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Patrimoine architectural : méthodes d'inventaire ... - Council of Europe

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<strong>Council</strong> <strong>of</strong> <strong>Europe</strong><br />

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<strong>Patrimoine</strong> <strong>architectural</strong> :<br />

<strong>méthodes</strong> <strong>d'inventaire</strong><br />

et de documentation en <strong>Europe</strong><br />

actes<br />

Colloque européen<br />

organisé par le Conseil de l'<strong>Europe</strong><br />

et le ministère français de l'Education nationale<br />

et de la Culture - Direction du patrimoine<br />

Nantes, 28-31 octobre 1992<br />

<strong>Patrimoine</strong> culturel, n° 28<br />

Les éditions du Conseil de l'<strong>Europe</strong>, 1993


Edition anglaise :<br />

Architectural héritage: inventory and documentation methods in <strong>Europe</strong><br />

ISBN 92-871-2342-X<br />

Strasbourg, Conseil de l'<strong>Europe</strong>, Service de l'édition et de la documentation<br />

ISBN 92-871-2341-1<br />

© Conseil de l'<strong>Europe</strong>, 1993<br />

Imprimé aux Pays-Bas


TABLE DES MATIERES<br />

Introduction 7<br />

Ouverture du Colloque<br />

Documentation sur le patrimoine <strong>architectural</strong> européen<br />

Rapport d'activité<br />

John Bold 11<br />

Problèmes d'étude et de documentation en architecture rurale<br />

Inventaire du patrimoine en Belgique et principalement en Flandre<br />

Architecture rurale: densité, diversité et complexité<br />

Suzanne Van Aerschot 19<br />

Fichier et topographie des monuments<br />

Méthodes d'investigation de l'architecture rurale en Allemagne du Nord<br />

Walter Wulf 27<br />

L'inventaire général des monuments culturels de la Slovaquie - (IGM)<br />

Luboslav Skoviera 31<br />

L'inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> en Norvège<br />

SEFRAK - Méthode non sélective<br />

Gro Wester 35<br />

La protection des monuments historiques en Roumanie<br />

L'inventaire du patrimoine du village de Miçsunesti<br />

Ruxandra Nemteanu 41<br />

Inventaire d'un site de la plaine du Pô: problèmes méthodologiques<br />

Le projet SIRIS<br />

Fabio Poggi 47<br />

Problèmes d'étude et de documentation en architecture urbaine<br />

Inventaire Suisse d'Architecture 1850-1920 (INSA)<br />

Vingt ans d'expérience et l'an 2000<br />

Dr. Nott Caviezel 53<br />

Programme <strong>d'inventaire</strong> des monuments aux Pays-Bas (1850-1940), et<br />

mise en œuvre dans les quatre principales villes néerlandaises<br />

Marieke Kuipers 59


De l'étude des monuments historiques à l'analyse de l'environnement bâti<br />

Inventaire et documentation du patrimoine urbain et rural de Poméranie<br />

orientale (Pologne)<br />

Artur Kostarczyk 65<br />

Secteurs industriels en déclin: l'approche de la "Royal Commission<br />

on thé Historical Monuments <strong>of</strong> England"<br />

Nicholas Cooper 71<br />

Vienne, métropole du XIX e siècle: recherche de <strong>méthodes</strong><br />

d'investigation appropriées<br />

Andréas Lehne 75<br />

L'inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> urbain en France<br />

Service de l'Inventaire Général, de la Documentation et de la<br />

Protection<br />

Direction du <strong>Patrimoine</strong>. Ministère de la Culture<br />

Bernard Toulier 81<br />

Inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> de Toulouse (France)<br />

Annie Noé-Dufour 87<br />

Problèmes d'étude et de documentation en patrimoine industriel<br />

<strong>Patrimoine</strong> minier en <strong>Europe</strong>: l'élude et la documentation comme base<br />

d'un programme européen de conservation<br />

Rainer Slotta 91<br />

Critères de protection juridique des bâtiments industriels en Angleterre<br />

Martin Cherry 95<br />

Le repérage du patrimoine industriel en France: objectifs et méthode<br />

Claudine Cartier en collaboration avec P. Smith<br />

et C. Chaplain 99<br />

Méthodes <strong>d'inventaire</strong> du patrimoine industriel en Finlande cl<br />

exemples d'application pratique<br />

Erkki Hilrô 107<br />

Le patrimoine industriel de la Russie<br />

L'inventaire des monuments historiques<br />

Katya Shcrban III<br />

<strong>Patrimoine</strong> industriel aux Pays-Bas: les châteaux d'eau<br />

Peter Nijh<strong>of</strong> 113


Synthèses et débats sur les problèmes de méthode<br />

Rapport de synthèse: les <strong>méthodes</strong> d'enquête et de sélection<br />

Monique Chatenet 121<br />

Evolution de l'inventaire<br />

Nouvelles priorités et nouvelles approches<br />

Robin Thornes 125<br />

Rapport de synthèse sur l'informatique et les nouvelles technologies<br />

Simon Grant et Olivier Toche 129<br />

Normes communes et l'AAT<br />

Donald H. Sanders et Mary Prevo 137<br />

Séance de clôture<br />

Propositions pour une "fiche minimum européenne" de données<br />

documentaires sur le patrimoine <strong>architectural</strong><br />

Annexes<br />

Introduction<br />

Jean-Marie Vincent 147<br />

Intervention de Daniel Thérond 147<br />

Intervention de Mme Maria-Luisa Polichetti 149<br />

Eléments pour une fiche minimum de données documentaires<br />

Résumé et propositions<br />

John Bold 151<br />

Adoption de la "fiche minimum" de données documentaires 155<br />

Conclusion du Colloque<br />

Christian Dupavillon 157<br />

Annexe I Programme du Colloque 163<br />

Annexe II "Fiche minimum" de données documentaires sur le patrimoine<br />

<strong>architectural</strong><br />

Projet élaboré par le groupe de spécialistes du Conseil<br />

de l'<strong>Europe</strong> 169<br />

Annexe III Liste des participants 173


INTRODUCTION<br />

A la suite de la Table Ronde réunie à Londres en 1989 sur "les nouvelles<br />

technologies du patrimoine <strong>architectural</strong> en matière de documentation", le Conseil de<br />

l'<strong>Europe</strong>, a organisé avec la Direction du <strong>Patrimoine</strong> de la France, le Colloque de<br />

Nantes qui s'inscrit ainsi dans la série de travaux que cette organisation a entrepris pour<br />

assurer une coordination des <strong>méthodes</strong> et des systèmes de documentation sur le<br />

patrimoine <strong>architectural</strong>.<br />

La rencontre de Nantes a eu pour objectif d'établir les moyens concrets d'une<br />

coopération entre les centres européens de documentation sur le patrimoine et préparer<br />

l'établissement de normes communes à partir de la comparaison des <strong>méthodes</strong><br />

<strong>d'inventaire</strong>s utilisées dans les différents pays.<br />

Au cours des travaux centrés successivement sur les problèmes que posent l'étude<br />

et la documentation du patrimoine et plus précisément des "ensembles" bâtis dans les<br />

domaines de l'architecture rurale, urbaine et industrielle, les intervenants devaient traiter<br />

des points suivants:<br />

Quels sont les objectifs poursuivis par les enquêtes: protection, conservation,<br />

connaissance pure?<br />

Quelles sont les techniques d'enquête, comment sont choisis et étudiés les édifices<br />

qui appartiennent à des ensembles, des "familles", des séries?<br />

Comment sont enregistrées les données documentaires? (contenu, structure,<br />

vocabulaire des grilles de saisie)?<br />

L'informatique intervient-elle, comment est-elle utilisée? D'autres technologies de<br />

traitement de l'image ou du texte sont-elles mises en œuvre?<br />

Quels sont les résultats obtenus?<br />

A l'issue des travaux, le colloque a permis de recueillir l'accord des participants<br />

plus de 150 de 24 pays européens - sur une fiche minimum d'échange de données<br />

documentaires dont le projet avait été élaboré par un groupe de spécialistes du Conseil<br />

de l'<strong>Europe</strong> (cf. annexe II).<br />

Cette fiche servira de base à une Recommandation adressée aux gouvernements<br />

des Etats membres sur la coordination des <strong>méthodes</strong> et systèmes de documentation en<br />

<strong>Europe</strong>.<br />

La présente publication réunit les contributions présentées au colloque ainsi que<br />

les conclusions des travaux.


OUVERTURE DU COLLOQUE


Documentation sur le patrimoine <strong>architectural</strong> européen<br />

Rapport d'activité<br />

John Bold<br />

Ce colloque tire son origine de la Convention de Grenade, signée en 1985, pour<br />

la sauvegarde du patrimoine <strong>architectural</strong> de l'<strong>Europe</strong> - et en particulier de ses<br />

Articles 2 et 17 qui portent sur les problèmes <strong>d'inventaire</strong> et de documentation dans ce<br />

domaine. Depuis 1985, on a assisté au développement de nouvelles technologies face<br />

à des contraintes économiques de plus en plus lourdes et la situation politique s'est<br />

modifiée au-delà de toutes les prévisions. Mais la nécessité d'analyser, de comprendre,<br />

de protéger et de conserver l'ensemble de notre patrimoine <strong>architectural</strong> n'a pas varié,<br />

et, de la même manière, l'esprit de coopération, sus-cité et encouragé par le Conseil de<br />

l'<strong>Europe</strong>, a toujours animé avec la même force toutes les initiatives européennes en vue<br />

de trouver des solutions applicables à nos problèmes communs.<br />

Sous l'égide du Comité du <strong>Patrimoine</strong> Culturel du Conseil de l'<strong>Europe</strong>, des<br />

réunions de spécialistes ont eu lieu régulièrement afin de réfléchir à la définition et à<br />

l'application de ces solutions d'ensemble. A cette occasion, j'aimerais rendre hommage<br />

aux efforts constants de tous les groupes de travail, aux membres plus ou moins<br />

nombreux. En effet, le présent exposé s'est nourri de manière substantielle des travaux<br />

non seulement de mes collègues de la Commission Royale britannique (Simon Grant<br />

et Robin Thornes) et des spécialistes suédois et néerlandais, mais aussi de nos collègues<br />

et hôtes de l'Inventaire Général, qui m'ont fait l'honneur de me demander de présenter<br />

le thème de cette réunion. L'insulaire que je suis se félicite de cette occasion de<br />

réaffirmer les capacités et la force de la coopération européenne.<br />

A l'intention de tous ceux qui n'ont pas été aussi étroitement associés à ces<br />

travaux, je présente ici un résumé des progrès effectués dans le domaine qui nous<br />

intéresse, et je me permets de rappeler également les objectifs et les ambitions de ce<br />

Colloque.<br />

Une Table Ronde a eu lieu à Londres en 1989, afin d'étudier la tâche des centres<br />

d'information sur le patrimoine <strong>architectural</strong>, les moyens d'améliorer leur coopération,<br />

et les nouvelles technologies disponibles pour l'avancement de leurs travaux. Les<br />

participants étaient parvenus à un accord sur cinq recommandations - lesquelles furent<br />

ensuite, sur la base des commentaires reçus, révisées par le groupe d'experts du Conseil<br />

de l'<strong>Europe</strong>. Fondamentalement, ces recommandations étaient les suivantes:<br />

1. Le développement de la coopération en vue de l'échange d'informations constitue<br />

une priorité pour améliorer la gestion et la compréhension du patrimoine<br />

<strong>architectural</strong>. Cette coopération doit être encouragée par la publication d'un<br />

inventaire détaillé des centres de documentation et la définition des besoins des<br />

utilisateurs de ce type d'informations.<br />

11


2. II convient de définir les normes relatives à l'établissement d'une "fiche<br />

minimum" de données documentaires, et les spécifications techniques permettant<br />

la communication de ces données. Pour ce faire, il faut déterminer la nature des<br />

données nécessaires au recensement de tous les édifices présentant un intérêt<br />

historique ou <strong>architectural</strong>; ce travail doit être effectué dans chaque Etat ou<br />

institution dans un but d'avancement et de progrès; il conviendra également de<br />

définir les moyens d'harmoniser ces données, et, enfin, de fixer des normes en<br />

vue de l'informatisation des données.<br />

3. Des projets-modèles, à base thématique ou géographique, doivent être mis en<br />

œuvre, afin de tester la viabilité de <strong>méthodes</strong> communes de catalogage, de<br />

classification et de diffusion de l'information sur le patrimoine. L'idée a été émise<br />

que des groupes de travail internationaux seraient à même de déterminer les<br />

besoins communs en matière de traitement de l'image, de création de systèmes<br />

d'information géographiques, etc.<br />

4. Il convient de désigner les centres de documentation <strong>architectural</strong>e les plus à<br />

même de coordonner et de mettre en oeuvre ce programme, de les charger de<br />

définir l'ensemble des données nécessaires au niveau national, d'effectuer des<br />

études-pilotes, etc.<br />

5. Les autorités chargées de ces questions doivent prendre en considération la<br />

nécessité de coordonner tous les éléments documentaires sur les édifices et sites<br />

les plus importants sur le plan historique, et ce, en poursuivant la politique<br />

<strong>d'inventaire</strong> de ces sites et édifices - en particulier de ceux menacés par la<br />

promotion immobilière. Ces autorités doivent également envisager de mettre en<br />

place des banques de données contenant des informations structurées sur les<br />

édifices et les sites, et de définir des <strong>méthodes</strong> de classification et d'interrogation<br />

communes à ces deux catégories de patrimoine.<br />

Ces recommandations révisées ont constitué une première tentative de définition<br />

d'un programme, ainsi que la base de travaux ultérieurs. Notre espoir est de pouvoir les<br />

réviser de nouveau, à la lumière d'expérience et d'une consultation plus large, afin de<br />

présenter aux ministres des propositions susceptibles d'être acceptées.<br />

En l'occurrence, la quatrième de ces recommandations relève peut-être davantage<br />

du vœu pieux que de la suggestion pratique. Etant donné qu'il existe en <strong>Europe</strong><br />

énormément d'organisations ayant des objectifs et des responsabilités différents, il est<br />

très désobligeant d'affirmer que, dans chaque Etat, il ne doit y avoir qu'un seul centre<br />

important pour mettre eu œuvre le programme de coopération. Ce qui ne nous empêche<br />

pas de préconiser l'existence d'un organisme de coordination, chargé de recueillir les<br />

opinions et de diffuser les informations î> l'intérieur de chaque Etat. Si l'on considère<br />

la recommandation 1 - ponant sur la coopération - comme un axiome de base, ce sont<br />

les recommandations 2, 3 et 5 - celles relatives a la fiche minimum de données, aux<br />

projets-modèles ci h la coordination de la documentation sur les sites ci édifices<br />

historiques - qui sont les plus porteuses d'un potentiel de progrès et de propositions.<br />

12


Pour les reprendre dans l'ordre, le problème de la Fiche minimum apparaît comme<br />

fondamental dans le cadre de ce Colloque. En l'occurrence, il a été proposé que les<br />

centres de documentation disposent d'un minimum d'informations sur chaque édifice<br />

qui y est répertorié - et ce, indépendamment de l'importance de la documentation<br />

globale et des objectifs du centre en question -, afin de faciliter l'utilisation générale des<br />

données détenues par chaque Etat membre du Conseil de l'<strong>Europe</strong>. Nous vous avons<br />

soumis à l'avance une liste de rubriques concernant chaque édifice recensé: nom de<br />

l'édifice, localisation, fonction, date de construction, personnes et institutions associées,<br />

matériaux de construction, état de conservation et protection. A cette liste, il convient<br />

d'ajouter la date à laquelle ces informations ont été réunies. Certains les jugeront<br />

limitées. Mais c'était précisément notre intention: les fiches minimum de données ne<br />

peuvent pas être exhaustives, dans la mesure où elles représentent, au sens<br />

mathématique du terme, le plus petit commun dénominateur des édifices en question.<br />

Chaque pays et chaque institution aura des besoins supplémentaires par rapport à ce<br />

schéma général, mais la fiche minimum est la base indispensable de toute information<br />

dépassant le niveau purement national ou régional. On ne doit pas rechercher la vérité<br />

absolue ou la réponse aux problèmes les plus complexes dans ces données minimum;<br />

mais celles-ci fourniront aisément la réponse à des questions telles que "Combien de<br />

fermes du XVIII e siècle (recensées) existe-t-il dans telle ou telle région, et combien<br />

d'entrés elles sont protégées?", "A quelles gares (recensées) Robert Stephenson peut-il<br />

être associé, et quelles sont leurs fonctions et dates de construction?", ou encore,<br />

"Quelles traces reste-t-il des maisons conçues par Robert de Cotte?". Les questions plus<br />

complexes se rapporteront spécifiquement à un pays donné, à une certaine période<br />

historique, à un architecte ou un type d'édifice précis, si bien qu'il nous semble<br />

extrêmement difficile - et même inutile - de tenter de dresser des listes plus détaillées<br />

pouvant s'appliquer à tous les cas possibles. Au-delà du minimum exigible, on ne peut<br />

aisément faire coïncider les besoins d'information de personnes associées aux<br />

cathédrales et d'autres responsables du sort des usines textiles, par exemple. Il est de<br />

loin préférable de restreindre le champ d'investigation à partir d'une question générale,<br />

pour un sujet donné, et en fonction de l'existence d'archives et de leur accessibilité, on<br />

peut alors soumettre des questions de détail au centre de documentation.<br />

Des systèmes conçus pour des applications générales, il ne faut pas attendre de<br />

réponses à tous nos besoins d'information - très divers, que ce soit au niveau de la<br />

recherche ou de l'information destinée au grand public. A partir d'un certain stade, le<br />

chercheur doit avoir recours aux <strong>méthodes</strong> d'enquête traditionnelles - visite de l'édifice,<br />

consultation de documents photographiques ou écrits, isolement (éventuellement avec<br />

une serviette chaude et une bouteille de cognac !) pour mieux réfléchir aux éléments<br />

disponibles, avant de retourner sur le terrain pour poser de nouvelles questions, plus<br />

précises, et recueillir de nouvelles données. Nous nous permettrons de souligner<br />

également qu'à l'heure actuelle, alors que tout un chacun assène des vérités absolues,<br />

et qu'on croit, de manière presque irrationnelle, pouvoir aller jusqu'au bout des choses,<br />

en réalité nul n'a réponse à toutes les questions.<br />

Nous envisageons cette notion de "fiche minimum de données" dans le contexte<br />

du recensement des patrimoines rural, urbain et industriel, qui, tous, suscitent de vives<br />

inquiétudes, car ils sont grandement et quotidiennement menacés par la promotion<br />

13


immobilière, l'usure et les négligences. Par le biais d'un questionnaire du Conseil de<br />

l'<strong>Europe</strong>, diffusé l'an dernier, nous avons déjà tenté de dresser une liste des institutions<br />

détenant le type de données documentaires proposées comme "minimum". Dans<br />

l'ensemble, les réactions à ce questionnaire ont été satisfaisantes, et les résultats en ont<br />

déjà été diffusés. 78 institutions appartenant à 26 Etats ont décrit 137 types <strong>d'inventaire</strong>s<br />

des monuments et sites, depuis la préhistoire jusqu'à nos jours. L'une des questions<br />

ayant donné lieu à un large éventail de réponses est celle des critères de recensement<br />

des édifices: dans 70 % des cas, le critère est celui de l'importance <strong>architectural</strong>e et<br />

historique, tandis que 40 % des édifices sont recensés en fonction des menaces qui<br />

pèsent sur eux, et 38 %, en fonction de leur localisation. Si l'on atteint, au total, plus<br />

de 100 %, c'est que ces points de vue ne s'excluent pas forcément les uns les autres:<br />

certaines institutions, en effet, peuvent utiliser tout à la fois les trois types de critères<br />

mentionnés; mais cette diversité met en lumière des différences - <strong>of</strong>ficielles ou<br />

<strong>of</strong>ficieuses - qui reflètent les impératifs nationaux de chaque Etat. En revanche, les<br />

réponses concernant la "fiche minimum de données" forment un ensemble plus cohérent:<br />

70 % des institutions ont déjà recours à la plupart des éléments d'information définis<br />

comme "minimum". La question fondamentale qu'il faut se poser est celle de savoir si<br />

ces 70 % constituent une base suffisante pour recommander à l'ensemble des centres<br />

de documentation d'inclure ces données minimum dans un système global - national et<br />

international - de consultation et d'échange.<br />

Nous devons aussi nous demander dans quelle mesure il convient de recommander<br />

l'utilisation de certaines spécifications techniques dans le domaine informatique -<br />

matériel et logiciel - en vue d'améliorer la compilation et la diffusion de l'information,<br />

ou, dans quelle mesure également, étant donné que tous les systèmes deviennent de plus<br />

en plus compatibles, nous devons nous contenter de recommander un certain nombre<br />

de <strong>méthodes</strong> et de fonctions suffisantes pour permettre l'échange d'informations. Vu<br />

que, actuellement, moins de 35 % des institutions ont recours à des systèmes<br />

informatiques, il convient de se poser ces questions à ce moment précis - autrement dit,<br />

avant que de nouveaux systèmes ne soient élaborés. Nous devons également évoquer<br />

le problème du financement de la mise en œuvre de ces systèmes. Si l'on en arrive à<br />

la conclusion que chacune des institutions doit assurer seule ce financement globale<br />

(recouvrant l'analyse fonctionnelle, l'étude globale du système, sa mise en œuvre et son<br />

développement), certaines d'entrés elles risqueront d'Être désavantagées sur le plan<br />

financier. Faut-il alors proposer, dans ce domaine, une orientation centrale, et souhaiter<br />

un fonds également centralisé?<br />

Les questionnaires évoqués donnent des informations détaillées sur les institutions,<br />

les personnes à contacter, la portée et les objectifs des inventaires, ainsi que sur les<br />

<strong>méthodes</strong> pour y accéder. L'an prochain, le Conseil de l'<strong>Europe</strong> publiera un répertoire<br />

géographique, fournissant si possible un aperçu de la situation globale de chaque pays.<br />

Une mise à jour régulière de ce genre de répertoires s'impose, dans la mesure où les<br />

organes et les personnes responsables changent, de mGmc que les objectifs et les<br />

organismes de financement. Le nouveau répertoire du Conseil de l'<strong>Europe</strong> fournira les<br />

toutes dernières informations disponibles. Il devra Ctrc conçu de manière à pouvoir Cire<br />

constamment révisé, voire refondu.<br />

14


A partir du problème de la fiche minimum de données - élément principal du<br />

présent Colloque -, d'autres questions se poseront probablement. La Recommandation 3<br />

de la Table Ronde de Londres - concernant les projets-modèles - n'a progressé qu'assez<br />

lentement. Le projet de la Commission Royale et de l'Inventaire de créer un fonds<br />

d'images photographiques des vitraux n'a pas abouti, chaque organisation ayant dû faire<br />

face à des priorités nationales plus importantes. Cependant, l'Inventaire et l'Institut<br />

italien du Catalogue et de la Documentation (Istituto per Catalogo e la Documentazione)<br />

ont, avec le concours de la Commission Royale, entamé des travaux préliminaires en<br />

vue de la formulation d'une proposition commune en matière d'images, dans le cadre<br />

du programme Impact de la Communauté Européenne.<br />

Enfin, la Recommandation 5, concernant les sites et édifices historiques, pourrait<br />

être réexaminée et développée. En Grande-Bretagne, nous travaillons déjà à la création<br />

d'une base de données commune, qui contiendra des informations <strong>architectural</strong>es et<br />

archéologiques collectées selon les normes définies pour la "fiche minimum". Le<br />

Conseil de l'<strong>Europe</strong> se préoccupe également de déterminer les sujets d'intérêt communs<br />

à ses divers groupes de spécialistes. Nous devons tous reconnaître que la documentation<br />

sur le patrimoine <strong>architectural</strong> n'a pas de limites, pas plus qu'elle n'est, ou ne devrait<br />

être autonome. Elle a des effets sur de nombreuses autres sphères d'intérêt -<br />

l'archéologie, mais aussi des secteurs intéressant beaucoup les pays européens, tels que<br />

l'artisanat et les techniques de restauration ainsi que le patrimoine mobilier. Autant de<br />

domaines majeurs pour tous ceux qui s'intéressent à la compréhension et à la protection<br />

des témoignages du passé et à la documentation y relative. Toutefois, nous<br />

recommandons aux participants de se contenter de souligner l'importance et la<br />

complexité de tous ces domaines connexes. Ce sera déjà une gageure que de parvenir<br />

à des conclusions tenant compte des objectifs spécifiques des 78 institutions consultées<br />

jusqu'à présent. Nul besoin, donc, de trop élargir le champ de cette étude. Si nous<br />

souhaitons parvenir à des conclusions utiles, nous devons nous préoccuper<br />

essentiellement des aspects évoqués dans le programme, afin de parvenir à un accord<br />

sur des recommandations d'ordre pratique, dont l'une pourrait insister sur la nécessité<br />

de garder à l'esprit les liens qui unissent les différentes composantes du patrimoine -<br />

non seulement sur le plan conceptuel, mais aussi sous l'angle de la technologie de<br />

l'information, non seulement en <strong>Europe</strong>, mais aussi aux Etats-Unis et au Canada.<br />

Avant de conclure, je dirai que nous devons prendre de la hauteur et nous<br />

souvenir des motifs qui sous-tendent le programme de nos discussions. On ne saurait<br />

mieux dire que la Convention de Grenade: "Le patrimoine <strong>architectural</strong> est l'expression<br />

irremplaçable de la richesse et de la diversité du patrimoine culturel européen. Il est un<br />

précieux témoignage de notre passé et un patrimoine commun à tous les Européens".<br />

Cette Convention rappelait également "l'importance de la transmission aux générations<br />

à venir de tout un système de références culturelles, destiné à améliorer l'environnement<br />

rural et urbain et à encourager ainsi l'expansion économique, sociale et culturelle des<br />

régions et états en question". Il serait souhaitable que nous nous souvenions toujours de<br />

ce canevas plus large. Le concept de "patrimoine" s'est dévalorisé et a fait l'objet d'un<br />

usage abusif. ÏÏ a parfois des effets pernicieux sur le domaine culturel dans son<br />

ensemble; c'est cette idée de patrimoine qui, par exemple, pousse certains à jouer le<br />

Roi Lear en costumes victoriens; c'est elle qui, en contradiction totale avec la notion<br />

15


de fonctionnalité, amène certains à justifier l'installation de feux tricolores dans<br />

Régent Street, à Londres, sous forme de colonnes classiques; c'est elle encore qui, dans<br />

le climat ambiant de rejet de tout ce qui est contemporain, sert d'alibi pour préserver<br />

ou reconstruire à l'identique certaines façades - pourtant sans grand intérêt dans<br />

l'ensemble -, au lieu de concevoir une architecture complètement nouvelle et attrayante,<br />

n'imitant en rien les anciennes formes, mais totalement compatibles avec elles. Il n'est<br />

pas présomptueux de penser que nous avons un rôle à jouer dans la conception de<br />

l'environnement que nous allons transmettre aux générations futures. Nous devons<br />

contribuer à la compréhension de l'architecture du passé, afin de préparer des bases<br />

solides pour l'avenir. A vrai dire, ce processus de compréhension doit précéder tout<br />

effort de documentation dans ce domaine. 11 s'agit là d'un devoir que nous ne devons<br />

pas prendre à la légère. L'objet de la présente réunion est précisément d'organiser notre<br />

coopération et de formuler des recommandations.<br />

La route pourra sembler longue et semée d'obstacles. Nos progrès pourront<br />

paraître modestes. Mais l'escalade vers le Bien n'a jamais été chose facile. Soyons<br />

impatients de jouir de la vue qui s'<strong>of</strong>fre depuis le sommet.<br />

16


Problèmes d'étude et de documentation en architecture rurale<br />

Présidence: Maria-Luisa POLICHETTI


Inventaire du patrimoine en Belgique et principalement en Flandre.<br />

Introduction<br />

Architecture rurale: densité, diversité et complexité<br />

Suzanne Van Aerschot<br />

L'opération Inventaire de l'Architecture et sa publication, toujours en cours, a été<br />

entamée en 1965 à l'initiative de la Direction des Beaux-Arts et Lettres de l'unique<br />

Ministère de l'Education Nationale et de la Culture de l'époque. Cet inventaire recense<br />

sous forme sommaire les édifices d'intérêt archéologique, homérique ou artistique et<br />

s'attache en outre aux ensembles de valeur. Il déborde la liste des édifices classés sans<br />

prétendre l'exhaustivité. La limite chronologique se situe vers le second tiers du XIX e<br />

siècle sauf pour des exceptions de qualité. Il insiste plus que d'ordinaire sur les maisons<br />

et constructions rurales et civiles, moins connues que les églises et grands châteaux. La<br />

phase expérimentale (1965-1972), concrétisée par les publications bilingues des deux<br />

premiers arrondissements test de Louvain et Nivelles, s'est surtout basée sur l'approche<br />

visuelle, utilisant la bibliographie d'ailleurs assez limitée à l'époque, comme base<br />

d'information quant aux fonctions, chronologies... Toute consultation d'archives était<br />

exclue. Comme tel, l'inventaire devient un instrument de protection et de sensibilisation<br />

s'inscrivant dans la politique élaborée à ce moment par le Conseil de l'<strong>Europe</strong>.<br />

L'autonomie culturelle (1969) et la régionalisation ont entraîné la scission de<br />

l'équipe bilingue initiale. Il s'ensuivit une certaine différentiation due à la dissimilitude<br />

de structuration des Services du patrimoine; la Wallonie longtemps privée d'un Service<br />

a poursuivi "naturellement", sans interruption et changements notoires l'opération en<br />

cours.<br />

La publication en deux séries de présentation presque homogène se poursuit<br />

toujours pour l'entièreté du pays. Actuellement les institutions responsables sont:<br />

la Division des Monuments, Sites et Fouilles auprès de la Direction Générale de<br />

l'Aménagement du Territoire et du Logement du Ministère de la Région<br />

Wallonne;<br />

la Direction des Monuments et Sites (Bestuur Monumenten en Landschappen -<br />

BML) faisant partie de l'Administration de l'Aménagement du Territoire, de<br />

l'Environnement, du Logement et des Monuments (Administratie voor Ruimtelijke<br />

Ordening, Leefmilieu, Huisvesting en Monumenten - AROHM) auprès du<br />

Ministère de la Communauté flamande (Ministerie Vlaamse Gemeenschap), avec<br />

sous-directions dans chaque province;<br />

la Région de Bruxelles-Capitale.<br />

19


1. Méthodes d'enquête<br />

Les inventaires procèdent à l'étude systématique des arrondissements, subdivisions<br />

administratives de nos 9 provinces. Ces unités "topographiques" présentent souvent des<br />

diversités au niveau de la géographie et de l'histoire se traduisant forcément dans<br />

l'urbanisme et l'architecture de tout genre. Les villes historiques sont souvent traitées<br />

comme entités et découpées en Flandre en tranches historico-urbanistiques.<br />

Le repérage "global" incluant au même titre l'architecture urbaine, rurale et<br />

industrielle permet d'obtenir une image du contexte général, de dégager les grandes<br />

lignes de l'évolution historique urbanistique et <strong>architectural</strong>e et d'établir les relations<br />

sous-jacentes. La visite in situ, cartes topographiques et/ou cadastre à la main, s'impose<br />

toujours avec ratissage du terrain et analyse "archéologique" rapide de chaque<br />

construction "représentative" reprise. La "lecture" et l'analyse se sont bien sûr affinées,<br />

l'expérience et la mémoire visuelle aidant. La préparation accorde une attention<br />

grandissante à la cartographie ancienne permettant de capter l'évolution générale et<br />

particulière.<br />

Certaines différences existent au niveau de la sélection - désonnais plus large,<br />

"documentaire" et sans limites chronologiques en Flandre - et à celui des études<br />

complémentaires.<br />

Le mécanisme inventaire/propositions de classement conséculives. mis en route<br />

en Flandre au sein du Service des Monuments et Sites, à partir de 1975-1976, nécessite<br />

une base de documentation plus ample et des données précises pour une évaluation et<br />

des motivations "scientifiques" se référant au Décret sur la protection des monuments<br />

et ensembles urbains cl ruraux du 3 mars 1976: d'où le besoin de recherches "efficaces"<br />

dans les archives, consultations de sources iconographiques, analyse critique de sources<br />

orales.<br />

Le décret exclut toute limite chronologique dans ses définitions de "monuments"<br />

et "ensembles urbains et ruraux" et retient explicitement des valeurs d'intérêt général<br />

aux niveaux artistique, scientifique, historique, folklorique, socio-cullurel et à celui de<br />

l'archéologie industrielle. L'expansion du champ chronologique et l'extension<br />

typologique ont compliqué la tâche de "découvrir" dans la masse du milieu bâti les<br />

éléments de valeur d'un patrimoine culturel ainsi conçu.<br />

Les critères de sélection assez flexibles se sont établis sur une base théorique,<br />

nécessairement adaptée et corrigée de manière pragmatique. L'expérience grandissante<br />

de chaque équipe provinciale et les résultais de l'interaction entre le travail in situ et les<br />

études complémentaires ont largement animé le débat. Par ailleurs, un pré-inventaire<br />

incomplet, établi en Flandre par un nombre de comités locaux durant l'Année<br />

Européenne du <strong>Patrimoine</strong> 1975, avait attiré l'attention sur certaines formes<br />

d'architecture mineure et certains éléments du "mobilier" urbain ci rural, perçus comme<br />

patrimoine par la population inCmc. Cette documentation de qualité inégale a contribué<br />

a l'abandon de critères généraux. La diversité déjà entrevue montrait qu'il s'agirait de<br />

repérer en premier lieu les éléments significatifs aux niveaux local, régional...<br />

20


Tant l'unicité que l'appartenance à un type répété de manière uniforme ou<br />

diversifiée sont donc prises en compte. Le degré d'originalité de la construction et de<br />

l'environnement joue bien sûr un rôle important; certaines transformations marquantes<br />

peuvent néanmoins être retenues comme jalons de l'évolution de la construction et le<br />

cas échéant de l'histoire de l'environnement immédiat ou de toute la région. De même<br />

l'état de conservation des bâtisses influe sur le choix, encore que des témoins, même<br />

ruinés, de certains types seront repris à titre purement documentaire.<br />

2. Structure des données<br />

De part et d'autre, la structure des descriptions volontairement "télégraphiques",<br />

suit la fiche de visite. Les données reprises sont à peu près semblables, seul l'ordre<br />

diffère quelque peu.<br />

Fiches de visite<br />

Ces fiches doivent uniformiser les informations à noter sur place et structurer<br />

l'analyse. Ces "blocs" d'informations se présentent de la manière suivante en Flandre.<br />

Il est évident que les rubriques de la "fiche minimum" y figurent dûment.<br />

1. Identification "<strong>of</strong>ficielle" actuelle (adresse, numéro cadastral, classement...);<br />

2. Identification "historique" (nom/fonction/typologie + changements s'il y a lieu);<br />

3. Implantation ou relation spatiale avec le milieu bâti et éventuellement typologie<br />

en découlant;<br />

4. Volumétrie ou relation tridimensionnelle indiquée par le nombre de baies et<br />

niveaux (originaux/actuels) + la toiture et sa typologie particulière;<br />

5. Chronologie(s) proposée(s), style(s) éventuel(s) ou influence de style(s)...<br />

éventuelles datations, inscriptions... noms d'architectes, entrepreneurs ... cette<br />

rubrique intermédiaire résumant en fait les observations précédentes et suivantes;<br />

6. Matériaux: gros-œuvre/parachèvement/soubassement...<br />

7. Façade(s):<br />

7.1 Composition, ordonnance... reflétant, selon le cas, l'organisation spatiale<br />

intérieure<br />

7.2 Baies: position et typologie particulière des fenêtres et portes<br />

8. Transformations (fonctionnelles et formelles: matériaux, typologie... et<br />

chronologie éventuelle)<br />

9. Etat de conservation<br />

21


10. Première évaluation quant à l'importance de la construction en soi ou comme<br />

valeur d'accompagnement/ensemble<br />

11. Dépendances (cf. schéma au verso) et référence de la/ou aux fiche(s)<br />

complémentaire(s)<br />

12. Numéro(s) de négatif(s)<br />

Date d'enregistrement.<br />

Le verso de la fiche reste en principe vierge pour les schémas et annotations de<br />

tout genre, sources orales etc. + le cas échéant, des notes sur les éléments de l'intérieur,<br />

immeubles par destination (cheminées, escaliers... machines...).<br />

Ces fiches uniques s'utilisent pour tous les types de constructions, sauf pour les<br />

églises qui s'annotent sur des fiches appropriées avec rubriques pour les biens meubles,<br />

immeubles par destination, faisant partie de l'histoire de l'édifice.<br />

Le niveau de finesse et de précision des informations à publier dépendra à un<br />

certain point des études complémentaires et de la manière de les mettre en rapport avec<br />

les résultats de l'analyse in situ.<br />

En Flandre on accordera plus d'attention aux synthèses partant de la construction<br />

particulière à l'évolution de la rue, du hameau, de la commune. Les ensembles<br />

représentatifs, pour lesquels il n'existe pas de fiche spéciale, seront reportés sur cartes<br />

avec un système de symboles indiquant les fonctions et époques.<br />

Les introductions générales de chaque volume seront plus exhaustives, examinant<br />

tour à tour les aspects paysagers, historiques, urbanistiqucs et architecturaux - selon les<br />

typologies de manière à dégager les relations inhérentes et à promouvoir une lecture<br />

appr<strong>of</strong>ondie de la région.<br />

Le registre des architectes et restaurateurs ainsi qu'une bibliographie fournie,<br />

peuvent orienter des recherches scientifiques plus suivies, fournir des sujets de thèses.<br />

La publication largement illustrée de la documentation de base ainsi réunie constitue une<br />

forme de conservation "minimale" pour tous les bâtiments repris, puisque du moins leur<br />

image et leurs données spécifiques passeront aux générations futures - d'où l'importance<br />

du registre photographique in fine reprenant tous les éléments inventoriés -.<br />

3. Documentation<br />

Faute de personnel la documentation n'est pas analysée, systématisée, reprise sur<br />

ordinateur, etc. Le classement reste purement alphabétique, topographiquc, chaque<br />

dossier comprenant la fiche de visite + la documentation complémentaire. L'ensemble,<br />

par province, est accessible aux chercheurs, architectes, propriétaires et étudiants.<br />

En Flandre, l'introduction de l'informatique pour l'cntièrcté de l'inventaire est<br />

prévue à long terme. En ce moment il s'agit d'abord d'engranger les données<br />

22


scientifiques et administratives pour les quelque 5 000 monuments classés en s'alignant<br />

le plus possible sur le système mis au moins par l'Institut Royal du <strong>Patrimoine</strong><br />

Artistique pour sa documentation photographique. La "fiche minimum" pourrait<br />

naturellement s'y rattacher. La région wallonne envisagerait uniquement<br />

l'informatisation des dossiers administratifs de ses classements.<br />

Perspectives<br />

Terminer la publication des deux séries reste l'objectif prioritaire: c'est la première<br />

fois en effet qu'une telle opération se mène de manière systématique et continue pour<br />

toute la Belgique.<br />

"Le patrimoine monumental de la Belgique, Wallonie", compte jusqu'à présent<br />

16 volumes en 26 tomes. La Région wallonne a recruté 15 contractuels afin de terminer<br />

les 7 arrondissements en 14 tomes pour la fin de 1994.<br />

La série de la Communauté flamande, dont le titre différent dès l'origine, réfère de<br />

manière plus générale au patrimoine <strong>architectural</strong> et à l'évolution du milieu bâti, compte<br />

actuellement 15 tomes en 32 volumes.<br />

La fin des travaux est plus difficile à déterminer vu la réduction de certaines<br />

équipes et l'accroissement des préparations ou actualisations de dossiers de classement.<br />

Il reste 15 arrondissements à entamer, plus la ville de Bruges qui devra forcément<br />

s'élaborer selon les "tranches" adoptées pour Anvers et Gand.<br />

Le Ministre responsable actuel a par ailleurs manifesté une volonté nette et ferme<br />

de terminer l'opération et d'entamer immédiatement une actualisation probablement<br />

informatisée et d'ordre typologique.<br />

La région Bruxelles-Capitale prend maintenant à charge la poursuite de la<br />

publication de l'inventaire du Centre Historique élaboré précédemment par les deux<br />

communautés; elle se veut également de coordonner toutes les initiatives en son<br />

territoire et de mettre au point son système de protection légale par "inscription à<br />

l'inventaire".<br />

La communauté de langue allemande assure la traduction de l'inventaire de son<br />

terroir déjà publié en français et la publie en une série de fascicules portant sur chaque<br />

commune fusionnée, tout en maintenant la présentation "nationale".<br />

En ce qui concerne l'architecture rurale, la méthode d'investigation de l'inventaire<br />

en Flandre contribue à la découverte réelle du patrimoine rural et à la mise en évidence<br />

de ses composantes diverses et de leurs caractéristiques spatiales et <strong>architectural</strong>es.<br />

La série ne comprend que peu de tomes "ruraux", la plupart présentant également<br />

des villes historiques de moyenne importance qui apparaissent plus ou moins tous les<br />

25 km, soit une journée de marche dans le centre de l'<strong>Europe</strong> médiévale.<br />

23


La diversité et la complexité de l'architecture s'expliquent par une géologie et<br />

géographie variées et une histoire compliquée remontant à diverses époques de la<br />

préhistoire et de l'occupation romaine. L'inventaire archéologique en cours devrait y<br />

apporter plus de précisions.<br />

Les recherches sur le "contexte général" mettent en évidence:<br />

les relations entre le milieu urbain en rural, existant au niveau historique, socioéconomique<br />

et culturel et se manifestant dès lors dans le milieu bâti;<br />

les implantations particulières et regroupées, soit en hameaux ou en villages de<br />

formes variables et l'importance des réseaux de voies de communications routières<br />

et navigables;<br />

les composantes majeures telles que églises, châteaux, abbayes, fermes<br />

seigneuriales et/ou abbatiales, métairies... se rattachant davantage à l'architecture<br />

savante avec les décalages chronologiques que l'on sait;<br />

les composantes mineures telles que maisons villageoises de tout rang social avec<br />

les variantes voulues, représentant l'architecture du terroir liée plus que toute autre<br />

aux matériaux de construction locaux.<br />

Par ailleurs, l'inventaire peut contrôler, relativer et nuancer les typologies grosso<br />

modo établies au niveau de la morphologie des villages ou des fermes et maisons par<br />

exemple, et prendre en compte les zones de transition souvent ignorées et les évolutions<br />

liées c.a à la production agricole ou à l'industrialisation progressive. Toujours est-il que<br />

la "radiographie" actuelle montre les problèmes du monde rural, et leur différenciation<br />

selon la région étudiée, allant d'un statu quo relatif à une "urbanisation" massive ou la<br />

disparition quasi complète dans la zone d'extension portuaire d'Anvers par exemple. Les<br />

<strong>méthodes</strong> de protection devront davantage s'intégrer dans une politique générale<br />

d'aménagement du territoire: les premiers "paysages régionaux" prévoyant une gestion<br />

dynamique et concertée de l'architecture et de l'environnement s'avéront peut-être une<br />

bonne solution.<br />

Addendum<br />

Les données de l'inventaire de l'architecture rurale peuvent contribuer à:<br />

1. la .sensibilisation et vulgarisation, liées à des projets de tourisme culturel de haute<br />

qualité, comme ce sera le cas pour le projet Intcrrcg examinant, en collaboration<br />

avec l'inventaire du Nord-Pas-de-Calais, la zone transfrontalière du Wcsthock en<br />

Flandre. Ce travail débouchera sur une publication multilingue et des dérivés<br />

touristiques.<br />

2. L'élude scicniificmc<br />

La collection "Architecture rurale en Wallonie", entamée en 1984 et comportant<br />

actuellement II des 13 volumes prévus (fin 1994), traite la matière provenant<br />

24


parfois des inventaires selon les régions paysagères et agricoles et tente de<br />

recomposer le cadre de vie des agriculteurs, principalement des XVIII e et XIX e<br />

siècles. La recherche est menée par le "Centre d'Histoire et de l'Architecture et du<br />

Bâtiment" de l'Université de Louvain-la-Neuve.<br />

Indépendamment, la série <strong>d'inventaire</strong>s scientifiques, éditée par la Flandre<br />

occidentale, comporte des études appr<strong>of</strong>ondies sur des régions ou typologies, tels le<br />

tome 4 sur la Région du Zwin (1970) et le tome 8 sur les Moulins de la province<br />

(1984); le tome 11, en préparation, étudiera le colombage régional.<br />

25


Fichier et topographie des monuments<br />

Méthodes d'investigation de l'architecture rurale<br />

en Allemagne du Nord<br />

Walter Wulf<br />

La Basse-Saxe englobe tout le nord-ouest de la République fédérale d'Allemagne<br />

de la frontière des Pays-Bas à l'ouest, et des côtes de la Mer du Nord et de l'Elbe au<br />

nord, pratiquement jusqu'au centre du territoire allemand.<br />

Dans cette région, les paysages sont très variés. Le long des côtes et des rivières,<br />

on trouve essentiellement de grandes étendues marécageuses, qui deviennent ensuite des<br />

landes, pour la plupart cultivées. Le centre de la région se caractérise plutôt par des<br />

terres très fertiles et quelques reliefs montagneux. Des terres de culture intensive<br />

alternent avec de vastes forêts. Au total, même si l'on trouve de nombreux sites<br />

industriels et agglomérations urbaines, cette région est essentiellement agricole, rurale,<br />

et caractérisée par une architecture contemporaine.<br />

En accord avec ce paysage et ses différentes formes, la topographie des lieux est<br />

très variée, ainsi que la typologie des fermes. On constate par exemple un contraste total<br />

entre des édifices en bois d'une part et des bâtiments en brique, de l'autre.<br />

On a mis longtemps à reconnaître la valeur de témoignage des paysages et de leurs<br />

nombreux éléments architecturaux anonymes - en dépit - ou peut-être justement, à<br />

cause - de leur omniprésence dans notre vie quotidienne. De ce fait, ces paysages et<br />

édifices nous semblaient banals, purement et simplement fonctionnels. Seuls ceux qui<br />

semblaient avoir une certaine importance et une conception artistique sont sortis du lot,<br />

ou devenus des objets d'intérêt scientifique. Par conséquent, si certains paysages et<br />

bâtiments ont fait l'objet d'études documentées, la grande majorité est restée totalement<br />

inconnue, et leur importance en termes d'interprétation scientifique n'avait pas été<br />

reconnue.<br />

Depuis le début des années 60, l'évolution technique et économique de la société<br />

a abouti à la disparition d'une grande partie de l'architecture rurale: en effet, en devant<br />

s'adapter, fermes et étables ont perdu leur caractère original ou subi des dommages<br />

irréversibles.<br />

Puis, au début des années 70, la législation a imposé le recensement des objets à<br />

protéger - ce qui a conduit à un inventaire systématique de l'architecture rurale.<br />

Vers le milieu des années 70, une technique d'enquête particulière a été élaborée<br />

en Basse-Saxe pour répondre à ce défi. Le projet, baptisé "Niedersa'chsische<br />

Denkmalkartei" (Recensement des monuments), consiste à la fois en une méthode et en<br />

un appareil administratif de recensement des monuments.<br />

27


Sur le plan de la méthode, quelques principes ont été posés, constituant des<br />

exigences de base. En premier lieu, on a reconnu l'impossibilité de parvenir, à tel ou<br />

tel moment, à une connaissance exhaustive des monuments. Par voie de conséquence,<br />

les enquêtes et études sont, dans ce domaine, un travail permanent, apportant chaque<br />

jour de nouvelles données et une nouvelle vision. Le système de documentation doit<br />

donc être ouvert et suffisamment souple (comme l'est le Service de recensement des<br />

monuments) pour absorber constamment ces nouvelles données. Je précise qu'il était<br />

hors de question, à l'époque, de recourir à l'informatique. Par ailleurs, en fonction des<br />

demandes d'étude topographique de telle ou telle région, tout inventaire des monuments<br />

devait apprécier et classer le patrimoine <strong>architectural</strong> rural sous ses différentes formes<br />

et dans sa globalité - c'est-à-dire en tenant compte d'un contexte général complexe, où<br />

chaque monument fait partie d'un ensemble et se trouve en interaction avec<br />

l'environnement créé par l'homme, les petites villes, les villages et les habitations<br />

éparses.<br />

Etant donné toutes ces exigences d'ordre pratique, la méthode se devait de<br />

déboucher sur<br />

des données et des arguments fondamentaux pour l'établissement d'une liste des<br />

monuments à sauvegarder<br />

une connaissance de l'aspect pratique de la conservation<br />

des données permettant d'accéder à une documentation plus avancée, telle que la<br />

"Denkmaltopographie" (Topographie des monuments), ou encore le "Gropinventar"<br />

(méthode <strong>d'inventaire</strong> scientifique très élaborée utilisée en Allemagne).<br />

Pour l'application pratique de cette méthode, sur le terrain les membres de<br />

('"Institut fur Denkmalpfiegc", et, de manière plus indirecte, la presse régionale,<br />

devaient avant tout informer le grand public et les collectivités locales. A cette phase<br />

d'information devait succéder une visite des lieux mêmes (villages, hameaux, fermes,<br />

etc). Cette "inspection" couvre l'ensemble de la région, en se fondant sur des cartes à<br />

l'échelle d'I/5 000 e . Tout objet est étudié; les objets présentant le plus d'intérêt sont à<br />

la fois décrits sur le papier et photographiés. Les relations complexes pouvant être<br />

observées dans les ensembles agricoles sont également étudiées et documentées.<br />

