Patrimoine architectural : méthodes d'inventaire ... - Council of Europe
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<strong>Council</strong> <strong>of</strong> <strong>Europe</strong><br />
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<strong>Patrimoine</strong> <strong>architectural</strong> :<br />
<strong>méthodes</strong> <strong>d'inventaire</strong><br />
et de documentation en <strong>Europe</strong><br />
actes<br />
Colloque européen<br />
organisé par le Conseil de l'<strong>Europe</strong><br />
et le ministère français de l'Education nationale<br />
et de la Culture - Direction du patrimoine<br />
Nantes, 28-31 octobre 1992<br />
<strong>Patrimoine</strong> culturel, n° 28<br />
Les éditions du Conseil de l'<strong>Europe</strong>, 1993
Edition anglaise :<br />
Architectural héritage: inventory and documentation methods in <strong>Europe</strong><br />
ISBN 92-871-2342-X<br />
Strasbourg, Conseil de l'<strong>Europe</strong>, Service de l'édition et de la documentation<br />
ISBN 92-871-2341-1<br />
© Conseil de l'<strong>Europe</strong>, 1993<br />
Imprimé aux Pays-Bas
TABLE DES MATIERES<br />
Introduction 7<br />
Ouverture du Colloque<br />
Documentation sur le patrimoine <strong>architectural</strong> européen<br />
Rapport d'activité<br />
John Bold 11<br />
Problèmes d'étude et de documentation en architecture rurale<br />
Inventaire du patrimoine en Belgique et principalement en Flandre<br />
Architecture rurale: densité, diversité et complexité<br />
Suzanne Van Aerschot 19<br />
Fichier et topographie des monuments<br />
Méthodes d'investigation de l'architecture rurale en Allemagne du Nord<br />
Walter Wulf 27<br />
L'inventaire général des monuments culturels de la Slovaquie - (IGM)<br />
Luboslav Skoviera 31<br />
L'inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> en Norvège<br />
SEFRAK - Méthode non sélective<br />
Gro Wester 35<br />
La protection des monuments historiques en Roumanie<br />
L'inventaire du patrimoine du village de Miçsunesti<br />
Ruxandra Nemteanu 41<br />
Inventaire d'un site de la plaine du Pô: problèmes méthodologiques<br />
Le projet SIRIS<br />
Fabio Poggi 47<br />
Problèmes d'étude et de documentation en architecture urbaine<br />
Inventaire Suisse d'Architecture 1850-1920 (INSA)<br />
Vingt ans d'expérience et l'an 2000<br />
Dr. Nott Caviezel 53<br />
Programme <strong>d'inventaire</strong> des monuments aux Pays-Bas (1850-1940), et<br />
mise en œuvre dans les quatre principales villes néerlandaises<br />
Marieke Kuipers 59
De l'étude des monuments historiques à l'analyse de l'environnement bâti<br />
Inventaire et documentation du patrimoine urbain et rural de Poméranie<br />
orientale (Pologne)<br />
Artur Kostarczyk 65<br />
Secteurs industriels en déclin: l'approche de la "Royal Commission<br />
on thé Historical Monuments <strong>of</strong> England"<br />
Nicholas Cooper 71<br />
Vienne, métropole du XIX e siècle: recherche de <strong>méthodes</strong><br />
d'investigation appropriées<br />
Andréas Lehne 75<br />
L'inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> urbain en France<br />
Service de l'Inventaire Général, de la Documentation et de la<br />
Protection<br />
Direction du <strong>Patrimoine</strong>. Ministère de la Culture<br />
Bernard Toulier 81<br />
Inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> de Toulouse (France)<br />
Annie Noé-Dufour 87<br />
Problèmes d'étude et de documentation en patrimoine industriel<br />
<strong>Patrimoine</strong> minier en <strong>Europe</strong>: l'élude et la documentation comme base<br />
d'un programme européen de conservation<br />
Rainer Slotta 91<br />
Critères de protection juridique des bâtiments industriels en Angleterre<br />
Martin Cherry 95<br />
Le repérage du patrimoine industriel en France: objectifs et méthode<br />
Claudine Cartier en collaboration avec P. Smith<br />
et C. Chaplain 99<br />
Méthodes <strong>d'inventaire</strong> du patrimoine industriel en Finlande cl<br />
exemples d'application pratique<br />
Erkki Hilrô 107<br />
Le patrimoine industriel de la Russie<br />
L'inventaire des monuments historiques<br />
Katya Shcrban III<br />
<strong>Patrimoine</strong> industriel aux Pays-Bas: les châteaux d'eau<br />
Peter Nijh<strong>of</strong> 113
Synthèses et débats sur les problèmes de méthode<br />
Rapport de synthèse: les <strong>méthodes</strong> d'enquête et de sélection<br />
Monique Chatenet 121<br />
Evolution de l'inventaire<br />
Nouvelles priorités et nouvelles approches<br />
Robin Thornes 125<br />
Rapport de synthèse sur l'informatique et les nouvelles technologies<br />
Simon Grant et Olivier Toche 129<br />
Normes communes et l'AAT<br />
Donald H. Sanders et Mary Prevo 137<br />
Séance de clôture<br />
Propositions pour une "fiche minimum européenne" de données<br />
documentaires sur le patrimoine <strong>architectural</strong><br />
Annexes<br />
Introduction<br />
Jean-Marie Vincent 147<br />
Intervention de Daniel Thérond 147<br />
Intervention de Mme Maria-Luisa Polichetti 149<br />
Eléments pour une fiche minimum de données documentaires<br />
Résumé et propositions<br />
John Bold 151<br />
Adoption de la "fiche minimum" de données documentaires 155<br />
Conclusion du Colloque<br />
Christian Dupavillon 157<br />
Annexe I Programme du Colloque 163<br />
Annexe II "Fiche minimum" de données documentaires sur le patrimoine<br />
<strong>architectural</strong><br />
Projet élaboré par le groupe de spécialistes du Conseil<br />
de l'<strong>Europe</strong> 169<br />
Annexe III Liste des participants 173
INTRODUCTION<br />
A la suite de la Table Ronde réunie à Londres en 1989 sur "les nouvelles<br />
technologies du patrimoine <strong>architectural</strong> en matière de documentation", le Conseil de<br />
l'<strong>Europe</strong>, a organisé avec la Direction du <strong>Patrimoine</strong> de la France, le Colloque de<br />
Nantes qui s'inscrit ainsi dans la série de travaux que cette organisation a entrepris pour<br />
assurer une coordination des <strong>méthodes</strong> et des systèmes de documentation sur le<br />
patrimoine <strong>architectural</strong>.<br />
La rencontre de Nantes a eu pour objectif d'établir les moyens concrets d'une<br />
coopération entre les centres européens de documentation sur le patrimoine et préparer<br />
l'établissement de normes communes à partir de la comparaison des <strong>méthodes</strong><br />
<strong>d'inventaire</strong>s utilisées dans les différents pays.<br />
Au cours des travaux centrés successivement sur les problèmes que posent l'étude<br />
et la documentation du patrimoine et plus précisément des "ensembles" bâtis dans les<br />
domaines de l'architecture rurale, urbaine et industrielle, les intervenants devaient traiter<br />
des points suivants:<br />
Quels sont les objectifs poursuivis par les enquêtes: protection, conservation,<br />
connaissance pure?<br />
Quelles sont les techniques d'enquête, comment sont choisis et étudiés les édifices<br />
qui appartiennent à des ensembles, des "familles", des séries?<br />
Comment sont enregistrées les données documentaires? (contenu, structure,<br />
vocabulaire des grilles de saisie)?<br />
L'informatique intervient-elle, comment est-elle utilisée? D'autres technologies de<br />
traitement de l'image ou du texte sont-elles mises en œuvre?<br />
Quels sont les résultats obtenus?<br />
A l'issue des travaux, le colloque a permis de recueillir l'accord des participants<br />
plus de 150 de 24 pays européens - sur une fiche minimum d'échange de données<br />
documentaires dont le projet avait été élaboré par un groupe de spécialistes du Conseil<br />
de l'<strong>Europe</strong> (cf. annexe II).<br />
Cette fiche servira de base à une Recommandation adressée aux gouvernements<br />
des Etats membres sur la coordination des <strong>méthodes</strong> et systèmes de documentation en<br />
<strong>Europe</strong>.<br />
La présente publication réunit les contributions présentées au colloque ainsi que<br />
les conclusions des travaux.
OUVERTURE DU COLLOQUE
Documentation sur le patrimoine <strong>architectural</strong> européen<br />
Rapport d'activité<br />
John Bold<br />
Ce colloque tire son origine de la Convention de Grenade, signée en 1985, pour<br />
la sauvegarde du patrimoine <strong>architectural</strong> de l'<strong>Europe</strong> - et en particulier de ses<br />
Articles 2 et 17 qui portent sur les problèmes <strong>d'inventaire</strong> et de documentation dans ce<br />
domaine. Depuis 1985, on a assisté au développement de nouvelles technologies face<br />
à des contraintes économiques de plus en plus lourdes et la situation politique s'est<br />
modifiée au-delà de toutes les prévisions. Mais la nécessité d'analyser, de comprendre,<br />
de protéger et de conserver l'ensemble de notre patrimoine <strong>architectural</strong> n'a pas varié,<br />
et, de la même manière, l'esprit de coopération, sus-cité et encouragé par le Conseil de<br />
l'<strong>Europe</strong>, a toujours animé avec la même force toutes les initiatives européennes en vue<br />
de trouver des solutions applicables à nos problèmes communs.<br />
Sous l'égide du Comité du <strong>Patrimoine</strong> Culturel du Conseil de l'<strong>Europe</strong>, des<br />
réunions de spécialistes ont eu lieu régulièrement afin de réfléchir à la définition et à<br />
l'application de ces solutions d'ensemble. A cette occasion, j'aimerais rendre hommage<br />
aux efforts constants de tous les groupes de travail, aux membres plus ou moins<br />
nombreux. En effet, le présent exposé s'est nourri de manière substantielle des travaux<br />
non seulement de mes collègues de la Commission Royale britannique (Simon Grant<br />
et Robin Thornes) et des spécialistes suédois et néerlandais, mais aussi de nos collègues<br />
et hôtes de l'Inventaire Général, qui m'ont fait l'honneur de me demander de présenter<br />
le thème de cette réunion. L'insulaire que je suis se félicite de cette occasion de<br />
réaffirmer les capacités et la force de la coopération européenne.<br />
A l'intention de tous ceux qui n'ont pas été aussi étroitement associés à ces<br />
travaux, je présente ici un résumé des progrès effectués dans le domaine qui nous<br />
intéresse, et je me permets de rappeler également les objectifs et les ambitions de ce<br />
Colloque.<br />
Une Table Ronde a eu lieu à Londres en 1989, afin d'étudier la tâche des centres<br />
d'information sur le patrimoine <strong>architectural</strong>, les moyens d'améliorer leur coopération,<br />
et les nouvelles technologies disponibles pour l'avancement de leurs travaux. Les<br />
participants étaient parvenus à un accord sur cinq recommandations - lesquelles furent<br />
ensuite, sur la base des commentaires reçus, révisées par le groupe d'experts du Conseil<br />
de l'<strong>Europe</strong>. Fondamentalement, ces recommandations étaient les suivantes:<br />
1. Le développement de la coopération en vue de l'échange d'informations constitue<br />
une priorité pour améliorer la gestion et la compréhension du patrimoine<br />
<strong>architectural</strong>. Cette coopération doit être encouragée par la publication d'un<br />
inventaire détaillé des centres de documentation et la définition des besoins des<br />
utilisateurs de ce type d'informations.<br />
11
2. II convient de définir les normes relatives à l'établissement d'une "fiche<br />
minimum" de données documentaires, et les spécifications techniques permettant<br />
la communication de ces données. Pour ce faire, il faut déterminer la nature des<br />
données nécessaires au recensement de tous les édifices présentant un intérêt<br />
historique ou <strong>architectural</strong>; ce travail doit être effectué dans chaque Etat ou<br />
institution dans un but d'avancement et de progrès; il conviendra également de<br />
définir les moyens d'harmoniser ces données, et, enfin, de fixer des normes en<br />
vue de l'informatisation des données.<br />
3. Des projets-modèles, à base thématique ou géographique, doivent être mis en<br />
œuvre, afin de tester la viabilité de <strong>méthodes</strong> communes de catalogage, de<br />
classification et de diffusion de l'information sur le patrimoine. L'idée a été émise<br />
que des groupes de travail internationaux seraient à même de déterminer les<br />
besoins communs en matière de traitement de l'image, de création de systèmes<br />
d'information géographiques, etc.<br />
4. Il convient de désigner les centres de documentation <strong>architectural</strong>e les plus à<br />
même de coordonner et de mettre en oeuvre ce programme, de les charger de<br />
définir l'ensemble des données nécessaires au niveau national, d'effectuer des<br />
études-pilotes, etc.<br />
5. Les autorités chargées de ces questions doivent prendre en considération la<br />
nécessité de coordonner tous les éléments documentaires sur les édifices et sites<br />
les plus importants sur le plan historique, et ce, en poursuivant la politique<br />
<strong>d'inventaire</strong> de ces sites et édifices - en particulier de ceux menacés par la<br />
promotion immobilière. Ces autorités doivent également envisager de mettre en<br />
place des banques de données contenant des informations structurées sur les<br />
édifices et les sites, et de définir des <strong>méthodes</strong> de classification et d'interrogation<br />
communes à ces deux catégories de patrimoine.<br />
Ces recommandations révisées ont constitué une première tentative de définition<br />
d'un programme, ainsi que la base de travaux ultérieurs. Notre espoir est de pouvoir les<br />
réviser de nouveau, à la lumière d'expérience et d'une consultation plus large, afin de<br />
présenter aux ministres des propositions susceptibles d'être acceptées.<br />
En l'occurrence, la quatrième de ces recommandations relève peut-être davantage<br />
du vœu pieux que de la suggestion pratique. Etant donné qu'il existe en <strong>Europe</strong><br />
énormément d'organisations ayant des objectifs et des responsabilités différents, il est<br />
très désobligeant d'affirmer que, dans chaque Etat, il ne doit y avoir qu'un seul centre<br />
important pour mettre eu œuvre le programme de coopération. Ce qui ne nous empêche<br />
pas de préconiser l'existence d'un organisme de coordination, chargé de recueillir les<br />
opinions et de diffuser les informations î> l'intérieur de chaque Etat. Si l'on considère<br />
la recommandation 1 - ponant sur la coopération - comme un axiome de base, ce sont<br />
les recommandations 2, 3 et 5 - celles relatives a la fiche minimum de données, aux<br />
projets-modèles ci h la coordination de la documentation sur les sites ci édifices<br />
historiques - qui sont les plus porteuses d'un potentiel de progrès et de propositions.<br />
12
Pour les reprendre dans l'ordre, le problème de la Fiche minimum apparaît comme<br />
fondamental dans le cadre de ce Colloque. En l'occurrence, il a été proposé que les<br />
centres de documentation disposent d'un minimum d'informations sur chaque édifice<br />
qui y est répertorié - et ce, indépendamment de l'importance de la documentation<br />
globale et des objectifs du centre en question -, afin de faciliter l'utilisation générale des<br />
données détenues par chaque Etat membre du Conseil de l'<strong>Europe</strong>. Nous vous avons<br />
soumis à l'avance une liste de rubriques concernant chaque édifice recensé: nom de<br />
l'édifice, localisation, fonction, date de construction, personnes et institutions associées,<br />
matériaux de construction, état de conservation et protection. A cette liste, il convient<br />
d'ajouter la date à laquelle ces informations ont été réunies. Certains les jugeront<br />
limitées. Mais c'était précisément notre intention: les fiches minimum de données ne<br />
peuvent pas être exhaustives, dans la mesure où elles représentent, au sens<br />
mathématique du terme, le plus petit commun dénominateur des édifices en question.<br />
Chaque pays et chaque institution aura des besoins supplémentaires par rapport à ce<br />
schéma général, mais la fiche minimum est la base indispensable de toute information<br />
dépassant le niveau purement national ou régional. On ne doit pas rechercher la vérité<br />
absolue ou la réponse aux problèmes les plus complexes dans ces données minimum;<br />
mais celles-ci fourniront aisément la réponse à des questions telles que "Combien de<br />
fermes du XVIII e siècle (recensées) existe-t-il dans telle ou telle région, et combien<br />
d'entrés elles sont protégées?", "A quelles gares (recensées) Robert Stephenson peut-il<br />
être associé, et quelles sont leurs fonctions et dates de construction?", ou encore,<br />
"Quelles traces reste-t-il des maisons conçues par Robert de Cotte?". Les questions plus<br />
complexes se rapporteront spécifiquement à un pays donné, à une certaine période<br />
historique, à un architecte ou un type d'édifice précis, si bien qu'il nous semble<br />
extrêmement difficile - et même inutile - de tenter de dresser des listes plus détaillées<br />
pouvant s'appliquer à tous les cas possibles. Au-delà du minimum exigible, on ne peut<br />
aisément faire coïncider les besoins d'information de personnes associées aux<br />
cathédrales et d'autres responsables du sort des usines textiles, par exemple. Il est de<br />
loin préférable de restreindre le champ d'investigation à partir d'une question générale,<br />
pour un sujet donné, et en fonction de l'existence d'archives et de leur accessibilité, on<br />
peut alors soumettre des questions de détail au centre de documentation.<br />
Des systèmes conçus pour des applications générales, il ne faut pas attendre de<br />
réponses à tous nos besoins d'information - très divers, que ce soit au niveau de la<br />
recherche ou de l'information destinée au grand public. A partir d'un certain stade, le<br />
chercheur doit avoir recours aux <strong>méthodes</strong> d'enquête traditionnelles - visite de l'édifice,<br />
consultation de documents photographiques ou écrits, isolement (éventuellement avec<br />
une serviette chaude et une bouteille de cognac !) pour mieux réfléchir aux éléments<br />
disponibles, avant de retourner sur le terrain pour poser de nouvelles questions, plus<br />
précises, et recueillir de nouvelles données. Nous nous permettrons de souligner<br />
également qu'à l'heure actuelle, alors que tout un chacun assène des vérités absolues,<br />
et qu'on croit, de manière presque irrationnelle, pouvoir aller jusqu'au bout des choses,<br />
en réalité nul n'a réponse à toutes les questions.<br />
Nous envisageons cette notion de "fiche minimum de données" dans le contexte<br />
du recensement des patrimoines rural, urbain et industriel, qui, tous, suscitent de vives<br />
inquiétudes, car ils sont grandement et quotidiennement menacés par la promotion<br />
13
immobilière, l'usure et les négligences. Par le biais d'un questionnaire du Conseil de<br />
l'<strong>Europe</strong>, diffusé l'an dernier, nous avons déjà tenté de dresser une liste des institutions<br />
détenant le type de données documentaires proposées comme "minimum". Dans<br />
l'ensemble, les réactions à ce questionnaire ont été satisfaisantes, et les résultats en ont<br />
déjà été diffusés. 78 institutions appartenant à 26 Etats ont décrit 137 types <strong>d'inventaire</strong>s<br />
des monuments et sites, depuis la préhistoire jusqu'à nos jours. L'une des questions<br />
ayant donné lieu à un large éventail de réponses est celle des critères de recensement<br />
des édifices: dans 70 % des cas, le critère est celui de l'importance <strong>architectural</strong>e et<br />
historique, tandis que 40 % des édifices sont recensés en fonction des menaces qui<br />
pèsent sur eux, et 38 %, en fonction de leur localisation. Si l'on atteint, au total, plus<br />
de 100 %, c'est que ces points de vue ne s'excluent pas forcément les uns les autres:<br />
certaines institutions, en effet, peuvent utiliser tout à la fois les trois types de critères<br />
mentionnés; mais cette diversité met en lumière des différences - <strong>of</strong>ficielles ou<br />
<strong>of</strong>ficieuses - qui reflètent les impératifs nationaux de chaque Etat. En revanche, les<br />
réponses concernant la "fiche minimum de données" forment un ensemble plus cohérent:<br />
70 % des institutions ont déjà recours à la plupart des éléments d'information définis<br />
comme "minimum". La question fondamentale qu'il faut se poser est celle de savoir si<br />
ces 70 % constituent une base suffisante pour recommander à l'ensemble des centres<br />
de documentation d'inclure ces données minimum dans un système global - national et<br />
international - de consultation et d'échange.<br />
Nous devons aussi nous demander dans quelle mesure il convient de recommander<br />
l'utilisation de certaines spécifications techniques dans le domaine informatique -<br />
matériel et logiciel - en vue d'améliorer la compilation et la diffusion de l'information,<br />
ou, dans quelle mesure également, étant donné que tous les systèmes deviennent de plus<br />
en plus compatibles, nous devons nous contenter de recommander un certain nombre<br />
de <strong>méthodes</strong> et de fonctions suffisantes pour permettre l'échange d'informations. Vu<br />
que, actuellement, moins de 35 % des institutions ont recours à des systèmes<br />
informatiques, il convient de se poser ces questions à ce moment précis - autrement dit,<br />
avant que de nouveaux systèmes ne soient élaborés. Nous devons également évoquer<br />
le problème du financement de la mise en œuvre de ces systèmes. Si l'on en arrive à<br />
la conclusion que chacune des institutions doit assurer seule ce financement globale<br />
(recouvrant l'analyse fonctionnelle, l'étude globale du système, sa mise en œuvre et son<br />
développement), certaines d'entrés elles risqueront d'Être désavantagées sur le plan<br />
financier. Faut-il alors proposer, dans ce domaine, une orientation centrale, et souhaiter<br />
un fonds également centralisé?<br />
Les questionnaires évoqués donnent des informations détaillées sur les institutions,<br />
les personnes à contacter, la portée et les objectifs des inventaires, ainsi que sur les<br />
<strong>méthodes</strong> pour y accéder. L'an prochain, le Conseil de l'<strong>Europe</strong> publiera un répertoire<br />
géographique, fournissant si possible un aperçu de la situation globale de chaque pays.<br />
Une mise à jour régulière de ce genre de répertoires s'impose, dans la mesure où les<br />
organes et les personnes responsables changent, de mGmc que les objectifs et les<br />
organismes de financement. Le nouveau répertoire du Conseil de l'<strong>Europe</strong> fournira les<br />
toutes dernières informations disponibles. Il devra Ctrc conçu de manière à pouvoir Cire<br />
constamment révisé, voire refondu.<br />
14
A partir du problème de la fiche minimum de données - élément principal du<br />
présent Colloque -, d'autres questions se poseront probablement. La Recommandation 3<br />
de la Table Ronde de Londres - concernant les projets-modèles - n'a progressé qu'assez<br />
lentement. Le projet de la Commission Royale et de l'Inventaire de créer un fonds<br />
d'images photographiques des vitraux n'a pas abouti, chaque organisation ayant dû faire<br />
face à des priorités nationales plus importantes. Cependant, l'Inventaire et l'Institut<br />
italien du Catalogue et de la Documentation (Istituto per Catalogo e la Documentazione)<br />
ont, avec le concours de la Commission Royale, entamé des travaux préliminaires en<br />
vue de la formulation d'une proposition commune en matière d'images, dans le cadre<br />
du programme Impact de la Communauté Européenne.<br />
Enfin, la Recommandation 5, concernant les sites et édifices historiques, pourrait<br />
être réexaminée et développée. En Grande-Bretagne, nous travaillons déjà à la création<br />
d'une base de données commune, qui contiendra des informations <strong>architectural</strong>es et<br />
archéologiques collectées selon les normes définies pour la "fiche minimum". Le<br />
Conseil de l'<strong>Europe</strong> se préoccupe également de déterminer les sujets d'intérêt communs<br />
à ses divers groupes de spécialistes. Nous devons tous reconnaître que la documentation<br />
sur le patrimoine <strong>architectural</strong> n'a pas de limites, pas plus qu'elle n'est, ou ne devrait<br />
être autonome. Elle a des effets sur de nombreuses autres sphères d'intérêt -<br />
l'archéologie, mais aussi des secteurs intéressant beaucoup les pays européens, tels que<br />
l'artisanat et les techniques de restauration ainsi que le patrimoine mobilier. Autant de<br />
domaines majeurs pour tous ceux qui s'intéressent à la compréhension et à la protection<br />
des témoignages du passé et à la documentation y relative. Toutefois, nous<br />
recommandons aux participants de se contenter de souligner l'importance et la<br />
complexité de tous ces domaines connexes. Ce sera déjà une gageure que de parvenir<br />
à des conclusions tenant compte des objectifs spécifiques des 78 institutions consultées<br />
jusqu'à présent. Nul besoin, donc, de trop élargir le champ de cette étude. Si nous<br />
souhaitons parvenir à des conclusions utiles, nous devons nous préoccuper<br />
essentiellement des aspects évoqués dans le programme, afin de parvenir à un accord<br />
sur des recommandations d'ordre pratique, dont l'une pourrait insister sur la nécessité<br />
de garder à l'esprit les liens qui unissent les différentes composantes du patrimoine -<br />
non seulement sur le plan conceptuel, mais aussi sous l'angle de la technologie de<br />
l'information, non seulement en <strong>Europe</strong>, mais aussi aux Etats-Unis et au Canada.<br />
Avant de conclure, je dirai que nous devons prendre de la hauteur et nous<br />
souvenir des motifs qui sous-tendent le programme de nos discussions. On ne saurait<br />
mieux dire que la Convention de Grenade: "Le patrimoine <strong>architectural</strong> est l'expression<br />
irremplaçable de la richesse et de la diversité du patrimoine culturel européen. Il est un<br />
précieux témoignage de notre passé et un patrimoine commun à tous les Européens".<br />
Cette Convention rappelait également "l'importance de la transmission aux générations<br />
à venir de tout un système de références culturelles, destiné à améliorer l'environnement<br />
rural et urbain et à encourager ainsi l'expansion économique, sociale et culturelle des<br />
régions et états en question". Il serait souhaitable que nous nous souvenions toujours de<br />
ce canevas plus large. Le concept de "patrimoine" s'est dévalorisé et a fait l'objet d'un<br />
usage abusif. ÏÏ a parfois des effets pernicieux sur le domaine culturel dans son<br />
ensemble; c'est cette idée de patrimoine qui, par exemple, pousse certains à jouer le<br />
Roi Lear en costumes victoriens; c'est elle qui, en contradiction totale avec la notion<br />
15
de fonctionnalité, amène certains à justifier l'installation de feux tricolores dans<br />
Régent Street, à Londres, sous forme de colonnes classiques; c'est elle encore qui, dans<br />
le climat ambiant de rejet de tout ce qui est contemporain, sert d'alibi pour préserver<br />
ou reconstruire à l'identique certaines façades - pourtant sans grand intérêt dans<br />
l'ensemble -, au lieu de concevoir une architecture complètement nouvelle et attrayante,<br />
n'imitant en rien les anciennes formes, mais totalement compatibles avec elles. Il n'est<br />
pas présomptueux de penser que nous avons un rôle à jouer dans la conception de<br />
l'environnement que nous allons transmettre aux générations futures. Nous devons<br />
contribuer à la compréhension de l'architecture du passé, afin de préparer des bases<br />
solides pour l'avenir. A vrai dire, ce processus de compréhension doit précéder tout<br />
effort de documentation dans ce domaine. 11 s'agit là d'un devoir que nous ne devons<br />
pas prendre à la légère. L'objet de la présente réunion est précisément d'organiser notre<br />
