus lectionem 21 Martii. Incepit autem legere D. Pauli epistolam<br />

ad Romanos (Mscr. orig. Bibl. <strong>de</strong> St.-Gall). De cette citation il<br />

résulte assez clairement que la présente lettre <strong>de</strong> Grynœtu fat écrite au<br />

printemps <strong>de</strong> l'année 1536.<br />

P. 167. Le commencement <strong>de</strong> la note 3 <strong>de</strong>vrait être conçu ainsi Un<br />

docteur dont le nom est resté inconnu enseignait l'hébreu à Lausanne,<br />

vers la fin <strong>de</strong> juillet 1537 (Voy. Ruchat, IV, 435), et probablement en<br />

qualité <strong>de</strong> professeur officiel. On lit, du moins, <strong>dans</strong> le Manuel <strong>de</strong> Berne<br />

du 9 juillet 1537 c Écrire au bailli <strong>de</strong> Lausanne qu'il établisse<br />

comme lecteur. Item, qu'il avise avec Viret pour lui procurer une chaire<br />

et s'informe <strong>de</strong> ses moyens <strong>de</strong> subsistance. Le trésorier Augspurger lui<br />

donnera une couronne et il lui fera faire une paire <strong>de</strong> chausses et une<br />

robe. » Ruchat dit que ce premier professeur en <strong>langue</strong> hébraïque fut<br />

Jean Imbert. » II désigne ainsi fautivement Imbert Paccolet, qui ne vint<br />

à Lausanne qu'au mois <strong>de</strong> septembre 1538 (Voy. la page 459, n. 8).<br />

P. 178, ligne 14e du texte, placez après Thomavi un renvoi à la note<br />

supplémentaire que voici Ce personnage était per t-être Thomas Cunier,<br />

que nous rencontrerons plus tard <strong>dans</strong> le Chablais, où il exerçait le ministère<br />

<strong>de</strong> l'Évangile (Voyez la lettre <strong>de</strong> Fabri du 25 mai 1542).<br />

P. 225, à la fin <strong>de</strong> la note 1, ajoutez Le 17 janvier 1538, le Conseil<br />

<strong>de</strong> Bâle écrivait au Parlement <strong>de</strong> Dôle une lettre qui peut se résumer <strong>de</strong><br />

la manière suivante Gottfried Dieherr, votre ancien concitoyen, maintenant<br />

le nôtre, et qui est « librorum ligator, » avait obtenu <strong>de</strong> vous, sur<br />

la prière <strong>de</strong> MM. <strong>de</strong> Berne, la permission <strong>de</strong> faire vendre ses biens. Veuillez<br />

donc ne pas vous opposer à ce qu'il ven<strong>de</strong> sa maison (Minute orig.<br />

Arch. <strong>de</strong> Bâle).<br />

P. 226, note 4, supprimez <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux mots placés entre parenthèses.<br />

P. 234, note 9, après Eoangelia ajoutez ou bien encore ses Metaplwases<br />

et enarrationes perpétua Episiolarum divi Pauli. Tom. primas, continens<br />

Metaphrasim. in Epistolam ad Romanos. Argentorati, mense<br />

Martis, m. D. xxxvi (Voy. Capito und Butzer, par J.-W. Baum, p. 598)?<br />

P. 257, note 4, ajoutez Le premier pasteur d'Amoy fut élu par le<br />

Conseil <strong>de</strong> Genève le 21 août 1537. Avant son installation, il dut être<br />

présenté au bailli <strong>de</strong> Thonon (Voy. le Reg. <strong>de</strong> Genève au jour précité).<br />

P. 265, à la fin <strong>de</strong> la note 5, ajoutez Sur le syno<strong>de</strong> tenu à Berne du<br />

31 mai au 3 juin 1537, on peut consulter Hun<strong><strong>de</strong>s</strong>hagen, op. cit. p. 74-77.<br />

P. 272, note 7, à la 5e ligne, lisez<br />

<strong>dans</strong> Genève.<br />

Leurs adhérents <strong>les</strong> plus connus<br />

P. 300, note 2, à la fin <strong>de</strong> la première phrase, ajoutez (ou le 16 septembre<br />

? Voyez Hun<strong><strong>de</strong>s</strong>hagen, op. cit. p. 80).<br />

P. 301, à la fin <strong>de</strong> la note 2, ajoutez Hun<strong><strong>de</strong>s</strong>hagen, op. cit. 77-92.<br />

p.<br />

P. 327, lignes 7-8 du Sommaire, au lien <strong>de</strong> ils sepréparent à toutes <strong>les</strong>


464<br />

ADDITIONS ET-CORRECTIONS.<br />

éventualités, lisez ils font tons <strong>les</strong> préparatifs nécessaires pour détruire<br />

le repaire <strong>de</strong> ces malfaiteurs.<br />

P. 349, à la fin <strong>de</strong> la note 36, ajoutez Rachat, t. IV, p. 452, affirme<br />

que <strong>les</strong> baillis <strong>de</strong> Gex et <strong>de</strong> Ternier, avaient, <strong>de</strong> leur propre autorité,<br />

interdit aux ministres <strong>de</strong> leur dépendance <strong>les</strong> colloques <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> (Genève,<br />

et que MM. <strong>de</strong> Berne c le trouvèrent mauvais. Cette affirmation<br />

nous paraît très-contestable. Supposons un instant qu'elle soit fondée.<br />

MM. <strong>de</strong> Berne auraient-ils pris <strong>de</strong>ux mois et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> réflexion, avant <strong>de</strong><br />

désavouer <strong>les</strong> baillis sus-mentionnés ? Ce fut, en effet, le 28 mars 1538<br />

que <strong>les</strong> Bernois donnèrent <strong>les</strong> instructions suivantes à leurs députés an<br />

syno<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lausanne c Il ne parait pas convenable à mes Seigneurs<br />

qu'on interdise aux prédicants <strong>de</strong> Genève la fréquentation <strong><strong>de</strong>s</strong> colloques<br />

qui se tiennent sur leur propre territoire, et que. <strong>les</strong> prédicants <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>pays</strong><br />

<strong>de</strong> mes Seigneurs n'osent pas se rendre aux colloques <strong>de</strong> Genève. Cela ne<br />

peut engendrer que division et mésintelligence. Il faut que <strong>les</strong> communications<br />

soient laissées libres pour <strong>les</strong> uns comme pour <strong>les</strong> autres »<br />

(Trad. <strong>de</strong> l'ail. Instructions-Buch, vol. C, fol. 201).<br />

P. 354, note 2, lisez <strong>de</strong> Louis du Tillet.<br />

P. 360, <strong>de</strong>uxième ligne du Sommaire, au lieu <strong>de</strong> jadis, lisez naguère.<br />

P. 365, note 2, ajoutez D'après la Chronique <strong>de</strong> Savion, André Philippe<br />

aurait été emprisonné à Paris < à l'instance <strong>de</strong> Mr <strong>de</strong> St.-Sorlin,<br />

frère <strong>de</strong> l'évesqce. » II fut peu <strong>de</strong> temps après libéré, à la prière <strong>de</strong> MM.<br />

<strong>de</strong> Berne.<br />

P. 366. Remplacez <strong>les</strong> quatre <strong>de</strong>rnières lignes <strong>de</strong> la note 3, par ce qui<br />

suit Le 10 août 1537, MM. <strong>de</strong> Berne écrivaient déjà au roi <strong>de</strong> France<br />

t Syre, nostre chier et bien-aymé combourgeoy Jehan Philippe <strong>de</strong><br />

Genève, a obtenu sentence <strong>de</strong> droict par <strong>de</strong>vant vostre Lieutenant et aultres<br />

députés <strong>de</strong> la Justice <strong>de</strong> Lyon, à l'encontre d'aulcungs voulleurs,<br />

qu'avoient injustement. prins prisonnier et détrossé son file, par laquelle<br />

yceulx ;adis voulleurs ont esté con<strong>de</strong>mpné à la mort. De quoy il ont adpellé<br />

par <strong>de</strong>vant Vostre Royalle Majesté, pour chercher subterfuges et<br />

délais <strong>de</strong> leur mort. Vous prions humblement qu'il vous plaise continuer,<br />

en cest affaire, le cours et exéquntion du droict,<br />

duré. ><br />

qu'a <strong><strong>de</strong>s</strong>jà longuement<br />

P. 378, note 6, ajoutez Le Registre <strong>de</strong> Genève renferme <strong>les</strong> paragraphes<br />

suivants c Vendredy22 <strong>de</strong> mars 1538. Supplication <strong>de</strong> Michel Varro,<br />

Aymé Vulliermoz et Pityod, dyacre, <strong>les</strong>queulx ont supplié d'avoyr du regard<br />

sus <strong>les</strong> vivres et neccessités <strong><strong>de</strong>s</strong> prédicans. » c Mardy 26 <strong>de</strong> mars.<br />

Man<strong>de</strong>ment fayt aut seigneur Clau<strong>de</strong> Bernard <strong>de</strong> lyvré az maystre G. Faret<br />

et Calvinus, nous prédicans, cent florins petit<br />

leur sallayre. »<br />

poids, en déduction <strong>de</strong>


TABLETTES CHRONOLOGIQUES.<br />

TABLETTES<br />

CHRONOLOGIQUES<br />

(S36. Fin <strong>de</strong> mars. Calvinpublieà Bâ<strong>les</strong>on Institution chrétienne,<br />

puis il part pourl'Italie.<br />

t 536.Avril.La Réformeest préchée<strong>dans</strong> <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong>provinces<strong>de</strong><br />

Berne.<br />

1536. Avril.La guerreentreFrançois1 et Char<strong>les</strong>-Quintrecommence<br />

en Italie.<br />

1536, 26 avril. Martyre<strong>de</strong> MartinGoninà Grenoble.<br />

1536, 21 mai. Lescitoyens<strong>de</strong> Genève,réunis en Conseilgénéral, jurent<br />

unanimement<strong>de</strong> vivreselonla doctrineévangélique.<br />

1536, 2 juin. LepapePaul lll convoqueun concileœcuménique.<br />

1536. Juin. Le culte catholiqueest aboli <strong>dans</strong> tout le bailliaged'Yverdon.<br />

1536, 5juillet. Char<strong>les</strong>-QuintécritauxLausannoiset aux Bernoispour<br />

leur interdiretoute innovationreligieuse.<br />

1536, 12juillet. Érasme<strong>de</strong> Rotterdammeurt à Bâle.<br />

1536. Secon<strong>de</strong>moitié<strong>de</strong> juillet. Calvinarriveà Genève.<br />

1536. Fin <strong>de</strong> juillet. Strasbourg,Berne,Zurichet Bâleintercè<strong>de</strong>ntauprès<br />

<strong>de</strong> FrançoisI en faveur<strong><strong>de</strong>s</strong> Évangéliquesfrançais.<br />

1536, 1eroctobre.Ouverture<strong>de</strong> la Dispute<strong>de</strong> Lausanne.<br />

1536, 19 octobre.Les Bernoisdécrètentl'abolitiondo papisme<strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

<strong>pays</strong>récemmentconquispareux.<br />

1536, 24 novembre.Le syno<strong>de</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> pasteursdu Pays<strong>de</strong> Vaudse réunit<br />

pour la premièrefuisà Lausanne.<br />

1536, 2i décembre.Bernepublie<strong>dans</strong>ses nouvel<strong>les</strong>provincest'édit <strong>de</strong><br />

Réformation.<br />

1537, 15 janvier. Ambassa<strong>de</strong>envoyéeau roi <strong>de</strong> France par !es Vil<strong>les</strong><br />

évangéliques.<br />

1537, 16.janvier. LesConseils<strong>de</strong> Genèveacceptent<strong>les</strong> mesuresecclésiastiquesproposéespar<br />

Calvinet Farel.<br />

1537. Janvier. Fondation<strong>de</strong> l'Académie<strong>de</strong> Lausanne.<br />

1537. Janvier.Persécutionsà Besançonet à Dole.<br />

1537. Jansier-mars.Une gran<strong>de</strong>partie<strong>de</strong> l'ancienclergécatholiquedu Pays<strong>de</strong> Vaudacceptela Réforme.<br />

e~<br />

T. nr. 30<br />

465


£66 TABLETTES CHRONOLOGIQUES.<br />

1537. Mars. Disputeà Genèvecontre <strong>les</strong> Anabaptistes.Quatre d'entre<br />

eux sont bannis.<br />

1537, 14 mai. Le syno<strong>de</strong><strong>de</strong> Lausanneapprouve la doctrine<strong>de</strong> Calvin,<br />

<strong>de</strong> Farelet <strong>de</strong> Viret, accusésd'arianismepar le DrCaroli.<br />

1537, 31 mai-2juin.Le syno<strong>de</strong><strong>de</strong> Berneconfirme<strong>les</strong> décisions<strong>de</strong> celui<br />