Parallèlement à cette activité, on a également recours J> l'interview d'historiens et<br />

d'experts régionaux; tout document, carte ou photo présentant un intérêt historique est<br />

recherché dans la littérature cl les archives locales, puis classé dans le dossier,<br />

éventuellement avec photos à l'appui.<br />

Les résultats de ces recherches et ceux des études sur le terrain sont rassemblés,<br />

puis de nouveau analysés et appréciés en fonction des éléments suivants:<br />

topographie et histoire régionale<br />

typologie des ensembles humains<br />

typologie des exploitations agricoles<br />

28


typologie des édifices (comprenant notamment une information sur les matériaux,<br />

les détails architecturaux, la construction, les inscriptions, les abords (jardins,<br />

arbres, etc.)<br />

état matériel des objets<br />

statut social des habitants.<br />

Toutes ces informations sont fichées et classées dans des dossiers. De plus, une<br />

carte chronologique des monuments fournit des données sur l'évolution et la<br />

transformation des villages. Ces connaissances "concentrées" et classées constituent le<br />

cœur du recensement des monuments. Et elles peuvent être actualisées par de nouvelles<br />

données, comme nous l'avons déjà souligné. Dans certains domaines, ce recensement<br />

respecte des normes précises: pour la taille, la norme DIN A4, les photos étant au<br />

format de 7 cm sur 10. Les données concernant les objets fournissent par principe un<br />

ensemble d'informations précises sur la localisation telles que l'adresse exacte, le<br />

numéro d'identification du registre local, etc. La description des monuments respecte<br />

une certaine forme: elle est brève, rédigée en style télégraphique, au moyen de mots<br />

appartenant à une terminologie de base. A ce jour, ce recensement n'est que<br />

partiellement informatisé (environ 5 800 objets); mais l'informatisation totale est prévue.<br />

Actuellement, la banque de données automatiques de l'"Institut fur Denkmalpflege" n'en<br />

a pas encore les moyens, mais elle y travaille.<br />

Pour le moment, cette banque de données gère exclusivement la liste des<br />

monuments protégés - soit environ 80 000 objets à l'intérieur et à l'extérieur de<br />

l'Institut. Elle correspond essentiellement avec les collectivités locales, qui sont<br />

directement chargées des tâches pratiques de protection des monuments.<br />

Tout est centralisé au siège de l'"Institut fur Denkmalpflege", à Hanovre. Y ont<br />

accès non seulement les employés du recensement, mais aussi le public, pour satisfaire<br />

les intérêts administratifs, scientifiques ou même purement privés.<br />

La méthode du "Niedersachsische Denkmalkartei" est fondée sur une recherche<br />

analytique directement axée sur les divers aspects de l'objet étudié. La Topologie des<br />

monuments met au service du public les données réunies par le recensement. Elle<br />

s'efforce d'apporter des commentaires sur l'histoire, la qualité et l'importance de chaque<br />

monument et du site où il se trouve - il s'agit là d'une appréciation non seulement<br />

intrinsèque du monument, mais aussi de ses rapports avec sa situation géographique^ ses<br />

origines historiques, les autres monuments et leur environnement.<br />

Autrement dit, les services de topographie ajoutent des photos actuelles à la<br />

description du monument, à sa localisation cartographique et aux illustrations<br />

historiques. Leurs publications présentent essentiellement les monuments tels qu'ils<br />

existent aujourd'hui, leur importance dans le paysage global, ou encore dans le site<br />

villageois ou l'ensemble de l'exploitation agricole. Il n'y est donné aucune information<br />

sur les biens mobiliers.<br />

29


En résumé, la synthèse des données concernant un monument est tout aussi<br />

importante que les résultats de l'étude analytique (et qui peut se suffire à elle-même)<br />

pour vérifier la valeur du monument en question en tant que témoignage de notre passé<br />

culturel.<br />

A ce jour, 10 volumes ont été publiés, et un onzième sera disponible à la fin de<br />

l'année. Parallèlement aux études sur le terrain, nous espérons être en mesure d'établir<br />

deux topographies complètes tous les trois ans. Effort qui dira l'importance des objets<br />

de la vie quotidienne d'autrefois et contribuera à une plus grande ouverture d'esprit<br />

dans le domaine de la préservation du patrimoine <strong>architectural</strong> rural.<br />

30


L'inventaire général des monuments culturels<br />

de la Slovaquie - (IGM)<br />

Luboslav Skoviera<br />

C'est l'institut slovaque de la protection des monuments de Bratislava qui est<br />

chargé de l'IGM en Slovaquie. Cet institut a été fondé en 1951. L'exploration<br />

élémentaire du patrimoine sur le terrain a été effectuée dans les années 1953-1960: les<br />

explorations complémentaires dans les années 1960-1969.<br />

Ce recensement des monuments a été fait avec l'aide des agents de l'institut<br />

(environ quarante personnes). Des recherches complémentaires et particulières ont été<br />

menées avec la collaboration d'instituts scientifiques et d'écoles supérieures. Au début<br />

les travaux étaient effectués sans l'utilisation de vocabulaire terminologique ou de<br />

notions approuvées, mais cela changea par la suite. Pour le recensement du patrimoine<br />

rural des fiches de l'enquête spéciale avec possibilités fixes, ont été utilisées.<br />

La Liste des monuments en Slovaquie, était le résultat de l'enquête qui a été<br />

publiée en trois tomes par localités en ordre alphabétique en 1967-1969. Le tome IV a<br />

été publié en 1978. Il contient des photographies de monuments les plus importants et<br />

il synthétise des données de trois premiers tomes. La Liste des monuments contient<br />

environ 30 000 unités inscrites. Les matériaux originaux qui ont été acquis grâce à cette<br />

exploration font partie de la documentation telle que le fonds "Z".<br />

Développement de l'IGM<br />

La loi du Conseil national slovaque sur les monuments culturels N° 7/1958<br />

permettait, comme en France, de protéger deux catégories de monuments, et de créer<br />

des inventaires d'Etat. Ils s'appliquaient à quatre régions: Bratislava, Slovaquie de l'est,<br />

Slovaquie centrale, Slovaquie occidentale.<br />

1. La première catégorie concerne des monuments inscrits sur la Liste des monuments<br />

(comme en France).<br />

2. La deuxième catégorie concerne des monuments inscrits à l'Inventaire d'Etat (en<br />

France il s'agit des monuments classés).<br />

Les monuments inscrits à l'Inventaire d'Etat étaient protégés plus fortement que<br />

ceux inscrits sur la Liste des monuments.<br />

On choisissait les monuments inscrits aux Inventaires d'Etat d'après la loi<br />

(N° 7/1958) et les critères valables en ce temps-là (environ 8 000 documents).<br />

31


En 1987 le Conseil national slovaque a adopté la nouvelle loi sur la sauvegarde des<br />

monuments N° 27/1987 qui est toujours en vigueur. Cette loi a créé la base légale de<br />

la constitution de l'IGM en Slovaquie, qui a été fondée en 1988.<br />

La loi N° 27 ne connaît qu'une catégorie de monuments protégés - les monuments<br />

inscrits à l'Inventaire général (en France, "classés). Cette loi ne protège pas les<br />

monuments inscrits sur la Liste. Dans l'IGM ont été inscrits d'après la loi:<br />

1. Tous les monuments inscrits auparavant dans l'Inventaire d'Etat.<br />

2. Tous les biens que le ministère de la culture a déclarés monuments.<br />

La liste des monuments et les quatre Inventaires d'Etat régionaux servaient de<br />

sources à la création de l'IGM. Les monuments de l'Inventaire d'Etat ont été inscrits<br />

directement, mais les objets de la Liste devaient passer par une procédure d'approbation<br />

pour être déclarés monuments.<br />

La procédure d'approbation consiste en 5 points:<br />

1. La proposition pour déclarer un bien comme monument peut être faite par le<br />

citoyen en relation avec l'objet, une organisation ou par l'administration<br />

compétente.<br />

2. Une organisation pr<strong>of</strong>essionnelle doit donner un avis spécialisé - la proposition<br />

pr<strong>of</strong>essionnelle.<br />

3. L'administrateur de l'IGM prévient le propriétaire au sujet de la proposition ainsi<br />

que l'administration compétente du territoire.<br />

4. Les propositions de l'organisation pr<strong>of</strong>essionnelle, du propriétaire et de<br />

l'administration compétente du territoire forment la base de la décision du ministère<br />

de la culture pour déclarer un bien comme monument ou refuser la proposition.<br />

5. L'administrateur de l'IGM inscrit les monuments après la proclamation sur l'IGM.<br />

L'IGM en Slovaquie est le résultat de ces efforts. Jusqu'à aujourd'hui il contient<br />

11 473 monuments immeubles et 13 048 monuments mobiliers. Mais dans 30 villages,<br />

des ensembles de l'architecture rurale sont également protégés.<br />

L'IGM comprend trois éléments constitutifs classiques cl le Registre automatique<br />

(le RA).<br />

Les trois éléments classiques sont:<br />

le registre<br />

le fichier des cartes documentaires<br />

le recueil des suppléments - la documentation l'IGM.<br />

32


Je ne vais pas développer les éléments constitutifs classiques, mais je passe<br />

directement au Registre Automatique (Le RA). L'information nous permet non<br />

seulement de traiter une grande quantité de renseignements, mais oblige à définir plus<br />

précisément certaines notions.<br />

Les premiers efforts pour utiliser l'informatique dans ce domaine datent des années<br />

1978-1985, mais les premiers résultats notables sont apparus avec l'installation du PC.<br />

Le RA a été informatisé dans les années 1988-1989. Il rejoint des données de deux<br />

éléments constitutifs classiques, mais ne contient pas deux données importantes: la<br />

photographie d'identification et la description libre.<br />

Je vais décrire plus précisément le RA et le système entier dont le RA est un soussystème.<br />

Le système a trois sous-systèmes: la base du système c'est la RA auquel sont<br />

ajoutés le sous-système documentaire et le sous-système événementiel.<br />

Le Registre automatique<br />

Le modèle du RA a deux niveaux. Le premier est le niveau des monuments<br />

culturels et le deuxième est le niveau des objets monuments. Un monument se compose<br />

d'un objet ou il se compose de plusieurs objets. Par exemple:<br />

1. l'église est unique, le monument est l'église et l'objet est aussi l'église.<br />

2. autour de l'église se trouvent: la chapelle, la(les) sculpture(s), le clocher, l'enceinte,<br />

etc. Ainsi le monument est l'église avec l'aire environnante et un certain nombre<br />

d'objets sont l'église, la chapelle, etc.<br />

Le RA contient 55 données sur un monument. Les données sont organisées en<br />

groupes. Quelques données sont normalisées et pour celles-là il existe un vocabulaire.<br />

Les groupes de données sont les suivants:<br />

i. identification avec adresse, identification du territoire<br />

ii. les classes d'après les différents points de vue<br />

iii. art-historique<br />

iv. les ensembles-territoires protégés<br />

v. les propriétaires, l'utilisation convenable, l'état technique<br />

vi. données administratives<br />

vii. documentation<br />

Le RA sert surtout à la sphère administrative. Il est utilisé dans toute la Slovaquie.<br />

Il faut compléter la description spéciale et des dessins pour <strong>of</strong>frir de meilleurs services<br />

à la sphère pr<strong>of</strong>essionnelle.<br />

Je voudrais enfin souligner les problèmes résultant de la mise en œuvre du RA et<br />

de son développement.<br />

33


1. Actuellement nous établissons la base de données des monuments mobiliers, mais<br />

il faudra créer une communication entre l'inventaire des monuments immobiliers<br />

et l'inventaire des monuments mobiliers.<br />

2. L'actualisation des dossiers qui ne sont pas fixes n'a pu être assurée.<br />

3. Les données sur le monument doivent être accrues mais il faudra surtout ajouter<br />

à la base de données, la photographie d'identification, le dessin de la section plane,<br />

la situation et la description.<br />

4. Il faut créer la sous-base documentaire.<br />

5. Le problème le plus important est d'inventer le modèle pour la description du<br />

monument constitué par un ensemble d'objets. Le modèle, qui devra être précis<br />

sans être compliqué, décrira la réalité sur le terrain. Il faudra donc déterminer aussi<br />

le nombre des niveaux et les éléments de ces niveaux.<br />

J'espère que la solution des quelques problèmes que j'ai cités sera inspirée par les<br />

conclusions de ce colloque.<br />

34


Considérations générales<br />

L'inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> en Norvège<br />

SEFRAK - Méthode non sélective<br />

Gro Wester<br />

Je tiens d'abord à vous remercier vivement de l'occasion qui m'est donnée ici de<br />

présenter la méthode de recensement dite SEFRAK. Si j'ai bien compris, ce colloque<br />

de Nantes sur les différents types <strong>d'inventaire</strong> et de documentation en <strong>Europe</strong> reflète les<br />

inquiétudes qu'éprouvé le Conseil face aux pressions économiques menaçant<br />

actuellement le patrimoine et l'environnement architecturaux - notamment dans les<br />

campagnes. Il m'apparaît, par conséquent, que la présente réunion est une façon, pour<br />

le Conseil de l'<strong>Europe</strong>, de donner suite à la Campagne européenne pour le monde rural<br />

de la fin des années 80 - au cours de laquelle plusieurs pays, dont la Norvège, ont mis<br />

tout particulièrement l'accent sur les problèmes de protection et de conservation des<br />

structures physiques et des paysages des campagnes.<br />

Le recensement systématique et national des édifices - dit SEFRAK - a commencé<br />

il y a 13 ans. Dans le cadre d'une stratégie d'ensemble, l'inventaire complet sera<br />

terminé en 1996. La durée des travaux et recherches du projet SEFRAK aura donc été<br />

de 20 ans au total. Je me permettrai de revenir plus tard sur le travail d'appréciation des<br />

édifices recensés et de gestion du registre général.<br />

On remarquera au passage que le sigle SEFRAK n'est plus, depuis quelque temps,<br />

tout à fait logique, car la lettre S représente un Secrétariat aujourd'hui disparu. C'est<br />

désormais le Bureau Central des Sites et Monuments historiques - récemment<br />

réorganisé - qui a la responsabilité du recensement SEFRAK et de l'inventaire des sites<br />

préhistoriques réalisé par les musées universitaires. Toutefois, l'appellation SEFRAK<br />

garde son sens si l'on considère que la première syllabe, SE, est le mot qui, en<br />

norvégien, signifie VOIR (SEE en anglais, SEHEN en allemand): la vision est en effet,<br />

et incontestablement, un élément très important du travail de recensement.<br />

SEFRAK - programme national de recensement<br />

SEFRAK est un programme national assez ambitieux - je dirai même risqué ! Il<br />

vise en effet à recenser tous les édifices norvégiens de la période 1537-1900. Pour les<br />

régions du nord, durement touchées par la Seconde Guerre mondiale, et quelques autres<br />

secteurs où il subsiste très peu d'objets depuis la fin de la guerre, nous avons prolongé<br />

cette période jusqu'en 1945. Quant à la première date - 1537 -, qui est celle de la<br />

Réforme protestante en Norvège, elle a été choisie tout simplement en raison de notre<br />

législation sur le patrimoine cultural, qui accorde automatiquement la protection à tout<br />

objet antérieur à cette année-là.<br />

35


La méthode non sélective<br />

Exception faite de ce choix chronologique, SEFRAK est, à la différence de la<br />

plupart des autres types de recensement des édifices, une méthode absolument non<br />

sélective - l'objectif visé est de constituer un registre aussi objectif que possible et<br />

totalement imperméable aux modes et aux tendances changeantes en matière de<br />

conservation. Le projet SEFRAK ne pose aucune limite en ce qui concerne la taille, la<br />

fonction, la valeur historique ou <strong>architectural</strong>e, le degré de détérioration des édifices -<br />

ou quelque autre critère que ce soit. Cette approche a encore été renforcée récemment<br />

par l'ambition actuelle de préserver le patrimoine de la vie quotidienne - demeures et<br />

lieux de travail des agriculteurs, des pêcheurs, des ouvriers, etc.<br />

Ce dernier point nous semble particulièrement important dans le cadre des travaux<br />

du Conseil de l'<strong>Europe</strong> sur les inventaires architecturaux. En effet, malgré l'intention<br />

déclarée de recenser le patrimoine <strong>architectural</strong> rural au sens le plus large, la définition<br />

qui en est donnée dans le questionnaire du Conseil comporte le mot "remarquable". Le<br />

concept qui préside à la méthode SEFRAK est précisément de reconnaître l'importance<br />

cruciale des éléments "non remarquables" du paysage, et de les inclure dans<br />

l'interprétation historique et symbolique de ce paysage.<br />

Le projet SEFRAK ne procède donc pas à une pré-sélection des objets avant l'étude<br />

sur le terrain - comme c'est le cas pour 70 à 80 % des inventaires, d'après les résultats<br />

du questionnaire. Nos travaux sur le terrain sont effectués par un personnel "pr<strong>of</strong>ane"<br />

pour certains, des étudiants spécialistes des objets pertinents, mais, en grande majorité,<br />

des gens "ordinaires", non pr<strong>of</strong>essionnels, simplement intéressés par l'histoire locale.<br />

Tous ces "chercheurs" sont tenus de suivre un cours d'introduction de deux semaines;<br />

cette approche implique évidemment que l'opération soit suivie d'une évaluation<br />

pr<strong>of</strong>essionnelle par des autorités compétentes en matière de patrimoine culturel.<br />

Naturellement, cette méthode non sélective n'est pas la seule possible: je pense<br />

qu'en Norvège comme ailleurs, il serait plus difficile, aujourd'hui, d'entreprendre un<br />

projet aussi ambitieux. Nous voulons donc attirer l'attention sur l'importance des<br />

critères de sélection des édifices. S'il faut mettre des limites à leur recensement, quelles<br />

sont les priorités les plus urgentes?<br />

Lu méthode SEFRAK<br />

La méthode SEFRAK s'applique de la mCmc manière aux zones rurales ci urbaines,<br />

ou encore, aux zones industrielles et minières. L'édifice est décrit selon un plan<br />

structuré, comportant également des informations et un texte codé - localisation,<br />

construction, fonction, âge, état, actions de sauvegarde, etc. Autrement dit, les données<br />

constituant la "fiche minimum" indiquée dans le rapport du 2 juillet 1992 sont<br />

complètement couvertes par le plan SEFRAK. Mais nous déployons des efforts<br />

constants en vue de compléter les codes existants. Dans le contexte européen, on notera<br />

avec intérCt que le travail a été plus poussé pour les codes relatifs au recensement de<br />

l'architecture rurale que pour ceux qui concernent le patrimoine urbain. On verra, dans<br />

36


les documents, que la série codée pour les différentes catégories de maisons va de 100<br />

à 900.<br />

De plus, cet ensemble de données comporte également des photos prises sous<br />

différents angles - photos d'éléments de détail comme de l'environnement global. Tous<br />

les édifices sont indiqués sur la série de cartes économiques. Et, outre nos commentaires<br />

personnels, on y trouve des entretiens avec le propriétaire de la maison, son occupant<br />

ou autres personnes. Le recours aux archives est réduit au minimum.<br />

Mise en œuvre du programme<br />

Pour des raisons que vous comprendrez aisément, le recensement, dans la majorité<br />

des 19 comtés norvégiens, se fait pendant l'été. La mise en œuvre du programme est<br />

réalisé conjointement par le Bureau central et les autorités régionales et locales - le<br />

premier ayant pour fonction d'allouer des fonds, de fournir du matériel, d'avancer des<br />

idées nouvelles, et d'assurer la coordination avec d'autres données d'intérêt culturel,<br />

historique et géographique. On peut dire que cette forme d'organisation constitue une<br />

solution typiquement norvégienne, étant donné les problèmes particuliers que posent la<br />

dispersion de la population, les longues distances et la topographie difficile.<br />

Avancement<br />

A l'heure actuelle, le programme SEFRAK a déjà permis le recensement de<br />

quelque 400 000 édifices, et l'estimation du solde non encore traité se chiffre à 120 000<br />

édifices. Fort heureusement, des fonds supplémentaires pour le recrutement de personnel<br />

ont permis d'accélérer les travaux ces dernières années. Soit dit en passant, il s'agit là<br />

d'un type de travail qui attire tout particulièrement les sans-emploi.<br />

En janvier 1993, nous avons achevé le recensement dans 7 comtés sur les 19<br />

existants. Environ 50 % des fiches de recensement (soit 200 000) ont été informatisées,<br />

et les informations cartographiques ont été digitalisées dans une proportion d'environ<br />

25 % (soit 100 000 données). Et, vu la baisse récente des tarifs de l'imagerie digitale,<br />

nous sommes sur le point de lancer également un projet-pilote de traitement<br />

informatique des images (estimation totale dans le cadre du programme SEFRAK:<br />

2 500 000 photos).<br />

Principaux objectifs du recensement<br />

Le recensement a été conçu essentiellement pour renforcer la qualité de la gestion<br />

du patrimoine culturel, assurée par les autorités chargées de la planification et de la<br />

préservation à tous les niveaux - local, régional, national. Ainsi, l'ensemble des<br />

informations - textes, images, cartes - sera finalement disponible sur un réseau de<br />

données national. Gestionnaires, chercheurs, bibliothèques, établissements scolaires et<br />

organismes de conservation y seront directement reliés, ou par le biais de documents<br />

écrits.<br />

37


Evaluation des objets recensés<br />

Pour planifier et gérer la conservation d'un aussi grand nombre d'objets, il faut<br />

concevoir des instruments d'évaluation et de classification. Ce processus a été,<br />

malheureusement, quelque peu retardé - l'une des raisons de ce retard étant<br />

probablement l'importance accordée au facteur d'objectivité dans le recensement. Mais<br />

aujourd'hui, nous avons élaboré une méthode d'appréciation des objets, en créant une<br />

"matrice" d'évaluation, et une version informatique du registre des objets. L'utilisation<br />

de cette matrice se double d'une nouvelle étude sur le terrain - ce qui permet aux<br />

personnes chargées de l'évaluation de replacer les objets dans leur cadre naturel, et de<br />

les évaluer également par rapport à leur environnement.<br />

Cette méthode a été testée dans le cadre d'un projet de données concernant plus<br />

particulièrement la préservation dans la commune de Nome, dans le Télémark. Dans ce<br />

cas précis, les objets ont été classés en trois grandes catégories, de A à C (après avoir<br />

été évalués). Mais il est évident qu'on peut imaginer davantage de catégories. En<br />

l'occurrence, les catégories A et B correspondaient en gros aux objets ayant une valeur<br />

susceptible d'être protégée par la législation sur le patrimoine culturel ou les lois<br />

régissant l'urbanisme et le bâtiment.<br />

Nous sommes actuellement à la seconde génération des projets d'évaluation; ceuxci<br />

sont mis en œuvre dans différentes parties du pays. Mais la théorie se heurte aux<br />

dures réalités locales ! Si l'essai est concluant - comme il semble l'Ctrc -, la méthode<br />

en question sera recommandée aux autorités responsables de la planification et de la<br />

conservation à tous les niveaux. Selon toute probabilité, elle se révélera très utile dans<br />

le cadre des plans de conservation régionaux et nationaux appliqués en Norvège.<br />

Tel est le défi d'aujourd'hui. Ce qui nous préoccupe, c'est le caractère statique du<br />

programme de recensement. L'objectif a simplement été de recenser, mais<br />

malheureusement pas d'actualiser les données.<br />

Que faire des quelque mille objets recensés il y a quinze ans? Existent-ils toujours?<br />

Ont-ils fondamentalement changé? Et comment gérer également plus de 500 000 objets<br />

encore à recenser? Comment assurer l'actualisation des données déjà stockées? Ces<br />

questions revotent une importance capitale pour l'inventaire, si celui-ci doit avoir les<br />

effets pratiques escomptés. A défaut, l'inventaire ne présentera qu'un intérêt<br />

documentaire ou historique.<br />

Un des problèmes qui se posent est celui de la réticence des pr<strong>of</strong>essionnels de la<br />

conservation à apprendre les nouvelles techniques. Psychologiquement, il est très<br />

difficile de passer du stylo ft l'ordinateur. Les pr<strong>of</strong>essionnels sont capables de manipuler<br />

manuellement les registres, mais on peut difficilement compter sur eux pour se mettre<br />

h l'heure des nouvelles techniques. Qui plus est, le passage à l'informatique s'est fait<br />

essentiellement au niveau des municipalités, et non pas au niveau des bureaux régionaux<br />

du patrimoine culturel ce qui pose un problème psychologique supplémentaire, en<br />

termes de hiérarchie.<br />

38


Fort heureusement, nous disposons en Norvège d'un autre registre des édifices géré<br />

par les autorités topographiques centrales. Il s'agit du GAB (abréviation des mots<br />

"propriétés", "bâtiments" et "adresses" en norvégien), qui englobe tous les édifices<br />

construits depuis 1983. Dans ce cas précis, on l'aura deviné, les techniciens compétents<br />

des municipalités ont la charge de l'actualisation des données. Chacun des registres<br />

existants étant à même de pr<strong>of</strong>iter des acquis de l'autre, nous avons décidé leur<br />

coordination. Ainsi, les municipalités vont nous permettre de résoudre nos problèmes<br />

techniques de mise à jour, et nous parviendrons finalement à un seul registre national<br />

des édifices sur lequel seront progressivement incorporées toutes les données<br />

manquantes pour la période 1900-1983. Il sera d'une grande utilité pour tous les usagers<br />

- internes comme externes, mais rendra aussi d'éminents services à de nouveaux usagers<br />

tels que les urbanistes, la police et les pompiers, les services de santé, le Trésor Public,<br />

les agents immobiliers. En collaboration avec le programme EUROCARE, nous mettons<br />

également en œuvre un projet-pilote dans la ville olympique de Lillehammer, afin de<br />

montrer comment peuvent être combinées les données générales et les informations sur<br />

le matériel et la maintenance.<br />

Par ailleurs, SEFRAK participe également à deux projets exhaustifs de<br />

coordination, qui obligeront le bureau central à fournir d'importants moyens. Le<br />

premier, dit NOREK, est un projet interne du bureau central visant à intégrer des<br />

données sur tous les styles de patrimoine culturel existants. Ce projet sera un moyen<br />

important de préservation des milieux et paysages anthropisés, dans le cadre d'un<br />

nouveau paragraphe de la Loi sur le patrimoine culturel.<br />

Le second de ces projet, dit MISAM, a pour but de lier les données concernant le<br />

patrimoine culturel et celles touchant à l'environnement. Il se rattache à l'idée de<br />

développement durable et à celle, que nous défendons ici, d'un environnement physique<br />

composé de ressources et naturelles et culturelles. C'est la raison pour laquelle, en<br />

Norvège, la gestion du patrimoine culturel relève du Ministère de l'Environnement, et<br />

non pas de celui de la Culture.<br />

A cet égard, l'Agence Européenne de l'Environnement deviendra une plate-forme<br />

de coopération dans le domaine des données relatives à l'environnement.<br />

Suite à la demande du Conseil de l'<strong>Europe</strong> de partager au niveau européen les<br />

informations concernant le patrimoine culturel, nous sommes en mesure de répondre que<br />

nous sommes favorables à l'établissement d'une fiche minimum normative. Nous avons<br />

souligné ici même que le registre norvégien répond déjà à cette norme.<br />

En revanche, nous sommes plus sceptiques quant à un éventuel accord sur des<br />

spécifications techniques de communication entre les différents systèmes. Car, d'une<br />

part, comme il a été dit dans le rapport, il faudra conserver des ressources à<br />

l'organisation des différents éléments et au contrôle de la terminologie. Et, d'autre part,<br />

il convient de se demander de quelle manière nous assurerons la dynamique d'un tel<br />

registre. Il faudra se demander aussi comment éviter le danger de la stagnation, faute<br />

de moyens et de personnel pour l'actualisation des données.<br />

39


Nous pensons qu'au stade actuel, nous devons nous poser les questions suivantes:<br />

quelle est la finalité d'un échange d'informations? Et quel type d'informations présente<br />

le plus d'intérêt dans ce processus d'échange entre pays européens? Dans le cas de la<br />

Norvège, ce besoin d'échange ne touche peut-être pas l'ensemble de l'inventaire<br />

SEFRAK - mais seulement les édifices les plus représentatifs de notre pays et de nos<br />

régions, tels que les bâtiments en bois de charpente du Moyen-Age, et les anciennes<br />

maisons de bois visibles dans nos divers paysages côtiers; autrement dit, les édifices et<br />

les milieux qu'il nous incombe tout particulièrement de préserver dans le contexte<br />

international. Nous devons également envisager les moyens les plus pratiques de<br />

partager les informations jugées suffisamment importantes pour faire l'objet d'un<br />

échange.<br />

40


La protection des monuments historiques en Roumanie<br />

L'inventaire du patrimoine du village de Miçsunesti<br />

Ruxandra Nemteanu<br />

La première commission instituée en Roumanie pour la protection, l'inventaire, le<br />

classement et la restauration des monuments historiques portait le nom de Commission<br />

des Monuments Historiques (C.M.I.); elle a été fondée en 1892.<br />

Au cours de ces cent ans, la C.M.I. a subi plusieurs changements, tant dans sa<br />

dénomination que dans l'organisation hiérarchique de son activité: à cet égard, on peut<br />

distinguer quatre périodes:<br />

Entre les années 1892-1948 se situe une période importante, qui comprend les<br />

premières mesures concernant l'inventaire, le classement et la restauration des<br />

monuments; s'y sont également précisés les <strong>méthodes</strong> de travail et les principes<br />

fondamentaux en matière de restauration.<br />

Pour mettre fin aux agressions perpétrées contre les églises qui formaient l'essentiel<br />

de l'inventaire, un Décret royal de 1915 précisait que "toutes les églises et tous les<br />

monastères du pays, antérieurs à l'année 1834, sont déclarés en principe monuments<br />

historiques, jusqu'à ce qui soit revu et complété l'inventaire général des monuments".<br />

Ce décret a déclenché les premières actions concrètes en vue de dresser l'inventaire de<br />

monuments en Roumanie et il a été utilisé pendant longtemps jusque dans les années<br />

soixante et soixante-dix.<br />

Une seconde période va de 1952 à 1977<br />

La Commission des Monuments Historiques (C.M.I.) a été supprimée en 1948,<br />

mais l'activité de restauration et les <strong>méthodes</strong> de travail adoptées précédemment ont<br />

continué.<br />

Au cours de cette période, une grande partie du fonds de monuments de valeur a<br />

été inventoriée au moyen de questionnaires distribués aux divers spécialistes habitant<br />

le pays; ces questionnaires ont permis d'établir une première liste des monuments<br />

historiques, approuvée par une Décision gouvernementale.<br />

On estimait, à l'époque, que les habitations rurales en bois qui présentaient le plus<br />

de valeur devaient être déplacées et réédifiées dans les musées ethnographiques, au lieu<br />

d'être conservées in situ.<br />

En 1977, Ceausescu supprime abusivement la nouvelle C.M.I. réinstituée dix ans<br />

plus tôt et dont l'activité aura été prodigieuse: elle avait fiché, classé, inventorié et<br />

restauré une grande partie de monuments figurant sur les listes. A partir de 1977, les<br />

41


chantiers de restauration sont fermés ou abandonnés, et les activités <strong>d'inventaire</strong> et de<br />

restauration se voient réduites à zéro.<br />

La période oui se situe entre les années 1978-1990 se caractérise par l'absence de<br />

toute institution spécialisée dans la protection du patrimoine immobilier. Celui-ci est<br />

traité comme la patrimoine mobilier, l'objectif principal étant de confisquer ces biens<br />

aux particuliers plutôt que de restaurer les monuments.<br />

Les spécialistes ont tenté pourtant d'établir une nouvelle Liste comprenant un plus<br />

grand nombre de monuments, mais celle-ci n'a jamais été approuvée, car elle aurait<br />

empêché la démolition de maisons ou d'églises d'une indéniable valeur historique et<br />

<strong>architectural</strong>e qui n'avaient encore jamais figuré sur les listes précédentes.<br />

Nous nous trouvons actuellement dans une quatrième période, qui commence en<br />

1990: il s'agit en fait de tout reprendre dès le début. De nombreux monuments<br />

historiques de valeur ont disparu ou sont oubliés; des centres historiques ont subi des<br />

démolitions fragmentaires; des villages ont été déplacés ou totalement rasés; les archives<br />

ont été supprimées, volées, ou détruites, les fiches <strong>d'inventaire</strong> sont incomplètes,<br />

certains édifices appartenant à l'appareil représentatif de l'Etat n'y figurent pas etc.<br />

En un laps de temps très court, il nous a fallu refaire les anciens inventaires,<br />

compléter les documentations etc. De plus, le concept même de monument ayant été<br />

élargi jusqu'aux ensembles de rues ou même à des zones entières qui devront être<br />

déclarées réserves historiques ou <strong>architectural</strong>es, l'opération <strong>d'inventaire</strong> et de<br />

classement est devenue encore plus difficile. Actuellement, la coordination des activités<br />

spécifiques et le pouvoir de décision dans les domaines de l'inventaire, de la protection,<br />

la restauration et la mise en valeur des monuments historiques revient à la Commission<br />

Nationale des Monuments. Ensembles et Sites Historiques, la C.N. MASI, nouvellement<br />

instituée en tant qu'organe spécialisé autonome et fonctionnant sous l'égide du Ministère<br />

de la Culture.<br />

La Commission Nationale des Monuments, Ensembles et Sites Historiques possède<br />

un organe opérationnel qui remplit les fonctions d'un Inspectorat national et dont le rôle<br />

a un caractère méthodologique, d'orientation et de contrôle scientifique et technique;<br />

c'est la Direction MASI, Direction des Monuments, Ensembles et Sites Historiques.<br />

Un Service de Documentation des monuments historiques exécute ses activités<br />

dans le cadre de cette Direction. Ce service doit actuellement affronter de grosses<br />

difficultés <strong>d'inventaire</strong>, de classement et d'enregistrement. Il utilise à présent deux<br />

<strong>méthodes</strong>, dont l'une s'inspire du système allemand utilisé pour l'inventaire des villages<br />

allemands de Transylvanie et prône l'établissement <strong>d'inventaire</strong>s systématiques, en<br />

déplaçant des équipes sur le territoire au cours de campagnes <strong>d'inventaire</strong>. Il faut ajouter<br />

que nous avons aussi reçu un programme français mais nous ne l'avons pas utilisé parce<br />

qu'il était un peu trop complexe compte tenu de nos moyens actuels. Nous ne pensons<br />

pas adopter, pour l'instant, le langage normalisé nécessaire.<br />

42


La seconde méthode utilisée en pratique dans tout le pays, a été adoptée en 1990,<br />

aussitôt après la réinstitution de la Commission Nationale MASI et de la Direction<br />

MASI: on s'est efforcé, à ce moment, de placer sous une protection immédiate des<br />

zones plus vastes à l'intérieur des localités: toute intervention dans ces zones doit avoir<br />

l'accord de la Direction MASI. Cela permet, aussitôt qu'un bénéficiaire dépose sa<br />

requête, pour obtenir un avis favorable, de procéder à une sélection et à un inventaire<br />

des édifices d'une valeur plus ou moins grande: cette méthode permet ainsi, peu à peu,<br />

d'inventorier la totalité du fonds construit.<br />

Certes, cette méthode est difficile, elle implique un travail sur le terrain qui peut<br />

paraître aléatoire et dépend des sollicitations spontanées; elle suscite maintes difficultés<br />

avec les bénéficiaires, mais elle a néanmoins sauvé de la démolition ou de la mutilation<br />

de nombreuses constructions de valeur. Ces tendances destructives sont le résultat<br />

paradoxal de la libération des autorisations de construire, qui jusqu'en 1990 étaient<br />

pratiquement inexistantes;<br />

A ce titre d'exemple, je présenterai brièvement l'inventaire <strong>architectural</strong> d'un<br />

village, celui de Miçsunesti, situé aux alentours de Bucarest (à 46 km de la capitale),<br />

dans une zone agréable, parsemée de lacs et de forêts séculaires, dans une plaine<br />

bénéficiant d'un climat continental tempéré.<br />

L'origine du choix de cet objectif, était la requête d'un descendant du boyard qui<br />

avait possédé le village, le terrain agricole des alentours et un manoir avec une chapelle.<br />

Il nous avertissait que les matériaux de construction de l'enceinte à tourelle du manoir<br />

étaient systématiquement dérobés; il souhaitait mettre fin à ces vols et voir restaurés le<br />

manoir et l'église, restés à l'abandon après 1989 et sans statut juridique précis.<br />

L'église-chapelle, édifiée en 1743, avait été placée dès le début sous la protection<br />

du décret de 1915 que nous avons mentionné et figurait sur toutes les listes antérieures<br />

à 1900; mais le manoir, bâti, comme l'enceinte, en même temps que l'église, avait été<br />

ignoré, pour des raisons politiques. Il n'apparaît que sur la liste, jamais validée, de<br />

1980.<br />

Nous avons constaté, lors de nombreuses visites sur le terrain, d'autres objectifs<br />

intéressants.<br />

L'inventaire du village a été effectué en trois mois, à raison d'une journée de<br />

travail hebdomadaire, par une équipe de deux personnes (un photographe et un<br />

architecte), accompagnées par le maire de la commune, pour apaiser la suspicion des<br />

villageois.<br />

Chaque semaine, une deuxième journée était consacrée au dépouillement des<br />

archives et à la consultation des bibliothèques, d'où ont été extraites les principales<br />

données concernant l'évolution du village (en vue d'établir la fiche de la localité) et des<br />

édifices inventoriés (pour les fiches individuelles).<br />

43


Au cours de ce travail documentaire, les papiers du descendant du boyard, ainsi<br />

qu'un film tourné en 1938 par sa grand-mère, nous ont été de la plus grande utilité: il<br />

s'agissait d'actes normatifs concernant les systématisations effectuées au cours des<br />

siècles, d'anciens plans du domaine, de ceux du cadastre, etc.<br />

Les critères de sélection des édifices ont été les suivants: ancienneté, étape et<br />

unicité de la structure bâtie, unicité de la planimétrie, typologie, détails, absence de<br />

modifications radicales apportées à la construction, possibilités de revalorisation à<br />

l'avenir.<br />

Pour en revenir aux <strong>méthodes</strong> de travail de notre institut, précisons que les données<br />

recueillies ont en vue les catégories de monuments proposées par la Loi des monuments,<br />

non encore approuvées, mais déjà entrées en pratique. Aux tenues de cette loi, le<br />

concept de monument historique comprend également:<br />

les monuments et sites archéologiques;<br />

les monuments d'architecture, ensembles et réserves <strong>architectural</strong>es;<br />

les monuments possédant une valeur <strong>architectural</strong>e, environnementale et de<br />

mémoire;<br />

les monuments et ensembles d'art plastique ou possédant une valeur de mémoire<br />

les parcs et les jardins historiques.<br />

Aussitôt l'inventaire effectué, nous avons proposé des monuments et des zones de<br />

réserve historique et <strong>architectural</strong>e pour lesquels, désormais, toute modification apportée<br />

aux édifices inventoriés devra obtenir l'avis de la Direction MASI.<br />

Malheureusement, les données documentaires son) fort difficiles à obtenir, du fait<br />

que les archives ne sont pas encore ouvertes aux spécialistes et encore moins au public,<br />

que certains documents ont été détruits au cours de périodes politiques troublées, et que<br />

ceux qui établissent ces travaux manquent encore d'expérience.<br />

C'est pourquoi nous ne procédons actuellement qu'à l'établissement d'une fiche<br />

minimale, qui peut ûtrc complétée par la suite, au fur et à mesure de l'apparition des<br />

données.<br />

En ce qui concerne l'informatisation, les listes de monuments historiques établies<br />

au cours de ces trois dernières années (20 000 positions) ont été mises en mémoire;<br />

l'introduction des données pour chaque monument inscrit sur les listes sera faite<br />

ultérieurement.<br />

L'accès à la documentation commence à Cire assuré aux seuls spécialistes<br />

(architectes, historiens d'art, archéologues etc.), les archives et la bibliothèque de la<br />

Direction MASI n'étant pas encore préparées à accueillir un public plus nombreux, pour<br />

des raisons d'espace et parce qu'il faut encore réorganiser les fonds dévastés par suite<br />

de la suppression abusive de la C.M.I. En mCmc temps, la loi des droits d'auteur n'a<br />

pas encore été finalisée, pas plus que les normes de perception des taxes qui pourraient<br />

44


soutenir le budget de la Direction MASI, aujourd'hui totalement dépendante du budget<br />

de l'Etat.<br />

Certes, la méthodologie est encore insuffisamment précisée, l'organisation encore<br />

en souffrance; le travail trop "impétueux" ne permet pas le meilleur rendement, mais<br />

par ailleurs, il nous a fallu résoudre en trois ans des problèmes qui en ont demandé à<br />

d'autres vingt ans et plus.<br />

En pratique, nous n'avons pas l'impression d'avoir une Commission des<br />

Monuments Historiques célébrant son centenaire, mais simplement une Commission<br />

Nationale des Monuments, Ensembles et Sites Historiques ne fonctionnant que depuis<br />

trois ans.<br />

45


Inventaire d'un site de la plaine du Pô: problèmes méthodologiques<br />

Le projet SIRIS<br />

Fabio Poggi<br />

Inventaire territorial et système d'information<br />

SIRIS (Système informatisé de reconstruction de l'histoire d'édifices) est un projet<br />

de recensement territorial avec un champ d'étude très large, réalisé entre 1986 et 1990<br />

et appliquant les nonnes de l'Istituto Centrale per il Catalogo e la Documentazione -<br />

ICCD (Institut central de recensement et de documentation), rattaché au ministère italien<br />

de la Culture et de l'Environnement.<br />

Inventaire des biens architecturaux<br />

Grâce à des fiches de recensement structurées, on a pu inventorier quelque 3 300<br />

monuments architecturaux dans la plaine du Pô, dans une zone d'environ 675 km 2<br />

englobant huit communes (ensembles de bâtiments et bâtiments individuels, dans des<br />

centres historiques ou des zones rurales). Chacune des fiches comporte, pour chaque<br />

bâtiment, une documentation composée de photos, de cartes, de dessins et de données<br />

photogrammétriques.<br />

Recherche des sources documentaires<br />

Pour reconstituer l'histoire des monuments architecturaux et des territoires<br />

environnants, on a systématiquement recherché et catalogué les sources documentaires,<br />

y afférentes (archives et bibliographies, cartographies, photos).<br />

L'étude et l'analyse directe de ces sources (en premier lieu, les cadastres et<br />

l'iconographie historique) ont permis d'établir diverses cartes thématiques reconstituant<br />

dans le détail les modifications subies par tel ou tel territoire (cartes des ensembles<br />

d'édifices urbains et ruraux, cartes routières, des eaux de surface, de la végétation et de<br />

l'environnement, de l'utilisation des sols).<br />

Analyses territoriales<br />

Des analyses spécifiques ont été effectuées pour déterminer le type<br />

d'environnement et de végétation caractérisant le territoire en question. Elles ont permis<br />

d'établir des cartes, comportant des éléments morphologiques, agronomiques,"<br />

naturalistes et de paysage.<br />

Composantes du système d'information<br />

L'élément le plus satisfaisant de ce projet a été la création d'une banque de<br />

données permettant:<br />

47


de replacer précisément le patrimoine culturel dans l'espace, en faisant ressortir les<br />

liens, à la fois présents et passés, entre les édifices recensés (palais, bâtiments<br />

ruraux, etc.) et leur environnement (bâti, agricole ou naturel);<br />

de localiser et d'étudier les sources documentaires des édifices recensés;<br />

d'accéder à des archives particulières portant par exemple sur l'urbanisme, les titres<br />

de propriété, etc.<br />

L'information recueillie est conservée à la fois par écrit et sur support magnétique -<br />

ce qui signifie donc qu'on dispose d'une bibliothèque de type traditionnel à propos du<br />

territoire recensé et des sources documentaires, l'accès aux documents originaux (fiches<br />

de recensement, cartes thématiques, documentation graphique et photographique,<br />

réglementation urbaniste, bibliographie, etc.) se faisant à l'aide d'une banque de données<br />

informatisées.<br />

Dans cette banque, les données sont regroupées en trois sous-systèmes distincts:<br />

un sous-système alphanumérique: catalogage de fiches et de textes sur divers sujets;<br />

un sous-système cartographique: création de cartes digitales, à différentes échelles;<br />

un sous-système iconographique: images sur disques optiques à lecture par laser.<br />

Le sous-système alphanumérique englobe les données relatives:<br />

au catalogage des biens architecturaux;<br />

aux sources documentaires;<br />

à l'urbanisme;<br />

aux études territoriales.<br />

Le sous-système cartographique a été conçu et structuré au moyen de procédures<br />

digitales d'établissement de cartes, po" r servir de "base" commune et de support à la<br />

représentation des phénomènes analysés. Il comprend:<br />

des fonds de cartes destinées à la "navigation territoriale";<br />

des cartes cadastrales.<br />

Le sous-système iconographique propose des images sur disques optiques h lecture<br />

laser, afférentes à:<br />

des cartes des cadastres historiques;<br />

des cartes historiques;<br />

une documentation, graphique et photographique, relative aux monuments<br />

architecturaux recensés;<br />

des cartes thématiques représentant les différents stades d'évolution du territoire<br />

(propriétaires successifs, utilisation des sols, noms de lieu).<br />

Liens entre les biens recenses et les sources «rchivistiques<br />

Les fichiers contenant l'information sur les édifices, les sources documentaires et<br />

les éludes territoriales sont interconnectés par un système intégré complexe, créé<br />

spécifiquement pour guider la consultation grftcc h différentes clés liées entre elles.<br />

48


Exemple: les sources documentaires sont introduites dans le système d'information<br />

après exploitation des fiches de données, ce qui permet d'accéder aux différents types<br />

de documents et de relier les sources documentaires aux biens recensés.<br />

Une telle opération est possible grâce à quatre types de connections:<br />

clé thématique: les fiches de recensement indiquent les caractéristiques de chaque<br />

document et la catégorie à laquelle il appartient;<br />

noms de lieux: les noms des lieux principaux et secondaires mentionnés dans les<br />

documents sont mémorisés;<br />

propriété: les noms des différents propriétaires mentionnés dans les cadastres<br />

historiques et la cartographie sont également inscrits;<br />

système de coordonnées: chaque objet recensé est identifié par des coordonnées,<br />

telles que les différentes parcelles inventoriées dans le Nuovo Catasto Terreni<br />

(nouveau registre foncier) et les secteurs indiqués dans les cadastres historiques,<br />

dans les topographies, dans les ensembles de cartes les plus importants et sur les<br />

photogrammes de vues aériennes.<br />

Catalogage: aspects scientifiques<br />

La méthode de recensement définie par l'ICCD se fonde sur le, principe du<br />

"catalogage territorial". Le territoire étudié est divisé en unités - formant un tout<br />

homogène sur le plan administratif et servant de base de commission pour toutes les<br />

informations recueillies. Cette méthode visant à une connaissance exhaustive des biens<br />

culturels d'un secteur donné, les composantes dudit territoire sont étudiées et recensées,<br />

l'accent étant mis sur les liens existant entre les différents objets, ainsi qu'entre ces<br />

derniers et le territoire environnant.<br />

Catalogage: aspects techniques<br />

L'une des principales mission de l'ICCD est de définir des normes de catalogage,<br />

relatives à la structure des données, à la terminologie utilisée et aux procédures à suivre.<br />

Si l'objet recensé peut être considéré comme une entité physique descriptible par<br />

ses attributs, l'organisation et la gestion des données doivent assurer l'accessibilité de<br />

l'objet et optimiser son utilisation. En conséquence, une syntaxe spécifique a été mise<br />

au point en vue de structurer et de rassembler l'information.<br />

Cette syntaxe s'articule autour de trois normes:<br />

une norme terminologique: établissement de dictionnaires normalisés;<br />

une norme syntaxique: définition des règles de traitement des informations;<br />

49


une norme structurale: application d'un plan structural réagissant les relations entre<br />

les informations homogènes et les informations diverses qui contribuent à la<br />

description du bien culturel.<br />

Donc, le catalogue représente un ensemble d'entités "minimales", avec les liens qui<br />

les unissent. Nous avons également mis au point un "schéma conceptuel" baptisé<br />

"catalogue du Catalogue": il s'agit de l'ensemble, organisé et structuré, des informations<br />

nécessaires au recensement des biens architecturaux - ensemble régi par des relations<br />

précises et homogènes.<br />

Evolution du catalogage en Italie<br />

Grâce à la création du "catalogue du Catalogue", le catalogage, en Italie, se<br />

caractérise par une grande cohérence et une grande flexibilité. Dans la perspective d'une<br />

banque de données exhaustive sur le patrimoine culturel, ce "catalogue du Catalogue"<br />

permet d'établir des liens entre différents objets et informations, grâce à des normes<br />

terminologiques, syntaxiques et structurales communes, le but étant d'accroître<br />

constamment le contenu informatif d'une banque de données aussi complexe. De môme,<br />

il permet de retrouver des informations auprès de banques de données similaires, et d'en<br />

