Les Poissons Marteaux

visiblement l'habitude de ce genre de drame.
Ella et quelques autres se sont approchés. Ils entourent Anne et John, consternés.
Marion se tient à l'écart, pétrifiée. Elle regarde sa fille, elle est frappée par son expression
de détresse.
Un des moniteurs s'approche aussi du groupe. Il fait signe à Anne, par dessus l'épaule de
John, en montrant sa montre.
MONITEUR
(articulant tout bas)
C'est l'heure... Faut aller au bateau...C'est le dernier, y en
plus après...
Anne essaie de repousser tout doucement John.
ANNE
On y va John... Je vais t'aider à te lever...
Mais John ne veut pas bouger. Il s'accroche à Anne et pèse de tout son poids, la tête
toujours enfouie contre son épaule , pas encore prêt à affronter le monde.
Anne n'insiste pas. Elle regarde Marion:
ANNE
(à Marion)
Vous pouvez aider les moniteurs pour l'embarquement,
s'il vous plaît? John et moi, on vous rejoint plus tard...
29 - EXT. PORT ET BATEAU. JOUR
Le petit groupe d'handicapés mentaux attend de monter sur le bateau qui fait la navette
entre le continent et l'île, encadré par les deux moniteurs et Marion.
Celle dernière constate que les gens dits "normaux" se tiennent à l'écart avec gêne ou
pitié. Cette fois, elle-même est englobée dans leur répulsion instinctive de ce groupe dont
elle fait partie malgré elle.
Etrangement cela ne la dérange pas tant que cela. Elle soutient le regard curieux d'une
femme et veille, avec les deux moniteurs, au bon déroulement de l'embarquement.
Mais visiblement le chagrin de John a fragilisé tous ses camarades; des peurs primitives
refont surface au moment de franchir la passerelle, de se retrouver au-dessus de l'eau.
Beaucoup reculent en gémissant:
Andrée, une femme d'une quarantaine d'année, complètement tétanisée, cramponne la
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