Les Poissons Marteaux

ELLA
D'accord.
27 - INT ET EXT. CAR ET PLAGE .JOUR
Un car est arrêté devant une longue plage battue par les vagues.
À l'intérieur, Marion est seule, assise devant la fenêtre. Elle fume en regardant les petites
silhouettes des pensionnaires de l'Institution qui s'ébattent, à demi habillés, prudemment
dévêtus.
Certains ont enlevé leurs chaussures et retroussé leurs pantalons, d'autres gardent un
anorak protecteur.
Ils s'élancent vers l'eau et reculent quand la vague arrive ou marchent, les pieds dans
l'eau, en se laissant éclabousser d'un air extatique.
D'autres encore, plus aventureux, enfoncés dans la mer jusqu'au genoux, rêvent, les yeux
perdus vers le large.
Quelques uns, attirés et effrayés par l'immensité de l'océan, préfèrent courir sur le sable,
bras écartés, comme s'ils tentaient de s'envoler vers la liberté.
Leurs corps souvent lourds et gauches les font ressembler à une colonie d'oiseaux de mer.
Virginie, la jolie danseuse trisomique, vole à toute vitesse vers Philippe, son amoureux
(qui, comme Ella, paraît à première vue beau grand et normal).
Elle lui saute au cou et, dans l'élan, noue ses jambes autour de lui.
Philippe vacille sous le choc, puis il étreint Virginie avec une grande tendresse. Il lui
caresse les cheveux.
Virginie sourit, les yeux fermés.
Marion contemple à travers la vitre, sans se mêler à eux, ces drôles d'humains avec leurs
drôles de têtes, leurs comportements bizarres, ces êtres simples, incapables de feindre ou
de tricher. Son regard s'attarde sur sa fille:
Ella a relevé sa robe sur ses cuisses et marche rêveusement dans la mer.
Elle tourne la tête vers Marion.
Marion descend du car, elle s'avance à son tour vers la plage. Petite silhouette de dos, qui
s'amenuise peu à peu.
28 - EXT. JOUR. PLAGE
Marion se rapproche d'Anne Vidal, la directrice, et des deux moniteurs.
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