Du suffrage censitaire au suffrage universel ... - Adecec.net
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Acteurs de deux époques différentes, ces deux maires ont exercé leur pouvoir de manière<br />
différente, avec des arguments et une stratégie différents.<br />
Ordioni Antoine-Louis doit la pérennité de sa fonction à la conjonction de plusieurs facteurs :<br />
- une forte parentèle, lui permettant de tisser un rése<strong>au</strong> immédiat et intermédiaire<br />
d’électeurs potentiels ;<br />
- le caractère quasi héréditaire de la fonction municipale, qui, depuis 1825 (1821, si l’on<br />
inclut Ordioni Joseph), est la propriété des familles Grimaldi/Ordioni (même s’ils<br />
n'appartiennent pas - ou plus - <strong>au</strong> même partitu, Grimaldi Jean- Baptiste et Jean-François<br />
sont des collatér<strong>au</strong>x des Grimaldi/Ordioni Grimaldi Jean-Baptiste ayant été premier<br />
adjoint dans la municipalité dirigée par Grimaldi Pierre-François), induisant une véritable<br />
« oligarchie » locale ;<br />
- le statut social de sa famille (son arrière-grand-père et son père étaient juges de paix),<br />
permettant un verrouillage politico-juridique de la fonction municipale, conforté par une<br />
position de relais vis à vis du pouvoir central (l’impact du statut social, lié <strong>au</strong>x professions<br />
libérales, nous le retrouvons dans une <strong>au</strong>tre commune du Niolu – Albertacce -, où là, tout<br />
<strong>au</strong> long des XIXe et XXe siècles, le pouvoir municipal est capté - s’étendant même <strong>au</strong><br />
cadre cantonal - par la famille Albertini (U scalone (1) - principal soutien du clan Gavini<br />
<strong>au</strong> Niolu -, laquelle a produit, outre un grand nombre d’hommes de loi, le plus fort<br />
contingent de conseillers génér<strong>au</strong>x du canton - ce jusqu’en 1976, de même que deux<br />
membres du corps préfectoral - dont un, membre du ministère Clemence<strong>au</strong> -, et enfin, en<br />
1982, le premier président de l’Assemblée de Corse (Alfonsi Prosper - dont la mère est<br />
une Albertini) ; (2)<br />
- le prestige de cette même famille Ordioni, héritière, avec les Grimaldi, d'une forte<br />
tradition paoliste, (3) ce qui lui confère un rôle directeur <strong>au</strong> sein du partitu majoritaire ;<br />
- corollaire immédiat : la position de leader politique d’Ordioni, tant <strong>au</strong> plan local qu’extramuros<br />
(Ordioni est le principal soutien des Casabianca <strong>au</strong> Niolu) ;<br />
- le capital foncier, élargi grâce à une appropriation de l’espace communal, et transformé,<br />
par le biais d’un système de location, en un instrument économico-électoral puissant.<br />
Ne disposant pas des mêmes atouts <strong>au</strong> plan local, sans caractère héréditaire marqué - même si<br />
son père fut premier adjoint de 1935 à 1941 - (son grand-père fut maire de 1882 à 1886,<br />
soit… 71 ans avant lui), Geronimi François-Marie doit sa carrière municipale à :<br />
- la conjoncture d’après-guerre, tant <strong>au</strong> plan national (Résistance et poussée des forces de<br />
g<strong>au</strong>che) que - résultante du premier - local (déliquescence du « radicalisme » communal,<br />
lié à un conflit de génération) ;<br />
- sa position sociale (il est médecin), laquelle, outre le crédit intellectuel qu’elle induit (en<br />
tant que médecin <strong>au</strong> centre de réforme de Bastia, il a la h<strong>au</strong>te main sur l’octroi - ou non -<br />
de pensions), afin de satisfaire les besoins soci<strong>au</strong>x de son électorat ;<br />
- la dimension nouvelle donnée par l 'Etat à la fonction municipale, par le biais des subsides<br />
accordées (aide sociale, pensions) et des compétences transferées (permis de construire) ;<br />
- la mainmise familiale sur les rouages administratifs (son frère, Geronimi Antoine, est<br />
secrétaire de mairie, donc le relai de l 'Etat) ;<br />
- le contrôle strict, par la mairie, des instruments élector<strong>au</strong>x que sont le vote par<br />
correspondance et par procuration.<br />
À l’<strong>au</strong>ne de la comparaison à laquelle nous venons de procéder, il apparaît que des éléments<br />
de continuité et de rupture scandent l’évolution du pouvoir municipal à Calacuccia sur un peu<br />
plus d’un siècle.<br />
Continuité, avec un pouvoir basé sur la position sociale (juge de paix, médecin), le charisme<br />
et le savoir-faire de ses représentants.<br />
Continuité, avec la présence de courroies de l’<strong>au</strong>torité étatique, qu’elles soient juridiques<br />
(juge de paix) ou administratives (secrétaire de mairie).