<strong>de</strong> Lausanne.<br />

1537, 22 septembre.Lesthéologiens <strong>de</strong> Strasbourg,<strong>de</strong> Bâleet <strong>de</strong> Genève,assistentau<br />

syno<strong>de</strong><strong>de</strong> Berneet ils tombentd'accordsur la<br />

doctrine<strong>de</strong> l'Eucharistie.<br />

1537, 8 octobre. MM.<strong>de</strong> Berneordonnentd'expulser<strong>de</strong> leur territoire<br />

<strong>les</strong>prêtresqui n'acceptentpas la Réformation.<br />

i 537. Versla find'octobre.DeuxÉvangéliquessontbrûlésvifsà Nîmes.<br />

1537, 17 novembre.Nouvelleintercession<strong><strong>de</strong>s</strong> Bernoisen faveur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Évangéliquesfrançais.<br />

i 537. Novembre.Une partie<strong><strong>de</strong>s</strong> Genevoisrefusentleur adhésionà la<br />

Confession<strong>de</strong> foiadoptéepar <strong>les</strong> Conseils.<br />

1537. Fin <strong>de</strong> décembre.Abolition<strong><strong>de</strong>s</strong> confrériesreligieuseset fondation<br />

d'un collègeà Motitbéliard.<br />

i 537. Fin <strong>de</strong> décembre.Les magistratset <strong>les</strong> pasteurs bernoisapprouvent<br />

la Confession<strong>de</strong> foi<strong>de</strong> Genève.<br />

1538, 4 janvier.LesConseils<strong>de</strong> Genèvedéci<strong>de</strong>ntque la SainteCènene<br />

sera refuséeà personne.<br />

i 538, 3 février.Lesélectionsfaitesà Genèveportentau pouvoir <strong>les</strong> adversaires<strong>de</strong><br />

Faretet <strong>de</strong> Calvin.<br />

1538, 11 mars. Les Conseils<strong>de</strong> Genève,sans consulter<strong>les</strong> pasteurs,<br />

adoptent<strong>les</strong>rites <strong>de</strong> l'église bernoise,et ils défen<strong>de</strong>ntà Farel et<br />

à Calvin<strong>de</strong> se mêler<strong><strong>de</strong>s</strong> affairesdu gouvernement.<br />

1538, 22 mars.Ouverturedu Gymnaseprotestant<strong>de</strong> Strasbourg.<br />

1538, 4 avril. Lesrites <strong>de</strong> l'églisebernoisesont adoptésà l'unanimité<br />

par le syno<strong>de</strong><strong>de</strong> Lausanne.<br />

1538. Versle 13 avril. Martyredu libraireJean <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> et d'un<br />

gentilhomme<strong>de</strong> Toulouseà Paris.<br />

153$, 18 avril. Faret et Calvinrefusentd'administrerla Cèneselon <strong>les</strong><br />

rites bernois.Lesurlen<strong>de</strong>main,la chaireleur est interdite.<br />

1538, 23 avril. Faret. Calvinet Coraudsontbannis<strong>de</strong> Genèvepar décisiondu<br />

Conseilgénéral.


.LISTE CHRONOLOGIQUEDES PIÈCES DU VOLUME. 467<br />

LISTECHRONOLOGIQUE<br />

DES PIECES CONTENUES DANS LE QUATRIEME VOLUME<br />

Les lettres inédites sont distinguées pur un astérisque place avant le Numéro.<br />

XUMÉROS .UJNEK PAOK8<br />

1536<br />

545. Jean Calvinau Roi<strong>de</strong> France,mois<strong>de</strong> mars. 3<br />

*546. Le Conseil<strong>de</strong> Genèveà FrançoisI, 5 avril 24<br />

*547. Le Conseil<strong>de</strong> Berneau Vicaire<strong>de</strong> Lausanne,6 avril 27<br />

548. PierreViretau Conseil<strong>de</strong> Lausanne,13avril 29<br />

*549. ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 18 avril<br />

*550. Le Conseil<strong>de</strong> Berneau Conseil<strong>de</strong> Moudon,20 avril<br />

31<br />

35<br />

*551. GuillaumeFarel à ChristopheFabri, 22 avril<br />

*552. PierreViretau Conseil<strong>de</strong> Genève,28 avril<br />

37<br />

40<br />

*553. ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 29 avril<br />

*554. LesCatholiques<strong>de</strong> Peneyau Conseil<strong>de</strong> Fribourg,30 avril.<br />

*555. GuillaumeFarelà ChristopheFabri. 2 mai 47<br />

*556. GuillaumeFarelà ChristopheFabri, 5 mai<br />

*557. ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 7 mai<br />

*558. ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 12 mai.<br />

*559. Le Conseil<strong>de</strong> Neuchàtelau Conseil<strong>de</strong> Berne, 13 mai<br />

42<br />

45<br />

50<br />

52<br />

53<br />

56<br />

*560. ChristopheFabrià GuillaumeFarel 24 mai.<br />

*561. ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 27 mai<br />

*562. [LeSyno<strong>de</strong>d'Yverdon]au Conseil<strong>de</strong> Berne, 8 juin.<br />

56*. LeConseil<strong>de</strong> Berneau Conseild'Avenches,19juin<br />

564. Les Évangéliquesdu Locleau Conseil<strong>de</strong> Berne, fin<strong>de</strong>juin.<br />

565. Char<strong>les</strong>-Quintau Conseil<strong>de</strong> Lausanne,5 juillet.<br />

*566. Le Conseil<strong>de</strong> Bâleà FrançoisI, 8 juillet.<br />

*567. Le Conseil<strong>de</strong> Genèveà GuillaumeFarel, 10juillet.<br />

*568. LeConseil<strong>de</strong> Berneau Conseil<strong>de</strong>^Genève,<br />

57<br />

60<br />

61<br />

65<br />

66<br />

68<br />

70<br />

74<br />

11 juillet 76<br />

*569. ConradPellicanà Jean Friess,13 juillet<br />

570. Pierre Toussainà AmbroiseBlaarer,28 juillet 82<br />

*57t Le.Conseil<strong>de</strong> Berneau chanoineFabri, 7 août 83<br />

572. [W.-F. Capiton]à GuillaumeFarel, fin <strong>de</strong> septembre 84<br />

78


468 LISTE CHRONOLOGIQUEDES PIÈCES DU VOLUME.<br />

BUH&ROS PAGES<br />

573. MartianusLucanius[J. Calvin]à F. Daniel,13 octobre..<br />

574. Le Conseil<strong>de</strong> Berneaux pasteursdu <strong>pays</strong>romand,t9 oct.<br />

575. LeConseil<strong>de</strong> Genèveaux Conseils<strong>de</strong> Berne et <strong>de</strong> Bâte,<br />

86<br />

91<br />

23 oct. 93<br />

*576. Le Conseil<strong>de</strong> Berneà PierreViret, 1ernovembre<br />

*577. Le Conseil<strong>de</strong> Strasbourgau Conseil<strong>de</strong> Bâle, 4 novembre. 95<br />

*578. Le Conseil<strong>de</strong> Bâle au comte Guillaume<strong>de</strong> Furstemberg,<br />

7 novembre 99<br />

*579. ChristopheFabria GuillaumeFarel, 13 novembre<br />

580. GuillaumeFarelà Jean-RodolpheNâgueli, 14 novembre<br />

*581. Les pasteurs<strong>de</strong> Genèveau Syno<strong>de</strong><strong>de</strong> Lausanne,21 nov..<br />

*582. GuillaumeFarelà ChristopheFabri. 2novembre<br />

583. GuillaumeFarelà JacquesHugues,22 novembre<br />

534. Pierre Toussaina GuillaumeFarel, 26 novembre<br />

100<br />

102<br />

101<br />

108<br />

UO<br />

112<br />

535. W.-F. Capitonà J. Calvin,i« décembre<br />

586. MartinBucerà Jean Calvin,1erdécembre<br />

*5S7. Le Conseil<strong>de</strong> Nenchàtelau Conseil<strong>de</strong> Genève,4 déc.120<br />

115<br />

117<br />

*588. GuillaumeFarelà ChristopheFabri, 6 décembre 121t<br />

*589. ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 8 décembre 124<br />

*590. Le Conseil<strong>de</strong> Genèveau Conseil<strong>de</strong> Berne, 9 décembre 127<br />

*59t ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 12décembre 130<br />

592. GuillaumeFarel à ChristopheFabri, 16 décembre .133<br />

*593. Le Conseil<strong>de</strong> Berneauxparoissiens<strong>de</strong> Chardonne,17déc. 138<br />

*594. Le Conseil<strong>de</strong> Berneau comteJean <strong>de</strong> Gruyère.19 déc.. 139<br />

*595. ChristopheFabri à GuillaumeFarel, 20 décembre 140<br />

*596. GuillaumeFarelà ChristopheFabri. 23 décembre 144<br />

*597. ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 30 décembre 146<br />

*598. SimonGrynaeusà GuillaumeFarel, versle printemps ..447 i<br />

*599. [MartinBucer] à GuillaumeFarel, vers la fin<strong>de</strong> Tannée 149<br />

1537<br />

*600. Les Conseils<strong>de</strong> Berneaux pasteursdu<strong>pays</strong> romand,5 janv. 151I<br />

*60l ChristopheFabri à GuillaumeFarel,1 janvier 152<br />

602. Les ministres<strong>de</strong> Genèveau Conseil<strong>de</strong> Genève,vers le 13<br />

janvier. 154.<br />

*603. GaspardMegan<strong>de</strong>rà Bullingeret à Léon Ju<strong>de</strong>, 15janvier. 166<br />

604. Le Conseil<strong>de</strong> Berneà ses ambassa<strong>de</strong>urs,15janvier ..169<br />

*605. Le Conseil<strong>de</strong> Neuch&telau Conseil<strong>de</strong> Berne, 29 janvier<br />

94<br />

173<br />

*606. ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 5 février 175<br />

*607. Le Conseil<strong>de</strong> Genèveau bailli<strong>de</strong> Thonon,5 février 179<br />

*608. Pierre Toussainà AmbroiseBlaarer, i février. 180


LISTE CHRONOLOGIQUEDES PIÈCES DU VOLUME. 469<br />

HUXÉSOS PAGES<br />

*609. Le Conseil<strong>de</strong> Neuchàtelau Conseil<strong>de</strong> Berne, 12 février 181<br />

*6 i0. [LesPasteurs<strong>de</strong> Genèveauxpasteurs<strong>de</strong> Berne],versle20<br />

février. 183<br />

*6ii. [JeanCalvinà GaspardMegan<strong>de</strong>r],versle 20 L'mer ..137<br />

*612. François1aux Conseils<strong>de</strong> Zurich,Berne, Baie et Strasbourg,<br />

20 février 191<br />

*613. Le Conseil<strong>de</strong> Berneau Conseil<strong>de</strong> Neuchâtel,26 février 194<br />

*614. Le Conseil<strong>de</strong> Berneà GuillaumeFarel 28 février. 195<br />

*6 15. ChristopheFabri à GuillaumeFarel, 2 mars.<br />

616 GaspardMegan<strong>de</strong>rà<br />

196<br />

HenriBullinger,8 mars<br />

G 17. Le Conseil<strong>de</strong> Berneau Conseildu Lan<strong>de</strong>ron,14 mars..<br />

198<br />

200<br />

*6I8. Le Conseil<strong>de</strong> Berneau Conseil<strong>de</strong> Genève,15 mars 202<br />

*619. SimonGrynaeusà JeanCalvin,15 mars 204<br />

620. Jean Oporinà Jean Calvin,25 mars 206<br />

*621. ChristopheFabri aux députés<strong>de</strong> Berne,30 ou 31 mars 209<br />

*622. ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 3 avril. 212<br />

*623. LesChartreux<strong>de</strong> la Lanceau Conseil<strong>de</strong> Fribourg,3 avril. 215<br />

*624. GuillaumeFarel à ChristopheFabri, 4 avril. 219<br />

625. Char<strong>les</strong><strong>de</strong> Sainte-Martheà Jean Calvin,10 avril 221<br />

*6*6. Le Conseil<strong>de</strong> Berneau Parlement<strong>de</strong> Dôle,12 avril 224<br />

*627. ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 20 avril<br />

*628. Jean Calvinà Pierre Viret,23 avril<br />

225<br />

228<br />

*629. ChristopheFabri à GuillaumeFarel, 27 avril 231<br />

*630. Jean Calvinà Pierre Viret. 3 mai. 233<br />

*63t. GaspardMegan<strong>de</strong>rà HenriBullingeret à Léon Ju<strong>de</strong>, 22<br />

mai 235<br />

632. GuillaumeFarel au Conseil<strong>de</strong> Genève,29 mai 236<br />

*633. Le Conseil<strong>de</strong> Berneau Conseil<strong>de</strong> Lausanne, 7 juin 238<br />