échanger avec celles-ci. Il convient de souligner l'apport de ce système aux opérations<br />

menées pour tester et réexaminer les données.<br />

50


Problèmes d'étude et de documentation en architecture urbaine<br />

Présidence: Miklos HORLER


Inventaire Suisse d'Architecture 1850-1920 (INSA)<br />

Vingt ans d'expérience et l'an 2000<br />

Dr. Nott Caviezel<br />

Ceux d'entre vous qui connaissent les structures de la Suisse savent que<br />

l'organisation fédérale, les quatre cultures et les quatre langues du pays représentent un<br />

enrichissement certain, mais ne facilitent pas toujours les choses quant il s'agit de<br />

collaborer au niveau national. La gestion des inventaires du patrimoine historique et<br />

artistique n'y échappe pas. Il n'est donc pas étonnant qu'une société privée, associée au<br />

concours des 26 cantons de la Suisse soit à l'origine des grands inventaires du<br />

patrimoine Suisse, et que cette société, la Société d'Histoire de l'Art en Suisse, avec son<br />

institut scientifique, depuis 1880 continue à les gérer.<br />

Pour faciliter la comparaison des <strong>méthodes</strong>, les organisateurs du colloque ont divisé<br />

notre travail en trois parties. J'ai été prié de mettre l'accent, dans mon intervention, sur<br />

l'aspect de l'architecture urbaine. Au lieu de vous présenter maintenant l'Inventaire<br />

Suisse d'Architecture 1850-1920 (INSA), j'aurais aussi pu vous parler du grand<br />

inventaire des "Monuments d'Art et d'Histoire de la Suisse" qui existe depuis le siècle<br />

passé et dont 85 volumes ont déjà paru à ce jour. Cet inventaire-là, comparable à<br />

l'Inventaire Général français, touche aux trois thèmes du colloque, mais ne vise pas<br />

spécialement et exclusivement l'architecture urbaine. Pour l'inventaire des "Monuments<br />

d'Arts et d'Histoire de la Suisse", la Société d'Histoire de l'Art Suisse, en accord avec<br />

tous les cantons du pays, a promulgué des recommandations et prescriptions qui règlent<br />

aussi bien la recherche que la préparation des textes et leur impression. C'est dans ce<br />

contexte que fut créé en 1975 l'Inventaire Suisse d'Architecture 1850-1920 (INSA) en<br />

complément du grand inventaire historique.<br />

En 1982, à l'issue de longs travaux de préparation et de recherche qui remontent<br />

donc à 1975 la SHAS a pu présenter au public le premier volume de l'Inventaire Suisse<br />

d'Architecture 1850-1920. La collection complète prévoit 15 volumes. Le but de l'INSA<br />

est d'inventorier et de publier, en 10 volumes, les 26 capitales cantonales, plus 14 autres<br />

localités qui comptaient déjà 10 000 habitants ou plus en 1920. Cinq volumes<br />

complémentaires seront consacrés à des synthèses, à l'index général et à un lexique des<br />

architectes.<br />

L'INSA fournit des informations sur les édifices et le développement urbain de<br />

l'une des périodes les plus marquantes de l'architecture suisse, allant de la création de<br />

la Confédération en 1848 jusqu'à l'apparition de l'architecture nouvelle. En tant que<br />

livre de références. l'INSA représente, avant même d'être arrivé à son terme, un<br />

instrument indispensable à la protection et à la sauvegarde du patrimoine, à<br />

l'aménagement du territoire rural et urbain et à la recherche. La réalisation d'un volume<br />

comprenant trois à cinq localités (recherches, rédaction, publication) dure environ 5 ans<br />

et coûte près d'un million et demi de francs suisses.<br />

53


Objectifs<br />

L'objectif de l'INSA consiste à mettre sur pied, en un temps limité et avec des<br />

moyens restreints, un inventaire relativement rapide qui porte sur l'ensemble du<br />

territoire national. L'INSA doit livrer des critères d'appréciation pour la conservation<br />

des monuments et servir de premier "dépistage" aux travaux portant sur l'histoire de<br />

l'art. Les recherches recourent aux sources d'archives écrites et iconographiques - soit<br />

les photos, les gravures, les plans, les cartes - et aux statistiques. L'INSA présente ses<br />

monographies urbaines, sous une forme homogène, afin de mieux faire ressortir les<br />

particularités des différentes localités traitées.<br />

Méthodologie et présentation<br />

L'étude de chaque localité est divisée en quatre chapitres. Ainsi la comparaison est<br />

possible entre les chapitres 1 (Aperçu historique), 4 (Annexes) et 3 (Inventaire<br />

topographique). Le chapitre 2 retrace le développement propre à chaque localité. Alors<br />

que les 40 villes peuvent présenter entre elles des traits communs ou divergents, les<br />

quatre chapitres se complètent et apportent une vue d'ensemble du lieu recensé. Le<br />

chapitre 1 donne un aperçu chronologique, tandis que le chapitre 3 qui aborde<br />

l'inventaire topographique, présente les objets en fonction de leur situation<br />

géographique. Le chapitre 2 combine ces deux aspects dans une réflexion sur le<br />

développement urbain.<br />

Les objets répertoriés dans l'inventaire topographique (chapitre 3) sont classés selon<br />

les noms et numéros de rues. Les constructions à caractère public ou semi-public sont<br />

prises en considération de manière aussi complète que possible. A côté du travail<br />

d'archives, le travail sur le terrain prend une importance considérable. Les descriptions<br />

sont accompagnées d'une documentation photographique appropriée. Les notations se<br />

font sur des fiches <strong>d'inventaire</strong> qui sont reprises pour la version finale de l'inventaire<br />

publié. Afin de pouvoir terminer l'INSA autour de l'an 2000, la SHAS va recourir à<br />

l'informatique, notamment dans le cadre de l'inventaire proprement dit (banque de<br />

données), de l'index général, du lexique et, bien sûr, du traitement de texte et de la<br />

production technique des volumes.<br />

Résumé et perspectives<br />

En résumant et en suivant les questions posées aux intervenants, j'aimerais retenir<br />

ceci:<br />

L'INSA est un inventaire d'envergure nationale, mais entrepris à titre privé. Cette<br />

particularité ne lui enlève rien de sa valeur. Au contraire, le fait qu'il ne soit pas géré<br />

par l'Etat et que toute appréciation purement politique soit écartée d'avance, lui confère<br />

une valeur scientifique majeure. Cela mène au résultat positif, que les administrations<br />

des villes inventoriées dans l'INSA s'appuient très souvent, dans leurs décisions en<br />

matière de conservation sur cet instrument, qui n'a pourtant aucune valeur de protection<br />

juridique. Etant donné que l'INSA est publié en plus de 10 000 exemplaires en trois<br />

langues et qu'il est largement distribué dans tout le pays et à l'étranger, l'estime pour<br />

54


une architecture, toujours plus menacée, augmente constamment auprès de l'opinion<br />

publique et des instances politiques.<br />

1. Le travail se déroule toujours de la même façon: en général, une même personne<br />

est mandatée pour les recherches sur le terrain, dans les archives et pour la<br />

rédaction des textes concernant une même ville. Il arrive fréquemment que d'autres<br />

chercheurs soient associés au mandaté, formant ainsi de petites équipes. En<br />

moyenne, la Société engage deux à trois personnes à plein temps pour le projet de<br />

l'INSA.<br />

L'exhaustivité du chapitre <strong>d'inventaire</strong> proprement dit dépend souvent de<br />

l'abondance ou de la pénurie des sources d'archives. Le nombre de maisons d'habitation<br />

à inventorier est déterminé par une volonté de respecter un certain équilibre entre les<br />

bâtiments privés et publics. Dans les petites localités, chaque construction ou presque<br />

joue un rôle incontestable dans l'ensemble du domaine bâti: en revanche, dans les<br />

grandes villes, ce sont davantage les ensembles, les lotissements, les quartiers qui<br />

assurent cette fonction de représentation. En dépit de ces principes de base, il existe des<br />

différences dans la sélection et la description des objets entre la Suisse romande, d'une<br />

part, et la Suisse alémanique et italienne de l'autre. Les circonstances propres à chaque<br />

lieu ont également eu des répercussions sur l'inventaire.<br />

2. La structure des données est simple. L'énoncé des objets qui figurent dans<br />

l'inventaire répond donc aux données suivantes:<br />

- nom de la rue, numéro d'assurance<br />

- nom de l'édifice<br />

- dates<br />

- type (maison d'habitation, poste, gare, etc.)<br />

- fonction d'origine, fonction actuelle<br />

- propriétaire d'origine, commanditaires<br />

- architecte, entrepreneur<br />

- description<br />

- appréciation historique<br />

- renvoi aux plans<br />

- renvoi aux sources et à la bibliothèque<br />

- photo (éventuellement publiée)<br />

Pour le moment, l'usage de l'informatique n'est pas encore introduit de manière<br />

générale. Certains auteurs l'utilisent cependant déjà. La SHAS envisage d'introduire une<br />

application pour une banque de données simple et appropriée aux besoins spécifiques<br />

de l'INSA.<br />

3. Les volumes INSA à grand tirage représentent le résultat final des travaux<br />

entrepris. La vaste documentation rassemblée (fiches, textes, photos et négatifs),<br />

une fois que le volume est publié, est toutefois déposée aux Archives Fédérale du<br />

55


<strong>Patrimoine</strong> Historique à Berne. Les utilisateurs de ces archives sont des<br />

scientifiques et des spécialistes dans le domaine de la conservation des monuments.<br />

4. Le sous-titre de mon intervention parle de vingt ans d'expérience et de l'an 2000.<br />

L'appréciation critique de cet inventaire est étroitement liée au facteur "temps". A<br />

l'origine, on avait estimé une dizaine d'années pour terminer l'INSA en sept<br />

volumes. Aujourd'hui, presque vingt ans plus tard, nous n'avons atteint que la<br />

moitié du parcours, après avoir remanié le programme au début des années 80,<br />

passant de sept volumes à 10, respectivement à 15.<br />

En 1982, lorsque le premier volume paraissait, l'œuvre fut qualifiée d'entreprise<br />

de pionniers. En effet, l'INSA était alors un précurseur. Pour la première fois, une<br />

institution de renom avaient envisagé d'inventorier en quelque sorte les parents pauvres<br />

de l'architecture, et plus encore, de le rendre public et de présenter cet inventaire sous<br />

forme de livres, comprenant des synthèses historiques et typologiques ainsi qu'un<br />

résumé du développement des villes dans leur ensemble.<br />

Entre temps la Société d'Histoire de l'Art en Suisse n'est plus la seule à<br />

s'intéresser au sujet. Les cantons et les villes lancent leurs propres inventaires de<br />

protection, certes, de caractère plutôt administratif et qui, pour la plupart, ne seront<br />

jamais publiés. Pour ces inventaires rapides, une investigation systématique dans un<br />

premier temps n'est pas indispensable, puisque des données peuvent êlre complétées en<br />

tout temps et que ces inventaires, en général, sont dépourvus de synthèses. Malgré ces<br />

différences essentielles, l'INSA risque de perdre son importance acquise s'il retarde trop<br />

son achèvement.<br />

Hélas, en attendant, les coûts de l'entreprise augmentent ci dépassent de loin les<br />

moyens financiers de la Société d'Histoire de l'Art. Les subventions allouées par le<br />

Fonds national de la recherche scientifique ne correspondent qu'à un tiers de besoins.<br />

La difficulté majeure, en ce moment est le financement.<br />

Il est à prévoir qu'après l'an 2000 l'INSA sera réduit à un livre scientifique plus<br />

ou moins spécialisé sans portée particulière qui ne justifiera en rien les énormes<br />

dépenses déjà mentionnées. L'ouvrage de références qu'est l'INSA risquerait alors<br />

d'Clrc dépassé, puisque dès le début, sa conception était de procéder délibérément à un<br />

critère de choix d'objets à l'intérieur de l'inventaire, permettant ainsi de réaliser, avec<br />

ses compléments, de véritables monographies urbaines des années 1850 à 1920. Mais<br />

le manque d'cxhaustivité aujourd'hui est une qualité, dans dix ans peut-Cire un défaut.<br />

Nous connaissons tous, les difficultés que rencontrent nos grands inventaires. Leur<br />

achèvement est très lointain, voire infini. De ce point de vue, il est important que de<br />

temps en temps, pour marquer un certain état des choses il y ait des entreprises qui<br />

aboutissent à court terme. Dans ce sens l'INSA a toutes les chances de réussir - à<br />

condition qu'en l'an 2000 les inventaires des 40 villes choisies soient terminés et qu'il<br />

ne manque plus que le lexique des architectes et les synthèses.<br />

56


Afin de favoriser la poursuite des grands inventaires et d'encourager cette noble<br />

tâche, la Société d'Histoire de l'Art en Suisse s'efforcera, en collaboration avec les<br />

cantons et la confédération d'élaborer à l'avenir une sorte de conception générale des<br />

inventaires suisses qui sont très nombreux. Les questions de normalisation y prendront<br />

une place non négligeable, surtout au moment où l'informatisation s'introduit également<br />

dans le domaine de nos inventaires. J'espère que les propositions à la fin de ce colloque<br />

pourront représenter un point de départ en ce sens. Avant de coordonner l'<strong>Europe</strong> il<br />

faudra, malgré leur qualité individuelle, coordonner les inventaires en Suisse.<br />

57


Introduction<br />

Programme <strong>d'inventaire</strong> des monuments aux Pays-Bas (1850-1940),<br />

et mise en œuvre dans les quatre principales villes néerlandaises<br />

Marieke Kuipers<br />

Jusqu'ici il y a environ dix ans, la quasi-totalité des activités de documentation et<br />

de conservation de l'Office de la conservation des Pays-Bas était concentrée sur le<br />

patrimoine datant d'avant la Révolution industrielle. La lourde tâche consistant à<br />

répertorier quelque 40 000 monuments et 350 sites urbains historiques a demandé plus<br />

de dix ans. Bien que notre loi relative aux monuments ne fasse aucune distinction entre<br />

monuments "anciens" et monuments "plus jeunes", il semble bien que le patrimoine des<br />

années 1850-1940 ait été laissé de côté '.<br />

En conséquences, nous avons mis sur pied, en 1987, un Programme national<br />

<strong>d'inventaire</strong> des monuments - désigné sous le sigle MIP -, dans le cadre d'une<br />

collaboration entre seize partenaires (les quatre principales villes des Pays-Bas, plus les<br />

douze provinces); ce projet doit être mené à terme en 1992. Nous disposons<br />

actuellement des résultats concernant les quatre principales villes et sept provinces. En<br />

outre, le MIP a publié une série de six ouvrages destinés au grand public, et deux autres<br />

sont prévus pour la fin de l'année 1992 2 .<br />

La "campagne" MIP s'est donné pour but d'étudier de manière systématique, en<br />

cinq ans, l'architecture et les sites urbains remontant à la période 1850-1940 et toujours<br />

existants - et ce, dans l'ensemble du pays. Le premier objectif du Programme a été de<br />

combler les lacunes dans le domaine de notre "jeune patrimoine", et de créer une base<br />

de données nationale. Le projet visait également à élaborer une politique intégrée de<br />

maîtrise de l'ensemble de notre environnement bâti, et de parvenir à une appréciation<br />

plus large des qualités (historiques) intrinsèques de cet environnement. Autrement dit,<br />

il était important, de ne pas établir de normes <strong>d'inventaire</strong> trop restrictives, et de nous<br />

1 La première Loi sur les monuments est entrée en vigueur en 1961. A partir de 1989, la nouvelle loi,<br />

votée un an plus tôt, a été appliquée, mais elle n'a pas changé fondamentalement la définition des édifices<br />

et des sites urbains historiques aux fins de recensement ; malgré de nombreux débats et modifications à<br />

l'échelon administratif, cette nouvelle loi ne prend pas en compte les "objets" de moins de 50 ans.<br />

2 Cette série est une coproduction de l'Office de la conservation des Pays-Bas et des Editions Waanders<br />

de Zwolle : les ouvrages déjà parus portent sur Utrech, la Drenthe, l'Overijssel, Amsterdam, Rotterdam et le<br />

Flevoland : les deux autres livres, dont la parution est prévue en novembre 1992, concernent le Groningue<br />

et la Zëlande.<br />

59


occuper tout autant des édifices et secteurs présentant un intérêt social ou culturel que<br />

des seules valeurs <strong>architectural</strong>es 3 .<br />

Organisation du MIP<br />

Après avoir travaillé dans le cadre de plusieurs projets-pilotes, nous avons décidé<br />

de lancer un programme <strong>d'inventaire</strong> axé sur des régions, plutôt que sur des types<br />

d'édifices ou des styles architecturaux ". Nous avons donc divisé le pays en quelque<br />

soixante "secteurs ou régions <strong>d'inventaire</strong>" (définis selon des critères historiques et<br />

culturels cohérents, et en fonction des frontières administratives existantes - notamment<br />

provinciales et municipales). Pour les travaux <strong>d'inventaire</strong> à proprement parler, nous<br />

avons recruté plusieurs dizaines d'assistants spéciaux - sur une base temporaire pour la<br />

plupart du temps et, dans certains cas, dans le cadre d'un plan d'emploi ou<br />

d'alternatives au service militaire. Le programme <strong>d'inventaire</strong> MIP est unique en son<br />

genre du fait de la coopération intensive entre les services nationaux, provinciaux et<br />

municipaux de conservation des édifices et secteurs historiques. L'Office national alloue<br />

le budget global, donne toutes les instructions méthodologiques et assure la supervision,<br />

tandis que les travaux d'analyse quotidienne incombent aux assistants provinciaux et<br />

municipaux du MIP (deux ou trois par ville) 3 .<br />

Méthodes générales du MIP<br />

Le principe de base est d'étudier l'ensemble du pays par ordre décroissant - de<br />

l'échelon régional à l'échelon municipal - pour terminer par les édifices pris séparément.<br />

' Dans le mnnucl du MIP, il est fnil mention do deux catégories de critères : l'une regroupant "les secteurs<br />

urbains nyant une valeur particulière", cl l'nuire sélectionnant des édifices caractéristiques cl précieux.<br />

Dans les deux cas, sont ft prendre en compte les valeurs locales cl les éléments suivants :<br />

1) valeur historique<br />

2) valeur du point de vue de l'urbanisme et de l'environnement historique, c'csl-ii-dire voleur <strong>architectural</strong>e<br />

historique<br />

3) valeur liée au site ou a l'ensemble formé par les édifices<br />

4) bon état et/ou spécificité<br />

5) rareté.<br />

4 Par exemple, dans les années 70, noua avons recensé toute une gamme d'églises néo-gothiques, un petit<br />

groupe de gares cl un grand nombre de phares historiques. Par ailleurs, après sélection d'un nombre restreint<br />

de "monuments modernes" I) Amsterdam, nous nous sommes livrés, de 1979 a 1983, a une étude systématique<br />

du patrimoine "plus jeune" du coeur historique de la ville. Enfin, d'autres projets-pilotes ont porté sur les<br />

anciens secteurs miniers et districts • sud du Limlxirg, de Pccl cl de la Twcnlhc.<br />

9 A l'Office national (RDM2), l'équipe de supervision est composée du directeur national du MIP,<br />

Peter Nijh<strong>of</strong>, cl de huit cx|>cns ; ces neuf personnes travaillent a temps panicl pour le MIP, tout en<br />

poursuivant leur travail normal. Dans chaque province cl dans les quatre grandes villes, il y n un directeur<br />

de projet permanent, responsable du budget et du calendrier des travaux effectués A ce niveau. Un outre,<br />

chacun des partenaires du projet a mis en place un comité directeur, coni|X)sé de bénévoles pouvant aller d'un<br />

maire a un enseignant en passant par un membre de la commission provinciale des monuments. l*cs comités<br />

directeurs donnent au programme <strong>d'inventaire</strong> une plus large assise sociale ; ils se réunissent trois ou quatre<br />

fois par an -parfois directement sur le terrain.<br />

60


Chacune des régions fait l'objet d'une description générale - depuis ses caractéristiques<br />

géographiques (nature et utilisation des sols, écoulement des eaux), jusqu'à la structure<br />

des ensembles habités (bâtiments centraux, dépendances et constructions éparses) en<br />

passant par son infrastructure (routes, cours d'eau, voies ferrées, équipement militaire).<br />

Outre ces descriptions régionales (généralement une vingtaine de pages<br />

dactylographiées), il y a lieu de fournir également une description plus détaillée de<br />

chaque municipalité (selon le même plan); dans le cas des grandes villes, ces<br />

descriptions municipales englobent explicitement les structures et édifices des différents<br />

quartiers (rapports de 6 à 40 pages). Ce travail descriptif est généralement qualifié de<br />

"travail de bureau": fondé sur des sources générales et facilement accessibles (livres,<br />

journaux, rapports, cartes), il précède l'étude sur le terrain - laquelle n'a pas toujours<br />

été possible dans la pratique.<br />

Après ces descriptions, et en interaction avec les travaux préliminaires sur le<br />

terrain, il faut dresser une typologie urbaine, mais uniquement pour de vastes périmètres<br />

ou d'autres complexes intéressants. Dans ces cas, il convient d'établir une carte<br />

spécifique, illustrant ces secteurs selon des normes standard. Par exemple, tout ensemble<br />

de villas, toute cité-jardin, zone industrielle ou ceinture verte datant de la période<br />

étudiée par le MIP doit être indiqué par les hachures prescrites (cf. le manuel du MTP,<br />

Zeist 1978).<br />

On peut aussi faire un pas de plus dans l'estimation de l'intérêt actuel des villes<br />

et villages étudiés: en établissant une échelle de notation pour désigner des "secteurs<br />

présentant un intérêt particulier". Cette différenciation est importante à la fois pour les<br />

mesures d'urbanisme et la limitation (futures ou même actuelles) des constructions, et<br />

pour, la phase de travail sur le terrain à proprement parler - ces secteurs présentant un<br />

intérêt particulier doivent être inventoriés de manière appr<strong>of</strong>ondie (tout comme les<br />

centres historiques), alors que le reste des ensembles peut être étudié de manière plus<br />

"superficielle". De toute manière, l'étude sur le terrain doit être effectuée jusqu'au bout<br />

- rue par rue, y compris dans les secteurs non bâtis, et au moyen de formulaires, de<br />

cartes, de manuels et d'appareils photos.<br />

Travail sur le terrain<br />

L'étude de tous les édifices peut être considérée comme la partie du projet MIP qui<br />

mobilisa le plus de ressources humaines. Ce travail sur le terrain a également un aspect<br />

"relations publiques": contacts avec les autorités et la presse locales. En présentant les<br />

résultats du travail <strong>d'inventaire</strong> dans les journaux locaux, on le fait connaître du grand<br />

public - ce qui à une grande importance car, généralement, les auteurs de ces travaux<br />

ont tendance à cultiver le secret. Par ailleurs, dans de nombreux cas, les résidents (voire<br />

les autorités locales) ne sont pas conscients de la valeur <strong>architectural</strong>e propre des<br />

maisons qu'ils habitent (ou des immeubles de bureaux, des boutiques, des usines où ils<br />

travaillent). Sur le plan de la méthodologie, grâce aux directives que nous avions<br />

données, le travail sur le terrain n'a pas été l'aspect le plus délicat du projet; le stockage<br />

des données s'est révélé plus compliqué. A la suite d'une série de directives conjointes,<br />

il y a eu sur le terrain, à propos des édifices à inventorier (ou pas) un large consensus<br />

61


fondé sur les critères définis pour le MIP et sur l'idée explicitement formulée selon<br />

laquelle les édifices devaient présenter au minimum un certain intérêt local. Sur cette<br />

base, c'est l'architecture typiquement néerlandaise - qu'on rencontre très souvent - et<br />

les rues comportant différents types de rangées de maisons qui ont posé le plus de<br />

problèmes <strong>d'inventaire</strong>. Nous avons tenté de les résoudre en établissant un lien avec les<br />

"secteurs présentant un intérêt particulier", ou en sélectionnant les exemples les plus<br />

représentatifs et les mieux préservés de ce type d'architecture. Nous sommes également<br />

convenus du type d'édifices devant, dans tous les cas, être visités: églises, usines,<br />

bâtiments (semi) publics et autres édifices où l'intérieur ou la charpente était susceptible<br />

de présenter de l'intérêt. En grande partie pour gagner du temps, nous n'avons pas jugé<br />

nécessaire de visiter l'intérieur de tous les édifices inventoriés (ceux-ci étant en majorité<br />

des logements occupés par des personnes de milieux sociaux divers). Sur le terrain, les<br />

chercheurs ont dû prendre des photos de tous les édifices présentant un intérêt du point<br />

de vue du MIP (prioritairement photos noir et blanc, diapositives couleur facultatives);<br />

au minimum, un cliché de la façade, éventuellement des photos de l'arrière et d'un ou<br />

des côtés de l'édifice, ainsi que de certains détails. En outre, ils ont dû remplir un<br />

formulaire spécial, comportant des questions sur l'adresse, l'architecte, la date de<br />

construction, les formes, les matériaux, le type de construction, le style, ctc - tous<br />

éléments susceptibles d'être stockés dans la base de données informatisées.<br />

Documentation<br />

Les résultats <strong>of</strong>ficiels du MIP - fondés sur le manuel central du programme -<br />

peuvent grosso modo se subdiviser en deux parties. Le premier "lot" comporte les<br />

descriptions régionales et locales - y compris l'analyse de toutes les caractéristiques<br />

spécifiques - et précise la valeur urbanistiquc actuelle des ensembles édifiés pendant la<br />

période 1850-1940. On peut consulter ces descriptifs sous forme de rapports sobrement<br />

présentés, très simplement illustrés, cl à tirage très limité, qu'on peut trouver dans les<br />

services de conservation nationaux, provinciaux et municipaux 6 . Le second "lot"<br />

d'informations est constitué par les formulaires - types du MIP, dûment remplis, et par<br />

les photographies datées, relatifs à l'ensemble des édifices inventoriés (les photos en<br />

question ne sont disponibles que dans les services provinciaux et les services<br />

municipaux des quatre grandes villes).<br />

Seuls les documents écrits seront stockés dans la base de données, car il est encore<br />

très difficile d'informatiser l'ensemble des cartes, photos et autres images illustrant les<br />

divers rapports et formulaires <strong>d'inventaire</strong>. Les descriptions régionales et municipales<br />

seront stockées grAcc ft un logiciel Word Pcrfcct. En ce qui concerne la base de données<br />

relative aux objets cl monuments, nous avons eu recours h une version modifiée du<br />

programme anglais CAIRS lequel ne présente pcut-Clrc pas la plus grande facilité<br />

d'utilisation mais est très pratique pour récupérer des textes et pour certaines fonctions<br />

de tri.<br />

' A noter, lotitcfois, que la numicipnllié do U llnyc n publié le rapport du MIP nom Tonne do livre relia,<br />

de fonnnl ohlong, cl enrichi do âmes cl d'illusimtioni en couleur (lirngc : I 750 exemplaires, nu prix do<br />

87.50 florin»).<br />

62


Pour le moment, les données informatisées ne sont accessibles qu'aux assistants du<br />

programme MIP, dans chacun de leurs services; elles ne le sont pas (encore) au grand<br />

public intéressé par les questions de conservation. Toutefois, nous déployons des efforts<br />

importants en vue de créer une base de données centrale, englobant tout l'inventaire du<br />

MIP, et pouvant être consultée, par toute personne intéressée, dans une salle que la MIP<br />

va aménager au sein de notre <strong>of</strong>fice national, à Zeist. A cet effet, nous avons déjà<br />

élaboré une méthode pratique pour communiquer les résultats du MIP de différentes<br />

manières - à partir du module BASIS-Plus intitulé Fundamental Query and<br />

Manipulation (FQM), et qui est beaucoup plus simple qu'il n'en a l'air d'après cet<br />

énoncé !<br />

En 1991, immédiatement après la campagne MIP, nous avons entrepris un<br />

programme similaire - le Programme de sélection des monuments (MSP) - en vue de<br />

sélectionner les édifices, sites et environnements de valeur nationale devant être<br />

protégés dans le cadre de notre loi sur les monuments. Pour la base de données relative<br />

à ce projet MSP, nous avons créé un nouveau système d'entrée baptisé INCA; plus<br />

convivial que le CAIRS, il peut être interrogé avec d'autres processus de texte, dont<br />

notre Répertoire informatisé des monuments et édifices historiques.<br />

Résultats d'ensemble de l'inventaire<br />

Pour l'ensemble des Pays-Bas, nous pensons que le MIP aura permis d'inventorier<br />

quelque 165 000 édifices et ensembles et de délimiter environ 650 "secteurs prétendant<br />

un intérêt particulier". La part des quatre principales villes néerlandaises sera de près<br />

de 5 % et de 10 % respectivement de l'ensemble, soit:<br />

Amsterdam: ± 3 500 édifices/ensembles 21 "secteurs présentant un intérêt particulier"<br />

Rotterdam: ± 1 500 édifices/ensembles 17 "secteurs présentant un intérêt particulier"<br />

La Haye: ± 2 000 édifices/ensembles 20 "secteurs présentant un intérêt particulier"<br />

Utrecht: ± 2 000 édifices/ensembles 8 "secteurs présentant un intérêt particulier"<br />

TOTAL: ± 9 000 édifices/ensembles 66 "secteurs présentant un intérêt particulier"<br />

Ces secteurs peuvent consister en zones bordant des canaux ou des parcs, en<br />

ensembles de villas, en cités-jardins, cités ouvrières et autres ensembles de logements<br />

sociaux, ou encore en grands ensembles urbains très planifiés. Bien que l'idée de ces<br />

"secteurs particuliers" s'applique à des ensembles assez vastes, les groupes de<br />

logements plus restreints peuvent aussi entrer dans cette catégorie s'ils répondent aux<br />

critères du MIP. Nous ne limitons pas forcément ce concept de "secteur particulier" aux<br />

zones soigneusement aménagées ou aux quartiers résidentiels (tels que les deux<br />

tourbières bordant l'autoroute de Hillegersberg, ou encore le parc du Sud - dont<br />

l'aménagement est dû à H.P. Berlage, de La Haye). Il n'en reste pas moins qu'environ<br />

la moitié de ces secteurs sont des "cités-jardins", et que très peu de périmètres classés<br />

dans cette catégorie n'avaient pas fait l'objet, autrefois, de plans d'urbanisme.<br />

63


En tout cas, quelles que soient les caractéristiques et la taille de ces secteurs,<br />

nous nous efforçons aujourd'hui d'obtenir leur prise en compte par les politiques<br />

d'urbanisme locales - et de les faire respecter par les responsables de ces politiques.<br />

Quant à la base de données centrale du MIP, elle englobe à l'heure actuelle un tiers<br />

des innovations escomptées - y compris celles relatives aux quatre grandes villes.<br />

Chaque objet ou ensembles d'édifices s'est vu affecter un numéro de code (système<br />

alphanumérique); pour la détermination des types d'édifices et styles architecturaux,<br />

nous avons créé un "thésaurus MIP" en vue de normaliser le plus possible les données.<br />

Malheureusement, l'inventaire présente encore quelques anomalies ou lacunes - pour des<br />

raisons diverses (manque de temps, manque de supervision, ou, parfois, situations trop<br />

spécifiques). Mais nous pouvons dire, dans l'ensemble, que nous nous rapprochons de<br />

l'objectif défini à l'origine pour le MIP - améliorer la connaissance des ensembles et<br />

édifices datant de la première ère industrielle, aux Pays-Bas.<br />

64


De l'étude des monuments historiques à l'analyse de l'environnement bâti<br />

Inventaire et documentation du patrimoine urbain et rural<br />

de Poméranie orientale (Pologne)<br />

1. Introduction<br />

Artur Kostarczyk<br />

Le Centre régional d'étude et de préservation de l'environnement bâti de Gdansk -<br />

institution créée en 1990 pour la réalisation d'études régionales en Poméranie<br />

orientale - a engagé des études sur les éléments de l'identité culturelle régionale. Ces<br />

études, qui portent sur 12 régions historiques de Pologne, trouvent en partie leur origine<br />

dans le mouvement intellectuel qui s'est fait jour dans les années 80.<br />

Au début des années 80, on a en effet assisté en Pologne, à une réorientation dans<br />

le domaine de la sauvegarde du patrimoine historique. La tendance écologique et<br />

l'approche globale des problèmes de conservation ont gagné du terrain. On a commencé<br />

à analyser l'évolution historique de l'environnement bâti sous l'angle:<br />

de la gestion de l'espace et des traditions d'utilisation des sols<br />

des traditions relatives aux matériaux<br />

des tendances intellectuelles et spirituelles.<br />

La collaboration des responsables de la conservation et des urbanistes, engagée à<br />

partir des années 80, s'est traduite par une nouvelle approche de la conservation du<br />

patrimoine historique et de la planification physique. Les spécialistes de la conservation<br />

ont alors compris que l'environnement bâti n'avait pas qu'une dimension esthétique: en<br />

fait partie également le génie des lieux, qui se caractérise par des valeurs spatiales,<br />

intangibles. De leur côté, les responsables de la planification spatiale (au niveau<br />

régional, urbain et rural) ont découvert que leur activité dépassait de loin les problèmes<br />

d'utilisation des sols.<br />

En 1986, cette collaboration s'est étendue à la planification physique aux échelons<br />

régional et national. En 1987 et 1988, le service national de protection des monuments<br />

a travaillé à une étude préparatoire sur les qualités culturelles de l'environnement, et à<br />

un projet de politique de la conservation - à replacer dans le cadre général du Plan<br />

national polonais de l'environnement (stratégie des années 90).<br />

L'étude sur la conservation du patrimoine historique dans le cadre de la<br />

planification régionale et nationale a soulevé de nouveaux problèmes - en premier lieu,<br />

celui des grandes lignes d'une politique de préservation des valeurs de l'environnement.<br />

En fonction de cette étude, M. Tadeusz Zielniewicz, Inspecteur principal des<br />

monuments, à élaboré et parrainé le projet de recherche intitulé "Synthèse des valeurs<br />

65


spatiales de l'environnement bâti en Pologne" - projet devant être réalisé de 1989 à<br />

1993.<br />

Le domaine de cette recherche est défini par l'angle culturel qui a été choisi en<br />

matière d'environnement. Le thème en est l'identité des régions historiques de Pologne,<br />

identité faite de la synthèse particulière de certaines valeurs, caractéristiques de<br />

l'ensemble de la région. Fondamentalement, cette synthèse naît de l'interaction<br />

dynamique des:<br />

valeurs spatiales (gestion des espaces et traditions d'utilisation des sols)<br />

valeurs concrètes (traditions relatives aux matériaux)<br />

valeurs intangibles (tendances spirituelles et intellectuelles).<br />

Un certain nombre d'éléments structuraux de l'environnement bâti constituent le<br />

"cadre" essentiel de l'identité de la région. Si l'évolution historique de l'environnement<br />

bâti se fait dans ce cadre, la région a de fortes chances de préserver son identité.<br />

En Pologne - et peut-ôtre aussi dans tous les autres pays d'<strong>Europe</strong> centrale<br />

anciennement communistes -, on constate des problèmes particuliers, liés au formidable<br />

fossé qui, depuis 50 ans, sépare ces pays des nations occidentales dans le domaine de<br />

révolution <strong>architectural</strong>e et historique. Des années 50 à la fin des années 70, l'un des<br />

objectifs du régime communiste polonais a été d'uniformiser le pays, et d'effacer les<br />

spécificités régionales. Ce processus a touché avant tout les communautés régionales et<br />

locales et compromis la prise de conscience de l'autonomie culturelle de ces régions.<br />

Cependant, grâce aux explorations agricoles privées (toujours vivaccs) et à certains<br />

traits particuliers du peuple polonais, le caractère historique des régions a tout de mûme<br />

réussi à se maintenir.<br />

Ce projet de recherche a pour objectif essentiel de délimiter les régions culturelles<br />

de la Pologne, et de déterminer, pour chaque région et sous-région historique, des<br />

politiques autonomes de conservation de l'environnement.<br />

En raison de son histoire spécifique, la Pologne est peut-ûtre l'un des rares pays<br />

européens où des structures médiévales se mClent au paysage culturel. C'est la raison<br />

pour laquelle la sauvegarde des valeurs spatiales - qui sont la résultante de l'histoire de<br />

la gestion des espaces et de l'utilisation des sols dans les pays d'<strong>Europe</strong> centrale, • rcvCt<br />

une telle importance en Pologne.<br />

Les bouleversements politiques actuels risquent de déboucher sur un rcdécoupagc<br />

des circonscriptions administratives du pays. Dans le débat qui s'est ouvert sur la<br />

meilleure forme à donner ft cette restructuration, le projet de recherche défend l'opinion<br />

culturelle et historique.<br />

66


2. Méthodes d'enquête et critères de sélection<br />

Dans le travail de préservation et de sauvegarde, l'une des grandes questions est<br />

celle de l'élaboration d'un système permettant de suivre l'évolution des paysages<br />

historiques. Et ce, tout particulièrement en Pologne, où, depuis 1990 - avec le retour à<br />

l'économie de marché et le rétablissement de la démocratie -, on assiste à une immense<br />

transformation des paysages anthropisés.<br />

Dans le contexte, il importe de suivre les nouvelles tendances qui se font jour, et,<br />

avant tout, d'établir une documentation sur l'état actuel de ces paysages. L'envergure<br />

des transformations de l'environnement bâti est certainement comparable à celle du<br />

remodelage - bien connue du paysage - des pays d'<strong>Europe</strong> occidentale aux XVIII e et<br />

XIX e siècles.<br />

C'est pour cette raison que l'étude des caractéristiques de l'environnement bâti<br />

présente une importance capitale. Aussi, l'inventaire du patrimoine effectué par le<br />

Centre régional de Gdansk est-il axé sur les valeurs spatiales qui se sont dégagées à<br />

travers l'évolution de la gestion des espaces et des traditions d'utilisation des sols.<br />

En matière d'environnement, l'angle culturel implique des analyses parallèles aux<br />

niveaux suivants de l'espace:<br />

l'organisation territoriale<br />

l'organisation globale des établissements humains<br />

la structure interne des villes et villages<br />

la structure interne d'un ensemble urbain ou d'une exploitation agricole déterminés.<br />

3. Structures et traitement des données<br />

Le volume énorme des données historiques (sources cartographiques, cadastrales<br />

et iconographiques) exige une certaine forme de traitement. Dans ce sens, nous avons<br />

travaillé sur divers éléments du Système d'information sur l'environnement bâti (SIEE),<br />

dont la mise au point a commencé récemment au Centre régional de Gdartsk. Ces<br />

éléments se rapportent à deux catégories de valeurs culturelles:<br />

a) les monuments et les groupes d'édifices<br />

b) les sites et les structures des établissements urbains d'une certaine importance.<br />

La nouvelfe philosophie en matière de préservation du patrimoine historique et<br />

l'approche globale de l'environnement bâti exigent un cadre méthodologique ouvert. En<br />

conséquence, le SIEE doit reposer sur les éléments fonctionnels suivants;<br />

67


1. une base de données intégrées, avec plusieurs postes de travail et des usagers de<br />

bases de données en réseau;<br />

2. un lien avec le système d'information géographique;<br />

3. une souplesse structurelle du système de traitement des données;<br />

4. une souplesse fonctionnelle pour ce qui est des données générées de l'extérieur<br />

(modems et réseaux informatiques).<br />

Les bases de données autonomes constituent la partie essentielle du système, qui<br />

est alimenté en données à ce niveau. Elles peuvent fonctionner comme des systèmes<br />

indépendants. Les vastes possibilités de traitement des données favorisent le travail<br />

autonome.<br />

Le Centre régional de Gdansk a entamé ses travaux avec les bases de données<br />

suivantes:<br />

1. "Fichier des monuments" - pour les monuments et groupes d'édifices;<br />

2. "Fiches individuelles de lieux" - pour les sites et les structures des établissements<br />

humains d'une certaine importance;<br />

3. "Base de données cartographiques" - pour les sources historiques cartographiques<br />

et cadastrales;<br />

4. "Base de données iconographiques" - pour les sources historiques iconographiques.<br />

Par ailleurs, il est évident que le SIEB doit se fonder aussi sur un Système<br />

d'information géographique (SIC) - l'espace culturel faisant partie intégrante de l'espace<br />

géographique. Ce qui est moins évident, c'est d'établir un point linguistique entre les<br />

auteurs des index et les chercheurs. Les grands laboratoires de recherche américains<br />

viennent de relever ce défi - et c'est aussi notre souci principal dans l'établissement<br />

d'une structure modèle pour le SIEB. Au Centre régional d'étude et de préservation de<br />

l'environnement bâti de Gdansk, nous nous efforçons de résoudre ce problème depuis<br />

deux ans. On trouvera ci-joints certains des résultats obtenus.<br />

4. Accès à la documentation<br />

La supervision des processus de transformation est l'axe principal de la sauvegarde<br />

des paysages anthropisés. En ce qui concerne l'environnement bflii, nous nous efforçons<br />

d'adopter la méthode de I'"Elude d'impact sur l'environnement". La simulation sur<br />

ordinateur des transformations probables des paysages constitue l'outil idéal en la<br />

matière de préservation historique. Cette technique servira, par exemple, dans les débats<br />

<strong>of</strong>ficiels concernant un projet susceptible de modifier un paysage anihropisé.<br />

68


C'est pour cette raison que l'accès à la documentation doit être le plus facile<br />

possible. Ainsi, nous projetons d'utiliser le scanner pour l'enregistrement de toutes les<br />

sources historiques iconographiques (mais aussi cartographiques et cadastrales), afin de<br />

les rendre accessibles au grand public.<br />

Cette "accessibilité" implique également le recours à plusieurs milliers de<br />

"conservateurs bénévoles". D'où une conception des futures produits du SIEE tenant<br />

compte de la nécessité de les utiliser et de les comprendre facilement; nous nous<br />

efforçons également d'enrichir d'une information visuelle le "Fichier des monuments"<br />

et les "Fiches individuelles de lieux".<br />

5. Conclusion<br />

En matière d'environnement bâti, nous (c'est-à-dire l'ensemble des conservateurs)<br />

devons faire face au problème de l'équilibre entre le statu quo et le changement, n<br />

convient, autrement dit, de déterminer les grandes lignes d'une politique de sauvegarde<br />

du patrimoine historique. Pour ce faire, des solutions systématiques sont nécessaires.<br />

Cette approche globale de l'environnement bâti implique:<br />

d'avoir une certaine connaissance de l'ensemble, plutôt qu'une connaissance<br />

exhaustive d'un seul élément;<br />

de voir dans la transformation de l'environnement un processus naturel;<br />

d'étudier en priorité les éléments constituant les principaux facteurs d'identité d'un<br />

lieu;<br />

d'étudier également les éléments de l'environnement bâti qui nous permettent de<br />

comprendre et de maîtriser le processus de transformation.<br />

69


Secteurs industriels en déclin:<br />

l'approche de la "Royal Commission on thé Historical Monuments <strong>of</strong> England"<br />

Nicholas Cooper<br />

En 1989-90, la "Royal Commission on thé Historical Monuments <strong>of</strong> England" a<br />

entrepris des enquêtes sur un certain nombre de secteurs industriels en déclin. Les<br />

secteurs et les édifices étudiés n'avaient pas grande importance en eux-mêmes, mais les<br />

<strong>méthodes</strong> d'enquête se sont révélées intéressantes. Tout recensement se résume à la<br />

formulation de questions; et ce sont ces questions qui déterminent en grande partie la<br />

forme et le contenu du recensement. On peut même affirmer que les conclusions d'une<br />

étude sont également influencées par la méthodologie. Ce sont là des évidences. Mais<br />

on les néglige trop souvent. Et le recours systématique à des <strong>méthodes</strong> de recensement<br />

standard peut parfois occulter la nécessité d'une approche plus adaptée à des besoins<br />

particuliers. Les résultats des études menées ont été assez différents des prévisions,<br />

puisque les questions posées et les <strong>méthodes</strong> utilisées à l'origine se sont révélées<br />

inadéquates eu égard au but fixé. Cependant, les unes et les autres ayant été modifiées<br />

en cours de route, la Commission Royale a pu finalement aboutir à des résultats plus<br />

intéressants.<br />

En 1989, le Gouvernement britannique a créé des Sociétés de développement urbain<br />

dans différents secteurs industriels et d'habitation, dépérissants, situés dans des villes<br />

de vieille tradition industrielle. Des mesures spécifiques sont mises en œuvre dans ces<br />

secteurs, en vue de susciter leur renouveau économique: nombre des anciennes<br />

réglementations en matière de planification ont été supprimées, et des aides financières<br />

accordées aux secteurs en question pour encourager la création de nouvelles industries<br />

et la reconstruction en général. Dans nombre de ces secteurs, les bâtiments anciens<br />

n'avaient pas été étudiés de très près: ces zones pouvaient donc renfermer des édifices<br />

présentant, sans qu'on le sût, une certaine valeur <strong>architectural</strong>e ou technologique, ou<br />

encore des bâtiments historiquement importants au plan local, et risquant d'être démolis<br />

sans avoir été recensés. En conséquence, afin de découvrir d'éventuels sites menacés<br />

et méritant d'être répertoriés dans le détail, la Commission Royale a entrepris des<br />

enquêtes rapides sur sept de ces sites.<br />

Pour toutes ces études, la méthode adoptée au départ fut la même; les difficultés<br />

et les résultats furent également semblables dans tous les cas. Afin de ne négliger aucun<br />

édifice d'importance, la Commission commença par procéder à un recensement de tous<br />

les bâtiments et structures industriels antérieurs à 1945, accompagné dans chaque cas<br />

d'une photo, d'une brève description, et d'une note sur la localisation, la date et la<br />

fonction. Toutes ces informations furent enregistrées selon le schéma standard adopté<br />

par la Commission pour tous les cas de recensement de bâtiments, sur la base des<br />

normes descriptives et de la terminologie fixées dans son thésaurus de termes<br />

architecturaux. Elles furent ensuite stockées dans une base de données informatisées qui<br />

permettait la recherche à partir de l'intitulé de chacune de ces rubriques de base. La<br />

71


Commission a ainsi inspecté quelque 5 000 sites dans ces zones industrielles; à un<br />

rythme de 20 à 40 édifices ou structures par jour.<br />

Cette méthode différait de toutes celles que la Commission avait utilisées par le<br />

passé. Autrefois, en effet, la méthode était sélective - on choisissait, pour le<br />

recensement, des bâtiments précis, qu'il s'agît d'édifices historiques dans certains<br />

secteurs, ou de bâtiments se rapportant à un thème déterminé. En d'autres termes, la<br />

Commission ne répertoriait que les édifices correspondant étroitement aux thèmes<br />

étudiés, ou paraissant être les plus importants du secteur sélectionné, sur le plan<br />

<strong>architectural</strong> ou historique. La démarche de la Commission consistait alors à dire: "Nous<br />

souhaitons en savoir plus sur telle période du passé et ses édifices, et nous pensons que<br />

les bâtiments choisis peuvent nous fournir certaines réponses". Toutefois, dans ses<br />

études sur les secteurs industriels, la Commission a agi différemment: pour chaque<br />

ancien bâtiment de ces secteurs, elle s'est dit: "Nous sommes en présence d'un édifice<br />

ancien. Quelle est sa nature exacte?". Dès lors, elle en a analysé et répertorié chaque<br />

détail, et s'est donc posé des questions sur tous ses aspects.<br />

Dans les secteurs industriels, certaines structures ont pu être facilement reconnues<br />

et recensées sous une forme brève et normalisée. Mais, même si les membres de la<br />

Commission avaient, dans l'ensemble, de bonnes notions générales sur l'histoire<br />

industrielle des XVI1P et XIX e siècles, et sur les édifices caractéristiques de cette<br />

histoire, ils se sont aperçus, dans la pratique, qu'il y avait beaucoup de choses qu'ils ne<br />

comprenaient pas. A commencer par le paysage môme et la disposition des bâtiments<br />

dans cet espace. Or, les édifices ne s'expliquent que par rapport aux autres édifices -<br />

que ce soit sur le plan spatial ou temporel. De plus, dans le cas de certains bâtiments,<br />

on ne parvenait pas à les comprendre du premier coup, faute d'une juste appréciation<br />

de leur fonction, de leur évolution ou de leur rareté. La compréhension de ces édifices<br />

exigeait avant tout une plus grande connaissance de l'histoire de chaque secteur étudié.<br />

C'est seulement après avoir acquis celte connaissance que la Commission a pu<br />

atteindre son objectif: faire une brève description de chacun des édifices, et déterminer<br />

ceux qui méritaient une étude plus détaillée. Dans cette démarche, l'information<br />

recueillie à propos des édifices n'était pas nouvelle en soi, puisqu'elle provenait de<br />

livres et autres publications, ainsi que de sources annexes - même si c'était peut-être la<br />

toute première fois que nous analysions un très grand nombre de "bâtiments ordinaires"<br />

à la lumière de cette connaissance (le plus souvent, en effet, celle-ci sert h<br />

l'interprétation d'édifices jugés plus nobles sur le plan <strong>architectural</strong>). Toutefois, le fait<br />

d'étudier chaque bâtiment sous cet angle historique nous a permis de déceler tout ce qui<br />

faisait leur intérêt.<br />

La connaissance de l'histoire est évidemment très utile pour définir les données<br />

minimales ft recenser pour chaque édifice. Mais en l'occurrence, dans le cadre de ses<br />

enquêtes sur les secteurs industriels, la Commission s'est aventurée dans d'autres<br />

directions, où les données standardisées sont devenues inadéquates. Par exemple, grâce<br />

h des questions sur les origines de chaque édifice, les enquêtes ont apporté des lumières<br />

sur la relation entre l'environnement bâti et les forces historiques l'ayant engendré. Il<br />

n'est pas toujours facile de définir les caractéristiques d'un secteur - en raison, dans de<br />