coopération et de formuler des recommandations.<br />
La route pourra sembler longue et semée d'obstacles. Nos progrès pourront<br />
paraître modestes. Mais l'escalade vers le Bien n'a jamais été chose facile. Soyons<br />
impatients de jouir de la vue qui s'<strong>of</strong>fre depuis le sommet.<br />
16
Problèmes d'étude et de documentation en architecture rurale<br />
Présidence: Maria-Luisa POLICHETTI
Inventaire du patrimoine en Belgique et principalement en Flandre.<br />
Introduction<br />
Architecture rurale: densité, diversité et complexité<br />
Suzanne Van Aerschot<br />
L'opération Inventaire de l'Architecture et sa publication, toujours en cours, a été<br />
entamée en 1965 à l'initiative de la Direction des Beaux-Arts et Lettres de l'unique<br />
Ministère de l'Education Nationale et de la Culture de l'époque. Cet inventaire recense<br />
sous forme sommaire les édifices d'intérêt archéologique, homérique ou artistique et<br />
s'attache en outre aux ensembles de valeur. Il déborde la liste des édifices classés sans<br />
prétendre l'exhaustivité. La limite chronologique se situe vers le second tiers du XIX e<br />
siècle sauf pour des exceptions de qualité. Il insiste plus que d'ordinaire sur les maisons<br />
et constructions rurales et civiles, moins connues que les églises et grands châteaux. La<br />
phase expérimentale (1965-1972), concrétisée par les publications bilingues des deux<br />
premiers arrondissements test de Louvain et Nivelles, s'est surtout basée sur l'approche<br />
visuelle, utilisant la bibliographie d'ailleurs assez limitée à l'époque, comme base<br />
d'information quant aux fonctions, chronologies... Toute consultation d'archives était<br />
exclue. Comme tel, l'inventaire devient un instrument de protection et de sensibilisation<br />
s'inscrivant dans la politique élaborée à ce moment par le Conseil de l'<strong>Europe</strong>.<br />
L'autonomie culturelle (1969) et la régionalisation ont entraîné la scission de<br />
l'équipe bilingue initiale. Il s'ensuivit une certaine différentiation due à la dissimilitude<br />
de structuration des Services du patrimoine; la Wallonie longtemps privée d'un Service<br />
a poursuivi "naturellement", sans interruption et changements notoires l'opération en<br />
cours.<br />
La publication en deux séries de présentation presque homogène se poursuit<br />
toujours pour l'entièreté du pays. Actuellement les institutions responsables sont:<br />
la Division des Monuments, Sites et Fouilles auprès de la Direction Générale de<br />
l'Aménagement du Territoire et du Logement du Ministère de la Région<br />
Wallonne;<br />
la Direction des Monuments et Sites (Bestuur Monumenten en Landschappen -<br />
BML) faisant partie de l'Administration de l'Aménagement du Territoire, de<br />
l'Environnement, du Logement et des Monuments (Administratie voor Ruimtelijke<br />
Ordening, Leefmilieu, Huisvesting en Monumenten - AROHM) auprès du<br />
Ministère de la Communauté flamande (Ministerie Vlaamse Gemeenschap), avec<br />
sous-directions dans chaque province;<br />
la Région de Bruxelles-Capitale.<br />
19
1. Méthodes d'enquête<br />
Les inventaires procèdent à l'étude systématique des arrondissements, subdivisions<br />
administratives de nos 9 provinces. Ces unités "topographiques" présentent souvent des<br />
diversités au niveau de la géographie et de l'histoire se traduisant forcément dans<br />
l'urbanisme et l'architecture de tout genre. Les villes historiques sont souvent traitées<br />
comme entités et découpées en Flandre en tranches historico-urbanistiques.<br />
Le repérage "global" incluant au même titre l'architecture urbaine, rurale et<br />
industrielle permet d'obtenir une image du contexte général, de dégager les grandes<br />
lignes de l'évolution historique urbanistique et <strong>architectural</strong>e et d'établir les relations<br />
sous-jacentes. La visite in situ, cartes topographiques et/ou cadastre à la main, s'impose<br />
toujours avec ratissage du terrain et analyse "archéologique" rapide de chaque<br />
construction "représentative" reprise. La "lecture" et l'analyse se sont bien sûr affinées,<br />
l'expérience et la mémoire visuelle aidant. La préparation accorde une attention<br />
grandissante à la cartographie ancienne permettant de capter l'évolution générale et<br />
particulière.<br />
Certaines différences existent au niveau de la sélection - désonnais plus large,<br />
"documentaire" et sans limites chronologiques en Flandre - et à celui des études<br />
complémentaires.<br />
Le mécanisme inventaire/propositions de classement conséculives. mis en route<br />
en Flandre au sein du Service des Monuments et Sites, à partir de 1975-1976, nécessite<br />
une base de documentation plus ample et des données précises pour une évaluation et<br />
des motivations "scientifiques" se référant au Décret sur la protection des monuments<br />
et ensembles urbains cl ruraux du 3 mars 1976: d'où le besoin de recherches "efficaces"<br />
dans les archives, consultations de sources iconographiques, analyse critique de sources<br />
orales.<br />
Le décret exclut toute limite chronologique dans ses définitions de "monuments"<br />
et "ensembles urbains et ruraux" et retient explicitement des valeurs d'intérêt général<br />
aux niveaux artistique, scientifique, historique, folklorique, socio-cullurel et à celui de<br />
l'archéologie industrielle. L'expansion du champ chronologique et l'extension<br />
typologique ont compliqué la tâche de "découvrir" dans la masse du milieu bâti les<br />
éléments de valeur d'un patrimoine culturel ainsi conçu.<br />
Les critères de sélection assez flexibles se sont établis sur une base théorique,<br />
nécessairement adaptée et corrigée de manière pragmatique. L'expérience grandissante<br />
de chaque équipe provinciale et les résultais de l'interaction entre le travail in situ et les<br />
études complémentaires ont largement animé le débat. Par ailleurs, un pré-inventaire<br />
incomplet, établi en Flandre par un nombre de comités locaux durant l'Année<br />
Européenne du <strong>Patrimoine</strong> 1975, avait attiré l'attention sur certaines formes<br />
d'architecture mineure et certains éléments du "mobilier" urbain ci rural, perçus comme<br />
patrimoine par la population inCmc. Cette documentation de qualité inégale a contribué<br />
a l'abandon de critères généraux. La diversité déjà entrevue montrait qu'il s'agirait de<br />
repérer en premier lieu les éléments significatifs aux niveaux local, régional...<br />
20
Tant l'unicité que l'appartenance à un type répété de manière uniforme ou<br />
diversifiée sont donc prises en compte. Le degré d'originalité de la construction et de<br />
l'environnement joue bien sûr un rôle important; certaines transformations marquantes<br />
peuvent néanmoins être retenues comme jalons de l'évolution de la construction et le<br />
cas échéant de l'histoire de l'environnement immédiat ou de toute la région. De même<br />
l'état de conservation des bâtisses influe sur le choix, encore que des témoins, même<br />
ruinés, de certains types seront repris à titre purement documentaire.<br />
2. Structure des données<br />
De part et d'autre, la structure des descriptions volontairement "télégraphiques",<br />
suit la fiche de visite. Les données reprises sont à peu près semblables, seul l'ordre<br />
diffère quelque peu.<br />
Fiches de visite<br />
Ces fiches doivent uniformiser les informations à noter sur place et structurer<br />
l'analyse. Ces "blocs" d'informations se présentent de la manière suivante en Flandre.<br />
Il est évident que les rubriques de la "fiche minimum" y figurent dûment.<br />
1. Identification "<strong>of</strong>ficielle" actuelle (adresse, numéro cadastral, classement...);<br />
2. Identification "historique" (nom/fonction/typologie + changements s'il y a lieu);<br />
3. Implantation ou relation spatiale avec le milieu bâti et éventuellement typologie<br />
en découlant;<br />
4. Volumétrie ou relation tridimensionnelle indiquée par le nombre de baies et<br />
niveaux (originaux/actuels) + la toiture et sa typologie particulière;<br />
5. Chronologie(s) proposée(s), style(s) éventuel(s) ou influence de style(s)...<br />
éventuelles datations, inscriptions... noms d'architectes, entrepreneurs ... cette<br />
rubrique intermédiaire résumant en fait les observations précédentes et suivantes;<br />
6. Matériaux: gros-œuvre/parachèvement/soubassement...<br />
7. Façade(s):<br />
7.1 Composition, ordonnance... reflétant, selon le cas, l'organisation spatiale<br />
intérieure<br />
7.2 Baies: position et typologie particulière des fenêtres et portes<br />
8. Transformations (fonctionnelles et formelles: matériaux, typologie... et<br />
chronologie éventuelle)<br />
9. Etat de conservation<br />
21
10. Première évaluation quant à l'importance de la construction en soi ou comme<br />
valeur d'accompagnement/ensemble<br />
11. Dépendances (cf. schéma au verso) et référence de la/ou aux fiche(s)<br />
complémentaire(s)<br />
12. Numéro(s) de négatif(s)<br />
Date d'enregistrement.<br />
Le verso de la fiche reste en principe vierge pour les schémas et annotations de<br />
tout genre, sources orales etc. + le cas échéant, des notes sur les éléments de l'intérieur,<br />
immeubles par destination (cheminées, escaliers... machines...).<br />
Ces fiches uniques s'utilisent pour tous les types de constructions, sauf pour les<br />
églises qui s'annotent sur des fiches appropriées avec rubriques pour les biens meubles,<br />
immeubles par destination, faisant partie de l'histoire de l'édifice.<br />
Le niveau de finesse et de précision des informations à publier dépendra à un<br />
certain point des études complémentaires et de la manière de les mettre en rapport avec<br />
les résultats de l'analyse in situ.<br />
En Flandre on accordera plus d'attention aux synthèses partant de la construction<br />
particulière à l'évolution de la rue, du hameau, de la commune. Les ensembles<br />
représentatifs, pour lesquels il n'existe pas de fiche spéciale, seront reportés sur cartes<br />
avec un système de symboles indiquant les fonctions et époques.<br />
Les introductions générales de chaque volume seront plus exhaustives, examinant<br />
tour à tour les aspects paysagers, historiques, urbanistiqucs et architecturaux - selon les<br />
typologies de manière à dégager les relations inhérentes et à promouvoir une lecture<br />
appr<strong>of</strong>ondie de la région.<br />
Le registre des architectes et restaurateurs ainsi qu'une bibliographie fournie,<br />
peuvent orienter des recherches scientifiques plus suivies, fournir des sujets de thèses.<br />
La publication largement illustrée de la documentation de base ainsi réunie constitue une<br />
forme de conservation "minimale" pour tous les bâtiments repris, puisque du moins leur<br />
image et leurs données spécifiques passeront aux générations futures - d'où l'importance<br />
du registre photographique in fine reprenant tous les éléments inventoriés -.<br />
3. Documentation<br />
Faute de personnel la documentation n'est pas analysée, systématisée, reprise sur<br />
ordinateur, etc. Le classement reste purement alphabétique, topographiquc, chaque<br />
dossier comprenant la fiche de visite + la documentation complémentaire. L'ensemble,<br />
par province, est accessible aux chercheurs, architectes, propriétaires et étudiants.<br />
En Flandre, l'introduction de l'informatique pour l'cntièrcté de l'inventaire est<br />
prévue à long terme. En ce moment il s'agit d'abord d'engranger les données<br />
22
scientifiques et administratives pour les quelque 5 000 monuments classés en s'alignant<br />
le plus possible sur le système mis au moins par l'Institut Royal du <strong>Patrimoine</strong><br />
Artistique pour sa documentation photographique. La "fiche minimum" pourrait<br />
naturellement s'y rattacher. La région wallonne envisagerait uniquement<br />
l'informatisation des dossiers administratifs de ses classements.<br />
Perspectives<br />
Terminer la publication des deux séries reste l'objectif prioritaire: c'est la première<br />
fois en effet qu'une telle opération se mène de manière systématique et continue pour<br />
toute la Belgique.<br />
"Le patrimoine monumental de la Belgique, Wallonie", compte jusqu'à présent<br />
16 volumes en 26 tomes. La Région wallonne a recruté 15 contractuels afin de terminer<br />
les 7 arrondissements en 14 tomes pour la fin de 1994.<br />
La série de la Communauté flamande, dont le titre différent dès l'origine, réfère de<br />
manière plus générale au patrimoine <strong>architectural</strong> et à l'évolution du milieu bâti, compte<br />
actuellement 15 tomes en 32 volumes.<br />
La fin des travaux est plus difficile à déterminer vu la réduction de certaines<br />
équipes et l'accroissement des préparations ou actualisations de dossiers de classement.<br />
Il reste 15 arrondissements à entamer, plus la ville de Bruges qui devra forcément<br />
s'élaborer selon les "tranches" adoptées pour Anvers et Gand.<br />
Le Ministre responsable actuel a par ailleurs manifesté une volonté nette et ferme<br />
de terminer l'opération et d'entamer immédiatement une actualisation probablement<br />
informatisée et d'ordre typologique.<br />
La région Bruxelles-Capitale prend maintenant à charge la poursuite de la<br />
publication de l'inventaire du Centre Historique élaboré précédemment par les deux<br />
communautés; elle se veut également de coordonner toutes les initiatives en son<br />
territoire et de mettre au point son système de protection légale par "inscription à<br />
l'inventaire".<br />
La communauté de langue allemande assure la traduction de l'inventaire de son<br />
terroir déjà publié en français et la publie en une série de fascicules portant sur chaque<br />
commune fusionnée, tout en maintenant la présentation "nationale".<br />
En ce qui concerne l'architecture rurale, la méthode d'investigation de l'inventaire<br />
en Flandre contribue à la découverte réelle du patrimoine rural et à la mise en évidence<br />
de ses composantes diverses et de leurs caractéristiques spatiales et <strong>architectural</strong>es.<br />
La série ne comprend que peu de tomes "ruraux", la plupart présentant également<br />
des villes historiques de moyenne importance qui apparaissent plus ou moins tous les<br />
25 km, soit une journée de marche dans le centre de l'<strong>Europe</strong> médiévale.<br />
23
La diversité et la complexité de l'architecture s'expliquent par une géologie et<br />
géographie variées et une histoire compliquée remontant à diverses époques de la<br />
préhistoire et de l'occupation romaine. L'inventaire archéologique en cours devrait y<br />
apporter plus de précisions.<br />
Les recherches sur le "contexte général" mettent en évidence:<br />
les relations entre le milieu urbain en rural, existant au niveau historique, socioéconomique<br />
et culturel et se manifestant dès lors dans le milieu bâti;<br />
les implantations particulières et regroupées, soit en hameaux ou en villages de<br />
formes variables et l'importance des réseaux de voies de communications routières<br />
et navigables;<br />
les composantes majeures telles que églises, châteaux, abbayes, fermes<br />
seigneuriales et/ou abbatiales, métairies... se rattachant davantage à l'architecture<br />
savante avec les décalages chronologiques que l'on sait;<br />
les composantes mineures telles que maisons villageoises de tout rang social avec<br />
les variantes voulues, représentant l'architecture du terroir liée plus que toute autre<br />
aux matériaux de construction locaux.<br />
Par ailleurs, l'inventaire peut contrôler, relativer et nuancer les typologies grosso<br />
modo établies au niveau de la morphologie des villages ou des fermes et maisons par<br />
exemple, et prendre en compte les zones de transition souvent ignorées et les évolutions<br />
liées c.a à la production agricole ou à l'industrialisation progressive. Toujours est-il que<br />
la "radiographie" actuelle montre les problèmes du monde rural, et leur différenciation<br />
selon la région étudiée, allant d'un statu quo relatif à une "urbanisation" massive ou la<br />
disparition quasi complète dans la zone d'extension portuaire d'Anvers par exemple. Les<br />
<strong>méthodes</strong> de protection devront davantage s'intégrer dans une politique générale<br />
d'aménagement du territoire: les premiers "paysages régionaux" prévoyant une gestion<br />
dynamique et concertée de l'architecture et de l'environnement s'avéront peut-être une<br />
bonne solution.<br />
Addendum<br />
Les données de l'inventaire de l'architecture rurale peuvent contribuer à:<br />
1. la .sensibilisation et vulgarisation, liées à des projets de tourisme culturel de haute<br />
qualité, comme ce sera le cas pour le projet Intcrrcg examinant, en collaboration<br />
avec l'inventaire du Nord-Pas-de-Calais, la zone transfrontalière du Wcsthock en<br />
Flandre. Ce travail débouchera sur une publication multilingue et des dérivés<br />
touristiques.<br />
2. L'élude scicniificmc<br />
La collection "Architecture rurale en Wallonie", entamée en 1984 et comportant<br />
actuellement II des 13 volumes prévus (fin 1994), traite la matière provenant<br />
24
parfois des inventaires selon les régions paysagères et agricoles et tente de<br />
recomposer le cadre de vie des agriculteurs, principalement des XVIII e et XIX e<br />
siècles. La recherche est menée par le "Centre d'Histoire et de l'Architecture et du<br />
Bâtiment" de l'Université de Louvain-la-Neuve.<br />
Indépendamment, la série <strong>d'inventaire</strong>s scientifiques, éditée par la Flandre<br />
occidentale, comporte des études appr<strong>of</strong>ondies sur des régions ou typologies, tels le<br />
tome 4 sur la Région du Zwin (1970) et le tome 8 sur les Moulins de la province<br />
(1984); le tome 11, en préparation, étudiera le colombage régional.<br />
25
Fichier et topographie des monuments<br />
Méthodes d'investigation de l'architecture rurale<br />
en Allemagne du Nord<br />
Walter Wulf<br />
La Basse-Saxe englobe tout le nord-ouest de la République fédérale d'Allemagne<br />
de la frontière des Pays-Bas à l'ouest, et des côtes de la Mer du Nord et de l'Elbe au<br />
nord, pratiquement jusqu'au centre du territoire allemand.<br />
Dans cette région, les paysages sont très variés. Le long des côtes et des rivières,<br />
on trouve essentiellement de grandes étendues marécageuses, qui deviennent ensuite des<br />
landes, pour la plupart cultivées. Le centre de la région se caractérise plutôt par des<br />
terres très fertiles et quelques reliefs montagneux. Des terres de culture intensive<br />
alternent avec de vastes forêts. Au total, même si l'on trouve de nombreux sites<br />
industriels et agglomérations urbaines, cette région est essentiellement agricole, rurale,<br />
et caractérisée par une architecture contemporaine.<br />
En accord avec ce paysage et ses différentes formes, la topographie des lieux est<br />
très variée, ainsi que la typologie des fermes. On constate par exemple un contraste total<br />
entre des édifices en bois d'une part et des bâtiments en brique, de l'autre.<br />
On a mis longtemps à reconnaître la valeur de témoignage des paysages et de leurs<br />
nombreux éléments architecturaux anonymes - en dépit - ou peut-être justement, à<br />
cause - de leur omniprésence dans notre vie quotidienne. De ce fait, ces paysages et<br />
édifices nous semblaient banals, purement et simplement fonctionnels. Seuls ceux qui<br />
semblaient avoir une certaine importance et une conception artistique sont sortis du lot,<br />
ou devenus des objets d'intérêt scientifique. Par conséquent, si certains paysages et<br />
bâtiments ont fait l'objet d'études documentées, la grande majorité est restée totalement<br />
inconnue, et leur importance en termes d'interprétation scientifique n'avait pas été<br />
reconnue.<br />
Depuis le début des années 60, l'évolution technique et économique de la société<br />
a abouti à la disparition d'une grande partie de l'architecture rurale: en effet, en devant<br />
s'adapter, fermes et étables ont perdu leur caractère original ou subi des dommages<br />
irréversibles.<br />
Puis, au début des années 70, la législation a imposé le recensement des objets à<br />
protéger - ce qui a conduit à un inventaire systématique de l'architecture rurale.<br />
Vers le milieu des années 70, une technique d'enquête particulière a été élaborée<br />
en Basse-Saxe pour répondre à ce défi. Le projet, baptisé "Niedersa'chsische<br />
Denkmalkartei" (Recensement des monuments), consiste à la fois en une méthode et en<br />
un appareil administratif de recensement des monuments.<br />
27
Sur le plan de la méthode, quelques principes ont été posés, constituant des<br />
exigences de base. En premier lieu, on a reconnu l'impossibilité de parvenir, à tel ou<br />
tel moment, à une connaissance exhaustive des monuments. Par voie de conséquence,<br />
les enquêtes et études sont, dans ce domaine, un travail permanent, apportant chaque<br />
jour de nouvelles données et une nouvelle vision. Le système de documentation doit<br />
donc être ouvert et suffisamment souple (comme l'est le Service de recensement des<br />
monuments) pour absorber constamment ces nouvelles données. Je précise qu'il était<br />
hors de question, à l'époque, de recourir à l'informatique. Par ailleurs, en fonction des<br />
demandes d'étude topographique de telle ou telle région, tout inventaire des monuments<br />
devait apprécier et classer le patrimoine <strong>architectural</strong> rural sous ses différentes formes<br />
et dans sa globalité - c'est-à-dire en tenant compte d'un contexte général complexe, où<br />
chaque monument fait partie d'un ensemble et se trouve en interaction avec<br />
l'environnement créé par l'homme, les petites villes, les villages et les habitations<br />
éparses.<br />
Etant donné toutes ces exigences d'ordre pratique, la méthode se devait de<br />
déboucher sur<br />
des données et des arguments fondamentaux pour l'établissement d'une liste des<br />
monuments à sauvegarder<br />
une connaissance de l'aspect pratique de la conservation<br />
des données permettant d'accéder à une documentation plus avancée, telle que la<br />
"Denkmaltopographie" (Topographie des monuments), ou encore le "Gropinventar"<br />
(méthode <strong>d'inventaire</strong> scientifique très élaborée utilisée en Allemagne).<br />
Pour l'application pratique de cette méthode, sur le terrain les membres de<br />
('"Institut fur Denkmalpfiegc", et, de manière plus indirecte, la presse régionale,<br />
devaient avant tout informer le grand public et les collectivités locales. A cette phase<br />
d'information devait succéder une visite des lieux mêmes (villages, hameaux, fermes,<br />
etc). Cette "inspection" couvre l'ensemble de la région, en se fondant sur des cartes à<br />
l'échelle d'I/5 000 e . Tout objet est étudié; les objets présentant le plus d'intérêt sont à<br />
la fois décrits sur le papier et photographiés. Les relations complexes pouvant être<br />
observées dans les ensembles agricoles sont également étudiées et documentées.<br />
Parallèlement à cette activité, on a également recours J> l'interview d'historiens et<br />
d'experts régionaux; tout document, carte ou photo présentant un intérêt historique est<br />
recherché dans la littérature cl les archives locales, puis classé dans le dossier,<br />
éventuellement avec photos à l'appui.<br />
Les résultats de ces recherches et ceux des études sur le terrain sont rassemblés,<br />
puis de nouveau analysés et appréciés en fonction des éléments suivants:<br />
topographie et histoire régionale<br />
typologie des ensembles humains<br />
typologie des exploitations agricoles<br />
28
typologie des édifices (comprenant notamment une information sur les matériaux,<br />
les détails architecturaux, la construction, les inscriptions, les abords (jardins,<br />
arbres, etc.)<br />
état matériel des objets<br />
statut social des habitants.<br />
Toutes ces informations sont fichées et classées dans des dossiers. De plus, une<br />
carte chronologique des monuments fournit des données sur l'évolution et la<br />
transformation des villages. Ces connaissances "concentrées" et classées constituent le<br />
cœur du recensement des monuments. Et elles peuvent être actualisées par de nouvelles<br />
données, comme nous l'avons déjà souligné. Dans certains domaines, ce recensement<br />
respecte des normes précises: pour la taille, la norme DIN A4, les photos étant au<br />
format de 7 cm sur 10. Les données concernant les objets fournissent par principe un<br />
ensemble d'informations précises sur la localisation telles que l'adresse exacte, le<br />
numéro d'identification du registre local, etc. La description des monuments respecte<br />
une certaine forme: elle est brève, rédigée en style télégraphique, au moyen de mots<br />
appartenant à une terminologie de base. A ce jour, ce recensement n'est que<br />
partiellement informatisé (environ 5 800 objets); mais l'informatisation totale est prévue.<br />
Actuellement, la banque de données automatiques de l'"Institut fur Denkmalpflege" n'en<br />
a pas encore les moyens, mais elle y travaille.<br />
Pour le moment, cette banque de données gère exclusivement la liste des<br />
monuments protégés - soit environ 80 000 objets à l'intérieur et à l'extérieur de<br />
l'Institut. Elle correspond essentiellement avec les collectivités locales, qui sont<br />
directement chargées des tâches pratiques de protection des monuments.<br />
Tout est centralisé au siège de l'"Institut fur Denkmalpflege", à Hanovre. Y ont<br />
accès non seulement les employés du recensement, mais aussi le public, pour satisfaire<br />
les intérêts administratifs, scientifiques ou même purement privés.<br />
La méthode du "Niedersachsische Denkmalkartei" est fondée sur une recherche<br />
analytique directement axée sur les divers aspects de l'objet étudié. La Topologie des<br />
monuments met au service du public les données réunies par le recensement. Elle<br />
s'efforce d'apporter des commentaires sur l'histoire, la qualité et l'importance de chaque<br />
monument et du site où il se trouve - il s'agit là d'une appréciation non seulement<br />
intrinsèque du monument, mais aussi de ses rapports avec sa situation géographique^ ses<br />
origines historiques, les autres monuments et leur environnement.<br />
Autrement dit, les services de topographie ajoutent des photos actuelles à la<br />
description du monument, à sa localisation cartographique et aux illustrations<br />
historiques. Leurs publications présentent essentiellement les monuments tels qu'ils<br />
existent aujourd'hui, leur importance dans le paysage global, ou encore dans le site<br />
villageois ou l'ensemble de l'exploitation agricole. Il n'y est donné aucune information<br />
sur les biens mobiliers.<br />
29
En résumé, la synthèse des données concernant un monument est tout aussi<br />
importante que les résultats de l'étude analytique (et qui peut se suffire à elle-même)<br />
pour vérifier la valeur du monument en question en tant que témoignage de notre passé<br />
culturel.<br />
A ce jour, 10 volumes ont été publiés, et un onzième sera disponible à la fin de<br />
l'année. Parallèlement aux études sur le terrain, nous espérons être en mesure d'établir<br />
deux topographies complètes tous les trois ans. Effort qui dira l'importance des objets<br />
de la vie quotidienne d'autrefois et contribuera à une plus grande ouverture d'esprit<br />
dans le domaine de la préservation du patrimoine <strong>architectural</strong> rural.<br />
30
L'inventaire général des monuments culturels<br />
de la Slovaquie - (IGM)<br />
Luboslav Skoviera<br />
C'est l'institut slovaque de la protection des monuments de Bratislava qui est<br />
chargé de l'IGM en Slovaquie. Cet institut a été fondé en 1951. L'exploration<br />
