Du suffrage censitaire au suffrage universel ... - Adecec.net
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patronymiques s’étant principalement illustrés comme éléments moteurs de la reproduction du<br />
pouvoir municipal.<br />
Enfin, dernier aspect de notre propos, l’analyse fine des fondements véritables de ce même<br />
pouvoir municipal, à travers les stratégies -familiales ou de groupe(s)- et les moyens (rôles et<br />
valeurs) -internes et/ou conjoncturels- pour le capter et le faire perdurer.<br />
À cela nous adjoindrons une réflexion sur le rôle des idéologies -insulaires et nationales-, de<br />
manière à situer la commune étudiée dans la confrontation espace local/espace englobant.<br />
En choisissant comme thème de réflexion le pouvoir municipal et les stratégies familiales à<br />
Calacuccia, sur la longue durée, notre intention est finalement de déterminer si le corps<br />
électoral « impliqué » dans le jeu « politique » est le reflet d’un consensus social, ou bien s’il<br />
constitue la robe de légitimité d’une catégorie de privilégiés, prouvant par là même que, sous<br />
une apparente égalité nioline peut sécréter des clivages soci<strong>au</strong>x significatifs.<br />
(1)Il f<strong>au</strong>dra attendre près d’un siècle, à savoir une ordonnance d’avril 1944, pour que la France accorde le droit<br />
de vote <strong>au</strong>x femmes.<br />
I. 1840-1847 : LE JEU DU SUFFRAGE CENSITAIRE.<br />
En 1840, à Calacuccia, le jeu municipal se joue à 68, ce qui correspond à 10% de la<br />
population totale de la commune (684 habitants). (1)<br />
Jeu restreint s’il en est, dominé quantitativement par 5 patronymes :<br />
- Negroni : 15 électeurs (22,05% du total).<br />
- Geronimi : 10 électeurs (14,70%).<br />
- Grimaldi : 9 électeurs (13,23%).<br />
- Luciani : 8 électeurs (11,76%).<br />
- Paccioni : 8 électeurs (11,76%).<br />
Ces patronymes confondus représentent 50 électeurs, soit 73,52% du corps électoral<br />
communal.<br />
(1) À la même époque on compte en Corse 1,8 électeur de député pour 1.000 habitants, et 91 pour 1.000 exerçant<br />
un droit électoral quelconque, soit respectivement 397 et 20.111 inscrits environ.<br />
Au nive<strong>au</strong> du cens proprement dit, l’échelle pécuniaire va de 37,82 francs pour le plus imposé<br />
(Ordioni Pierre-P<strong>au</strong>l, juge de paix) à 05,21 francs pour le moins imposé (Geronimi Jean-<br />
Thomas, propriétaire), soit un écart de 32,61 francs (7 fois plus).<br />
Jocelyne George, évoquant le cas de Brive (163 électeurs en 1831), a divisé en 4 catégories de<br />
revenu imposable l’ensemble des électeurs <strong>censitaire</strong>s, obtenant les chiffres suivants :<br />
- plus de 500 francs : 1 électeur (0,6%).<br />
- de 200 à 500 francs : 10 électeurs (6,13%).<br />
- de 100 à 200 francs : 21 électeurs (12,88%).<br />
- de 10 à 100 francs : 131 électeurs (80,36%). (1)<br />
(1) J. GEORGES, Histoire des Maires, 1789-1939, Plon, p. 91.<br />
Ce sont les électeurs payant entre 10 et 100 francs qui forment l’essentiel de l’électorat,<br />
confirmant si besoin est que la loi de mars 1831<br />
« […] entraîne de petites gens à l’apprentissage de la vie civique […]. » (2)<br />
(2) J. GEORGES, idem, p.91<br />
À Calacuccia, on est loin d’atteindre de tels chiffres, étant donné que la moitié de la commune<br />
se situerait dans le seuil le plus bas de Brive, l’<strong>au</strong>tre moitié nécessitant de reculer d’un palier<br />
l’échelle des valeurs.