72


nombreux cas, d'une absence de "dialogue" entre la connaissance historique et la<br />

compréhension des vestiges du passé. Toute ville ancienne est aussi bien le produit de<br />

l'histoire que des matériaux de construction traditionnels; le caractère unique de chaque<br />

ville ou village peut difficilement être saisi si l'on n'appréhende que la moitié des<br />

données utiles. Le contexte historique permettant de prendre conscience du cachet d'un<br />

lieu échappe trop souvent aux planificateurs comme aux citoyens "ordinaires".<br />

L'architecte est normalement sensible à l'effet visuel des édifices. Le planificateur est<br />

habile à analyser les effets des structures sociales, de la demande de transport et de<br />

l'emplacement des logements et lieux de travail. Quant à l'historien des cités, il s'est<br />

toujours efforcé d'analyser dans le détail l'évolution de nombreuses villes et<br />

communautés. Mais quand voit-on l'architecte, l'urbaniste et l'historien se réunir pour<br />

échanger leurs connaissances et leurs expériences? Combien d'experts sont prêts à<br />

consulter des spécialistes d'une discipline apparemment aussi peu concrète que<br />

l'Histoire?<br />

Pour ces enquêtes sur les secteurs industriels, la Commission s'est donc intéressée<br />

à l'interaction entre l'histoire et la planification. La planification porte essentiellement<br />

sur des relations, et l'histoire visuelle d'un secteur donné s'exprime dans les relations<br />

entre les édifices - qu'il s'agisse du temps, de la fonction, de l'espace et de l'échelle.<br />

En l'absence de connaissance historique, nul ne peut saisir ces relations, où qu'elles se<br />

situent - excepté l'ordre esthétique et les rapports fonctionnels qui sont ceux de 1992.<br />

Même s'il ne faut jamais sous-estimer l'importance de la réaction esthétique face à un<br />

édifice, des connaissances historiques objectives doivent absolument étayer tout<br />

jugement - sous peine de le faire apparaître comme dangereusement subjectif. De même,<br />

lorsqu'on veut faire des projections dans l'avenir, on doit toujours savoir comment les<br />

choses ont évolué par le passé.<br />

Toutefois, la Commission estime que ce n'est pas à l'organe de recensement qu'il<br />

est de dire ce qui devrait être ou ne pas être; la mission de ceux qui inventorient les<br />

édifices est plutôt de fournir une analyse que d'autres puissent utiliser. Ce n'est pas aux<br />

personnes qui s'occupent de l'histoire de l'environnement bâti qu'il revient de dire si<br />

des aménagements récents faisant fi de l'atmosphère historique d'un lieu sont bons ou<br />

mauvais: le changement est en effet l'essence même de l'histoire. Mais on est en droit<br />

de souligner que la connaissance du passé de tel ou tel secteur permet de mieux saisir<br />

la vie qui l'anime - ou, tout au moins, favorise son appréhension "sentimentale". Le<br />

sentiment est loin d'être inutile: c'est lui qui fait que les gens s'attachent à leur<br />

environnement, et prennent au sérieux les décisions qui le concernent. Depuis des<br />

années, les responsables du recensement des édifices fournissent, à propos de chacun<br />

d'eux, des informations détaillées à ceux qui se préoccupent de leur sauvegarde. Les<br />

enquêtes menées par la Commission Royale ont servi à montrer, quant à elles, que<br />

l'analyse historique de secteurs entiers pouvait nourrir le débat sur les modes de gestion<br />

de ces secteurs. Cependant, pour en arriver là, la Commission s'est vue dans l'obligation<br />

d'aller au-delà du recueil de données de base. La question reste donc posée: peut-on<br />

réduire l'inventaire d'un paysage historique complexe à un ensemble de données<br />

minimales si l'on veut faire œuvre utile?<br />

73


Vienne, métropole du XIX e siècle:<br />

recherche de <strong>méthodes</strong> d'investigation appropriées<br />

Andréas Lehne<br />

Je travaille pour l'<strong>of</strong>fice fédéral autrichien de protection des monuments, qui est<br />

chargé de la protection des monuments et de leur inventaire. Cette double mission est<br />

assurée par différents départements, et il faut noter qu'il n'existe aucun lien direct entre<br />

la protection du patrimoine et l'inventaire. Le fait qu'un objet figure dans l'inventaire<br />

ne signifie rien quant à sa protection juridique. En Autriche, qui dit inventaire dit épais<br />

ouvrages que tout un chacun peut acheter. Il y a eu deux types <strong>d'inventaire</strong>s. La<br />

première, dite "Ôsterreichische Kunsttopographie", a commencé en 1907, et compte<br />

aujourd'hui 50 volumes, qui couvrent environ 10 % du pays. Cette "topographie de<br />

l'art" est une enquête minutieuse, fondée sur toutes sortes de sources et sur l'étude de<br />

la littérature spécialisée, citations à l'appui. L'illustration des textes est très riche -<br />

photos et plans. Pour les édifices les plus importants, il existe des catalogues de cartes<br />

et de dessins anciens - chaque volume contenant des index très fournis de personnes,<br />

d'artistes, une iconographie complète, etc. Naturellement, ce type d'étude exhaustive<br />

demande plusieurs années de travail. Il faut, par exemple, un ou deux épais volumes<br />

pour traiter un monastère ordinaire et ses collections. A ce rythme, il serait difficile de<br />

couvrir l'ensemble de l'Autriche. Si bien qu'aujourd'hui, cette "topographie de l'art"<br />

n'est utilisée que pour certains secteurs bien déterminés. Il y a vingt ans, on a donc<br />

décidé d'entreprendre un second type <strong>d'inventaire</strong>, susceptible d'<strong>of</strong>frir une vue<br />

d'ensemble du patrimoine. Ce nouvel inventaire est fondé sur le "Dehio, Handbuch der<br />

Kunstdenkmâler". Cet ouvrage, appelé le Dehio, peut être trouvé dans tous les pays<br />

germanophones. Du nom de son auteur, Georg Dehio, qui en a commencé l'élaboration<br />

en 1901, il a été conçu comme une sorte de guide spécialisé pour le grand public et un<br />

instrument pratique pour le conservateur. En Autriche, le Dehio est devenu un inventaire<br />

abrégé, couvrant non seulement les monuments de première importance tels que les<br />

églises, les châteaux, les palais, etc., mais aussi l'ensemble du patrimoine - y compris<br />

les nombreux exemples d'architecture laïque (villas, demeures diverses, fermes, etc.).<br />

Le traitement des édifices prend des formes très différentes. Pour les monuments les<br />

plus importants, l'inventaire fournit des informations sur leur localisation, leurs<br />

propriétaires successifs et l'histoire de leur construction. Suit une description qui, dans<br />

le cas des églises, inclut les installations intérieures. Pour les édifices de moindre<br />

importance seule est mentionnée l'adresse des édifices. Les auteurs du Dehio ne sont<br />

pas supposés avoir recours aux archives, mais uniquement à la littérature disponible -<br />

laquelle n'est pas citée. Pour les édifices les plus importants, on y a ajouté aujourd'hui<br />

des photos, des cartes des environs et des plans-masse. Cet inventaire compte<br />

aujourd'hui huit volumes, qui couvrent la majorité des provinces autrichiennes. Le<br />

Dehio de Vienne - lequel comptera trois volumes, d'environ 700 pages chacun, est en<br />

cours d'élaboration. En fait, trois des 23 districts de Vienne ont déjà été traités dans un<br />

volume distinct de la "Kunsttopographie", publié il y a 12 ans. Ce volume avait été<br />

conçu comme un projet-pilote; mais il s'est révélé trop coûteux et on en est resté là; il<br />

a été décidé de concentrer les travaux sur le Dehio.<br />

75


Vienne: 1 700 000 habitants, 135 000 édifices - dont 36 000 construits avant 1919,<br />

près de 10 000 d'avant 1880. On peut répartir la ville en trois secteurs. Tout d'abord,<br />

le centre: les plus anciens édifices, remontant à la période médiévale, quelques<br />

bâtiments datant de la Renaissance, et de nombreuses constructions de style baroque -<br />

notamment de très beaux palais ayant appartenu à la noblesse. Beaux spécimens de<br />

l'architecture du XIX e siècle et du début du XX e , époque où la partie résidentielle<br />

baroque s'est transformée en une métropole moderne; mais, au total, très peu de<br />

bâtiments modernes. A ce premier secteur peut être rattachée la Ringstrape voisine, qui<br />

n'est pas seulement une grande avenue, mais représente aussi une juxtaposition de<br />

résidences luxueuses, englobant également des institutions culturelles et économiques<br />

(l'opéra, le théâtre, les musées, etc.). La zone comprise entre la Ringstra|3e et le Giirtel<br />

la ceinture autour de la ville, qui correspond à l'ancienne barrière de l'octroi - est, elle,<br />

essentiellement composée d'immeubles résidentiels de la seconde moitié du XIX e siècle.<br />

Ces deux secteurs avaient été urbanisés à la fin de la période baroque. Jusqu'en<br />

1950, 2 000 anciens édifices du Baroque et du Classicisme y avaient survécu.<br />

Aujourd'hui, près des deux tiers de ces derniers ont disparu - remplacés, pour la plupart,<br />

par des immeubles d'habitation modernes. Enfin, les quartiers périphériques, qui sont<br />

venus agrandir la ville en 1890, se caractérisent par des structures peu homogènes: au<br />

milieu des zones industrielles, des quartiers ouvriers, des quartiers de villas, sortes de<br />

cités-jardins, subsiste une partie des anciens villages semi-ruraux.<br />

Je vous présenterai, tout d'abord, quelques pages du volume de la Kunsltopographie<br />

concernant les districts 3, 4 et 5, et publiée en 1980: on verra que les ensembles de<br />

logements ordinaires y sont aussi illustrés de photos cl. dans certains cas, de plans<br />

provenant des archives. Celles-ci sont très sûres, grâce à la réglementation très stricte<br />

en malière de construction. Autrement dit, mCme pour la zone suburbaine a l'intérieur<br />

de la ceinture, on retrouve généralement des documents du début du XIX e siècle. Ainsi,<br />

pour toutes les constructions antérieures à 1918, la Kunsttopographie fournil des<br />

informations sur le constructeur, les dates de la construction et des modifications, ainsi<br />

qu'une brève description de l'édifice. En ce qui concerne les constructions de la seconde<br />

moitié de XX e siècle, il y a une sélection plus stricte; mais, par exemple, tous les<br />

ensembles de logements sociaux construits par la ville de Vienne clans l'entre-deuxguerres<br />

y sont répertoriés.<br />

Passons au Dehio. A vrai dire, ce colloque est un peu en avance ! S'il avait eu lieu<br />

en 1993, j'aurais pu y présenter le premier volume du nouveau Dehio de Vienne. Pour<br />

le moment, il existe seulement sous forme d'ébauche. De quelle manière ce Dehio est-il<br />

réalisé? En principe, chaque auteur est chargé d'un district - il s'agit, le plus souvent<br />

d'historiens de l'art, soit fonctionnaires de la ville, soit indépendants. L'auteur est censé<br />

en explorer chaque rue, chaque bAiimcni et visiter ceux qui lui semblent "intéressants".<br />

Parfois, des déclarations préalables sont nécessaires - en principe, uniquement pour les<br />

monuments de premier ordre, tels que les palais ou les immeubles dus à des architectes<br />

célèbres. La sélection s'opère comme suit: d'après les principes directeurs, tout objet<br />

ayant une valeur artistique, historique ou culturelle, doit Cire répertorié - autrement dit,<br />

en ce qui concerne le centre-ville ci son parc précieux d'anciens édifices, presque tous<br />

les bAlimcnis seront inventoriés, contre moins de 10 % pour les districts extérieurs.<br />

76


Dans le vaste espace compris entre le Ring et la ceinture - c'est-à-dire l'ancienne<br />

barrière de l'octroi, où l'on trouve essentiellement une architecture du XIX e siècle -<br />

environ 50 % des édifices seront inventoriés. Naturellement, le Dehio couvre aussi<br />

l'architecture du XX e siècle - aucune limite temporelle n'est fixée.<br />

L'ordre des descriptions: pour chaque district, il y a tout d'abord une brève<br />

introduction sur son histoire et son évolution. Puis vient l'architecture religieuse, suivie<br />

des édifices laïcs "monumentaux" (bâtiments publics, palais, etc.), et de l'architecture<br />

laïque moins importante (dans l'ordre alphabétique des rues). Enfin, les statues,<br />

fontaines et autres. Naturellement, ce sont la sélection et le traitement des maisons<br />

d'habitation qui se révèlent le plus difficiles. Généralement, on trouve au départ une<br />

brève description de l'ensemble de la rue. Suit une liste des constructions les moins<br />

intéressantes (définies par un ou deux termes au plus). Et enfin, les édifices plus<br />

importants, dépeints aussi brièvement que possible.<br />

Je vous donnerai ici deux exemples de textes concernant des maisons d'habitation<br />

ordinaires. Ils vous paraîtront peut-être un peu bizarres - mais ils le sont aussi en<br />

allemand, car, pour simplifier, il n'y a pas de verbes, mais énormément d'abréviations.<br />

Les initiés qualifient cette langue de "dehiotique" !<br />

Premier exemple: une rue étroite du district 7, mélange de baroque et d'architecture<br />

du XIX e siècle.<br />

Gardegasse: rue légèrement courbe, trait d'union entre la Burg- et Neustift-Gasse,<br />

autrefois partie de la Spittelberggasse. Entre les immeubles à plusieurs étages de la<br />

période la plus récente (N° 1, 2, 3, style allemand première période, avec oriel aux<br />

N° 9, 11, 13, 15), quelques remarquables bâtiments baroques ou suburbains "Empire"<br />

préservés. N° 4: "L'étoile d'or", structure XVIII e siècle, façade 1ère moitié XIX e siècle,<br />

maison suburbaine avec façade style première période de l'historicisme (frontons droits,<br />

décoration florale). N° 5: "L'étoile rouge", construite dans les années 1850-75,<br />

importante demeure suburbaine baroque, avec façade richement décorée, portail (entrée)<br />

en arche, étages centraux avec des escaliers à pilastres, encadrements de fenêtres<br />

richement décorés, avec frontons courbes à l'étage central. Petite cour rectangulaire avec<br />

loggias. Arrière (F^pziehergasse 4) avec façade première période historiciste, frontons<br />

droits, décorations florales avec masques. N° 6 ... etc.<br />

Le second exemple est une rue assez ordinaire du troisième district: Wassergasse.<br />

Edifiés après 1880, immeubles d'habitation homogènes de 4-5 étages (1880-1885),<br />

façades néo-Renaissance avec encadrements de fenêtres et corniches en relief. (N° 11,<br />

13, 15, N° 18, plaque commémorative avec portrait en relief du Zephyrin Zettl, œuvre<br />

de Fritz Hahnlein, 1938, N° 19, 20, 21, 23, 24, 25-27, 28, 29, 31, 32, 34, 36).<br />

Immeubles symétriques de l'historicisme tardif, entre la Hôrnes- et la Geusaugasse,<br />

1887 (N° 4, 6, 8). Habitations "Art Nouveau" des années 1910/11 (N° 10, 12, No 14,<br />

décoration florale de la façade, entrée avec putti en relief, vitraux dans les escaliers).<br />

N° 29 et 31: Construction 1883-84 de Gustav Matthies, entrées modifiées en 1904,<br />

peintures murales en majolique représentant des paysages, vitraux décoratifs. Dans la<br />

77


maison au No 29, sculpture de Hygie et chandelier sculpté sur le palier. A l'entrée<br />

principale, deux médaillons Empire en relief, avec des scènes mythologiques (en<br />

provenance d'un immeuble plus ancien). Dans la maison au N° 31, également sculpture<br />

de femme (muse), même année que la construction, et buste de bronze de Cari Haball,<br />

signé Julius Griinfeld.<br />

15 lignes ont été consacrées à cette rue - description beaucoup plus détaillée, sur<br />

deux pages et avec trois photos, dans la ûsterreichische Kunsttopographie.<br />

On nous a demandé de mentionner tout problème particulier. Parmi les<br />

innombrables problèmes qui se sont posés, nous n'en citerons que quatre:<br />

1. Les édifices ordinaires ne sont répertoriés que par leur numéro de rue, la date de<br />

leur construction ou leur catégorie stylistique. Si le nom du constructeur est<br />

mentionné cela signifie qu'il s'agit d'un édifice plus important. Il arrive que le nom<br />

du constructeur soit connu de l'auteur du recensement, et qu'il ne soit pas révélé<br />

au lecteur. Problème de rétention d'information. Cette politique est peut-être<br />

discutable.<br />

2. Le traitement des villas el des immeubles d'habitation est différent. A Vienne, il<br />

n'est pas très difficile d'entrer dans l'un de ces immeubles: s'il n'est pas ouvert,<br />

on peut toujours sonner chez le concierge. C'est plus délicat dans le cas d'une<br />

villa: le visiteur craint toujours d'ennuyer le propriétaire et d'exciter ses chiens en<br />

cas d'arrivée impromptue.<br />

3. Les cimetières: ft Vienne comme dans toutes les grandes villes, il y a un certain<br />

nombre de grands cimetières renfermant plusieurs centaines de tombes de valeur<br />

artistique. Une question se pose notamment: faut-il mentionner les tombes de<br />

citoyens célèbres?<br />

4. D'une manière générale, les ensembles de logements modernes - postérieurs à 1945<br />

- ne sont pas traités dans le Dehio. Mais beaucoup d'entre eux - en particulier ceux<br />

construits par la municipalité de Vienne - sont dotés d'éléments artistiques. Il existe<br />

en effet une loi décrétant que I % du coût de construction devrait être consacré à<br />

l'ornementation artistique. Il est certain que cela n'a suscité que peu de chefsd'œuvre<br />

mais néanmoins donné des œuvres d'art. Devrait-on mentionner tous ces<br />

éléments? L'auteur moyen travaillant sur le Dehio est-il en mesure d'effectuer les<br />

distinctions nécessaires dans le domaine de l'art contemporain?<br />

Conclusions: Le Dehio a avant tout une valeur académique. Il fournil des quantités<br />

d'informations, aux historiens de l'art. Les répertoires d'artistes ou l'iconographie se<br />

révèlent très utiles aux chercheurs souhaitant pousser plus avant leurs travaux. De<br />

inCmc. il est évident que cet inventaire très complet peut constituer un excellent point<br />

de départ pour tout futur auteur de guide. En revanche, le Dehio ne peut pas Cire utilisé<br />

comme présélection pour la désignation des édifices susceptibles d'être couverts par la<br />

loi sur la sauvegarde. Il s'efforce d'envisager la globalité de la ville. Comme nous<br />

l'avons déjà souligné, 10 a 90 % des édifices de Vienne y sont répertoriés, alors que<br />

78


1 ou 1,5 % seulement des bâtiments de la capitale sont protégés par cette loi. Le Dehio<br />

traite la ville comme un gâteau, dont les responsables de la protection n'extraient que<br />

les raisins. Il y a un constant antagonisme entre les responsables de l'inventaire et les<br />

personnes chargées de la protection des monuments. Ces dernières affirment que le<br />

Dehio ne leur est d'aucune utilité dans la mesure où le nombre d'édifices répertoriés<br />

y est trop élevé. Quant à nous - les auteurs de l'inventaire -, nous reprochons aux<br />

"protecteurs" de ne pas sauvegarder suffisamment de monuments.<br />

79


L'inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> urbain en France '<br />

Service de l'Inventaire Général, de la Documentation et de la Protection<br />

Direction du <strong>Patrimoine</strong>. Ministère de la Culture<br />

Bernard Toulier<br />

Depuis dix ans, l'analyse du milieu urbain a beaucoup progressé. Le recensement<br />

général s'accomplit désormais selon une seule méthode: l'inventaire topographique,<br />

recensement exhaustif de caractère scientifique qui consiste, dans le cas d'un secteur<br />

urbain, à localiser et à identifier les édifices en réunissant sur eux les données<br />

essentielles à la connaissance 2 . L'inventaire topographique procède à un recensement<br />

systématique des œuvres postérieures à l'an 400 - excluant tout inventaire archéologique<br />

et antérieures à 1940. Le recensement des œuvres majeures n'est pas soumis à des<br />

limites chronologiques.<br />

Ce recensement du patrimoine urbain bénéficie d'une approche distincte. Des aires<br />

d'études particulières sont délimitées suivant des critères topographiques, historiques et<br />

urbanistiques, permettant de différencier les noyaux urbains, les faubourgs et les<br />

périphéries urbaines afin d'appliquer dans chaque secteur des <strong>méthodes</strong> de recherche<br />

plus adaptées au degré et à la nature de l'urbanisation 3 .<br />

A l'intérieur de ces aires d'étude urbaine, les travaux de recensement dont la<br />

programmation est soumise à l'approbation de la Commission nationale de l'Inventaire,<br />

sont conduits par les équipes des services régionaux de l'Inventaire, composées de<br />

chercheurs, de photographes et de dessinateurs.<br />

1 Nous limiterons nos observations au domaine du patrimoine bâti. Dans le cadre de la programmation<br />

d'un secteur urbain, l'inventaire topographique comprend également le recensement des objets mobiliers.<br />

La définition des termes "Inventaire" et "<strong>Patrimoine</strong> <strong>architectural</strong>" renvoie à celle de la Convention pour la<br />

sauvegarde du patrimoine <strong>architectural</strong> de l'<strong>Europe</strong> (Article 1). Conseil de l'<strong>Europe</strong> : CC-PAT (91) 12 rév.<br />

2 Livret architecture. Paris : Ministère de la Culture, 1978, 179 p.<br />

Vocabulaire de l'architecture, par Jean-Marie Pérouse de Montclos. - Paris : Imprimerie nationale, 1978<br />

(réimp. 1989). Coll. Principes d'analyse scientifique.<br />

Inventaire topographique, Guide. Paris : Ministère de la Culture, 1991, 74 p.<br />

3 Ce découpage de l'ensemble du territoire recensé en aires culturelles homogènes est aussi de pratique<br />

dans l'inventaire des biens culturels italiens. L. Cavagnaro Pontuale. Norme per la redazione délie schede di<br />

catalogo dei béni culturali. Béni ambiantali e architettonici. I. Norme generali. Rome, 1983, pp. 24-26.<br />

81


La préparation de l'enquête vise à rassembler la documentation bibliographique 4<br />

et les sources existantes les plus immédiatement accessibles 3 . Les sources<br />

iconographiques et surtout cartographiques, avec les plans anciens et les cadastres<br />

(anciens et nouveaux), sont privilégiées 6 . Le nouveau cadastre sert de support<br />

cartographique à l'enquête 7 .<br />

Le produit final est mis en forme dans:<br />

des "dossiers généralisés" sur la ville,<br />

des "dossiers d'ensemble" sur les unités urbanistiques (combinaison spontanée ou<br />

concertée d'édifices, d'édifices ou d'espaces libres) 8 ,<br />

des "dossiers collectifs" par famille d'édifices, et<br />

des "dossiers individuels" d'édifices 9 , considérés comme des éléments singuliers<br />

ou représentatifs de chacune de ces familles.<br />

L'accès public à cette documentation, bases de données informatiques et banques<br />

d'images micr<strong>of</strong>ichées à partir des dossiers 10 s'effectue à travers le réseau des Centres<br />

de documentation du <strong>Patrimoine</strong>, à l'échelon national et régional ". Cette<br />

4 Iji collection du "Répertoire des Inventaires", regroupe région par région tous les ouvrages conçus sous<br />

forme de répertoires ou <strong>d'inventaire</strong>s ainsi que les éludes ou monogrnphics, qui, dans un cndrc géographique<br />

défini, passent en revue un grand nombre de monuments ou d'objets.<br />

3 Les fichiers manuels issus de ces dépouillements d'ouvrages, de périodiques, d'archives ou de fonds<br />

iconographiques sont classés par ordre lopogrophiquc. Ces fichiers sont en cours d'informatisation. Des outils<br />

d'aide a la saisie et les produits de sortie de ces bases de données sont développés autour du logiciel<br />

PSYLOG. Le formai d'échange international prévu est le format MARK.<br />

6 Des restitutions visuelles ou graphiques sont souvent utilisées comme aide au recensement sur le terrain.<br />

Voir les <strong>méthodes</strong> mises au point pour la restitution parcellaire par méthode régressive. En règle générale, le<br />

bfili du plan cadastral ancien est reporté sur l'ancien cadastre.<br />

7 Le support numérisé no substituera peu a peu pour les grandes agglomérations au support graphique.<br />

' Exemple d'ensemble : les grandes perspectives urbaines parisiennes. Cf. Etude en cours par l'atelier<br />

Thaïes.<br />

' (intiment ou groupe de bfilimcnts affectés a une mCme destination, construits sur un fonds d'un seul<br />

tenant cl formant une unité de propriété.<br />

10 En octobre 1992. sur les 80 000 références stockées dans la base de données, plus de 15 % sont<br />

localisées "en ville". Près d'une ircntainc do villes de plu» do 3 000 habitants ont fnil l'objet d'un inventaire<br />

lopographiquc...<br />

11 Accès a la base de données a partir du 36 14 du minitel, actuellement a l'élude.<br />

82


documentation rassemblée est la base des publications régionales éditées dans des<br />

collections nationales I2 .<br />

Durant cette décennie, la réflexion méthodologique de ce recensement a évolué<br />

suivant trois directions: un outil d'aide à la recherche, un système d'informations<br />

documentaires et, un instrument de référence et d'évaluation pour la protection 13 .<br />

Le fichier de recherche du repérage<br />

La méthode poursuivie doit allier l'extensivité et la rapidité du repérage. L'objectif<br />

de la recherche est d'obtenir une sélection raisonnée d'individus exceptionnels ou<br />

représentatifs d'une famille à partir d'un repérage systématique 14 .<br />

Dans les zones très fortement urbanisées, on peut procéder alors au repérage édifice<br />

par édifice dans quelques îlots échantillonnés" et jugés les plus représentatifs 15 .<br />

L'unité d'étude est définie comme l'unité d'habitation d'origine, véritable cellule<br />

de base de l'enregistrement des informations issues de l'examen archéologique de<br />

l'édifice 16 .<br />

12 Etudes topographiques, Cahiers de l'Inventaire, Etudes du <strong>Patrimoine</strong>, Images du <strong>Patrimoine</strong>, Itinéraires<br />

du <strong>Patrimoine</strong>...<br />

13 Protection dite "du 3e type". Projet de prise en compte par les documents d'urbanisme. La "base<br />

régionale des données patrimoniales". La "liste communale du patrimoine culturel". Paris : Direction du<br />

<strong>Patrimoine</strong>, 1992, 8 p. dactyl.<br />

14 Le repérage peut être systématique, mais différencié selon les périodes chronologiques, afin d'appliquer<br />

une grille de repérage plus adaptée pour certaines périodes (ex. : Angers, Toulouse).<br />

15 Cf. exemples dans la banlieue parisienne. Ce repérage par zone échantillonnée est suffisant pour<br />

répondre aux principaux objectifs de recherche. Cette méthode est moins opérante dans la perspective d'une<br />

gestion quotidienne du patrimoine.<br />

16 Définition de l'unité de base, du foncier au bâti Georges Coste, Bernard TOULIER. La demeure<br />

urbaine : expérimentations et <strong>méthodes</strong> : l'exemple de Tours. Dans : Revue de l'art. N° 65, 1984, p. 89.<br />

83


Chaque unité est analysée à l'aide d'une "grille de repérage" portant sa localisation,<br />

les principaux caractères typologiques discriminants et la datation. La typologie est<br />

essentiellement basée sur la morphologie fonctionnelle de l'enveloppe <strong>architectural</strong>e et<br />

sur l'analyse de la distribution, retraçant le parcours vécu depuis l'espace public jusqu'à<br />

l'espace privé ".<br />

Les données sont structurées de manière très stricte, transcrites selon un codage<br />

numérique qui autorise un traitement statistique l8 . Le recours à la cartographie assistée<br />

par ordinateur est ensuite nécessaire pour visualiser le résultat de ces traitements 19 .<br />

Outre les éléments destinés à enrichir les "observations générales" du dossier<br />

collectif, le fichier issu du repérage est utilisé comme index pour "légender" une carte<br />

du patrimoine communal portant l'ensemble des éléments repérés, sélectionnés,<br />

protégés, ou à protéger.<br />

Cette base de données de recherche est en principe destinée à une gestion locale<br />

éventuelle au Centre de documentation régional du patrimoine. Les informations issues<br />

de ce repérage peuvent alimenter une partie des champs de la base de données<br />

documentaire nationale 20 .<br />

Le fichier documentaire des œuvres sélectionnées<br />

Les oeuvres sélectionnées représentent environ 10 % du corpus des œuvres repérées.<br />

Outre les œuvres majeures, cette sélection respecte la typologie des familles et leurs<br />

strates chronologiques.<br />

La buse de données nationale Mérimée est une base de données textuelle avec<br />

accès par thésaurus ou recherche sur texte. Sa fonction originelle est d'ûtre connectée<br />

à une banque d'images sur micr<strong>of</strong>iches reproduisant l'intégralité des différents dossiers<br />

17 Pour les premiers résultnls de ces réflexions méthodologiques a partir des exemples de Montpellier cl<br />

de Tours, cf. Revue de l'nn. N°65. 1984, pp. 81-97. Voir aussi. Bcmnrd Toulier. Rèfllcs cl construction d'une<br />

lypoloRJc de In demeure urbaine. Dnns : Recherches sur In lyixilORJc cl les types architecturaux ... 1991,<br />

pp. 28-33.<br />

L'analyse do In demeure urbnino repose plus directement sur l'examen des caractères récurrents des structures<br />

externes et internes de la demeure, sa position dans le milieu urbain cl sa capacité de déformaiion par rapport<br />

aux législations cl modelés théoriques ou en usage.<br />

" Décomptes : tri îi plnl sur un paramètre, tri croisé (ex. : Paris. l'aulxnirg Saint-Antoine) ; traitement<br />

mullidimcnsionncl : analyse factoricllc des corrcs|xmdanccs (ex. : Tours, Angers). Utilisation du logiciel<br />

S.A.S.<br />

" Exemples do cartographie automatique : Cognac. Utilisation dit logiciel ARC-INI'O.<br />

* Fichier constitué nu format "Ajout piloté" du logiciel TlïXTO.<br />

84


de l'inventaire topographique concernant l'architecture: bibliographie, cartes, plans,<br />

photographies 21 .<br />

Le système descriptif est conçu en fonction des possibilités du logiciel de recherche<br />

documentaire Mistral 22 . La base est constituée de 62 champs à lexique ouverts ou<br />

fermés. Les lexiques sont des listes de termes, hiérarchisés ou non, qui constituent le<br />

thésaurus. Un lexique est fermé lorsque seuls les termes rentrés dans le lexique peuvent<br />

être utilisés 23 ; il est ouvert lorsque les termes sont triés par la machine et indexés<br />

automatiquement. Ces lexiques servent à construire un fichier inverse, c'est-à-dire une<br />

liste de mots-clés. Chaque mot-clé de la liste indexe tous les documents qui le<br />

contiennent.<br />

Les champs sont regroupés en six chapitres: références documentaires, désignation<br />

de l'œuvre, localisation, historique, description, situation juridique et intérêt de l'œuvre.<br />

Nous passerons rapidement en revue quelques-uns des champs qui appellent un bref<br />

commentaire.<br />

Dans le premier chapitre des références documentaires, le numéro d'identification<br />

de l'œuvre est donné dans le champ REF. Le chapitre 2 sur la désignation est le plus<br />

important. Le champ Dénomination de l'édifice est rédigé à partir d'un thésaurus<br />

hiérarchisé M (à 10 rangs de hiérarchie), indexé et avec synonymes 2S . La<br />

dénomination est complétée principalement par l'appellation (sur texte livre) et les<br />

destinations actuelles et successives de l'édifice (mots-clés). La localisation ne donne<br />

qu'un strict positionnement cartographique dans l'espace. L'historique de l'édifice,<br />

donné par les champs Date (datation en années) et Siècles (datation en siècles) est<br />

complété par un commentaire pour préciser l'historique de chacune des parties<br />

constituantes ou remarquables de l'œuvre. Le chapitre sur la description est toujours<br />

décevant dans une telle base de données. Il donne un descriptif morphologique<br />

21 La gestion documentaire de l'ensemble des éléments utilisés dans la confection du dossier est également<br />

assurée par des "micro-bases régionales" spécialisées dont la mise en place est en cours : fichier phototype,<br />

fichier dessin, fichier bibliographique...<br />

22 Système descriptif de l'Architecture. Paris : Ministère de la Culture, Direction du <strong>Patrimoine</strong>, 1989,<br />

rééd. 1990, 193 + xxx p.<br />

Pour interrogation de la base architecture, cf. : Leroy-Beaulieu Sabine, Deldon Larianne, Mistral, version 5<br />

ou Comment utiliser un logiciel documentaire. Paris, 1988...<br />

23 Pour les lexiques hiérarchisés comme ceux des champs DENO, PART, LOCA, SCL, les nouveaux<br />

termes sont introduits après examen des propositions rédigées sur un formulaire de proposition lexicale.<br />

24 La relation de hiérarchie permet de créer des liens entre un terme générique et un terme spécifique. La<br />

relation de synonymie établit une équivalence entre deux termes ayant le même sens. La relation associative<br />

dite "voir aussi" est également permise par le logiciel Mistral et particulièrement utile à l'interrogation.<br />

25 Nouvelle version en préparation, avec définition de chacun des termes ; publication prévue en 1993.<br />

85


sommaire et doit être complété par l'usage du champ "Rema" du chapitre suivant qui<br />

décrit les parties et éléments remarquables.<br />

La fiche d'identité française, en usage depuis quelques mois, est conforme à la fiche<br />

minimum recommandée par le Conseil de l'<strong>Europe</strong>, avec en plus quelques champs<br />

utilisés dans la base de données Mérimée:<br />

ETUD, précisant le contexte de l'étude: enquête topographique, mais aussi enquête<br />

thématique, listes des immeubles protégés...<br />

DENQ, pour préciser la date de l'enquête,<br />

PDEN, pour préciser la dénomination ou y reporter la désignation adoptée dans<br />

l'arrêté de protection lorsque celle-ci n'est pas conforme au lexique autorisé,<br />

VOCA, pour noter le vocable des édifices religieux.<br />

Quant à la fiche actuellement proposée par le Conseil de l'<strong>Europe</strong>, il serait sans<br />

doute utile de poursuivre sa définition par une déclaration plus précise des champs et<br />

de leur contenu (à mots-clés ou à texte libre). Par contre, il n'est pas sûr que la<br />

recommandation de l'ouverture des deux champs uniques sur les matériaux soit très<br />

pertinente...<br />

De même il parait urgent de continuer la réflexion par des recommandations sur<br />

l'élaboration du thésaurus des dénominations, afin de parvenir a ces compatibilités entre<br />

les différents systèmes actuellement en vigueur.<br />

Dans un deuxième temps, la réflexion sur les recommandations pourrait se<br />

poursuivre sur les ensembles (villes, villages, secteur urbain), afin d'examiner les<br />

convergences d'analyse sur les éléments constitutifs mis en œuvre et les règles<br />

relationnelles qui les régissent.<br />

Enfin la collaboration européenne sur les bases de données patrimoniales appelle<br />

une réflexion complémentaire indispensable à tout système documentaire de ce type: les<br />

banques d'images.<br />

Nous terminerons notre exposé par la présentation d'une expérience en cours sur<br />

un inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> de la ville de Toulouse qui doit permettre<br />

d'améliorer la connaissance et la protection, et aider la ville à une gestion raisonnée de<br />

son urbanisme.<br />

86


L'objectif<br />

Inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> de Toulouse (France)<br />

Annie Noé-Dufour<br />

Recenser en moins de trois ans plus de 30 000 édifices dans la commune de<br />

Toulouse, hors secteur sauvegardé.<br />

La présence d'un secteur sauvegardé permet aujourd'hui de surveiller l'évolution<br />

du centre historique de Toulouse (250 ha), en revanche les outils de connaissance pour<br />

l'ensemble de la commune (11 000 ha) sont quasiment inexistants. C'est pour combler<br />

cette lacune qu'a été entrepris l'inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> toulousain. Une<br />

convention définissant le cadre et les objectifs de cette étude a été signée le 27<br />

septembre 1991 par l'Etat (Ministère de la Culture) et la Ville de Toulouse.<br />

La nature de l'étude<br />

II s'agit de réaliser une analyse systématique de chaque unité <strong>architectural</strong>e.<br />

Au terme de l'étude, ces informations recueillies doivent permettre des jugements<br />

pertinents sur l'intérêt de chaque édifice ou ensemble d'édifices, voire d'une rue, d'un<br />

îlot ou d'un quartier. Ils se traduiront de deux manières:<br />

s'agissant des éléments exceptionnels ou particulièrement représentatifs de<br />

l'architecture de ces quartiers, par des protections raisonnées au titre de la loi du<br />

31 décembre 1913, qui est de la responsabilité du Ministère de la Culture;<br />

d'une manière plus générale, par l'aménagement de dispositions réglementaires<br />

appropriées, au plan d'occupation des sols (P.O.S.) notamment, qui est de la<br />

responsabilité de la Ville de Toulouse, ou par la création de Z.P.P.A.U.<br />

La méthode<br />

Première phase<br />

1. Une approche documentaire préalable (dépouillement de la bibliographie, collecte<br />

des différents plans et documents figurés anciens et dépouillement des permis de<br />

construire) a permis de mieux cerner le développement de l'urbanisation aux<br />

XVIIF, XIX e et XX e siècles dans le territoire communal.<br />

2. Parallèlement, une grille informatisée de repérage a été mise au point pour analyser<br />

l'ensemble du bâti. Elle permet de recueillir des informations à la parcelle pour<br />

établir des traitements statistiques et cartographiques. Cette opération n'a été<br />

possible que parce que la Ville de Toulouse a informatisé son cadastre.<br />

87


La fiche permet d'analyser des édifices d'habitation très différents les uns des<br />

autres et de datations très variées (XVIII e , XIX e et XX e siècles, mais les plus anciens<br />

remontent au XIV e siècle). Cette analyse passe par:<br />

une identification de la fonction de chaque édifice (Est-ce un immeuble? Une<br />

maison? Un château? Une ferme? etc?),<br />

des informations descriptives sommaires (matériaux, structure, élévation, décor),<br />

des informations d'ordre historique (date de construction, nom de l'architecte, etc).<br />

Pour les édifices postérieurs à la Seconde Guerre mondiale, nous ne notons que<br />

leur identification, le nombre d'étages et leur datation<br />

Pour les édifices postérieurs autres que d'habitation (mais antérieurs à la guerre:<br />

écoles, édifices religieux, usines, etc.) nous notons en outre les matériaux de<br />

construction et le champ intérêt.<br />

Deuxième phase<br />

En raison du grand nombre d'édifices à répertorier, nous avons de suite envisagé<br />

de relever les informations sur le terrain directement avec des micro-ordinateurs<br />

portables.<br />

Sur le terrain, nous avons à l'écran le cadastre numérisé du quartier à inventorier.<br />

11 nous suffit de pointer la ou les parcelles concernées par l'unité <strong>architectural</strong>e, de<br />

confirmer l'adresse qui s'affiche automatiquement, puis d'engager la saisie des<br />

informations descriptives et historiques. Un menu déroulant nous permet pour chaque<br />

champ de sélectionner avec la souris la réponse pertinente. Chaque jour les données sont<br />

transférées sur un poste central.<br />

A ce jour, nous avons achevé 3 quartiers, un 4° vient d'Ctre engagé.<br />

Conclusion<br />

Le système informatique adopté a permis la création d'une base de données,<br />

rendant possible des traitements statistiques ci cartographiques. A terme les informations<br />

de cette base de repérage concernant l'ensemble du bAti pourront Cire versées pour les<br />

édifices sélectionnés dans la base documentaire décrite par B. Touiller.<br />

Ce système informntiquc permet également d'intégrer l'image et le son. Une<br />

maquette de ce type a été tentée avec succès sur un quartier: 200 photos ont été<br />

numérisées ci associées ft la base de données et au plan cadastral. Cet essai nous a<br />

semblé en grande partie concluant, mais les choix techniques et leurs conséquences<br />

financières n'ont pas encore été véritablement évalués.<br />

88


Problèmes d'étude et de documentation en patrimoine industriel<br />

Présidence: Marie NISSER


<strong>Patrimoine</strong> minier en <strong>Europe</strong>: l'étude et<br />

la documentation comme base d'un programme européen de conservation<br />

Rainer Slotta<br />

L'industrie minière et l'industrie métallurgique ont influencé l'<strong>Europe</strong> - non<br />

seulement par les événements de ce siècle et du siècle passé, mais aussi par l'histoire<br />

du genre humain. Dans sa recherche de la matière première utile, l'individu a changé<br />

la nature et l'a transformée en un paysage culturel. Le déboisement de la région<br />

méditerranéenne pour mettre du bois à la disposition des mines par exemple à Siphnos,<br />

Thasos et Laurio ou à Rio Tinto et Almaden en est une preuve; ce changement de la<br />

nature était le prix d'une richesse en or, argent et autres métaux et de la naissance d'une<br />

"culture", qui comprenait aussi et avant tout des éléments artistiques et esthétiques: sans<br />

l'industrie minière de Laurio et la force financière qui en a été tirée, Périclès n'aurait<br />

pas été capable de construire l'Acropole, monument d'Etat et patrimoine culturel de nos<br />

jours.<br />

C'est évident que les états européens ont une grande responsabilité à l'égard de la<br />

conservation des monuments du passé; il faut donner la possibilité aux générations<br />

suivantes de déterminer leurs positions culturelles et intellectuelles envers le passé, le<br />

présent et l'avenir. C'est pour cela qu'il faut conserver des monuments importants, de<br />

nombreux témoignages de l'industrie minière et métallurgique en tant que documents<br />

de cet aspect de la culture de l'humanité.<br />

Mais chaque mine à une forme spéciale. Les houillères sont différentes des mines<br />

de potasse et des mines de minerai de fer; le lignite est extrait dans des conditions<br />

différentes de celles du schiste. Par ailleurs on y relève des traits communs - surtout<br />

dans le domaine social et culturel: les villes minières sont toujours différentes des villes<br />

"normales", la plupart du temps à cause d'une certaine uniformité qui est aussi<br />

l'expression d'un système d'organisation paramilitaire. La division de la vie en "équipe"<br />

est perceptible: la fierté du travailleur, la solidarité et les soucis pour survivre sont<br />

manifestes dans les témoignages de l'architecture et de la religiosité. Une étude de ces<br />

traits communs et des différences séparant les régions minières est extrêmement<br />

difficile, mais intéressante et nécessaire: c'est seulement sur la base de ces détails<br />

qu'une évaluation des qualités d'un monument est possible.<br />

Ce problème ne se pose pas seulement au plan d'une région mais au plan plus<br />

large. C'est incontestable que l'industrie minière de la houille, de la région de la Ruhr<br />

par exemple, diffère souvent de façon importante de celle de la Pologne. Les régions<br />

voisines de la Sarre et de la Lorraine montraient des particularités qui n'étaient pas<br />

seulement spécifiques au gîte. Les districts de lignite à Senftenberg et Leipzig en<br />

Allemagne de l'Est sont différents de ceux en Allemagne de l'Ouest ou de ceux en<br />

Tchécoslovaquie. La mine espagnole de minerai cuprique à Rio Tinto en Andalousie est<br />

diamétralement opposée à celle de Mansfeld ou de Falun en Suède.<br />

91


Les paysages de l'industrie minière se distinguent malgré l'élément commun:<br />

l'empiétement du milieu; celui qui connaît le Borinage et la région de la Ruhr a<br />

remarqué des différences substantielles malgré de nombreux traits communs. Les<br />

différences sont non seulement spécifiques en ce qui concerne le gisement, mais aussi<br />

les facteurs "humains".<br />

Chaque district a des phénomènes d'origine ethnique. La forme des chevalements<br />

en fournit la preuve: les mines de la région de la Ruhr par exemple ont d'autres formes<br />

de toits que les chevalements belges; la forme des disques de câble est caractéristique<br />

des chevalements anglais. Les constructions des chevalements français et belges avaient<br />

une expérience de la construction en béton armé que n'avaient pas les constructeurs<br />

allemands. C'est pourquoi il n'y a guère de chevalements de béton armé en Allemagne;<br />

s'ils existent parfois c'est près d'une région minière française (telle la Sarre). Même<br />

dans un pays, il y a des différences: l'industrie de la potasse montre un "style de<br />

brique", peut-être parce qu'elle se développait au pays plat où on utilisait des briques<br />

et parce qu'on ne connaissait pas de pierres à bâtir. Au Harz et au Erzgebirge en Saxe,<br />

le bois était le matériel de construction le plus connu: c'est pour cela qu'on trouve des<br />

constructions en pans de bois avec un c<strong>of</strong>frage en bois. La construction en charpente<br />

métallique est un style international, mais les détails sont significatifs pour l'architecture<br />

et forment jusqu'à nos jours les "traits spécifiques" d'un pays.<br />

Cependant le principal problème est le suivant: Quel monument faut-il conserver?<br />

Généralement on dit que chaque gisement doit filrc représenté dans tout son<br />

développement par des monuments caractéristiques; c'est-à-dire que chaque époque<br />

importante de l'exploitation doit persister sous une forme ou une autre. Pour l'industrie<br />

de la houille de la Ruhr cela signifie qu'on a besoin de monuments de la protohistoire,<br />

de l'industrie minière gouvernementale (conservés à travers les monuments de<br />

l'industrie minière de Willen, Multcninl), de témoignages du temps de la transition de<br />

l'exploitation au fond entre 1820 et 1830 ( à travers la mine Ver. Nachtigall Ticfbau),<br />

du temps de la vaste exploitation capitaliste dans les années 1850 (les tours Malak<strong>of</strong>f),<br />

du temps de l'existence des mines de larges dimensions (p.e. la mine Zollcrn 2/4<br />

de 1900), du temps du constructivisme, 1920 (chevalement conservé au Musée de la<br />

Mine allemand): ce programme est un programme "minimal", qui peut cl doit être élargi<br />

- selon les moyens financiers existants -, car avec le temps, il faut compléter ces<br />

monuments. Si l'industrie minière de la houille de la Ruhr s'achève en 2050, toutes les<br />

étapes du développement de cette branche économique significatives pour ce district<br />

doivent Cire vérifiablcs à travers les monuments; c'est pour cela qu'il nous revient de<br />

faire un choix des objets.<br />

Cela est-il possible? D'autre part il nous faut ûtrc conscients qu'il n'est pas possible<br />

de conserver une multitude d'objets, surtout quand les moyens financiers manquent. Le<br />

problème d'un choix justifié se pose clairement. Si l'on veut élargir le principe du choix<br />

des monuments à tous les districts, on arrive à un grand nombre d'installations et<br />

d'objets. Je crois toutefois qu'il faut parfois poursuivre des projets excessifs pour<br />

obtenir finalement des résultats suffisants. Mais il faut faire le choix sur le plan<br />

pratique: quant il existe plusieurs monuments presque équivalents, il faut considérer que<br />

celui qu'il est nécessaire de conserver, est celui qui est le moins nécessaire sur le plan<br />

92


de l'exploitation minière des gisements. Il faut montrer beaucoup de sensibilité pour<br />

s'assurer de la compréhension et de l'attitude conciliante des propriétaires des<br />

monuments: dans la plupart des cas une confrontation aggrave le climat des<br />

négociations. Mais quant il s'agit de monuments absolument importants, il faut montrer<br />

une certaine fermeté car il est essentiel qu'il y ait une documentation justifiée et vaste<br />

sur la valeur du monument. Par ailleurs pour les activistes de la protection des<br />

monuments il faudrait qu'il y ait possibilité d'appréciation dans l'argumentation de la<br />

valeur du monument, qui ferait que les propriétaires des monuments considèrent comme<br />

définitives les décisions et conclusions arrêtées.<br />

Ce modèle n'est pas seulement valable pour les divers pays mais aussi pour le<br />

patrimoine européen. Résultant des différences des pays et des gens, le patrimoine doit<br />

pouvoir être comparé. Le manque d'organes et de critères européens de décisions dans<br />

le domaine de la protection des monuments est malheureusement évident mais cette<br />

lacune peut être comblée si les pouvoirs publiques nationaux travaillent dans la<br />

perspective de l'avenir. Le but des efforts de la protection des monuments dans le cadre<br />

européen doit être d'établir une documentation suffisante de l'industrie minière<br />

européenne, non seulement pour les monuments nationaux, mais aussi pour le<br />

patrimoine européen commun.<br />

De tels monuments existent. Il ne s'agit pas d'installations devenues célèbres en<br />

raison d'innovations techniques mais de mines qui touchent l'individu par un événement<br />

exceptionnel.<br />

Le lieu de l'accident minier de Bois-du-Cazier à Charleroi-Marcinelle est un tel<br />

monument: en 1956, 262 mineurs italiens, belges, français, bref européens, furent tués<br />

par un coup de grisou. Cette mine encore existante doit être transformée en monument<br />

minier européen et en institut de recherche ayant pour objectif la prévention des<br />

accidents dans les mines. On pourrait imaginer le même destin pour l'Ecole Supérieure<br />

des Mines à Freiberg en Saxe où se trouvait pendant des siècles le centre des sciences<br />

minières qui influence encore aujourd'hui toute l'<strong>Europe</strong>. On pourrait aussi s'imaginer<br />

qu'à Kutnâ-Hora (Kuttenberg) on remettre en mémoire, en tant que monument lié au<br />

patrimoine minier, la célèbre église Sainte-Barbe qui témoigne de façon impressionnante<br />

de la religiosité des mineurs et rappelle que Sainte-Barbe est patronne des mineurs<br />

européens. Ces monuments - plus que la pure technique minière - sont importants pour<br />

nous et les générations suivantes, car ils témoignent des aspects principaux de la vie<br />

humaine.<br />

En Allemagne Fédérale l'enregistrement et la documentation se fait d'après les<br />