élémentaire du patrimoine sur le terrain a été effectuée dans les années 1953-1960: les<br />
explorations complémentaires dans les années 1960-1969.<br />
Ce recensement des monuments a été fait avec l'aide des agents de l'institut<br />
(environ quarante personnes). Des recherches complémentaires et particulières ont été<br />
menées avec la collaboration d'instituts scientifiques et d'écoles supérieures. Au début<br />
les travaux étaient effectués sans l'utilisation de vocabulaire terminologique ou de<br />
notions approuvées, mais cela changea par la suite. Pour le recensement du patrimoine<br />
rural des fiches de l'enquête spéciale avec possibilités fixes, ont été utilisées.<br />
La Liste des monuments en Slovaquie, était le résultat de l'enquête qui a été<br />
publiée en trois tomes par localités en ordre alphabétique en 1967-1969. Le tome IV a<br />
été publié en 1978. Il contient des photographies de monuments les plus importants et<br />
il synthétise des données de trois premiers tomes. La Liste des monuments contient<br />
environ 30 000 unités inscrites. Les matériaux originaux qui ont été acquis grâce à cette<br />
exploration font partie de la documentation telle que le fonds "Z".<br />
Développement de l'IGM<br />
La loi du Conseil national slovaque sur les monuments culturels N° 7/1958<br />
permettait, comme en France, de protéger deux catégories de monuments, et de créer<br />
des inventaires d'Etat. Ils s'appliquaient à quatre régions: Bratislava, Slovaquie de l'est,<br />
Slovaquie centrale, Slovaquie occidentale.<br />
1. La première catégorie concerne des monuments inscrits sur la Liste des monuments<br />
(comme en France).<br />
2. La deuxième catégorie concerne des monuments inscrits à l'Inventaire d'Etat (en<br />
France il s'agit des monuments classés).<br />
Les monuments inscrits à l'Inventaire d'Etat étaient protégés plus fortement que<br />
ceux inscrits sur la Liste des monuments.<br />
On choisissait les monuments inscrits aux Inventaires d'Etat d'après la loi<br />
(N° 7/1958) et les critères valables en ce temps-là (environ 8 000 documents).<br />
31
En 1987 le Conseil national slovaque a adopté la nouvelle loi sur la sauvegarde des<br />
monuments N° 27/1987 qui est toujours en vigueur. Cette loi a créé la base légale de<br />
la constitution de l'IGM en Slovaquie, qui a été fondée en 1988.<br />
La loi N° 27 ne connaît qu'une catégorie de monuments protégés - les monuments<br />
inscrits à l'Inventaire général (en France, "classés). Cette loi ne protège pas les<br />
monuments inscrits sur la Liste. Dans l'IGM ont été inscrits d'après la loi:<br />
1. Tous les monuments inscrits auparavant dans l'Inventaire d'Etat.<br />
2. Tous les biens que le ministère de la culture a déclarés monuments.<br />
La liste des monuments et les quatre Inventaires d'Etat régionaux servaient de<br />
sources à la création de l'IGM. Les monuments de l'Inventaire d'Etat ont été inscrits<br />
directement, mais les objets de la Liste devaient passer par une procédure d'approbation<br />
pour être déclarés monuments.<br />
La procédure d'approbation consiste en 5 points:<br />
1. La proposition pour déclarer un bien comme monument peut être faite par le<br />
citoyen en relation avec l'objet, une organisation ou par l'administration<br />
compétente.<br />
2. Une organisation pr<strong>of</strong>essionnelle doit donner un avis spécialisé - la proposition<br />
pr<strong>of</strong>essionnelle.<br />
3. L'administrateur de l'IGM prévient le propriétaire au sujet de la proposition ainsi<br />
que l'administration compétente du territoire.<br />
4. Les propositions de l'organisation pr<strong>of</strong>essionnelle, du propriétaire et de<br />
l'administration compétente du territoire forment la base de la décision du ministère<br />
de la culture pour déclarer un bien comme monument ou refuser la proposition.<br />
5. L'administrateur de l'IGM inscrit les monuments après la proclamation sur l'IGM.<br />
L'IGM en Slovaquie est le résultat de ces efforts. Jusqu'à aujourd'hui il contient<br />
11 473 monuments immeubles et 13 048 monuments mobiliers. Mais dans 30 villages,<br />
des ensembles de l'architecture rurale sont également protégés.<br />
L'IGM comprend trois éléments constitutifs classiques cl le Registre automatique<br />
(le RA).<br />
Les trois éléments classiques sont:<br />
le registre<br />
le fichier des cartes documentaires<br />
le recueil des suppléments - la documentation l'IGM.<br />
32
Je ne vais pas développer les éléments constitutifs classiques, mais je passe<br />
directement au Registre Automatique (Le RA). L'information nous permet non<br />
seulement de traiter une grande quantité de renseignements, mais oblige à définir plus<br />
précisément certaines notions.<br />
Les premiers efforts pour utiliser l'informatique dans ce domaine datent des années<br />
1978-1985, mais les premiers résultats notables sont apparus avec l'installation du PC.<br />
Le RA a été informatisé dans les années 1988-1989. Il rejoint des données de deux<br />
éléments constitutifs classiques, mais ne contient pas deux données importantes: la<br />
photographie d'identification et la description libre.<br />
Je vais décrire plus précisément le RA et le système entier dont le RA est un soussystème.<br />
Le système a trois sous-systèmes: la base du système c'est la RA auquel sont<br />
ajoutés le sous-système documentaire et le sous-système événementiel.<br />
Le Registre automatique<br />
Le modèle du RA a deux niveaux. Le premier est le niveau des monuments<br />
culturels et le deuxième est le niveau des objets monuments. Un monument se compose<br />
d'un objet ou il se compose de plusieurs objets. Par exemple:<br />
1. l'église est unique, le monument est l'église et l'objet est aussi l'église.<br />
2. autour de l'église se trouvent: la chapelle, la(les) sculpture(s), le clocher, l'enceinte,<br />
etc. Ainsi le monument est l'église avec l'aire environnante et un certain nombre<br />
d'objets sont l'église, la chapelle, etc.<br />
Le RA contient 55 données sur un monument. Les données sont organisées en<br />
groupes. Quelques données sont normalisées et pour celles-là il existe un vocabulaire.<br />
Les groupes de données sont les suivants:<br />
i. identification avec adresse, identification du territoire<br />
ii. les classes d'après les différents points de vue<br />
iii. art-historique<br />
iv. les ensembles-territoires protégés<br />
v. les propriétaires, l'utilisation convenable, l'état technique<br />
vi. données administratives<br />
vii. documentation<br />
Le RA sert surtout à la sphère administrative. Il est utilisé dans toute la Slovaquie.<br />
Il faut compléter la description spéciale et des dessins pour <strong>of</strong>frir de meilleurs services<br />
à la sphère pr<strong>of</strong>essionnelle.<br />
Je voudrais enfin souligner les problèmes résultant de la mise en œuvre du RA et<br />
de son développement.<br />
33
1. Actuellement nous établissons la base de données des monuments mobiliers, mais<br />
il faudra créer une communication entre l'inventaire des monuments immobiliers<br />
et l'inventaire des monuments mobiliers.<br />
2. L'actualisation des dossiers qui ne sont pas fixes n'a pu être assurée.<br />
3. Les données sur le monument doivent être accrues mais il faudra surtout ajouter<br />
à la base de données, la photographie d'identification, le dessin de la section plane,<br />
la situation et la description.<br />
4. Il faut créer la sous-base documentaire.<br />
5. Le problème le plus important est d'inventer le modèle pour la description du<br />
monument constitué par un ensemble d'objets. Le modèle, qui devra être précis<br />
sans être compliqué, décrira la réalité sur le terrain. Il faudra donc déterminer aussi<br />
le nombre des niveaux et les éléments de ces niveaux.<br />
J'espère que la solution des quelques problèmes que j'ai cités sera inspirée par les<br />
conclusions de ce colloque.<br />
34
Considérations générales<br />
L'inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> en Norvège<br />
SEFRAK - Méthode non sélective<br />
Gro Wester<br />
Je tiens d'abord à vous remercier vivement de l'occasion qui m'est donnée ici de<br />
présenter la méthode de recensement dite SEFRAK. Si j'ai bien compris, ce colloque<br />
de Nantes sur les différents types <strong>d'inventaire</strong> et de documentation en <strong>Europe</strong> reflète les<br />
inquiétudes qu'éprouvé le Conseil face aux pressions économiques menaçant<br />
actuellement le patrimoine et l'environnement architecturaux - notamment dans les<br />
campagnes. Il m'apparaît, par conséquent, que la présente réunion est une façon, pour<br />
le Conseil de l'<strong>Europe</strong>, de donner suite à la Campagne européenne pour le monde rural<br />
de la fin des années 80 - au cours de laquelle plusieurs pays, dont la Norvège, ont mis<br />
tout particulièrement l'accent sur les problèmes de protection et de conservation des<br />
structures physiques et des paysages des campagnes.<br />
Le recensement systématique et national des édifices - dit SEFRAK - a commencé<br />
il y a 13 ans. Dans le cadre d'une stratégie d'ensemble, l'inventaire complet sera<br />
terminé en 1996. La durée des travaux et recherches du projet SEFRAK aura donc été<br />
de 20 ans au total. Je me permettrai de revenir plus tard sur le travail d'appréciation des<br />
édifices recensés et de gestion du registre général.<br />
On remarquera au passage que le sigle SEFRAK n'est plus, depuis quelque temps,<br />
tout à fait logique, car la lettre S représente un Secrétariat aujourd'hui disparu. C'est<br />
désormais le Bureau Central des Sites et Monuments historiques - récemment<br />
réorganisé - qui a la responsabilité du recensement SEFRAK et de l'inventaire des sites<br />
préhistoriques réalisé par les musées universitaires. Toutefois, l'appellation SEFRAK<br />
garde son sens si l'on considère que la première syllabe, SE, est le mot qui, en<br />
norvégien, signifie VOIR (SEE en anglais, SEHEN en allemand): la vision est en effet,<br />
et incontestablement, un élément très important du travail de recensement.<br />
SEFRAK - programme national de recensement<br />
SEFRAK est un programme national assez ambitieux - je dirai même risqué ! Il<br />
vise en effet à recenser tous les édifices norvégiens de la période 1537-1900. Pour les<br />
régions du nord, durement touchées par la Seconde Guerre mondiale, et quelques autres<br />
secteurs où il subsiste très peu d'objets depuis la fin de la guerre, nous avons prolongé<br />
cette période jusqu'en 1945. Quant à la première date - 1537 -, qui est celle de la<br />
Réforme protestante en Norvège, elle a été choisie tout simplement en raison de notre<br />
législation sur le patrimoine cultural, qui accorde automatiquement la protection à tout<br />
objet antérieur à cette année-là.<br />
35
La méthode non sélective<br />
Exception faite de ce choix chronologique, SEFRAK est, à la différence de la<br />
plupart des autres types de recensement des édifices, une méthode absolument non<br />
sélective - l'objectif visé est de constituer un registre aussi objectif que possible et<br />
totalement imperméable aux modes et aux tendances changeantes en matière de<br />
conservation. Le projet SEFRAK ne pose aucune limite en ce qui concerne la taille, la<br />
fonction, la valeur historique ou <strong>architectural</strong>e, le degré de détérioration des édifices -<br />
ou quelque autre critère que ce soit. Cette approche a encore été renforcée récemment<br />
par l'ambition actuelle de préserver le patrimoine de la vie quotidienne - demeures et<br />
lieux de travail des agriculteurs, des pêcheurs, des ouvriers, etc.<br />
Ce dernier point nous semble particulièrement important dans le cadre des travaux<br />
du Conseil de l'<strong>Europe</strong> sur les inventaires architecturaux. En effet, malgré l'intention<br />
déclarée de recenser le patrimoine <strong>architectural</strong> rural au sens le plus large, la définition<br />
qui en est donnée dans le questionnaire du Conseil comporte le mot "remarquable". Le<br />
concept qui préside à la méthode SEFRAK est précisément de reconnaître l'importance<br />
cruciale des éléments "non remarquables" du paysage, et de les inclure dans<br />
l'interprétation historique et symbolique de ce paysage.<br />
Le projet SEFRAK ne procède donc pas à une pré-sélection des objets avant l'étude<br />
sur le terrain - comme c'est le cas pour 70 à 80 % des inventaires, d'après les résultats<br />
du questionnaire. Nos travaux sur le terrain sont effectués par un personnel "pr<strong>of</strong>ane"<br />
pour certains, des étudiants spécialistes des objets pertinents, mais, en grande majorité,<br />
des gens "ordinaires", non pr<strong>of</strong>essionnels, simplement intéressés par l'histoire locale.<br />
Tous ces "chercheurs" sont tenus de suivre un cours d'introduction de deux semaines;<br />
cette approche implique évidemment que l'opération soit suivie d'une évaluation<br />
pr<strong>of</strong>essionnelle par des autorités compétentes en matière de patrimoine culturel.<br />
Naturellement, cette méthode non sélective n'est pas la seule possible: je pense<br />
qu'en Norvège comme ailleurs, il serait plus difficile, aujourd'hui, d'entreprendre un<br />
projet aussi ambitieux. Nous voulons donc attirer l'attention sur l'importance des<br />
critères de sélection des édifices. S'il faut mettre des limites à leur recensement, quelles<br />
sont les priorités les plus urgentes?<br />
Lu méthode SEFRAK<br />
La méthode SEFRAK s'applique de la mCmc manière aux zones rurales ci urbaines,<br />
ou encore, aux zones industrielles et minières. L'édifice est décrit selon un plan<br />
structuré, comportant également des informations et un texte codé - localisation,<br />
construction, fonction, âge, état, actions de sauvegarde, etc. Autrement dit, les données<br />
constituant la "fiche minimum" indiquée dans le rapport du 2 juillet 1992 sont<br />
complètement couvertes par le plan SEFRAK. Mais nous déployons des efforts<br />
constants en vue de compléter les codes existants. Dans le contexte européen, on notera<br />
avec intérCt que le travail a été plus poussé pour les codes relatifs au recensement de<br />
l'architecture rurale que pour ceux qui concernent le patrimoine urbain. On verra, dans<br />
36
les documents, que la série codée pour les différentes catégories de maisons va de 100<br />
à 900.<br />
De plus, cet ensemble de données comporte également des photos prises sous<br />
différents angles - photos d'éléments de détail comme de l'environnement global. Tous<br />
les édifices sont indiqués sur la série de cartes économiques. Et, outre nos commentaires<br />
personnels, on y trouve des entretiens avec le propriétaire de la maison, son occupant<br />
ou autres personnes. Le recours aux archives est réduit au minimum.<br />
Mise en œuvre du programme<br />
Pour des raisons que vous comprendrez aisément, le recensement, dans la majorité<br />
des 19 comtés norvégiens, se fait pendant l'été. La mise en œuvre du programme est<br />
réalisé conjointement par le Bureau central et les autorités régionales et locales - le<br />
premier ayant pour fonction d'allouer des fonds, de fournir du matériel, d'avancer des<br />
idées nouvelles, et d'assurer la coordination avec d'autres données d'intérêt culturel,<br />
historique et géographique. On peut dire que cette forme d'organisation constitue une<br />
solution typiquement norvégienne, étant donné les problèmes particuliers que posent la<br />
dispersion de la population, les longues distances et la topographie difficile.<br />
Avancement<br />
A l'heure actuelle, le programme SEFRAK a déjà permis le recensement de<br />
quelque 400 000 édifices, et l'estimation du solde non encore traité se chiffre à 120 000<br />
édifices. Fort heureusement, des fonds supplémentaires pour le recrutement de personnel<br />
ont permis d'accélérer les travaux ces dernières années. Soit dit en passant, il s'agit là<br />
d'un type de travail qui attire tout particulièrement les sans-emploi.<br />
En janvier 1993, nous avons achevé le recensement dans 7 comtés sur les 19<br />
existants. Environ 50 % des fiches de recensement (soit 200 000) ont été informatisées,<br />
et les informations cartographiques ont été digitalisées dans une proportion d'environ<br />
25 % (soit 100 000 données). Et, vu la baisse récente des tarifs de l'imagerie digitale,<br />
nous sommes sur le point de lancer également un projet-pilote de traitement<br />
informatique des images (estimation totale dans le cadre du programme SEFRAK:<br />
2 500 000 photos).<br />
Principaux objectifs du recensement<br />
Le recensement a été conçu essentiellement pour renforcer la qualité de la gestion<br />
du patrimoine culturel, assurée par les autorités chargées de la planification et de la<br />
préservation à tous les niveaux - local, régional, national. Ainsi, l'ensemble des<br />
informations - textes, images, cartes - sera finalement disponible sur un réseau de<br />
données national. Gestionnaires, chercheurs, bibliothèques, établissements scolaires et<br />
organismes de conservation y seront directement reliés, ou par le biais de documents<br />
écrits.<br />
37
Evaluation des objets recensés<br />
Pour planifier et gérer la conservation d'un aussi grand nombre d'objets, il faut<br />
concevoir des instruments d'évaluation et de classification. Ce processus a été,<br />
malheureusement, quelque peu retardé - l'une des raisons de ce retard étant<br />
probablement l'importance accordée au facteur d'objectivité dans le recensement. Mais<br />
aujourd'hui, nous avons élaboré une méthode d'appréciation des objets, en créant une<br />
"matrice" d'évaluation, et une version informatique du registre des objets. L'utilisation<br />
de cette matrice se double d'une nouvelle étude sur le terrain - ce qui permet aux<br />
personnes chargées de l'évaluation de replacer les objets dans leur cadre naturel, et de<br />
les évaluer également par rapport à leur environnement.<br />
Cette méthode a été testée dans le cadre d'un projet de données concernant plus<br />
particulièrement la préservation dans la commune de Nome, dans le Télémark. Dans ce<br />
cas précis, les objets ont été classés en trois grandes catégories, de A à C (après avoir<br />
été évalués). Mais il est évident qu'on peut imaginer davantage de catégories. En<br />
l'occurrence, les catégories A et B correspondaient en gros aux objets ayant une valeur<br />
susceptible d'être protégée par la législation sur le patrimoine culturel ou les lois<br />
régissant l'urbanisme et le bâtiment.<br />
Nous sommes actuellement à la seconde génération des projets d'évaluation; ceuxci<br />
sont mis en œuvre dans différentes parties du pays. Mais la théorie se heurte aux<br />
dures réalités locales ! Si l'essai est concluant - comme il semble l'Ctrc -, la méthode<br />
en question sera recommandée aux autorités responsables de la planification et de la<br />
conservation à tous les niveaux. Selon toute probabilité, elle se révélera très utile dans<br />
le cadre des plans de conservation régionaux et nationaux appliqués en Norvège.<br />
Tel est le défi d'aujourd'hui. Ce qui nous préoccupe, c'est le caractère statique du<br />
programme de recensement. L'objectif a simplement été de recenser, mais<br />
malheureusement pas d'actualiser les données.<br />
Que faire des quelque mille objets recensés il y a quinze ans? Existent-ils toujours?<br />
Ont-ils fondamentalement changé? Et comment gérer également plus de 500 000 objets<br />
encore à recenser? Comment assurer l'actualisation des données déjà stockées? Ces<br />
questions revotent une importance capitale pour l'inventaire, si celui-ci doit avoir les<br />
effets pratiques escomptés. A défaut, l'inventaire ne présentera qu'un intérêt<br />
documentaire ou historique.<br />
Un des problèmes qui se posent est celui de la réticence des pr<strong>of</strong>essionnels de la<br />
conservation à apprendre les nouvelles techniques. Psychologiquement, il est très<br />
difficile de passer du stylo ft l'ordinateur. Les pr<strong>of</strong>essionnels sont capables de manipuler<br />
manuellement les registres, mais on peut difficilement compter sur eux pour se mettre<br />
h l'heure des nouvelles techniques. Qui plus est, le passage à l'informatique s'est fait<br />
essentiellement au niveau des municipalités, et non pas au niveau des bureaux régionaux<br />
du patrimoine culturel ce qui pose un problème psychologique supplémentaire, en<br />
termes de hiérarchie.<br />
38
Fort heureusement, nous disposons en Norvège d'un autre registre des édifices géré<br />
par les autorités topographiques centrales. Il s'agit du GAB (abréviation des mots<br />
"propriétés", "bâtiments" et "adresses" en norvégien), qui englobe tous les édifices<br />
construits depuis 1983. Dans ce cas précis, on l'aura deviné, les techniciens compétents<br />
des municipalités ont la charge de l'actualisation des données. Chacun des registres<br />
existants étant à même de pr<strong>of</strong>iter des acquis de l'autre, nous avons décidé leur<br />
coordination. Ainsi, les municipalités vont nous permettre de résoudre nos problèmes<br />
techniques de mise à jour, et nous parviendrons finalement à un seul registre national<br />
des édifices sur lequel seront progressivement incorporées toutes les données<br />
manquantes pour la période 1900-1983. Il sera d'une grande utilité pour tous les usagers<br />
- internes comme externes, mais rendra aussi d'éminents services à de nouveaux usagers<br />
tels que les urbanistes, la police et les pompiers, les services de santé, le Trésor Public,<br />
les agents immobiliers. En collaboration avec le programme EUROCARE, nous mettons<br />
également en œuvre un projet-pilote dans la ville olympique de Lillehammer, afin de<br />
montrer comment peuvent être combinées les données générales et les informations sur<br />
le matériel et la maintenance.<br />
Par ailleurs, SEFRAK participe également à deux projets exhaustifs de<br />
coordination, qui obligeront le bureau central à fournir d'importants moyens. Le<br />
premier, dit NOREK, est un projet interne du bureau central visant à intégrer des<br />
données sur tous les styles de patrimoine culturel existants. Ce projet sera un moyen<br />
important de préservation des milieux et paysages anthropisés, dans le cadre d'un<br />
nouveau paragraphe de la Loi sur le patrimoine culturel.<br />
Le second de ces projet, dit MISAM, a pour but de lier les données concernant le<br />
patrimoine culturel et celles touchant à l'environnement. Il se rattache à l'idée de<br />
développement durable et à celle, que nous défendons ici, d'un environnement physique<br />
composé de ressources et naturelles et culturelles. C'est la raison pour laquelle, en<br />
Norvège, la gestion du patrimoine culturel relève du Ministère de l'Environnement, et<br />
non pas de celui de la Culture.<br />
A cet égard, l'Agence Européenne de l'Environnement deviendra une plate-forme<br />
de coopération dans le domaine des données relatives à l'environnement.<br />
Suite à la demande du Conseil de l'<strong>Europe</strong> de partager au niveau européen les<br />
informations concernant le patrimoine culturel, nous sommes en mesure de répondre que<br />
nous sommes favorables à l'établissement d'une fiche minimum normative. Nous avons<br />
souligné ici même que le registre norvégien répond déjà à cette norme.<br />
En revanche, nous sommes plus sceptiques quant à un éventuel accord sur des<br />
spécifications techniques de communication entre les différents systèmes. Car, d'une<br />
part, comme il a été dit dans le rapport, il faudra conserver des ressources à<br />
l'organisation des différents éléments et au contrôle de la terminologie. Et, d'autre part,<br />
il convient de se demander de quelle manière nous assurerons la dynamique d'un tel<br />
registre. Il faudra se demander aussi comment éviter le danger de la stagnation, faute<br />
de moyens et de personnel pour l'actualisation des données.<br />
39
Nous pensons qu'au stade actuel, nous devons nous poser les questions suivantes:<br />
quelle est la finalité d'un échange d'informations? Et quel type d'informations présente<br />
le plus d'intérêt dans ce processus d'échange entre pays européens? Dans le cas de la<br />
Norvège, ce besoin d'échange ne touche peut-être pas l'ensemble de l'inventaire<br />
SEFRAK - mais seulement les édifices les plus représentatifs de notre pays et de nos<br />
régions, tels que les bâtiments en bois de charpente du Moyen-Age, et les anciennes<br />
maisons de bois visibles dans nos divers paysages côtiers; autrement dit, les édifices et<br />
les milieux qu'il nous incombe tout particulièrement de préserver dans le contexte<br />
international. Nous devons également envisager les moyens les plus pratiques de<br />
partager les informations jugées suffisamment importantes pour faire l'objet d'un<br />
échange.<br />
40
La protection des monuments historiques en Roumanie<br />
L'inventaire du patrimoine du village de Miçsunesti<br />
Ruxandra Nemteanu<br />
La première commission instituée en Roumanie pour la protection, l'inventaire, le<br />
classement et la restauration des monuments historiques portait le nom de Commission<br />
des Monuments Historiques (C.M.I.); elle a été fondée en 1892.<br />
Au cours de ces cent ans, la C.M.I. a subi plusieurs changements, tant dans sa<br />
dénomination que dans l'organisation hiérarchique de son activité: à cet égard, on peut<br />
distinguer quatre périodes:<br />
Entre les années 1892-1948 se situe une période importante, qui comprend les<br />
premières mesures concernant l'inventaire, le classement et la restauration des<br />
monuments; s'y sont également précisés les <strong>méthodes</strong> de travail et les principes<br />
fondamentaux en matière de restauration.<br />
Pour mettre fin aux agressions perpétrées contre les églises qui formaient l'essentiel<br />
de l'inventaire, un Décret royal de 1915 précisait que "toutes les églises et tous les<br />
monastères du pays, antérieurs à l'année 1834, sont déclarés en principe monuments<br />
historiques, jusqu'à ce qui soit revu et complété l'inventaire général des monuments".<br />
Ce décret a déclenché les premières actions concrètes en vue de dresser l'inventaire de<br />
monuments en Roumanie et il a été utilisé pendant longtemps jusque dans les années<br />
soixante et soixante-dix.<br />
Une seconde période va de 1952 à 1977<br />
La Commission des Monuments Historiques (C.M.I.) a été supprimée en 1948,<br />
mais l'activité de restauration et les <strong>méthodes</strong> de travail adoptées précédemment ont<br />
continué.<br />
Au cours de cette période, une grande partie du fonds de monuments de valeur a<br />
été inventoriée au moyen de questionnaires distribués aux divers spécialistes habitant<br />
le pays; ces questionnaires ont permis d'établir une première liste des monuments<br />
historiques, approuvée par une Décision gouvernementale.<br />
On estimait, à l'époque, que les habitations rurales en bois qui présentaient le plus<br />
de valeur devaient être déplacées et réédifiées dans les musées ethnographiques, au lieu<br />
d'être conservées in situ.<br />
En 1977, Ceausescu supprime abusivement la nouvelle C.M.I. réinstituée dix ans<br />
plus tôt et dont l'activité aura été prodigieuse: elle avait fiché, classé, inventorié et<br />
restauré une grande partie de monuments figurant sur les listes. A partir de 1977, les<br />
41
chantiers de restauration sont fermés ou abandonnés, et les activités <strong>d'inventaire</strong> et de<br />
restauration se voient réduites à zéro.<br />
La période oui se situe entre les années 1978-1990 se caractérise par l'absence de<br />
toute institution spécialisée dans la protection du patrimoine immobilier. Celui-ci est<br />
traité comme la patrimoine mobilier, l'objectif principal étant de confisquer ces biens<br />
aux particuliers plutôt que de restaurer les monuments.<br />