634. Jean Calvinà SimonGrynaeus,7 ou 8 juin<br />

239<br />

635. Pierre Caroliau Conseil<strong>de</strong> Lausanne,16juin<br />

243<br />

*636. Le Conseil<strong>de</strong> Genèveau cardinal<strong>de</strong> Tournon,25 juin.. 245<br />

637. LesConseils<strong>de</strong> Berneau Conseil<strong>de</strong> Neuchàtel,29 juin<br />

*638. Pierre Caroliau pape<br />

247<br />

Paul III, vers la fin<strong>de</strong>juin<br />

639. SimonGrynaeus<br />

248<br />

à JeanCalvin,vers la fin<strong>de</strong> juin<br />

640. OswaldMyconius<br />

251<br />

à HenriBullinger,9 juillet.<br />

641. ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 15juillet<br />

642. Go<strong>de</strong>froiLopinà Jean Calvin,15 juillet<br />

*643. Jacques<br />

254<br />

256<br />

259<br />

Le Coqà GuillaumeFarel, 19juillet<br />

*644. HenriBullinger<br />

262<br />

à OswaldMyconius,23 juillet<br />

*645. OswaldMyconiusà HenriBullinger,26 juillet<br />

*646. L>Conseil<strong>de</strong> Baieà François1,27 juillet<br />

647. ChristopheFabriaux pasteurs<strong>de</strong> Genève,3i juillet.<br />

264<br />

266<br />

268<br />

170


470 LISTE CHRONOLOGIQUEDES PIÈCES DU VOLUME.<br />

HUKÉR08 FASB8<br />

*648. Le Baillid' Avenches à l'Àvoyer<strong>de</strong> Fribourg, 1eraoût..<br />

*649. W.-F. Capitonà GuillaumeFarel, 9août.<br />

650. Le Conseil<strong>de</strong>Bernea G. Farelet à J. Calvin,13 août..<br />

273<br />

0 274<br />

275<br />

651. Louis Mattre-Jeanà GuillaumeFarel, t3 août 277<br />

652. Le Conseil<strong>de</strong> Berneau Conseil<strong>de</strong> Lausanne,24 août 279<br />

*653. GuillaumeFarelà PierreViret, 26 août 280<br />

634. LesPasteurs<strong>de</strong> Genèveauxpasteurs<strong>de</strong> Zurich,30 août.. 28t<br />

*655. [LesPasteurs<strong>de</strong> Genève]au Consistoire<strong>de</strong> Berne,3i août. 286<br />

*656. Les Députés<strong>de</strong> Lausanneau Conseil<strong>de</strong> Berne, vers le<br />

commencement <strong>de</strong> septembre<br />

289<br />

*657. W.-F. Capitonà J.Calvin, 1"septembre<br />

292<br />

*658. Le Conseil<strong>de</strong> Genèveau comteGuillaume<strong>de</strong> Furstemberg, t<br />

4 septembre<br />

293<br />

*659. GuillaumeFarelà ChristopheFabri, 6 septembre 295<br />

*660. GuillaumeFarelà ChristopheFabri, 8 septembre 297<br />

661. Le Conseil<strong>de</strong> Berneau Conseil<strong>de</strong> Genève,t 4septembre 300<br />

*662. Le Conseil<strong>de</strong> Berneau Conseil<strong>de</strong> Lausanne,8 octobre.. 302<br />

*663. ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 13octobre 303<br />

*664. ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 19 octobre 305<br />

665. HenriBullingerà G. Farelet à J. Calvin,ter novembre<br />

*666. Pierre Toussainà GuillaumeFarel, 12 novembre<br />

309<br />

311t<br />

*667. ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 12 novembre 314<br />

668. Les Pasteurs<strong>de</strong> Genèveaux pasteurs <strong>de</strong> Zurich, <strong>de</strong> Bile<br />

[et <strong>de</strong> Berne?], 13 novembre 315<br />

*669. Le Conseil<strong>de</strong> Bernei Françoist, 17 novembre. 320<br />

670. ChristopheFabrià 671<br />

GuillaumeFarel, 19 novembre<br />

AntoineFromentau Conseil<strong>de</strong> Genève,21 novembre<br />

322<br />

324<br />

672. SimonGrynaeusà JeanCalvin,versle 4 décembre<br />

673. Le Conseil<strong>de</strong> Berneau Conseil<strong>de</strong> Genève,28 décembre<br />

326<br />

330<br />

*674. Pier'e Toussaini GuillauméFarel, 28 décembre 332<br />

*675. Pierre Toussainà GuillaumeFarel, versla fin<strong>de</strong> décemb. 336<br />

676. SimonGrynaeus à Jean Calvin,secon<strong>de</strong>moitié<strong>de</strong> l'année 337<br />

1538<br />

677. Jean Calvinà MartinBucer, 12 janvier<br />

338<br />

678. GuillaumeFarelà ChristopheFabri, 14 janvier.<br />

679. Le.Conseil<strong>de</strong> Berneau Conseil<strong>de</strong>Lausanne,18 janvier<br />

680. Jean Calvinà Louisdu Tillet, 31 janvier.<br />

350<br />

853<br />

354<br />

681. SimonGrynaeusà Jean Calvin, 12février. 360<br />

682.<br />

683.<br />

SimonGrynaeusà G. Farelet à J. Calvin,13 février<br />

Pierre Toussainfa& Farel et il. Calvin,^ février ».<br />

361<br />

303


LISTE CHRONOLOGIQUEDÈ& PIÈCES Dû VOLUME. 474<br />

JOHÉROS FAGBS<br />

*684. Le Conseil<strong>de</strong> Berneà FrançoisI, 20 février. 365<br />

*685. Jean Calvinà HenriBullinger,SI février. 367<br />

*686. GuillaumeFarel à ConradPellican.22 février .369<br />

*687. ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 33 février 372<br />

*6S8. ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 2^ février 374<br />

*689. J. Bntleret BarthéiemiTrehernà Calvin,févr. ou mars 376<br />

*690. ChristopheFabri à GuillaumeFarel, 4 mars 9 377<br />

*69t. SimonGrynaeusà G. Farel et à J. Calvin,4 mars 379<br />

692. Louisdu Tilletà Jean Calvin,10 mars 384<br />

693. SimonGrynaeusà G. Farel et à J. Calvin,12 mars 40t<br />

694. Le Conseil<strong>de</strong> Berneau Censeil<strong>de</strong> Genève,20 mars 403<br />

*695. ChristopheFabrià GuillaumeFarel, 22 mars 404<br />

*696. NicolasZorkin<strong>de</strong>nà Jean Calvin,3i mars 406<br />

*697. BarlhélemiTrehernà Jean Calvin.marson avril 408<br />

*69S. La Classe<strong>de</strong>Lausanneau Conseil<strong>de</strong> Berne,4 avril. 410<br />

699. Le Conseil<strong>de</strong> Berneà J. Calvinft G. Farel, t5 avril 4i 4<br />

700. Le Conseil<strong>de</strong> Berneau Conseil<strong>de</strong> Genève,15 avril. 415<br />

70t. Le Conseil<strong>de</strong> Berneau Conseil<strong>de</strong> Neuchâtei,15 avril.. 417<br />

702. PierreLizetau chancelierDu Bourg,16 avril 418<br />

*703. Le Conseil<strong>de</strong> Genèveà Jean Morand,24 avril 420<br />

*704. Pierre Viretau Conseil<strong>de</strong> Genève,25 avril 421t<br />

705. G. Farel et J. Calvinau Conseil<strong>de</strong> Berne,27 avril. 422<br />

706. Le Conseil<strong>de</strong> Berneau Conseil<strong>de</strong> Genèvê,27 avril. 427<br />

707. Le Conseil<strong>de</strong> Genèveau Conseil<strong>de</strong> Berne,30 avril. 429<br />

APPENDICEDES TOMESI, n, m ET IV<br />

1524<br />

99a.Jacques le Fèvreà Jean <strong>de</strong> Selve, rr mai 431<br />

99b.[François<strong>de</strong> Hannonville]à Clausseqoin,versle 10 mai 436<br />

*1 25a.François<strong>de</strong> Hannonvilleà Claussequin,21 octobre 438<br />

1525<br />

*t55a.CÎaussecrainà sa mèreet à sa sœur, 17 août & 440<br />

1530<br />

*S96a.LeConseil<strong>de</strong> Berneau Conseil<strong>de</strong> ta Neuveville,11 juillet..441


KR. LBTRGHH0NGWMa8ï»BB»PIÈa»IWTOMWK.<br />

OMtMN PA-<br />

*305a.LesParoissiens<strong>de</strong> Dombressonaa Conseil<strong>de</strong> Bienne.28<br />

août 444<br />

*31 1 a LeConseil<strong>de</strong> Bernean Conseil<strong>de</strong>la Neoveville,8 septemb. 445<br />

4531<br />

*3î6a.CIaa<strong>de</strong><strong>de</strong> Bellegar<strong>de</strong>au curé <strong>de</strong> Dombresson,25 février 446<br />

326b.G. Farel, A. Froment,P. Marmod,G. Conieran Conseil<br />

<strong>de</strong> Bienne,26 février 448<br />

1532<br />

*375a.GuillaumeCunierau Conseil<strong>de</strong> Bienne,20 mars 450<br />

*38la. LeConseil<strong>de</strong> Berneau Conseil<strong>de</strong> la Neaveville,10 juin 451<br />

1535<br />

*507a.GuillaumeFarel au Conseiljle-f$tptrae>42 mai 452<br />

~t i<br />

Programmedn Programmeda CoUége'icr-Ge.nève',<br />

Collégé~ é, Il 1%janvier · iaa~ier 455 d~55<br />

~-G~


LISTEAbPBABéTIQCE- DE»CORRESPONDANTS:473<br />

LISTEALPHABÉTIQUE<br />

DES CORRESPONDANTS<br />

(Lu chiffres arabes ordinaires indiquent <strong>les</strong> N" <strong><strong>de</strong>s</strong> lettres écrites par <strong>les</strong> correspondams,<br />

et <strong>les</strong> chiffres en italique, cel<strong>les</strong> qui leur ont été adressées.)<br />

Aix(Claussequind'). 155a. 99b, 123*.<br />

Aix(La mèreet la sœur <strong>de</strong> Claussequind*).135a.<br />

Avenches(Le Baillid'). 648.<br />

Avenches(Le Conseild'). 363.<br />

Bftle(Le Conseil<strong>de</strong>). 566, 578. 646.<br />

Bâte(Lespasteurs<strong>de</strong>). 668.<br />

375, 577, 612, 618.<br />

Bellegar<strong>de</strong>(Clau<strong>de</strong><strong>de</strong>). 326a.<br />

Berne(Lesambassa<strong>de</strong>urs,<strong>de</strong>).604.<br />

i<br />

Berne(Le Conseil<strong>de</strong>). 547, 550, 563, 568, 571, 574, 576, 593, 594,<br />

604, 613, 614, 617, 618, 626, 633, 637, 650, 652, 661, 662,<br />

669, 673, 679, 684, 694, 699, 700, 701 706, 296a,3! la. 381a.<br />

559, 562, 564, 575, 590, 605, 609, 612, 656, 698, 705,<br />

707.<br />

Berne(Les Conseils<strong>de</strong>). 600.<br />

Berne(LeConsistoire<strong>de</strong>). 655.<br />

Berne(Lesdéputés<strong>de</strong>). 621.<br />

Berne(Lespasteurs<strong>de</strong>). 610.<br />

Bienne(LeConseil<strong>de</strong>). 305*, 326bf 373a, 507a.<br />

Blaarer(Ambroise).570, 608.<br />

Bucer(Martin).586, 599. 677.<br />

Bullinger(Henri).644, 665. 603, 616, 631, 640, 643, 685.<br />

Butler(Jean).689.<br />

Calvin(Jean). 545, 573, Ôti, 628, 630, 634. 677, 680, 685. 705.–<br />

585, 586, 619, 620, 625, 639,642, 650, 657, 665, 672,67a,<br />

681, 682, 683, 689, 691, 692, 693, 696, 697,199i.<br />

Capitoa(W.-F.). 572, 585, 649, 657.<br />

Caroli(Pierre). 635, 638.<br />

Chantonne(Lesparoissiens<strong>de</strong>).593..<br />

Char<strong>les</strong>-Qoint (L*empereur).865.<br />

CkuBsequitti'Aix^Yoï«Air(d%<br />

<<br />

"<br />

>;vv;; -^yu^


174 MSTB ALPHABÉTIQUE DES CORRESPONDANTS.<br />

Coq(JacquesLe). 643.<br />

Cunier(Guillaume).3*6b, 375a.<br />

Daniel(François).873.<br />

Dole(Le Parlement<strong>de</strong>). 626.<br />

Dombresson(Lecuré <strong>de</strong>). VoyezMarmod.<br />

Dombresson(Les paroissiens<strong>de</strong>). 305a.<br />

DuBourg(Le chancelierAntoine).702.<br />

Dyllyer(Antoine).VoyezAvenches(Le Baillid').<br />

Espeville(Char<strong>les</strong>d'). VoyezCalvin(Jean).<br />

Fabri(Le chanoine)571.<br />

Fabri(Christophe).54», 553, 557, 55R, 560, 561, 579, 589, 591,<br />

595. 597, 601, 606. 615, 621, 622, 627, 629, 641, 647, 663,<br />

664. 667. 670, 68T, 688. 690. «95. 551, 555, 556, 582,<br />

588, 592, 596, 624, 659, s60, 678.<br />

Farel (Guillaume). 551, 555, 5:6, 580, 582, 583. 588, 592, 596. 624,<br />

632, 653. 659, 660, 678. 686, 705 326b, 507a. 549, 553,<br />

557, 558, 560, 561, 567, 572, 579,584,589, 591, 595,597,<br />

598, 599, 601, 606, 614, 615, 622, 627, 629, 641, 643, 649,<br />

650, 651, 663, 664, 665, 666, 667, 670, 674, 675, 682,<br />

683, 687, 688, 690, 691, 693, 695, 6'.99.<br />

Fèvred'Étap<strong>les</strong>(JacquesLe). 99a.<br />

FrançoisI. 612. 545, 546, 566, 646, 669, 684.<br />

Fribourg(L'Avoyer<strong>de</strong>). 648.<br />

Fribourg(LeConseil<strong>de</strong>). 554, 623.<br />

Friess(Jean). 569.<br />

Froment(Antoine).671, 326b.<br />

Furstemberg(Le comteGuillaume<strong>de</strong>). 575.. 658.<br />

Genève(LeConseil<strong>de</strong>). 54fi, 567. 575, 590, 607. 636, 658, 703,<br />