<strong>méthodes</strong> traditionnelles, c'est-à-dire par une expertise sur les lieux, une description et<br />

une photo, l'établissement d'un dossier - souvent sous forme de fiche - la vérification<br />

de la valeur d'un monument par la comparaison avec le stock connu et enfin<br />

l'inscription du monument sur la liste des monuments.<br />

Il n'existe pas de banque de données centrale, au contraire les administrations<br />

chargées de la conservation des monuments travaillent de façon plus ou moins<br />

93


indépendante puisque la loi constitutionnelle de l'Allemagne Fédérale, donne<br />

compétence aux Lander en matière de culture.<br />

Mais une relation plus ou moins étroite s'est développée entre les administrations,<br />

les conservateurs chargés de l'entretien des monuments et des institutions internationales<br />

comme ICOMOS.<br />

En outre, on s'efforce d'établir une banque de données, sur les dommages causés<br />

par l'environnement. Ces banques de données - Monudoc et Monufact - contiennent des<br />

descriptions des dommages aux monuments, les mesures mises en œuvre, les influences<br />

de l'environnement, les résultats des recherches, des produits, procédés, experts etc...<br />

Ces banques des données sont créées et gérées par le Centre d'Information Région et<br />

Construction de la Fraunh<strong>of</strong>er Société responsable du Ministère de Recherche et de<br />

Technologie. Aujourd'hui encore, la conservation des monuments est gérée d'une<br />

manière "classique" en Allemagne Fédérale.<br />

En conclusion quelles mesures faudrait-il exiger? Un comité européen chargé<br />

d'établir une liste de classement du patrimoine minier? C'est certainement prématuré;<br />

il faudrait une communication renforcée entre les autorités nationales. C'est un vœu, car<br />

il est déjà difficile, dans un môme pays européen, ainsi en République Fédérale<br />

d'Allemagne, à une époque ou l'argent devient rare, d'acquérir des listes des<br />

monuments et des idées concernant les monuments.<br />

Comment le faire pour toute l'<strong>Europe</strong>? Il faut croire aux utopies car sans illusion<br />

l'individu s'appauvrit. Certes l'argent est nécessaire, mais le manque de moyens<br />

financiers n'est pas une raison pour perdre des monuments européens importants. L'un<br />

ou l'autre monument sera sans doute perdu; c'est pour cela qu'une documentation solide<br />

est nécessaire et qu'il faut réfléchir sincèrement à la possibilité d'évaluer le patrimoine<br />

européen de l'industrie minière et métallurgique dans un "projet-pilote". Il me semble<br />

difficile d'élaborer des standards obligatoires mais, on pourrait arriver à une évaluation<br />

de la valeur d'un monument dans un cadre international.<br />

94


Critères de protection juridique des bâtiments industriels en Angleterre<br />

Martin Cherry<br />

La sauvegarde des bâtiments industriels dépend de trois facteurs:<br />

1. Une législation adéquate sur les édifices historiques et, en outre (dans le cas de le<br />

cas de l'Angleterre), un ensemble de précédents ou de cas faisant jurisprudence.<br />

2. Des programmes de recherche de qualité et dotés de budgets suffisants, dans les<br />

domaines de la classification des bâtiments historiques et de l'évolution de<br />

l'industrie - les conclusions de ces programmes servant à alimenter une base de<br />

données informatisées nationale (internationale?), portant sur le patrimoine<br />

industriel et destinée à satisfaire à la fois les besoins d'information et ceux de la<br />

gestion des sites. Ces programmes doivent être suffisamment souples pour répondre<br />

aux menaces sérieuses pesant sur tous les sites d'importance nationale, et sur les<br />

monuments industriels subissant des changements pr<strong>of</strong>onds ou sur le déclin.<br />

3. Des programmes éducatifs coordonnés, destinés à la fois au grand public et aux<br />

hommes politiques et administrateurs au niveau régional et national.<br />

1. Le cadre législatif<br />

Les édifices et sites industriels sont protégés par deux ensembles de lois:<br />

i. La législation relative aux monuments classés permet au ministre compétent de<br />

sauvegarder les édifices d'importance nationale. Généralement, les monuments qui<br />

entrent dans ce cadre juridique n'ont plus d'utilité sur le plan économique et<br />

doivent être soumis à un système de gestion qui les maintienne définitivement en<br />

l'état. La réglementation en la matière est contraignante et prime.<br />

ii. La législation relative aux monuments inscrits.<br />

Celle-ci oblige le ministre compétent à protéger les "édifices présentant un intérêt<br />

historique ou <strong>architectural</strong> particulier". A la base de cette législation, il y a le<br />

principe suivant lequel la meilleure manière de garantir la pérennité d'un édifice<br />

historique est de lui conserver son utilité pratique. Toutefois, cette législation<br />

n'exclut pas la possibilité de la maintenir "en l'état". Dans leur majorité, les<br />

structures industrielles protégées sont plutôt inscrites que classées - ce qui pose<br />

d'ailleurs l'un des problèmes les plus importants en la matière: faut-il -et de quelle<br />

manière - leur conserver leur utilité?<br />

iii. Le classement a pour but de sauvegarder les monuments les plus typiques, mais<br />

aussi d'en établir une sélection représentative à l'échelon national.<br />

95


iv. Les critères actuels d'inscription permettent une grande souplesse dans la sélection:<br />

a) Les édifices antérieurs à 1840 (par exemple, les premières filatures de coton de<br />

Manchester) doivent être systématiquement inscrits - sauf s'ils ont subi, par la<br />

suite, des modifications qui leur ôtent tout intérêt.<br />

b) En ce qui concerne la période 1840-1914, de nombreuses structures de qualité<br />

certaine sont inscrites. Toute l'attention voulue est accordée aux critères<br />

d'innovation ou de virtuosité technique, et à l'importance des bâtiments sur le plan<br />

de l'histoire économique et sociale.<br />

c) Des critères rigoureux doivent être appliqués aux structures postérieures à 1914 et<br />

celles datant d'après 1945 doivent avoir un intérêt exceptionnel.<br />

2. Les programmes de recherche et la base de données informatisées<br />

i. Le manque d'information, obstacle à la protection<br />

Dans le passé, l'un des problèmes les plus sérieux qui se soit posé aux inspecteurs<br />

chargés du classement ou de l'inscription a été le manque d'informations<br />

directement accessibles, à propos des bâtiments et sites industriels. La cause<br />

pouvait en être (i) un manque de coordination des résultais des différentes<br />

recherches et/ou (ii) la difficulté d'accéder à une base de données.<br />

(i) Exemple: lorsque, dans les années 80, le Grand Manchester et le secteur de<br />

West Riding, dans le Yorkshire, ont fait l'objet d'une nouvelle enquête aux fins<br />

d'inscription, on s'est aperçu qu'on avait relativement peu de connaissances (ou<br />

que très peu de résultais de recherches étaient disponibles) au sujet des filatures de<br />

laine et de coton qui ont conféré à ces régions une importance internationale. Sur<br />

les mille filatures de coton qui, d'après une estimation, existaient encore, moins de<br />

trente étaient inscrites - y compris celles qui se trouvaient dans les villes-clés que<br />

sont Manchester et Olclham. Aujourd'hui, sur la base des travaux importants<br />

effectués par la Royal Commission on thé Historical Monuments <strong>of</strong> England<br />

(RCHME), il est enfin possible de se livrer à un rapide examen en vue de<br />

l'inscription (et du classement) des structures existant dans ces régions - entre<br />

autres.<br />

ii. Dans le cas qui nous occupe (l'inscription), In réticence du gouvernement<br />

britannique, au début des années 80, à informatiser, sous la forme d'une base de<br />

données, les listes des édifices inscrits a rendu très difficile l'analyse de la masse<br />

d'informations figurant dans ces listes (il y a aujourd'hui un peu plus de 440 000<br />

édifices inscrits), ainsi que l'établissement d'une stratégie de sauvegarde. La liste<br />

pour les villes existant actuellement (depuis quatre ans), est complètement<br />

informatisée et nous permet d'obtenir, en interrogeant la base de données, des<br />

informations fondamentales sur l'ensemble des bâtiments historiques: date,<br />

matériaux de construction, fonction, architecte/ingénieur, etc.<br />

96


iii. Un programme de recherche pour la protection.<br />

En Angleterre, différents ministres ont reconnu la nécessité d'évaluer globalement<br />

certaines périodes critiques (ou types d'édifices particulier), de définir dans le détail<br />

les critères de sélection et d'élaborer des lignes directrices visant à mieux expliquer<br />

et faire connaître ces critères. Une première mesure a consisté à organiser une<br />

grande exposition sur l'architecture de l'après-guerre; inaugurée à Londres et<br />

devant bientôt itinérer largement dans l'Angleterre, cette exposition va de pair avec<br />

une conférence sur les premières catégories de bâtiments à examiner (les<br />

établissements d'éducation). On aboutit ainsi à l'inscription de 46 institutions en<br />

mars 93. Les bâtiments industriels et commerciaux de cette même période<br />

constitueront le thème de la deuxième phase de recherches actuellement en cours<br />

d'achèvement.<br />

iv. La méthodologie.<br />

Dans la mesure du possible, nous aborderons chaque type d'édifice en six étapes:<br />

a. identification et description de l'industrie dans son ensemble;<br />

b. recueil de données détaillées;<br />

c. collationnement et rapport;<br />

d. sélection;<br />

e. consultation;<br />

f. protection.<br />

Les industries extractives et textiles seront les premières à être examinées. Mais<br />

nous devons souligner de nouveau qu'il faut en ce domaine une approche très souple,<br />

de façon à pouvoir suspendre ou modifier des programmes en fonction des changements<br />

de priorités en matières de conservation.<br />

3. La volonté politique et la sensibilisation du public<br />

En l'absence d'un programme cohérent permettant aux hommes politiques et au<br />

public de replacer les recommandations de protection des édifices dans un cadre sûr, le<br />

schéma légal de protection restera aléatoire et insuffisant.<br />

Pour illustrer cette remarque, prenons l'exemple de trois édifices industriels et<br />

commerciaux importants de l'après-guerre dont English Héritage a récemment<br />

recommandé l'inscription: deux seulement (la Fabrique Cummins, à Darlington,<br />

construite par Kevin Roche, John Dinkerloo et leurs associés, et la distillerie de gin<br />

Gilbey ainsi que ses bureaux à Harlow, réalisés par Peter Falconer et son unité de<br />

recherche conceptuelle) ont été inscrits le troisième ne l'a pas été (Centre<br />

d'administration et de recherche Heinz, dû à Skidmore Owings et Merrill). Les ministres<br />

n'étant pas tenus de motiver leurs décisions, on en est réduit à formuler des hypothèses<br />

sur les raisons qui les ont conduits à agir ainsi.<br />

97


Le repérage du patrimoine industriel en France: objectifs et méthode<br />

Claudine Cartier en collaboration avec P. Smith et C. Chaplain<br />

1. Introduction - Historique<br />

Le repérage du patrimoine industriel découle d'une volonté politique délibérée de<br />

la part du Ministère de la Culture, à partir de 1983, de prendre en considération ce<br />

patrimoine d'un genre nouveau, reconnaissance <strong>of</strong>ficielle de l'élargissement du champ<br />

patrimonial.<br />

Cette opération, d'envergure nationale, a été lancée au cours de l'année 1986 par<br />

la cellule du patrimoine industriel à la Sous-Direction de l'Inventaire général de la<br />

documentation et de la protection du patrimoine. Elle a été mise en place à la suite de<br />

la tenue d'un colloque organisé en France, en 1985, par le Conseil de l'<strong>Europe</strong>, sur le<br />

thème "Quelles politiques pour le patrimoine industriel '?<br />

Au cours de ces rencontres, les participants avaient émis des recommandations<br />

concernant ce patrimoine et, notamment, celle d'envisager "un inventaire général léger,<br />

étendu selon une spécificité et une grille propre à l'ensemble de l'<strong>Europe</strong>".<br />

Cette préoccupation venait corroborer les propos émanant d'un rapport du Ministère<br />

de la Culture, publié en 1983, et intitulé "Hommes, techniques et sociétés industrielles:<br />

traces et identités 2 ", dans lequel on peut lire: "Pour sortir de la pratique du coup par<br />

coup en matière d'intervention, il faut se donner les moyens de connaître l'état présent<br />

du patrimoine industriel. On propose pour cela de lancer une campagne de repérage des<br />

sites et immeubles, ainsi que des machineries, qui permettra d'établir une meilleure<br />

politique en matière de sauvegarde et de conservation".<br />

2. Les objectifs<br />

Depuis son lancement, le repérage du patrimoine industriel a obéi à deux ambitions<br />

complémentaires: la connaissance scientifique et la gestion patrimoniale.<br />

Pour répondre au premier objectif, il est nécessaire de constituer une photographie<br />

d'ensemble du patrimoine industriel français dans son état. Pour chaque site de<br />

production industrielle identifié, localisé, et visité, il s'agit de rassembler des réponses<br />

1 Quelles politiques pour le patrimoine industriel?<br />

Colloque international organisé conjointement parle Conseil de l'<strong>Europe</strong> et la section française de l'ICOMOS,<br />

avec le concours des Ministères français de la Culture, de l'Urbanisme, du Logement et des Transports, et<br />

de l'Ecole nationale des Ingénieurs des Travaux publics de l'Etat. Lyon, Vaulx-en-Velin, 22-25 octobre 1985.<br />

2 Noëlle Gérôme, Bernard Rignault, Jacques Vallerant, Hommes, techniques et sociétés industrielles :<br />

traces et identités, Ministère de la Culture, Dalloz, 1983, 112 p.<br />

99


très simples à une liste de questions toutes aussi simples: Comment s'appelle l'usine?<br />

Comment s'est-elle fait appeler par le passé? Que produisait-elle avant? Où se trouve-telle?<br />

A quels types d'énergie a-t-elle recours? S'y trouve-t-il encore des machines<br />

intéressantes? Des archives? En quoi les bâtiments sont-ils construits et quelles formes<br />

<strong>architectural</strong>es adoptent-ils?<br />

Ces éléments d'informations, collectés sur le terrain et dans les archives ou les<br />

études existantes, pour rassemblés et centralisés dans des dossiers normalisés identifiés<br />

par un bordereau, sont intégrés à la documentation nationale déjà constituée par<br />

l'Inventaire sur l'architecture "classique" et les objets mobiliers. Est ainsi constituée une<br />

masse énorme d'informations, ordonnées selon une grille d'analyse standardisée, la<br />

même pour chaque usine et pour chaque aire d'étude, de Dunkcrque à Nice.<br />

Mais, en ce qui concerne ces sites existants qui constituent le patrimoine industriel,<br />

c'est-à-dire les bâtiments abritant ou ayant abrité une activité industrielle ainsi que les<br />

machines de production s'y rapportant, le repérage peut fournir un état très complet,<br />

sinon exhaustif, pour connaître la localisation, par exemple, de toutes les usines textiles<br />

situées sur tel ou tel cours d'eau et datant d'avant 1848 ou pour étudier des machines<br />

à vapeur, des fours à chaux, des roues hydrauliques d'un type particulier.<br />

Le repérage du patrimoine industriel peut également servir d'outil plus pointu, plus<br />

Fin, dans l'avancement de la connaissance, dans l'identification de nouveaux champs<br />

d'enquête, soit pour les services du patrimoine, soit pour d'autres chercheurs: telle usine<br />

particulière, semble mériter une documentation et une analyse plus appr<strong>of</strong>ondie, et,<br />

partant, plus étendue; tel secteur industriel ou telle problématique transversale pourrait<br />

utilement faire l'objet d'un programme d'étude thématique du genre de ceux que la<br />

cellule a déjà pu coordonner sur les installations hydrauliques, sur les sites<br />

métallurgiques, sur les verreries, les briqueteries, le patrimoine minier...<br />

Voilà donc tous les objectifs d'ordre scientifique. Les connaissances ainsi acquises,<br />

ou promises, par le repérage, doivent répondre, en deuxième lieu, à des besoins de<br />

nature administrative et politique: la définition et la mise en œuvre de stratégies de<br />

sauvegarde et de protection, garantissant la survie de certains édifices ou de certaines<br />

machines, à léguer à la postérité. Le repérage aide à fournir ainsi des connaissances<br />

étendues, multiples, qui sont indispensables pour pouvoir sélectionner les éléments les<br />

plus remarquables, soit parce qu'ils sont exceptionnels, soit au contraire parce qu'ils<br />

sont représentai ifs d'un type d'industrie dans une région déterminée, soit parce qu'ils<br />

ont un intérCt technologique ou emblématique, voire symbolique.<br />

100


3. Descriptif du repérage<br />

En quoi consiste réellement ce repérage?<br />

Il s'agit, en fait, d'un recensement systématique et exhaustif qui, dans une aire<br />

géographique donnée, doit localiser et identifier tous les établissements industriels en<br />

activité ou désaffectés, ainsi que les infrastructures et les machines de production qui<br />

s'y rapportent afin de rassembler sur ces usines une documentation <strong>architectural</strong>e,<br />

historique et technique essentielle.<br />

L'une des ambitions majeures d'un tel inventaire réside dans la rapidité relative<br />

avec laquelle il est mené, et ce d'autant plus que ce patrimoine est particulièrement<br />

menacé de nos jours par les restructurations industrielles et les mutations<br />

technologiques.<br />

Il faut, néanmoins, considérer qu'il s'agit plutôt d'une opération à moyen terme,<br />

car 2 à 3 ans de travail sont nécessaires pour couvrir un département.<br />

L'aire d'étude de repérage est en effet le département et non le canton (unité<br />

territoriale réduite jugée peu significative pour le patrimoine industriel).<br />

Le choix du terrain d'enquête se fait en région en accord avec le responsable du<br />

service concerné.<br />

Au niveau chronologique cet inventaire est exhaustif pour les édifices industriels<br />

antérieurs à 1950. Une sélection doit être envisagée pour les établissements<br />

postérieurs à cette date (comme, par exemple, les centrales nucléaires) et cela afin<br />

d'éviter de prendre en compte les zones industrielles stéréotypées qui ont vu le jour<br />

au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. C'est un des rares cas de sélection<br />

autorisée pour ce repérage avec la mise en forme de dossiers collectifs. Mais, étant<br />

en présence d'un patrimoine particulièrement vulnérable, on sait que de toute façon<br />

s'opère une sélection que l'on pourrait qualifier de "naturelle" qui a été provoquée<br />

d'abord par les destructions massives des deux grandes guerres, puis par les<br />

reconversions économiques et la spéculation foncière de ces dernières décennies.<br />

Les édifices détruits ne sont pas répertoriés, sauf si des documents figurés ou écrits<br />

extrêmement précis permettent d'en restituer les dispositions <strong>architectural</strong>es.<br />

L'unité de recensement est le site industriel construit sur un fonds d'un seul tenant<br />

correspondant à une même unité de production. Mais il arrive souvent que l'on ait<br />

à traiter des sites industriels étendus, complexes ou éclatés sur deux fonds ou plus<br />

comme c'est le cas ici, dans le Nord-Pas-de-Calais pour le textile et les mines, ou<br />

en Lorraine pour la métallurgie; ces sites forment alors des ensembles industriels<br />

que l'on analyse comme tels.<br />

D'abord testé dans quatre régions "pilotes" (Basse-Normandie, Champagne-<br />

Ardenne, Picardie, Poitou-Charentes), le repérage du patrimoine industriel est<br />

101


actuellement en cours dans 14 régions sur 22, ce qui représente un peu plus d'une<br />

région sur deux à être impliquée dans cette opération.<br />

Organisation de l'enquête<br />

Avant de démarrer celle-ci, le chercheur devra, au préalable, effectuer une<br />

recherche documentaire minimale en bibliothèque et aux archives, afin d'établir un<br />

fichier des établissements industriels à recenser sur son département. Puis, l'enquête se<br />

fera commune par commune. Chacun des sites industriels repéré devra faire l'objet<br />

d'une visite complète des lieux de la part du chercheur, accompagné, dans la mesure<br />

du possible, par le photographe de l'Inventaire. Tout ce travail doit aboutir à l'ouverture<br />

d'un dossier patrimoine industriel correspondant à chacune des usines ainsi répertoriées.<br />

Ce produit fini, qui comprend textes et photographies, peut être plus ou moins riche<br />

d'informations suivant les cas (au gré du site et des sources historiques disponibles).<br />

Nous allons présenter successivement trois exemples de dossiers assez différents<br />

quant à leur contenu. Commençons par ce que nous pouvons qualifier de dossier<br />

"minimal". Il s'agit, en effet, d'un moulin à farine du département de l'Orne sur lequel<br />

le chercheur n'a pu obtenir que peu de renseignements. Le dossier de cette usine<br />

hydraulique ne comporte donc que sept documents:<br />

a) la fiche signalétique rosé éditée automatiquement par l'ordinateur, qui reprend, en<br />

les organisant, les informations du bordereau:<br />

- identification de l'édifice industriel<br />

- localisation précise,<br />

- rapide historique du site,<br />

- et sa description <strong>architectural</strong>e.<br />

b) la liste des documents d'archives et des ouvrages consultés lors de l'enquête<br />

historique du site;<br />

c) la table des illustrations contenues dans ce dossier;<br />

d) le plan de situation sur fond de carte I.G.N. au 1/25 000° qui sert à localiser<br />

l'édifice industriel dans la commune;<br />

e) l'extrait du plan cadastral actuel avec la parcelle où figure le bâtiment en question:<br />

0 un document figuré qui est un plan ancien trouvé par le chercheur dans les<br />

archives;<br />

g) enfin, une photographie de l'édifice réalisée lors de l'enquête de terrain.<br />

Le premier exemple a pu montrer en quoi consiste un dossier de repérage dans une<br />

version très simple. L'exemple suivant veut illustrer comment la méthode documentaire<br />

peut rendre compte d'un site plus exceptionnel par son ancienneté, par le matériel de<br />

fabrication qui y est conservé, et par l'importance des études, y compris fouilles<br />

102


archéologiques, déjà effectuées sur ce site. Il s'agit de la forge d'Aube, dans l'Orne, une<br />

forge d'affinerie de fer attestée, sur le même site, au milieu du XVI e siècle et peu<br />

modifiée dans ses configurations spatiales et ses installations techniques, par son<br />

utilisation tout au long du XIX e siècle et, jusqu'en 1944, comme fonderie de cuivre. Ce<br />

site est donc un site vedette, déjà protégé au titre des lois sur les monuments<br />

historiques, visité par le public et retenu pour une Encyclopédie internationale du<br />

patrimoine industriel, à paraître début 1992 3 .<br />

L'information historique et descriptive résumée sur les fiches rosés est bien plus<br />

détaillée, complétée par des notices et des annexes - photocopiées ou dactylographiées<br />

comprises dans le dossier. Celui-ci comporte aussi de nombreux documents<br />

cartographiques ou graphiques anciens, et une couverture photographique bien plus<br />

attentive: des vues d'ensemble des ateliers, des vues particulières de chaque atelier de<br />

fabrication, et des vues à l'intérieur des espaces de travail, notamment du gros marteau<br />

dont l'armature en bois rappellerait les dessins de l'Encyclopédie de Diderot et<br />

d'Alembert.<br />

Le troisième exemple que nous voulons donner, toujours pour sa forme, sa méthode<br />

et ses sources plus que pour son contenu, est une usine du XIX e siècle, l'usine Abadie<br />

construite à partir de 1866, une papeterie spécialisée dans le papier à cigarettes.<br />

Cette usine Abadie, un établissement employant environ 180 personnes tout au long<br />

de son existence était le principal employeur de la petite agglomération normande où<br />

elle est située. La recherche sur cette usine a permis de retrouver, notamment auprès<br />

d'anciens ouvriers de l'usine et dans l'usine elle-même, de nombreux éléments<br />

documentaires, reproduits dans le dossier: des documents d'architecture concernant non<br />

seulement les ateliers de production, mais aussi la crèche et les logements d'ouvriers<br />

construits entre les deux guerres. Il y a aussi des documents concernant les dispositifs<br />

commerciaux de l'entreprise, des aperçus de la vie sociale à l'usine, des postes de<br />

travail - tel le travail manuel de délissage, de découpage de chiffons - et d'autres détails<br />

sur les machines à papier, sur les manutentions, etc.<br />

La couverture photographique effectuée en 1988 nous montre une usine désaffectée,<br />

l'établissement ayant fermé ses portes en 1975, une dizaine d'années avant le début du<br />

repérage. Une photographie aérienne oblique permet de mieux saisir l'insertion de<br />

l'usine dans le paysage et sur le cours d'eau, tandis que les détails des ateliers - utilisés<br />

de nos jours comme entrepôts de stockage pour un supermarché - témoignent d'une<br />

architecture usinière particulière des années 1880.<br />

Nos trois exemples viennent tous du département de l'Orne en Basse-Normandie,<br />

l'une des premières régions "test" où le repérage était lancé en 1986. Le chercheur<br />

chargé de cette opération, Yannick Lecherbonnier, auteur donc de ces trois dossiers et<br />

de 318 autres pour l'ensemble de l'Orne, a mis environ trois années pour "traiter" ce<br />

département.<br />

3 The Blackwell Encyclopaedia <strong>of</strong> industrial Archaeology, Basil Blackwell, Oxford.<br />

103


4. Bilan global de l'opération du repérage<br />

Actuellement, 5 départements sont complètement inventoriés: il s'agit de l'Orne<br />

(321 dossiers), de la Charente (327 dossiers), de la Somme (283 dossiers), de l'Aube<br />

(150 dossiers) et de la Haute-Marne (242 dossiers) auxquels vient s'ajouter un très gros<br />

canton du Nord, celui d'Armentières, qui concerne à lui seul 107 édifices industriels<br />

repérés.<br />

Les corpus documentaires ainsi constitués tournent en moyenne autour de 300<br />

dossiers par département. Actuellement, près de 1 500 dossiers patrimoine industriel<br />

peuvent donc être facilement consultés par le public de l'Invemaire, à la fois en région<br />

et à Paris, au Centre national de documentation sur le patrimoine par le biais du réseau<br />

informatique.<br />

Par ailleurs, on peut signaler que quelque 5 000 autres bordereaux de dossiers de<br />

repérage sont déjà réalisés dans les différentes régions concernées, mais non encore<br />

intégrés dans la base nationale Architecture.<br />

5. Outils méthodologiques<br />

Nous voulons présenter maintenant les instrument méthodologiques qu'ulilisent les<br />

chercheurs sur le terrain dans les régions et qui structurent et harmonisent l'information<br />

et la documentation. D'abord donc le bordereau de repérage, cette double feuille qui<br />

rassemble les éléments d'information que nous pensons utile de collecter sur chaque<br />

site. C'est une espèce de "chcck-lisf, de précisions descriptives et historiques à vérifier<br />

dans les archives et lors des visites des usines. Les champs successifs correspondent,<br />

d'une manière segmentée et parcellisée pour Cire gérée par des ordinateurs, aux<br />

questions sommaires que nous avons évoquées. Les réponses, manipulées par<br />

l'informatique pour Ctrc mises dans une forme plus lisible, sont celles qui figurent sur<br />

la fiche en tôtc de chaque dossier. Les 52 champs de ce bordereau sont répartis en<br />

plusieurs grands chapitres: références documentaires, désignation, localisation, époque,<br />

auteur, aspects industriels, techniques, etc.<br />

6. Lexiques - informatique<br />

Certains champs nécessitent l'utilisation de lexiques définis d'avance. Parfois,<br />

certains de ces lexiques sont très limités et sont directement imprimés sur le bordereau,<br />

comme c'est le cas du champ DESSERTE, par exemple, pour lequel il n'y a qu'à<br />

entourer l'un des trois termes proposés. Pour les champs de la Description <strong>architectural</strong>e<br />

de la dernière page du bordereau, les chercheurs se servent des vocabulaires normalisés<br />

déjà élaborés pour décrire l'architecture "classique".<br />

Pour les besoins du repérage du patrimoine industriel, il a été nécessaire de créer<br />

quatre autres lexiques. Il s'agit du lexique des Dénominations, de celui des Parties<br />

constituantes et de ceux de l'Energie (Nalu et Motc), les trois derniers faisant référence<br />

aux différents bfltimcnts et ft certains équipements techniques - en l'occurrence<br />

énergétiques - du site industriel repéré. Ces lexiques ont été créés suivant le modèle du<br />

104


Thésaurus Architecture de l'Inventaire dans lequel ils sont venus s'intégrer. Parmi eux,<br />

le plus important est celui des Dénominations, puisqu'il est employé pour identifier et<br />

désigner l'édifice industriel en question.<br />

Il a été mis au point à la suite d'une réflexion menée à partir d'une documentation<br />

historique assez variée allant des dictionnaires encyclopédiques aux classifications<br />

industrielles et index thématiques, en passant par les enquêtes industrielles et les<br />

Annuaires de commerce. Il est aussi le fruit d'une concertation avec des spécialistes de<br />

certains secteurs industriels très complexes comme l'industrie chimique ou la<br />

métallurgie.<br />

Sa structure est basée sur les 14 branches d'activités présentées par le classement<br />

industriel français des services nationaux de la statistique et comporte plus de 200<br />

termes spécifiques.<br />

Ce lexique reste ouvert et est évolutif. Tout comme celui des parties constituantes,<br />

il a déjà subi des modifications et des ajouts en fonction des demandes justifiées de la<br />

part des chercheurs.<br />

Ce vocabulaire normalisé est entièrement imprimé et figure à la place qui lui est<br />

impartie dans le système descriptif de l'Architecture de l'Inventaire. Enfin, côté histoire<br />

des techniques, nous signalons qu'un autre lexique concernant les dénominations des<br />

machines de production est en cours d'élaboration à la cellule du patrimoine industriel.<br />

En conclusion, il est nécessaire de signaler l'importance de ce travail dans le<br />

domaine de la connaissance du patrimoine industriel. Surtout, la constitution de larges<br />

corpus permet de mieux hiérarchiser la protection, au titre de la loi sur les monuments<br />

historiques, de ce type de patrimoine constitué le plus souvent d'éléments représentatifs<br />

plus qu'exceptionnels. De plus, le repérage du patrimoine industriel permet de mieux<br />

appréhender ce patrimoine dans sa globalité, c'est-à-dire de faire le lien entre les<br />

différentes structures de production, mais aussi avec l'environnement technique et social<br />

(par exemple avec les logements patronaux ou ouvriers). Enfin, cela constitue la base<br />

des publications nécessaires à une meilleure prise en compte par le public.<br />

105


Méthodes <strong>d'inventaire</strong> du patrimoine industriel en Finlande<br />

et exemples d'application pratique<br />

Erkki Haro<br />

L'histoire de l'industrialisation de la Finlande rappelle, dans une large part, celle<br />

des autres pays Scandinaves - en particulier la Suède. Avant 1809 - date à laquelle la<br />

Finlande fut enlevée à la Suède et annexée par la Russie -, les installations<br />

hydrauliques, les petites forges et les scieries utilisant les ressources en bois étaient la<br />

colonne vertébrale de notre développement industriel.<br />

Les premières usines mécaniques et textiles importantes virent le jour au début du<br />

XIX e siècle. L'essor des scieries industrielles eut lieu dans les années 1870, suivi d'un<br />

développement notable des industries de la cellulose et de la pâte à papier, dans les<br />

dernières décennies du XIX e siècle. Au cours des décennies immédiatement postérieures<br />

à l'accession de la Finlande à l'indépendance (1917), l'industrie était plus nettement<br />

encore axée sur le traitement du bois et les installations mécaniques; à cette époque, en<br />

effet, la quasi-totalité des forges, par exemple, arrêtèrent leur activité. A la fin des<br />

années 1980, de nouveaux et pr<strong>of</strong>onds changements structuraux marquèrent l'industrie<br />

finlandaise: dans la plupart des villes anciennes, par exemple, les usines quittèrent le<br />

centre pour aller s'installer ailleurs. En raison de ces changements, l'inventaire des<br />

monuments industriels est actuellement l'un des axes centraux de l'étude historique de<br />

la civilisation finlandaise.<br />

En Finlande, en matière de monuments et de traditions industriels, l'inventaire et<br />

la recherche ont été répartis en quatre niveaux complémentaires:<br />

1. Inventaire des environnements industriels importants à l'échelon national.<br />

2. Inventaire général des monuments et sites d'importance historique et culturelle, aux<br />

échelons provincial et municipal. Les sites industriels sont englobés dans cet<br />

inventaire.<br />

3. Inventaires particuliers constituant une géographie des secteurs de tradition<br />

industrielle.<br />

4. Documentation exhaustive sur des environnements ou de petits ensembles de<br />

bâtiments industriels pris isolément.<br />

L'étude des environnements industriels de valeur culturelle à l'échelon national<br />

(niveau 1) a été mise en œuvre en 1988 par le ministère de l'Environnement. Elle visait<br />

essentiellement à fournir un tableau d'ensemble de l'évolution des traditions de<br />

l'architecture industrielle finlandaise en décrivant les environnements et édifices de<br />

différents secteurs industriels du pays.<br />

107


Cet inventaire s'est concentré sur l'état et l'usage actuel des environnements<br />

industriels de valeur culturelle. L'un des principaux objectifs a été de déterminer la<br />

manière dont ces environnements ont été préservés dans le cadre de divers plans<br />

d'utilisation des sols. La refonte de la loi de 1985 sur la protection des édifices a rendu<br />

cette tâche particulièrement importante.<br />

A la lumière des résultais obtenus jusqu'à présent, on peut dire que les inventaires<br />

généraux fondés sur des critères de sélection identique et couvrant l'ensemble du pays<br />

ont été très utiles en ce qu'ils ont mis l'accent sur la nécessité de sauvegarder les<br />

monuments les plus importants du point de vue de notre tradition industrielle. Dans le<br />

cas de nombreux environnements industriels, on a ainsi été amené à réexaminer la<br />

politique trop généreuse d'octroi des permis de construire dans les anciens plans<br />

d'utilisation des sols.<br />

L'étude des environnements industriels d'importance historique a porté sur quelque<br />

200 lieux - dont un grand nombre sont de vastes ensembles industriels. Elle a permis<br />

de recommander l'inscription de certains lieux finlandais (les docks de Suomenlinna,<br />

l'usine de carton de Verla, la papeterie de Sunila) sur la liste du <strong>Patrimoine</strong> mondial -<br />

en tant qu'exemples parmi les plus remarquables de la tradition finlandaise en matière<br />

de construction.<br />

Le niveau 2 consiste dans l'inventaire, aux échelons provincial et municipal, des<br />

monuments industriels caractéristiques des traditions de construction et ayant, à ce titre,<br />

une valeur culturelle. On peut, par exemple, dans tel ou tel secteur géographique,<br />

évaluer l'importance de l'environnement industriel, parallèlement à l'architecture rurale<br />

ou militaire. Par ailleurs, les études à ce niveau fournissent des informations sur des<br />

bîUimcnts industriels ne présentant qu'une importance locale, ou ayant cessé toute<br />

activité depuis longtemps.<br />

En se fondant sur les travaux du département d'histoire de l'architecture de l'Office<br />

national des antiquités et des monuments historiques, on peut dire que l'inventaire des<br />

bâtiments industriels - et, plus généralement, de toutes les traditions industrielles - a une<br />

utilité maximale lorsqu'il est réalisé par secteur (niveau 3). On mesure mieux<br />

l'efficacité de cet inventaire si l'on compare les excellents résultats obtenus et les<br />

moyens très limités qui peuvent Cire consacrés à ce type d'opération - tout au moins<br />

dans un petit pays comme la Finlande.<br />

L'avantage essentiel de ces inventaires est d'<strong>of</strong>frir un tableau global des différents<br />

types d'installations de tel ou tel secteur industriel, dans des conditions géographiques<br />

et économiques différentes et à des époques différentes. Seules ces informations<br />

permettent rétablissement d'un programme de protection objectif pour le secteur en<br />

question. L'analyse sectorielle <strong>of</strong>fre des possibilités d'appr<strong>of</strong>ondissement et peut<br />

déboucher également sur une coopération avec différentes branches scientifiques.<br />

En Finlande, on a effectué des inventaires sectoriels notamment pour les verreries,<br />

les forges et les ateliers de fabrication du cuivre, In construction de canaux et de<br />

chemins de fer. De nouvelles études sont prévues, entre autres, sur les briqueteries, les<br />

108


scieries et les anciennes centrales électriques. Les <strong>méthodes</strong> mises en œuvre <strong>of</strong>frent<br />

aussi de bonnes possibilités de coopération internationale. Pour ce qui est des études<br />

mentionnées ci-dessus, une coopération est déjà prévue entre les quatre pays<br />

Scandinaves. On peut espérer qu'elle se concrétisera.<br />

Les forges et les ateliers de fabrication du cuivre sont un bon exemple <strong>d'inventaire</strong><br />

sectoriel réussi. L'Office national des antiquités et des monuments historiques s'est<br />

d'abord livré à un inventaire de toutes les activités industrielles qui présentent de<br />

l'intérêt pour la production métallurgique des années 1980. A ce stade, l'étude ne portait<br />

pas sur la conservation des bâtiments. Elle avait pour but essentiel de localiser très<br />

précisément les édifices et structures, ainsi que ceux présentant un intérêt archéologique<br />

particulier. Pour de nombreuses forges elle a été complétée par des analyses relatives<br />

à l'histoire, à l'équipement technique, à la tradition ouvrière, aux produits, et aux<br />

réseaux de transport.<br />

Grâce à ce tableau à plusieurs facettes, le Département d'histoire de l'architecture<br />

de l'Office national des antiquités et des monuments historiques est parvenu à une assez<br />

bonne répartition des moyens économiques. Il a ainsi été possible de préserver les<br />

édifices de l'industrie métallurgique qui sont essentiels pour leur valeur historique. Un<br />

bon exemple en est la restauration de la forge de Leineperi (à Kullaa), créée pour le<br />

traitement du minerai importé de Suède au XVIII e siècle. Autre exemple: l'usine de<br />

Môhkô (à Ilomantsi), créée dans la première moitié du XIX e siècle et utilisant le minerai<br />

des lacs finlandais.<br />

Le niveau 4 consiste, dans la pratique, en une étude et une documentation détaillées<br />

portant sur des bâtiments ou des ensembles de bâtiments clairement délimités; il s'agit<br />

aussi, dans certains cas, d'une étude au plan de l'archéologie industrielle. En Finlande,<br />

ce type d'étude est effectué tout particulièrement lorsqu'un site est menacé de<br />

démolition ou que sa reconversion est prévue.<br />

En résumé, on peut affirmer que, ces dernières années, la tradition industrielle dont<br />

les anciennes usines sont la partie la plus visible - a pris de l'importance, en Finlande,<br />

dans le cadre des études historiques et culturelles. La principale raison en est que les<br />

zones industrielles d'importance historique et culturelle ont subi récemment de pr<strong>of</strong>onds<br />

changements.<br />

En Finlande, comme dans d'autres pays d'<strong>Europe</strong>, les mutations structurelles du<br />

secteur industriel ont abouti à une sous-utilisation, voire à une évacuation totale,<br />

d'ensembles industriels parfois très importants - situés le plus souvent dans les centres<br />

villes. En plusieurs endroits, cette brutale évolution a eu des effets importants sur<br />

l'environnement. Ce phénomène n'a été que très peu ralenti par l'actuelle récession.<br />

Les anciens environnements industriels constituent une ressource économique non<br />

négligeable et représentent aussi des valeurs historiques et culturelles diverses,<br />

difficilement mesurables. C'est pourquoi il est nécessaire et urgent de définir ces valeurs<br />

et la tradition industrielle en général.<br />

109


Si l'on en juge par l'expérience finlandaise - particulière par la nature des traditions<br />

industrielles et les moyens limités pouvant être consacrés aux bâtiments qui en sont les<br />

témoins -, l'inventaire atteint son efficacité maximale lorsqu'il est réalisé presque<br />

simultanément à plusieurs niveaux complémentaires. Il est à noter qu'en Finlande, il<br />

n'existe pas de formation destinée aux personnes spécialistes dans la recherche en ce<br />

domaine. On a obtenu les meilleurs résultats - en termes <strong>d'inventaire</strong> - lorsqu'on a pu<br />

organiser une coopération entre différentes branches scientifiques.<br />

Du fait que l'histoire de l'industrie est pratiquement la même dans toute l'<strong>Europe</strong><br />

et en Amérique du Nord - qu'on envisage les caractéristiques essentielles ou l'évolution<br />

par étapes du secteur industriel -, l'inventaire des traditions industrielles est une<br />

excellente base pour toute coopération internationale, au niveau non seulement de la<br />

théorie mais aussi de la mise en œuvre.<br />

110


Le patrimoine industriel de la Russie<br />

L'inventaire des monuments historiques<br />

Katya Sherban<br />

En Russie, l'étude et la sélection des monuments industriels font partie depuis<br />

quinze ans de l'inventaire du patrimoine. L'intérêt pour l'architecture industrielle<br />

s'inscrit dans une nouvelle orientation générale des travaux de conservation. Cette<br />

tendance se caractérise par l'élargissement sous divers rapports du patrimoine<br />

<strong>architectural</strong> étudié, inclus dans l'inventaire et préservé.<br />

Les principaux éléments de ce processus sont:<br />

1. l'abaissement de "l'âge" des bâtiments qui peuvent être inclus dans l'inventaire (ce<br />

qui signifie que les édifices de 1850-1950 y seront inclus);<br />

2. l'incorporation de nouveaux types de bâtiments;<br />

3. l'élargissement des frontières stylistiques du patrimoine étudié (c'est là un<br />

problème particulier lié à l'idéologie au pouvoir dans notre pays; en effet, il y a<br />

encore dix à quinze ans, il était, par exemple, interdit d'étudier les styles<br />

"éclectiques" de la seconde moitié du XIX e siècle ainsi que l'art nouveau, considéré<br />

comme "réactionnaire");<br />

4. l'intérêt non plus seulement pour les bâtiments isolés mais aussi pour des groupes<br />

de monuments qui forment ensemble l'unité artistique du cadre <strong>architectural</strong>,<br />

conception dite contextuelle ou environnementale du patrimoine historique.<br />

Nous observons que cette conception est tout à fait à l'ordre du jour dans les pays<br />

européens.<br />

Grâce à ces éléments, l'attention et l'intérêt se sont portés sur les bâtiments<br />

industriels. Le service de l'Inventaire général des œuvres <strong>architectural</strong>es de Russie a<br />

commencé les travaux liés au patrimoine industriel dans la région d'Ivanovo-<br />

Voznesensk, à 200 km au nord de Moscou.<br />

Ce district est réputé pour ses complexes textiles. Au XVIII e siècle, les paysans de<br />

l'Etat commencèrent à y fabriquer des cotonnades dans de petites filatures. L'un des<br />

très rares monuments de cette période est l'exceptionnel barrage en bois construit au<br />

début du XVIII e siècle sur la rivière Teza, le long de laquelle majorité des filatures sont<br />

situées. Il ne reste aucun vestige des premières filatures, et nous avons donc étudié les<br />

grandes manufactures construites ultérieurement, dans la seconde moitié du XIX e siècle.<br />

Nous nous sommes d'abord limités aux bâtiments industriels mais très vite, nous en<br />

sommes venus à la conclusion qu'il fallait préserver toutes les structures liées à<br />

l'industriel textile qui présentent un grand intérêt historique, <strong>architectural</strong> et<br />

111


urbanistique. A la fin du XIX e et au début du XX e siècles, on a vu apparaître dans les<br />

environs d'Ivanovo-Voznesensk de grandes zones d'habitation construites par les<br />

manufacturiers riches et instruits. Les agglomérations en tournant les complexes<br />

industriels ont été conçues comme des cités-jardins. L'exemple le plus intéressant en<br />

est la ville de Vichuza qui s'est édifiée entre 1870 et 1919 autour des manufactures de<br />

Konovalov et fils. On trouve là les composantes de l'idéal urbanistique de l'époque et<br />

certains détails paraissent même naïfs (il est intéressant de noter que le propriétaire de<br />

la manufacture avait l'habitude de prendre le thé sur une petite île située au centre d'un<br />

lac devant la façade de la manufacture).<br />

Près de la manufacture, se trouvent l'ensemble des bâtiments civils, construits entre<br />

1880 et 1910 dans les styles "éclectique", "byzantin russe" et néo-classique" (le grand<br />

foyer des travailleurs appelé la "Maison du peuple", la crèche, le café, l'église, etc.),<br />

ainsi que le manoir de Konovalov. A l'ouest du foyer, un grand parc comporte des<br />

zones spécialement aménagées pour le tennis et le cricket, et un hôpital de style néoclassique<br />

a été édifié à l'une des extrémités du complexe urbanislique. Au nord par<br />

rapport au centre de la ville industrielle, s'est formée entre 1910 et 1920 une petite cité<br />

ouvrière composée de quarante à cinquante maisonnettes en bois pour les familles des<br />

ouvriers qualifiés.<br />

En conclusion, on peut souligner l'opportunité lorsque l'on s'occupe du "jeune"<br />

patrimoine de 1850 à 1950, d'élaborer un système de critères de sélection. Bien sûr,<br />

dans certains cas comme celui de l'industrie textile autour d'Ivanovo-Voznesensk en<br />

Russie, il faut essayer de préserver ou du moins d'étudier tous les monuments (comme<br />

nous l'avons déjà fait). Cependant, dans l'impossibilité de tout préserver, nous devons<br />

sélectionner ce qui nous voulons absolument conserver. A propos du patrimoine<br />

industriel, je pense qu'il faut recourir principalement à deux groupes de critères. Dans<br />

le premier groupe on trouve aux deux extrêmes, les éléments uniques (en matière de<br />

style, de type, de période, etc.) cl les composantes typiques. La rareté est l'une des<br />

subdivisions des critères au centre de ce groupe.<br />

Le second groupe de critères se rattache à la préservation des ensembles<br />

architecturaux, etc. (critères dits environnementaux). Ici, il faut étudier et évaluer les<br />

qualités du monument et de l'environnement et leurs supports, leur correspondance<br />

artistique et historique.<br />

112


Introduction<br />

<strong>Patrimoine</strong> industriel aux Pays-Bas: les châteaux d'eau<br />

Peter Nijh<strong>of</strong><br />

Dans le domaine de la protection des monuments antérieurs à 1850, les Pays-Bas<br />

peuvent se prévaloir d'une longue tradition. En revanche, les monuments industriels de<br />

la période 1850-1940 ne doivent qu'à la chance ou au hasard d'avoir été classés<br />

"monuments nationaux".<br />

D'après les statistiques <strong>of</strong>ficielles, sur environ 44 000 monuments nationaux,<br />

quelques centaines seulement peuvent être considérés comme des monuments<br />

industriels ', ce qui s'explique en partie par le fait que, dans les années 60 et 70, au<br />

moment où l'on a procédé au classement des monuments anciens, on n'a pas, dans<br />

l'ensemble, su apprécier cette vaste catégorie d'édifices. La raison principale en est le<br />

début relativement tardif, aux Pays-Bas, de la "première révolution industrielle" - qui<br />

date de la seconde moitié du XIX e siècle seulement. Autrement dit, la plus grande partie<br />

du patrimoine industriel néerlandais est postérieure à 1850 et les éléments qui le<br />

composent n'ont, de ce fait, été classés que dans des cas exceptionnels. C'est pourquoi,<br />

sur les quelque 200 châteaux d'eau néerlandais encore existants, moins d'une dizaine<br />

sont classés à l'heure actuelle.<br />

Toutefois, le programme national <strong>d'inventaire</strong> des monuments de la période 1850-<br />

1940 (NflP) est presque terminé - comme nous l'a déjà exposé ma collègue,<br />

Marieke Kuipers. Grâce à quoi, pour la première fois dans notre "histoire<br />

monumentale", les monuments industriels seront systématiquement sélectionnés et<br />

inventoriés dans le cadre du Projet national de sélection des Monuments (MSP), qui<br />

vient de démarrer.<br />

Comme dans le cas .du Programme <strong>d'inventaire</strong> des monuments (MIP), l'approche<br />

géographique - par le biais de quelque 60 périmètres <strong>d'inventaire</strong> a une importance<br />

cruciale pour le MSP. L'approche catégorielle, en revanche, fait largement défaut en<br />

particulier pour les monuments industriels. Combler cette lacune a été l'un des<br />

principaux motifs de création de l'Institut néerlandais du patrimoine industriel, à la fin<br />

de 1991. Cette fondation privée est née des recommandations de la Commission<br />

consultative <strong>of</strong>ficielle du patrimoine industriel - laquelle avait conseillé au ministre de<br />

la Culture, en 1989, de la mettre en place, ce qu'il fit en décembre 1991 2 . L'Institut<br />

Tous les documents sont publiés uniquement en néerlandais.<br />

1 Anniversal Report Rijksdienst voor de Monumentenzorg. Zeist, 1992.<br />

2 Industrial Héritage and The Art <strong>of</strong> Destruction. Advice <strong>of</strong> thé Commission Industrial Héritage. Zeist,<br />

1989 and: Standpoint <strong>of</strong> thé Minister <strong>of</strong> Culture. Rijswijk, 1992.<br />