Les spécialistes ont tenté pourtant d'établir une nouvelle Liste comprenant un plus<br />
grand nombre de monuments, mais celle-ci n'a jamais été approuvée, car elle aurait<br />
empêché la démolition de maisons ou d'églises d'une indéniable valeur historique et<br />
<strong>architectural</strong>e qui n'avaient encore jamais figuré sur les listes précédentes.<br />
Nous nous trouvons actuellement dans une quatrième période, qui commence en<br />
1990: il s'agit en fait de tout reprendre dès le début. De nombreux monuments<br />
historiques de valeur ont disparu ou sont oubliés; des centres historiques ont subi des<br />
démolitions fragmentaires; des villages ont été déplacés ou totalement rasés; les archives<br />
ont été supprimées, volées, ou détruites, les fiches <strong>d'inventaire</strong> sont incomplètes,<br />
certains édifices appartenant à l'appareil représentatif de l'Etat n'y figurent pas etc.<br />
En un laps de temps très court, il nous a fallu refaire les anciens inventaires,<br />
compléter les documentations etc. De plus, le concept même de monument ayant été<br />
élargi jusqu'aux ensembles de rues ou même à des zones entières qui devront être<br />
déclarées réserves historiques ou <strong>architectural</strong>es, l'opération <strong>d'inventaire</strong> et de<br />
classement est devenue encore plus difficile. Actuellement, la coordination des activités<br />
spécifiques et le pouvoir de décision dans les domaines de l'inventaire, de la protection,<br />
la restauration et la mise en valeur des monuments historiques revient à la Commission<br />
Nationale des Monuments. Ensembles et Sites Historiques, la C.N. MASI, nouvellement<br />
instituée en tant qu'organe spécialisé autonome et fonctionnant sous l'égide du Ministère<br />
de la Culture.<br />
La Commission Nationale des Monuments, Ensembles et Sites Historiques possède<br />
un organe opérationnel qui remplit les fonctions d'un Inspectorat national et dont le rôle<br />
a un caractère méthodologique, d'orientation et de contrôle scientifique et technique;<br />
c'est la Direction MASI, Direction des Monuments, Ensembles et Sites Historiques.<br />
Un Service de Documentation des monuments historiques exécute ses activités<br />
dans le cadre de cette Direction. Ce service doit actuellement affronter de grosses<br />
difficultés <strong>d'inventaire</strong>, de classement et d'enregistrement. Il utilise à présent deux<br />
<strong>méthodes</strong>, dont l'une s'inspire du système allemand utilisé pour l'inventaire des villages<br />
allemands de Transylvanie et prône l'établissement <strong>d'inventaire</strong>s systématiques, en<br />
déplaçant des équipes sur le territoire au cours de campagnes <strong>d'inventaire</strong>. Il faut ajouter<br />
que nous avons aussi reçu un programme français mais nous ne l'avons pas utilisé parce<br />
qu'il était un peu trop complexe compte tenu de nos moyens actuels. Nous ne pensons<br />
pas adopter, pour l'instant, le langage normalisé nécessaire.<br />
42
La seconde méthode utilisée en pratique dans tout le pays, a été adoptée en 1990,<br />
aussitôt après la réinstitution de la Commission Nationale MASI et de la Direction<br />
MASI: on s'est efforcé, à ce moment, de placer sous une protection immédiate des<br />
zones plus vastes à l'intérieur des localités: toute intervention dans ces zones doit avoir<br />
l'accord de la Direction MASI. Cela permet, aussitôt qu'un bénéficiaire dépose sa<br />
requête, pour obtenir un avis favorable, de procéder à une sélection et à un inventaire<br />
des édifices d'une valeur plus ou moins grande: cette méthode permet ainsi, peu à peu,<br />
d'inventorier la totalité du fonds construit.<br />
Certes, cette méthode est difficile, elle implique un travail sur le terrain qui peut<br />
paraître aléatoire et dépend des sollicitations spontanées; elle suscite maintes difficultés<br />
avec les bénéficiaires, mais elle a néanmoins sauvé de la démolition ou de la mutilation<br />
de nombreuses constructions de valeur. Ces tendances destructives sont le résultat<br />
paradoxal de la libération des autorisations de construire, qui jusqu'en 1990 étaient<br />
pratiquement inexistantes;<br />
A ce titre d'exemple, je présenterai brièvement l'inventaire <strong>architectural</strong> d'un<br />
village, celui de Miçsunesti, situé aux alentours de Bucarest (à 46 km de la capitale),<br />
dans une zone agréable, parsemée de lacs et de forêts séculaires, dans une plaine<br />
bénéficiant d'un climat continental tempéré.<br />
L'origine du choix de cet objectif, était la requête d'un descendant du boyard qui<br />
avait possédé le village, le terrain agricole des alentours et un manoir avec une chapelle.<br />
Il nous avertissait que les matériaux de construction de l'enceinte à tourelle du manoir<br />
étaient systématiquement dérobés; il souhaitait mettre fin à ces vols et voir restaurés le<br />
manoir et l'église, restés à l'abandon après 1989 et sans statut juridique précis.<br />
L'église-chapelle, édifiée en 1743, avait été placée dès le début sous la protection<br />
du décret de 1915 que nous avons mentionné et figurait sur toutes les listes antérieures<br />
à 1900; mais le manoir, bâti, comme l'enceinte, en même temps que l'église, avait été<br />
ignoré, pour des raisons politiques. Il n'apparaît que sur la liste, jamais validée, de<br />
1980.<br />
Nous avons constaté, lors de nombreuses visites sur le terrain, d'autres objectifs<br />
intéressants.<br />
L'inventaire du village a été effectué en trois mois, à raison d'une journée de<br />
travail hebdomadaire, par une équipe de deux personnes (un photographe et un<br />
architecte), accompagnées par le maire de la commune, pour apaiser la suspicion des<br />
villageois.<br />
Chaque semaine, une deuxième journée était consacrée au dépouillement des<br />
archives et à la consultation des bibliothèques, d'où ont été extraites les principales<br />
données concernant l'évolution du village (en vue d'établir la fiche de la localité) et des<br />
édifices inventoriés (pour les fiches individuelles).<br />
43
Au cours de ce travail documentaire, les papiers du descendant du boyard, ainsi<br />
qu'un film tourné en 1938 par sa grand-mère, nous ont été de la plus grande utilité: il<br />
s'agissait d'actes normatifs concernant les systématisations effectuées au cours des<br />
siècles, d'anciens plans du domaine, de ceux du cadastre, etc.<br />
Les critères de sélection des édifices ont été les suivants: ancienneté, étape et<br />
unicité de la structure bâtie, unicité de la planimétrie, typologie, détails, absence de<br />
modifications radicales apportées à la construction, possibilités de revalorisation à<br />
l'avenir.<br />
Pour en revenir aux <strong>méthodes</strong> de travail de notre institut, précisons que les données<br />
recueillies ont en vue les catégories de monuments proposées par la Loi des monuments,<br />
non encore approuvées, mais déjà entrées en pratique. Aux tenues de cette loi, le<br />
concept de monument historique comprend également:<br />
les monuments et sites archéologiques;<br />
les monuments d'architecture, ensembles et réserves <strong>architectural</strong>es;<br />
les monuments possédant une valeur <strong>architectural</strong>e, environnementale et de<br />
mémoire;<br />
les monuments et ensembles d'art plastique ou possédant une valeur de mémoire<br />
les parcs et les jardins historiques.<br />
Aussitôt l'inventaire effectué, nous avons proposé des monuments et des zones de<br />
réserve historique et <strong>architectural</strong>e pour lesquels, désormais, toute modification apportée<br />
aux édifices inventoriés devra obtenir l'avis de la Direction MASI.<br />
Malheureusement, les données documentaires son) fort difficiles à obtenir, du fait<br />
que les archives ne sont pas encore ouvertes aux spécialistes et encore moins au public,<br />
que certains documents ont été détruits au cours de périodes politiques troublées, et que<br />
ceux qui établissent ces travaux manquent encore d'expérience.<br />
C'est pourquoi nous ne procédons actuellement qu'à l'établissement d'une fiche<br />
minimale, qui peut ûtrc complétée par la suite, au fur et à mesure de l'apparition des<br />
données.<br />
En ce qui concerne l'informatisation, les listes de monuments historiques établies<br />
au cours de ces trois dernières années (20 000 positions) ont été mises en mémoire;<br />
l'introduction des données pour chaque monument inscrit sur les listes sera faite<br />
ultérieurement.<br />
L'accès à la documentation commence à Cire assuré aux seuls spécialistes<br />
(architectes, historiens d'art, archéologues etc.), les archives et la bibliothèque de la<br />
Direction MASI n'étant pas encore préparées à accueillir un public plus nombreux, pour<br />
des raisons d'espace et parce qu'il faut encore réorganiser les fonds dévastés par suite<br />
de la suppression abusive de la C.M.I. En mCmc temps, la loi des droits d'auteur n'a<br />
pas encore été finalisée, pas plus que les normes de perception des taxes qui pourraient<br />
44
soutenir le budget de la Direction MASI, aujourd'hui totalement dépendante du budget<br />
de l'Etat.<br />
Certes, la méthodologie est encore insuffisamment précisée, l'organisation encore<br />
en souffrance; le travail trop "impétueux" ne permet pas le meilleur rendement, mais<br />
par ailleurs, il nous a fallu résoudre en trois ans des problèmes qui en ont demandé à<br />
d'autres vingt ans et plus.<br />
En pratique, nous n'avons pas l'impression d'avoir une Commission des<br />
Monuments Historiques célébrant son centenaire, mais simplement une Commission<br />
Nationale des Monuments, Ensembles et Sites Historiques ne fonctionnant que depuis<br />
trois ans.<br />
45
Inventaire d'un site de la plaine du Pô: problèmes méthodologiques<br />
Le projet SIRIS<br />
Fabio Poggi<br />
Inventaire territorial et système d'information<br />
SIRIS (Système informatisé de reconstruction de l'histoire d'édifices) est un projet<br />
de recensement territorial avec un champ d'étude très large, réalisé entre 1986 et 1990<br />
et appliquant les nonnes de l'Istituto Centrale per il Catalogo e la Documentazione -<br />
ICCD (Institut central de recensement et de documentation), rattaché au ministère italien<br />
de la Culture et de l'Environnement.<br />
Inventaire des biens architecturaux<br />
Grâce à des fiches de recensement structurées, on a pu inventorier quelque 3 300<br />
monuments architecturaux dans la plaine du Pô, dans une zone d'environ 675 km 2<br />
englobant huit communes (ensembles de bâtiments et bâtiments individuels, dans des<br />
centres historiques ou des zones rurales). Chacune des fiches comporte, pour chaque<br />
bâtiment, une documentation composée de photos, de cartes, de dessins et de données<br />
photogrammétriques.<br />
Recherche des sources documentaires<br />
Pour reconstituer l'histoire des monuments architecturaux et des territoires<br />
environnants, on a systématiquement recherché et catalogué les sources documentaires,<br />
y afférentes (archives et bibliographies, cartographies, photos).<br />
L'étude et l'analyse directe de ces sources (en premier lieu, les cadastres et<br />
l'iconographie historique) ont permis d'établir diverses cartes thématiques reconstituant<br />
dans le détail les modifications subies par tel ou tel territoire (cartes des ensembles<br />
d'édifices urbains et ruraux, cartes routières, des eaux de surface, de la végétation et de<br />
l'environnement, de l'utilisation des sols).<br />
Analyses territoriales<br />
Des analyses spécifiques ont été effectuées pour déterminer le type<br />
d'environnement et de végétation caractérisant le territoire en question. Elles ont permis<br />
d'établir des cartes, comportant des éléments morphologiques, agronomiques,"<br />
naturalistes et de paysage.<br />
Composantes du système d'information<br />
L'élément le plus satisfaisant de ce projet a été la création d'une banque de<br />
données permettant:<br />
47
de replacer précisément le patrimoine culturel dans l'espace, en faisant ressortir les<br />
liens, à la fois présents et passés, entre les édifices recensés (palais, bâtiments<br />
ruraux, etc.) et leur environnement (bâti, agricole ou naturel);<br />
de localiser et d'étudier les sources documentaires des édifices recensés;<br />
d'accéder à des archives particulières portant par exemple sur l'urbanisme, les titres<br />
de propriété, etc.<br />
L'information recueillie est conservée à la fois par écrit et sur support magnétique -<br />
ce qui signifie donc qu'on dispose d'une bibliothèque de type traditionnel à propos du<br />
territoire recensé et des sources documentaires, l'accès aux documents originaux (fiches<br />
de recensement, cartes thématiques, documentation graphique et photographique,<br />
réglementation urbaniste, bibliographie, etc.) se faisant à l'aide d'une banque de données<br />
informatisées.<br />
Dans cette banque, les données sont regroupées en trois sous-systèmes distincts:<br />
un sous-système alphanumérique: catalogage de fiches et de textes sur divers sujets;<br />
un sous-système cartographique: création de cartes digitales, à différentes échelles;<br />
un sous-système iconographique: images sur disques optiques à lecture par laser.<br />
Le sous-système alphanumérique englobe les données relatives:<br />
au catalogage des biens architecturaux;<br />
aux sources documentaires;<br />
à l'urbanisme;<br />
aux études territoriales.<br />
Le sous-système cartographique a été conçu et structuré au moyen de procédures<br />
digitales d'établissement de cartes, po" r servir de "base" commune et de support à la<br />
représentation des phénomènes analysés. Il comprend:<br />
des fonds de cartes destinées à la "navigation territoriale";<br />
des cartes cadastrales.<br />
Le sous-système iconographique propose des images sur disques optiques h lecture<br />
laser, afférentes à:<br />
des cartes des cadastres historiques;<br />
des cartes historiques;<br />
une documentation, graphique et photographique, relative aux monuments<br />
architecturaux recensés;<br />
des cartes thématiques représentant les différents stades d'évolution du territoire<br />
(propriétaires successifs, utilisation des sols, noms de lieu).<br />
Liens entre les biens recenses et les sources «rchivistiques<br />
Les fichiers contenant l'information sur les édifices, les sources documentaires et<br />
les éludes territoriales sont interconnectés par un système intégré complexe, créé<br />
spécifiquement pour guider la consultation grftcc h différentes clés liées entre elles.<br />
48
Exemple: les sources documentaires sont introduites dans le système d'information<br />
après exploitation des fiches de données, ce qui permet d'accéder aux différents types<br />
de documents et de relier les sources documentaires aux biens recensés.<br />
Une telle opération est possible grâce à quatre types de connections:<br />
clé thématique: les fiches de recensement indiquent les caractéristiques de chaque<br />
document et la catégorie à laquelle il appartient;<br />
noms de lieux: les noms des lieux principaux et secondaires mentionnés dans les<br />
documents sont mémorisés;<br />
propriété: les noms des différents propriétaires mentionnés dans les cadastres<br />
historiques et la cartographie sont également inscrits;<br />
système de coordonnées: chaque objet recensé est identifié par des coordonnées,<br />
telles que les différentes parcelles inventoriées dans le Nuovo Catasto Terreni<br />
(nouveau registre foncier) et les secteurs indiqués dans les cadastres historiques,<br />
dans les topographies, dans les ensembles de cartes les plus importants et sur les<br />
photogrammes de vues aériennes.<br />
Catalogage: aspects scientifiques<br />
La méthode de recensement définie par l'ICCD se fonde sur le, principe du<br />
"catalogage territorial". Le territoire étudié est divisé en unités - formant un tout<br />
homogène sur le plan administratif et servant de base de commission pour toutes les<br />
informations recueillies. Cette méthode visant à une connaissance exhaustive des biens<br />
culturels d'un secteur donné, les composantes dudit territoire sont étudiées et recensées,<br />
l'accent étant mis sur les liens existant entre les différents objets, ainsi qu'entre ces<br />
derniers et le territoire environnant.<br />
Catalogage: aspects techniques<br />
L'une des principales mission de l'ICCD est de définir des normes de catalogage,<br />
relatives à la structure des données, à la terminologie utilisée et aux procédures à suivre.<br />
Si l'objet recensé peut être considéré comme une entité physique descriptible par<br />
ses attributs, l'organisation et la gestion des données doivent assurer l'accessibilité de<br />
l'objet et optimiser son utilisation. En conséquence, une syntaxe spécifique a été mise<br />
au point en vue de structurer et de rassembler l'information.<br />
Cette syntaxe s'articule autour de trois normes:<br />
une norme terminologique: établissement de dictionnaires normalisés;<br />
une norme syntaxique: définition des règles de traitement des informations;<br />
49
une norme structurale: application d'un plan structural réagissant les relations entre<br />
les informations homogènes et les informations diverses qui contribuent à la<br />
description du bien culturel.<br />
Donc, le catalogue représente un ensemble d'entités "minimales", avec les liens qui<br />
les unissent. Nous avons également mis au point un "schéma conceptuel" baptisé<br />
"catalogue du Catalogue": il s'agit de l'ensemble, organisé et structuré, des informations<br />
nécessaires au recensement des biens architecturaux - ensemble régi par des relations<br />
précises et homogènes.<br />
Evolution du catalogage en Italie<br />
Grâce à la création du "catalogue du Catalogue", le catalogage, en Italie, se<br />
caractérise par une grande cohérence et une grande flexibilité. Dans la perspective d'une<br />
banque de données exhaustive sur le patrimoine culturel, ce "catalogue du Catalogue"<br />
permet d'établir des liens entre différents objets et informations, grâce à des normes<br />
terminologiques, syntaxiques et structurales communes, le but étant d'accroître<br />
constamment le contenu informatif d'une banque de données aussi complexe. De môme,<br />
il permet de retrouver des informations auprès de banques de données similaires, et d'en<br />
échanger avec celles-ci. Il convient de souligner l'apport de ce système aux opérations<br />
menées pour tester et réexaminer les données.<br />
50
Problèmes d'étude et de documentation en architecture urbaine<br />
Présidence: Miklos HORLER
Inventaire Suisse d'Architecture 1850-1920 (INSA)<br />
Vingt ans d'expérience et l'an 2000<br />
Dr. Nott Caviezel<br />
Ceux d'entre vous qui connaissent les structures de la Suisse savent que<br />
l'organisation fédérale, les quatre cultures et les quatre langues du pays représentent un<br />
enrichissement certain, mais ne facilitent pas toujours les choses quant il s'agit de<br />
collaborer au niveau national. La gestion des inventaires du patrimoine historique et<br />
artistique n'y échappe pas. Il n'est donc pas étonnant qu'une société privée, associée au<br />
concours des 26 cantons de la Suisse soit à l'origine des grands inventaires du<br />
patrimoine Suisse, et que cette société, la Société d'Histoire de l'Art en Suisse, avec son<br />
institut scientifique, depuis 1880 continue à les gérer.<br />
Pour faciliter la comparaison des <strong>méthodes</strong>, les organisateurs du colloque ont divisé<br />
notre travail en trois parties. J'ai été prié de mettre l'accent, dans mon intervention, sur<br />
l'aspect de l'architecture urbaine. Au lieu de vous présenter maintenant l'Inventaire<br />
Suisse d'Architecture 1850-1920 (INSA), j'aurais aussi pu vous parler du grand<br />
inventaire des "Monuments d'Art et d'Histoire de la Suisse" qui existe depuis le siècle<br />
passé et dont 85 volumes ont déjà paru à ce jour. Cet inventaire-là, comparable à<br />
l'Inventaire Général français, touche aux trois thèmes du colloque, mais ne vise pas<br />
spécialement et exclusivement l'architecture urbaine. Pour l'inventaire des "Monuments<br />
d'Arts et d'Histoire de la Suisse", la Société d'Histoire de l'Art Suisse, en accord avec<br />
tous les cantons du pays, a promulgué des recommandations et prescriptions qui règlent<br />
aussi bien la recherche que la préparation des textes et leur impression. C'est dans ce<br />
contexte que fut créé en 1975 l'Inventaire Suisse d'Architecture 1850-1920 (INSA) en<br />
complément du grand inventaire historique.<br />
En 1982, à l'issue de longs travaux de préparation et de recherche qui remontent<br />
donc à 1975 la SHAS a pu présenter au public le premier volume de l'Inventaire Suisse<br />
d'Architecture 1850-1920. La collection complète prévoit 15 volumes. Le but de l'INSA<br />
est d'inventorier et de publier, en 10 volumes, les 26 capitales cantonales, plus 14 autres<br />
localités qui comptaient déjà 10 000 habitants ou plus en 1920. Cinq volumes<br />
complémentaires seront consacrés à des synthèses, à l'index général et à un lexique des<br />
architectes.<br />
L'INSA fournit des informations sur les édifices et le développement urbain de<br />
l'une des périodes les plus marquantes de l'architecture suisse, allant de la création de<br />
la Confédération en 1848 jusqu'à l'apparition de l'architecture nouvelle. En tant que<br />
livre de références. l'INSA représente, avant même d'être arrivé à son terme, un<br />
instrument indispensable à la protection et à la sauvegarde du patrimoine, à<br />
l'aménagement du territoire rural et urbain et à la recherche. La réalisation d'un volume<br />
comprenant trois à cinq localités (recherches, rédaction, publication) dure environ 5 ans<br />
et coûte près d'un million et demi de francs suisses.<br />
53
Objectifs<br />
L'objectif de l'INSA consiste à mettre sur pied, en un temps limité et avec des<br />
moyens restreints, un inventaire relativement rapide qui porte sur l'ensemble du<br />
territoire national. L'INSA doit livrer des critères d'appréciation pour la conservation<br />
des monuments et servir de premier "dépistage" aux travaux portant sur l'histoire de<br />
l'art. Les recherches recourent aux sources d'archives écrites et iconographiques - soit<br />
les photos, les gravures, les plans, les cartes - et aux statistiques. L'INSA présente ses<br />
monographies urbaines, sous une forme homogène, afin de mieux faire ressortir les<br />
particularités des différentes localités traitées.<br />
Méthodologie et présentation<br />
L'étude de chaque localité est divisée en quatre chapitres. Ainsi la comparaison est<br />
possible entre les chapitres 1 (Aperçu historique), 4 (Annexes) et 3 (Inventaire<br />
topographique). Le chapitre 2 retrace le développement propre à chaque localité. Alors<br />
que les 40 villes peuvent présenter entre elles des traits communs ou divergents, les<br />
quatre chapitres se complètent et apportent une vue d'ensemble du lieu recensé. Le<br />
chapitre 1 donne un aperçu chronologique, tandis que le chapitre 3 qui aborde<br />
l'inventaire topographique, présente les objets en fonction de leur situation<br />
géographique. Le chapitre 2 combine ces deux aspects dans une réflexion sur le<br />
développement urbain.<br />
Les objets répertoriés dans l'inventaire topographique (chapitre 3) sont classés selon<br />
les noms et numéros de rues. Les constructions à caractère public ou semi-public sont<br />
prises en considération de manière aussi complète que possible. A côté du travail<br />
d'archives, le travail sur le terrain prend une importance considérable. Les descriptions<br />
sont accompagnées d'une documentation photographique appropriée. Les notations se<br />
font sur des fiches <strong>d'inventaire</strong> qui sont reprises pour la version finale de l'inventaire<br />
publié. Afin de pouvoir terminer l'INSA autour de l'an 2000, la SHAS va recourir à<br />
l'informatique, notamment dans le cadre de l'inventaire proprement dit (banque de<br />
données), de l'index général, du lexique et, bien sûr, du traitement de texte et de la<br />
production technique des volumes.<br />
Résumé et perspectives<br />
En résumant et en suivant les questions posées aux intervenants, j'aimerais retenir<br />
ceci:<br />
L'INSA est un inventaire d'envergure nationale, mais entrepris à titre privé. Cette<br />
particularité ne lui enlève rien de sa valeur. Au contraire, le fait qu'il ne soit pas géré<br />
par l'Etat et que toute appréciation purement politique soit écartée d'avance, lui confère<br />
une valeur scientifique majeure. Cela mène au résultat positif, que les administrations<br />
des villes inventoriées dans l'INSA s'appuient très souvent, dans leurs décisions en<br />
matière de conservation sur cet instrument, qui n'a pourtant aucune valeur de protection<br />
juridique. Etant donné que l'INSA est publié en plus de 10 000 exemplaires en trois<br />
langues et qu'il est largement distribué dans tout le pays et à l'étranger, l'estime pour<br />
54
une architecture, toujours plus menacée, augmente constamment auprès de l'opinion<br />
publique et des instances politiques.<br />
1. Le travail se déroule toujours de la même façon: en général, une même personne<br />
est mandatée pour les recherches sur le terrain, dans les archives et pour la<br />
rédaction des textes concernant une même ville. Il arrive fréquemment que d'autres<br />
chercheurs soient associés au mandaté, formant ainsi de petites équipes. En<br />
moyenne, la Société engage deux à trois personnes à plein temps pour le projet de<br />
l'INSA.<br />
L'exhaustivité du chapitre <strong>d'inventaire</strong> proprement dit dépend souvent de<br />
l'abondance ou de la pénurie des sources d'archives. Le nombre de maisons d'habitation<br />
à inventorier est déterminé par une volonté de respecter un certain équilibre entre les<br />
bâtiments privés et publics. Dans les petites localités, chaque construction ou presque<br />
joue un rôle incontestable dans l'ensemble du domaine bâti: en revanche, dans les<br />
grandes villes, ce sont davantage les ensembles, les lotissements, les quartiers qui<br />
assurent cette fonction de représentation. En dépit de ces principes de base, il existe des<br />
différences dans la sélection et la description des objets entre la Suisse romande, d'une<br />
part, et la Suisse alémanique et italienne de l'autre. Les circonstances propres à chaque<br />
lieu ont également eu des répercussions sur l'inventaire.<br />
2. La structure des données est simple. L'énoncé des objets qui figurent dans<br />
l'inventaire répond donc aux données suivantes:<br />
- nom de la rue, numéro d'assurance<br />
- nom de l'édifice<br />
- dates<br />
- type (maison d'habitation, poste, gare, etc.)<br />
- fonction d'origine, fonction actuelle<br />
- propriétaire d'origine, commanditaires<br />
- architecte, entrepreneur<br />
- description<br />
- appréciation historique<br />
- renvoi aux plans<br />
- renvoi aux sources et à la bibliothèque<br />
- photo (éventuellement publiée)<br />
Pour le moment, l'usage de l'informatique n'est pas encore introduit de manière<br />
générale. Certains auteurs l'utilisent cependant déjà. La SHAS envisage d'introduire une<br />
application pour une banque de données simple et appropriée aux besoins spécifiques<br />
de l'INSA.<br />
3. Les volumes INSA à grand tirage représentent le résultat final des travaux<br />
entrepris. La vaste documentation rassemblée (fiches, textes, photos et négatifs),<br />
une fois que le volume est publié, est toutefois déposée aux Archives Fédérale du<br />
55
<strong>Patrimoine</strong> Historique à Berne. Les utilisateurs de ces archives sont des<br />
scientifiques et des spécialistes dans le domaine de la conservation des monuments.<br />
4. Le sous-titre de mon intervention parle de vingt ans d'expérience et de l'an 2000.<br />