707. 552, 568, 587, 602, 632, 661, 671, 673, 694, 700,<br />

704,706.<br />

Genève(Les instituteursdu Collège<strong>de</strong>).Page 455.<br />

Genève(Les pasteurs<strong>de</strong>). 581. 602, 610, 654, 655, 668. 647.<br />

Gruyère(LecomteJean <strong>de</strong>). 894.<br />

Grynsus (Simon).598, 619, 639, 672, 676, 681, 682, 691, 693.<br />

634.<br />

Hanhcnville(François<strong>de</strong>). 99b, 125a.<br />

Hauimont(<strong>de</strong>). VoyezTillet(Louis du).<br />

Hugues(Jacques).883.<br />

Ju<strong>de</strong> (Léon).603, 631.<br />

Lance(LesChartreux<strong>de</strong>la). 623.<br />

Lan<strong>de</strong>ron(LeConseildu). 617.<br />

Lausanne(La Classe<strong>de</strong>). 698.<br />

Lausanne(Le Conseil<strong>de</strong>).648, 868,633,635, 682,662,679.


LISTE ALPHABÉTIQUE DES CORRESVONIMNTS. 47S<br />

Lausanne(Lesdépotés<strong>de</strong>). 656.<br />

Lausanne(Le Syno<strong>de</strong><strong>de</strong>). 581.<br />

Lausanne(Levicaire<strong>de</strong>). 547.<br />

Lizet(Pierre). 702.<br />

Locle(Les Évangéliqnesdu). 564.<br />

Lopin(Go<strong>de</strong>froi).64f<br />

Lucanius(Martianus).VoyezCalvin(Jean).<br />

Maître-Jean(Louis).651.<br />

Marmod(Pierre). 326b. 326*.<br />

Megan<strong>de</strong>r(Gaspard)..603, 616, 631 611.<br />

Morand(Jean). 703.<br />

Moudon(Le Conseil<strong>de</strong>). 550.<br />

Myconius(Oswald).610, 645. 644.<br />

Nâgueli(Jean-Rodolphe).580, 607.<br />

Neuchâlel(Le Conseil<strong>de</strong>). 559, 5X7,605, 609. 613, 637, 701.<br />

Neuveville(Le Conseil<strong>de</strong> la). 296a, 311a,381a.<br />

Oporin(Jean). 620.<br />

Paul III (Lepape). 638.<br />

Paysromand(Lespasteursdu). 374, 600.<br />

Pellican(Conrad).569. 686.<br />

Peney(Les Catholiques<strong>de</strong>). 554.<br />

Sainte-Marthe(Char<strong>les</strong><strong>de</strong>). 625.<br />

Selve(Jean<strong>de</strong>). 99a.<br />

Strasbourg(LeConseil<strong>de</strong>). 577. 612.<br />

Tillier(Antoine).VoyezAvenches(Le Baillid').<br />

Tilliet(Louisdu). 692. 680.<br />

Thonon(Le Bailli<strong>de</strong>). VoyezNâgueli(Jean-Roifciphe).<br />

Tournon(Le cardinal<strong>de</strong>). 636.<br />

Toussain(Pierre). 570, 584, 608, 666, 674, 675, 683.<br />

Trehern (Barthélemi).689. 697.<br />

Viret(Pierre).548, 552, 704. 576, 628, 630, 633.<br />

Yyerdon(Le Syno<strong>de</strong>d'). 562.<br />

Zurkin<strong>de</strong>n.(Nicolas).696.<br />

Zurich(Le Conseil<strong>de</strong>). 612. •<br />

Zurich(Lespasteurs<strong>de</strong>).654, 668.


476 INDEXALPHABÉTIQUE DESNOMS.<br />

INDEX ALPHABÉTIQUE<br />

Les noms imprimés en petites capita<strong>les</strong> désignent <strong>les</strong> auteurs <strong><strong>de</strong>s</strong>Lettre*,<br />

et ils sont suivis <strong><strong>de</strong>s</strong> Numéros d'ordre <strong>de</strong> cel<strong>les</strong>-ci. Lorsque <strong>dans</strong> un article<br />

le chiffre <strong>de</strong> la page est seul indiqué, la personne à laquelle il se<br />

rapporte figure seulement <strong>dans</strong> le texte; s'a est suivi <strong>de</strong> la lettre n., la personne<br />

n'est mentionnée que <strong>dans</strong> <strong>les</strong> notes. L'abréviation et »., après le<br />

chiffré d'une page, signifie que le nom propre se rencontre à la fois <strong>dans</strong><br />

le tezte et daw la notes.<br />

Les noms <strong>de</strong> lieux ne sont reproduits que lorsqu'ils servent à désigner<br />

un individu ou <strong><strong>de</strong>s</strong> collections <strong>de</strong> personnes, et l'on a amis tous <strong>les</strong> noms<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> personnages qui n'appartiennent pas au seizième siècle.<br />

Cet In<strong>de</strong>x a été rédigé par M. le ministre Ernest Chavannes, que nous<br />

