Du suffrage censitaire au suffrage universel ... - Adecec.net

- 60 ans et plus : 22 électeurs (29,33 % du total).
- 50 à 59 ans : 17 électeurs (22,66 %).
- 40 à 49 ans : 24 électeurs (32 %).
- 30 à 39 ans : 11 électeurs (14,66 %).
- moins de 30 ans : 1 électeur (1,33 %).
Cela indique clairement le primat des catégories d’âge mûr (40-49 ans), et également, à quasi
égalité, des catégories d’âge avancé.
Ainsi le constat fait pour le conseil municipal et les 9 électeurs les plus imposés, trouve-t-il
confirmation au niveau du corps électoral tout entier.
La comparaison avec l’année 1840 montre une similitude dans la tendance, accentuée par le
recul des classes les plus jeunes (1 seul individu de moins de trente ans), et quelque peu
tempérée par un léger progrès des 30-39 ans.
En affinant l’analyse, il ressort que la classe d’âge la plus représentative, aussi bien an 1840
qu’en 1847, englobe la génération des 40-60 ans : plus de 50 % dans les deux cas.
Ce phénomène est à rapprocher de celui mis en évidence par André-Jean Tudesq, lequel,
étudiant les conseillers généraux sous la Monarchie de Juillet, constate, à propos de leur
répartition par âge en 1840.
« […] la prépondérance très forte de la génération 1780-1800 (plus de 63 %) et même de la
décade 1790-1799 (35 %). » (1)
(1) A.J. TUDESCO. Les Conseillers Généraux en France au temps de Guizot 1840-1948. P.F.N.S.P., 1967, p. 79
À la même date, pour la Corse, sur 29 conseillers généraux recensés par le même auteur, le
pourcentage des 40-60 ans est de 51,72 %. (2)
(2) A.J. TUDESCO, Idem, p. 78.
Ces similitudes entre la commune de Calacuccia et le contexte insulaire, voire national,
peuvent s’étendre au niveau de la composition socio-professionnelle de ces mêmes conseillers
généraux.
En 1840, toujours selon les chiffres d’André-Jean Tudesq, sur un total national de 2 399
conseillers généraux comptabilisés, deux catégories dominent : celle des propriétaires (28,17
%) et celle des magistrats (20 %). (3)
(3) A.J. TUDESCO, ibidem, p. 113.
De ce point de vue, Calacuccia s’inscrit pleinement dans ce processus de prédominance
rurale, de même que l’ensemble du canton où, sur les 48 électeurs départementaux, les
propriétaires sont représentés à 81,25 %.
Dans l’île, la tendance, quoique similaire, est néanmoins inversée au profit des magistrats (40
% contre 26,66 % aux propriétaires). (4)
(4) A.J. TUDESCO. Ididem, p. 112.
Une constatation s’impose: au niveau des mandats électifs cantonaux, les élus censitaires
métropolitains sont plus représentatifs du corps social dominant (75 % de ruraux en 1846) que
ne le sont les élus insulaires pour une proportion légèrement supérieure (79 % de ruraux en
1846).
Il nous appartient à présent, sur la base des chiffres que nous venons de mettre en évidence
pour Calacuccia, d’opérer une synthèse sur l’évolution des groupes patronymiques de 1840 à
1847, afin de voir quelle tendance se dégage à la veille de l’instauration du suffrage universel.
Trois graphiques d’analyse de données vont nous permettre de visualiser l’ensemble du
phénomène à deux niveaux : un niveau d’observation sur deux moments -1840 et 1847-,
lesquels situent la position des patronymes composant l’échiquier électoral ; un niveau ayant
valeur de bilan et résumant la disposition type, à savoir le rapport de force patronymique sur
la période considérée (7 ans).