L'appréciation critique de cet inventaire est étroitement liée au facteur "temps". A<br />
l'origine, on avait estimé une dizaine d'années pour terminer l'INSA en sept<br />
volumes. Aujourd'hui, presque vingt ans plus tard, nous n'avons atteint que la<br />
moitié du parcours, après avoir remanié le programme au début des années 80,<br />
passant de sept volumes à 10, respectivement à 15.<br />
En 1982, lorsque le premier volume paraissait, l'œuvre fut qualifiée d'entreprise<br />
de pionniers. En effet, l'INSA était alors un précurseur. Pour la première fois, une<br />
institution de renom avaient envisagé d'inventorier en quelque sorte les parents pauvres<br />
de l'architecture, et plus encore, de le rendre public et de présenter cet inventaire sous<br />
forme de livres, comprenant des synthèses historiques et typologiques ainsi qu'un<br />
résumé du développement des villes dans leur ensemble.<br />
Entre temps la Société d'Histoire de l'Art en Suisse n'est plus la seule à<br />
s'intéresser au sujet. Les cantons et les villes lancent leurs propres inventaires de<br />
protection, certes, de caractère plutôt administratif et qui, pour la plupart, ne seront<br />
jamais publiés. Pour ces inventaires rapides, une investigation systématique dans un<br />
premier temps n'est pas indispensable, puisque des données peuvent êlre complétées en<br />
tout temps et que ces inventaires, en général, sont dépourvus de synthèses. Malgré ces<br />
différences essentielles, l'INSA risque de perdre son importance acquise s'il retarde trop<br />
son achèvement.<br />
Hélas, en attendant, les coûts de l'entreprise augmentent ci dépassent de loin les<br />
moyens financiers de la Société d'Histoire de l'Art. Les subventions allouées par le<br />
Fonds national de la recherche scientifique ne correspondent qu'à un tiers de besoins.<br />
La difficulté majeure, en ce moment est le financement.<br />
Il est à prévoir qu'après l'an 2000 l'INSA sera réduit à un livre scientifique plus<br />
ou moins spécialisé sans portée particulière qui ne justifiera en rien les énormes<br />
dépenses déjà mentionnées. L'ouvrage de références qu'est l'INSA risquerait alors<br />
d'Clrc dépassé, puisque dès le début, sa conception était de procéder délibérément à un<br />
critère de choix d'objets à l'intérieur de l'inventaire, permettant ainsi de réaliser, avec<br />
ses compléments, de véritables monographies urbaines des années 1850 à 1920. Mais<br />
le manque d'cxhaustivité aujourd'hui est une qualité, dans dix ans peut-Cire un défaut.<br />
Nous connaissons tous, les difficultés que rencontrent nos grands inventaires. Leur<br />
achèvement est très lointain, voire infini. De ce point de vue, il est important que de<br />
temps en temps, pour marquer un certain état des choses il y ait des entreprises qui<br />
aboutissent à court terme. Dans ce sens l'INSA a toutes les chances de réussir - à<br />
condition qu'en l'an 2000 les inventaires des 40 villes choisies soient terminés et qu'il<br />
ne manque plus que le lexique des architectes et les synthèses.<br />
56
Afin de favoriser la poursuite des grands inventaires et d'encourager cette noble<br />
tâche, la Société d'Histoire de l'Art en Suisse s'efforcera, en collaboration avec les<br />
cantons et la confédération d'élaborer à l'avenir une sorte de conception générale des<br />
inventaires suisses qui sont très nombreux. Les questions de normalisation y prendront<br />
une place non négligeable, surtout au moment où l'informatisation s'introduit également<br />
dans le domaine de nos inventaires. J'espère que les propositions à la fin de ce colloque<br />
pourront représenter un point de départ en ce sens. Avant de coordonner l'<strong>Europe</strong> il<br />
faudra, malgré leur qualité individuelle, coordonner les inventaires en Suisse.<br />
57
Introduction<br />
Programme <strong>d'inventaire</strong> des monuments aux Pays-Bas (1850-1940),<br />
et mise en œuvre dans les quatre principales villes néerlandaises<br />
Marieke Kuipers<br />
Jusqu'ici il y a environ dix ans, la quasi-totalité des activités de documentation et<br />
de conservation de l'Office de la conservation des Pays-Bas était concentrée sur le<br />
patrimoine datant d'avant la Révolution industrielle. La lourde tâche consistant à<br />
répertorier quelque 40 000 monuments et 350 sites urbains historiques a demandé plus<br />
de dix ans. Bien que notre loi relative aux monuments ne fasse aucune distinction entre<br />
monuments "anciens" et monuments "plus jeunes", il semble bien que le patrimoine des<br />
années 1850-1940 ait été laissé de côté '.<br />
En conséquences, nous avons mis sur pied, en 1987, un Programme national<br />
<strong>d'inventaire</strong> des monuments - désigné sous le sigle MIP -, dans le cadre d'une<br />
collaboration entre seize partenaires (les quatre principales villes des Pays-Bas, plus les<br />
douze provinces); ce projet doit être mené à terme en 1992. Nous disposons<br />
actuellement des résultats concernant les quatre principales villes et sept provinces. En<br />
outre, le MIP a publié une série de six ouvrages destinés au grand public, et deux autres<br />
sont prévus pour la fin de l'année 1992 2 .<br />
La "campagne" MIP s'est donné pour but d'étudier de manière systématique, en<br />
cinq ans, l'architecture et les sites urbains remontant à la période 1850-1940 et toujours<br />
existants - et ce, dans l'ensemble du pays. Le premier objectif du Programme a été de<br />
combler les lacunes dans le domaine de notre "jeune patrimoine", et de créer une base<br />
de données nationale. Le projet visait également à élaborer une politique intégrée de<br />
maîtrise de l'ensemble de notre environnement bâti, et de parvenir à une appréciation<br />
plus large des qualités (historiques) intrinsèques de cet environnement. Autrement dit,<br />
il était important, de ne pas établir de normes <strong>d'inventaire</strong> trop restrictives, et de nous<br />
1 La première Loi sur les monuments est entrée en vigueur en 1961. A partir de 1989, la nouvelle loi,<br />
votée un an plus tôt, a été appliquée, mais elle n'a pas changé fondamentalement la définition des édifices<br />
et des sites urbains historiques aux fins de recensement ; malgré de nombreux débats et modifications à<br />
l'échelon administratif, cette nouvelle loi ne prend pas en compte les "objets" de moins de 50 ans.<br />
2 Cette série est une coproduction de l'Office de la conservation des Pays-Bas et des Editions Waanders<br />
de Zwolle : les ouvrages déjà parus portent sur Utrech, la Drenthe, l'Overijssel, Amsterdam, Rotterdam et le<br />
Flevoland : les deux autres livres, dont la parution est prévue en novembre 1992, concernent le Groningue<br />
et la Zëlande.<br />
59
occuper tout autant des édifices et secteurs présentant un intérêt social ou culturel que<br />
des seules valeurs <strong>architectural</strong>es 3 .<br />
Organisation du MIP<br />
Après avoir travaillé dans le cadre de plusieurs projets-pilotes, nous avons décidé<br />
de lancer un programme <strong>d'inventaire</strong> axé sur des régions, plutôt que sur des types<br />
d'édifices ou des styles architecturaux ". Nous avons donc divisé le pays en quelque<br />
soixante "secteurs ou régions <strong>d'inventaire</strong>" (définis selon des critères historiques et<br />
culturels cohérents, et en fonction des frontières administratives existantes - notamment<br />
provinciales et municipales). Pour les travaux <strong>d'inventaire</strong> à proprement parler, nous<br />
avons recruté plusieurs dizaines d'assistants spéciaux - sur une base temporaire pour la<br />
plupart du temps et, dans certains cas, dans le cadre d'un plan d'emploi ou<br />
d'alternatives au service militaire. Le programme <strong>d'inventaire</strong> MIP est unique en son<br />
genre du fait de la coopération intensive entre les services nationaux, provinciaux et<br />
municipaux de conservation des édifices et secteurs historiques. L'Office national alloue<br />
le budget global, donne toutes les instructions méthodologiques et assure la supervision,<br />
tandis que les travaux d'analyse quotidienne incombent aux assistants provinciaux et<br />
municipaux du MIP (deux ou trois par ville) 3 .<br />
Méthodes générales du MIP<br />
Le principe de base est d'étudier l'ensemble du pays par ordre décroissant - de<br />
l'échelon régional à l'échelon municipal - pour terminer par les édifices pris séparément.<br />
' Dans le mnnucl du MIP, il est fnil mention do deux catégories de critères : l'une regroupant "les secteurs<br />
urbains nyant une valeur particulière", cl l'nuire sélectionnant des édifices caractéristiques cl précieux.<br />
Dans les deux cas, sont ft prendre en compte les valeurs locales cl les éléments suivants :<br />
1) valeur historique<br />
2) valeur du point de vue de l'urbanisme et de l'environnement historique, c'csl-ii-dire voleur <strong>architectural</strong>e<br />
historique<br />
3) valeur liée au site ou a l'ensemble formé par les édifices<br />
4) bon état et/ou spécificité<br />
5) rareté.<br />
4 Par exemple, dans les années 70, noua avons recensé toute une gamme d'églises néo-gothiques, un petit<br />
groupe de gares cl un grand nombre de phares historiques. Par ailleurs, après sélection d'un nombre restreint<br />
de "monuments modernes" I) Amsterdam, nous nous sommes livrés, de 1979 a 1983, a une étude systématique<br />
du patrimoine "plus jeune" du coeur historique de la ville. Enfin, d'autres projets-pilotes ont porté sur les<br />
anciens secteurs miniers et districts • sud du Limlxirg, de Pccl cl de la Twcnlhc.<br />
9 A l'Office national (RDM2), l'équipe de supervision est composée du directeur national du MIP,<br />
Peter Nijh<strong>of</strong>, cl de huit cx|>cns ; ces neuf personnes travaillent a temps panicl pour le MIP, tout en<br />
poursuivant leur travail normal. Dans chaque province cl dans les quatre grandes villes, il y n un directeur<br />
de projet permanent, responsable du budget et du calendrier des travaux effectués A ce niveau. Un outre,<br />
chacun des partenaires du projet a mis en place un comité directeur, coni|X)sé de bénévoles pouvant aller d'un<br />
maire a un enseignant en passant par un membre de la commission provinciale des monuments. l*cs comités<br />
directeurs donnent au programme <strong>d'inventaire</strong> une plus large assise sociale ; ils se réunissent trois ou quatre<br />
fois par an -parfois directement sur le terrain.<br />
60
Chacune des régions fait l'objet d'une description générale - depuis ses caractéristiques<br />
géographiques (nature et utilisation des sols, écoulement des eaux), jusqu'à la structure<br />
des ensembles habités (bâtiments centraux, dépendances et constructions éparses) en<br />
passant par son infrastructure (routes, cours d'eau, voies ferrées, équipement militaire).<br />
Outre ces descriptions régionales (généralement une vingtaine de pages<br />
dactylographiées), il y a lieu de fournir également une description plus détaillée de<br />
chaque municipalité (selon le même plan); dans le cas des grandes villes, ces<br />
descriptions municipales englobent explicitement les structures et édifices des différents<br />
quartiers (rapports de 6 à 40 pages). Ce travail descriptif est généralement qualifié de<br />
"travail de bureau": fondé sur des sources générales et facilement accessibles (livres,<br />
journaux, rapports, cartes), il précède l'étude sur le terrain - laquelle n'a pas toujours<br />
été possible dans la pratique.<br />
Après ces descriptions, et en interaction avec les travaux préliminaires sur le<br />
terrain, il faut dresser une typologie urbaine, mais uniquement pour de vastes périmètres<br />
ou d'autres complexes intéressants. Dans ces cas, il convient d'établir une carte<br />
spécifique, illustrant ces secteurs selon des normes standard. Par exemple, tout ensemble<br />
de villas, toute cité-jardin, zone industrielle ou ceinture verte datant de la période<br />
étudiée par le MIP doit être indiqué par les hachures prescrites (cf. le manuel du MTP,<br />
Zeist 1978).<br />
On peut aussi faire un pas de plus dans l'estimation de l'intérêt actuel des villes<br />
et villages étudiés: en établissant une échelle de notation pour désigner des "secteurs<br />
présentant un intérêt particulier". Cette différenciation est importante à la fois pour les<br />
mesures d'urbanisme et la limitation (futures ou même actuelles) des constructions, et<br />
pour, la phase de travail sur le terrain à proprement parler - ces secteurs présentant un<br />
intérêt particulier doivent être inventoriés de manière appr<strong>of</strong>ondie (tout comme les<br />
centres historiques), alors que le reste des ensembles peut être étudié de manière plus<br />
"superficielle". De toute manière, l'étude sur le terrain doit être effectuée jusqu'au bout<br />
- rue par rue, y compris dans les secteurs non bâtis, et au moyen de formulaires, de<br />
cartes, de manuels et d'appareils photos.<br />
Travail sur le terrain<br />
L'étude de tous les édifices peut être considérée comme la partie du projet MIP qui<br />
mobilisa le plus de ressources humaines. Ce travail sur le terrain a également un aspect<br />
"relations publiques": contacts avec les autorités et la presse locales. En présentant les<br />
résultats du travail <strong>d'inventaire</strong> dans les journaux locaux, on le fait connaître du grand<br />
public - ce qui à une grande importance car, généralement, les auteurs de ces travaux<br />
ont tendance à cultiver le secret. Par ailleurs, dans de nombreux cas, les résidents (voire<br />
les autorités locales) ne sont pas conscients de la valeur <strong>architectural</strong>e propre des<br />
maisons qu'ils habitent (ou des immeubles de bureaux, des boutiques, des usines où ils<br />
travaillent). Sur le plan de la méthodologie, grâce aux directives que nous avions<br />
données, le travail sur le terrain n'a pas été l'aspect le plus délicat du projet; le stockage<br />
des données s'est révélé plus compliqué. A la suite d'une série de directives conjointes,<br />
il y a eu sur le terrain, à propos des édifices à inventorier (ou pas) un large consensus<br />
61
fondé sur les critères définis pour le MIP et sur l'idée explicitement formulée selon<br />
laquelle les édifices devaient présenter au minimum un certain intérêt local. Sur cette<br />
base, c'est l'architecture typiquement néerlandaise - qu'on rencontre très souvent - et<br />
les rues comportant différents types de rangées de maisons qui ont posé le plus de<br />
problèmes <strong>d'inventaire</strong>. Nous avons tenté de les résoudre en établissant un lien avec les<br />
"secteurs présentant un intérêt particulier", ou en sélectionnant les exemples les plus<br />
représentatifs et les mieux préservés de ce type d'architecture. Nous sommes également<br />
convenus du type d'édifices devant, dans tous les cas, être visités: églises, usines,<br />
bâtiments (semi) publics et autres édifices où l'intérieur ou la charpente était susceptible<br />
de présenter de l'intérêt. En grande partie pour gagner du temps, nous n'avons pas jugé<br />
nécessaire de visiter l'intérieur de tous les édifices inventoriés (ceux-ci étant en majorité<br />
des logements occupés par des personnes de milieux sociaux divers). Sur le terrain, les<br />
chercheurs ont dû prendre des photos de tous les édifices présentant un intérêt du point<br />
de vue du MIP (prioritairement photos noir et blanc, diapositives couleur facultatives);<br />
au minimum, un cliché de la façade, éventuellement des photos de l'arrière et d'un ou<br />
des côtés de l'édifice, ainsi que de certains détails. En outre, ils ont dû remplir un<br />
formulaire spécial, comportant des questions sur l'adresse, l'architecte, la date de<br />
construction, les formes, les matériaux, le type de construction, le style, ctc - tous<br />
éléments susceptibles d'être stockés dans la base de données informatisées.<br />
Documentation<br />
Les résultats <strong>of</strong>ficiels du MIP - fondés sur le manuel central du programme -<br />
peuvent grosso modo se subdiviser en deux parties. Le premier "lot" comporte les<br />
descriptions régionales et locales - y compris l'analyse de toutes les caractéristiques<br />
spécifiques - et précise la valeur urbanistiquc actuelle des ensembles édifiés pendant la<br />
période 1850-1940. On peut consulter ces descriptifs sous forme de rapports sobrement<br />
présentés, très simplement illustrés, cl à tirage très limité, qu'on peut trouver dans les<br />
services de conservation nationaux, provinciaux et municipaux 6 . Le second "lot"<br />
d'informations est constitué par les formulaires - types du MIP, dûment remplis, et par<br />
les photographies datées, relatifs à l'ensemble des édifices inventoriés (les photos en<br />
question ne sont disponibles que dans les services provinciaux et les services<br />
municipaux des quatre grandes villes).<br />
Seuls les documents écrits seront stockés dans la base de données, car il est encore<br />
très difficile d'informatiser l'ensemble des cartes, photos et autres images illustrant les<br />
divers rapports et formulaires <strong>d'inventaire</strong>. Les descriptions régionales et municipales<br />
seront stockées grAcc ft un logiciel Word Pcrfcct. En ce qui concerne la base de données<br />
relative aux objets cl monuments, nous avons eu recours h une version modifiée du<br />
programme anglais CAIRS lequel ne présente pcut-Clrc pas la plus grande facilité<br />
d'utilisation mais est très pratique pour récupérer des textes et pour certaines fonctions<br />
de tri.<br />
' A noter, lotitcfois, que la numicipnllié do U llnyc n publié le rapport du MIP nom Tonne do livre relia,<br />
de fonnnl ohlong, cl enrichi do âmes cl d'illusimtioni en couleur (lirngc : I 750 exemplaires, nu prix do<br />
87.50 florin»).<br />
62
Pour le moment, les données informatisées ne sont accessibles qu'aux assistants du<br />
programme MIP, dans chacun de leurs services; elles ne le sont pas (encore) au grand<br />
public intéressé par les questions de conservation. Toutefois, nous déployons des efforts<br />
importants en vue de créer une base de données centrale, englobant tout l'inventaire du<br />
MIP, et pouvant être consultée, par toute personne intéressée, dans une salle que la MIP<br />
va aménager au sein de notre <strong>of</strong>fice national, à Zeist. A cet effet, nous avons déjà<br />
élaboré une méthode pratique pour communiquer les résultats du MIP de différentes<br />
manières - à partir du module BASIS-Plus intitulé Fundamental Query and<br />
Manipulation (FQM), et qui est beaucoup plus simple qu'il n'en a l'air d'après cet<br />
énoncé !<br />
En 1991, immédiatement après la campagne MIP, nous avons entrepris un<br />
programme similaire - le Programme de sélection des monuments (MSP) - en vue de<br />
sélectionner les édifices, sites et environnements de valeur nationale devant être<br />
protégés dans le cadre de notre loi sur les monuments. Pour la base de données relative<br />
à ce projet MSP, nous avons créé un nouveau système d'entrée baptisé INCA; plus<br />
convivial que le CAIRS, il peut être interrogé avec d'autres processus de texte, dont<br />
notre Répertoire informatisé des monuments et édifices historiques.<br />
Résultats d'ensemble de l'inventaire<br />
Pour l'ensemble des Pays-Bas, nous pensons que le MIP aura permis d'inventorier<br />
quelque 165 000 édifices et ensembles et de délimiter environ 650 "secteurs prétendant<br />
un intérêt particulier". La part des quatre principales villes néerlandaises sera de près<br />
de 5 % et de 10 % respectivement de l'ensemble, soit:<br />
Amsterdam: ± 3 500 édifices/ensembles 21 "secteurs présentant un intérêt particulier"<br />
Rotterdam: ± 1 500 édifices/ensembles 17 "secteurs présentant un intérêt particulier"<br />
La Haye: ± 2 000 édifices/ensembles 20 "secteurs présentant un intérêt particulier"<br />
Utrecht: ± 2 000 édifices/ensembles 8 "secteurs présentant un intérêt particulier"<br />
TOTAL: ± 9 000 édifices/ensembles 66 "secteurs présentant un intérêt particulier"<br />
Ces secteurs peuvent consister en zones bordant des canaux ou des parcs, en<br />
ensembles de villas, en cités-jardins, cités ouvrières et autres ensembles de logements<br />
sociaux, ou encore en grands ensembles urbains très planifiés. Bien que l'idée de ces<br />
"secteurs particuliers" s'applique à des ensembles assez vastes, les groupes de<br />
logements plus restreints peuvent aussi entrer dans cette catégorie s'ils répondent aux<br />
critères du MIP. Nous ne limitons pas forcément ce concept de "secteur particulier" aux<br />
zones soigneusement aménagées ou aux quartiers résidentiels (tels que les deux<br />
tourbières bordant l'autoroute de Hillegersberg, ou encore le parc du Sud - dont<br />
l'aménagement est dû à H.P. Berlage, de La Haye). Il n'en reste pas moins qu'environ<br />
la moitié de ces secteurs sont des "cités-jardins", et que très peu de périmètres classés<br />
dans cette catégorie n'avaient pas fait l'objet, autrefois, de plans d'urbanisme.<br />
63
En tout cas, quelles que soient les caractéristiques et la taille de ces secteurs,<br />
nous nous efforçons aujourd'hui d'obtenir leur prise en compte par les politiques<br />
d'urbanisme locales - et de les faire respecter par les responsables de ces politiques.<br />
Quant à la base de données centrale du MIP, elle englobe à l'heure actuelle un tiers<br />
des innovations escomptées - y compris celles relatives aux quatre grandes villes.<br />
Chaque objet ou ensembles d'édifices s'est vu affecter un numéro de code (système<br />
alphanumérique); pour la détermination des types d'édifices et styles architecturaux,<br />
nous avons créé un "thésaurus MIP" en vue de normaliser le plus possible les données.<br />
Malheureusement, l'inventaire présente encore quelques anomalies ou lacunes - pour des<br />
raisons diverses (manque de temps, manque de supervision, ou, parfois, situations trop<br />
spécifiques). Mais nous pouvons dire, dans l'ensemble, que nous nous rapprochons de<br />
l'objectif défini à l'origine pour le MIP - améliorer la connaissance des ensembles et<br />
édifices datant de la première ère industrielle, aux Pays-Bas.<br />
64
De l'étude des monuments historiques à l'analyse de l'environnement bâti<br />
Inventaire et documentation du patrimoine urbain et rural<br />
de Poméranie orientale (Pologne)<br />
1. Introduction<br />
Artur Kostarczyk<br />
Le Centre régional d'étude et de préservation de l'environnement bâti de Gdansk -<br />
institution créée en 1990 pour la réalisation d'études régionales en Poméranie<br />
orientale - a engagé des études sur les éléments de l'identité culturelle régionale. Ces<br />
études, qui portent sur 12 régions historiques de Pologne, trouvent en partie leur origine<br />
dans le mouvement intellectuel qui s'est fait jour dans les années 80.<br />
Au début des années 80, on a en effet assisté en Pologne, à une réorientation dans<br />
le domaine de la sauvegarde du patrimoine historique. La tendance écologique et<br />
l'approche globale des problèmes de conservation ont gagné du terrain. On a commencé<br />
à analyser l'évolution historique de l'environnement bâti sous l'angle:<br />
de la gestion de l'espace et des traditions d'utilisation des sols<br />
des traditions relatives aux matériaux<br />
des tendances intellectuelles et spirituelles.<br />
La collaboration des responsables de la conservation et des urbanistes, engagée à<br />
partir des années 80, s'est traduite par une nouvelle approche de la conservation du<br />
patrimoine historique et de la planification physique. Les spécialistes de la conservation<br />
ont alors compris que l'environnement bâti n'avait pas qu'une dimension esthétique: en<br />
fait partie également le génie des lieux, qui se caractérise par des valeurs spatiales,<br />
intangibles. De leur côté, les responsables de la planification spatiale (au niveau<br />
régional, urbain et rural) ont découvert que leur activité dépassait de loin les problèmes<br />
d'utilisation des sols.<br />
En 1986, cette collaboration s'est étendue à la planification physique aux échelons<br />
régional et national. En 1987 et 1988, le service national de protection des monuments<br />
a travaillé à une étude préparatoire sur les qualités culturelles de l'environnement, et à<br />
un projet de politique de la conservation - à replacer dans le cadre général du Plan<br />
national polonais de l'environnement (stratégie des années 90).<br />
L'étude sur la conservation du patrimoine historique dans le cadre de la<br />
planification régionale et nationale a soulevé de nouveaux problèmes - en premier lieu,<br />
celui des grandes lignes d'une politique de préservation des valeurs de l'environnement.<br />
En fonction de cette étude, M. Tadeusz Zielniewicz, Inspecteur principal des<br />
monuments, à élaboré et parrainé le projet de recherche intitulé "Synthèse des valeurs<br />
65
spatiales de l'environnement bâti en Pologne" - projet devant être réalisé de 1989 à<br />
1993.<br />
Le domaine de cette recherche est défini par l'angle culturel qui a été choisi en<br />
matière d'environnement. Le thème en est l'identité des régions historiques de Pologne,<br />
identité faite de la synthèse particulière de certaines valeurs, caractéristiques de<br />
l'ensemble de la région. Fondamentalement, cette synthèse naît de l'interaction<br />
dynamique des:<br />
valeurs spatiales (gestion des espaces et traditions d'utilisation des sols)<br />
valeurs concrètes (traditions relatives aux matériaux)<br />
valeurs intangibles (tendances spirituelles et intellectuelles).<br />
Un certain nombre d'éléments structuraux de l'environnement bâti constituent le<br />
"cadre" essentiel de l'identité de la région. Si l'évolution historique de l'environnement<br />
bâti se fait dans ce cadre, la région a de fortes chances de préserver son identité.<br />
En Pologne - et peut-ôtre aussi dans tous les autres pays d'<strong>Europe</strong> centrale<br />
anciennement communistes -, on constate des problèmes particuliers, liés au formidable<br />
fossé qui, depuis 50 ans, sépare ces pays des nations occidentales dans le domaine de<br />
révolution <strong>architectural</strong>e et historique. Des années 50 à la fin des années 70, l'un des<br />
objectifs du régime communiste polonais a été d'uniformiser le pays, et d'effacer les<br />
spécificités régionales. Ce processus a touché avant tout les communautés régionales et<br />
locales et compromis la prise de conscience de l'autonomie culturelle de ces régions.<br />
Cependant, grâce aux explorations agricoles privées (toujours vivaccs) et à certains<br />
traits particuliers du peuple polonais, le caractère historique des régions a tout de mûme<br />
réussi à se maintenir.<br />
Ce projet de recherche a pour objectif essentiel de délimiter les régions culturelles<br />
de la Pologne, et de déterminer, pour chaque région et sous-région historique, des<br />
politiques autonomes de conservation de l'environnement.<br />
En raison de son histoire spécifique, la Pologne est peut-ûtre l'un des rares pays<br />
européens où des structures médiévales se mClent au paysage culturel. C'est la raison<br />
pour laquelle la sauvegarde des valeurs spatiales - qui sont la résultante de l'histoire de<br />
la gestion des espaces et de l'utilisation des sols dans les pays d'<strong>Europe</strong> centrale, • rcvCt<br />
une telle importance en Pologne.<br />
Les bouleversements politiques actuels risquent de déboucher sur un rcdécoupagc<br />
des circonscriptions administratives du pays. Dans le débat qui s'est ouvert sur la<br />
meilleure forme à donner ft cette restructuration, le projet de recherche défend l'opinion<br />
culturelle et historique.<br />
66
2. Méthodes d'enquête et critères de sélection<br />
Dans le travail de préservation et de sauvegarde, l'une des grandes questions est<br />
celle de l'élaboration d'un système permettant de suivre l'évolution des paysages<br />