remercions vivement pour le service qu'il nous a rendu.<br />

Alar<strong>de</strong>t (Clau<strong>de</strong> Louis), 213 et n.<br />

Albert en Albrecht (Jean), 308 et n.<br />

Alexandre 257 n., 298 et n., 307 et<br />

n., 308, 323, 379.<br />

Alinges (François d'), voy. Montfort(<strong>de</strong>).<br />

Alinget (Pierre d*),voy. Cpudrée(<strong>de</strong>).<br />

Aliodi ou d'AIiod (Clau<strong>de</strong>), 196, 197 n.,<br />

200 n., 235 et n.<br />

AxBicmnt (Vellam), H* 554. 47.<br />

Amerbaeb (Boni&ee),173 n., 174 n.<br />

Amman (J.-L.), 353.<br />

Arsent (Guillaume),327 a., 328 n., 329 n.<br />

Arterius, voy. Dartois.<br />

Aubert (Jean), 273.<br />

Aubonne(Les bourgeois S), 140 n.<br />

3BS<br />

NOMSDEPERSONNES<br />

QUISE TROUVENT DANSLE QUATRIÈME VOLUME<br />

A<br />

Augsbnrger (Michel), 151 n.<br />

Autriche (Ferdinand d'), 113 n.<br />

Avenches (Le bailli d'). Voy. Tillier (Aatoine).<br />

t Avenches (Le ban<strong>de</strong>ret d1),65 et a.<br />

Avenches(Le Conseil d'), 65.<br />

m<br />

Baearat, 438.<br />

Bacchut, voy. Lambert (Denis).<br />

Bach (George Zum), 429 et n.<br />

Balard(Jean).75n.<br />

Battras(Joannes), voy. Bègue (Jean.le).<br />

Bais (Le Conseil <strong>de</strong>), N" 566, 578, 646.<br />

70 il, 71 n., 73 etn., 76 m, 77 n.,<br />

93, 94n.. 95, 96 et n-, 99il, 100,169


n., 170, 191. 192, 202, 268 n., 269,<br />

317 et n., 319 n., 320, 329 et n., 463.<br />

BMe (L'Évoque <strong>de</strong>), 443 n., 462.<br />

Baie (Les Pasteurs <strong>de</strong>). 315, 414 n.<br />

Bandtôre (Ami), 326 et n.<br />

Barbarin (Thomas), 278 n..<br />

Beanne (Jacques <strong>de</strong>), 259 n.<br />

Bêgne (Jean le), 62 et n.<br />

Bel (Alexandre le), 04 et n., 257 n.<br />

Bellbgardb (Clau<strong>de</strong><strong>de</strong>), Ne326a. 446,<br />

448 et n.<br />

Bellegar<strong>de</strong> (Simon <strong>de</strong>), 134 et n.<br />

Bellay (Goillaume du), 98 n.. 202 et n.,<br />

267 n., 317 n.<br />

Benoit (Andry), 272 n.<br />

Berilly (Jean). 89 n.<br />

Bernard(CIau<strong>de</strong>)>4On.,41etn.,143,423n.<br />

Bernard(Jacques). 88n., 120et n., 121n.,<br />

352 et n., 430 n., 464.<br />

Berne (Ambassa<strong>de</strong>urs on députés <strong>de</strong>), 32<br />

et n., 33, 58, 59 et n., 61 n., 62 n.,<br />

98 n., 130 et n 138 et n., 150 n., 151<br />

et n., 167 n., 16!»etn., 172 n., 176 et<br />

n., 177 et n.. 178, 184 et «., 186et n.,<br />

1K\ 102, 198 et n., 203, 209, 210n.,<br />

212 et 214 et n 217 n.. 257 n.,<br />

284, 296 n.. 320 et n., 329 n., 330 n.,<br />

331 n., 373 en., 402 n., 405, 464.<br />

Bbbhb (Le Conseil <strong>de</strong>), N" 547, 550,<br />

563, 568, 571, 574, 576, 593. 594,<br />

600, 604. 613, 614, 617, 618, 626,<br />

633, 637, 650, 652, 661, 662, 669,<br />

673. 679, 084, 694, 69?»,700, 701,<br />

706, 296a, 311a, 381a.– 26 n., 27 n.,<br />

28 et n., 29 n., 44. 51 'et n., 56, 57,<br />

63, 64et n., 66 et n., 68 n., 69n., 71n.,<br />

73 n., 75 n., 77 et n., 83 n 88, 89,<br />

93, 96 n., 97, 98 et n., 105 n., 109,<br />

111 n., 122 n., 123 et n., 127, 234 n.,8-<br />

136, 138 n., 139 n., 141 et n., 142 n.,<br />

150 n., 169 et n., 170et n., 173,174n.,<br />

181. 186, 191, 194, 194, 195, 201et n.,<br />

218 n., 225 et n., 227 et n., 234 n.,<br />

235 n., 240, 242 et n., 243, 246 et n.,<br />

276 etn., 279 et n., 280 etn., 285 et n.,<br />

287 et n., 289 et n., 290 n., 291 n.,<br />

301 et n., 302 n., 303 et n., 304 n.,<br />

308, 319n., 323, 331 n., 332, 362etn.,<br />

366etn.370n., 373 n., 378 n., 403 nv,<br />

404 et n., 413 et n., 415,417, 423et n.,<br />

424 et n.. 438, 42» et n., 452, 461,<br />

463, 464.<br />

•BernéfLe Consistoire <strong>de</strong>), 286, 288.<br />

Berne (Les Pasteors <strong>de</strong>), 183, 310 etn.,<br />

315, 340 et Jt., 388 n.<br />

INDEXALPHABETIQUE DESNOMS. 477<br />

Berne (Le Syno<strong>de</strong><strong>de</strong>), 236, 237n., 238et<br />

n., 240, 241 et n., 248. 249, 256n.,<br />

265 et n., 301 etn., 310 n.<br />

Bertsehi (Marc), 23 n., 201 n., 463.<br />

Beaançon (L'archevêque <strong>de</strong>), voy. Vèrgy<br />

(Antoine <strong>de</strong>).<br />

Besançon.(Le Conseil <strong>de</strong>), 173 et n., 174<br />

et n., 182n., 194.<br />

Beynoir (Eimer), 92, 93 n., 120 n., 137<br />

et n., 143, 144 et n., 307 n.<br />

Bèze (Théodore <strong>de</strong>), 77 n., 117 n., 119 n.,<br />

316 n.<br />

Biblian<strong>de</strong>r, 369etn.<br />

Bienne (Le Conseil <strong>de</strong>), 444 et n., 445,<br />

448, 450 et n., 451, 452.<br />

Bigot (Gnillamne), 267 et n.<br />

Bischoff (Antoni), 14C etn., 462.<br />

Blasrer (Ambroise), 24 n., 82 et n., 113<br />

et n., 180, 181, 205 n.<br />

Blanc (Matthieu), 92, 93 n., 114 et n.<br />

Blonay (Gabriel <strong>de</strong>), 213 et n.<br />

Blonay (Jean-François<strong>de</strong>), 54 n., 137 n.<br />

Blonay (Michel <strong>de</strong>), seigneur <strong>de</strong> Maxflly,<br />

54 et n., 137 n., 143, 220 et n., 227 n.<br />

Blonay (MicheL<strong>de</strong>). seigneur <strong>de</strong> St-Panl,<br />

34 n., 52 et n., 55 et n., 101 et n.,<br />

104 et n., 126, 134 n., 142, 147, 213<br />

et n., 221, 372 n.<br />

Blonay(Simon on Sigismond<strong>de</strong>), 55 n.<br />

Blond (Pierre Le), 335 a.<br />

Boège (<strong>de</strong>), 135 n.<br />

Bois (Michel du), 288 n., 333 et n.<br />

Bois (Richard dn),92 et n., 93 L, 142<br />

etn.<br />

Boisrigand (<strong>de</strong>), voyez Dangerant.<br />

Bomeromenus(Jean), 272 n.<br />

Bonet(Noël <strong>de</strong>), 372 n.<br />

Bonivard (François), 49 n.<br />

Bonmont (L'abbé <strong>de</strong>), voy. Gingins (Amé<br />

<strong>de</strong>).<br />

Bonnestraine, 437 n.<br />

Bonvalot (François), 174 n.<br />

Bosset (Jean), 443 n., 451 n..<br />

Bou<strong>de</strong>villiers (Les bourgeois <strong>de</strong>), 63 n.<br />

Bourg(Du), chancelier,418,420etn.,453 n.<br />

Bonssiron (Françoise), voyes Bncyronia<br />

(Francisca).<br />

Brànt (Gnaianme), 56 et n., 66, 67 et n.<br />

Brennon(Jean-Roger), 438 et n. a.<br />

Briçonnet (Michel), 318 n.<br />

Bruni (Clau<strong>de</strong>), 88 n., 55 et n., 59 et n.,<br />

«0 n., 61 n., 147n..<br />

Brra» (Martin), N- 586, 599.– 59 etn.<br />

80 n., 81 n., 85 a., 95 n., 96, 115 et<br />

n., 11» 11* «tn^ m-fL+'U*


478 INDEXALPHABÉTIQUE DESNOMS.<br />

234 et n., 264 n., 292 et n., 300 et n.,<br />

301 n., 310 n., 338, 341n., 343 et n.,<br />

347n.,348n.,356n.,370, 381n., 388n.<br />

Buchmann (Théodore),voy. Biblian<strong>de</strong>r.<br />

Bncyronis(Francisca), 205 et n., 337 et n.,<br />

338 n.<br />

Btjlunger (Henri), Nw 644 665. 4,<br />

78 n., 79 n., 80n., 166, 199, 235,236,<br />

254, 265,. 266, 268, 309 n., 310 n.,<br />

311 et n., 367, 369 et n.<br />

Butler (Jean), N° 689. 311, 371 et<br />

n., 376 et n.<br />

C<br />

Calvin (Antoine), 77 n., 377 et n., 427 n.<br />

CiLvnr (Jean), N" 545, 573, 611, 628,<br />

630, 634, 677, 680, 685, 705.<br />

3 n., 4 n., 6 n., 23 r., 24 n., 75 n.,<br />

77 n., 81 n., 87 n, 88 n., 90 n., 91<br />

et n., 92 n., 96 et n., 97 n., 105 n.,<br />

106 n., 114 et n., 115 et n., 116 et n.,<br />

117, 118 n., 119 n., 123 et n., 143<br />

et n., 148 n., 154 n., 155 n., 156 n.,<br />

157 n., 159 n., 164 n., 166 n., 168 n.,<br />

176 et n., 184et n., 185 et n., 188 n.,<br />

190 n., 191 n., 195 n., 190 et n., 199<br />

et n., 200 et n., 201, 205 n., 206 et n.,<br />

207 n., 208 et n., 20'), 221, 222, 223<br />

n., 224, 226 n., 229n., 230, 233 et n.,<br />

234 et n., 235 et n., 236 n., 237 et n.,<br />

238 et n., 240 n., 241 n., 242 n., 243<br />

et n., 251, 252 n., 253 n., 254 et n.,<br />

255 n., 257, 259, 260 n., 261 et n.,<br />

264 et n., 265, 271 n., 275 et n.,<br />

276 et n., 281 et n., 284 et n., 285 et<br />

n., 288 n., 292, 293 et n., 297 n., 301<br />

et n., 305 et n., 307 et n., 303 et n.,<br />

310 et n., 311, 313, 315, 324, 326,<br />

329 n., 330, 331 n., 335 et n., 337 et<br />

n., 338, 340 n., 343 n., 354 n., 359 n.,<br />

360 et n., 361 et n., 363 et n., 370 n.,<br />

371,374,376,377 etn., 379et n., 380,<br />

381 et n., 384, 400n., 401 et n., 402 et<br />

n., 403 et n., 401 n., 406 et n., 407 et<br />

n., 408, 409 et n., 410, 414 et n., 415<br />

et n., 416 etn., 421 n., 423 n., 424 n.,<br />

425 n., 426 n.. 427 et n., 428, 429,<br />

456 n., 459, 464.<br />

Camerle (Clan<strong>de</strong>), 462.<br />

Canari» (Daniel). 134 n.<br />

Camerle (Jacques), 92, 93 n., 134 et n.,<br />

177 et a., 299a., 333et n., 346 n., 351,<br />

«62.<br />

CamrôL (Jacques); 462.<br />

Canaicns, 232.<br />

Candy ou Candy (Jean), 28 n.<br />

Capitok (Wol%ang), K°«572, 585, 849,<br />

657. 80 n., 84 n., 85 n., 95 n., 96<br />

et n., 116 et n., 119 et n., 241 et n.,<br />

252, 253, 264 n., 292 n., 293 et n.r<br />

300 et n., 301 n., 310 n., 339 et n;,<br />

344 n., 347 n., 349, 356n:, 370, 388n.<br />

Cabou (Pierre), N" 635, 638. 64 n.,<br />

90 n., 92 n., 94 et n., 95 n., 105 n.,<br />

106 n., 107 n., 108, 11)9n., 111 et n.,<br />

136 et n., 142 et n, 143 n., 154 n.,<br />

167, 168 n., 175 n., 176 n., 179 n.,<br />

184 et n., 186 et n., 188 et n., 189 et<br />

n., 195 et n., 199 et n., 200 n., 227<br />

et n., 234 et n., 235 et n., 238 et n.,<br />

239 et n., 240 et n., 241 n., 242 et n.,<br />

244 et n., 247, 248, 249 et n., 250 et<br />

n., 251 n., 252 n., 253 et n., 254 n.,<br />

255 et n., 263 n., 265, 266, 267 n.,<br />

274, 277, 282, 283, 284, 291 n., 310<br />

et n.<br />

Catnrce (Jean <strong>de</strong>), 316 n.<br />

Cavart (Gaspard), 318 n.<br />

Céneaa (Robert), 348 n.<br />

Chalant (René <strong>de</strong>), 56 n.<br />

Chambout, 110 n.<br />

Cbampoilion, 129n.<br />

Chapeaurouge (Ami <strong>de</strong>), 361 n., 424 n.<br />

Chapois(Jean), 88 n.<br />

Chardonne (Lesparoissiens <strong>de</strong>), 138.<br />

Char<strong>les</strong> in <strong>de</strong> Savoie, 125 et n., 135,137<br />

et n., 143.<br />

Chab<strong>les</strong>-Quikt, N° 565.- 68 n., 69 n.,<br />

97 n., 99 n., 335 et n.<br />

Chastellain (Jean), 436 n., 437 n., 439<br />

et n.<br />

Chemin (Pierre dn), 173, 174 et n., 194,<br />

229 et n.<br />

Christin (Jean), 43 et n., 48 et n.<br />

Chopin, 58 n.<br />

Claussboiot d'Aix.N» 155a.– 436, 438,<br />

439, 440 n., 441.<br />

Clef*(George <strong><strong>de</strong>s</strong>), 340 n.<br />

Clément <strong>de</strong> Gorze, 439.<br />

démentis (Clan<strong>de</strong>), 38 et n., 111 et n.,<br />

126 n., 132 et n., 178 et n.<br />

Clerc (Clan<strong>de</strong>),125 et n., 197et n.<br />

Clerc (Jean le), 439 n., 440.<br />

Clerc(Pierre), 442et n.<br />

Cognat (Jean), 64 et n.<br />

Coguatns, voy. Cousin (Jean).<br />

Cogniet oa Coignet (Matthieu), 261 et n.<br />

.Colet(Loys), 316n.<br />

Caïmans, voy. Janrâ (Jean).


INDEX ALPHABÉTIQUEDES NOMS. 479<br />

Colines (Simon <strong>de</strong>), 435 n.<br />

Collon (Aimé), 92, 93n., 217n.<br />

Colombier(Jean <strong>de</strong>), 153 et n.<br />

Colombier(Marguerite <strong>de</strong>),<br />

]<br />

]<br />

125n., 153n.,<br />

197 n.<br />

Colombier(M*<strong>de</strong>), voy. Watteville (Jean-<br />

Jacques <strong>de</strong>).<br />

Colon (Jean), voy. Janin (Jean).<br />

Comte (Béat), 253n., 280 et n., 300, 353n.<br />

Concise(Les Réformés <strong>de</strong>), 216 et n.,<br />

217 n.<br />

Cunzenus,voy.<br />

]<br />

]<br />

]<br />

]<br />

Kuntz (Pierre).<br />

Coq (Jacques m), N°643. 92, 93 n.,<br />

153 et n.<br />

Coquillard. 173 n.<br />

Coraad (Élie), 114 et n., 152 et n., 176<br />

et n., 177 et n., 179, 235 n., 298 n.,<br />

305, 313, 315, 324, 335, 340 n., 319<br />

n., 359 n., 365, 374, 416 n., 422, 423<br />

n., 424 n., 428, 430 et n.<br />

Coraulx (Victor), 114 n.<br />

Cordier (Mathurin), 80 n., 455 n., 456 et<br />

n., 459 n.<br />

Cornoz (Jean <strong>de</strong>), 288 n.<br />

Corsier (Les paroissiens <strong>de</strong>), 138 et n.<br />

Cortesius, 240 n.<br />

Coudrée (Le seigneur <strong>de</strong>), 48 et n., 131<br />

et n.<br />

Cousin(Gilbert), 174 n.<br />

Cousin(Jean), 230 et n., 297 n.<br />

Cratan<strong>de</strong>r (André), 207 n.<br />

Crest (François du) 365 et n.<br />

Croix(Matthieu <strong>de</strong> la), 93 n., 114 et n.<br />

Croix (Robert <strong>de</strong> la), 318 n.<br />

Cobibb (Guillaume), N" 326b, 375a.<br />

418,449,451.<br />

Cunier (Thomas), 463.<br />

Cortet (Jean-Ami), 423 n.<br />

Laillé, 136 n.<br />

Dangerant (Louis), 73 n., 243 n., 268n.,<br />

321 n.<br />

Daniel (François), 86, 87 n., 91 et n.<br />

Dartois (Louis), 87 et n., 358, 399.<br />

David, 299 n.<br />

Despériers (Jean-Bonav.),419 n.<br />

Dieherr (Gottfried). 463.<br />

Diesbach{Catherine<strong>de</strong>), 55 n.<br />

Diesbach (Jost <strong>de</strong>), 15»n., 165 Dôle (Le Parlement <strong>de</strong>), 182 et n., 224,<br />

