LA GÉNÉTIQUE DU PEUPLE JUIF - Tribu 12

lES bné MénACHé
En 1974, une lettre étrange en provenance
d’Inde atterrit sur le bureau du Premier ministre,
Golda Meir. Elle a été envoyée par un groupe
d’Indiens prétendant être les descendants de
Menaché, l’une des dix tribus «perdues», suite
à la dispersion des Juifs du nord du royaume
d’Israël par les Assyriens en 721 avant notre ère.
Les auteurs espèrent alors que le Premier ministre
saurait les intégrer au sein de la grande
famille élargie que forme le peuple d’Israël.
Mais Golda Meir ne donne aucune suite à leur
requête ce qui ne décourage aucunement ces
prétendants. Leur persévérance va porter ses
fruits et aujourd’hui, 1 700 membres de cette
communauté, connue sous le nom de Bné Menaché,
les enfants de Menaché, vivent en Israël.
Récemment, le ministère de l’Intégration israélien
a exhorté le gouvernement à ramener les 7
000 autres membres à la maison.
MAIS lES bné MEnACHé SOnt-IlS RéEllE-
MEnt lES DESCEnDAntS DE l’unE DES DIx
tRIbuS PERDuES ?
Pour les Indiens eux-mêmes, la réponse ne fait aucun doute.
En témoignent plusieurs de leurs traditions : leurs ancêtres
chantaient une chanson évoquant la traversée de la mer
Rouge, la circoncision des nouveau-nés au huitième jour de
leur naissance, ou la célébration d’une fête printanière pendant
laquelle ils mangeaient du pain sans levain.
Les Bné Menaché ont une riche histoire. Après avoir été exilés
d’Israël, ils mettent le cap vers l’Est et atteignent la Chine,
où ils élisent domicile quelques centaines d’années durant.
Les persécutions religieuses les conduisent à s’installer dans
les États isolés du nord de l’Inde. Au XIXème siècle, des
missionnaires britanniques réussissent à convertir quelques
membres au christianisme. Mais au cours de la seconde moitié
du XXème siècle, les Bné Menaché décident d’opérer un
retour à leurs racines juives sachant que le chemin serait difficile
jusqu’à la Terre promise.
HISTOIRE
Du SuD Au nORD
Tout commence au début des années 1980, quand, Elyahou
Avihail, un rabbin rêveur qui recherche les tribus perdues,
est convaincu de leur ascendance juive. Il prend contact avec
eux et leur explique que comme ils ont longtemps été coupés
du peuple juif, ils seraient tenus de subir une conversion
orthodoxe.
Ravis de pouvoir prouver l’ardeur de leur foi, les Bné Menaché
acceptent les termes du contrat. Ainsi, entre 1990 et
2003, environ 800 membres de la communauté parviennent
à s’installer dans l’État hébreu en réussissant avec succès
leur processus de conversion. En 1997, après une longue
série de pétitions, ils réussissent à attirer l’attention de Michaël
Freund, à l’époque assistant du Premier ministre Binyamin
Netanyahou. Sceptique, mais touché par la sincérité
de leur piété, Freund décide de leur tendre la main. À cette
époque, il acquiert également la conviction de la véracité de
leurs origines juives et commence alors à mener une intense
campagne de lobbying en leur faveur. Mais la Gauche israélienne
fera interrompre l’afflux lent et constant sous prétexte
qu’ils s’implantent dans les territoires disputés. Des accusations
rejetées en bloc par Freund. Selon lui, si cette communauté
s’est implantée dans les Territoires,
c’est que personne d’autre n’était
disposé à les accueillir. La principale reconnaissance
viendra du Grand rabbin
séfarade Shlomo Amar qui reconnaîtra
que cette communauté appartient à « la
semence du peuple d’Israël ». En effet,
un bon tiers des Bnei Menaché vivent à
Kiryat Arba, et représentaient également
le plus large groupe d’immigrants du
Goush Katif d’avant 2005. Pour éviter
une plus large politisation de la question,
Shavei Israël dirige alors les derniers arrivés
vers le nord du pays.
Magazine TRIBU 12 / N° 29 Hanoucca 5772 / Décembre - Janvier - Février
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Dans notre prochain numéro, nous parlerons
des Igbos du Nigéria et des Tutsi du
Rwanda juifs venus d’Ethiopie.
Guy Fellous