historiques. Et ce, tout particulièrement en Pologne, où, depuis 1990 - avec le retour à<br />
l'économie de marché et le rétablissement de la démocratie -, on assiste à une immense<br />
transformation des paysages anthropisés.<br />
Dans le contexte, il importe de suivre les nouvelles tendances qui se font jour, et,<br />
avant tout, d'établir une documentation sur l'état actuel de ces paysages. L'envergure<br />
des transformations de l'environnement bâti est certainement comparable à celle du<br />
remodelage - bien connue du paysage - des pays d'<strong>Europe</strong> occidentale aux XVIII e et<br />
XIX e siècles.<br />
C'est pour cette raison que l'étude des caractéristiques de l'environnement bâti<br />
présente une importance capitale. Aussi, l'inventaire du patrimoine effectué par le<br />
Centre régional de Gdansk est-il axé sur les valeurs spatiales qui se sont dégagées à<br />
travers l'évolution de la gestion des espaces et des traditions d'utilisation des sols.<br />
En matière d'environnement, l'angle culturel implique des analyses parallèles aux<br />
niveaux suivants de l'espace:<br />
l'organisation territoriale<br />
l'organisation globale des établissements humains<br />
la structure interne des villes et villages<br />
la structure interne d'un ensemble urbain ou d'une exploitation agricole déterminés.<br />
3. Structures et traitement des données<br />
Le volume énorme des données historiques (sources cartographiques, cadastrales<br />
et iconographiques) exige une certaine forme de traitement. Dans ce sens, nous avons<br />
travaillé sur divers éléments du Système d'information sur l'environnement bâti (SIEE),<br />
dont la mise au point a commencé récemment au Centre régional de Gdartsk. Ces<br />
éléments se rapportent à deux catégories de valeurs culturelles:<br />
a) les monuments et les groupes d'édifices<br />
b) les sites et les structures des établissements urbains d'une certaine importance.<br />
La nouvelfe philosophie en matière de préservation du patrimoine historique et<br />
l'approche globale de l'environnement bâti exigent un cadre méthodologique ouvert. En<br />
conséquence, le SIEE doit reposer sur les éléments fonctionnels suivants;<br />
67
1. une base de données intégrées, avec plusieurs postes de travail et des usagers de<br />
bases de données en réseau;<br />
2. un lien avec le système d'information géographique;<br />
3. une souplesse structurelle du système de traitement des données;<br />
4. une souplesse fonctionnelle pour ce qui est des données générées de l'extérieur<br />
(modems et réseaux informatiques).<br />
Les bases de données autonomes constituent la partie essentielle du système, qui<br />
est alimenté en données à ce niveau. Elles peuvent fonctionner comme des systèmes<br />
indépendants. Les vastes possibilités de traitement des données favorisent le travail<br />
autonome.<br />
Le Centre régional de Gdansk a entamé ses travaux avec les bases de données<br />
suivantes:<br />
1. "Fichier des monuments" - pour les monuments et groupes d'édifices;<br />
2. "Fiches individuelles de lieux" - pour les sites et les structures des établissements<br />
humains d'une certaine importance;<br />
3. "Base de données cartographiques" - pour les sources historiques cartographiques<br />
et cadastrales;<br />
4. "Base de données iconographiques" - pour les sources historiques iconographiques.<br />
Par ailleurs, il est évident que le SIEB doit se fonder aussi sur un Système<br />
d'information géographique (SIC) - l'espace culturel faisant partie intégrante de l'espace<br />
géographique. Ce qui est moins évident, c'est d'établir un point linguistique entre les<br />
auteurs des index et les chercheurs. Les grands laboratoires de recherche américains<br />
viennent de relever ce défi - et c'est aussi notre souci principal dans l'établissement<br />
d'une structure modèle pour le SIEB. Au Centre régional d'étude et de préservation de<br />
l'environnement bâti de Gdansk, nous nous efforçons de résoudre ce problème depuis<br />
deux ans. On trouvera ci-joints certains des résultats obtenus.<br />
4. Accès à la documentation<br />
La supervision des processus de transformation est l'axe principal de la sauvegarde<br />
des paysages anthropisés. En ce qui concerne l'environnement bflii, nous nous efforçons<br />
d'adopter la méthode de I'"Elude d'impact sur l'environnement". La simulation sur<br />
ordinateur des transformations probables des paysages constitue l'outil idéal en la<br />
matière de préservation historique. Cette technique servira, par exemple, dans les débats<br />
<strong>of</strong>ficiels concernant un projet susceptible de modifier un paysage anihropisé.<br />
68
C'est pour cette raison que l'accès à la documentation doit être le plus facile<br />
possible. Ainsi, nous projetons d'utiliser le scanner pour l'enregistrement de toutes les<br />
sources historiques iconographiques (mais aussi cartographiques et cadastrales), afin de<br />
les rendre accessibles au grand public.<br />
Cette "accessibilité" implique également le recours à plusieurs milliers de<br />
"conservateurs bénévoles". D'où une conception des futures produits du SIEE tenant<br />
compte de la nécessité de les utiliser et de les comprendre facilement; nous nous<br />
efforçons également d'enrichir d'une information visuelle le "Fichier des monuments"<br />
et les "Fiches individuelles de lieux".<br />
5. Conclusion<br />
En matière d'environnement bâti, nous (c'est-à-dire l'ensemble des conservateurs)<br />
devons faire face au problème de l'équilibre entre le statu quo et le changement, n<br />
convient, autrement dit, de déterminer les grandes lignes d'une politique de sauvegarde<br />
du patrimoine historique. Pour ce faire, des solutions systématiques sont nécessaires.<br />
Cette approche globale de l'environnement bâti implique:<br />
d'avoir une certaine connaissance de l'ensemble, plutôt qu'une connaissance<br />
exhaustive d'un seul élément;<br />
de voir dans la transformation de l'environnement un processus naturel;<br />
d'étudier en priorité les éléments constituant les principaux facteurs d'identité d'un<br />
lieu;<br />
d'étudier également les éléments de l'environnement bâti qui nous permettent de<br />
comprendre et de maîtriser le processus de transformation.<br />
69
Secteurs industriels en déclin:<br />
l'approche de la "Royal Commission on thé Historical Monuments <strong>of</strong> England"<br />
Nicholas Cooper<br />
En 1989-90, la "Royal Commission on thé Historical Monuments <strong>of</strong> England" a<br />
entrepris des enquêtes sur un certain nombre de secteurs industriels en déclin. Les<br />
secteurs et les édifices étudiés n'avaient pas grande importance en eux-mêmes, mais les<br />
<strong>méthodes</strong> d'enquête se sont révélées intéressantes. Tout recensement se résume à la<br />
formulation de questions; et ce sont ces questions qui déterminent en grande partie la<br />
forme et le contenu du recensement. On peut même affirmer que les conclusions d'une<br />
étude sont également influencées par la méthodologie. Ce sont là des évidences. Mais<br />
on les néglige trop souvent. Et le recours systématique à des <strong>méthodes</strong> de recensement<br />
standard peut parfois occulter la nécessité d'une approche plus adaptée à des besoins<br />
particuliers. Les résultats des études menées ont été assez différents des prévisions,<br />
puisque les questions posées et les <strong>méthodes</strong> utilisées à l'origine se sont révélées<br />
inadéquates eu égard au but fixé. Cependant, les unes et les autres ayant été modifiées<br />
en cours de route, la Commission Royale a pu finalement aboutir à des résultats plus<br />
intéressants.<br />
En 1989, le Gouvernement britannique a créé des Sociétés de développement urbain<br />
dans différents secteurs industriels et d'habitation, dépérissants, situés dans des villes<br />
de vieille tradition industrielle. Des mesures spécifiques sont mises en œuvre dans ces<br />
secteurs, en vue de susciter leur renouveau économique: nombre des anciennes<br />
réglementations en matière de planification ont été supprimées, et des aides financières<br />
accordées aux secteurs en question pour encourager la création de nouvelles industries<br />
et la reconstruction en général. Dans nombre de ces secteurs, les bâtiments anciens<br />
n'avaient pas été étudiés de très près: ces zones pouvaient donc renfermer des édifices<br />
présentant, sans qu'on le sût, une certaine valeur <strong>architectural</strong>e ou technologique, ou<br />
encore des bâtiments historiquement importants au plan local, et risquant d'être démolis<br />
sans avoir été recensés. En conséquence, afin de découvrir d'éventuels sites menacés<br />
et méritant d'être répertoriés dans le détail, la Commission Royale a entrepris des<br />
enquêtes rapides sur sept de ces sites.<br />
Pour toutes ces études, la méthode adoptée au départ fut la même; les difficultés<br />
et les résultats furent également semblables dans tous les cas. Afin de ne négliger aucun<br />
édifice d'importance, la Commission commença par procéder à un recensement de tous<br />
les bâtiments et structures industriels antérieurs à 1945, accompagné dans chaque cas<br />
d'une photo, d'une brève description, et d'une note sur la localisation, la date et la<br />
fonction. Toutes ces informations furent enregistrées selon le schéma standard adopté<br />
par la Commission pour tous les cas de recensement de bâtiments, sur la base des<br />
normes descriptives et de la terminologie fixées dans son thésaurus de termes<br />
architecturaux. Elles furent ensuite stockées dans une base de données informatisées qui<br />
permettait la recherche à partir de l'intitulé de chacune de ces rubriques de base. La<br />
71
Commission a ainsi inspecté quelque 5 000 sites dans ces zones industrielles; à un<br />
rythme de 20 à 40 édifices ou structures par jour.<br />
Cette méthode différait de toutes celles que la Commission avait utilisées par le<br />
passé. Autrefois, en effet, la méthode était sélective - on choisissait, pour le<br />
recensement, des bâtiments précis, qu'il s'agît d'édifices historiques dans certains<br />
secteurs, ou de bâtiments se rapportant à un thème déterminé. En d'autres termes, la<br />
Commission ne répertoriait que les édifices correspondant étroitement aux thèmes<br />
étudiés, ou paraissant être les plus importants du secteur sélectionné, sur le plan<br />
<strong>architectural</strong> ou historique. La démarche de la Commission consistait alors à dire: "Nous<br />
souhaitons en savoir plus sur telle période du passé et ses édifices, et nous pensons que<br />
les bâtiments choisis peuvent nous fournir certaines réponses". Toutefois, dans ses<br />
études sur les secteurs industriels, la Commission a agi différemment: pour chaque<br />
ancien bâtiment de ces secteurs, elle s'est dit: "Nous sommes en présence d'un édifice<br />
ancien. Quelle est sa nature exacte?". Dès lors, elle en a analysé et répertorié chaque<br />
détail, et s'est donc posé des questions sur tous ses aspects.<br />
Dans les secteurs industriels, certaines structures ont pu être facilement reconnues<br />
et recensées sous une forme brève et normalisée. Mais, même si les membres de la<br />
Commission avaient, dans l'ensemble, de bonnes notions générales sur l'histoire<br />
industrielle des XVI1P et XIX e siècles, et sur les édifices caractéristiques de cette<br />
histoire, ils se sont aperçus, dans la pratique, qu'il y avait beaucoup de choses qu'ils ne<br />
comprenaient pas. A commencer par le paysage môme et la disposition des bâtiments<br />
dans cet espace. Or, les édifices ne s'expliquent que par rapport aux autres édifices -<br />
que ce soit sur le plan spatial ou temporel. De plus, dans le cas de certains bâtiments,<br />
on ne parvenait pas à les comprendre du premier coup, faute d'une juste appréciation<br />
de leur fonction, de leur évolution ou de leur rareté. La compréhension de ces édifices<br />
exigeait avant tout une plus grande connaissance de l'histoire de chaque secteur étudié.<br />
C'est seulement après avoir acquis celte connaissance que la Commission a pu<br />
atteindre son objectif: faire une brève description de chacun des édifices, et déterminer<br />
ceux qui méritaient une étude plus détaillée. Dans cette démarche, l'information<br />
recueillie à propos des édifices n'était pas nouvelle en soi, puisqu'elle provenait de<br />
livres et autres publications, ainsi que de sources annexes - même si c'était peut-être la<br />
toute première fois que nous analysions un très grand nombre de "bâtiments ordinaires"<br />
à la lumière de cette connaissance (le plus souvent, en effet, celle-ci sert h<br />
l'interprétation d'édifices jugés plus nobles sur le plan <strong>architectural</strong>). Toutefois, le fait<br />
d'étudier chaque bâtiment sous cet angle historique nous a permis de déceler tout ce qui<br />
faisait leur intérêt.<br />
La connaissance de l'histoire est évidemment très utile pour définir les données<br />
minimales ft recenser pour chaque édifice. Mais en l'occurrence, dans le cadre de ses<br />
enquêtes sur les secteurs industriels, la Commission s'est aventurée dans d'autres<br />
directions, où les données standardisées sont devenues inadéquates. Par exemple, grâce<br />
h des questions sur les origines de chaque édifice, les enquêtes ont apporté des lumières<br />
sur la relation entre l'environnement bâti et les forces historiques l'ayant engendré. Il<br />
n'est pas toujours facile de définir les caractéristiques d'un secteur - en raison, dans de<br />
72
nombreux cas, d'une absence de "dialogue" entre la connaissance historique et la<br />
compréhension des vestiges du passé. Toute ville ancienne est aussi bien le produit de<br />
l'histoire que des matériaux de construction traditionnels; le caractère unique de chaque<br />
ville ou village peut difficilement être saisi si l'on n'appréhende que la moitié des<br />
données utiles. Le contexte historique permettant de prendre conscience du cachet d'un<br />
lieu échappe trop souvent aux planificateurs comme aux citoyens "ordinaires".<br />
L'architecte est normalement sensible à l'effet visuel des édifices. Le planificateur est<br />
habile à analyser les effets des structures sociales, de la demande de transport et de<br />
l'emplacement des logements et lieux de travail. Quant à l'historien des cités, il s'est<br />
toujours efforcé d'analyser dans le détail l'évolution de nombreuses villes et<br />
communautés. Mais quand voit-on l'architecte, l'urbaniste et l'historien se réunir pour<br />
échanger leurs connaissances et leurs expériences? Combien d'experts sont prêts à<br />
consulter des spécialistes d'une discipline apparemment aussi peu concrète que<br />
l'Histoire?<br />
Pour ces enquêtes sur les secteurs industriels, la Commission s'est donc intéressée<br />
à l'interaction entre l'histoire et la planification. La planification porte essentiellement<br />
sur des relations, et l'histoire visuelle d'un secteur donné s'exprime dans les relations<br />
entre les édifices - qu'il s'agisse du temps, de la fonction, de l'espace et de l'échelle.<br />
En l'absence de connaissance historique, nul ne peut saisir ces relations, où qu'elles se<br />
situent - excepté l'ordre esthétique et les rapports fonctionnels qui sont ceux de 1992.<br />
Même s'il ne faut jamais sous-estimer l'importance de la réaction esthétique face à un<br />
édifice, des connaissances historiques objectives doivent absolument étayer tout<br />
jugement - sous peine de le faire apparaître comme dangereusement subjectif. De même,<br />
lorsqu'on veut faire des projections dans l'avenir, on doit toujours savoir comment les<br />
choses ont évolué par le passé.<br />
Toutefois, la Commission estime que ce n'est pas à l'organe de recensement qu'il<br />
est de dire ce qui devrait être ou ne pas être; la mission de ceux qui inventorient les<br />
édifices est plutôt de fournir une analyse que d'autres puissent utiliser. Ce n'est pas aux<br />
personnes qui s'occupent de l'histoire de l'environnement bâti qu'il revient de dire si<br />
des aménagements récents faisant fi de l'atmosphère historique d'un lieu sont bons ou<br />
mauvais: le changement est en effet l'essence même de l'histoire. Mais on est en droit<br />
de souligner que la connaissance du passé de tel ou tel secteur permet de mieux saisir<br />
la vie qui l'anime - ou, tout au moins, favorise son appréhension "sentimentale". Le<br />
sentiment est loin d'être inutile: c'est lui qui fait que les gens s'attachent à leur<br />
environnement, et prennent au sérieux les décisions qui le concernent. Depuis des<br />
années, les responsables du recensement des édifices fournissent, à propos de chacun<br />
d'eux, des informations détaillées à ceux qui se préoccupent de leur sauvegarde. Les<br />
enquêtes menées par la Commission Royale ont servi à montrer, quant à elles, que<br />
l'analyse historique de secteurs entiers pouvait nourrir le débat sur les modes de gestion<br />
de ces secteurs. Cependant, pour en arriver là, la Commission s'est vue dans l'obligation<br />
d'aller au-delà du recueil de données de base. La question reste donc posée: peut-on<br />
réduire l'inventaire d'un paysage historique complexe à un ensemble de données<br />
minimales si l'on veut faire œuvre utile?<br />
73
Vienne, métropole du XIX e siècle:<br />
recherche de <strong>méthodes</strong> d'investigation appropriées<br />
Andréas Lehne<br />
Je travaille pour l'<strong>of</strong>fice fédéral autrichien de protection des monuments, qui est<br />
chargé de la protection des monuments et de leur inventaire. Cette double mission est<br />
assurée par différents départements, et il faut noter qu'il n'existe aucun lien direct entre<br />
la protection du patrimoine et l'inventaire. Le fait qu'un objet figure dans l'inventaire<br />
ne signifie rien quant à sa protection juridique. En Autriche, qui dit inventaire dit épais<br />
ouvrages que tout un chacun peut acheter. Il y a eu deux types <strong>d'inventaire</strong>s. La<br />
première, dite "Ôsterreichische Kunsttopographie", a commencé en 1907, et compte<br />
aujourd'hui 50 volumes, qui couvrent environ 10 % du pays. Cette "topographie de<br />
l'art" est une enquête minutieuse, fondée sur toutes sortes de sources et sur l'étude de<br />
la littérature spécialisée, citations à l'appui. L'illustration des textes est très riche -<br />
photos et plans. Pour les édifices les plus importants, il existe des catalogues de cartes<br />
et de dessins anciens - chaque volume contenant des index très fournis de personnes,<br />
d'artistes, une iconographie complète, etc. Naturellement, ce type d'étude exhaustive<br />
demande plusieurs années de travail. Il faut, par exemple, un ou deux épais volumes<br />
pour traiter un monastère ordinaire et ses collections. A ce rythme, il serait difficile de<br />
couvrir l'ensemble de l'Autriche. Si bien qu'aujourd'hui, cette "topographie de l'art"<br />
n'est utilisée que pour certains secteurs bien déterminés. Il y a vingt ans, on a donc<br />
décidé d'entreprendre un second type <strong>d'inventaire</strong>, susceptible d'<strong>of</strong>frir une vue<br />
d'ensemble du patrimoine. Ce nouvel inventaire est fondé sur le "Dehio, Handbuch der<br />
Kunstdenkmâler". Cet ouvrage, appelé le Dehio, peut être trouvé dans tous les pays<br />
germanophones. Du nom de son auteur, Georg Dehio, qui en a commencé l'élaboration<br />
en 1901, il a été conçu comme une sorte de guide spécialisé pour le grand public et un<br />
instrument pratique pour le conservateur. En Autriche, le Dehio est devenu un inventaire<br />
abrégé, couvrant non seulement les monuments de première importance tels que les<br />
églises, les châteaux, les palais, etc., mais aussi l'ensemble du patrimoine - y compris<br />
les nombreux exemples d'architecture laïque (villas, demeures diverses, fermes, etc.).<br />
Le traitement des édifices prend des formes très différentes. Pour les monuments les<br />
plus importants, l'inventaire fournit des informations sur leur localisation, leurs<br />
propriétaires successifs et l'histoire de leur construction. Suit une description qui, dans<br />
le cas des églises, inclut les installations intérieures. Pour les édifices de moindre<br />
importance seule est mentionnée l'adresse des édifices. Les auteurs du Dehio ne sont<br />
pas supposés avoir recours aux archives, mais uniquement à la littérature disponible -<br />
laquelle n'est pas citée. Pour les édifices les plus importants, on y a ajouté aujourd'hui<br />
des photos, des cartes des environs et des plans-masse. Cet inventaire compte<br />
aujourd'hui huit volumes, qui couvrent la majorité des provinces autrichiennes. Le<br />
Dehio de Vienne - lequel comptera trois volumes, d'environ 700 pages chacun, est en<br />
cours d'élaboration. En fait, trois des 23 districts de Vienne ont déjà été traités dans un<br />
volume distinct de la "Kunsttopographie", publié il y a 12 ans. Ce volume avait été<br />
conçu comme un projet-pilote; mais il s'est révélé trop coûteux et on en est resté là; il<br />
a été décidé de concentrer les travaux sur le Dehio.<br />
75
Vienne: 1 700 000 habitants, 135 000 édifices - dont 36 000 construits avant 1919,<br />
près de 10 000 d'avant 1880. On peut répartir la ville en trois secteurs. Tout d'abord,<br />
le centre: les plus anciens édifices, remontant à la période médiévale, quelques<br />
bâtiments datant de la Renaissance, et de nombreuses constructions de style baroque -<br />
notamment de très beaux palais ayant appartenu à la noblesse. Beaux spécimens de<br />
l'architecture du XIX e siècle et du début du XX e , époque où la partie résidentielle<br />
baroque s'est transformée en une métropole moderne; mais, au total, très peu de<br />
bâtiments modernes. A ce premier secteur peut être rattachée la Ringstrape voisine, qui<br />
n'est pas seulement une grande avenue, mais représente aussi une juxtaposition de<br />
résidences luxueuses, englobant également des institutions culturelles et économiques<br />
(l'opéra, le théâtre, les musées, etc.). La zone comprise entre la Ringstra|3e et le Giirtel<br />
la ceinture autour de la ville, qui correspond à l'ancienne barrière de l'octroi - est, elle,<br />
essentiellement composée d'immeubles résidentiels de la seconde moitié du XIX e siècle.<br />
Ces deux secteurs avaient été urbanisés à la fin de la période baroque. Jusqu'en<br />
1950, 2 000 anciens édifices du Baroque et du Classicisme y avaient survécu.<br />
Aujourd'hui, près des deux tiers de ces derniers ont disparu - remplacés, pour la plupart,<br />
par des immeubles d'habitation modernes. Enfin, les quartiers périphériques, qui sont<br />
venus agrandir la ville en 1890, se caractérisent par des structures peu homogènes: au<br />
milieu des zones industrielles, des quartiers ouvriers, des quartiers de villas, sortes de<br />
cités-jardins, subsiste une partie des anciens villages semi-ruraux.<br />
Je vous présenterai, tout d'abord, quelques pages du volume de la Kunsltopographie<br />
concernant les districts 3, 4 et 5, et publiée en 1980: on verra que les ensembles de<br />
logements ordinaires y sont aussi illustrés de photos cl. dans certains cas, de plans<br />
provenant des archives. Celles-ci sont très sûres, grâce à la réglementation très stricte<br />
en malière de construction. Autrement dit, mCme pour la zone suburbaine a l'intérieur<br />
de la ceinture, on retrouve généralement des documents du début du XIX e siècle. Ainsi,<br />
pour toutes les constructions antérieures à 1918, la Kunsttopographie fournil des<br />
informations sur le constructeur, les dates de la construction et des modifications, ainsi<br />
qu'une brève description de l'édifice. En ce qui concerne les constructions de la seconde<br />
moitié de XX e siècle, il y a une sélection plus stricte; mais, par exemple, tous les<br />
ensembles de logements sociaux construits par la ville de Vienne clans l'entre-deuxguerres<br />
y sont répertoriés.<br />
Passons au Dehio. A vrai dire, ce colloque est un peu en avance ! S'il avait eu lieu<br />
en 1993, j'aurais pu y présenter le premier volume du nouveau Dehio de Vienne. Pour<br />
le moment, il existe seulement sous forme d'ébauche. De quelle manière ce Dehio est-il<br />
réalisé? En principe, chaque auteur est chargé d'un district - il s'agit, le plus souvent<br />
d'historiens de l'art, soit fonctionnaires de la ville, soit indépendants. L'auteur est censé<br />
en explorer chaque rue, chaque bAiimcni et visiter ceux qui lui semblent "intéressants".<br />
Parfois, des déclarations préalables sont nécessaires - en principe, uniquement pour les<br />
monuments de premier ordre, tels que les palais ou les immeubles dus à des architectes<br />
célèbres. La sélection s'opère comme suit: d'après les principes directeurs, tout objet<br />
ayant une valeur artistique, historique ou culturelle, doit Cire répertorié - autrement dit,<br />
en ce qui concerne le centre-ville ci son parc précieux d'anciens édifices, presque tous<br />
les bAlimcnis seront inventoriés, contre moins de 10 % pour les districts extérieurs.<br />
76
Dans le vaste espace compris entre le Ring et la ceinture - c'est-à-dire l'ancienne<br />
barrière de l'octroi, où l'on trouve essentiellement une architecture du XIX e siècle -<br />
environ 50 % des édifices seront inventoriés. Naturellement, le Dehio couvre aussi<br />
l'architecture du XX e siècle - aucune limite temporelle n'est fixée.<br />
L'ordre des descriptions: pour chaque district, il y a tout d'abord une brève<br />
introduction sur son histoire et son évolution. Puis vient l'architecture religieuse, suivie<br />
des édifices laïcs "monumentaux" (bâtiments publics, palais, etc.), et de l'architecture<br />
laïque moins importante (dans l'ordre alphabétique des rues). Enfin, les statues,<br />
fontaines et autres. Naturellement, ce sont la sélection et le traitement des maisons<br />
d'habitation qui se révèlent le plus difficiles. Généralement, on trouve au départ une<br />
brève description de l'ensemble de la rue. Suit une liste des constructions les moins<br />
intéressantes (définies par un ou deux termes au plus). Et enfin, les édifices plus<br />
importants, dépeints aussi brièvement que possible.<br />
Je vous donnerai ici deux exemples de textes concernant des maisons d'habitation<br />
ordinaires. Ils vous paraîtront peut-être un peu bizarres - mais ils le sont aussi en<br />
allemand, car, pour simplifier, il n'y a pas de verbes, mais énormément d'abréviations.<br />
Les initiés qualifient cette langue de "dehiotique" !<br />
Premier exemple: une rue étroite du district 7, mélange de baroque et d'architecture<br />
du XIX e siècle.<br />
Gardegasse: rue légèrement courbe, trait d'union entre la Burg- et Neustift-Gasse,<br />
autrefois partie de la Spittelberggasse. Entre les immeubles à plusieurs étages de la<br />
période la plus récente (N° 1, 2, 3, style allemand première période, avec oriel aux<br />
N° 9, 11, 13, 15), quelques remarquables bâtiments baroques ou suburbains "Empire"<br />
préservés. N° 4: "L'étoile d'or", structure XVIII e siècle, façade 1ère moitié XIX e siècle,<br />
maison suburbaine avec façade style première période de l'historicisme (frontons droits,<br />
décoration florale). N° 5: "L'étoile rouge", construite dans les années 1850-75,<br />
importante demeure suburbaine baroque, avec façade richement décorée, portail (entrée)<br />
en arche, étages centraux avec des escaliers à pilastres, encadrements de fenêtres<br />
richement décorés, avec frontons courbes à l'étage central. Petite cour rectangulaire avec<br />
loggias. Arrière (F^pziehergasse 4) avec façade première période historiciste, frontons<br />
droits, décorations florales avec masques. N° 6 ... etc.<br />
Le second exemple est une rue assez ordinaire du troisième district: Wassergasse.<br />
Edifiés après 1880, immeubles d'habitation homogènes de 4-5 étages (1880-1885),<br />