225 n., 463.<br />

DoMBRESSOK(Les paroissiens <strong>de</strong>),N»<br />

etn., 353,<br />

366 m<br />

Diesbach (Nicolas<strong>de</strong>),S14 et n.r35t>, 373,<br />

378 etn., 405, 429 etn.<br />

Dôle (Les Evangeliq.aes.<strong>de</strong>)»224, 226 n.<br />

305».<br />

–446.<br />

Dombresson (te Curé <strong>de</strong>),, voy. Marmod<br />

(Pierre)..<br />

Dompierre (Pierre <strong>de</strong>), 217 n.<br />

Drogy (Jacques), 89 n.<br />

Dugné (François), 288 n., 299 n.<br />

Dyllyer (Antoine), voy. Tillier (Antoine).<br />

Dynise (Pierre), 288 n., 364 n.<br />

E<br />

Écharnier, 55 et n.<br />

Eliott (Nicolas),311.<br />

Épilon (Pierre), 92, 93n.<br />

Episcopus, voy. Bischoff(Antoni).<br />

Érasme <strong>de</strong> Rotterdam, 59 n., 80 et n., 81<br />

n., 119 n., 174 n., 204 n.<br />

Escti (Nicolasd*),440 n.<br />

Escuyer (Jean 1'), voy. Tissot.<br />

Estienne (Robert), 456 n.<br />

Étienne, 52.<br />

Evan<strong>de</strong>r, 167 et n.<br />

F<br />

Fabju (Christophe), N" 549, 557, 558,<br />

560, 561, 579, 589, 591, 595, 597,<br />

601, 606, 615, 621, 622, 627, 629,<br />

641, 647, 663, 664, 667, 670, 687,<br />

688, 690, 695, 705. 31 n., 33<br />

n., 34 n., 37, 42 n., 43 n., 47, 50,<br />

51 et n., 55 n., 59 n., 60 n., 61 a., 92<br />

n.,101 n., 106 n., 108, 109 n., 120 n.,<br />

D<br />

121, 124, 125 n., 131 n., 132 et n.,<br />

133, 136 n., 137 n., 142 n., 144 etn.,<br />

145, 152 n., 154, 176 n., 177n., 178,<br />

184 n., 210 n., 211, 213 n., 214 n.,<br />

215, 219, 220 n., 234 et n., 271 n.,<br />

275, 278 a., 295 et n., 297, 298 n.,<br />

299 n., 300, 305 et n., 307 n., 308,<br />

315, 323n., 324 et n., 350, 352, 373<br />

n., 405n.<br />

Fabri (Hugonette),33 n.<br />

Fabri (Pierre), 83 et n., 84.<br />

Ferber (Simon), 346 n.<br />

Farel (Clau<strong>de</strong>),85 n., 103 et n., 126 n.,<br />

145 et n., 147 et n., 198.et n., 212 et<br />

n., 213, 219et n., 220. a., 232 et n.,<br />

297 et a., 323 et a., 372 n., 373 et a.,<br />

379 n., 452 n., 458 n. i<br />

FareL (Daniel), 1& et^23^45&n.<br />

Farel (Gancbier), 85 n., 96 et n.,9£n-,<br />

100, 103 et. n., 209 et n>, 294 et*,


480 INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS.<br />

317 n., 372 n., 373 et n., 378 et n.,<br />

452 n., 453 n.<br />

Floret (Pierre), 131 et n.<br />

FoIes (Jacques), 279 et n., 290 n.<br />

FAREL (Guillaume),N" 551, 555, 556, Fontaine (Pierre <strong>de</strong> la), 377 et n.<br />

580, 582, 583, 588, 592, 596, 624, France (Les Évangéliques <strong>de</strong>), 96 et n.,<br />

632, 653, 65!), 660, 678, 686, 97 et n., 98 et n., 137 et n., 150 et<br />

705, 326b, 507a. .25 n., 27 n., n., 169 et n., 170 et n., 171 et n., 173<br />

31, 34 et n., 38 n., 39 et n., 42 et n., n., 181, 182 et n., 192, 193, 202, 255,<br />

48 n., 49 n., 50, 51 et n., 52, 53, 56,<br />

57,59 et n-, 60, 61 et n., 62 n., 74 et<br />

293 et n., 317, 320 et n., 371 et n.,<br />

378 et n.<br />

n., 75 n., 77 n., 84, 85n., 87 n., 88 n.,<br />

92 et n., 95 n., 100, 101 et n., 102 n.,<br />

104 et n., 105 n., 106 n., 110, 112,<br />

113 n., 115,124, 125 n., 1-7, 129 n.,<br />

130 etn., 131 n., 132, 135 n., 135 n.,<br />

Franch (Domeine), 128.<br />

Franch (Jean), 128.<br />

Francisci (Michel),29 n.<br />

Frakçois I, N° 612. 3, 5 n., 6 n., 23<br />

n., 24 et n., 25 n., 26 n., 70, 71 et n.,<br />

137 et n., 140, 142 n., 144 et n., 145, 72 et n., 73 etn., 84 et n., 85 et n.,<br />

146, 147, 148 n., 149, 152, 154, 155 94 n., 9lî et n., 97 et n., 98 et n., 99<br />

n., 157n., 159n., 161n., J62m, 165n., et n., 129 n., 150 n., 169 et n., 170 et<br />

16fin., 175, 178, 184n., 189 et n.,191 n., 171 et n., 172 et n., 192 et n., 193<br />

n., 195et n., 196et n., 198,200 n., 209 et n., 198, 199, 202, 203 et n., 247,<br />

et n., 212, 215, 225, 226 n., 228, 229 266, 267, 268 et n., 269, 294 et n.,<br />

n., 230 et n., 231, 233, 234 etn., 235 317, 319 et n., 320 et n., 321 et n.,<br />

n., 236 n., 237 et n., 238 et n., 240n., 322 n., 329 et n., 335 etn., 365, 378<br />

241, 242 n., 247, 248, 249 n., 250 et et n., 418, 464.<br />

n., 252 n., 253, 254 n., 255, 256, 258,<br />

262, 264 et n., 271 n., 274, 275 et n.,<br />

276 et n., 277, 278, 280 n., 284, 285<br />

Fribourg (L'avoyer <strong>de</strong>), 273.<br />

Fribourg (Le Conseil <strong>de</strong>), 45, 198 et n.,<br />

215, 218 et n.<br />

et n., 287, 288 n., 293, 297et n., 300,<br />

301 et n., 303 et n., 305, 307 n., 308<br />

309 et n., 310 et n., 311, 313, 315,<br />

322, 324, 329 n., 330, 331 et n., 335<br />

Fribourg (Les Députés <strong>de</strong>), 217 n.<br />

Friess (Anna), 81 et n.<br />

Friess (Jean), 78 et n., 80 n., 81 et n.,<br />

167 et n., 199 et n., 369 et n.<br />

et n., 336 et n., 340, n., 345 et n.,<br />

349 et n., 352, 355 n., 359 n., 360,<br />

361 et n., 363 et n., 364 et n., 365,<br />

Frisching (Jean), 139 etn.<br />

Promeut (Antoine),N" 671, 326b.– 38,<br />

39n., 44 et n., 55, 59 et n., 61, 92 n.,<br />

370 n., 371, 372, 374, 375, 377, 101, 102, 103,104, 110, 124et n., 127<br />

379, 383, 384, 401 et n., 402 et n., n., 131 et n., 136, 143 etn., 144, 178,<br />

403 et n., 404 et n., 406 et n., 409 n., 214 n., 227, 229, 232, 233, 257 et n.,<br />

414 et n., 415 et n., 416 et n., 421 295 et n., 297 et n., 298, 299, 307 et<br />

n., 423 n., 424 n., 425 n., 426 n., n., 308, 323, 326, 373 et n., 375, 379,<br />

427 et n., 428, 429, 435 n., 441 n., 405, 449 et n.<br />

442 et n., 449 et n., 452 n., 453 n.,<br />

454 et n.. 459 et n., 462, 464.<br />

Farel (Jean- Jacques),103 et n., 126 et n.,<br />

336 et n., 452 n.<br />

Farbiti (Guillaume), 26 n.<br />

Furbiti (Guy), 24, 25, 26 et n.<br />

Furstemberg (Guillaame <strong>de</strong>), 85 et n., 97<br />

n., 98 n., 99 et n., 103 n., 202, 203,<br />

Faret (Honoré), 316 n.<br />

Faret (Jacques), 316 n.<br />

Faret (Pierre), 92, 93n.<br />

Fatin (Clau<strong>de</strong>), 333.<br />

Favre (Esthévenin), 178 n.<br />

253 n., 293 et n., 294 n., 317 et n.,<br />

32in., 329 etn., 453 n.<br />

6<br />

Favre(Jean), 55 et h., 59 et n.<br />

Fetinns (Aretius), voyez Bucer (Martin).<br />

FfcvsB d'Étaplk (Jacques le). N» 99a.<br />

431, 432 et n.<br />

Galatinus (Stephanns), 63.<br />

Gar<strong>de</strong> (Jean <strong>de</strong> la),<br />

Fffly (L'abbé et <strong>les</strong> moines<strong>de</strong>), 213 et n.,<br />

214.<br />

Fisoher (Crispai), 151 n.<br />

419.<br />

Garenne (Nicolas <strong>de</strong> la), 312 et a., 333<br />

etn.<br />

Garrot (Hubert), 63 et n.<br />

Gastius (Jean), 272n., 346 n., 351 et n.,<br />

352, 360 etn.


