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1-Thévenot, Ethnographe des Iles du Levant, Michele Longino Jean ...

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Marivaux, la musique de Rameau, etc. En réponse à cette hésitation, l’île offre l’image d’un monde de<br />

transition et de l’entre deux reflétant la galanterie telle qu’elle est vue depuis le XVIIIe siècle. Elle est la<br />

terre ferme mais séparée <strong>du</strong> continent comme de la « vraie » vie, le monde réel et le monde de légen<strong>des</strong>. Le<br />

motif de l’île intro<strong>du</strong>it un style de l’ambiguïté et de la suggestion caractéristique de l’esthétique galante<br />

développée par les poètes <strong>du</strong> XVIIe siècle. Le décor hésite entre réel et irréel : le paysage de cette île souvent<br />

nommée « Cythère » ne présente rien de méditerranéen, c’est même une île dont la mer est presque absente,<br />

rencognée à une extrémité <strong>du</strong> tableau et davantage suggérée par la présence d’une embarcation. Les personnages<br />

<strong>du</strong> Pèlerinage... de Watteau ont <strong>des</strong> expressions équivoques, ceux de son île enchantée se fondent dans une<br />

obscurité laissant à peine briller l’éclat d’une nuque, ceux de Quillard sont <strong>des</strong> esquisses à demi floues et<br />

Fragonard fait alterner les groupes parcimonieusement éclairés avec ceux qui se perdent mystérieusement dans<br />

l’ombre. Les peintres <strong>des</strong> fêtes galantes renouent avec le style caractéristiques <strong>des</strong> poètes galantes <strong>du</strong> XVIIe<br />

siècle comme Voiture, Sarasin, Benserade ou La Fontaine qui développent à cette époque une « esthétique <strong>du</strong><br />

voile transparent » (A. Génetiot) en jouant avec espièglerie <strong>du</strong> sous-enten<strong>du</strong> ou <strong>du</strong> non-dit. Enfin, la lumière<br />

rasante <strong>du</strong> couchant, commune à toutes ces peintures, renforce leur ambiguïté en leur offrant « ce charme secret<br />

dont l’oeil est enchanté » et « la grâce plus belle encore que la beauté » que La Fontaine prête à Vénus dans son<br />

Adonis.<br />

Dans les peintures représentant <strong>des</strong> fêtes galantes, l’île apparaît comme une image emblématique de la<br />

galanterie car elle rassemble les valeurs amoureuses, sociales et esthétiques qui lui donnent son unité au XVIIe<br />

siècle, évoquant le courant comme un monde mi-absent, mi-présent, univers condamné mais pas tout à fait<br />

per<strong>du</strong>.<br />

4-L’île de la tentation : insularité et galanterie dans les fictions de la seconde moitié <strong>du</strong> XVIIe siècle,<br />

Nathalie Grande, Université de Bordeaux<br />

Le nom que l’histoire a gardé <strong>des</strong> fêtes que Louis XIV donna en 1664, « Les Plaisirs de l’île enchantée »,<br />

manifeste combien la thématique insulaire s’inscrit au XVIIe siècle dans un imaginaire galant, et même parfois<br />

érotique. En effet, en tant que lieu séparé de l’environnement familier <strong>du</strong> lecteur, l’île offre un espace ouvert à<br />

l’exercice fantasmatique. Or les îles apparaissent souvent dans les fictions comme <strong>des</strong> territoires privilégiés pour<br />

l’exercice d’un pouvoir féminin, en particulier au travers de figures d’amazones, « femmes fortes » certes, mais<br />

certainement pas insensibles. De l’émerveillement sensuel aux « désordres de l’amour », l’île se présente comme<br />

un espace de transgression ambivalent, invitant à la tentation qu’elle était censée éloigner. C’est en particulier à<br />

travers Alcidamie, roman inachevé de Mme de Villedieu, « Le Prince Lutin », conte de Mme d’Aulnoy et<br />

Télémaque de Fénelon que nous voudrions mettre à l’épreuve notre hypothèse.<br />

5-Edwige Keller, Université de Lyon, L’île de Théras dans Les Annales galantes de Grèce (1687) de<br />

Madame de Villedieu<br />

Une réécriture libertine d’Hérodote ?<br />

De tous les romans de Mme de Villedieu, Les Annales galante de Grèce (1687) est sans doute le plus négligé<br />

en ce qu’il pose d’évidents problèmes d’interprétation : date de composition incertaine ; publication posthume ;<br />

évocation un peu trop appuyée – via le titre – <strong>des</strong> Annales galantes (1670) ; caractère composite ;<br />

inachèvement… Or, le nombre appréciable de rééditions séparées au XVIII e siècle atteste l’intérêt que le public<br />

lui a porté. Intérêt corroboré par le témoignage de certains lecteurs professionnels, à l’exemple de Poinsinet de<br />

Sivry, pour qui ce roman est « un <strong>des</strong> plus spirituels et <strong>des</strong> mieux écrits » de Mme de Villedieu (BUR, nov.<br />

1779). Entre une œuvre rédigée à la hâte à <strong>des</strong> fins commerciales et une œuvre de maturité, somme <strong>des</strong><br />

préoccupations romanesques de son auteur, la critique hésite légitimement. L’étude de la réécriture d’Hérodote,<br />

qui est au cœur <strong>du</strong> dispositif narratif, devrait permettre non seulement d’apporter quelques éléments de réponse,<br />

mais aussi d’éclairer ce récit méconnu.<br />

Il s’agira de voir en quoi la réécriture de Mme de Villedieu, tout entière orientée vers l’insularisation de<br />

l’intrigue, est subordonnée à <strong>des</strong> <strong>des</strong>seins contradictoires : d’une part, célébrer les « Grecques fameuses » et<br />

rendre hommage à leurs « actions mémorables », conformément au projet annoncé dans l’incipit ; d’autre part,<br />

placer l’utopie sous le contrôle d’une loi qui, parce qu’elle préconise « de n’aimer que ce qu’on usurpe, et de<br />

n’établir sa félicité que sur l’infortune d’autrui » (en d’autres termes, de pratiquer le rapt <strong>des</strong> femmes),

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