façades néo-Renaissance avec encadrements de fenêtres et corniches en relief. (N° 11,<br />
13, 15, N° 18, plaque commémorative avec portrait en relief du Zephyrin Zettl, œuvre<br />
de Fritz Hahnlein, 1938, N° 19, 20, 21, 23, 24, 25-27, 28, 29, 31, 32, 34, 36).<br />
Immeubles symétriques de l'historicisme tardif, entre la Hôrnes- et la Geusaugasse,<br />
1887 (N° 4, 6, 8). Habitations "Art Nouveau" des années 1910/11 (N° 10, 12, No 14,<br />
décoration florale de la façade, entrée avec putti en relief, vitraux dans les escaliers).<br />
N° 29 et 31: Construction 1883-84 de Gustav Matthies, entrées modifiées en 1904,<br />
peintures murales en majolique représentant des paysages, vitraux décoratifs. Dans la<br />
77
maison au No 29, sculpture de Hygie et chandelier sculpté sur le palier. A l'entrée<br />
principale, deux médaillons Empire en relief, avec des scènes mythologiques (en<br />
provenance d'un immeuble plus ancien). Dans la maison au N° 31, également sculpture<br />
de femme (muse), même année que la construction, et buste de bronze de Cari Haball,<br />
signé Julius Griinfeld.<br />
15 lignes ont été consacrées à cette rue - description beaucoup plus détaillée, sur<br />
deux pages et avec trois photos, dans la ûsterreichische Kunsttopographie.<br />
On nous a demandé de mentionner tout problème particulier. Parmi les<br />
innombrables problèmes qui se sont posés, nous n'en citerons que quatre:<br />
1. Les édifices ordinaires ne sont répertoriés que par leur numéro de rue, la date de<br />
leur construction ou leur catégorie stylistique. Si le nom du constructeur est<br />
mentionné cela signifie qu'il s'agit d'un édifice plus important. Il arrive que le nom<br />
du constructeur soit connu de l'auteur du recensement, et qu'il ne soit pas révélé<br />
au lecteur. Problème de rétention d'information. Cette politique est peut-être<br />
discutable.<br />
2. Le traitement des villas el des immeubles d'habitation est différent. A Vienne, il<br />
n'est pas très difficile d'entrer dans l'un de ces immeubles: s'il n'est pas ouvert,<br />
on peut toujours sonner chez le concierge. C'est plus délicat dans le cas d'une<br />
villa: le visiteur craint toujours d'ennuyer le propriétaire et d'exciter ses chiens en<br />
cas d'arrivée impromptue.<br />
3. Les cimetières: ft Vienne comme dans toutes les grandes villes, il y a un certain<br />
nombre de grands cimetières renfermant plusieurs centaines de tombes de valeur<br />
artistique. Une question se pose notamment: faut-il mentionner les tombes de<br />
citoyens célèbres?<br />
4. D'une manière générale, les ensembles de logements modernes - postérieurs à 1945<br />
- ne sont pas traités dans le Dehio. Mais beaucoup d'entre eux - en particulier ceux<br />
construits par la municipalité de Vienne - sont dotés d'éléments artistiques. Il existe<br />
en effet une loi décrétant que I % du coût de construction devrait être consacré à<br />
l'ornementation artistique. Il est certain que cela n'a suscité que peu de chefsd'œuvre<br />
mais néanmoins donné des œuvres d'art. Devrait-on mentionner tous ces<br />
éléments? L'auteur moyen travaillant sur le Dehio est-il en mesure d'effectuer les<br />
distinctions nécessaires dans le domaine de l'art contemporain?<br />
Conclusions: Le Dehio a avant tout une valeur académique. Il fournil des quantités<br />
d'informations, aux historiens de l'art. Les répertoires d'artistes ou l'iconographie se<br />
révèlent très utiles aux chercheurs souhaitant pousser plus avant leurs travaux. De<br />
inCmc. il est évident que cet inventaire très complet peut constituer un excellent point<br />
de départ pour tout futur auteur de guide. En revanche, le Dehio ne peut pas Cire utilisé<br />
comme présélection pour la désignation des édifices susceptibles d'être couverts par la<br />
loi sur la sauvegarde. Il s'efforce d'envisager la globalité de la ville. Comme nous<br />
l'avons déjà souligné, 10 a 90 % des édifices de Vienne y sont répertoriés, alors que<br />
78
1 ou 1,5 % seulement des bâtiments de la capitale sont protégés par cette loi. Le Dehio<br />
traite la ville comme un gâteau, dont les responsables de la protection n'extraient que<br />
les raisins. Il y a un constant antagonisme entre les responsables de l'inventaire et les<br />
personnes chargées de la protection des monuments. Ces dernières affirment que le<br />
Dehio ne leur est d'aucune utilité dans la mesure où le nombre d'édifices répertoriés<br />
y est trop élevé. Quant à nous - les auteurs de l'inventaire -, nous reprochons aux<br />
"protecteurs" de ne pas sauvegarder suffisamment de monuments.<br />
79
L'inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> urbain en France '<br />
Service de l'Inventaire Général, de la Documentation et de la Protection<br />
Direction du <strong>Patrimoine</strong>. Ministère de la Culture<br />
Bernard Toulier<br />
Depuis dix ans, l'analyse du milieu urbain a beaucoup progressé. Le recensement<br />
général s'accomplit désormais selon une seule méthode: l'inventaire topographique,<br />
recensement exhaustif de caractère scientifique qui consiste, dans le cas d'un secteur<br />
urbain, à localiser et à identifier les édifices en réunissant sur eux les données<br />
essentielles à la connaissance 2 . L'inventaire topographique procède à un recensement<br />
systématique des œuvres postérieures à l'an 400 - excluant tout inventaire archéologique<br />
et antérieures à 1940. Le recensement des œuvres majeures n'est pas soumis à des<br />
limites chronologiques.<br />
Ce recensement du patrimoine urbain bénéficie d'une approche distincte. Des aires<br />
d'études particulières sont délimitées suivant des critères topographiques, historiques et<br />
urbanistiques, permettant de différencier les noyaux urbains, les faubourgs et les<br />
périphéries urbaines afin d'appliquer dans chaque secteur des <strong>méthodes</strong> de recherche<br />
plus adaptées au degré et à la nature de l'urbanisation 3 .<br />
A l'intérieur de ces aires d'étude urbaine, les travaux de recensement dont la<br />
programmation est soumise à l'approbation de la Commission nationale de l'Inventaire,<br />
sont conduits par les équipes des services régionaux de l'Inventaire, composées de<br />
chercheurs, de photographes et de dessinateurs.<br />
1 Nous limiterons nos observations au domaine du patrimoine bâti. Dans le cadre de la programmation<br />
d'un secteur urbain, l'inventaire topographique comprend également le recensement des objets mobiliers.<br />
La définition des termes "Inventaire" et "<strong>Patrimoine</strong> <strong>architectural</strong>" renvoie à celle de la Convention pour la<br />
sauvegarde du patrimoine <strong>architectural</strong> de l'<strong>Europe</strong> (Article 1). Conseil de l'<strong>Europe</strong> : CC-PAT (91) 12 rév.<br />
2 Livret architecture. Paris : Ministère de la Culture, 1978, 179 p.<br />
Vocabulaire de l'architecture, par Jean-Marie Pérouse de Montclos. - Paris : Imprimerie nationale, 1978<br />
(réimp. 1989). Coll. Principes d'analyse scientifique.<br />
Inventaire topographique, Guide. Paris : Ministère de la Culture, 1991, 74 p.<br />
3 Ce découpage de l'ensemble du territoire recensé en aires culturelles homogènes est aussi de pratique<br />
dans l'inventaire des biens culturels italiens. L. Cavagnaro Pontuale. Norme per la redazione délie schede di<br />
catalogo dei béni culturali. Béni ambiantali e architettonici. I. Norme generali. Rome, 1983, pp. 24-26.<br />
81
La préparation de l'enquête vise à rassembler la documentation bibliographique 4<br />
et les sources existantes les plus immédiatement accessibles 3 . Les sources<br />
iconographiques et surtout cartographiques, avec les plans anciens et les cadastres<br />
(anciens et nouveaux), sont privilégiées 6 . Le nouveau cadastre sert de support<br />
cartographique à l'enquête 7 .<br />
Le produit final est mis en forme dans:<br />
des "dossiers généralisés" sur la ville,<br />
des "dossiers d'ensemble" sur les unités urbanistiques (combinaison spontanée ou<br />
concertée d'édifices, d'édifices ou d'espaces libres) 8 ,<br />
des "dossiers collectifs" par famille d'édifices, et<br />
des "dossiers individuels" d'édifices 9 , considérés comme des éléments singuliers<br />
ou représentatifs de chacune de ces familles.<br />
L'accès public à cette documentation, bases de données informatiques et banques<br />
d'images micr<strong>of</strong>ichées à partir des dossiers 10 s'effectue à travers le réseau des Centres<br />
de documentation du <strong>Patrimoine</strong>, à l'échelon national et régional ". Cette<br />
4 Iji collection du "Répertoire des Inventaires", regroupe région par région tous les ouvrages conçus sous<br />
forme de répertoires ou <strong>d'inventaire</strong>s ainsi que les éludes ou monogrnphics, qui, dans un cndrc géographique<br />
défini, passent en revue un grand nombre de monuments ou d'objets.<br />
3 Les fichiers manuels issus de ces dépouillements d'ouvrages, de périodiques, d'archives ou de fonds<br />
iconographiques sont classés par ordre lopogrophiquc. Ces fichiers sont en cours d'informatisation. Des outils<br />
d'aide a la saisie et les produits de sortie de ces bases de données sont développés autour du logiciel<br />
PSYLOG. Le formai d'échange international prévu est le format MARK.<br />
6 Des restitutions visuelles ou graphiques sont souvent utilisées comme aide au recensement sur le terrain.<br />
Voir les <strong>méthodes</strong> mises au point pour la restitution parcellaire par méthode régressive. En règle générale, le<br />
bfili du plan cadastral ancien est reporté sur l'ancien cadastre.<br />
7 Le support numérisé no substituera peu a peu pour les grandes agglomérations au support graphique.<br />
' Exemple d'ensemble : les grandes perspectives urbaines parisiennes. Cf. Etude en cours par l'atelier<br />
Thaïes.<br />
' (intiment ou groupe de bfilimcnts affectés a une mCme destination, construits sur un fonds d'un seul<br />
tenant cl formant une unité de propriété.<br />
10 En octobre 1992. sur les 80 000 références stockées dans la base de données, plus de 15 % sont<br />
localisées "en ville". Près d'une ircntainc do villes de plu» do 3 000 habitants ont fnil l'objet d'un inventaire<br />
lopographiquc...<br />
11 Accès a la base de données a partir du 36 14 du minitel, actuellement a l'élude.<br />
82
documentation rassemblée est la base des publications régionales éditées dans des<br />
collections nationales I2 .<br />
Durant cette décennie, la réflexion méthodologique de ce recensement a évolué<br />
suivant trois directions: un outil d'aide à la recherche, un système d'informations<br />
documentaires et, un instrument de référence et d'évaluation pour la protection 13 .<br />
Le fichier de recherche du repérage<br />
La méthode poursuivie doit allier l'extensivité et la rapidité du repérage. L'objectif<br />
de la recherche est d'obtenir une sélection raisonnée d'individus exceptionnels ou<br />
représentatifs d'une famille à partir d'un repérage systématique 14 .<br />
Dans les zones très fortement urbanisées, on peut procéder alors au repérage édifice<br />
par édifice dans quelques îlots échantillonnés" et jugés les plus représentatifs 15 .<br />
L'unité d'étude est définie comme l'unité d'habitation d'origine, véritable cellule<br />
de base de l'enregistrement des informations issues de l'examen archéologique de<br />
l'édifice 16 .<br />
12 Etudes topographiques, Cahiers de l'Inventaire, Etudes du <strong>Patrimoine</strong>, Images du <strong>Patrimoine</strong>, Itinéraires<br />
du <strong>Patrimoine</strong>...<br />
13 Protection dite "du 3e type". Projet de prise en compte par les documents d'urbanisme. La "base<br />
régionale des données patrimoniales". La "liste communale du patrimoine culturel". Paris : Direction du<br />
<strong>Patrimoine</strong>, 1992, 8 p. dactyl.<br />
14 Le repérage peut être systématique, mais différencié selon les périodes chronologiques, afin d'appliquer<br />
une grille de repérage plus adaptée pour certaines périodes (ex. : Angers, Toulouse).<br />
15 Cf. exemples dans la banlieue parisienne. Ce repérage par zone échantillonnée est suffisant pour<br />
répondre aux principaux objectifs de recherche. Cette méthode est moins opérante dans la perspective d'une<br />
gestion quotidienne du patrimoine.<br />
16 Définition de l'unité de base, du foncier au bâti Georges Coste, Bernard TOULIER. La demeure<br />
urbaine : expérimentations et <strong>méthodes</strong> : l'exemple de Tours. Dans : Revue de l'art. N° 65, 1984, p. 89.<br />
83
Chaque unité est analysée à l'aide d'une "grille de repérage" portant sa localisation,<br />
les principaux caractères typologiques discriminants et la datation. La typologie est<br />
essentiellement basée sur la morphologie fonctionnelle de l'enveloppe <strong>architectural</strong>e et<br />
sur l'analyse de la distribution, retraçant le parcours vécu depuis l'espace public jusqu'à<br />
l'espace privé ".<br />
Les données sont structurées de manière très stricte, transcrites selon un codage<br />
numérique qui autorise un traitement statistique l8 . Le recours à la cartographie assistée<br />
par ordinateur est ensuite nécessaire pour visualiser le résultat de ces traitements 19 .<br />
Outre les éléments destinés à enrichir les "observations générales" du dossier<br />
collectif, le fichier issu du repérage est utilisé comme index pour "légender" une carte<br />
du patrimoine communal portant l'ensemble des éléments repérés, sélectionnés,<br />
protégés, ou à protéger.<br />
Cette base de données de recherche est en principe destinée à une gestion locale<br />
éventuelle au Centre de documentation régional du patrimoine. Les informations issues<br />
de ce repérage peuvent alimenter une partie des champs de la base de données<br />
documentaire nationale 20 .<br />
Le fichier documentaire des œuvres sélectionnées<br />
Les oeuvres sélectionnées représentent environ 10 % du corpus des œuvres repérées.<br />
Outre les œuvres majeures, cette sélection respecte la typologie des familles et leurs<br />
strates chronologiques.<br />
La buse de données nationale Mérimée est une base de données textuelle avec<br />
accès par thésaurus ou recherche sur texte. Sa fonction originelle est d'ûtre connectée<br />
à une banque d'images sur micr<strong>of</strong>iches reproduisant l'intégralité des différents dossiers<br />
17 Pour les premiers résultnls de ces réflexions méthodologiques a partir des exemples de Montpellier cl<br />
de Tours, cf. Revue de l'nn. N°65. 1984, pp. 81-97. Voir aussi. Bcmnrd Toulier. Rèfllcs cl construction d'une<br />
lypoloRJc de In demeure urbaine. Dnns : Recherches sur In lyixilORJc cl les types architecturaux ... 1991,<br />
pp. 28-33.<br />
L'analyse do In demeure urbnino repose plus directement sur l'examen des caractères récurrents des structures<br />
externes et internes de la demeure, sa position dans le milieu urbain cl sa capacité de déformaiion par rapport<br />
aux législations cl modelés théoriques ou en usage.<br />
" Décomptes : tri îi plnl sur un paramètre, tri croisé (ex. : Paris. l'aulxnirg Saint-Antoine) ; traitement<br />
mullidimcnsionncl : analyse factoricllc des corrcs|xmdanccs (ex. : Tours, Angers). Utilisation du logiciel<br />
S.A.S.<br />
" Exemples do cartographie automatique : Cognac. Utilisation dit logiciel ARC-INI'O.<br />
* Fichier constitué nu format "Ajout piloté" du logiciel TlïXTO.<br />
84
de l'inventaire topographique concernant l'architecture: bibliographie, cartes, plans,<br />
photographies 21 .<br />
Le système descriptif est conçu en fonction des possibilités du logiciel de recherche<br />
documentaire Mistral 22 . La base est constituée de 62 champs à lexique ouverts ou<br />
fermés. Les lexiques sont des listes de termes, hiérarchisés ou non, qui constituent le<br />
thésaurus. Un lexique est fermé lorsque seuls les termes rentrés dans le lexique peuvent<br />
être utilisés 23 ; il est ouvert lorsque les termes sont triés par la machine et indexés<br />
automatiquement. Ces lexiques servent à construire un fichier inverse, c'est-à-dire une<br />
liste de mots-clés. Chaque mot-clé de la liste indexe tous les documents qui le<br />
contiennent.<br />
Les champs sont regroupés en six chapitres: références documentaires, désignation<br />
de l'œuvre, localisation, historique, description, situation juridique et intérêt de l'œuvre.<br />
Nous passerons rapidement en revue quelques-uns des champs qui appellent un bref<br />
commentaire.<br />
Dans le premier chapitre des références documentaires, le numéro d'identification<br />
de l'œuvre est donné dans le champ REF. Le chapitre 2 sur la désignation est le plus<br />
important. Le champ Dénomination de l'édifice est rédigé à partir d'un thésaurus<br />
hiérarchisé M (à 10 rangs de hiérarchie), indexé et avec synonymes 2S . La<br />
dénomination est complétée principalement par l'appellation (sur texte livre) et les<br />
destinations actuelles et successives de l'édifice (mots-clés). La localisation ne donne<br />
qu'un strict positionnement cartographique dans l'espace. L'historique de l'édifice,<br />
donné par les champs Date (datation en années) et Siècles (datation en siècles) est<br />
complété par un commentaire pour préciser l'historique de chacune des parties<br />
constituantes ou remarquables de l'œuvre. Le chapitre sur la description est toujours<br />
décevant dans une telle base de données. Il donne un descriptif morphologique<br />
21 La gestion documentaire de l'ensemble des éléments utilisés dans la confection du dossier est également<br />
assurée par des "micro-bases régionales" spécialisées dont la mise en place est en cours : fichier phototype,<br />
fichier dessin, fichier bibliographique...<br />
22 Système descriptif de l'Architecture. Paris : Ministère de la Culture, Direction du <strong>Patrimoine</strong>, 1989,<br />
rééd. 1990, 193 + xxx p.<br />
Pour interrogation de la base architecture, cf. : Leroy-Beaulieu Sabine, Deldon Larianne, Mistral, version 5<br />
ou Comment utiliser un logiciel documentaire. Paris, 1988...<br />
23 Pour les lexiques hiérarchisés comme ceux des champs DENO, PART, LOCA, SCL, les nouveaux<br />
termes sont introduits après examen des propositions rédigées sur un formulaire de proposition lexicale.<br />
24 La relation de hiérarchie permet de créer des liens entre un terme générique et un terme spécifique. La<br />
relation de synonymie établit une équivalence entre deux termes ayant le même sens. La relation associative<br />
dite "voir aussi" est également permise par le logiciel Mistral et particulièrement utile à l'interrogation.<br />
25 Nouvelle version en préparation, avec définition de chacun des termes ; publication prévue en 1993.<br />
85
sommaire et doit être complété par l'usage du champ "Rema" du chapitre suivant qui<br />
décrit les parties et éléments remarquables.<br />
La fiche d'identité française, en usage depuis quelques mois, est conforme à la fiche<br />
minimum recommandée par le Conseil de l'<strong>Europe</strong>, avec en plus quelques champs<br />
utilisés dans la base de données Mérimée:<br />
ETUD, précisant le contexte de l'étude: enquête topographique, mais aussi enquête<br />
thématique, listes des immeubles protégés...<br />
DENQ, pour préciser la date de l'enquête,<br />
PDEN, pour préciser la dénomination ou y reporter la désignation adoptée dans<br />
l'arrêté de protection lorsque celle-ci n'est pas conforme au lexique autorisé,<br />
VOCA, pour noter le vocable des édifices religieux.<br />
Quant à la fiche actuellement proposée par le Conseil de l'<strong>Europe</strong>, il serait sans<br />
doute utile de poursuivre sa définition par une déclaration plus précise des champs et<br />
de leur contenu (à mots-clés ou à texte libre). Par contre, il n'est pas sûr que la<br />
recommandation de l'ouverture des deux champs uniques sur les matériaux soit très<br />
pertinente...<br />
De même il parait urgent de continuer la réflexion par des recommandations sur<br />
l'élaboration du thésaurus des dénominations, afin de parvenir a ces compatibilités entre<br />
les différents systèmes actuellement en vigueur.<br />
Dans un deuxième temps, la réflexion sur les recommandations pourrait se<br />
poursuivre sur les ensembles (villes, villages, secteur urbain), afin d'examiner les<br />
convergences d'analyse sur les éléments constitutifs mis en œuvre et les règles<br />
relationnelles qui les régissent.<br />
Enfin la collaboration européenne sur les bases de données patrimoniales appelle<br />
une réflexion complémentaire indispensable à tout système documentaire de ce type: les<br />
banques d'images.<br />
Nous terminerons notre exposé par la présentation d'une expérience en cours sur<br />
un inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> de la ville de Toulouse qui doit permettre<br />
d'améliorer la connaissance et la protection, et aider la ville à une gestion raisonnée de<br />
son urbanisme.<br />
86
L'objectif<br />
Inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> de Toulouse (France)<br />
Annie Noé-Dufour<br />
Recenser en moins de trois ans plus de 30 000 édifices dans la commune de<br />
Toulouse, hors secteur sauvegardé.<br />
La présence d'un secteur sauvegardé permet aujourd'hui de surveiller l'évolution<br />
du centre historique de Toulouse (250 ha), en revanche les outils de connaissance pour<br />
l'ensemble de la commune (11 000 ha) sont quasiment inexistants. C'est pour combler<br />
cette lacune qu'a été entrepris l'inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> toulousain. Une<br />
convention définissant le cadre et les objectifs de cette étude a été signée le 27<br />
septembre 1991 par l'Etat (Ministère de la Culture) et la Ville de Toulouse.<br />
La nature de l'étude<br />
II s'agit de réaliser une analyse systématique de chaque unité <strong>architectural</strong>e.<br />
Au terme de l'étude, ces informations recueillies doivent permettre des jugements<br />
pertinents sur l'intérêt de chaque édifice ou ensemble d'édifices, voire d'une rue, d'un<br />
îlot ou d'un quartier. Ils se traduiront de deux manières:<br />
s'agissant des éléments exceptionnels ou particulièrement représentatifs de<br />
l'architecture de ces quartiers, par des protections raisonnées au titre de la loi du<br />
31 décembre 1913, qui est de la responsabilité du Ministère de la Culture;<br />
d'une manière plus générale, par l'aménagement de dispositions réglementaires<br />
appropriées, au plan d'occupation des sols (P.O.S.) notamment, qui est de la<br />
responsabilité de la Ville de Toulouse, ou par la création de Z.P.P.A.U.<br />
La méthode<br />
Première phase<br />
1. Une approche documentaire préalable (dépouillement de la bibliographie, collecte<br />
des différents plans et documents figurés anciens et dépouillement des permis de<br />
construire) a permis de mieux cerner le développement de l'urbanisation aux<br />
XVIIF, XIX e et XX e siècles dans le territoire communal.<br />
2. Parallèlement, une grille informatisée de repérage a été mise au point pour analyser<br />
l'ensemble du bâti. Elle permet de recueillir des informations à la parcelle pour<br />
établir des traitements statistiques et cartographiques. Cette opération n'a été<br />
possible que parce que la Ville de Toulouse a informatisé son cadastre.<br />
87
La fiche permet d'analyser des édifices d'habitation très différents les uns des<br />
autres et de datations très variées (XVIII e , XIX e et XX e siècles, mais les plus anciens<br />
remontent au XIV e siècle). Cette analyse passe par:<br />
une identification de la fonction de chaque édifice (Est-ce un immeuble? Une<br />
maison? Un château? Une ferme? etc?),<br />
des informations descriptives sommaires (matériaux, structure, élévation, décor),<br />
des informations d'ordre historique (date de construction, nom de l'architecte, etc).<br />
Pour les édifices postérieurs à la Seconde Guerre mondiale, nous ne notons que<br />
leur identification, le nombre d'étages et leur datation<br />
Pour les édifices postérieurs autres que d'habitation (mais antérieurs à la guerre:<br />
écoles, édifices religieux, usines, etc.) nous notons en outre les matériaux de<br />
construction et le champ intérêt.<br />
Deuxième phase<br />
En raison du grand nombre d'édifices à répertorier, nous avons de suite envisagé<br />
de relever les informations sur le terrain directement avec des micro-ordinateurs<br />
portables.<br />
Sur le terrain, nous avons à l'écran le cadastre numérisé du quartier à inventorier.<br />
11 nous suffit de pointer la ou les parcelles concernées par l'unité <strong>architectural</strong>e, de<br />
confirmer l'adresse qui s'affiche automatiquement, puis d'engager la saisie des<br />
informations descriptives et historiques. Un menu déroulant nous permet pour chaque<br />
champ de sélectionner avec la souris la réponse pertinente. Chaque jour les données sont<br />
transférées sur un poste central.<br />
A ce jour, nous avons achevé 3 quartiers, un 4° vient d'Ctre engagé.<br />
Conclusion<br />
Le système informatique adopté a permis la création d'une base de données,<br />
rendant possible des traitements statistiques ci cartographiques. A terme les informations<br />
de cette base de repérage concernant l'ensemble du bAti pourront Cire versées pour les<br />
édifices sélectionnés dans la base documentaire décrite par B. Touiller.<br />
Ce système informntiquc permet également d'intégrer l'image et le son. Une<br />
maquette de ce type a été tentée avec succès sur un quartier: 200 photos ont été<br />
numérisées ci associées ft la base de données et au plan cadastral. Cet essai nous a<br />
semblé en grande partie concluant, mais les choix techniques et leurs conséquences<br />
financières n'ont pas encore été véritablement évalués.<br />
88
Problèmes d'étude et de documentation en patrimoine industriel<br />
Présidence: Marie NISSER
<strong>Patrimoine</strong> minier en <strong>Europe</strong>: l'étude et<br />
la documentation comme base d'un programme européen de conservation<br />
Rainer Slotta<br />
L'industrie minière et l'industrie métallurgique ont influencé l'<strong>Europe</strong> - non<br />
seulement par les événements de ce siècle et du siècle passé, mais aussi par l'histoire<br />
du genre humain. Dans sa recherche de la matière première utile, l'individu a changé<br />
la nature et l'a transformée en un paysage culturel. Le déboisement de la région<br />
méditerranéenne pour mettre du bois à la disposition des mines par exemple à Siphnos,<br />
Thasos et Laurio ou à Rio Tinto et Almaden en est une preuve; ce changement de la<br />
nature était le prix d'une richesse en or, argent et autres métaux et de la naissance d'une<br />
"culture", qui comprenait aussi et avant tout des éléments artistiques et esthétiques: sans<br />
l'industrie minière de Laurio et la force financière qui en a été tirée, Périclès n'aurait<br />
pas été capable de construire l'Acropole, monument d'Etat et patrimoine culturel de nos<br />
jours.<br />
C'est évident que les états européens ont une grande responsabilité à l'égard de la<br />
conservation des monuments du passé; il faut donner la possibilité aux générations<br />
suivantes de déterminer leurs positions culturelles et intellectuelles envers le passé, le<br />
présent et l'avenir. C'est pour cela qu'il faut conserver des monuments importants, de<br />
nombreux témoignages de l'industrie minière et métallurgique en tant que documents<br />
de cet aspect de la culture de l'humanité.<br />
Mais chaque mine à une forme spéciale. Les houillères sont différentes des mines<br />
de potasse et des mines de minerai de fer; le lignite est extrait dans des conditions<br />
différentes de celles du schiste. Par ailleurs on y relève des traits communs - surtout<br />
dans le domaine social et culturel: les villes minières sont toujours différentes des villes<br />
"normales", la plupart du temps à cause d'une certaine uniformité qui est aussi<br />