Gasty, voyezGastius.<br />

Gelenius (Sigismond), 80 n.<br />

Genève (Les Anabaptistes <strong>de</strong>), 271 et n.,<br />

272 et a., 298 etn.<br />

Genève (Le Conseil <strong>de</strong>), N" 546, 567,<br />

575, 590, 607, 636, 658, 703, 706,<br />

707. 25 n., 38 n., 39 n., 40, 43,<br />

48 n., 49 n.,51 et n.,54 n., 75n., 76 et<br />

n., 77 et n., 83 n., 94, 120; 121 et n.,<br />

128n., 12!>et n., 148 n., 152 et n., 154<br />

et n., 155 n., 162 n., 165 n., 166 n.,<br />

176 n., 234 n., 236, 237 et n., 2-15n.,<br />

269 n., 271 n., 298 et n., 300,301 n.,<br />

324, 326, 329 n:, 330, 331 n., 340 n.,<br />

362, 365, 366, 403 n., 415, 421 etn..<br />

422, 423 et n., 425 et n., 427 et n.,<br />

454 et n., 455 n.<br />

Genève (L'Évêque <strong>de</strong>), 24 n., 365 et n.<br />

Genève (Le grand-vicaire <strong>de</strong>), voy. Gingins<br />

(Amé<strong>de</strong>).<br />

Gebévb (Les pasteurs <strong>de</strong>), N" 581, 602,<br />

610, 654, 655, 668. 107, 270, 271<br />

n., 286, 294 n., 296 n., 319, 412 n.,<br />

464.<br />

Georges, comte <strong>de</strong> Montbéliard, 82 n.<br />

Georges(André), voyezMessellier. Geranius (Cephas), 313 n.<br />

Gérard (Jean), 129n., 455 n.<br />

Gesner (Conrad), 78 n., 79 et n., 287 n.<br />

Gesseron, 110 n., 226, 373 et n.<br />

tNDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS. 481<br />

Gruyère (Jean, comte <strong>de</strong>), 139, 140n.<br />

Garo^ns (Simon), N" 598, 619, 639,<br />

672, 676, 681, 682, 691, 693.<br />

81, 82 a., 90 n., 115 et n., 148 n.,<br />

149, 204 a., 205 n., 206 et n., 208,<br />

239, 253 et n., 254 n., 264 et n., 265,<br />

267 et n., 282, 300 n., 336, 363, 368<br />

et n., 370, 463.<br />

GuéranT(Pierre), 439 et n.<br />

Gnido (Pierre), 95 n.<br />

Gaillet (Michel),210 n., 211 etn., 219 n.,<br />

323 n.<br />

Goilliet (Vufflerme),273 n.<br />

Gay<strong>de</strong>r (Pierre), 272 n.<br />

Haller (Berthold), 53 n., 236 n.<br />

Habhohvillb (François <strong>de</strong>),N"99b, 125s.<br />

-436 L, 439.<br />

Gignilliati (Jean), 29 n.<br />

Gimel(François),29 n.<br />

Gindron (François), 233 et n.<br />

Gindron (Guido),233 etn.<br />

Gingins (Amé <strong>de</strong>), 127 et n., 129,407 n.<br />

Girard (Jean), voy. Gérard.<br />

Giron (Pierre), 53, 54,84 n., 151 n., 184,<br />

227, 375 et n.<br />

Glane (Clau<strong>de</strong><strong>de</strong>), 36 et n.<br />

Glantinis (Clau<strong>de</strong> <strong>de</strong>), 64 et n., 462.<br />

Gognat (Jean), voyezCognai (Jean).<br />

Gondot (Biaise),63 n.<br />

Gonin (Martin), 71 Hannonville (Didier <strong>de</strong>), 436 n.<br />

Henry (Guillaume), 92, 93 n.<br />

HeppevOIe,voy. Calvin (Jean).<br />

Herbst (Jean), voy. Oporin.<br />

Herman, 272 n.<br />

Hesse (Le Landgrave <strong>de</strong>), 73 n.<br />

Hetzel (Jacob),220 n., 346 n.<br />

Hochberg (Jeanne <strong>de</strong>), 25 n.<br />

Holard (Jean), 451 et n., 452 n.<br />

Hnbelmann, voy. Bach (George Zam).<br />

Hnber (Jean), 151 n., 340 n., 341 n.<br />

Hugues (Jacques),<br />

n., 129 et n.<br />

Gonlas (Henri), 40 n.<br />

Grafenried(Jean-RodoIphe)r58n., 340n.,<br />

341 n.<br />

Gramelin, voyezMalingre.<br />

Grand (Gérard), 84 n.<br />

Granier (Pierre), 313 et n., 371 et n., 375<br />

etn., 378 n.<br />

Grenoble.(LeParlement<strong>de</strong>), 128n., 129n.<br />

Grillon (Clac<strong>de</strong>), 325 et n.<br />

Grivai (Georges), 65 et n., 235 n.<br />

Gras (Jean le), 48 et n., 64. et n., 92,<br />

93 a., 462.<br />

39 S<br />

n., 1*0 et n., 111<br />

n., 112 et n., 134 n., 177 etn.<br />

Jacques (maître), 63 et n.<br />

Jacques <strong>de</strong> Lyon, 134 a., 177 et n.<br />

Jacques, 134 et n., 226 et n., 232, 234.<br />

Janin (Jean), dit le Colognier, 258 et n.,<br />

271 et n., 272, 296 etn., 351 etn.<br />

Javand (Clau<strong>de</strong>), 173 a.<br />

Jeanne la gibessiére, 272 a.<br />

Jonvilliers (Char<strong>les</strong> <strong>de</strong>), 233 n.<br />

Ja<strong>de</strong> (Léon), 166,235,236,<br />

Jung (Jean),.24 n.<br />

396 et a.<br />

><br />

K<br />

Kienisen (Benedictus), voy. Evan<strong>de</strong>r.<br />

Kôht(Wigand), 162 n., 226a.<br />

Kunts (Pierre), sa n., 20» n., 235n.,242<br />

a., 266 n.» 287 n., 344 etn^S» a*<br />

n., 346 n., 349, 352 et* 881 etn.,<br />

382.<br />

t. nr.. SI


482<br />

INDEX ALPHABÉTIQUEDES NOMS.<br />

Lambert (Denis), 44 et n., 49 et n., 55 et<br />

n., 92 n., 116 n., 122 et n., 123 n.,<br />

126 et n., 130 et n., 131 etn., 135, 232<br />

et n., 296 et n., 298, 306 et n., 307 et<br />

n., 308 n., 324 n., 351 et n.<br />

Lambert (Jean), 423 n.<br />

Lanpb (Les Chartreux <strong>de</strong> la). N»623.<br />

G Lntry (François <strong>de</strong>), 27 et n., 28.<br />

Lyon (L'official<strong>de</strong>), 249 n., 250 n.<br />

H<br />

215 n., 217 n., 218 n.<br />

Maiçret (Laurent), 24 n., 25 n.<br />

Mailliardz(Pierre), 67.<br />

Maistrezat (Rolet), 372 n.<br />

Maitbb-Jbah (Louis),<br />

Lan<strong>de</strong>ron (Le Conseildu), 200, 201 et n.<br />

Langey (<strong>de</strong>), voy. Bellay (Guillaume dn).<br />

Languedoc (Les Évangéliques du), 316 n.<br />

Lasius (Baltbasar), 3 n., 207 n.<br />

Laurent (Melchior),92, 93 n., 263 n.<br />

Lausanne (Le Chapitre <strong>de</strong>), 27 n., 28 et<br />

n., 29 n., 89 n.<br />

Lausahse (La Classe <strong>de</strong>), N» 698.<br />

410 et n.<br />

Lausanne (LeConseil<strong>de</strong>), 29 et n., 30 il,<br />

39, 68, 69 et n., 109 et n., 184 et n.,<br />

227 et n., 238, 243, 244, 278 et n.,<br />

279, 284, 289, 290 et n., 291 n., 302<br />

et n., 303n., 353 n.<br />

Lausanne (LesDéputés <strong>de</strong>). N° 656.<br />

Lausanne (L'fivêque <strong>de</strong>), 27 n., 29 n., 31<br />

n., 68 n., 13et n., 373 n.<br />

Lausanne(Le Syno<strong>de</strong><strong>de</strong>), 104, 105 n., 11<br />

et n., 229 n., 234 n., 2:tô et n., 240 et<br />

n., 241 et n., 249, 254 n., 263 et n<br />

403, 401. et n., 405 et n., 410, 413 et<br />

n., 414, 416 et n., 464.<br />

Lecomte (Jeun), 46 n., 63 n., 95 n., 1J2<br />

n., 218 n., 235 n.<br />

Lesture (Jacques <strong>de</strong>), 272 n.<br />

Levet (Aimé), 124 et n., 126, 136et n.,<br />

14».<br />

Liberletns ou Libertinus (Christophorus),<br />

voyez Fabri (Christophe).<br />

Lizbt (Pierre), N» 702. 420 etn.<br />

Loclb (Les Évaugèliques du), N° 564.<br />

Longecombe(François <strong>de</strong>), 214 n.<br />

Longueville (Le duo <strong>de</strong>), voyez Orléans<br />

Louis d').<br />

Lopin (Aymeri), 259 n.<br />

Lopin (Go<strong>de</strong>froi), N« 642. 259 et n.,<br />

261.<br />

Louis (Hubert), 288. n.<br />

Loys, 128.<br />

LojrsJe vieux, 128 n.<br />

Lucanins (Martianus), voy. Calvin (Jean).<br />

Lullin (Jean), 26 n., 361 n.<br />

La^er;CMMtiit)Kt73'n,t174.n., 249,,341<br />

et n., 342et n- 343et n., 3tiOet n.,<br />

868 et n., 370 et n., 416 n., 438, 439.<br />

N° 651. 142 278 et n.<br />

n.,<br />

Malbosson(Pierre), 325 et n.<br />

Malingre(Matthieu ou Thomas),46 et n..<br />

90 n., 92 n., 114 et n., 120 n., 262 et<br />

n., 263 n.<br />

Manard (Jeai), 204 n.<br />

Mangoldus,24 n.<br />

Manlieb(Matthieu), 340 n.<br />

Marcourt(Antoine), 92 n., 120, 153 etn.,<br />

312 et n.<br />

Mare (Henri <strong>de</strong> la), 61 et n., 123 et n.,<br />

137 et n., 298 et n., 349, 351 et n..<br />

352, 425 n., 430 n.<br />

Marguerite<strong>de</strong> Navarre, 73 n., 111n., 202<br />

et n.<br />

Maihop (Pierre), N» 326b.– 446 et n.,<br />

448, 449.<br />

Marot (Clément), 163 n.<br />

Martel (Jean), 42 et n., 48 et n., 63.<br />

Martine (François), 139 et n., 140 n.<br />

Masnyer(Pierre), 92, 93 n., 216 n.<br />

Mayer on Meyer (Sébastien), 236 et n.,<br />

256 n., 344 n.<br />

Mayor(François), voyez Lutry (François<br />

<strong>de</strong>).<br />

Medicns(Francisons), voy. Meige (François.<br />

Mbsatoeb (Gaspard), N" 603, 616,631.<br />

37 n., 53 et n., 54, 58 et n., 59 n.,<br />

62 n., 63 n., 64, 90 n., 136 et n., 168<br />

et n., 187 et n., 190 n., 191n., 199 n.,<br />

211 n., 235 n., 236, 256 n., 287 n.,<br />

310 n., 341 et n., 343 et n., 352 et<br />

n., 412 n.<br />

Meige(François), 62 et n.<br />

MeIanchthon(Philip"pe)J80n.,174n.,370n.<br />

Meranlx(Jacques <strong>de</strong>), 272 n., 351 n.<br />

Mercier (J.-François), 372 n.<br />

Merlin (Jean-Reymond), 167 n.<br />

Mermet (Jacques), 372 n.<br />

Messellier (André), 38 n., 40 et n. 41 n.<br />

Mett (Jean <strong>de</strong>), 451 n.<br />

Metzilten (Gaspard), 372 n.<br />

Meyer (Jacques), 100, 329 et n., 870 n.,<br />

383 etn.<br />

Micliaolx(Gil<strong>les</strong>), 230 et L, 287 n.


INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS. 483<br />

Michelius(iEgidius), voy. Michaubc (Gil<strong>les</strong>).<br />

Michod (Jean), 64 et n., 89 n., 462.<br />

Mimard(Jean), 89 n., 288 n.<br />

Molière (Jean <strong>de</strong> la), 62 et n.<br />

Monathon, 403 n.<br />

"czbouson (Dominique <strong>de</strong>), 30 et n., 39<br />

et n., 89 n.<br />

Montagne(Jean <strong>de</strong> la), 325 et n.<br />

Montchenn (<strong>de</strong>), 408 n.<br />

Montfalcon(Jeanne <strong>de</strong>), 135 n.<br />

Montfaucon (Sébastien <strong>de</strong>), voyez Lansanne<br />

(L'évêque <strong>de</strong>).<br />

Montfort (François <strong>de</strong>), 125 et n., 131 et<br />

n., 142 et n., 153 et n., 197 et n., 262<br />

et n., 263, 405 et n.<br />

Montmorency(Anne <strong>de</strong>), 172 n., 193 n.,<br />

203.<br />

Montvuagnard(Antelme <strong>de</strong>), 135 n-<br />

Morand (Jean), 288 n., 335 et n., 365,<br />

375 et n., 420 et n., 421, 422.<br />

Morean (Simon), 191 n.<br />

Morelet du Museau, 76 et n., 77 n., 118<br />

et n., 190 et n., 213 et n., 236 et n.,<br />

237 et n., 253 et n., 266 n., 268 et n.,<br />

269 et n.<br />

Morin (Jean), 419 et n., 420 n.<br />

Mondon(Le Conseil <strong>de</strong>), 35 et n.<br />

Mondon(Le bailli <strong>de</strong>), voyez Frisehing<br />

(Jean).<br />

Moulin (Bernard dn), 405 et n.<br />

Moulin (Guillaume du),39 n., 136 et n.,<br />

141 n., 2S7 n.<br />

Moutiers-Grandval(Leschanoines<strong>de</strong>), 64,<br />

65 n., 462.<br />

Moutiers-Grandval(Les Évangéliques<strong>de</strong>),<br />

65 n., 462.<br />

Moynier (Jean), 272 n., 325 et n.<br />

Muôte(Guérin), 44 et n.<br />

Mnlot (Michel), 288 n., 313 et n., 333 et<br />

n., 334 et n., 335 et n., 363, 364 et n.<br />

Mansiagen (Catherine <strong>de</strong>), 54 n.<br />

Munster (Sébastien), 168 n.<br />

Mtcobius (Oswald), N* 640, 645. 78<br />

n., 79 n., 241 et n., 253 n., 256, 264<br />

et n., 265, 268, 287 n., 300 n.<br />

Nœgueli (Catherine), 462.<br />

Nœgoeli(Jean-Frantz), 27n., 46 et n., 130, 131 etn., 132, 134n., 135,<br />

136 et n., 141, 142, 143, 145 et n.,<br />

147 et n., 152 et n., 178, 179, 198,<br />

210, 211, 213 et n., 214, 217 et n.,<br />

220 et n., 232, 233, 257, 296 et n.,<br />

297, 299, 306, 308, 314 n.<br />

Kemours (Charlotte <strong>de</strong>),<br />

N<br />

n., 58 n.,<br />

150 n., 16»et n.<br />

Nsegueli(Jean-Bodolphe)r33 et n., 54- et<br />

n., 58 n., 59, 60, 61 et n.r 101»102,<br />

104,109, l2i,l2étt±,l2&eta.A^<br />

25 et n., 128 et<br />

n., 135 n., 150 n.,220n., 245n., 246.<br />

Neucbatel (La comtesse<strong>de</strong>), voyezHdchberg<br />

(Jeanne <strong>de</strong>).<br />

Nbuchatel (Le Conrsil <strong>de</strong>), N" 559,587,<br />

605, 609. –38 n., 56, 57, 121, 175,<br />

194, 195 n., 247, 417.<br />

Neuveville (Le Conseil <strong>de</strong> la), 442, 445,<br />

451.<br />

Nicolas, sartor, 142.<br />

Nimes (Les Évangéliques <strong>de</strong>), 293 n., 316<br />

n., 317 n., 318 etn., 321 et n.<br />

Normandie(Laurent <strong>de</strong>), 222 et n.<br />

NoveUet (Pierre), 122 n.<br />

Novellus (Petrus), 122 et n.<br />

Nuyd(Jeanle), 224.<br />

OUvétan (Pierre-Robert), 43, 46 n., 59<br />

et n., 114, 132 n., 173n., 233, 307 n.,<br />

313, 315, 324, 365, 374, 377.<br />

Oporih (Jean), N» 620.– 148 n., 154n.,<br />

206 n., 207 n., 208 n., 209.<br />

Orbe (Jean d'), voy. Favre (Jean).<br />

Orléans (Charlotte d'), voy. Nemours.<br />

Orléans (Louis d'), 25 n.<br />

F<br />

Paccolet ouPécolet (Imbert), 167 n.,263<br />

n., 318 n., 459 n., 463.<br />

Paintre (Goillaume), 174, 194.<br />

Pariât (Gérard), 38 et n., 55et n., 61 n.,<br />

(12 n 110. 126, 138, 146 et n., 227,<br />

373 et n.<br />

Partridge (Nicolas), 311 et n.<br />

Paterios on Pa<strong>de</strong>rius (Jean), voyez Pantier<br />

(Jean).<br />

Paul m, pape, 69 n., 248, 249, 251 n.<br />

Paatier (Jean), 63 et n.<br />

Pavillard, 828 a.<br />

Payeme (Les Évangélîque»<strong>de</strong>), 35 n.<br />

Peinant (Vincent), 287 n., 452 n.<br />

Pbllicah (Conrad). N*569. 28 n., 80<br />

n., 81 etn., 310 n., 368 ot n., 86»,<br />

370b., 871.<br />

Pellican (Samuelet Elisabeth), 81 et «.<br />

-plBW^Le»Catholique» <strong>de</strong>). H» 554.


