Les Poissons Marteaux

Elle tambourine contre la porte.
MARION
(criant plus fort)
C'est moi! Ouvre!... Ella!
16 - INT. APPARTEMENT MARION. JOUR
Ella chante de tout son coeur, elle fait un tel vacarme qu'elle n'entend rien.
Elle reprend son souffle et, dans ce bref moment de silence, elle perçoit enfin les appels
et les coups de Marion.
De plus en plus étonnée, elle va ouvrir.
Marion passe devant Ella, sans un mot. Elle se dirige droit vers le divan et lui lance ses
vêtements.
MARION
Habille-toi.
Tandis qu'Ella, refroidie, passe pudiquement son jean sous sa chemise de nuit, Marion
enfile ses chaussures.
Elle attrape une veste, empoigne son sac de voyage et attend, raide comme la justice,
qu'Ella ait fini .
17 - EXT. QUAI DE GARE. JOUR
Marion, portant son petit sac de voyage, marche vivement le long d'un train arrêté en
gare, à la recherche de son wagon.
Ella la suit, son CD dédicacé à la main, en essayant de ne pas la perdre de vue.
Les voyageurs pressés, qui la heurtent ou la dépassent, la perturbent et finissent par la
séparer complètement de sa mère.
Ella s'immobilise, incapable de faire un pas de plus. Elle paraît tétanisée. Seuls ses yeux
affolés bougent, cherchent désespérément la silhouette rassurante de Marion qui continue
d'avancer sans se retourner, sans se douter de rien.
Marion entend soudain des cris derrière elle. Elle se retourne, croit reconnaître la voix
d'Ella et enfin, elle la voit: petit îlot rigide, hurlant sa détresse, que les gens contournent
et dont ils s'écartent avec inquiétude.
Cette vision la glace . Enfin, elle réagit et court vers Ella. Incapable de prononcer un mot
de réconfort ou de tendresse, tant elle-même se sent alors au bord de la panique et
impuissante, elle prend Ella par la main, comme une enfant, et l'entraîne avec elle.
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