25.06.2013 Views

Le résumé de la thèse de doctorat Le Bovarysme. Les jeux de la ...

Le résumé de la thèse de doctorat Le Bovarysme. Les jeux de la ...

Le résumé de la thèse de doctorat Le Bovarysme. Les jeux de la ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

l’être bovaryque, qui, dans sa tentative <strong>de</strong> se concevoir autre qu’il n’est, échoue et ne<br />

réussit à être qu’une formation éclectique, un hybri<strong>de</strong>, un monstre chimérique tombé<br />

entre mon<strong>de</strong>s.<br />

<strong>Le</strong>s coulisses sont par excellence <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> frontière, ressemb<strong>la</strong>nts aux limbes,<br />

colonisés d’êtres à peine distingués parmi les pénombres, sur lesquels flotte l’incertitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité ou même <strong>de</strong> leur réalité. Vêtu, maquillé, ayant les signes du personnage qu’il<br />

va jouer, le comédien a l’apparence du personnage, mais les gestes, les actions, les<br />

paroles lui appartiennent encore. C’est une combinaison bizarre parce qu’il y a <strong>la</strong> plupart<br />

<strong>de</strong> temps une inadéquation choquante <strong>de</strong>s gestes, <strong>de</strong>s actions, <strong>de</strong> <strong>la</strong> voix, <strong>de</strong>s objets<br />

utilisés, à l’apparence créée <strong>de</strong> l’image p<strong>la</strong>stique du costume et du maquil<strong>la</strong>ge. <strong>Le</strong> réel et<br />

l’irréel se mé<strong>la</strong>ngent et se confon<strong>de</strong>nt d’une manière bizarre, étrange, grotesque et<br />

comique parfois. On pourrait ainsi voir une galerie <strong>de</strong> personnages touchés <strong>de</strong> « folie »,<br />

constituant un vrai « mon<strong>de</strong> à l’envers ». Des répliques célèbres et bien connues sont<br />

fragmentées et se mêlent d’une façon choquante aux plus inadéquates, prosaïques et<br />

banales conversations.<br />

Cet être ambigu n’appartient à un mon<strong>de</strong>. Il n’existe nulle part, seulement dans les<br />

coulisses. Il n’est pas encore <strong>la</strong> fiction théâtrale qui sera dans quelques moments sur<br />

scène, il n’est pas l’œuvre, mais il n’est ni acteur. Il apparaît du mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> <strong>la</strong> fiction au<br />

réel. Il n’a pas été projeté, prémédité, il apparaît purement et simplement. Il est le résultat<br />

d’un effet <strong>de</strong> coulisse. Cet être est né juste <strong>de</strong> l’annu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> distance d’entre<br />

personnage et acteur, du mé<strong>la</strong>nge accepté seulement en coulisses d’entre personnage et<br />

acteur. Dans un moment, sur <strong>la</strong> scène, ces êtres fusionnés à présent se séparent, les<br />

essences se décantent, l’acteur se retire <strong>de</strong>rrière le personnage, et ce qu’on va percevoir<br />

sera le personnage seul, cette fois une figure c<strong>la</strong>ire, limpi<strong>de</strong>, éc<strong>la</strong>tante.<br />

Mais, jusque-là, les coulisses tolèrent <strong>la</strong> confusion et l’ambiguïté apparue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

complicité d’entre acteur et personnage. La bizarrerie <strong>de</strong> cette figure, imprégnée du jeu<br />

d’entre Moi et Autre, attire comme un aimant. Elle est perçue comme un trouble, une<br />

forme oscil<strong>la</strong>nte, indécise, mais surtout comme une promesse d’évasion du réel.<br />

C’est pourquoi cet être est envié <strong>de</strong>s « civiles » qui visitent les coulisses et les<br />

cabines <strong>de</strong>s acteurs. La séduction provoquée <strong>de</strong> l’être du comédien vise le plus souvent le<br />

personnage que celui-ci peut incarner. <strong>Le</strong>s racines <strong>de</strong> <strong>la</strong> séduction doivent être cherchées<br />

plus profondément. Ce qui séduit et attire est <strong>la</strong> potence énorme <strong>de</strong> métamorphose du<br />

comédien qui est aidé par <strong>la</strong> force terrible <strong>de</strong> l’imaginaire. <strong>Le</strong>s spectateurs subjugués du<br />

jeu du comédien dans un personnage ou les civiles qui tournent autour <strong>de</strong>s coulisses<br />

visent <strong>la</strong> phantasia et chassent « le rien ».<br />

Dans le sous-chapitre La Théâtralité <strong>de</strong> l’ambigüité, on part <strong>de</strong>s opinions <strong>de</strong><br />

Gilbert Durand en ce qui concerne les sociétés <strong>de</strong> l’apparence, présentées dans son œuvre<br />

Beaux-arts et archétypes. La religion <strong>de</strong> l’art (1989). On constate dès le début <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

paradoxale d’entre profon<strong>de</strong>ur et surface. Plus <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur est percée <strong>de</strong> l’œil<br />

épistémique plus viscéralement, plus <strong>la</strong> surface a le regard voilé. Si <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur est<br />

attaquée <strong>de</strong> <strong>la</strong> rigueur scientifique, le trouble <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface s’amplifie et montre sa queue<br />

<strong>de</strong> paon en <strong>jeux</strong> <strong>de</strong> reflexes croisés qui ne peuvent produire que <strong>de</strong> l’illusion, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

théâtralité, <strong>de</strong> l’équivoque, <strong>de</strong> l’ambiguïté. Voir ne veut <strong>de</strong>venir savoir, en échange songe<br />

disparaît en mensonge et <strong>de</strong> nouveau être <strong>de</strong>vient paraître. Dans l’existentialisme, où<br />

l’acteur est un archétype humain, être est paraître. Pour arriver ici, il a été nécessaire <strong>de</strong><br />

« transmutation » nietzschéenne <strong>de</strong> « toutes les valeurs », <strong>de</strong> <strong>la</strong> contre-offensive <strong>de</strong> sa<br />

25

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!