Les Poissons Marteaux

56 - INT. CAFÉ-TABAC. NUIT
Marion ouvre la porte du café où elle est accueillie en habituée.
Elle se retrouve, cette fois encore, face à un public venu l'écouter.
Les membres de son groupe la suivent, muets de trac.
Ils apparaissent en pleine la lumière, vêtus comme des rock stars débarquées d'une autre
planète.
Leur tenue branchée contraste bizarrement avec leur physique, ce "quelque chose" de pas
fini, d'incertain et de flou.
Ella a les cheveux en pétard et elle est moulée dans son jean en faux cuir rouge.
Yannick est princier, habillé tout de blanc, avec des santiags.
Willy, l'ex kinésithérapeute, est tout en noir comme un mauvais garçon.
Ahmed exhibe des poignets de force en cuir clouté et s'est gominé les cheveux.
Et Pierre a un look de Don Juan déjanté, vêtu d'une veste de costume trop longue qu'il
porte avec une cravate sur son torse nu.
Les gens du village les dévisagent avec une sorte d'incrédulité. Il y a quelques rires
étouffés que Marion s'efforce d'ignorer.
Elle s'avance sur l'estrade éclairée à présent par une lampe bricolée pour faire office de
projecteur.
Les Poissons Marteaux la suivent, dans leur petits souliers, horriblement intimidés, repris
par leurs tics et leurs manies.
MARION
Bonjour Dédé, bonjour Tom, bonjour à tous... Ce soir,
c'est pas moi qui vais chanter, c'est cette jeune fille, Ella.
Elle est accompagnée par ses musiciens. Ils ont
beaucoup de talent et de courage...
(elle a un grand geste pour les présenter)
... Voici les Poissons Marteaux.
Elle sourit, s'efforçant de rester indifférente à l'hilarité que ce nom a provoqué.
MARION
Je vous demande de les écouter...
Elle ouvre les sacs de voyage et distribue les instruments de musique. Elle place les
mains de Philippe au bon endroit sur le clavier du synthétiseur.
Elle-même s'assoit derrière le piano. Elle compte une mesure pour rien avant de donner le
départ.
Ça cafouille aussitôt. Aucun ne démarre pas en même temps.
Conscients du problème, certains accélèrent pour rattraper.
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