184 INDEXALPHABÉTIQUE DES NOMS.<br />

Perréaud (François), 276 n. |<br />

Pétrel (Courthenin), 66. j<br />

Pétrin, voy. Avenohes(Le ban<strong>de</strong>retd').<br />

Perrin (Ami), 423 n.<br />

Perrotel (René), 257 et n.<br />

Pertemps (Clau<strong>de</strong>), 423 n.<br />

Philippe (André),365, 366 et n., 419 et n.,<br />

464.<br />

Philippe (Jean), 26 n., 361 n., 365, 366<br />

a., 419 et n., 464.<br />

Phrygio, 180.<br />

Pignol ou Pignoli (André), 63 et n., 335<br />

et n., 336 et n., 364. 1<br />

Pityod, 464. {<br />

Planche (Thomas <strong>de</strong> la), 120 n., 178etn. f<br />

PlAtre(Louis du), 34 et n., 210 et n.<br />

Platter (Thomas), 3 n., 23 n.; 207 n. i<br />

Poitou (Les Évangéliques du), 223 n.<br />

Pomeranns, 435 n.<br />

Pomettaz (Jean), 74 L, 176 et n.<br />

Pont (François du), 288 n., 307 et n.,<br />

308, 364 et n.<br />

Pontareuse (Benoit <strong>de</strong>), 109 n.<br />

j<br />

Porral (Ami),43 et n., 48, 77 n., 88 n., j<br />

245 n., 361 et n.<br />

Porret (Michel), 197 et n., 307 n.<br />

Pré (Clau<strong>de</strong> du), 372 n.<br />

9<br />

Quinefc(Clau<strong>de</strong>), 101 et | Rivier (François Martoret dn), 92, 93 n.,<br />

| 197 etn.<br />

Robert (Jean), 67.<br />

Rochefort(Antoine <strong>de</strong>), 327 et n., 328 et<br />

n., 329 et n.<br />

Rochefort (François <strong>de</strong>), 327 n.<br />

Roch#fort (Sancy<strong>de</strong>), 327 n.<br />

Rogier (Jean), 209 et n.<br />

Roset(Glan<strong>de</strong>),24 n., 217 n.<br />

Rosset(<strong>de</strong>), 128 n.<br />

Rovéréa (Jacques <strong>de</strong>), 54 n.<br />

Rovéréa (Louise<strong>de</strong>), 54 n.<br />

Ruffi (Pierre), 427 n.<br />

{ Ry<strong>de</strong>r <strong>de</strong> Diersberg (Egénolph),<br />

n., 126 n., 146<br />

et n., 177 et n.<br />

96.<br />

f<br />

s<br />

i<br />

SiJNTE-MABTHE (Char<strong>les</strong><strong>de</strong>), N° 625.<br />

221 et n., 222 n., 223 et n.<br />

Saint-Sorfin(<strong>de</strong>), 464.<br />

Saint-Victor (Mr<strong>de</strong>), voyez Bonivard.<br />

• Saunier (Antoine), 26 n., 38 et n., 41 et<br />

1<br />

n., 50 et n., 53, 55, 59 et n., 60, 61,<br />

| 78 et n., 79 et n., 81, 85n., 93, 94 n.,<br />

103 n., 114, 132, 197, 227, 230, 299<br />

n., 305, 307 n., 313, 324, 325 et n.,<br />

335 et n., 365, 374, 455 n., 459 n.<br />

Savoie (Clau<strong>de</strong> <strong>de</strong>), voy. Aliodi.<br />

Savoye(Clau<strong>de</strong>),38 n., 49 n., 54 n., 60<br />

n., 126 et n., 142 et n., 148n., 236n.,<br />

423 et n.<br />

1<br />

Schleiff (Jean), 151 n.<br />

Schnepf (Ehrhard), 113 et n.<br />

Scutiferus (Joannes), voy.Escayer (L').<br />

Se<strong>de</strong>ille (Alexandre), 257 n.<br />

3el<strong>les</strong> on Zel<strong>les</strong> (Guillaume), 313 et n.,<br />

333 et n., 334.<br />

Selve (Jean <strong>de</strong>), 431, 432.<br />

Sept (Michel), 423 n.<br />

Sinapius(7ean), 204 et n., 205 et n.,206,<br />

337 et n.<br />

Stier (Sigismond),181, 312 n.<br />

Strasbourg (Le Conseil <strong>de</strong>), N° 577.<br />

70 n., 71 n., 72 n., 73 n., 94 n., 98 n.,<br />

150 n., 169 n., 170, 171, 192, 202,<br />

203, 317 et n., 320, 362.<br />

Snchet, 31 n.<br />

Sultaer (Simon), 62 Q<br />

B<br />

i<br />

n., 378 n., 884 et n.<br />

Rabier (Antoine), 288 n., 364 n. 1<br />

Ramel (Jean-Louis),75 n. j<br />

Ranch (BaltHazar),voy. Lasius.<br />

Régis (Clau<strong>de</strong>), 110et n., 132 et n., 178<br />

et n., 307 et n.<br />

Régis (Jean), 307 et n.<br />

Regressu(Adamusa), voy. Retours (Adam<br />

<strong>de</strong>).<br />

Renée <strong>de</strong> France, duchesse <strong>de</strong> Ferrare,<br />

204 n., 205 n.<br />

Retours (Adam <strong>de</strong>), 62 et n., 92, 93 n.,<br />

351 et n.<br />

Rhellican (Jean), 62 n., 63 n., 378 n.<br />

Rhenanns (Beatus), 81 n.<br />

Rhéti (Jean), 44 et n., 49, 59.<br />

Ribbit oo Rubit(Jean), 288 s.<br />

Rfohar<strong>de</strong>t (Clau<strong>de</strong>), 361 n., 424 n.<br />

Rihel (Wen<strong>de</strong>lin), 208 n.<br />

Ripaille (Les moines <strong>de</strong>), 214 etn.<br />

Bitter (Érasme), 256 n.<br />

T<br />

Teinturier (Nicolas), 177 et n., 257 et n.,<br />

299 et n.<br />

Thonon(Le bailli <strong>de</strong>), voy.Nœgneli(Jean-<br />

Rodolphe), et Diesbach (Nioolas<strong>de</strong>).


Tillet (Jean du), 354 et n.<br />

Tillbt (Louis dn), N° 692. 77 n.,<br />

209 et n., 214 et n., 220 et n., 230 et<br />

n:, 233, 234 et n., 281 et n., 347 n.,<br />

354 et n., 355 n., 356 n., 464.<br />

Tn.usa (Antoine), SF»648. 273 n.<br />

Tissot (Jean), 63 et n.<br />

·<br />

Tor<strong>de</strong>ur (Jean), 272 etn.<br />

Tonrnay (Jean <strong>de</strong>). 35 n., 92, 93 n., 136<br />

et n., 141 n., 229 etn.<br />

Tournon (Le cardinal <strong>de</strong>), 245 et n., 246<br />

n., 251 n., 453 n.<br />

Toussais (Pierre), N" 570. 584, 608,<br />

666, 674, 675, 683. 82 n., 113 n.,<br />

114 n., 115 et n., 312 n., 313 et n.,<br />

333 n., 335, 336 n., 364 n., 365, 441 n.<br />

Trbhers (Barthélemi), N" 689, 697.<br />

311, 371 tt n., 376 et n, 409 et n.<br />

Tribolet (Jacques), 442 et n.<br />

Trymund (Pierre), dit Ozias, 297 n., 300.<br />

Tnrtaz (Hugues), 235 n.<br />

V<br />

Vadian (Joachim), 23 n., 24 n., 463.<br />

Valangin (Les chanoines <strong>de</strong>), 63 n.<br />

Valangin (La dame <strong>de</strong>), 56 et n., 63 et<br />

n., 67 et n., 444 et n., 449 n.<br />

Valet (Clan<strong>de</strong>-Jean), 447.<br />

Valier (Jacques), 280 et n., 281 n., 287n.<br />

Van<strong>de</strong>l (Hugues), 331 n.<br />

Varro (Michel),464.<br />

Vaudois(Les) <strong>de</strong> Provence et th Daaphiné,<br />

71 n., 85 et n., 94.<br />

Vergy (Antoine <strong>de</strong>), 174n., 229 etn., 313<br />

et n., 334 et n.<br />

Vergy (Guillemette <strong>de</strong>), voyez Valangin<br />

(La dame <strong>de</strong>).<br />

Verna (<strong>de</strong>), 323 et n.<br />

Viefirey (Jean), 448.<br />

Vigne (Jean la), 327 n.<br />

Vincentios,370, 371.<br />

Vinsler, 199.<br />

Viret (Antoine), 136 n.<br />

Viret (Jean), 136 n.<br />

VntBT(Pierre), N" 548, 552, 704.– 29n.,<br />

30 n., 81 n., 37 et n., 39,42, 44 et n,<br />

51 et m, 62 n., 74 et n., 75 n., tljp?<br />

79 ni, 94, 95 n., 106 et n., 107/Çnji<br />

INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS. 485<br />

FIN<br />

109 et m, 111 et n., 125 et n., 136 et<br />

n., 142 et n., 143etn., 148 n., 153 et<br />

n., 167, 168n., 175 n., 176 et n., 178,<br />

179 et n., 183 et n., 184 et n., 186n.,<br />

188 et n., 189, 191 n., 195 et n., 197,<br />

198, 199 et n., 209 et n., 220 et n.,<br />

228, 229 n., 230 et n., 231 et n., 232,<br />

233 et n., 234 n., 235 n., 237, 238 et<br />

n., 240 n.T 252 n., 253, 254 n., 263<br />

et n., 264 n., 275, 280 et n., 284 et<br />

n., 289 et n., 290 et n., 293, 298 et n.,<br />

301 n., 310 n., 312, 353, 410 n., 454<br />

et n., 463.<br />

Voisin ou Voisinet (Jean), 262 et n., 263.<br />

Vulliermoz (Aimé), 464.<br />

DUdl^lfe W^TWèlët<br />

W<br />

Walther (Rodolphe), 311 n.<br />

Watteville (Jean-Jacques <strong>de</strong>), 66 et n., 67<br />

n., 95 n., 109 n.<br />

Watteville (Nicolas <strong>de</strong>), 84 n.<br />

Week (Hans), 211 n.<br />

Wil<strong>de</strong>rmuth (Jacob), 38 n.,40 et n.,41 n.<br />

Wingle (Pierre <strong>de</strong>), 313 n.<br />

Winter (Robert), 207 n.<br />

Wurtemberg(Christophe <strong>de</strong>), 85 n., 225 n.<br />

Wurtemberg (Georges <strong>de</strong>), 113 et n., 180<br />

et n., 312 et n., 334 et n.<br />

Wurtemberg (Ulric, duc <strong>de</strong>), 73 n., 8^<br />

n., 85 et n., 113 n., 180 et n., 205 n..<br />

364 et n.<br />

¥<br />

Yverdun(Jacquesd"), voy. Jacques(maître).<br />

Yvonant (Melcbior d'), voy. Laurent (H.).<br />

Z<br />

Zurich (Le Conseil<strong>de</strong>), 70 n.,71 n.,7Sn..<br />

94 n., 170, 191, 192, 202, 319 et n.,<br />

320.<br />

Zurich (Les pasteurs <strong>de</strong>), 281 et n., 286.<br />

315, 319.<br />

Zurich (Le Syno<strong>de</strong> <strong>de</strong>), US et n., 424 et<br />

n., 427 n.<br />

35SpSrar (Nicolas), H» 696. 406 n.<br />

ij*6glî(0nch)p 23 n., 79 n.


t<br />

Original en couleur<br />

NF Z 43-UO-a


BIBLIOTHÈQUE<br />

NATIONALE<br />

CHÂTEAU<br />

<strong>de</strong><br />

SABLÉ<br />

1990

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