113


du patrimoine industriel (ou PIE) reçoit, pendant quatre ans, des fonds du ministère de<br />

la Culture, afin de rattraper le retard dans le domaine du patrimoine industriel et de faire<br />

de celui-ci un sujet d'intérêt public et un élément inséparable de notre culture. En<br />

collaboration étroite avec le secteur privé et les autorités, le PIE prend des initiatives<br />

dans les domaines de l'inventaire, de la sélection, de la conservation, de la réaffectation,<br />

de la réhabilitation, de l'éducation, de l'information, du tourisme et des loisirs - le tout,<br />

en rapport avec le patrimoine industriel. L'une de ses missions consiste à aider les<br />

responsables du Projet de sélection des monuments à élaborer des <strong>méthodes</strong> de<br />

documentation et à établir des critères de sélection pour une quarantaine de grands<br />

secteurs industriels, les différentes catégories de monuments industriels et les régions<br />

dans leur ensemble.<br />

Cette action sera menée en collaboration étroite avec les nombreuses associations<br />

privées qui se concentrent sur des thèmes spécifiques relatifs aux différents types de<br />

patrimoine industriel ainsi qu'avec les universités 3 . D'ailleurs, un grand nombre de<br />

travaux conjoints ont déjà été réalisés. Ainsi, l'Université technique de Delft a mis en<br />

œuvre des projets de recherche sur les matériaux de construction et les constructions<br />

modernes 4 , ou encore sur les écluses. Des études <strong>d'inventaire</strong> assez semblables -<br />

privées et gouvernementales - ont déjà été publiées à propos de catégories telles que les<br />

monuments ferroviaires 3 , les phares 6 et les monuments miniers 7 . Sur le plan<br />

régional, un excellent - mais encore trop rare - exemple <strong>d'inventaire</strong> du patrimoine<br />

industriel est fourni par les travaux de la province du Limbourg 8 .<br />

Le programme de recherche du PIE, étalé sur quatre ans, prévoit d'autres études<br />

catégorielles sur les ponts, les stations de pompage, les châteaux d'eau, etc. Etant donné<br />

sa durée d'existence et son budget limités, le PIE ne peut avoir pour objectif de couvrir<br />

tout le champ du patrimoine industriel. Toutefois, il devrait être possible, grAcc à<br />

l'ensemble des études-pilotes spécifiques qu'il a réalisées, de définir une méthodologie<br />

en vue de l'inventaire et de la sélection systématiques des monuments industriels en<br />

général, méthodologie que d'autres experts et organisations pourront appliquer à des<br />

secteurs non encore analysés. Nombre d'entre eux ont d'ailleurs déjà élaboré des projets<br />

<strong>d'inventaire</strong> et de documentation; mais, dans leur majorité, ces projets sont loin d'être<br />

1992.<br />

3 Umlcr stcnm. Acliviiy-progmm 1992-1995 <strong>of</strong> The Nclhcrlmuls Instilutc <strong>of</strong> Inclustrinl Hcrilngo. Zcisi.<br />

' Oosicrli<strong>of</strong>f. J. (éd.), c.o.. Building» 1800-1940. Rcvicw nnd lypology. Dclfi. 1989. The siudy on sluiccs<br />

is forcBccn 10 bc publishcd ultimnic 1992.<br />

5 Mccno, J.G.C. vnn do. nnd P. Nijh<strong>of</strong>, Rmlwnymonumcnls in Tho Nclhcrlmuls. Amsterdam. 1985.<br />

* Crommclm. L.. nnd M. vnn Suchtclcn, Dulcli lighihouncs. Building liisiory nnd organisai ion. Nicuwkoop,<br />

1978.<br />

7 Invcniory <strong>of</strong> mining monuments in iho province <strong>of</strong> Utnlnirg, Hccrlcn. 1978.<br />

1 Dnm-Schocmnnn, M., nnd J.C.J.M. Slnrmnn*. liuliisirinl herilngo in thé province <strong>of</strong> Liinhurg.<br />

Lccuwnrilcn/Mnnslrichl, 1990.<br />

114


complets; il leur manque notamment un ensemble cohérent de critères de sélection et<br />

de protection des monuments. L'un des organismes en question est l'Association<br />

nationale des châteaux d'eau (NWS), dont la documentation a servi de base au présent<br />

exposé 9 .<br />

Méthode d'enquête<br />

La NWS est un organisme privé, fondé en 1990. L'un de ses promoteurs - H.<br />

Rienks (de l'Université technique de Delft) - avait déjà, dans les années 80, rassemblé<br />

une documentation sur les châteaux d'eau avec l'aide d'autres chercheurs bénévoles,<br />

intéressés par le sujet. La documentation en question porte sur plus de 400 châteaux<br />

d'eau, dont 200 subsistent aujourd'hui.<br />

Tous les châteaux d'eau existants ont été visités et photographiés. Ce travail sur le<br />

terrain a été complété par des recherches, dans les archives et les bureaux, sur<br />

l'ensemble des châteaux d'eau - existants ou disparus. En fonction des documents<br />

disponibles, de nouvelles illustrations viennent donc enrichir ce travail - depuis des<br />

photos historiques jusqu'aux plans de construction originaux.<br />

Depuis le début de cet effort de documentation, de nombreux changements ont eu<br />

lieu, mais n'ont pu être systématiquement vérifiés sur le terrain, faute de temps et<br />

d'argent - il ne faut pas oublier que l'on a affaire à des bénévoles ! Si bien que l'une<br />

des tâches de la NWS pour les quelques années à venir va être d'actualiser sa<br />

documentation grâce à des activités sur le terrain.<br />

Structure des données<br />

Pour vous donner une idée de l'organisation de cette documentation, nous<br />

prendrons un exemple. - le château d'eau de Hoogwoud, dans la province de Noord-<br />

Holland.<br />

La province de Noord-Holland a utilisé cette documentation pour sélectionner et<br />

classer les châteaux d'eau sur le plan régional 10 . Le rapport de classement des<br />

châteaux d'eau ainsi sélectionnés décrit ceux-ci selon une grille très semblable à<br />

l'organisation des données dans la documentation de la NWS:<br />

Description générale:<br />

Ville ou village-<br />

Adresse<br />

Date(s) de construction<br />

Architectes/constructeurs/...<br />

' Nederlandse Watertoren Stichting (NWS). Activities and projects 1992 and coming years. Nieuwerkerk<br />

a/d. Ussel, 1992.<br />

1991.<br />

10 Boer, H. de, e.o., Watertowers in Noord-Holland. Provincial Monuments Noord-Holland. Haarlem,<br />

115


Société de construction (ou immobilière)<br />

Propriétaire(s)<br />

Etat actuel (en usage ou non, état de conservation, projets de démolition, de<br />

transformation ou de réutilisation, etc.)<br />

Le château d'eau<br />

Forme<br />

Matériau(x) de construction<br />

Hauteur<br />

Construction<br />

Autres éléments (comparaison avec d'autres châteaux d'eau semblables,<br />

spécifications techniques, etc.)<br />

Le réservoir<br />

Forme<br />

Matériau(x) de construction<br />

Quantité d'eau contenue dans le réservoir<br />

Capacité<br />

Niveau d'eau le plus élevé<br />

Dimensions<br />

Autres éléments (voir paragraphe "Château d'eau", ci-dessus)<br />

Completude des données<br />

En comparant la documentation de la NWS et la "Fiche minimum de données<br />

documentaires pour l'inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong>" du Conseil de l'<strong>Europe</strong>, on<br />

peut tirer deux conclusions:<br />

a. Les données du CE qui manquent dans la documentation de la NWS pourront Être<br />

rajoutées sans aucune difficulté lors de l'informatisation de cette dernière. Ces<br />

données sont les suivantes:<br />

.1.1.: Nom de l'édifice (n.b.: inapplicable aux châteaux d'eau néerlandais, qui<br />

n'ont pas de nom)<br />

.1.2.: Numéro d'identification individuel<br />

.1.3.: Pays, région; référence cartographique<br />

.2.1.: Fonction d'origine de l'édifice<br />

.4.1.: Statut de protection<br />

b. Les renseignements techniques fournis par la documentation de la NWS dépassent<br />

de loin les exigences minimales du CE.<br />

Utilisation et usagers<br />

Actuellement, In documentai ion de la NWS n'a pas de statut <strong>of</strong>ficiel, vu qu'il ne<br />

s'agit "que" d'une initiative privée et qu'elle n'a pu Cire publiée - en raison de son<br />

énorme volume et du manque de fonds. Ces raisons, expliquant aussi qu'elle n'ait pu,<br />

jusqu'à présent, Ctrc informatisée. Néanmoins, toutes les personnes qui, aux Pays-Bas,<br />

116


s'occupent des châteaux d'eau peuvent utiliser cette documentation, et le font<br />

effectivement, notamment dans le cadre de travaux <strong>of</strong>ficiels, tels que le rapport de<br />

classement de la province de Noord-Holland (1991), ou, tout récemment également, une<br />

publication relative à l'ensemble des châteaux d'eau de la province d'Utrecht ".La<br />

documentation en question a aussi servi de base à la première étude générale des<br />

châteaux d'eau néerlandais (1989) - la seule à ce jour 12 .<br />

Dans les années à venir, la NWS prévoit d'informatiser l'intégralité de sa<br />

documentation et de la publier sous la forme d'une série d'ouvrages régionaux édités<br />

grâce au soutien financier des compagnies d'adduction d'eau régionales et provinciales.<br />

Par ailleurs, la NWS travaille également à la définition de critères de protection<br />

d'une série de châteaux d'eau représentative - choisie suivant une typologie englobant<br />

la construction, les matériaux de construction, le type de réservoirs d'eau, le style<br />

<strong>architectural</strong>, les constructeurs et architectes.<br />

Enfin, la NWS a été chargée par l'Institut néerlandais du patrimoine industriel<br />

(PIE) d'établir un ensemble de schémas en vue de la réutilisation et de la réadaptation<br />

des châteaux d'eau, en prenant pour base les types de construction dominants. En cas<br />

de désaffectation d'un château d'eau, ces schémas devront constituer une première<br />

indication, facile à décrypter, des possibilités de réutilisation et de réadaptation.<br />

Un autre objectif du PIE est d'informatiser, d'après un programme informatique de<br />

base, l'ensemble des systèmes de documentation catégoriels et géographiques (existants<br />

et futurs) sur le patrimoine industriel. De cette manière, toutes les informations<br />

provenant des divers "producteurs" pourront être reliées et utilisées selon les mêmes<br />

procédures - sans aucun problème de conversion ou de recherche pour l'usager moyen.<br />

Un autre pas en avant sera la coopération étroite du PIE et du Rijksdient voor de<br />

Monumentenzorg. Dans ce contexte, mon collègue Job van Laar est chargé de la<br />

coordination et de l'intégration des systèmes de documentation, privés et publics, portant<br />

sur tous les sujets intéressant les travaux du Rijksdienst. L'an prochain, sera créé, au<br />

sein du Rijksdienst, un département spécialisé dans l'information, la documentation, la<br />

recherche et la communication, qui devra notamment connecter tous les systèmes de<br />

documentation appropriés au Système national d'enregistrement des monuments - lequel<br />

est déjà informatisé et renferme l'ensemble des monuments nationaux classés. La "Fiche<br />

minimum de données documentaires" du Conseil de l'<strong>Europe</strong> sera évidemment l'une des<br />

bases de cette ambitieuse opération, qui durera jusqu'à<br />

la fin des années 90.<br />

11 Blijdenstijn, R., and H. Rienks, Watertowers (in thé province Utrecht). Utrecht, 1992.<br />

12 Veen, H. van der, Watertowers in The Netherlands. Rotterdam, (1989).<br />

117


Synthèses et débats sur les problèmes de méthode<br />

Présidence: John HUME


Rapport de synthèse: les <strong>méthodes</strong> d'enquête et de sélection<br />

Monique Chatenet<br />

Les trois thèmes traités - patrimoine rural, patrimoine urbain, patrimoine industriel -<br />

dans le vaste tour d'horizon européen de ces journées nantaises ont donné lieu à de très<br />

riches communications et à de multiples interventions qu'il serait vain de vouloir<br />

résumer ici dans toute leur variété. Il paraît en revanche essentiel de souligner l'image<br />

générale de cohérence de convergence qui s'en dégage en dépit de la diversité des<br />

contextes.<br />

I. La notion <strong>d'inventaire</strong><br />

Avant même d'aborder les <strong>méthodes</strong> d'enquête et de sélection, il est important de<br />

constater qu'au cours des dix dernières années la notion même <strong>d'inventaire</strong> s'est<br />

resserrée à travers l'<strong>Europe</strong>, en particulier sur les quatre points suivants:<br />

1. Des finalités pratiques<br />

L'inventaire de pure connaissance, naguère dominant, a perdu du terrain au pr<strong>of</strong>it<br />

<strong>d'inventaire</strong>s conçus plus directement en relation avec la protection du patrimoine, qu'il<br />

s'agisse d'une protection de type "Monument historique", ou d'une simple prise en<br />

compte du patrimoine dans des plans d'urbanisme. L'évolution de l'inventaire français<br />

est, à cet égard, particulièrement symptomatique.<br />

2. Une conception élargie de la notion de patrimoine<br />

Dans toute l'<strong>Europe</strong>, les inventaires ont désormais adopté l'acceptation large du<br />

terme "patrimoine" et prennent en compte de manière de plus en plus globale<br />

l'architecture vernaculaire, le patrimoine industriel, l'habitat urbain de la seconde moitié<br />

du XIX e siècle et du XX e siècle. Cette évolution n'est pas sans poser des problèmes<br />

difficiles à résoudre, problèmes pratiques pour appréhender rapidement un nouveau<br />

corpus aux dimensions considérables, problèmes scientifiques et méthodologiques pour<br />

analyser l'interaction de ces divers patrimoines et de leur intégration dans l'espace<br />

urbain ou rural, ou encore pour fixer de nouveaux repères chronologiques, catégoriels,<br />

qualitatifs...<br />

3. Le sentiment de l'urgence<br />

Tous les intervenants, quel que soit le thème traité, quel que soit le pays d'<strong>Europe</strong><br />

étudié, ont unanimement souligné l'urgence d'inventorier le patrimoine en raison des<br />

bouleversements pr<strong>of</strong>onds et très rapides qu'il subit actuellement. Ainsi que nous l'on<br />

rappelé avec force nos collègues polonais, roumains, hongrois, russes, le patrimoine du<br />

centre de l'est de l'<strong>Europe</strong> va connaître au cours de la prochaine décennie des<br />

destructions aussi considérables que durant la dernière guerre mondiale. A l'ouest, les<br />

121


mutations industrielles et agricole entraînent également des modifications brutales. Il est<br />

donc plus que jamais nécessaire de se conformer à cette formule désormais célèbre<br />

énoncée par notre collègue polonais "it is better to know something about everything<br />

than to know everything about something".<br />

4. L'utilisation de l'informatique<br />

A des degrés divers, les nouvelles technologies s'intègrent désormais aux opérations<br />

<strong>d'inventaire</strong>, que le passage à l'informatique soit déjà fait, en cours ou seulement à<br />

l'étude. Les conséquences en sont importantes sur les <strong>méthodes</strong> de travail, car les<br />

immenses possibilités de diffusion <strong>of</strong>fertes par l'informatique impliquent une grande<br />

rigueur de conception et d'exécution.<br />

A cet égard, on assiste à un très net rapprochement des points de vue entre les<br />

institutions qui prônaient une diffusion des inventaires par des bases de données<br />

informatiques, et celles qui préféreraient l'édition classique, les deux produits ayant<br />

révélé une très utile complémentarité: l'informatique, avec ses immenses possibilités<br />

d'enregistrement rapide des données est un élément essentiel pour un partenariat avec<br />

les gestionnaires du patrimoine. C'est également un réservoir de connaissances<br />

inégalables. En revanche, le livre reste l'outil de communication principal, que ce soit<br />

auprès du grand public ou, au contraire, de la communauté scientifique la plus<br />

exigeante.<br />

II. Méthodes d'enquête et de sélection<br />

Etant donné la diversité des situations, des finalités, des moyens, des œuvres<br />

inventoriées, on constate évidemment une grande disparité des pratiques. Trois points<br />

de convergence se dégagent néanmoins.<br />

1. La fiche individuelle de recensement<br />

La volonté commune d'agir rapidement, jointe à l'emploi plus général de<br />

l'informatique ont rendu nécessaire l'élaboration d'une sorte de "carte d'identité" de<br />

chaque édifice recensé, fiche sommaire d'identification et de localisation réduite à des<br />

informations essentielles mais rédigée avec vigueur pour permettre un codage des<br />

données. Cette "fiche minimum", accompagnée de documents cartographiques et<br />

photographiques, est pratiquée par la plupart des pays. Mais si elle constitue un format<br />

d'échange indispensable, de nombreux intervenants ont tenu ft signaler qu'elle ne peut<br />

aucunement dispenser des analyses plus appr<strong>of</strong>ondies que nécessitent les travaux de<br />

restauration par exemple.<br />

2. Lu sélection<br />

Certains inventaires enregistrent la totalité des œuvres repérées. Mais la plupart<br />

procèdent par sélection. Les sélections, quelles soient empiriques ou plus raisonnécs,<br />

combinent essentiellement trois techniques: typologie, topographie, chronologie.<br />

122


Une sélection typologique a pour effet de choisir à l'intérieur d'une catégorie ou<br />

"famille" d'édifices (maisons, moulins...) les œuvres les plus représentatives de chacun<br />

des types que contient la famille.<br />

Une sélection topographique fait ressortir des ensembles, c'est-à-dire les relations<br />

de complémentarité entre les différents composants du paysage urbain ou rural: lien<br />

entre l'usine et l'habitat: lien entre la ferme et tous les éléments bâtis et non bâtis du<br />

paysage agricole (bergeries, terrasses de culture, haies...).<br />

La sélection chronologique, quant à elle, procède par périodes de construction.<br />

Tous les inventaires qui recourent à la sélection combinent en fait les trois critères,<br />

mais dans des proportions diverses. La France insiste plus fortement sur la typologie,<br />

l'Italie ou la Hollande sur la topographie, la chronologie restant pour beaucoup<br />

l'élément primordial.<br />

Néanmoins, et sans doute en raison d'un pragmatisme grandissant, l'intérêt se<br />

manifeste de plus en plus généralement pour le critère topographique: la notion de<br />

terroir rural, de tissu urbain devient essentielle et Nicholas Cooper a montré de manière<br />

saisissante l'interaction dans un même site industriel des différents composantes du bâti.<br />

3. La notion d'ensemble<br />

L'analyse de l'ensemble est donc considérée de plus en plus comme un contrepoids<br />

indispensable à l'approche ponctuelle de chaque élément du patrimoine <strong>architectural</strong>.<br />

Dans la manière d'aborder les ensembles, qui reste souvent empirique, trois tendances<br />

se dessinent:<br />

La première, plus morphologique, part principalement de l'analyse du bâti sur le<br />

terrain pour tirer des enseignements sur la composition visuelle du "paysage" urbain ou<br />

rural.<br />

La seconde, plus chronologique, présente des analyses de cartographie historique.<br />

Enfin, une très intéressante tendance médiane part de la documentation historique,<br />

rebondit sur une analyse morphologique appr<strong>of</strong>ondie du territoire pour aboutir à une<br />

vision qui n'est plus ni purement morphologique ni purement historique. C'est sans<br />

doute dans cette direction qu'il faudra œuvrer au cours des années à venir pour mieux<br />

assurer la sauvegarde du patrimoine européen.<br />

123


Evolution de l'inventaire<br />

Nouvelles priorités et nouvelles approches<br />

Robin Thornes<br />

Les inventaires qui ont été décrits ces deux derniers jours répondent à un certain<br />

nombre d'objectifs, dont les principaux sont les suivants:<br />

la protection juridique des artefacts, des édifices historiques et des paysages<br />

anthropisés;<br />

l'aide à la sauvegarde d'objets ou de bâtiments précis - dans le présent ou l'avenir;<br />

l'accroissement des connaissances sur notre patrimoine culturel européen commun,<br />

et la sensibilisation du public dans ce domaine.<br />

Les buts que se fixe un inventaire déterminent le type d'information à rechercher,<br />

et la manière de présenter cette information. En effet, à bien y regarder, les besoins<br />

d'information de l'historien de l'architecture diffèrent sensiblement de ceux de<br />

Farchitecte-conservateur, de l'urbaniste, ou encore du grand public. Il est vrai que<br />

certains types d'informations sont nécessaires à de nombreuses catégories d'usagers.<br />

Tout le monde a besoin, par exemple, de connaître la localisation d'un édifice, sa<br />

fonction actuelle (et passée), et son âge. Ce sont là des informations fondamentales -<br />

c'est pourquoi elles figurent dans la "fiche minimum de données", point de départ vers<br />

un appr<strong>of</strong>ondissement de l'information.<br />

Si l'on en juge par les résultats du questionnaire, et par les exposés de ces deux<br />

derniers jours, il est clair qu'on accorde aujourd'hui beaucoup d'importance à<br />

l'inventaire dans le processus de préservation des édifices historiques et des paysages<br />

anthropisés. L'inventaire joue un rôle central dans la mesure où l'identification et la<br />

documentation sont les premières étapes sur la voie de la préservation. Toutefois, les<br />

inventaires ne sont valables qu'aux conditions suivantes:<br />

i. s'ils contiennent les informations nécessaires aux usagers concernés;<br />

ii. si ces informations sont consignées suivant un schéma normalisé;<br />

iii. si les inventaires sont réalisés dans un délai suffisamment bref pour être<br />

utiles, et sous une forme commode.<br />

Il est essentiel que les inventaires permettent aux utilisateurs de comprendre<br />

l'importance de tel ou tel édifice - soit par rapport à d'autres bâtiments du même type,<br />

dans le contexte du paysage anthropisé dont ils font partie, soit dans un contexte<br />

historique plus large. Lorsqu'on envisage de sauvegarder une usine textile par exemple,<br />

ce qui compte, c'est de savoir si elle est typique ou présente une importance<br />

125


particulière. Nous nous permettons de le répéter: l'information recueillie au sujet d'un<br />

édifice doit permettre à l'usager de le comparer à d'autres bâtiments du même secteur<br />

géographique, du même type ou de la même période.<br />

Pour les utilisateurs, un inventaire prend d'autant plus de valeur qu'il comporte un<br />

ensemble "minimum" de données documentaires, clairement défini et accepté de tous.<br />

Au fond, un inventaire est cohérent davantage par la logique de l'information fournie<br />

à ce niveau fondamental que par la richesse des détails figurant dans d'autres rubriques.<br />

La compatibilité des informations qui forment ce "minimum" est de toute première<br />

importance - c'est aussi l'objectif le plus facile à atteindre. Pour parvenir à cette<br />

cohérence, il faut rassembler le même type d'informations pour tous les édifices<br />

inventoriés. A cet égard, il est intéressant de constater qu'un pourcentage élevé<br />

d'organisations participant à ce colloque utilisent des formulaires-types qui garantissent<br />

la présence de certaines informations de base dans tous les inventaires. Mais, pour que<br />

ces informations soient pleinement exploitables, elles doivent non seulement figurer<br />

dans chaque inventaire, mais aussi être recueillies selon un système normalisé, ce qui<br />

implique l'acceptation et le respect d'une présentation et d'une terminologie<br />

prédéterminées. Pour une cohérence au niveau européen, il faudra instaurer une<br />

coopération touchant à la fois le mode de présentation et l'élaboration de thésaurus<br />

multilingues. A cet égard, la définition de la "fiche minimum" n'est pas une fin, mais<br />

seulement un point de départ.<br />

Par ailleurs, on a pu noter aussi un consensus assez large sur le fait que, si la<br />

structuration de l'information dont nous venons de parler est d'une grande importance,<br />

la méthode traditionnelle du recours aux textes reste nécessaire. L'un des principaux<br />

avantages de cette méthode est qu'elle permet d'avoir une vue synthétique d'un type<br />

d'édifice particulier (inventaire thématique), ou d'un secteur géographique donné<br />

(inventaire topographiquc traditionnel). Ces deux approches - structuration de<br />

l'information et publication de textes de synthèse - ne sont pas antinomiques. En fait,<br />

la première peut - et doit - nourrir la seconde. Les données structurées n'ont, par ellesmêmes,<br />

qu'un potentiel informalif limité, car elles ne constituent qu'un "annuaire des<br />

édifices" -pour reprendre la formule d'un intervenant. C'est pourquoi on ne soulignera<br />

jamais assez l'importance des travaux de synthèse - les plus aptes à faire comprendre<br />

la valeur d'édifices individuels, de familles d'édifices et de paysages anthropisés. A en<br />

juger d'après plusieurs exposés faits durant ce colloque, il est clair qu'à l'avenir, on<br />

aura de plus en plus recours aux systèmes d'information géographiques et aux images<br />

numériques pour créer des inventaires informatisés a plus grand potentiel que les<br />

inventaires écrits traditionnels.<br />

Le monde se transforme ft une vitesse sans précédent, et il a été souligné que les<br />

auteurs des inventaires doivent donc répondre avec la même rapidité ft ces changements.<br />

Plusieurs participants ont noie la lenteur des progrès dans le domaine des inventaires<br />

méthodiques et détaillés - lesquels sont réalisés, pour la plupart, sur des bases<br />

topographiqucs. Certaines organisations ont choisi comme solution de créer un nouveau<br />

type <strong>d'inventaire</strong>, fondé sur des enquêtes très rapides, qui sacrifient la pr<strong>of</strong>ondeur des<br />

connaissances à une large couverture des édifices. Elles permettent ainsi de recenser des<br />

édifices qui pourraient disparaître avant même qu'une documentation soit recueillie à<br />

126


leur sujet. Autre avantage: les inventaires ainsi établis réunissent un ensemble de<br />

connaissances pouvant servir de base à des recommandations en vue de la protection<br />

juridique de tel ou tel édifice.<br />

Ce besoin d'enquêtes rapides se fait d'autant plus sentir que nos secteurs d'intérêt<br />

s'élargissent. Par exemple, la prise de conscience croissante de l'importance des édifices<br />

du XIX e et XX e siècles a contribué à augmenter de manière spectaculaire le nombre de<br />

structures individuelles qu'il faut identifier et évaluer et sur lesquelles il convient de<br />

réunir une documentation sans parler de la tendance actuelle à envisager globalement<br />

les paysages anthropisés. De toute évidence, nous devons adopter des stratégies telles<br />

que l'enquête rapide afin de couvrir toute la gamme des édifices qui nous intéressent<br />

aujourd'hui. Ce type d'enquête fournit les informations nécessaires pour connaître la<br />

quantité et la qualité du patrimoine bâti. Toutefois, les inventaires résultant de ces<br />

enquêtes ne doivent pas être une fin en soi. Il faut plutôt les considérer comme des<br />

points de départ pour un recensement plus détaillé, d'édifices ou de groupes d'édifices.<br />

Finalement, nous devons reconnaître que "nos connaissances ne sont jamais<br />

complètes" et que "nos perceptions sont appelées à changer". Il importe donc que nos<br />

inventaires soient des entités dynamiques, aptes à intégrer de nouveaux types<br />

d'informations et capables de s'adapter aux exigences de nouvelles méthodologies.<br />

L'inventaire est un instrument destiné à améliorer la connaissance de notre patrimoine<br />

culturel, et, de ce point de vue, la "fiche minimum de données" est une composante<br />

importante de tout inventaire.<br />

127


Rapport de synthèse sur l'informatique et les nouvelles technologies<br />

Simon Grant et Olivier Toche<br />

I. Résultats de l'enquête sur les inventaires architecturaux: recours à<br />

l'informatique<br />

Généralités<br />

Dans le cadre de ce résumé, il est utile d'examiner les résultats de l'Enquête de<br />

1991 sur les Inventaires architecturaux, en se référant tout particulièrement aux<br />

modalités d'emploi de l'informatique dans les organisations consultées. Bien qu'elle<br />

remonte à un an déjà, cette enquête peut être considérée, sur le plan statistique, comme<br />

représentative de la situation européenne actuelle.<br />

Sur les 78 organisations qui ont répondu au questionnaire de l'enquête, moins d'un<br />

tiers (32,85 %) avaient recours à des systèmes informatiques dans leurs travaux<br />

<strong>d'inventaire</strong>; cependant, nombre de celles qui n'utilisaient pas encore cette technique ont<br />

déclaré envisager son introduction dans un proche avenir.<br />

Etant donné que la majorité de ces organisations "novices" souhaiteront<br />

certainement élaborer leur propre système, on est amené à se poser les questions<br />

suivantes: y a-t-il un besoin urgent de formuler des recommandations techniques en vue<br />

de cette élaboration? Et, dans l'affirmative, quelles limites ces recommandations<br />

doivent-elles se fixer?<br />

L'enquête a montré également que le matériel ou les types de logiciels utilisés par<br />

les organisations recourant à l'informatique dans leurs travaux <strong>d'inventaire</strong>, diffèrent<br />

sensiblement de l'une à l'autre, à l'échelon national aussi bien qu'international. D'après<br />

les informations qui nous ont été fournies, de nombreuses organisations se sont en effet<br />

vues dans l'obligation de créer leur propre système de gestion informatique - et ce pour<br />

assurer les mêmes opérations de traitement et de gestion que celles auxquelles procèdent<br />

d'autres organisations avec leur système.<br />

Une telle situation - où les organisations agissent isolément - équivaut à réinventer<br />

la roue: cette façon de faire la même chose de mille manières conduit inévitablement<br />

à un gaspillage des ressources. Faut-il considérer ce phénomène comme inévitable, vu<br />

qu'il existe des contraintes de fonctionnement et d'organisation différentes à l'intérieur<br />

de chaque Etat et sur le plan international? Ou bien faut-il préconiser la conception et<br />

la création éventuelle de logiciels communs, pouvant répondre aux besoins minima - en<br />

termes <strong>d'inventaire</strong> - d'organismes qui n'ont pas encore entamé l'opération, parfois lente<br />

et coûteuse, d'informatisation?<br />

129


Technologies futures<br />

S'agissant de l'utilisation de fonctions informatiques autres que la gestion de base<br />

de données pour l'inventaire des monuments, on notera que l'informatique intervient<br />

très peu (en moyenne, moins de 5 %) à l'appui des activités qui ont été longuement<br />

décrites lors de ce colloque, qu'il s'agisse des systèmes de traitement de l'information<br />

dans un contexte spatial (regroupés généralement sous le sigle GIS - systèmes<br />

d'information géographique), des systèmes de stockage et de manipulation de la<br />

documentation visuelle sous forme numérique ou analogique (l'une et l'autre définies<br />

comme des secteurs prioritaires lors de la Table Ronde de Londres, en 1989), ou des<br />

systèmes de publication assistée par ordinateur (PAO), utilisés pour compléter - voire,<br />

dans une certaine mesure, remplacer - les <strong>méthodes</strong> de publication existantes.<br />

Dans les années à venir, on devra inévitablement utiliser largement les GIS, les<br />

systèmes de stockage et de récupération des images, et le DTP - car ils deviendront<br />

indispensables pour une gestion efficace de l'information, au sein d'organisations dont<br />

les compétences incluent le recensement et la gestion des éléments de l'environnement<br />

historique. De toute évidence, il y a place pour une recherche conjointe, dans les<br />

disciplines appropriées, afin de conseiller les organisations sur:<br />

a. la fonctionnalité souhaitée de ces systèmes dans la gestion de l'information relative<br />

à l'environnement historique;<br />

b. les normes appropriées de collecte, de stockage et de transfert de données spatiales<br />

et visuelles, dans un contexte national ou international.<br />

Ces questions peuvent-elles Ctrc abordées, dans le cadre d'une coopération, dans<br />

des projets exemplaires? Si oui, comment?<br />

Répartition différentielle de l'emploi de l'informatique<br />

Autre problème soulevé par l'enquête sur les inventaires: la répartition différentielle<br />

de l'emploi de l'informatique dans les Etats membres du Conseil de l'<strong>Europe</strong>. Les zones<br />

géographiques qui, d'après les résultats de l'enquûte, n'ont que très peu recours à<br />

l'informatique dans les travaux <strong>d'inventaire</strong> sont:<br />

a. la Méditerranée orientale - l'informatique n'est pas utilisée en Grèce, en Turquie<br />

et à Chypre pour ces travaux;<br />

b. la Péninsule ibérique qui connaît une grande activité de recensement (dans les<br />

diverses régions d'Espagne ci. dans une moindre mesure, au Portugal), mais n'a<br />

pas, à ce jour, élaboré de systèmes informatiques.<br />

Il ressort également de l'enquCtc que le recours à l'informatique dans les états de<br />

type fédéral est très inégal, et que des régions géographiqucincnt coniigucs d'un mCinc<br />

Etat utilisent des nonnes technologiques ou des modes opérationnels différents.<br />

130


La question qui se pose est la suivante: devons-nous considérer l'utilisation de<br />

l'informatique dans les inventaires architecturaux comme l'une des conditions<br />

essentielles d'une gestion efficace de l'environnement historique - lequel est de plus en<br />

plus important et de plus en plus menacé? Souhaitons-nous - et cela relève-t-il de la<br />

compétence du Conseil de l'<strong>Europe</strong>? - encourager le développement de la technologie<br />

informatique dans des secteurs ne disposant pas immédiatement des ressources ou de<br />

l'expertise nécessaires, ou encore où l'organisation du pouvoir renforce la diversité<br />

plutôt que l'uniformité des objectifs et des <strong>méthodes</strong>?<br />

n. Synthèse des exposés<br />

Un certain nombre d'exposés ont fait référence à l'emploi d'outils techniques dans<br />

la démarche <strong>d'inventaire</strong> et plus particulièrement à l'emploi d'instruments informatiques,<br />

comme le programme du colloque les y invitait. Si l'on ne retient que ces derniers, il<br />

est inutile de mentionner l'avion employé en photographie aérienne pour repérer le<br />

patrimoine de la région de Birmingham ou la bicyclette utilisée pour recenser les<br />

faubourgs d'Amsterdam, même si ces moyens techniques peuvent être très utiles pour<br />

la collecte des données à informatiser.<br />

Les différentes interventions du colloque reflètent assez bien les réponses au<br />

questionnaire élaboré et diffusé par le Conseil de l'<strong>Europe</strong> que John Bold et Simon<br />

Grant ont analysées.<br />

Sur les dix-huit interventions, seule une dizaine de rapporteurs ont présenté ou fait<br />

allusion à l'utilisation de systèmes informatisés en Allemagne, Angleterre, France, Italie,<br />

Norvège, Pays-Bas, Pologne ou Slovaquie.<br />

Parmi ceux utilisant déjà des systèmes informatisés, aucun inventaire ne dispose<br />

de données ou de séries d'enregistrements couvrant l'ensemble des éléments inventoriés:<br />

l'informatisation est partielle en Allemagne (Basse-Saxe): il n'y a "pas de moyens<br />

techniques suffisants pour achever l'informatisation" explique W. Wulf;<br />

seules les données administratives sont enregistrées en Slovaquie précise<br />

L. Sloviera;<br />

même la Norvège qui dispose pourtant du nombre de notices d'édifices<br />

informatisés le plus important (200 000 sur un total estimé à 400 000) n'a engrangé<br />

que 50 % du parc immobilier général.<br />

En revanche, plusieurs rapporteurs ont indiqué qu'ils n'utilisent pas encore de<br />

systèmes informatisés, "pas même une fiche minimum" comme l'a fait remarquer avec<br />

humour A. Lehne, le représentant de l'Autriche.<br />

Certains ont précisé que seule la liste des monuments protégés est actuellement<br />

informatisée. C'est notamment le cas en Belgique, pour la Flandre, où il est prévu de<br />

"terminer l'inventaire avant de l'informatiser" comme l'a précisé S. Van Aerschot.<br />

131


Il est néanmoins encourageant de constater que la plupart des inventaires, même<br />

ceux non encore informatisés, ou bien l'envisagent pour un proche avenir (Suisse,<br />

Roumanie), ou disposent de fiches déjà très structurées qu'il devrait être assez facile de<br />

saisir.<br />

Parmi ceux qui ont indiqué employer des systèmes informatisés, on retrouve<br />

presque partout le même type d'information: des données textuelles structurées. Peu de<br />

précisions ont été apportées. Ont été cependant mentionnées au moins une fois: la<br />

présence de champs sans lexiques, de champs associés à une table de valeurs, de<br />

champs avec contrôle lexical, l'existence de champs monovaleurs ou multivaleurs.<br />

Les systèmes informatiques employés utilisent quelquefois un thésaurus (Basse-<br />

Saxe, Angleterre, France, Italie). L'intérêt de systèmes multilingues a été mentionné par<br />

les représentants belges et suisses, même si Jean-Marie Pérouse de Montclos a souligné,<br />

dans son introduction, la difficulté que posent les problèmes de terminologie avec toute<br />

la diversité des variantes régionalistes, à l'intérieur même de systèmes monolingues<br />

réputés plus simples. John Bold a, à ce propos, évoqué les travaux de rapprochement<br />

entrepris récemment entre l'anglais britannique de la RCHME et l'anglais américain du<br />

projet AAT de la fondation Getty.<br />

Certains systèmes autorisent l'inclusion de textes libres (Allemagne, France) et<br />

donc, on peut le supposer, de logiciels permettant une recherche sur le texte intégral.<br />

Très peu d'exemples d'informatisation de cartes, de plans ou de cadastres ont été<br />

présentés ou décrits sauf en France par A. Noé-Dufour (à partir du cadastre numérisé<br />

de la ville de Toulouse), en Italie par F. Poggi (projet SIRIS). en Norvège (projet<br />

SEFRAK) et peut-être bientôt en Pologne où l'utilisation d'un scanner est envisagé.<br />

Encore moins de traitements ou d'archivage d'images utilisant des supports à<br />

lecture optique ou nécessitant une numérisation sauf quelques projets déjà cités:<br />

Norvège (SEFRAK), Italie (SIRIS), France (Toulouse) et on pourrait ajouter York pour<br />

la RCHME, alors qu'il s'agit d'un domaine en pleine révolution technologique.<br />

A noter que si le fichier des éléments architecturaux (monuments, ensembles, sites)<br />

est le premier corpus à être informatisé, un intérêt important est porté à la création de<br />

fichiers répertoriant fonds associés ou documents primaires, baptisés en anglais tantôt<br />

"archive records", tantôt "référence records": références des photographies<br />

(iconographie), références des documents graphiques (cartes, plans et relevés) et<br />

références bibliographiques. Il est par ailleurs souhaité des liens plus étroits avec des<br />

fichiers portant sur le contexte environnemental (paysage, milieu d'implantation, cadres<br />

géographique ci géologique), liens qui peuvent se traduire de manière logique en des<br />

relations avec un véritable système d'information géographique (G.l.S en anglais). Une<br />

telle structuration des informations n'est pas sans poser des problèmes d'architecture<br />

générale du système d'information. Si l'on fait abstraction des logiciels de bureautique<br />

seuls deux types de logiciels ont été cités: des systèmes de gestion de base de données<br />

(SGBD en français. DBMS en anglais) comme SQL-base, Informix ou Oracle; des<br />

132


systèmes documentaires (en anglais: Information Retrieval System) comme Basis,<br />

Mistral ou Stairs.<br />

Certains inventaires utilisent un ordinateur central (France, Norvège, Pays-Bas),<br />

d'autres, simplement des micro-ordinateurs parfois connectés à un réseau local comme<br />

en Saxe par exemple.<br />

Il semble que l'informatisation et la rigueur qu'elle impose facilitent le traitement,<br />

l'exploitation et la restitution des données collectées lors des enquêtes.<br />

Il ressort d'une majorité des interventions que l'informatisation des données<br />

recueillies est entreprise ou souhaitée pour plusieurs raisons:<br />

pour mieux gérer l'accès aux documents et la recherche d'informations (gestion<br />

documentaire),<br />

pour rationaliser les protections en accroissant les possibilités de comparaison et<br />

de tris (gestion du patrimoine),<br />

pour constituer un outil d'aide à l'aménagement du territoire (tableau de bord,<br />

instrument d'aide à la décision),<br />

comme moyen de traitements statistiques et cartographiques,<br />

enfin, comme source potentielle d'échanges d'informations, notamment avec les<br />

collectivités locales en vue d'une meilleure connaissance et d'une meilleure<br />

maîtrise de leur patrimoine.<br />

[Avec la "fiche minimum" - concept mieux rendu par l'expression anglaise "Core<br />

data" -, il a beaucoup été question de possibilités d'échanges transfrontaliers. Il semble<br />

que l'adoption d'une norme d'indexation puisse avoir également un effet bénéfique sur<br />

les échanges d'informations à l'intérieur même des pays: de région à région,<br />

d'organisation à organisation, voire au sein même d'une organisation. Comme l'a très<br />

justement rappelé John Bold, la "fiche minimum" constitue bien le PGDG de tous nos<br />

inventaires.]<br />

A cette énumération, on peut ajouter une dernière raison:<br />

constituer un moyen commode d'édition et de réédition de listes, moyen qui<br />

permettrait de marier astucieusement publication et banque de données en utilisant<br />

les fonctionnalités de la PAO pour préparer par exemple les volumineux catalogues<br />

de l'inventaire suisse, véritables sommes scientifiques, présentés par N. Caviezel,<br />

et répondre ainsi au vœu de M. Horler;<br />

L'emploi de l'informatique et des nouvelles technologies, la mise en œuvre des<br />

projets d'informatisation, leur suivi et leur évolution se heurtent à un certain nombre<br />

d'obstacles qu'il est bon de rappeler:<br />

133


problèmes de coûts: les technologies nécessaires sont encore chères et nécessitent<br />

des investissements conséquents tout particulièrement pour informatiser les plans<br />

et les images, comme le soulignait M. Kuipers des Pays-Bas,<br />

problèmes de temps et de hiérarchisation des priorités: "Vaut-il mieux avoir peu<br />

d'informations sur tout ou toutes les informations sur peu d'éléments" comme<br />

l'indiquait A. Kostarczyk de Pologne?<br />

problèmes de mises à jour et de suivi effectif, cités par L. Skoviera de Slovaquie<br />

ou G. Wester de Norvège, disant disposer d'un "fichier statique, alors qu'il devrait<br />

être dynamique",<br />

problèmes psychologiques et problèmes de formation pour passer du crayon au<br />

micro-portable,<br />

problèmes de capacité qui, au-delà du débat strictement technique, revient aux<br />

discussions précédentes sur l'exhauslivité des démarches, opposées à une plus<br />

grande sélection des données. "Le travail d'enquête est facile, l'archivage plus<br />

complexe" a dit noire collègue des Pays-Bas.<br />

"Une sélection raisonnée peut cire aujourd'hui une qualité et demain un défaut"<br />

avertissait Nicholas Cooper du RCHME, un peu provocateur. Il est môme allé jusqu'à<br />

suggérer de retenir pour aujourd'hui une cxhaustivité totale (s'il est permis d'utiliser ce<br />

pléonasme). Or, cl c'est paradoxal, les nouvelles technologies, à cause de leurs coûts<br />

et des impératifs budgétaires qu'elles imposent, vont au contraire nécessiter des<br />

sélections draconiennes, notamment si on considère le stockage et la transmission<br />

d'images numériques. Mais comme le disait G. Wcstcr "Sommes-nous sûrs de vouloir<br />

tout échanger? De vouloir réellement accéder aux 400 000 édifices répertoriés (dans son<br />

pays)?<br />

III. Conclusions et recommandations<br />

Nous avons essayé de préparer quelques propositions de recommandations à ce<br />

stade des débats. Ces recommandations peuvent se classer en trois catégories.<br />

1. Utilisation des nouvelles technologies<br />

11 paraît difficile de donner des spécifications techniques trop contraignantes: les<br />

matériels et les logiciels sont très divers, les politiques d'achats liées h l'histoire de<br />

chacun de nos organismes.<br />

On pourrait cependant suggérer les cinq pisics suivantes:<br />

étudier les possibilités de développer un logiciel commun qui permette d'exploiter<br />

la "fiche minimum" et satisfasse les besoins généraux: est-ce faisable, esi-cc<br />

utopiquc? On a parlé de critères de sélection pour les monuments, ne faudrait-il pas<br />

134


en définir pour mieux choisir les logiciels et systèmes d'information, en particulier<br />

pour aider ceux qui n'ont pas encore choisi de systèmes?<br />

mieux faire connaître les systèmes de publication assistée par ordinateurs (PAO en<br />

français, DTP en anglais), tant il est vrai que le papier et l'édition restent encore<br />

les meilleurs vecteurs de sensibilisation et de diffusion,<br />

étudier les passerelles possibles, avec les systèmes d'informations géographiques<br />

(SIG en français, GIS en anglais) pour mieux modéliser cette "relation au territoire"<br />

dont parlait M. L. Polichetti,<br />

coordonner les expérimentations en cours ou projetées sur les systèmes d'archivage<br />

multimédias et de traitement de l'information (problèmes d'intégration du texte, des<br />

graphiques et des images, utilisation des normes en vigueur, etc) car le risque<br />

d'erreur ou d'impasse est grand et les coûts difficilement à la portée d'une seule<br />

institution,<br />

définir des protocoles d'échanges d'information (textes et/ou images) utilisant les<br />

réseaux de transmission de données existants en tenant compte des normes ou<br />

standards en vigueur pour le codage, la compression et la décompression des<br />

données, etc.<br />

2. Définition de normes européennes sur le contenu informationnel<br />

La proposition de "fiche minimum" faite par notre groupe de travail constitue un<br />

point de départ. Nous vous proposons quatre axes pour affirmer cette proposition et aller<br />

plus loin:<br />

il paraît nécessaire de définir plus précisément et sans ambiguïté, chacun des<br />

champs de la "fiche minimum" pour permettre une informatisation rapide et<br />

indépendante des systèmes informatiques utilisés, par exemple pour les<br />

informations concernant la datation, la localisation administrative, les coordonnées<br />

cartographiques avec, le cas échéant, la mise en place de systèmes de conversion,<br />

il faut étudier la faisabilité d'une extension de la "fiche minimum", prévue<br />

actuellement pour des éléments architecturaux isolés, à des ensembles, des sites ou<br />

des secteurs d'intérêts patrimoniaux ("area <strong>of</strong> spécial value", zone de protection du<br />

patrimoine <strong>architectural</strong> et urbain: ZPPAU, secteur sauvegardé, etc.),<br />

il paraît urgent, en vue de la création de systèmes multimédias, d'aborder les<br />

articulations possibles avec d'autres fichiers (références photographiques ou<br />

bibliographiques) ou d'autres sous-fichiers peut-être plus détaillés mais créés<br />

localement, fichiers qui pourraient constituer ces fichiers-satellites dont parlait<br />

John Bold, et, étudier les possibilités de passerelles entre nos fichiers patrimoniaux<br />

et les fichiers créés et gérés par d'autres institutions que les nôtres (aménageurs,<br />

experts de l'environnement),<br />

135


enfin, la multiplication des accès et l'échange d'informations nécessitent de<br />

concevoir, de développer et d'administrer des thésaurus multilingues.<br />

3. Mise en place d'une stratégie pour l'administration de systèmes d'information<br />

II semble nécessaire de rappeler trois principes à ne pas perdre de vue au moment<br />

de définir cette stratégie: cohérence, comptabilité et pérennité:<br />

cohérence avec les missions de nos institutions, le contexte politique et<br />

économique, avec les objectifs que l'on s'est assignés en insérant les nouvelles<br />

technologies dans la chaîne documentaire, en gardant constamment une vision<br />

globale de l'ensemble du système malgré sa complexité croissante,<br />

compatibilité: non seulement en termes de standards informatiques pour échanger<br />

des informations, mais aussi en termes fonctionnels et organisationnels pour<br />

s'adapter à l'évolution du contenu et des structures,<br />

pérennité, car s'il faut se soucier de la protection des monuments et de leur<br />

conservation, il faut aussi s'assurer de la sauvegarde de données qui doivent rester<br />

pércnnes ou sinon facilement transférables d'un support de stockage à un autre: du<br />

papier aux disques magnétiques, du support magnétique aux supports optiques, afin<br />

que cet étal des lieux puisse Cire transmis et exploité par les générations futures.<br />

11 est important enfin, de favoriser la prise de conscience d'une stratégie pour<br />

l'administration de systèmes d'information.<br />

Dans les organisations disposant de moyens ci d'une expertise limités, les usagers<br />

potentiels de l'informatique doivent envisager leurs objectifs sous l'angle fonctionnel<br />

cl de la gestion avant de se lancer dans la mise au point, forcément coûteuse et longue,<br />

de systèmes informatiques. L'expérience, dans des organisations publiques et privées,<br />

a montré que - si les systèmes d'information ne visent pas, dès le départ, à appuyer<br />

toute la gamme des objectifs commerciaux et des exigences opérationnel les de gestion<br />

des données, il ne sert pratiquement à rien d'investir dans l'informatique.<br />

Par conséquent, il nous semble nécessaire qu'un groupe d'expcrts-consultants<br />

conseille les organisations qui s'occupent <strong>d'inventaire</strong>s lors des phases d'analyse et de<br />

planification préparatoires à l'informatisation. C'est au stade de la planification qu'on<br />

pourra vraiment aider les organisations qui s'anellcnt h l'informatisation de l'inventaire.<br />

