Les Poissons Marteaux

46 - EXT. REFECTOIRE -COUR CENTRE DE VACANCES. SOIR
Elle fait les cents pas dans la cour, devant le réfectoire, tout en répondant à Maurice, son
imprésario.
MARION
(téléphonant)
Ah! Maurice!...J'ai raté le bateau, qu'est-ce que tu veux
que je te dise!... Je sais , je sais que ça coûte cher, un
studio, c'est pas à moi que tu vas l'apprendre. C'est ton
fric, ou c'est le mien?... Mais non... Mais laisse moi
parler... Toujours les grands mots...C'est ça, fais-moi un
procès! T'entends pas ma voix?...
Elle a dit cette phrase d'une voix éraillée, à peine audible et se met à tousser.
MARION
J'ai une bronchite, je peux pas chanter... J'ai trop tiré sur
la corde depuis un mois, je suis crevée...
Tout en imitant une nouvelle quinte très réaliste, elle se tourne vers le refectoire: elle
aperçoit les visages collés aux vitres, inquiets de l'entendre tousser et de la voir
déambuler avec énervement.
Elle leur adresse un signe rassurant et se retourne vers la cour pour poursuivre ses
négociations.
MARION
Maurice, écoute, j'ai besoin de décrocher un peu...
Laisse moi deux jours, trois jours maximum. Dans trois
jours je suis à Paris... Tu vois, ici, je recommence à
avoir envie de composer... Moi aussi...à bientôt.
Elle raccroche et s'éloigne encore un peu pour être sûre d'être loin des regards . Elle
appelle Johan mais tombe sur sa messagerie.
MARION
Johan, réponds s'il te plaît. Je sais que tu es là... Ne me
fais pas ça, merde!
(il y a un long silence)
Tu me manques. Appelle-moi, me lâche pas
maintenant... C'était Marion.
Elle s'assoit sur les marches d'un hangar désaffecté. Elle regarde vers le réfectoire. On
sent que son courage l'abandonne.
Tout en cherchant ses cigarettes, elle prend le chemin du village et du petit café tabac
ouvert la nuit, sans attendre le couvre-feu.
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