Les moyens de ces organisations étant généralement très limités, il importe de pouvoir<br />

faire appel à une expertise pour garantir l'efficacité et la rentabilité de l'investissement<br />

informatique.<br />

136


Normes communes et l'AAT<br />

Donald H. Sanders et Mary Prevo<br />

Le but du présent colloque - élaborer des normes communes pour un formulaire<br />

européen minimal de données documentaires - est un premier pas important vers<br />

l'établissement d'une communication rapide et précise entre les centres de<br />

documentation sur le patrimoine. Il ne s'agit encore que d'un premier pas: bon nombre<br />

d'entre vous le savent et on l'a dit ici ces derniers jours. Une fois parvenus à un accord<br />

sur le formulaire minimal de données documentaires, nous devons définir des normes<br />

communes pour les éléments de fond.<br />

L'Art and Architecture Thésaurus a été conçu pour répondre au besoin de<br />

normaliser l'accès par matière aux banques de données concernant les œuvres d'art et<br />

les monuments architecturaux, ainsi qu'au matériel documentaire y afférent. Il fournit<br />

des valeurs pour la partie de formulaire s'appliquant à des objets. L'AAT n'est pas un<br />

répertoire de noms propres ou génériques, de noms de lieux ou de thèmes<br />

iconographiques. On n'y trouve ni "Le Corbusier", ni "Louvre", ni "Rome", ni<br />

"Annonciation".<br />

C'est plutôt un répertoire de noms d'objets; dans le domaine de l'architecture, il<br />

comprend des types de sites et d'ensembles, ainsi que des modèles de construction,<br />

leurs composantes et leurs structures. En plus de ces noms d'objets, l'AAT présente la<br />

terminologie s'appliquant aux grands concepts de l'art et de l'architecture, aux qualités<br />

physiques des objets, aux styles, aux périodes, aux matériaux et aux personnes et<br />

organismes intéressant l'art et l'architecture.<br />

La première édition de l'AAT a été publiée en 1990 par les Presses de l'Université<br />

d'Oxford sous la forme d'une édition reliée en trois volumes et d'une édition<br />

électronique. Elle est aujourd'hui disponible dans une version compatible PC, avec le<br />

logiciel de recherche "Authority Référence Tool". Lorsque la deuxième édition paraîtra,<br />

en janvier 1994, l'AAT comprendra trente hiérarchies, classées en sept sections et<br />

regroupant au total plus de 90 000 termes. Le vocabulaire s'étend grâce aux usagers qui<br />

proposent à l'équipe de rédaction de l'AAT de nouveaux termes à inclure. L'AAT est<br />

un projet du Programme d'information sur l'histoire de l'art de la Fondation Getty, qui<br />

se consacre à la mise à jour du thésaurus.<br />

A la sortie de notre première édition, nous avons été heureusement surpris de voir<br />

que plus de la moitié des exemplaires étaient achetés par des organismes extérieurs aux<br />

Etats-Unis, surtout du Canada et d'<strong>Europe</strong> occidentale. C'était l'illustration concrète de<br />

ce que nous avions pressenti en nous mettant en rapport avec les Archives, musées et<br />

bibliothèques du monde entier - à savoir que l'AAT américano-anglais répondait à un<br />

important besoin en présentant un thésaurus complet et structuré des termes relatifs à<br />

l'art et à l'architecture. Il s'agissait désormais d'apprendre à collaborer avec ces<br />

nouveaux usagers, afin d'établir une terminologie liée à l'AAT qui dépasse les barrières<br />

linguistiques et ethniques.<br />

137


En mettant au point l'AAT, nous avons été amenés à découvrir d'autres lexiques<br />

importants de la même discipline, tout particulièrement les répertoires actuellement en<br />

cours d'élaboration à l'Inventaire général en France et à l'ICCD en Italie. Comme<br />

l'AAT, ces répertoires sont constitués avec une rigueur scientifique qui les distingue des<br />

autres listes de référence en usage dans les bibliothèques et les musées. Ils s'inspirent<br />

dans une certaine mesure des mêmes sources de .recherche en terminologie et peuvent<br />

apporter des répertoires d'autorité aux banques de données informatiques. Certains<br />

comprennent également des équivalents en langues étrangères. Ainsi, le dictionnaire des<br />

objets liturgiques de PICCD contient des traductions en français, allemand, anglais et<br />

latin '. D'autres organismes, comme l'Inventaire général et la Royal Commission on<br />

thé Historical Monuments <strong>of</strong> England cherchent à donner des équivalents multilingues<br />

à leurs noms d'objets. 11 importe que tout projet de thésaurus sur l'art et l'architecture<br />

tienne compte de leurs travaux et trouve les moyens de collaborer avec eux.<br />

Depuis 1989, l'AAT coordonne les efforts visant à amener les institutions à se<br />

rassembler pour mettre au point une terminologie multilingue. Cette tâche nous est<br />

échue sur la recommandation d'une commission du Comité international d'histoire de<br />

l'art (CIHA), appelée le TAU (Thésaurus Artis Universalis). La Commission TAU a<br />

étudié le rôle de l'informatique en histoire de l'art et mis en évidence le besoin de<br />

lexiques multilingues permettant aux chercheurs, tant en <strong>Europe</strong> que dans les deux<br />

Amériques, de se servir des banques de données relatives à l'art dans la langue de leur<br />

choix 2 . Avec l'appui du Programme d'information sur l'histoire de l'art de la<br />

Fondation Cctty, le TAU a parrainé une étude de faisabilité d'un thésaurus bilingue<br />

français-anglais au Centre canadien d'architecture de Montréal. Cette élude a été suivie<br />

d'un projet pilote destiné à établir des équivalents français, allemands, italiens et<br />

espagnols à un échantillon de 150 termes architecturaux américano-anglais de l'AAT.<br />

Quatre institutions ont participé à l'expérience: le Bildarchiv Foto Marburg, l'ICCD,<br />

l'Univcrsidad Autonoma de Madrid cl l'Université de Montréal. Celle expérience a<br />

montré qu'il était possible de trouver des équivalents terme par terme.<br />

Il est assez vite apparu que l'on ne pouvait pas charger une seule institution de<br />

fournir des équivalents pour un thésaurus aussi vaste que l'AAT. Plutôt que<br />

d'abandonner l'espoir d'un thésaurus multilingue, nous nous sommes mis à rechercher<br />

les institutions et projets s'intéressant à la terminologie bilingue ou multilingue et<br />

susceptibles de prendre part au travail en apportant données ou savoir-faire. Depuis<br />

1989, plusieurs organismes, chacun se spécialisant dans telle ou telle branche de l'AAT,<br />

se sont joints a ceux qui avaient participe à la première expérience du TAU: l'Inventaire<br />

général, la Banque de données nationale suisse, l'Université Laval du Québec, la<br />

Bibliothèque britannique d'architecture du Royal Instituic <strong>of</strong> British Architccis (RIBA),<br />

1 Islilulo Centrale pcr il Cnlnloijo o I» Dociimcnin/.iono. Dixioimri Terminol<strong>of</strong>tici; Suiipelleililo<br />

Hcclcsinsiicn I. Florence. Ccmro Di. 1988.<br />

2 Mnrilyn Schniill, "l-c Projet TAU (Tlicsnnriis A ois Univcrsnlis) du Comild intcmnlionnl d'histoire do<br />

l'on". Terminologie déminée nux mu.iéc.i : Acte» de In Conférence iniemmionnle tenue A Cnmhrid«c.<br />

AiiRlclcrre. du 2l nu 24 scpiciuhre I9H8. CnmbridRC : Associniion pour In documentation des musée». I990.<br />

pp. 29-31.<br />

138


la Royal Commission on thé Historical Monuments <strong>of</strong> England, le Victoria and Albert<br />

Muséum et sa bibliothèque des Beaux-Arts. En tant que principaux usagers de l'AAT,<br />

ces organismes participent au projet multilingue en enrichissant de la terminologie<br />

anglo-anglaise les hiérarchies de l'AAT relatives aux beaux-arts et aux arts décoratifs.<br />

Cette collaboration à distance a été suivie, en 1991 et 1992, d'une série de stages<br />

au cours desquels des membres des diverses organisations ont travaillé, à l'AAT, à<br />

certaines sections de la terminologie. Ces stages ont révélé les différentes manières dont<br />

les institutions conçoivent la normalisation du vocabulaire et nous ont permis de<br />

poursuivre les travaux engagés sous les auspices de la Commission TAU. Ils ont surtout<br />

confirmé que l'on peut insérer des équivalents terme par terme dans les lexiques<br />

existants, et que la création de systèmes hiérarchiques équivalents ou d'une<br />

classification parallèle est beaucoup plus complexe et n'est peut-être pas nécessaire,<br />

notamment dans le cadre d'un réseau informatique 3 .<br />

Le protocole de la recherche d'équivalences terminologiques se fonde sur les<br />

nonnes d'établissement des thésaurus multilingues de l'Organisation internationale de<br />

normalisation (ISO), sur les normes nationales d'établissement des thésaurus<br />

monolingues et bilingues et sur le savoir-faire acquis tant à l'occasion de l'expérience<br />

du TAU que de nos stages 4 . Les normes exigent l'examen appr<strong>of</strong>ondi de chaque terme<br />

de la langue-source et le choix éclairé d'équivalents dans les langues-cibles.<br />

Le travail s'effectue à partir de la nomenclature de l'AAT, qui comprend des<br />

indications sur l'emploi du terme, les sources où l'on peut trouver des renseignements<br />

à son sujet, la place du terme dans la hiérarchie et (le cas échéant), des illustrations. Les<br />

équivalences établies sont révisées par des équipes indépendantes de spécialistes de l'art<br />

et de l'architecture connaissant à fond les différentes langues; on a ainsi l'assurance que<br />

les termes retenus sont adéquats et largement attestés dans la littérature scientifique et<br />

technique.<br />

C'est au cours de l'été 1991 qu'a commencé une collaboration entre l'AAT et<br />

l'Inventaire général concernant plus spécifiquement les termes d'architecture.<br />

Monique Chatenet, de l'Inventaire général, a passé une semaine au siège de l'AAT dans<br />

le Massachusetts. Nous avons recherché des équivalences au vocabulaire du catalogue<br />

d'architecture de l'Inventaire général, le Système descriptif de l'architecture. Notre<br />

objectif était de trouver dans l'AAT des équivalents anglais pour les termes français<br />

figurant dans le répertoire Dénomination de la banque de données de l'Inventaire<br />

général sur l'architecture. Le répertoire Dénomination, principale nomenclature des<br />

objets de la banque de données sur l'architecture, contient des expressions décrivant<br />

3 Toni Petersen et Mary Prevo, "Towards a Multilingual Thésaurus"- "Vers un thésaurus multilingue",<br />

Bulletin du CIDOC (Comité international de la documentation), vol 2, n°l, avril 1991, pp. 27-34.<br />

4 Organisation internationale de normalisation (ISO), Directives pour la création et la mise au point de<br />

thésaurus multilingues, Genève, Suisse, 1ère édition, 1985 [ISO 5964 1985-02-15]. Destinées à l'usage interne<br />

de l'ISO, Directives pour la création et la mise au point de thésaurus monolingues. Genève, Suisse, 1ère<br />

édition, 1974 [ISO 2788-08-15 1974].<br />

139


certains bâtiments, ensembles et habitats - tenues que l'on trouve dans trois des cinq<br />

hiérarchies de la section de l'AAT consacrée à l'architecture ou à l'environnement bâti.<br />

Nous avons commencé par examiner les différences de portée et de finalité de<br />

chacun des deux répertoires. L'AAT est un répertoire thématique encyclopédique pour<br />

l'art et l'architecture, destiné à servir dans diverses banques de données. Il n'est lié à<br />

aucune collection, lieu géographique ou époque particulière. En outre, il sert à établir<br />

d'une part le catalogue des documents d'archives et des substituts visuels comme les<br />

photographies et, d'autre part, l'index des ouvrages concernant l'art et l'architecture.<br />

Réparti en différentes sections et hiérarchies, il classe par genre les notions apparentées.<br />

Pour éliminer les nombreux mots composés que l'on trouve dans la plupart des listes<br />

de titres par matière, l'AAT aborde séparément leurs composantes. Ainsi, il divise en<br />

deux le concept ambivalent de "murs en pierre", mettant d'un côté le matériau, la<br />

"pierre", et de l'autre l'objet, les "murs". La "pierre" est placée dans les "matériaux<br />

inorganiques" de la section des matériaux et les "murs" dans les "structures d'enceinte"<br />

appartenant à la hiérarchie des éléments de construction de la section des objets.<br />

L'usager construit ou recompose le concept ambivalent de "murs en pierre" à partir des<br />

deux termes séparés de l'AAT.<br />

Le répertoire de l'Inventaire général, en revanche, a été spécifiquement élaboré<br />

pour décrire le patrimoine <strong>architectural</strong> de la France après l'Antiquité. La terminologie<br />

fait partie du catalogue de la banque de données sur l'architecture de l'Inventaire<br />

général, le Système dcscriplif de l'architecture 5 . La définition des termes se fonde sur<br />

le Vocabulaire de l'architecture de Pérouse de Montclos 6 . Le Système descriptif définit<br />

chaque rubrique de la banque de données de l'Inventaire général et les valeurs affectées<br />

à chaque rubrique. Pour les rubriques comportant des valeurs normalisées, le Système<br />

dcscriplif fournit une terminologie classée hiérarchiquement. C'est donc surtout un<br />

dictionnaire de données hiérarchiquement classées, contenant des mots composés qui<br />

seraient séparés dans l'AAT.<br />

Les deux répertoires partagent aussi un certain nombre de caractéristiques. Leur<br />

objectif premier est de présenter une terminologie normalisée pour la description des<br />

objets et tous deux répartissent hiérarchiquement les termes génériques et les tonnes<br />

spécifiques. Dans les deux systèmes, il faut chercher le principal tcnne définissant<br />

l'objet, au singulier 7 .<br />

' Monique Chnfcnci, Jean Dnvoigncnu. Jeannette Ivnin. Olivier Tocho. réducteur». Système descriptif do<br />

l'architecture, l'aria : Ministère de In cullurc cl de In communication. Direction du <strong>Patrimoine</strong>. Inventaire<br />

général des monuments et des richesses artistiques do In Franco, 1989 (édition revue et corrigée, 1990).<br />

4 Jctui-Mnric Pérouse de Moniclos cl ni.. Vocnlxilnirc de l'architecture. Principe.*! d'imnlyse scienlifitiiio.<br />

Paris: Imprimerie nntionnlc. 1972.<br />

1 L'AAT pixi|X3SC plusieurs singuliers pour les principaux ternies appartenant a la section des objets. Dans<br />

la présente élude nous avons utilisé, pour des misons do logique, lo pluriel anglais du principal terme.<br />

140


Cette étape franchie, nous sommes passés à la recherche d'équivalences terme par<br />

terme. Nous avons établi des fiches terminologiques pour chaque terme, en notant la<br />

définition de l'Inventaire général et le terme plus large. Nous avons ensuite recherché<br />

des équivalents possibles dans l'AAT, en comparant les définitions ou les notions<br />

précisant les acceptions du terme. Lorsqu'un terme anglais et un terme français avaient<br />

les mêmes acceptions, nous avons estimé que nous avions une véritable équivalence.<br />

Les termes français ayant en partie le sens du terme anglais ont été considérés comme<br />

des équivalents partiels. Pour certains termes français, nous avons forgé des équivalents<br />

anglais en combinant deux termes de l'AAT (ainsi pour "parfumerie": "perfume +<br />

factories"). Bien que cette dernière classification fasse l'usage prévu de l'AAT, nous<br />

avons reconnu la nécessité de passer au crible les équivalents recomposés, afin de<br />

vérifier la justesse des associations.<br />

En cinq jours, nous avons établi des fiches terminologiques bilingues pour 663<br />

termes français. Les résultats du stage ont été encourageants. Nous avons trouvé des<br />

équivalents pour 274 des 663 termes du répertoire Dénomination du Système descriptif<br />

de l'Inventaire général, des équivalents partiels pour 29, des équivalents recomposés<br />

après coup pour 152; seuls 208 ternies sont restés sans équivalents.<br />

Nous pouvons en outre formuler les premières conclusions suivantes. C'est pour<br />

les termes des niveaux intermédiaires de la hiérarchie de l'Inventaire général qu'il a été<br />

le plus facile d'établir des équivalences. En général, ces termes décrivent des ensembles<br />

ou des types de bâtiment ("étable" correspondant à "stables"; "observatoire" à<br />

"astronomical observatories"). L'entreprise a été plus difficile pour les termes génériques<br />

auxquels on a surtout trouvé des équivalents partiels. Ainsi, le terme français "édifice"<br />

correspond aux deux termes de l'AAT "structures" et "complexes".<br />

Les niveaux plus affinés des hiérarchies de l'Inventaire général ont, eux aussi,<br />

soulevé des difficultés, essentiellement parce qu'ils contiennent soit des termes très<br />

spécifiques pouvant faire l'objet d'une recomposition à partir de l'AAT ("usine,<br />

construction, automobile" équivalant à "automobile + factories"), soit des termes propres<br />

à la culture ou à la fonction publique française ("perception" équivalant à "tax collection<br />

+ <strong>of</strong>fice buildings").<br />

Nos travaux ont par ailleurs révélé la prédominance de l'américain dans l'AAT.<br />

Pour être plus utile à la constitution de thésaurus bilingues ou multilingues de langues<br />

européennes, il faudrait que l'AAT fournisse les équivalents anglo-anglais et contienne<br />

davantage de termes architecturaux courants de l'<strong>Europe</strong> pré-industrielle. A cette fin,<br />

nous nous sommes mis en quête de nouveaux collaborateurs et avons commencé à<br />

réfléchir aux moyens d'incorporer des données anglo-anglaises dans la nomenclature<br />

américano-anglaise de l'AAT.<br />

En mars 1992, des membres de la British Architecture Library du RIBA et de la<br />

Royal Commission on thé Historical Monuments <strong>of</strong> England sont venus à l'AAT pour<br />

étudier les moyens d'inclure les termes anglo-anglais. En même temps, nous avons<br />

comparé la structure et le vocabulaire de la hiérarchie unique de la construction de<br />

l'AAT à ceux de la partie du thésaurus de l'architecture de la Royal Commission<br />

141


concernant le type de construction selon la forme 8 . Nous avons constaté que les<br />

chevauchements entre l'AAT et le thésaurus de la Royal Commission étaient à peu près<br />

comparables aux chevauchements entre l'AAT et l'Inventaire général, essentiellement<br />

parce que l'Inventaire et les thésaurus de la Royal Commission ont été élaborés dans<br />

un but analogue: dresser l'inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> national. L'AAT a été<br />

conçu en vue d'une plus large application, empruntant des systèmes différents. Il nous<br />

est apparu que la structure de l'AAT pouvait fort bien se prêter à l'inclusion de<br />

nouveaux termes. Nous nous en sommes aperçus lorsque nous avons cherché à élargir<br />

la section de la vie scolaire de l'AAT en y incorporant le vocabulaire britannique de<br />

l'éducation. La méthode consiste à recourir au système interactif des termes possibles<br />

et de leurs notices, en vue d'intégrer la nouvelle terminologie dans l'AAT.<br />

Afin d'insérer le vocabulaire anglo-anglais, l'AAT a ajouté au thésaurus de<br />

nouveaux éléments d'information applicables aux équivalents anglo-anglais. Ces<br />

nouveaux éléments d'information relieront les règles de l'orthographe britannique aux<br />

principaux termes de l'AAT (ainsi c-o-l-o-u-r à "color"). Cet ajustement peut paraître<br />

mineur; je suis sûre pourtant que tous ceux d'entre vous qui se sont efforcés<br />

d'uniformiser les variantes orthographiques de l'américain et de l'anglais en<br />

comprendront l'importance. Ces nouveaux éléments d'information permettront aussi<br />

d'ajouter des variantes d'ordre culturel: ainsi, l'équivalent anglo-anglais du tenue<br />

américain "public schools" sera "maintaincd schools".<br />

L'AAT participe également à la Bibliographie d'hisioire de l'art (BHA), projet<br />

commun du Centre national de la recherche scientifique de France et du Programme<br />

d'information sur l'histoire de l'art de la Fondation Gctty. La BHA est un service<br />

chargé de constituer un catalogue bilingue des publications relatives à l'histoire de l'art.<br />

Pour faciliter l'accès à ses publications, elle a élaboré une liste bilingue des titres par<br />

matière. Etant donné qu'elle dresse le catalogue des thèmes parcourant l'histoire de<br />

l'art, la BHA a un vocabulaire beaucoup plus vaste que le répertoire de l'Inventaire<br />

général. L'AAT et la BHA viennent d'achever la mise en équivalence informatisée des<br />

titres par matière anglais de la BHA et des termes de l'AAT. La prochaine étape<br />

consistera à revoir l'exactitude des liens établis terme par terme et à mettre à jour la<br />

banque de données de l'AAT.<br />

Enfin, les contacts pris avec la Bibliothèque de l'Université Laval de Québec<br />

constituent l'un des principaux faits nouveaux. Le Répertoire des vedettes-matières de<br />

cette bibliothèque sert de facto de nonne pour rétablissement des catalogues des<br />

bibliothèques canadiennes bilingues. Ce répertoire assure également un lien avec le<br />

Répertoire d'autorité encyclopédique cl alphabétique unifié de Rameau, qui est la liste<br />

des titres par matières de la Bibliothèque nationale française. Cet été, des membres de<br />

la Bibliothèque de l'Université Laval ont assisté h la rencontre multilingue de Berlin et<br />

ont décidé de rechercher des équivalents pour la hiérarchie des types de document de<br />

1 Royal Commission on Iho llisioricnl Monument* <strong>of</strong> lînglniul nnd IZnglisli l'IcriloRO. Rcvincd 'nic.immis<br />

<strong>of</strong> Archiicciiiml Tenu». Londres : RCIIMIZ/GH. 1989.<br />

142


l'AAT. Ce travail sera exécuté au Québec et revu par un groupe de spécialistes<br />

bilingues à l'AAT l'an prochain.<br />

Tandis que se ramifient les liens avec des organismes produisant des listes bilingues<br />

de titres par matière, la banque de données de l'AAT se développe rapidement en<br />

dehors des Etats-Unis. C'est ainsi que, dans le courant de cette année, elle sera mise en<br />

place au siège du Réseau d'information du patrimoine canadien (CHIN - Canadian<br />

Héritage Information Network) qui mettra les données de l'AAT à la disposition de tous<br />

les musées canadiens.<br />

Nous espérons poursuivre de fructueux travaux de collaboration, afin d'assurer<br />

l'harmonisation et la normalisation de la terminologie de différentes langues. Les stages<br />

continueront à représenter une part importante de nos futures initiatives multilingues.<br />

Ils devront s'accompagner, de la part des stagiaires, de travaux de recherche suivis, afin<br />

de nous permettre de continuer à tester nos <strong>méthodes</strong> de travail. Nous comptons<br />

également lancer d'autres projets bilingues.<br />

Il faut considérer le rapprochement des termes appartenant à un certain groupe de<br />

langues et largement employés par les historiens de l'art comme la première étape d'un<br />

processus de nature à permettre de diffuser des informations sur l'art au-delà des<br />

frontières linguistiques. Cette tâche exige la collaboration des divers organismes qui<br />

dressent des nomenclatures. L'AAT, projet complexe et coûteux que l'on mettra des<br />

années à réaliser, espère y participer et servir de base aux thésaurus d'autres langues,<br />

partageant ainsi à l'échelon international les fruits du travail de ses concepteurs.<br />

143


SEANCE DE CLOTURE<br />

Propositions pour une "fiche minimum européenne" de données documentaires<br />

sur le patrimoine <strong>architectural</strong><br />

Présidence: Jean-Marie VINCENT


M. Jean-Marie Vincent, chargé d'animer la séance de clôture, souligne d'abord<br />

la présence de M. Christian Dupavillon, directeur du <strong>Patrimoine</strong> du Ministère français<br />

de l'éducation nationale et de la culture, qui a tenu à participer à cette dernière journée.<br />

Il rappelle que l'objet de cette rencontre, telle que l'a voulue le Conseil de<br />

l'<strong>Europe</strong>, était non seulement de permettre une meilleure connaissance mutuelle des<br />

pratiques d'études du patrimoine dans les vingt-cinq pays qui ont participé à ces<br />

rencontres, mais aussi de faciliter la mise au point d'un "format d'échange de données"<br />

entre ces différents pays par delà la diversité de leurs démarches.<br />

C'est le projet de "fiche minimum d'échange d'informations" qu'il contient, au<br />

terme de ce colloque, de formaliser de manière précise pour qu'il puisse être proposé<br />

au Comité du <strong>Patrimoine</strong> Culturel du Conseil de l'<strong>Europe</strong>.<br />

Conclusion apparemment modeste après de si longs débats. Pas du tout ! Pour<br />

M. Vincent, ces échanges ont montré au contraire que le patrimoine est l'un des liens<br />

les plus forts de la civilisation européenne. La richesse patrimoniale commune est la<br />

somme des richesses de chacun, et il est essentiel de pouvoir mettre en commun les<br />

connaissances pour fonder une politique cohérente et efficace de conservation de ce<br />

patrimoine dans toute sa diversité.<br />

M. Daniel Thérond se félicite du travail accompli lors des travaux préparatoires<br />

à la Conférence et du résultat obtenu au cours du Colloque. Le Conseil de l'<strong>Europe</strong><br />

dispose désormais d'un projet de fiche minimum de documentation qui pourra être<br />

soumise au Comité du <strong>Patrimoine</strong> Culturel (CC PAT) responsable du programme de<br />

coopération intergouvernementale dans le secteur du patrimoine.<br />

Les suites à donner pourraient être les suivantes:<br />

le projet de fiche, après mise au point et ajout de notes explicatives, sera présenté<br />

sous forme d'un projet de recommandation au Comité du <strong>Patrimoine</strong> Culturel du<br />

Conseil de l'<strong>Europe</strong>. Celui-ci après examen pourra le transmettre au Comité des<br />

Ministres pour adoption. Ainsi, la future recommandation sur les techniques de<br />

documentation accompagnée des annexes utiles pourrait être diffusée dans les Etats<br />

membres en 1993.<br />

Le programme d'activité devrait se poursuivre en 1993 sur un double plan: celui<br />

d'abord de l'application des principes exprimés par la recommandation aux<br />

ensembles architecturaux. Des réunions pourraient associer des pr<strong>of</strong>essionnels de<br />

divers pays sur ce thème à partir de 1993. Il appartiendra au Secrétariat, le moment<br />

venu, de constituer en relation avec les délégations au CC PAT un groupe de<br />

travail sur ce thème. Par ailleurs les travaux devront également se poursuivre dans<br />

le secteur de l'archéologie où un groupe spécialisé recherchera l'établissement<br />

d'une fiche minimum de documentation, à l'instar de la démarche expérimentée<br />

dans le domaine du patrimoine <strong>architectural</strong>.<br />

147


M. Thérond souligne que la coopération dans le secteur de la documentation devrait<br />

se poursuivre pendant plusieurs années, selon un programme et un rythme liés aux<br />

besoins exprimés par les pays et aux disponibilités budgétaires annuelles du Conseil de<br />

l'<strong>Europe</strong>.<br />

148


Intervention de Mme Maria-Luisa Polichetti<br />

Les hommes, que ce soit en tant qu'individus ou en tant que communauté, ont<br />

toujours ressenti le besoin de connaître leurs origines pour mieux comprendre leur<br />

propre histoire et ainsi, mieux se comprendre eux-mêmes.<br />

Pour connaître le patrimoine culturel, fruit du travail de l'homme, pour l'identifier<br />

quantitativement et qualitativement et en saisir la signification, il faut comprendre la<br />

manière dont la société et les peuples ont évolué à travers la succession des événements<br />

historiques.<br />

En considérant l'histoire de l'<strong>Europe</strong>, nous réalisons que les événements, pris<br />

isolément ou en combinaison les uns avec les autres ont toujours affecté, bien que de<br />

façons diverses, les pays d'<strong>Europe</strong>.<br />

La formation des états européens est le résultat d'événements historiques, qui au<br />

fil du temps les ont progressivement unis.<br />

Connaître le patrimoine revient à rechercher les origines et les modalités de la<br />

croissance commune et à appr<strong>of</strong>ondir les liens entre les peuples d'origines communes.<br />

Dans cette quête, il est important d'harmoniser les <strong>méthodes</strong> utilisées. L'inventaire<br />

est très utile car il représente un moyen d'acquérir la connaissance et la connaissance<br />

du passé nous aide à améliorer notre compréhension de la réalité présente et notre<br />

approche de l'histoire contemporaine.<br />

Les changements économiques très rapides qui sont survenus récemment ont<br />

souvent été plus dévastateurs que les guerres qui ont sévi en <strong>Europe</strong> autrefois.<br />

L'environnement <strong>architectural</strong> a subi des dommages dramatiques par suite<br />

d'utilisations inappropriés, d'abandons ou de destructions totales. Il est clair que si nous<br />

voulons nous sauver à travers notre histoire commune, nous devons sauver notre passé<br />

et bien conserver notre présent: chaque chose doit être considérée et utilisée de manière<br />

à contribuer richement à la croissance de la société.<br />

L'inventaire comme instrument de connaissance doit être orienté vers la protection<br />

et la mise en valeur du patrimoine culturel.<br />

Les pays européens utilisent des <strong>méthodes</strong> qui, malgré des traits communs, ne sont<br />

pas homogènes car les situations culturelles des divers pays ne sont pas homogènes, les<br />

systèmes juridiques entre autres différant largement.<br />

La méthode de l'inventaire est basée sur la constitution d'un dossier c'est à dire<br />

d'une fiche qui fournit un système logique d'organisation de l'information. Harmoniser<br />

les structures de la fiche nous permettrait de créer un cadre commun de référence et<br />

149


d'assurer ainsi une organisation des données commune à tous les pays. Depuis quelques<br />

temps l'introduction de la technique informatique a fourni des instruments permettant<br />

d'organiser, de gérer rationnellement les données et de les échanger rapidement.<br />

Dans le domaine de l'inventaire, l'information technique est une ressource<br />

importante à laquelle il n'est plus possible de renoncer car elle contribue largement à<br />

l'harmonisation de la méthodologie.<br />

Durant ces derniers jours nous avons effectué l'examen du patrimoine <strong>architectural</strong><br />

considéré comme un système de biens répartis dans trois secteurs typologiques (rural,<br />

urbain, industriel). Ces secteurs représentent ensemble autant de systèmes de<br />

localisation, de typologie et de fonction et réaffirment en même temps la connexion des<br />

biens avec le territoire dans lequel ils se retrouvent pour former un seul système. Nous<br />

devons effectuer dans le proche futur une comparaison des <strong>méthodes</strong> utilisées par les<br />

divers pays pour l'enregistrement et l'organisation des données documentaires en<br />

vérifiant le contenu des fiches aussi bien les relations entre les données documentaires<br />

et la structure même de la fiche. Cependant nous devons aussi traiter ensemble du sujet<br />

complexe des vocabulaires qui sont des instruments essentiels pour l'échange correct<br />

de l'information spécialement lorsque l'on applique la technique informatique.<br />

Notre but doit être d'établir une banque de données européenne, basée sur un<br />

système informatique harmonisé pour l'inventaire du patrimoine culturel de l'<strong>Europe</strong>.<br />

Ceci serait une manifestation concrète de la volonté commune des divers pays de<br />

réaliser, au moins dans le domaine culturel, l'unité européenne à laquelle nous aspirons<br />

tous.<br />

150


Eléments pour une fiche minimum de données documentaires<br />

Résumé et propositions<br />

John Bold<br />

Lors de ce colloque, nous avons effectué des progrès considérables et identifié de<br />

nombreux points d'accord. Je vais revenir sur quelques-uns de ces progrès, et tenter<br />

aussi de répondre à une question fondamentale: pourquoi souhaitons-nous organiser<br />

l'accès international aux centres de documentation?<br />

Une information relative à l'environnement bâti est nécessaire pour plusieurs<br />

raisons: aux fins de planification, de protection, d'évaluation de l'environnement,<br />

d'éducation - en bref, d'information publique. L'accès commun à cette information, au<br />

niveau européen, présente un grand avantage: il <strong>of</strong>fre la possibilité de tirer pr<strong>of</strong>it de<br />

l'expérience et des inventaires d'autrui. Et c'est particulièrement vrai dans le cas<br />

d'édifices et d'environnements comparables. On note déjà des entreprises communes à<br />

plusieurs pays, par exemple dans le domaine des activités industrielles - charbonnages,<br />

docks, systèmes de transport. L'interrogation d'autres fichiers facilitera l'identification<br />

des éléments communs, et de ceux qui sont spécifiques ou purement nationaux - ce qui<br />

est très important pour des recommandations en vue de la protection d'édifices ou de<br />

sites. Cette interrogation pourra aussi porter sur des sites où le développement local est<br />

étroitement lié à une évolution internationale plus large - on pourra, par exemple,<br />

souhaiter comparer les informations sur les cathédrales de Salisbury et d'Amiens, ou<br />

encore les données relatives au complexe dit Smythsons'Robin Hood Gardens, à<br />

Londres, et celles concernant l'unité d'habitation de Le Corbusier, à Marseille, ou son<br />

équivalent à Nantes (la Maison familiale). Un échange d'informations peut aussi être<br />

souhaitable à propos de catégories d'édifices ayant engendré depuis longtemps un flux<br />

d'idées bidirectionnel. Je pense par exemple aux hôpitaux, qui ont connu une influence<br />

dans le sens Italie-Angleterre et réciproquement, à différents stades d'organisation du<br />

système de soins. Le bureaucrate a souvent l'impression de manquer de temps pour<br />

procéder à de telles comparaisons.<br />

Mais nous devons nous rappeler deux choses: tout d'abord, nous sommes<br />

effectivement tellement surchargés de travail qu'il ne serait pas raisonnable d'inventer<br />

des approches complètement nouvelles; et, en second lieu, le recours à une fiche<br />

minimum de données accélérera, facilitera et rendra plus compréhensible le processus<br />

d'interrogation au niveau de l'enquête initiale de base.<br />

La fiche minimum est un outil, une clé. Elle ne vise aucunement à obliger les<br />

organisations à se conformer à des systèmes incompatibles avec leurs besoins propres.<br />

A la base, elle illustre une manière d'indexer, de classer et de mettre en ordre<br />

l'information - que celle-ci se présente sous forme de document, de fichier ou de base<br />

de données (naturellement, c'est tout de même sous cette dernière forme qu'elle sera<br />

le plus accessible). La "fiche minimum" qui nous est proposée constitue la meilleure<br />

151


source d'informations de base sur des édifices et des sites. Elle donne accès aux<br />

informations plus détaillées contenues dans les bases de données, les répertoires, etc.<br />

Dans sa conception actuelle, la fiche minimum renseigne d'ores et déjà non<br />

seulement sur tel ou tel édifice mais aussi sur le site dont il est peut-être un élément.<br />

Par la numérotation et la multiplication des fiches, on pourra répertorier non seulement<br />

un édifice, par exemple une usine textile, mais aussi ses composantes, la salle des<br />

machines, la cheminée et le local de séchage. Mais, comme nous l'avons vu ces deux<br />

derniers jours, chaque organisation aura également besoin de fichiers supplémentaires,<br />

liés à la fiche minimum. Ces fichiers, de différents types, contiendront des informations<br />

plus poussées sur l'architecture, l'environnement, l'histoire et l'urbanisme, suivant les<br />

besoins et les impératifs de l'organisation, qu'il appartiendra à celle-ci de définir.<br />

Au bout du compte, il apparaît que les délégués à cette conférence s'intéressent<br />

surtout à l'information bibliographique et archivistique, aux édifices de types apparentés,<br />

aux ensembles architecturaux et aux problèmes d'environnement, au mobilier et aux<br />

machines de l'industrie. Je pense par conséquent que les organisations auront besoin de<br />

familles de fiches, accessibles à partir de la fiche minimum de données. La taille et la<br />

complexité de ces "familles" seront fonction des exigences de l'organisation - c'est la<br />

raison pour laquelle on ne peut d'emblée donner des indications détaillées. En revanche,<br />

on peut d'ores et déjà imaginer un système de fiches-satellites connexes, avec renvois<br />

croisés; ainsi, les utilisateurs d'une de ces fiches sauront qu'ils pourront trouver des<br />

informations connexes dans une autre fiche. En voici le modèle:<br />

Mobilier, etc. Environnement<br />

FICHE MINIMUM<br />

Archives et Bibliographie 'Ensembles apparentés<br />

Eléments d'un édifice<br />

A mon sens, il importe de faire de l'édifice l'unité de base du recensement, et de<br />

ne pas alourdir la fiche minimum avec de trop nombreux ajouts. L'édifice doit<br />

constituer une entité autonome, mais reliée aux secteurs ayant un rapport avec lui. Cela<br />

est important, car la manière de .structurer l'information influe souvent sur son<br />

utilisation, de mCmc que l'usage qu'on en fait conditionne sa structuration. C'est un<br />

processus en boucle; à cet égard, il faut absolument préserver l'intégrité de<br />

l'information, en la simplifiant au maximum nu point d'entrée, mais en prévoyant aussi<br />

le plus d'ouvertures possible pour poursuivre la recherche et recueillir d'autres<br />

informations. La fiche minimum doit pcrincllrc d'obtenir une information relativement<br />

152


cohérente et constante - sans pour autant empêcher les changements de plan d'inflexion,<br />

ni une vision historique suivie, dont les fiches-satellites seront le support.<br />

Je propose dès lors que la fiche minimum comporte seulement deux ajouts:<br />

la date de recueil des informations;<br />

les renvois croisés, orientant l'utilisateur vers d'autres informations relatives à un<br />

édifice, un ensemble <strong>architectural</strong> ou un site, conservées par le centre de<br />

documentation sur support papier, ou dans une base de données.<br />

Les données de la fiche minimum pourraient être affinées, par exemple en précisant<br />

la localisation et en complétant la "date" par la "période", de façon à mieux faire<br />

correspondre le système aux besoins en matière d'archéologie.<br />

La fiche minimum resterait ainsi, fidèle à sa conception initiale, une clé ouvrant sur<br />

d'autres informations et réseaux d'information, un mécanisme au service de tous ceux<br />

qui souhaitent un point d'accès à l'information - qu'elle soit générale ou spécialisée. Ce<br />

processus doit s'accompagner d'un solide contrôle terminologique. Plusieurs<br />

organisations utilisent déjà un thésaurus. Je propose que ces thésaurus deviennent<br />

multilingues, et comportent des listes de termes équivalents. D'expérience, nous savons<br />

que ce sera là une tâche difficile; il faudra donc que des groupes de travail se<br />

consacrent au problème des équivalents. Ce problème n'est pas insoluble si l'on définit<br />

des paramètres très stricts, empêchant d'entrer dans les détails, et si l'on établit des<br />

glossaires ou des notes d'orientation pour expliquer les différences d'acception des<br />

termes selon les pays.<br />

Eu égard aux progrès considérables que nous avons accomplis, j'appelle les futurs<br />

auteurs des résolutions finales à mettre l'accent sur les deux points suivants:<br />

Premièrement, il convient, par étapes et avec pragmatisme, d'adopter un système<br />

commun de fiches minimum de données relatives aux édifices et sites historiques,<br />

comportant des renvois croisés aux secteurs connexes;<br />

Deuxièmement: malgré les pressions, les contraintes et la nouvelle donne résultant<br />

des changements économiques et politiques, nous ne devons pas oublier que nous<br />

avons une mission de service public et que toute l'information doit être accessible<br />

au public sous une forme compréhensible. Sans le soutien du public,<br />

l'environnement historique ne peut être compris, respecté et, le cas échéant,<br />

protégé.<br />

153


Adoption de la "fiche minimum" de données documentaires<br />

A la suite de l'exposé de M. Bold, de nombreuses questions et interventions<br />

permettent à John Bold et à Mme Monique Chatenet de préciser les modalités<br />

d'utilisation de la fiche minimum d'échange d'informations et de prendre en compte<br />

certaines propositions concernant son contenu (champs multivaleurs, date de collecte et<br />

de mise à jour des données). Ils précisent en outre que cette fiche, nécessairement<br />

réduite au minimum, n'a pas pour vocation de répondre à tous les besoins<br />

documentaires; d'autres recherches sont actuellement en cours, notamment entre<br />

l'Inventaire français et le Catalogo italien, pour définir en commun une fiche de collecte<br />

de données plus complète, développée à partir de la fiche minimum et apte à prendre<br />

en compte la spécificité de certaines formes de patrimoine; ces deux organismes sont<br />

disposés à faire bénéficier d'autres pays de leur expérience.<br />

Revenant au projet de fiche minimale d'échange d'informations, M. Vincent<br />

consulte les représentants des différents pays présents. Ceux-ci se prononcent en faveur<br />

de l'adoption de cette fiche à l'unanimité à l'exception du représentant de la Pologne<br />

qui en approuve le principe mais l'estime insuffisante.<br />

Cette étape franchie, il apparaît opportun de préciser un programme d'action pour<br />

poursuivre ce travail commun dont tous les participants reconnaissent l'intérêt.<br />

M. Vincent propose trois pistes:<br />

1. Constitution d'un groupe d'experts sur la prise en compte de la notion<br />

"d'ensembles" dans ce format d'échange de données, ce besoin s'étant fortement<br />

exprimé tout au long de ces rencontres. Divers pays manifestent leur intérêt à<br />

participer à ces travaux.<br />

2. Mise au point d'un thésaurus "architecture" bilingue (anglais-français), en<br />

collaboration avec le GETTY TRUST dont la représentante assure du soutien de<br />

cet organisme;<br />

3. Association de l'image à la fiche d'information: il est décidé d'attendre les résultats<br />

des expériences en cours, notamment au moyen du projet IMPACT mené<br />

conjointement par les Italiens, les Anglais et les Français, pour envisager<br />

l'éventuelle définition d'un format d'échange d'information élargi à l'image.<br />

155


Conclusion du Colloque<br />

Christian Dupavillon<br />

Responsables du patrimoine de 26 pays d'<strong>Europe</strong>, nous sommes aujourd'hui<br />

confrontés à un redoutable défi: dans un monde en totale mutation, et ce terme est<br />

singulièrement plus tragique pour certains d'entre nous, toutes les traces d'un passé qui<br />

disparaît sous nos yeux se chargent d'une valeur patrimoniale.<br />

Chaque jour, nous sommes interpellés pour un ensemble rural à l'abandon, une<br />

usine dont l'activité s'arrête, le centre médiéval d'une petite ville, qu'un maire<br />

modernise au détriment d'une trame urbaine et <strong>architectural</strong>e historique ... Et, pendant<br />

qu'ici et là des questions urgentes exigent des réponses immédiates, que faites-vous<br />

depuis mercredi à Nantes, depuis ce matin à Clisson? Vous discutez de "méthodologie<br />

d'analyse", de "fiche minimum", de "transmission d'information", d'un "deuxième quart<br />

de la seconde moitié du XIX e siècle"...<br />

Ce paradoxe n'est qu'apparent ! Je suis trop souvent obligé de jouer au pompier<br />

pour ne pas être convaincu que c'est vous qui avez raison.<br />

CONNAITRE le patrimoine, de manière rigoureuse, systématique, c'est une<br />

nécessité, plus, une obligation.<br />

Toute action ambitieuse n'est possible pour sauvegarder, conserver et mettre en<br />

valeur notre patrimoine qui si elle est basée sur une connaissance scientifique aussi<br />

étendue que possible.<br />

Fonctionnaires de cette grande <strong>Europe</strong>, nous avons en commun un immense<br />

héritage, issu de plusieurs millénaires de civilisation, dont nous sommes ensemble<br />

redevables vis à vis de nos enfants, de nos petits enfants. Cet héritage commun, né de<br />

grands courants de civilisation qui ont traversé notre continent se sont diversifiés dans<br />

chacun de nos terroirs, nous en avons tous ensemble la responsabilité. Il tire<br />

précisément sa richesse de cette diversité et les difficultés que l'un ou l'autre d'entre<br />

nous rencontre met en danger cette richesse commune et nous appauvrit tous.<br />

La sauvegarde de ce patrimoine est notre devoir commun. Et, comme la<br />

connaissance est le fondement indispensable de toute conservation, il faut commencer<br />

par nous doter des moyens d'échange de cette connaissance, même s'il peut paraître<br />

dérisoire de parler ce matin de "fiche minimum".<br />

Qu'attendons-nous de ces échanges? D'abord, une meilleure compréhension de<br />

notre propre patrimoine, relativisé à l'échelle de notre culture.<br />

157


Ensuite, une aide mutuelle pour que l'expérience des plus favorisés serve aux<br />

moins favorisés à combler leurs retards en bénéficiant de toutes les expériences<br />

technologiques.<br />

Enfin, que grandisse peu à peu la conscience d'un PATRIMOINE EUROPEEN qui<br />

appelle des réponses cohérentes et communes.<br />

Vous me rappeliez que, dans presque tous vos pays, la démarche <strong>d'inventaire</strong> est<br />

associée à celle de protection. Je viens de le faire en France et je me réjouis qu'une<br />

telle mesure facilite cette collaboration internationale.<br />

Il serait logique que nous nous posions la question de véritables stratégies de<br />

protection de patrimoine commun, basées sur ces échanges de connaissances. Vous avez<br />

posé la question à propos du patrimoine industriel. C'est tout aussi vrai du patrimoine<br />

rural pour lequel nous n'avons plus que quelques années pour intervenir, si toutefois<br />

nous voulons en sauvegarder des traces significatives.<br />

Je m'associe donc totalement à votre démarche pour la poursuite de cette<br />

collaboration. Je souhaite qu'elle s'affirme dans les directions que vous avez définies<br />

tout à l'heure.<br />

Mais, permettez-moi d'aller au-delà. Je désire. Monsieur le représentant du<br />

Secrétaire général du Conseil de l'<strong>Europe</strong>, que vous soyez notre interprète auprès des<br />

instances européennes pour leur recommander d'intensifier les actions communes en<br />

faveur des formes les plus menacées de notre patrimoine commun. Le ministère français<br />

de la Communication et de la Culture, en ce qui le concerne, est plus que jamais décidé<br />

à Cire partie prenante de telles démarches, notamment en faveur du patrimoine rural, du<br />

patrimoine industriel et technique, du patrimoine du XX e siècle.<br />

En guise de conclusion, je veux remercier tous ceux qui ont permis cette rencontre:<br />

M. le représentant du Secrétaire général du Conseil de l'<strong>Europe</strong> et ses<br />

collaborateurs,<br />

nos collègues anglais qui nous ont, non seulement transmis le flambeau allumé à<br />

Londres en 1989, mais qui nous ont aidé à préparer celte nouvelle étape dans un<br />

climat de coopération que je qualifierais de très amicale,<br />

vous tous, venus de toute l'<strong>Europe</strong>, qui avez participé si activement à ces travaux,<br />

ci plus particulièrement les présidents de séance et les rapporteurs,<br />

la DRAC des Pays de la Loire et son service régional de l'Inventaire général sans<br />

qui cette réunion n'aurait pas eu lieu,<br />

nos hôtes dont l'accueil a été ft la hauteur de cette si belle région: le Préfet de<br />

région, le Maire d'Angers, aujourd'hui le Président du Conseil général de Loire-<br />

Atlantique,<br />

158


enfin si vous le permettez, ma propre équipe de la sous-direction de l'Inventaire<br />

général et de la protection, qui a su concilier la préparation de cette rencontre avec<br />

les multiples responsabilités dont je les charge de plus en plus les uns et les autres.<br />

Si ce colloque, commencé à Nantes et achevé dans ce lieu magique de Clisson, a<br />

pu se dérouler dans de si bonnes conditions, c'est à vous tous qu'il le doit. C'est à votre<br />

amitié née d'une commune passion pour le patrimoine: le patrimoine de chacun de nos<br />

pays, le patrimoine de notre <strong>Europe</strong>.<br />

159


ANNEXES


Mercredi, 28 octobre<br />

15 h 00 - 17 h 00<br />

17 h 00 - 19 h 00<br />

19 h 15<br />

19 h 30<br />

20 h 30<br />

Jeudi, 29 octobre<br />

Matin<br />

9hOO<br />

9 h 10 - 10 h 40<br />

ANNEXE I<br />

PROGRAMME<br />

Nantes, L'Atlantique - Cité des Congrès<br />

Enregistrement des participants<br />

Ouverture <strong>of</strong>ficielle du Colloque<br />

Introduction générale:<br />

M. J.M. Pérouse de Montclos, Vice-Président de<br />

la Commission Nationale de l'Inventaire Général<br />

Présentation des résultats de l'enquête sur les<br />

inventaires en <strong>Europe</strong> effectuée par le Conseil de<br />

l'<strong>Europe</strong> en 1991:<br />

M. J. Bold, Royal Commission on thé Historical<br />

Monuments <strong>of</strong> England (RCHME)<br />

Départ en car pour l'Hôtel de la Préfecture, Nantes<br />

Réception par M. A. Orhel, Préfet de la Région des<br />

Pays-de-la-Loire, Nantes.<br />

Retour en car aux hôtels. Soirée libre<br />

Problèmes d'étude et de documentation en<br />

architecture rurale<br />

Président de séance:<br />

Mme M.L. Polichetti, Istituto Centrale per n<br />

Catalogo, Rome (Italie)<br />

- Introduction<br />

Communications<br />

- Inventaire du patrimoine en Belgique et<br />

principalement en Flandre. Architecture rurale:<br />

densité, diversité et complexité:<br />

Mme S. Van Aerschot (Belgique)<br />

163


10 h 40 Pause<br />

- Fichier et topographie des monuments. Une<br />

méthode d'investigation de l'architecture rurale en<br />

Allemagne du Nord:<br />

M. W. Wulf (Allemagne)<br />

- La protection de l'architecture rurale et<br />

l'inventaire général des monuments culturels de la<br />

Slovaquie:<br />

M. L. Skoviera (Tchécoslovaquie)<br />

- L'inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> en<br />

Norvège: une approche non sélective:<br />

Mme G. Wester (Norvège)<br />

Ilh00-llh40 - Inventaire du patrimoine du village de Miçsunesti,<br />

près de Bucarest:<br />

Mme R. Nemteanu (Roumanie)<br />

11 h 40 - 12 h 45 Débats/Conclusion<br />

- Inventaire d'un site de la plaine du Pô - Questions<br />

de <strong>méthodes</strong>:<br />

M. F. Poggi (Italie)<br />

13 h 00 Déjeuner, Cité des Congrès<br />

Après-midi Problèmes d'étude et de documentation en<br />

architecture urbaine<br />

14 h 00 Président de séance:<br />

M. M. Horler, Intendance des Monuments<br />

Historiques, Budapest (Hongrie)<br />

- Introduction<br />

Communications<br />

14 h 10 - 15 h 30 - Inventaire Suisse d'Architecture 1850-1920.<br />

Vingt ans d'expérience cl l'an 2000:<br />

M. N. Cavic/el (Suisse)<br />

- Le programme <strong>d'inventaire</strong> du patrimoine 1850-<br />

1940 aux Pays-Bas; sa mise en œuvre dans quatre<br />

grandes villes:<br />

Mme M. Kuipers (Pays-Bas)<br />

164


15 h 30<br />

15 h 50 - 16 h 30<br />

16h 30 - 17 h 30<br />

17 h 45<br />

19 h 00<br />

21 h 00<br />

23 h 00<br />

Vendredi, 30 octobre<br />

Matin<br />

9hOO<br />

- Du monument historique à l'environnement bâti:<br />

l'inventaire du patrimoine urbain et rural en<br />

Poméranie orientale:<br />

M. A. Kostarczyk (Pologne)<br />

- Quartiers industriels en déclin : l'approche de la<br />

Royal Commission on thé Historical Monuments <strong>of</strong><br />

England (RCHME):<br />

M. N. Cooper (Royaume-Uni)<br />

Pause<br />

- Vienne, une métropole du XIX e siècle; recherche<br />

de <strong>méthodes</strong> d'investigation appropriées:<br />

M. A. Lehne (Autriche)<br />

L'Inventaire général en milieu urbain.<br />

L'expérience de Toulouse:<br />

Mme. A. Noé-Dufour (France)<br />

M. B. Toulier (France)<br />

Débats/Conclusion<br />

Départ en cars pour Angers<br />

Visite de la Galerie de l'Apocalypse d'Angers,<br />

Château d'Angers<br />

Visite du Musée Saint-Jean, Tapisserie "Le chant du<br />

monde" d'André Lurçat<br />

Réception par M. J. Monnier, Maire d'Angers, à<br />

l'Hôtel des Pénitentes<br />

Retour en car à Nantes<br />

Problèmes d'étude et de documentation en<br />

patrimoine industriel<br />

Président du séance:<br />

Mme M. Nisser, Pr<strong>of</strong>esseur, Université d'Uppsala,<br />

Suède<br />

- Introduction<br />

Communications<br />

165


9h 10 - 10 h 40 - <strong>Patrimoine</strong> minier en <strong>Europe</strong>: l'étude et la<br />

documentation comme base d'un programme<br />

européen de conservation:<br />

M. R. Slotta (Allemagne)<br />

10 h 40 Pause<br />

- Les critères de la protection légale des édifices<br />

industriels:<br />

M. M. Cherry (Royaume-Uni)<br />

- Inventaire du patrimoine industriel en France: de<br />

l'enquête à la protection:<br />

Mme C. Cartier (France)<br />

- Méthodes <strong>d'inventaire</strong>s du patrimoine industriel en<br />

Finlande; exemples de leurs applications pratiques:<br />

M. E. Hàrô (Finlande)<br />

11 h 00- 11 h 40 - L'inventaire du patrimoine industriel au Pays<br />

Basque espagnol:<br />

Mme M. Zabala (Espagne)<br />

11 h 40 - 12 h 45 Débals/Conclusion<br />

- <strong>Patrimoine</strong> industriel aux Pays-Bas. Les châteaux<br />

d'eau:<br />

M. P. Nijh<strong>of</strong> (Pays-Bas)<br />

13 h 00 Déjeuner, Cité des Congrès<br />

Après-midi Synthèses et débats sur les problèmes de<br />

méthode<br />

14 h 00 Président de séance:<br />

M. .1. Hume, Historié Scotland (Royaume-Uni)<br />

- Introduction<br />

Rapports de synthèse sur:<br />

14 h 30 - 15 h 15 - Techniques d'cnquCtc et de sélection d'édifices:<br />

Mme M. Chatenet (France)<br />

M. R. Thornes (Royaume-Uni)<br />

Débats<br />

166


15 h 15 - 16 h 00<br />

16 h 00<br />

16 h 15- 17 h 00<br />

17 h 00 - 17 h 45<br />

18 h 00 - 18 h 30<br />

Samedi, 31 octobre<br />

Matin<br />

9 h 30 - 10 h 00<br />

10 h 15- 11 h 45<br />

- Grilles de saisie des données documentaires<br />

M. J. Bold (Royaume-Uni)<br />

M. J.G. Van Laar (Pays-Bas)<br />

Débats<br />

Pause<br />

- Informatique et nouvelles technologies<br />

M. O. Toche (France)<br />

M. S. Grant (Royaume-Uni)<br />

M. H. Gustavson (Suède)<br />

Débats<br />

Projet de thésaurus français/anglais sur les<br />

dénominations <strong>architectural</strong>es:<br />

Mme T. Petersen (Fondation Getty)<br />

Débats<br />

Conclusions<br />

Soirée libre<br />

Clisson (Loire-Atlantique), Domaine départemental<br />

de la Garenne-Lemot<br />

Séance de clôture<br />

Propositions pour une "fiche minimum<br />

européenne" de données documentaires sur le<br />

patrimoine <strong>architectural</strong><br />

Président de séance:<br />

M. J.M. Vincent, Sous-Directeur de l'Inventaire<br />

Général (France)<br />

- Introduction<br />

- Perspectives de coopération documentaire dans le<br />

cadre du Conseil de l'<strong>Europe</strong><br />

M. D. Thérond (Conseil de l'<strong>Europe</strong>)<br />

Débats sur la "fiche minimum européenne"<br />

167


11 h 45 - 12 h 15 Conclusions du Colloque:<br />

- M. C. Dupavillon, Directeur du <strong>Patrimoine</strong><br />

(France)<br />

- Le représentant du Secrétaire Général du Conseil<br />

de l'<strong>Europe</strong><br />

12 h 30 Visite du Domaine Départemental de la Garenne-<br />

Lemot<br />

13 h 00 Réception par M. Ch.-H. de Cosse Brissac,<br />

Président du Conseil Général de la Loire-Atlantique<br />

Retour dans l'après-midi vers Nantes et l'Aéroport<br />

168


ANNEXE H<br />

"Fiche minimum" de données documentaires sur le patrimoine <strong>architectural</strong><br />

Projet élaboré par le groupe de spécialistes du Conseil de l'<strong>Europe</strong><br />

Dans ses travaux sur la protection du patrimoine <strong>architectural</strong>, le Conseil de<br />

l'<strong>Europe</strong> a toujours souligné l'importance des inventaires et de la documentation pour<br />

étayer les politiques de conservation. Il s'est en particulier donné pour priorité<br />

d'encourager les échanges d'informations sur le patrimoine au niveau national et<br />

international. Au colloque de Londres (1989) sur le "<strong>Patrimoine</strong> <strong>architectural</strong>: nouvelles<br />

technologies pour la documentation, un accord s'est dégagé pour entreprendre les<br />

actions suivantes dans le but d'élargir la coopération sur l'échange d'informations<br />

documentaires:<br />

i. promouvoir l'identification des normes applicables à un ensemble d'éléments<br />

d'information minimum (textuels, cartographiques et figurés) nécessaires pour créer<br />

des recensements identifiant et décrivant les monuments historiques.<br />

ii. parvenir à un accord sur des spécifications techniques pour permettre la<br />

communication de ces informations entre les différents systèmes.<br />

Des réunions ultérieures tenues à Strasbourg ont abouti à la préparation d'un projet<br />

de fiche documentaire de base. Les données documentaires concernent la localisation,<br />

la classification de l'édifice, l'état de conservation et le statut de protection. La<br />

définition des informations documentaires est accompagnée d'un exemple concernant<br />

un édifice précis. Il est néanmoins nécessaire de souligner que l'application des normes<br />

proposées suppose au préalable un examen plus rigoureux à la fois de la structure des<br />

données et du contrôle du vocabulaire employé dans les fiches de recensement. Une<br />

telle analyse sera nécessaire pour garantir que les informations enregistrées par chaque<br />

centre de documentation <strong>of</strong>frent des possibilités de recherche optimales, et peuvent être<br />

échangées avec d'autres centres et utilisées à travers toute l'<strong>Europe</strong>.<br />

1.1 Nom de l'édifice<br />

Ce chapitre permet d'identifier l'édifice en association avec les informations<br />

concernant sa localisation et sa fonction.<br />

1.2 Numéro de référence individuel et numéros de renvois<br />

Ce chapitre permet d'identifier l'édifice recensé et de le rechercher à l'intérieur<br />

d'un répertoire. Il donne aussi la possibilité de faire renvoi aux dossiers correspondants<br />

du centre de documentation ou de centres de documentation associés.<br />

169


1.3 Localisation - pays, région etc<br />

- adresse<br />

- référence cartographique<br />

2.1 Fonction d'origine de l'édifice, (catégorie générale et type spécifique)<br />

La catégorie générale place l'édifice dans un regroupement fonctionnel, tandis que<br />

le type spécifique le définit avec précision, par exemple:<br />

EDIFICE RELIGIEUX - EGLISE<br />

ETABLISSEMENT D'ENSEIGNEMENT - ECOLE<br />

2.2 Ponction actuelle<br />

Ce chapitre permet la classification et la recherche documentaire pour un édifice<br />

dont la fonction a changé depuis l'époque de sa construction. Ainsi, un MANOIR peut<br />

être devenu un HOTEL DE VOYAGEURS et il peut être souhaitable de faire une<br />

recherche documentaire sur l'édifice à travers ces deux termes.<br />

2.3 Datation de l'édifice<br />

Ce chapitre permet de donner des dates précises quand elles sont connues ou des<br />

datations approximatives en cas d'incertitude, par exemple: 1740 ou 1730-1770.<br />

2.4 Personnes et organisations associées à l'histoire de l'édifice<br />

Ce chapitre comprend deux catégories, les personnes ou organisations associées a<br />

la construction de l'édifice, par exemple les architectes, et celles associées à son usage,<br />

par exemple le propriétaire d'origine ou les propriétaires et organisations ultérieures<br />

ainsi que les personnages historiques liés à l'édifice.<br />

3.1 Matériaux de construction<br />

Ce chapitre doit normalement traiter des matériaux principaux du gros œuvre et de<br />

la couverture, par exemple: BRIQUE, PIERRE, BETON ARME<br />

3.2 Etat de conservation<br />

Ce chapitre sert à noter si l'édifice est démoli, en ruine, ou restauré, et si son état<br />

est bon, assez bon, assez mauvais, ou mauvais.<br />

4.1 Statut de protection existant ou proposé<br />

Ce chapitre permet de préciser si l'édifice est protégé et si oui, le type de<br />

protection et la date ft laquelle elle a été accordée. Il peut Cire aussi utilisé pour indiquer<br />

si une protection est requise.<br />

170


EXEMPLE DE FÏCHE/SAMPLE RECORD<br />

(Remplie avec des données documentaires de la Royal Commission on thé Historical<br />

Monuments <strong>of</strong> England/Completed with data from thé Royal Commission on thé<br />

Historical Monuments <strong>of</strong> England<br />

1.1<br />

1.2<br />

1.3<br />

2.1<br />

2.2<br />

2.3<br />

2.4<br />

3.1<br />

3.2<br />

4.1<br />

Name <strong>of</strong> Building:<br />

Nom de l'édifice<br />

Record Number:<br />

Numéro d'identification<br />

Location:<br />

Localisation<br />

Functional Type:<br />

Fonction d'origine<br />

Présent Function:<br />

Utilisation actuelle<br />

Date <strong>of</strong> Building:<br />

Datation<br />

THE ROUND HOUSE THEATRE<br />

94071/00<br />

ENGLAND<br />

LONDON NW1<br />

CHALK FARM ROAD<br />

TQ 283 843<br />

TRANSPORT - LOCOMOTIVE SHED<br />

THEATRE<br />

1846-7<br />

Associated Persons and Organisations: ROBERT STEPHENSON (Engineer)<br />

Personnes et institutions associées LONDON & NORTH WESTERN<br />

RAILWAY (Owner)<br />

Building Materials:<br />

Matériaux de construction<br />

Physical Condition:<br />

Etat de conservation<br />

Protection Status:<br />

Protection<br />

Wall: BRICK<br />

Ro<strong>of</strong>: SLATE<br />

PAIR<br />

II*; 10.6.1954


EXEMPLE DE FICHE/SAMPLE RECORD<br />

(Remplie avec des données documentaires de l'Inventaire Général,<br />

France/Completed with data from thé Inventaire Général, France)<br />

1.1<br />

1.2<br />

1.3<br />

2.1<br />

2.2<br />

2.3<br />

2.4<br />

3.1<br />

3.2<br />

4.1<br />

Nom de l'édifice:<br />

Naine <strong>of</strong> Building<br />

Numéro d'identification:<br />

Record Number<br />

Localisation:<br />

Location<br />

Fonction d'origine:<br />

Fnnctional Type<br />

Utilisation actuelle:<br />

Présent Funciion<br />

Datation:<br />

Date <strong>of</strong> Building<br />

CENTRE CULTUREL ANDRE<br />

MALRAUX PAVILLON BALTARD<br />

00049971<br />

Pays: FRANCE<br />

Région: ILE DE FRANCE<br />

Département: 94<br />

Canton: NOGENT SUR MARNE<br />

Commune: NOGENT SUR MARNE<br />

Adresse: VICTOR BASCH (RUE)<br />

Cadastre: 1983 Y 103<br />

LAMBERT 1 0610200 X-0125850 Y<br />

EDIFICE COMMERCIAL - HALLE<br />

CENTRE CULTUREL<br />

DEBUT 3E QUART 19E SIECLE<br />

Personnes et institutions associées: BALTARD VICTOR (ARCHITECTE)<br />

Associated Persans and Organisations<br />

Matériaux de construction:<br />

Building Materials<br />

Etat de conservation:<br />

Physical Condition<br />

Protection:<br />

Protection Status<br />

Murs: VERRE-FONTE-FER<br />

Toit: VERRE EN COUVERTURE<br />

RESTAURE<br />

CLASSE M.H.1982


Autriche / Austria<br />

ANNEXE III / APPENDIXm<br />

LISTE DES PARTICIPANTS / LIST OF PARTICIPANTS<br />

Hans Peter JESCHKE, Umfassender Kulturguter-und Ortsbild Kataster Amt der O.Ô.<br />

Landesregierung, Blotenstrasse 13/1/40, A-4040 LINZ<br />

Christine JESCHKE, Umfassender Kultuguter -und Ortsbild Kaster, AMT der O. Ô.<br />

Landesregierung, Blotenstr. 13/1/40, A-4040 LINZ<br />

Andréas LEHNE, Civil Servant, Bundesdenkmalamt, H<strong>of</strong>burg-Saulerstiege, A-1010<br />

WffiN<br />

Belgique / Belgium<br />

Bénédicte DEL MARMOL, Attachée au Service des Monuments et des Sites de la<br />

région Bruxelles-Capitale, 6A, rue des Champs Elysées, B-1050 BRUXELLES<br />

Ode GOOSSENS, Attaché au Service des Monuments et des Sites de la Région de<br />

Bruxelles-Capitale, rue Van Volsem 50, B-1050 BRUXELLES<br />

Yves JACQMIN, Attaché au Service des Monuments et Sites de la Région de<br />

Bruxelles-Capitale, Av. G. Eekhovd 40, B-1030 BRUXELLES<br />

Véronique PITTIE, Attachée à la Mission des Monuments, Sites et Fouilles de la<br />

Région Wallonne, 30 rue Joseph II, B-1040 BRUXELLES<br />

Paulo VALENTE SOARES, Archéologue, Chargé d'Etude auprès A.S.B.L. La Fonderie,<br />

rue de la Réforme 69, B-1060 BRUXELLES<br />

Suzanne VAN AERSCHOT-VAN HAEVERBEECH, Coordination inventaire de la<br />

Flandre, Ministerie van de Vlaamse Gemeenschap, Bestuur Monumenten en<br />

Landschappen, Waaistraat 1, B-3000 LEUVEN<br />

Patrick VIAENE, Historien d'Art, Secrétaire T.I.C.C.I.H.- Belgium, La Fonderie,<br />

rue Ransfort 27, B-1080 BRUXELLES<br />

Bulgarie / Bulgaria<br />

Zoia TCHERVENKOVA, Institut National des Monuments Historiques, Département<br />

de l'Inventaire<br />

173


Mladen PANTCHEV, Pr<strong>of</strong>esseur, Chef de Chaire à l'Université d'Architecture, 11, rue<br />

Kraka, 1504 S<strong>of</strong>ia Union des Architectes Bulgares, BG-SOFIA<br />

République fédérative tchèque et slovaque / Czech and Slovak Fédéral Republic<br />

Bemadetta SILINGEROVA, Architect, Ministry <strong>of</strong> Culture, DobroviCova 12, CS-<br />

813 37 BRATISLAVA<br />

Luboslav SKOVIERA, Chef de la Section de l'inventaire, Institut Slovaque de<br />

Protection des Monuments, Hviezdoslava 5, CS-811 02 BRATISLAVA<br />

Danemark / Dentnark<br />

Boye JENSEN, Cand. Techn. Soc., Planstyrelsen, Haraldsgade 53, DK-2100<br />

COPENHAGEN 0<br />

Allan TOENNESEN, Head <strong>of</strong> Section, National Agency for Physical Planning,<br />

53 Haraldsgade, DK-2100 COPENHAGEN<br />

Finlande / Finland<br />

Erkki HARO, Conservator, The National Board <strong>of</strong> Antiquitics and Historical<br />

Monuments, PL 187, SF-00171 HELSINKI<br />

France<br />

Francine ARNAL, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Inspecteur de la Direction du<br />

<strong>Patrimoine</strong>, Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10, rue du Parc Royal, F-<br />

75003 PARIS<br />

Isabelle BALSAMO, Conservateur en chef du <strong>Patrimoine</strong>, Chef du Bureau de la<br />

Diffusion Documentaire, Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10, rue du<br />

Parc Royal, F-75003 PARIS<br />

Renaud BENO1T-CATTIN, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur régional de<br />

l'Inventaire de Bourgogne, Service Régional de l'Inventaire. D.R.A.C. Bourgogne, 39-<br />

41 rue Vannerie, F-21000 DIJON<br />

Patrice BERTRAND, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional de<br />

l'Inventaire, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C. Champagnc-Ardcnnc,<br />

3, Faubourg St Antoine, F-51037 CHALONS-SUR-MARNE CEDEX<br />

174


Olivier BIGUET, Chercheur Inventaire, Mairie d'Angers, Boulevard de la Résistance<br />

et de la Déportation, F-49100 ANGERS<br />

Nicole BLONDEL, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel<br />

de Vigny, 10, rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />

Jacques CAILLETEAU, Conservateur Général du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional<br />

de l'Inventaire, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C. Pays-de-la-Loire, 1, rue<br />

Stanislas Baudry, F-44035 NANTES CEDEX 01<br />

Claudine CARTIER, Responsable de la Cellule du <strong>Patrimoine</strong> industriel, Sous-Direction<br />

de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10 rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />

Maryannick CHALABI, Conservateur en chef du <strong>Patrimoine</strong>, Service régional de<br />

l'Inventaire, D.R.A.C. Rhône-Alpes, 23 rue Roger Radisson, F-69322 LYON CEDEX 5<br />

Monique CHATENET, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Chef du Bureau de la<br />

Méthodologie, Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10 rue du Parc Royal,<br />

F-75003 PARIS<br />

Eric Philippe COUTUREAU, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Service Régional de<br />

l'Inventaire, D.R.A.C. Pays de la Loire, 1 rue Stanislas Baudry, F-44035 NANTES<br />

CEDEX 01<br />

Jean DAVOIGNEAU, Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10, rue du Parc<br />

Royal, F-75003 PARIS<br />

Colette DREAN, Ingénieur d'Etudes - Documentaliste, Service Régional de l'Inventaire,<br />

D.R.A.C. Bretagne, Hôtel de Blossac - 6 rue du Chapitre, F-35044 RENNES CEDEX<br />

Anne DUFLOS, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C.<br />

Pays-de-la-Loire, 1, rue Stanislas Baudry, F-44035 NANTES CEDEX 01<br />

Christian DUPA VILLON, Directeur du <strong>Patrimoine</strong>, Ministère de l'Education Nationale<br />

et de la Culture, 3, rue de Valois, F-75001 PARIS<br />

Jean-Florent FILTZ, Secrétaire Général Adjoint, Programme Franco-Allemand de<br />

Recherche pour la Conservation des Monuments Historiques, Château de Champs-sur-<br />

Marne, F-77420 CHAMPS/MARNE<br />

Julia FRITSCH, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C.<br />

Ile-de-France, Grande Palais, Porte C, avenue Franklin Roosevelt, F-75008 PARIS<br />

Claire GIRAUD-LABALTE, Historienne d'Art, 40, rue de la Trémissinière, F-44300<br />

NANTES<br />

175


Dominique GUILLOT, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Ministère de l'Education Nationale<br />

et de la Culture, Sous-Direction de l'Archéologie, 4, rue d'Aboudir, F-75002 PARIS<br />

Jean-Félix GUILLOTEAU, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Service Régional de<br />

l'Inventaire, D.R.A.C. Haute-Normandie, 2 rue Maladrerie, F-76QOO ROUEN<br />

Catherine HERRY, Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10, rue du Parc<br />

Royal, F-75003 PARIS<br />

Dominique HERVIER, Conservateur Général du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional de<br />

l'Inventaire, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C. Ile-de-France, Grande Palais,<br />

Porte C, avenue Franklin Roosevelt, F-75008 PARIS<br />

Virginie INGUENAUD, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Service Régional de l'Inventaire,<br />

D.R.A.C. Champagne-Ardenne, 3 Faubourg St Antoine, F-51037<br />

CHALONS-SUR-MARNE CEDEX<br />

Jeannette IVAIN, Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10, rue du Parc<br />

Royal, F-75003 PARIS<br />

Jean-Louis KEROUANTON, Chercheur Inventaire, Service Régional de l'Inventaire,<br />

D.R.A.C. Pays-de-la-Loire, 1, rue Stanislas Baudry, F-44035 NANTES CEDEX 01<br />

François LE BOEUF, Chercheur Inventaire, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C.<br />

Pays-de-la-Loirc, 1, rue Stanislas Baudry, F-44035 NANTES CEDEX 01<br />

Jean-Paul LECLERQ, Conservateur en chef du <strong>Patrimoine</strong>, Service Régional de<br />

l'Inventaire, D.R.A.C. Auvergne, 4 rue Pascal, F-63000 CLERMONT FERRAND<br />

Dominique LETELLIER-D'ESPINOSE, Chercheur-Inventaire, Service Régional de<br />

l'Inventaire, D.R.A.C. Pays-de-la-Loire, 1, rue Stanislas-Baudry, F-44035 NANTES<br />

CEDEX 01<br />

Thierry LOCHARD, Chercheur-Inventaire, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C.<br />

Languedoc-Roussillon, 5 rue de la Salle de l'EvCquc, F-34000 MONTPELLIER<br />

Isabelle LONGUET, Chargée de Mission pour les Affaires Internationales, Missions des<br />

Relations Publiques et des Affaires Internationales, Ministère de l'Education Nationale<br />

et de la Culture, Direction du <strong>Patrimoine</strong>, 3 rue du Valois, F-75001 PARIS<br />

Viviane MANASE, Conservateur Territorial du <strong>Patrimoine</strong>, Service Départemental de<br />

l'Inventaire, 106 nie de Frcmur. B.P. 744. F-49007 ANGERS CEDEX<br />

Anne-Marie MARAIS, Conservateur de Musée, Chargée de l'Informatisation de la<br />

Documentation du chantier de Saint-Trophimc d'Arles, 13. rue d'Allul, F-34170<br />

CASTELNAU-LE-LEZ<br />

176


Marie-Claude MARY, Conservateur Général du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional de<br />

l'Inventaire, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C. Franche Comté, 9 bis rue<br />

Charles Nodier, F-25000 BESANCON<br />

Mauricette MATTIOLI, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional de<br />

l'Inventaire, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C. Corse, B.P. 301, F-20176<br />

AJACCIO CEDEX<br />

Marianne MINICONI, Technicien de la Recherche, Service Régional de l'Inventaire,<br />

D.R.A.C. Corse, B.P. 301, F-20176 AJACCIO CEDEX<br />

Francis MUEL, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional de l'Inventaire,<br />

Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C. Bretagne, Hôtel de Blossac, 6 rue du<br />

Chapitre, F-35044 RENNES CEDEX<br />

Bonita MUELLER, Architecte, Cellule du <strong>Patrimoine</strong> Industriel, Sous-Direction de<br />

l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10 rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />

Annie NOE-DUFOUR, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Service Régional de l'Inventaire,<br />

D.R.A.C. Midi-Pyrénées<br />

Marc PABOIS, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur régional de l'Inventaire,<br />

Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C. Rhône Alpes, 23 rue Roger Radisson, F-<br />

69322 LYON CEDEX 05<br />

Olivia PELLETIER, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, 8 rue du Maréchal Foch, F-86000<br />

POITIERS<br />

Jean-Marie PEROUSE DE MONTCLOS, Vice-Président de la Commission Nationale<br />

de l'Inventaire, Inventaire Général de la documentation et de la Protection du<br />

<strong>Patrimoine</strong>, Hôtel de Vigny, 10, rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />

Maryvonne PESTEIL, Documentaliste CRMH, D.R.A.C. Corse, Résidence les Crêtes,<br />

Route des Sanguinaire, F-20000 AJACCIO<br />

Martine PLOUVIER, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur régional de l'Inventaire,<br />

Service de l'Inventaire, D.R.A.C. Picardie, 5 rue Henri Daussy, F-80044 AMIENS<br />

CEDEX 01<br />

Odette RIFFET, Chercheur Inventaire, Service Régional de l'Inventaire, D.R. A.C. Paysde-la-Loire,<br />

1, rue Stanislas Baudry, F-44035 NANTES CEDEX 01<br />

Yves-Jean RIOU, Conservateur Général du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur régional de<br />

l'Inventaire Chargé de mission d'Inspection, D.R.A.C. Poitou-Charentes, Hôtel de<br />

Rochefort, 102 Grand-Rue, F-86020 POITIERS CEDEX<br />

177


Evelyne ROBINEAU, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Service Régional de l'Inventaire,<br />

D.R.A.C. Pays-de-la-Loire, 1, rue Stanislas Baudry, F-44035 NANTES CEDEX 01<br />

Paul-Edouard ROBINNE, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional de<br />

l'Inventaire, D.R.A.C. Limousin, 6 rue Haute de la Comédie, F-87036 LIMOGES<br />

CEDEX<br />

Jean-Paul SAINT-AUBIN, Conservateur Général du <strong>Patrimoine</strong>, Direction du<br />

<strong>Patrimoine</strong>, Inspection Générale, Informatique et Nouvelles Technologies, Hôtel de<br />

Vigny, 10, rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />

Christiane SCHMUCKLE-MOLLARD, Architecte en Chef des Monuments Historiques,<br />

12 rue de Moscou, F-75008 PARIS<br />

Paul SMITH, Historien, Cellule du <strong>Patrimoine</strong> Industriel, Sous-Direction de l'Inventaire<br />

Général, Hôtel de Vigny, 10 rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />

Odile TETU, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional de l'Inventaire,<br />

Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C. Nord-Pas-de-Calais, Hôtel Scrive, 1, rue du<br />

Lombard, F-59800 LILLE<br />

Olivier TOCHE, Chef du bureau de l'Informatique et des Nouvelles Technologies,<br />

Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10, rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />

Bernard TOULIER, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel<br />

de Vigny, 10, rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />

Claude VANDALLE, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Inventaire Général, 140 rue Lerichc,<br />

F-59169 ROUCOURT<br />

François VERDIER, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional de l'Inventaire,<br />

D.R.A.C. Haute-Normandie<br />

Hélène VERDIER, Sous-Direclion de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10, rue du Parc<br />

Royal, F-75003 PARIS<br />

Guy VERRON, Chargé de Mission auprès du Sous-Dircctcur de l'Archéologie, Manoir<br />

des Gens d'Amiens, 161 rue Basse, F-14000 CAEN<br />

Jean-Marie VINCENT, Conservateur Général du <strong>Patrimoine</strong>, Chargé de la Sous-<br />

Direction de l'Inventaire Général de la documentai ion et de la Protection du <strong>Patrimoine</strong>,<br />

Hôtel de Vigny, 10, rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />

Jida VINCENT, Documentaliste, Service Régional de l'Inventaire Général, D.R.A.C.<br />

Ile de France, Grand Palais, Porte C, F-75008 PARIS<br />

178


Elisabeth WALLEZ, Documentaliste, Conservation Régionale des Monuments<br />

Historiques, D.R.A.C. Haute-Normandie, Cité Administrative, 2, rue Saint-Sever, F-<br />

76032 ROUEN CEDEX<br />

Allemagne / Germanv<br />

Hans KINDT, Verlagsleiter, Informationszentrum RAUM und BAU der Fraunh<strong>of</strong>er-<br />

Gesellschaft, Nobelstrasse 12, D-7000 STUTTGART 80<br />

Rainer SLOTTA, Director <strong>of</strong> thé German Mining Muséum Bochum, Am<br />

Bergbaumuseum 28, D-4630 BOCHUM<br />

Walter WULF, Art Historian/Oberkonservator, Institut fur Denkmalpflege<br />

Niedersachsen, Schiffgraben 48, D-3000 HANNOVER<br />

Saint-Siège / Holy See<br />

Giancarlo SANTI, Représentant du Saint-Siège, Piazza Fontana 2, 20121 MILANO I<br />

Hongrie / Hungary<br />

Miklos HORLER, Vice-Président, Office National des Monuments Historiques de la<br />

Hongrie, Tâncsics Mihâly Utca 1, H-1014 BUDAPEST<br />

Italie / Italy<br />

Christina GNONI, Catalogo Sienne, Soprintendenza per il Béni Artistici e Storici, Via<br />

del Capitano 1,1-53100 SIENNA<br />

Maria MANGIAVACCHI, Responsable du Catalogo, Soprintendenza per i Béni Artistici<br />

e Storici, Via del Capitano, 1,1-53100 SIENNA<br />

M. LAVECCHIA, Architect, MEMAR-SIR, via Emilia S. Pietro 22,1-42100 REGGIO<br />

EMTLIA<br />

Fabio POGGI, Data Administrator, via G. Preti, 70,1-41100 MODENA<br />

Maria-Louisa POLICHETTI, Direttoro Istituto Centrale per il Catalogo e la<br />

Documentazione, Via di S. Michèle 18, 1-00153 ROMA<br />

Claudine REMACLE, Directeur formation, "Recenseur architecture rurale", FRAZ Chez-<br />

Chenaux, M1010 BIONAZ-AO (Val d'Aoste)<br />

179


Bruno SANTI, Surintendant, Surintendance pour les Biens artistiques et historiques de<br />

Sienne, Soprintendenza per i Béni Artistici e Storici, Via del Capitano, 1, 1-53100<br />

SIENNA<br />

Lituanie / Lithuania<br />

Bronius DAKARIS<br />

Evgenius IVASKEVICIUS<br />

Malte / Malta<br />

Godwin CASSAR, Architect, Tower Planner, Planning Services Division, Ministry for<br />

thé Environment, FLORIANA, CMR 02 MALTA<br />

Pays-Bas / Netherlands<br />

Roland BLYDENSTÏN, Architectural Historian, Province Ulrechl, Postbus 80300, NL-<br />

3508 TH UTRECHT<br />

Hildebrand DE BOER, Project-coordinator, The Netherlands Institutc for thé Industrial<br />

Héritage, P.O. Box 948, NL-3700 AX ZEIST<br />

Mariekc KUIPERS, Architectural historical rcscarchcr Inventory, Netherlands<br />

Department for Conservation, P.O. Box 1001, NL-3700 BA ZEIST<br />

Peter NIJHOF, Head <strong>of</strong> Inventory <strong>of</strong> National Monuments. Rijksdienst voor de<br />

Monumentenzorg, Postbus 1001, NL-3700 BA ZEIST<br />

Job VAN LAAR, Head <strong>of</strong> Documentation, Dutch Department for thé Conservation <strong>of</strong><br />

Historié Building and Sites, Rijksdienst voor de Monumcnicn/.org, Broedcrplein 41,<br />

3703 CD ZEIST, Postbus 1001, NL-3700 BA ZEIST<br />

Norvège / Norwity<br />

Gro WESTER, Head <strong>of</strong> Rccording Division, Central Office <strong>of</strong> Historié Monuments and<br />

Sites, Post Box 8196 Dcp, N-0034 OSLO<br />

Pologne / Poland<br />

Artur KOSTARCZYK, Dircctor <strong>of</strong> thé Régional Centre for Studios and Préservation <strong>of</strong><br />

Built Environment in Gdarisk, ul. Swiçtcj Trôjcy 5, P.O. Box 589, PL-80-958 GDANSK<br />

180


Portugal<br />

Maria Teresa GAMBOA, Architect, Instituto Portugues do Patrimonio Arquitectonico<br />

e Archeologico, Palacio Nacional da Ajuda, P-1300 LISBOA<br />

Alberto Flavio LOPES, Directeur Régional de l'IPPAR, Instituto Portugues do<br />

Patrimônio Arquitectonico a Arqueologico, Palacio Nacional de Ajuda, P-1300 LISBOA<br />

Roumanie / Romania<br />

Vlad Gabriel CUZA, Ingénieur/Informaticien, 16 lenachita Vacarescu, Secteur 1,<br />

70528 BUCAREST<br />

Ruxanda NEMTEANU, Architecte, Service <strong>d'inventaire</strong>, lenachita Vacarescu N°16,<br />

Secteur 1, 70528 BUCAREST<br />

Fédération de Russie / Fédération <strong>of</strong> Russia<br />

Zora BOUTAIEVA, Institut de Recherches Culturelles, Bersenevskaya nab. 20,<br />

109072 MOSCOU<br />

Katia CHORBAN, Institut d'Histoire de l'Art, Département de l'Inventaire de Moscou<br />

Eleonora CHOULEPOVA, Directeur Adjoint, Institut de Recherches Culturelles,<br />

Bersenevskaya nab. 20, 109072 MOSCOU<br />

Vera SAMOILOVA, Chef du Service juridique et administratif des Musées d'Etat du<br />

Kremlin de Moscou, RUSSIE<br />

M. Andreï STERLIGOV, Chef du département Inventaire, Institut d'Histoire de l'Art,<br />

MOSCOU<br />

Espagne / Spain<br />

Paloma BARREIRO PEREIRA, Jefe del Dpt. Investigacion e Informacion del Colegio<br />

Oficial de Arquitectos de Madrid, c/Barquillo N°12, E-28004 MADRID<br />

Félix BENITO MARTIN, Arquitecto, Ministerio de Cultura, Instituto de Convervacion<br />

y restauracion de Bienes Culturales, c/Greco N°4, E-28040 MADRID<br />

Santiago CARIDAD, Centre de Documentacion del Patrimonio Historiée, Servicio<br />

Régional de Patrimonio Historiée, Gran Via 42, 2a escalera, 6a planta (edf. Galerias),<br />

E-30005 MURCIA<br />

181


Araceli PEREDA ALONSO, Directora General Fundacion Cultural Banesto, C/. Antonio<br />

Maura N° 4 - E-28014 MADRID<br />

Maria Jésus S ANCHEZ CLARES, Documentalista, Direccion de los Servicios Juridicos,<br />

Secretaria General de la Presidencia, Palacio San Esteban c/Acisclo Diaz, E-30071<br />

MURCIA<br />

Ricardo SICLUNA LLETGET, Jefe Unidad Técnica de Arquitectura, Servicio General<br />

de Patrimonio Arquitectônico, Direction General de Patrimonio Artistico, Conselleria<br />

de Cultura, Avda Campanar, 32, E-46015 VALÈNCIA<br />

Suède / Sweden<br />

Robert BENNETT, Head <strong>of</strong> Department, National Board <strong>of</strong> Antiquities,<br />

Riksantikvarieambetet, Box 5405, S-11484 STOCKHOLM<br />

Helmer GUSTAVSON, Swedish Central Board <strong>of</strong> National Antiquities, BOX 5404, S-<br />

STOCKHOLM 11484<br />

Kersti MORGER, Senior Executive Officer, Central Board <strong>of</strong> National Antiquities,<br />

Box 5405, S-l 1484 STOCKHOLM<br />

Marie NISSER, Pr<strong>of</strong>esser at ihe University <strong>of</strong> Uppsala, Drômstigen 12, S-161 38<br />

BROMMA<br />

Stefan ÔSTERGREN. Hcad <strong>of</strong> (lie Archives <strong>of</strong> ihe Central Board <strong>of</strong> National<br />

Antiquilies, RiksantikvarieHmbctet, Box 5405, S-l 1484 STOCKHOLM<br />

Suisse / Swify.erland<br />

Nott CAV1EZEL, Directeur, Institut d'Histoire de l'Art en Suisse, Pavillonweg 2,<br />

case postale, CH-3001 BERNE<br />

M. Pierre FREY, Conservateur, Archives de la Construction Moderne, IYHA/DA-EPFL,<br />

case postale 555, CH-1001 LAUSANNE<br />

Benno FURRER, Directeur, Etude de la Maison Rurale de Suisse, Sumpfstrassc 23, CH-<br />

6300 ZUG<br />

Daniel-André GLAUSER, Rédacteur, Etudes de lu Maison rurale du Canton de Vaud,<br />

rue de la Charmille 8, CH-1450 SAINTE-CROIX<br />

Michèle GROTE, Chargée de Recherche, Section des Monuments Historiques Vaudois,<br />

10 Place Riponnc. CH-IOI4 LAUSANNE<br />

182


Pierrot HANS, Architecture et Informatique, Konradstrasse 77, Postfach 3122, CH-8031<br />

ZURICH<br />

Charles MATTLE, Conservateur Adjoint, Section des Monuments Historiques VD,<br />

10 Place Riponne, CH-1014 LAUSANNE<br />

Isabelle ROLAND TEVAEARAI, Historienne, Attachée au recensement <strong>architectural</strong>,<br />

Section des Monuments Historiques Vaudois, 10 Place Riponne, CH-1014 LAUSANNE<br />

Christine VON BUREN, Coordinatrice recensement <strong>architectural</strong> vaudois, Section des<br />

Monuments Historiques VD, 10 Place Riponne, CH-1014 LAUSANNE<br />

Royaume-Uni / United Kingdom<br />

John BOLD, Head <strong>of</strong> Architecture, Royal Commission on thé Historical Monuments <strong>of</strong><br />

England, 23 Savile Row, UK-LONDON W1X 2JQ<br />

Martin CHERRY, Head <strong>of</strong> Listing Branch, English Héritage, Fortress House, 23 Savile<br />

Row, UK-LONDON W1X 1AB<br />

Nicholas COOPER, Architectural Historian, Royal Commission on thé Historical<br />

Monuments <strong>of</strong> England, 23 Savile Row, UK-LONDON W1X 2JQ<br />

Simon GRANT, Head <strong>of</strong> Computer Services, Royal Commission on thé Historical<br />

Monuments <strong>of</strong> England, 23 Savile Row, UK-LONDON W1X 2JQ<br />

Diane HALE, Curator, Royal Commission on thé historical Monuments <strong>of</strong> England,<br />

Fortress House, 23, Savile Row, UK-LONDON W1X 2JQ<br />

Tom HASSALL, The Secretary, Royal Commission on thé Historical Monuments <strong>of</strong><br />

England, Fortress House, 23, Savile Row, UK-LONDON W1X 2JQ<br />

John HUME, Historié Scotland, 20 Brandon Street, Edinburgh EH3 5R4, SCOTLAND<br />

Terry JAMES, Information Systems Manager, Royal Commission on thé Ancient and<br />

Historical Monuments <strong>of</strong> Wales, Plas Crug, UK-ABERYSTWYTH SY 23 2HP<br />

Roger LEECH, Head <strong>of</strong> Archaeology, Royal Commission on thé Historical Monuments<br />

<strong>of</strong> England, Rougemont, Rougemont Close, UK-SALISBURY SP1 1LY<br />

Roger James MERCER, Secretary RCAHMS, Royal Commission on thé Ancient and<br />

Historical Monuments <strong>of</strong> Scotland, John Sinclair House, 16 Bernard Terrace, UK-<br />

EDINBURGH EH8 9NX<br />

183


Ge<strong>of</strong>froy STELL, Head <strong>of</strong> Architecture, Royal Commission on thé Ancient and<br />

Historical Monuments <strong>of</strong> Scotland, John Sinclair House, 16 Bernard Tenace, UK-<br />

EDINBURGH EH8 9NX<br />

Robin THORNES, RCHME, Shelley House, Acomb Road, UK-YORK Y02 4MB<br />

Peter WHITE, Secretary to thé Commission, Royal Commission on thé Ancient and<br />

Historical Monuments <strong>of</strong> Wales, Plas Crug, UK-ABERYSTWYTH SY 23 2HP<br />

Ukraine<br />

M. DIOMIN, Scientific Research Institute for Architecture ad Town Planning Theory<br />

in Kiev, B. Zhitomiraskaya 9, 252025 KIEV<br />

Mme DIOMINA, Scientific Research Institute for Architecture ad Town Planning<br />

Theory in Kiev, B. Zhitomiraskaya 9, 252025 KIEV<br />

M. DMITRIEV, Scientific Research Insiitute for Architecture ad Town Planning Theory<br />

in Kiev, B. Zhitomiraskaya 9, 252025 KIEV<br />

Vladimir KOLTCHANOV, Depuly Director, Chief <strong>of</strong> Applied Informatics Department,<br />

Scientific Research Institute for Architecture and Town Planning Theory in Kiev,<br />

B. Zhitomiraskaya 9, 252025 KIEV<br />

USA / Cetly Trust<br />

Eleanorc FINK, Prograin Manager, Gctty Art History Information Program,<br />

401 Wilshire Blvd, Suite 1100, Santa Monica, CALTFORNIA 90401-1455 USA<br />

Donald S ANDERS, Architectural Editer, Art and Architecture Thésaurus, The Getty Art<br />

History Information Program, 62 Stratton Road, Williamstown,<br />

MASSACHUSETTS 01267, USA<br />

Organisations Kouvcrnemcntiilcs et non-uoiivcrncmcntiilcs / Clovcrnmcnfiil and<br />

non-uovcrnmcntal Organisations<br />

UNESCO<br />

Susannc PETERS, Consiilinni, I Place de l'Ecole, F-75001 PARIS<br />

ICOMOS<br />

Suzanne D'ABZAC, Hôtel Saint Aignan, 75 rue du temple, F-75003 PARIS<br />

184


CONSEIL DE L'EUROPE / COUNCIL OF EUROPE<br />

i<br />

Daniel THEROND, Administrateur Principal, Division du <strong>Patrimoine</strong> Culturel, Conseil<br />

de l'<strong>Europe</strong>, F-67075 STRASBOURG CEDEX<br />

Tél. (33) 88 41 22 52, Fax (33) 88 41 27 84<br />

Marie-Laure SAAS, Division du <strong>Patrimoine</strong> Culturel, Conseil de l'<strong>Europe</strong>, F-67075<br />

STRASBOURG CEDEX<br />

Tél. (33) 41 22 55, Fax (33) 88 41 27 84<br />

Mary Ann HENNESSY, Secrétaire, Division du <strong>Patrimoine</strong> Culturel<br />

185


Sales agents for publications <strong>of</strong> thé <strong>Council</strong> <strong>of</strong> <strong>Europe</strong><br />

Agents de vente des publications du Conseil de l'<strong>Europe</strong><br />

AUSTRALIA/ AUSTRALIE<br />

Hunier Publications, 58A, Cipps Street<br />

AUS-3066 COLLINCWOOD, Victoria<br />

AUSTRIA/AUTRICHE<br />

Cerold und Co., Graben 31<br />

A-1011 VIENNA1<br />

BELCIUM/BELCIQUE<br />

La Librairie européenne SA<br />

Av. A. Jonnart 50<br />

B-1200BRUSSELS20<br />

CANADA<br />

Renouf Publishing Company Limited<br />

1294 AlgomaRoad<br />

CDN-OTTAWA ONT K1B 3W8<br />

CVPRUS/CHYPRE<br />

MAM<br />

The House <strong>of</strong> thé Cyprus Book<br />

PO Box 1722, CY-NICOSIA<br />

DENMARK/DANEMARK<br />

Munksgaard<br />

Book and Subscription Service<br />

PO Box 2148<br />

DK-1016 COPENHACEN K<br />

FINLAND/FINLANDE<br />

Akateeminen Kirjakauppa<br />

Keskuskatu1,PO8ox218<br />

SF-00381 HELSINKI<br />

CERMANY/ALLEMACNE<br />

Minerva GmbH<br />

Buch u. Zeitschrifteimport<br />

Morgenstem StraBe 37<br />

D-60596 FRANKFURT<br />

CREECE/CRÈCE<br />

Librairie Kauffmann<br />

Mavrokordatou 9, CR-ATHINA1106 78<br />

IRELAND/IRLANDE<br />

Government Stationery Office<br />

Publications Section<br />

Bishop Street IRL-DUBLIN 8<br />

ITALY/ITALIE<br />

Libreria Commissionaria Sansoni<br />

ViaDucadiCalabria, 1/1<br />

Casella Postale 552,1-50125 FLORENCE<br />

LUXEMBOURG<br />

Librairie Bourbon<br />

(Imprimerie Saint-Paul)<br />

11, rue Bourbon<br />

L-1249 LUXEMBOURG<br />

NETHERLANDS/PAYS-BAS<br />

InOr-publikaties, PO Box 202<br />

NL-7480 AE HAAKSBERGEN<br />

SDU Staatsdrukkerij/Uitgeverij<br />

Christ<strong>of</strong>fel Plantijnstraat 2 Postbus 20014<br />

NL-2500 EA DEN HAAG<br />

NORWAY/NORVÈGE<br />

Akademika, A/S Universitetsbokhandel<br />

PO Box 84, Blindern<br />

N-0314 OSLO<br />

PORTUGAL<br />

Livraria Portugal, Rua do Carmo, 70<br />

P-1200 LISBON<br />

SPAIN/ ESPAGNE<br />

Mundi-Prensa Libres SA<br />

Castellô 37, E-28001 MADRID<br />

Libreria International Aedos<br />

Consejo de Ciento. 391<br />

E-08009 BARCELONA<br />

Llibreria de la Generalitat<br />

Rambla dels Estudis, 118<br />

E-08002 BARCELONA<br />

Llibreria de la Generalitat de Catalunya<br />

Cran Via Jaume 1,38, E-17001 GIRONA<br />

SWEDEN/SUÈDE<br />

Aktiebolaget CE Fritzes<br />

Regeringsgatan 12, Box 163 56<br />

S-10327 STOCKHOLM<br />

SWITZERLAND/SUISSE<br />

Buchhandlung Heinimann & Co.<br />

Kirchgasse 17, CH-8001 ZURICH<br />

TURKEY/TURQUIE<br />

Près Gazette Kitap<br />

Nailibahce Sokak 15<br />

Cagaloglu, TR-ISTANBUL<br />

UNITED KINGDOM/ROYAUME-UNI<br />

HMSO, Agency Section<br />

51 Nine Elms Lane<br />

GB-LONDON SW8 5DR<br />

UNITED STATES and CANADA/<br />

ETATS-UNIS et CANADA<br />

Manhattan Publishing Company<br />

1 Croton Point Avenue, PO Box 650<br />

CROTON, NY 10520<br />

STRASBOURG<br />

Librairie internationale Kléber<br />

1, rue des Francs-Bourgeois<br />

F-67000 STRASBOURG<br />

Librairie des Facultés<br />

2-12, rue de Rome<br />

F-67000 STRASBOURG<br />

Librairie Kléber<br />

Palais de l'<strong>Europe</strong><br />

F-67075 STRASBOURG Cedex


La diversité des <strong>méthodes</strong> <strong>d'inventaire</strong> du<br />

patrimoine <strong>architectural</strong> en <strong>Europe</strong> et l'évolution<br />

rapide des technologies documentaires<br />

entraînent des difficultés de communication<br />

entre les usagers de l'information.<br />

Comment créer dès lors des bases concrètes<br />

pour permettre les échanges aux niveaux<br />

national et international?<br />

Cette publication présente de nombreux<br />

exemples <strong>d'inventaire</strong>s et propose «une<br />

fiche minimale d'indexation» du patrimoine,<br />

première clé d'accès à l'information au plan<br />

européen.<br />

Les éditions du Conseil de l'<strong>Europe</strong><br />

ISBN 92-871-2341-1

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