l'expression d'un système d'organisation paramilitaire. La division de la vie en "équipe"<br />
est perceptible: la fierté du travailleur, la solidarité et les soucis pour survivre sont<br />
manifestes dans les témoignages de l'architecture et de la religiosité. Une étude de ces<br />
traits communs et des différences séparant les régions minières est extrêmement<br />
difficile, mais intéressante et nécessaire: c'est seulement sur la base de ces détails<br />
qu'une évaluation des qualités d'un monument est possible.<br />
Ce problème ne se pose pas seulement au plan d'une région mais au plan plus<br />
large. C'est incontestable que l'industrie minière de la houille, de la région de la Ruhr<br />
par exemple, diffère souvent de façon importante de celle de la Pologne. Les régions<br />
voisines de la Sarre et de la Lorraine montraient des particularités qui n'étaient pas<br />
seulement spécifiques au gîte. Les districts de lignite à Senftenberg et Leipzig en<br />
Allemagne de l'Est sont différents de ceux en Allemagne de l'Ouest ou de ceux en<br />
Tchécoslovaquie. La mine espagnole de minerai cuprique à Rio Tinto en Andalousie est<br />
diamétralement opposée à celle de Mansfeld ou de Falun en Suède.<br />
91
Les paysages de l'industrie minière se distinguent malgré l'élément commun:<br />
l'empiétement du milieu; celui qui connaît le Borinage et la région de la Ruhr a<br />
remarqué des différences substantielles malgré de nombreux traits communs. Les<br />
différences sont non seulement spécifiques en ce qui concerne le gisement, mais aussi<br />
les facteurs "humains".<br />
Chaque district a des phénomènes d'origine ethnique. La forme des chevalements<br />
en fournit la preuve: les mines de la région de la Ruhr par exemple ont d'autres formes<br />
de toits que les chevalements belges; la forme des disques de câble est caractéristique<br />
des chevalements anglais. Les constructions des chevalements français et belges avaient<br />
une expérience de la construction en béton armé que n'avaient pas les constructeurs<br />
allemands. C'est pourquoi il n'y a guère de chevalements de béton armé en Allemagne;<br />
s'ils existent parfois c'est près d'une région minière française (telle la Sarre). Même<br />
dans un pays, il y a des différences: l'industrie de la potasse montre un "style de<br />
brique", peut-être parce qu'elle se développait au pays plat où on utilisait des briques<br />
et parce qu'on ne connaissait pas de pierres à bâtir. Au Harz et au Erzgebirge en Saxe,<br />
le bois était le matériel de construction le plus connu: c'est pour cela qu'on trouve des<br />
constructions en pans de bois avec un c<strong>of</strong>frage en bois. La construction en charpente<br />
métallique est un style international, mais les détails sont significatifs pour l'architecture<br />
et forment jusqu'à nos jours les "traits spécifiques" d'un pays.<br />
Cependant le principal problème est le suivant: Quel monument faut-il conserver?<br />
Généralement on dit que chaque gisement doit filrc représenté dans tout son<br />
développement par des monuments caractéristiques; c'est-à-dire que chaque époque<br />
importante de l'exploitation doit persister sous une forme ou une autre. Pour l'industrie<br />
de la houille de la Ruhr cela signifie qu'on a besoin de monuments de la protohistoire,<br />
de l'industrie minière gouvernementale (conservés à travers les monuments de<br />
l'industrie minière de Willen, Multcninl), de témoignages du temps de la transition de<br />
l'exploitation au fond entre 1820 et 1830 ( à travers la mine Ver. Nachtigall Ticfbau),<br />
du temps de la vaste exploitation capitaliste dans les années 1850 (les tours Malak<strong>of</strong>f),<br />
du temps de l'existence des mines de larges dimensions (p.e. la mine Zollcrn 2/4<br />
de 1900), du temps du constructivisme, 1920 (chevalement conservé au Musée de la<br />
Mine allemand): ce programme est un programme "minimal", qui peut cl doit être élargi<br />
- selon les moyens financiers existants -, car avec le temps, il faut compléter ces<br />
monuments. Si l'industrie minière de la houille de la Ruhr s'achève en 2050, toutes les<br />
étapes du développement de cette branche économique significatives pour ce district<br />
doivent Cire vérifiablcs à travers les monuments; c'est pour cela qu'il nous revient de<br />
faire un choix des objets.<br />
Cela est-il possible? D'autre part il nous faut ûtrc conscients qu'il n'est pas possible<br />
de conserver une multitude d'objets, surtout quand les moyens financiers manquent. Le<br />
problème d'un choix justifié se pose clairement. Si l'on veut élargir le principe du choix<br />
des monuments à tous les districts, on arrive à un grand nombre d'installations et<br />
d'objets. Je crois toutefois qu'il faut parfois poursuivre des projets excessifs pour<br />
obtenir finalement des résultats suffisants. Mais il faut faire le choix sur le plan<br />
pratique: quant il existe plusieurs monuments presque équivalents, il faut considérer que<br />
celui qu'il est nécessaire de conserver, est celui qui est le moins nécessaire sur le plan<br />
92
de l'exploitation minière des gisements. Il faut montrer beaucoup de sensibilité pour<br />
s'assurer de la compréhension et de l'attitude conciliante des propriétaires des<br />
monuments: dans la plupart des cas une confrontation aggrave le climat des<br />
négociations. Mais quant il s'agit de monuments absolument importants, il faut montrer<br />
une certaine fermeté car il est essentiel qu'il y ait une documentation justifiée et vaste<br />
sur la valeur du monument. Par ailleurs pour les activistes de la protection des<br />
monuments il faudrait qu'il y ait possibilité d'appréciation dans l'argumentation de la<br />
valeur du monument, qui ferait que les propriétaires des monuments considèrent comme<br />
définitives les décisions et conclusions arrêtées.<br />
Ce modèle n'est pas seulement valable pour les divers pays mais aussi pour le<br />
patrimoine européen. Résultant des différences des pays et des gens, le patrimoine doit<br />
pouvoir être comparé. Le manque d'organes et de critères européens de décisions dans<br />
le domaine de la protection des monuments est malheureusement évident mais cette<br />
lacune peut être comblée si les pouvoirs publiques nationaux travaillent dans la<br />
perspective de l'avenir. Le but des efforts de la protection des monuments dans le cadre<br />
européen doit être d'établir une documentation suffisante de l'industrie minière<br />
européenne, non seulement pour les monuments nationaux, mais aussi pour le<br />
patrimoine européen commun.<br />
De tels monuments existent. Il ne s'agit pas d'installations devenues célèbres en<br />
raison d'innovations techniques mais de mines qui touchent l'individu par un événement<br />
exceptionnel.<br />
Le lieu de l'accident minier de Bois-du-Cazier à Charleroi-Marcinelle est un tel<br />
monument: en 1956, 262 mineurs italiens, belges, français, bref européens, furent tués<br />
par un coup de grisou. Cette mine encore existante doit être transformée en monument<br />
minier européen et en institut de recherche ayant pour objectif la prévention des<br />
accidents dans les mines. On pourrait imaginer le même destin pour l'Ecole Supérieure<br />
des Mines à Freiberg en Saxe où se trouvait pendant des siècles le centre des sciences<br />
minières qui influence encore aujourd'hui toute l'<strong>Europe</strong>. On pourrait aussi s'imaginer<br />
qu'à Kutnâ-Hora (Kuttenberg) on remettre en mémoire, en tant que monument lié au<br />
patrimoine minier, la célèbre église Sainte-Barbe qui témoigne de façon impressionnante<br />
de la religiosité des mineurs et rappelle que Sainte-Barbe est patronne des mineurs<br />
européens. Ces monuments - plus que la pure technique minière - sont importants pour<br />
nous et les générations suivantes, car ils témoignent des aspects principaux de la vie<br />
humaine.<br />
En Allemagne Fédérale l'enregistrement et la documentation se fait d'après les<br />
<strong>méthodes</strong> traditionnelles, c'est-à-dire par une expertise sur les lieux, une description et<br />
une photo, l'établissement d'un dossier - souvent sous forme de fiche - la vérification<br />
de la valeur d'un monument par la comparaison avec le stock connu et enfin<br />
l'inscription du monument sur la liste des monuments.<br />
Il n'existe pas de banque de données centrale, au contraire les administrations<br />
chargées de la conservation des monuments travaillent de façon plus ou moins<br />
93
indépendante puisque la loi constitutionnelle de l'Allemagne Fédérale, donne<br />
compétence aux Lander en matière de culture.<br />
Mais une relation plus ou moins étroite s'est développée entre les administrations,<br />
les conservateurs chargés de l'entretien des monuments et des institutions internationales<br />
comme ICOMOS.<br />
En outre, on s'efforce d'établir une banque de données, sur les dommages causés<br />
par l'environnement. Ces banques de données - Monudoc et Monufact - contiennent des<br />
descriptions des dommages aux monuments, les mesures mises en œuvre, les influences<br />
de l'environnement, les résultats des recherches, des produits, procédés, experts etc...<br />
Ces banques des données sont créées et gérées par le Centre d'Information Région et<br />
Construction de la Fraunh<strong>of</strong>er Société responsable du Ministère de Recherche et de<br />
Technologie. Aujourd'hui encore, la conservation des monuments est gérée d'une<br />
manière "classique" en Allemagne Fédérale.<br />
En conclusion quelles mesures faudrait-il exiger? Un comité européen chargé<br />
d'établir une liste de classement du patrimoine minier? C'est certainement prématuré;<br />
il faudrait une communication renforcée entre les autorités nationales. C'est un vœu, car<br />
il est déjà difficile, dans un môme pays européen, ainsi en République Fédérale<br />
d'Allemagne, à une époque ou l'argent devient rare, d'acquérir des listes des<br />
monuments et des idées concernant les monuments.<br />
Comment le faire pour toute l'<strong>Europe</strong>? Il faut croire aux utopies car sans illusion<br />
l'individu s'appauvrit. Certes l'argent est nécessaire, mais le manque de moyens<br />
financiers n'est pas une raison pour perdre des monuments européens importants. L'un<br />
ou l'autre monument sera sans doute perdu; c'est pour cela qu'une documentation solide<br />
est nécessaire et qu'il faut réfléchir sincèrement à la possibilité d'évaluer le patrimoine<br />
européen de l'industrie minière et métallurgique dans un "projet-pilote". Il me semble<br />
difficile d'élaborer des standards obligatoires mais, on pourrait arriver à une évaluation<br />
de la valeur d'un monument dans un cadre international.<br />
94
Critères de protection juridique des bâtiments industriels en Angleterre<br />
Martin Cherry<br />
La sauvegarde des bâtiments industriels dépend de trois facteurs:<br />
1. Une législation adéquate sur les édifices historiques et, en outre (dans le cas de le<br />
cas de l'Angleterre), un ensemble de précédents ou de cas faisant jurisprudence.<br />
2. Des programmes de recherche de qualité et dotés de budgets suffisants, dans les<br />
domaines de la classification des bâtiments historiques et de l'évolution de<br />
l'industrie - les conclusions de ces programmes servant à alimenter une base de<br />
données informatisées nationale (internationale?), portant sur le patrimoine<br />
industriel et destinée à satisfaire à la fois les besoins d'information et ceux de la<br />
gestion des sites. Ces programmes doivent être suffisamment souples pour répondre<br />
aux menaces sérieuses pesant sur tous les sites d'importance nationale, et sur les<br />
monuments industriels subissant des changements pr<strong>of</strong>onds ou sur le déclin.<br />
3. Des programmes éducatifs coordonnés, destinés à la fois au grand public et aux<br />
hommes politiques et administrateurs au niveau régional et national.<br />
1. Le cadre législatif<br />
Les édifices et sites industriels sont protégés par deux ensembles de lois:<br />
i. La législation relative aux monuments classés permet au ministre compétent de<br />
sauvegarder les édifices d'importance nationale. Généralement, les monuments qui<br />
entrent dans ce cadre juridique n'ont plus d'utilité sur le plan économique et<br />
doivent être soumis à un système de gestion qui les maintienne définitivement en<br />
l'état. La réglementation en la matière est contraignante et prime.<br />
ii. La législation relative aux monuments inscrits.<br />
Celle-ci oblige le ministre compétent à protéger les "édifices présentant un intérêt<br />
historique ou <strong>architectural</strong> particulier". A la base de cette législation, il y a le<br />
principe suivant lequel la meilleure manière de garantir la pérennité d'un édifice<br />
historique est de lui conserver son utilité pratique. Toutefois, cette législation<br />
n'exclut pas la possibilité de la maintenir "en l'état". Dans leur majorité, les<br />
structures industrielles protégées sont plutôt inscrites que classées - ce qui pose<br />
d'ailleurs l'un des problèmes les plus importants en la matière: faut-il -et de quelle<br />
manière - leur conserver leur utilité?<br />
iii. Le classement a pour but de sauvegarder les monuments les plus typiques, mais<br />
aussi d'en établir une sélection représentative à l'échelon national.<br />
95
iv. Les critères actuels d'inscription permettent une grande souplesse dans la sélection:<br />
a) Les édifices antérieurs à 1840 (par exemple, les premières filatures de coton de<br />
Manchester) doivent être systématiquement inscrits - sauf s'ils ont subi, par la<br />
suite, des modifications qui leur ôtent tout intérêt.<br />
b) En ce qui concerne la période 1840-1914, de nombreuses structures de qualité<br />
certaine sont inscrites. Toute l'attention voulue est accordée aux critères<br />
d'innovation ou de virtuosité technique, et à l'importance des bâtiments sur le plan<br />
de l'histoire économique et sociale.<br />
c) Des critères rigoureux doivent être appliqués aux structures postérieures à 1914 et<br />
celles datant d'après 1945 doivent avoir un intérêt exceptionnel.<br />
2. Les programmes de recherche et la base de données informatisées<br />
i. Le manque d'information, obstacle à la protection<br />
Dans le passé, l'un des problèmes les plus sérieux qui se soit posé aux inspecteurs<br />
chargés du classement ou de l'inscription a été le manque d'informations<br />
directement accessibles, à propos des bâtiments et sites industriels. La cause<br />
pouvait en être (i) un manque de coordination des résultais des différentes<br />
recherches et/ou (ii) la difficulté d'accéder à une base de données.<br />
(i) Exemple: lorsque, dans les années 80, le Grand Manchester et le secteur de<br />
West Riding, dans le Yorkshire, ont fait l'objet d'une nouvelle enquête aux fins<br />
d'inscription, on s'est aperçu qu'on avait relativement peu de connaissances (ou<br />
que très peu de résultais de recherches étaient disponibles) au sujet des filatures de<br />
laine et de coton qui ont conféré à ces régions une importance internationale. Sur<br />
les mille filatures de coton qui, d'après une estimation, existaient encore, moins de<br />
trente étaient inscrites - y compris celles qui se trouvaient dans les villes-clés que<br />
sont Manchester et Olclham. Aujourd'hui, sur la base des travaux importants<br />
effectués par la Royal Commission on thé Historical Monuments <strong>of</strong> England<br />
(RCHME), il est enfin possible de se livrer à un rapide examen en vue de<br />
l'inscription (et du classement) des structures existant dans ces régions - entre<br />
autres.<br />
ii. Dans le cas qui nous occupe (l'inscription), In réticence du gouvernement<br />
britannique, au début des années 80, à informatiser, sous la forme d'une base de<br />
données, les listes des édifices inscrits a rendu très difficile l'analyse de la masse<br />
d'informations figurant dans ces listes (il y a aujourd'hui un peu plus de 440 000<br />
édifices inscrits), ainsi que l'établissement d'une stratégie de sauvegarde. La liste<br />
pour les villes existant actuellement (depuis quatre ans), est complètement<br />
informatisée et nous permet d'obtenir, en interrogeant la base de données, des<br />
informations fondamentales sur l'ensemble des bâtiments historiques: date,<br />
matériaux de construction, fonction, architecte/ingénieur, etc.<br />
96
iii. Un programme de recherche pour la protection.<br />
En Angleterre, différents ministres ont reconnu la nécessité d'évaluer globalement<br />
certaines périodes critiques (ou types d'édifices particulier), de définir dans le détail<br />
les critères de sélection et d'élaborer des lignes directrices visant à mieux expliquer<br />
et faire connaître ces critères. Une première mesure a consisté à organiser une<br />
grande exposition sur l'architecture de l'après-guerre; inaugurée à Londres et<br />
devant bientôt itinérer largement dans l'Angleterre, cette exposition va de pair avec<br />
une conférence sur les premières catégories de bâtiments à examiner (les<br />
établissements d'éducation). On aboutit ainsi à l'inscription de 46 institutions en<br />
mars 93. Les bâtiments industriels et commerciaux de cette même période<br />
constitueront le thème de la deuxième phase de recherches actuellement en cours<br />
d'achèvement.<br />
iv. La méthodologie.<br />
Dans la mesure du possible, nous aborderons chaque type d'édifice en six étapes:<br />
a. identification et description de l'industrie dans son ensemble;<br />
b. recueil de données détaillées;<br />
c. collationnement et rapport;<br />
d. sélection;<br />
e. consultation;<br />
f. protection.<br />
Les industries extractives et textiles seront les premières à être examinées. Mais<br />
nous devons souligner de nouveau qu'il faut en ce domaine une approche très souple,<br />
de façon à pouvoir suspendre ou modifier des programmes en fonction des changements<br />
de priorités en matières de conservation.<br />
3. La volonté politique et la sensibilisation du public<br />
En l'absence d'un programme cohérent permettant aux hommes politiques et au<br />
public de replacer les recommandations de protection des édifices dans un cadre sûr, le<br />
schéma légal de protection restera aléatoire et insuffisant.<br />
Pour illustrer cette remarque, prenons l'exemple de trois édifices industriels et<br />
commerciaux importants de l'après-guerre dont English Héritage a récemment<br />
recommandé l'inscription: deux seulement (la Fabrique Cummins, à Darlington,<br />
construite par Kevin Roche, John Dinkerloo et leurs associés, et la distillerie de gin<br />
Gilbey ainsi que ses bureaux à Harlow, réalisés par Peter Falconer et son unité de<br />
recherche conceptuelle) ont été inscrits le troisième ne l'a pas été (Centre<br />
d'administration et de recherche Heinz, dû à Skidmore Owings et Merrill). Les ministres<br />
n'étant pas tenus de motiver leurs décisions, on en est réduit à formuler des hypothèses<br />
sur les raisons qui les ont conduits à agir ainsi.<br />
97
Le repérage du patrimoine industriel en France: objectifs et méthode<br />
Claudine Cartier en collaboration avec P. Smith et C. Chaplain<br />
1. Introduction - Historique<br />
Le repérage du patrimoine industriel découle d'une volonté politique délibérée de<br />
la part du Ministère de la Culture, à partir de 1983, de prendre en considération ce<br />
patrimoine d'un genre nouveau, reconnaissance <strong>of</strong>ficielle de l'élargissement du champ<br />
patrimonial.<br />
Cette opération, d'envergure nationale, a été lancée au cours de l'année 1986 par<br />
la cellule du patrimoine industriel à la Sous-Direction de l'Inventaire général de la<br />
documentation et de la protection du patrimoine. Elle a été mise en place à la suite de<br />
la tenue d'un colloque organisé en France, en 1985, par le Conseil de l'<strong>Europe</strong>, sur le<br />
thème "Quelles politiques pour le patrimoine industriel '?<br />
Au cours de ces rencontres, les participants avaient émis des recommandations<br />
concernant ce patrimoine et, notamment, celle d'envisager "un inventaire général léger,<br />
étendu selon une spécificité et une grille propre à l'ensemble de l'<strong>Europe</strong>".<br />
Cette préoccupation venait corroborer les propos émanant d'un rapport du Ministère<br />
de la Culture, publié en 1983, et intitulé "Hommes, techniques et sociétés industrielles:<br />
traces et identités 2 ", dans lequel on peut lire: "Pour sortir de la pratique du coup par<br />
coup en matière d'intervention, il faut se donner les moyens de connaître l'état présent<br />
du patrimoine industriel. On propose pour cela de lancer une campagne de repérage des<br />
sites et immeubles, ainsi que des machineries, qui permettra d'établir une meilleure<br />
politique en matière de sauvegarde et de conservation".<br />
2. Les objectifs<br />
Depuis son lancement, le repérage du patrimoine industriel a obéi à deux ambitions<br />
complémentaires: la connaissance scientifique et la gestion patrimoniale.<br />
Pour répondre au premier objectif, il est nécessaire de constituer une photographie<br />
d'ensemble du patrimoine industriel français dans son état. Pour chaque site de<br />
production industrielle identifié, localisé, et visité, il s'agit de rassembler des réponses<br />
1 Quelles politiques pour le patrimoine industriel?<br />
Colloque international organisé conjointement parle Conseil de l'<strong>Europe</strong> et la section française de l'ICOMOS,<br />
avec le concours des Ministères français de la Culture, de l'Urbanisme, du Logement et des Transports, et<br />
de l'Ecole nationale des Ingénieurs des Travaux publics de l'Etat. Lyon, Vaulx-en-Velin, 22-25 octobre 1985.<br />
2 Noëlle Gérôme, Bernard Rignault, Jacques Vallerant, Hommes, techniques et sociétés industrielles :<br />
traces et identités, Ministère de la Culture, Dalloz, 1983, 112 p.<br />
99
très simples à une liste de questions toutes aussi simples: Comment s'appelle l'usine?<br />
Comment s'est-elle fait appeler par le passé? Que produisait-elle avant? Où se trouve-telle?<br />
A quels types d'énergie a-t-elle recours? S'y trouve-t-il encore des machines<br />
intéressantes? Des archives? En quoi les bâtiments sont-ils construits et quelles formes<br />
<strong>architectural</strong>es adoptent-ils?<br />
Ces éléments d'informations, collectés sur le terrain et dans les archives ou les<br />
études existantes, pour rassemblés et centralisés dans des dossiers normalisés identifiés<br />
par un bordereau, sont intégrés à la documentation nationale déjà constituée par<br />
l'Inventaire sur l'architecture "classique" et les objets mobiliers. Est ainsi constituée une<br />
masse énorme d'informations, ordonnées selon une grille d'analyse standardisée, la<br />
même pour chaque usine et pour chaque aire d'étude, de Dunkcrque à Nice.<br />
Mais, en ce qui concerne ces sites existants qui constituent le patrimoine industriel,<br />
c'est-à-dire les bâtiments abritant ou ayant abrité une activité industrielle ainsi que les<br />
machines de production s'y rapportant, le repérage peut fournir un état très complet,<br />
sinon exhaustif, pour connaître la localisation, par exemple, de toutes les usines textiles<br />
situées sur tel ou tel cours d'eau et datant d'avant 1848 ou pour étudier des machines<br />
à vapeur, des fours à chaux, des roues hydrauliques d'un type particulier.<br />
Le repérage du patrimoine industriel peut également servir d'outil plus pointu, plus<br />
Fin, dans l'avancement de la connaissance, dans l'identification de nouveaux champs<br />
d'enquête, soit pour les services du patrimoine, soit pour d'autres chercheurs: telle usine<br />
particulière, semble mériter une documentation et une analyse plus appr<strong>of</strong>ondie, et,<br />
partant, plus étendue; tel secteur industriel ou telle problématique transversale pourrait<br />
utilement faire l'objet d'un programme d'étude thématique du genre de ceux que la<br />
cellule a déjà pu coordonner sur les installations hydrauliques, sur les sites<br />
métallurgiques, sur les verreries, les briqueteries, le patrimoine minier...<br />
Voilà donc tous les objectifs d'ordre scientifique. Les connaissances ainsi acquises,<br />
ou promises, par le repérage, doivent répondre, en deuxième lieu, à des besoins de<br />
nature administrative et politique: la définition et la mise en œuvre de stratégies de<br />
sauvegarde et de protection, garantissant la survie de certains édifices ou de certaines<br />
machines, à léguer à la postérité. Le repérage aide à fournir ainsi des connaissances<br />
étendues, multiples, qui sont indispensables pour pouvoir sélectionner les éléments les<br />
plus remarquables, soit parce qu'ils sont exceptionnels, soit au contraire parce qu'ils<br />
sont représentai ifs d'un type d'industrie dans une région déterminée, soit parce qu'ils<br />
ont un intérCt technologique ou emblématique, voire symbolique.<br />
100
3. Descriptif du repérage<br />
En quoi consiste réellement ce repérage?<br />
Il s'agit, en fait, d'un recensement systématique et exhaustif qui, dans une aire<br />
géographique donnée, doit localiser et identifier tous les établissements industriels en<br />
activité ou désaffectés, ainsi que les infrastructures et les machines de production qui<br />
s'y rapportent afin de rassembler sur ces usines une documentation <strong>architectural</strong>e,<br />
historique et technique essentielle.<br />
L'une des ambitions majeures d'un tel inventaire réside dans la rapidité relative<br />
avec laquelle il est mené, et ce d'autant plus que ce patrimoine est particulièrement<br />
menacé de nos jours par les restructurations industrielles et les mutations<br />
technologiques.<br />
Il faut, néanmoins, considérer qu'il s'agit plutôt d'une opération à moyen terme,<br />
car 2 à 3 ans de travail sont nécessaires pour couvrir un département.<br />
L'aire d'étude de repérage est en effet le département et non le canton (unité<br />
territoriale réduite jugée peu significative pour le patrimoine industriel).<br />
Le choix du terrain d'enquête se fait en région en accord avec le responsable du<br />
service concerné.<br />
Au niveau chronologique cet inventaire est exhaustif pour les édifices industriels<br />
antérieurs à 1950. Une sélection doit être envisagée pour les établissements<br />
postérieurs à cette date (comme, par exemple, les centrales nucléaires) et cela afin<br />
d'éviter de prendre en compte les zones industrielles stéréotypées qui ont vu le jour<br />
au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. C'est un des rares cas de sélection<br />
autorisée pour ce repérage avec la mise en forme de dossiers collectifs. Mais, étant<br />
en présence d'un patrimoine particulièrement vulnérable, on sait que de toute façon<br />
s'opère une sélection que l'on pourrait qualifier de "naturelle" qui a été provoquée<br />
d'abord par les destructions massives des deux grandes guerres, puis par les<br />
reconversions économiques et la spéculation foncière de ces dernières décennies.<br />
Les édifices détruits ne sont pas répertoriés, sauf si des documents figurés ou écrits<br />
extrêmement précis permettent d'en restituer les dispositions <strong>architectural</strong>es.<br />
L'unité de recensement est le site industriel construit sur un fonds d'un seul tenant<br />
correspondant à une même unité de production. Mais il arrive souvent que l'on ait<br />
à traiter des sites industriels étendus, complexes ou éclatés sur deux fonds ou plus<br />
comme c'est le cas ici, dans le Nord-Pas-de-Calais pour le textile et les mines, ou<br />
en Lorraine pour la métallurgie; ces sites forment alors des ensembles industriels<br />
que l'on analyse comme tels.<br />
D'abord testé dans quatre régions "pilotes" (Basse-Normandie, Champagne-<br />
Ardenne, Picardie, Poitou-Charentes), le repérage du patrimoine industriel est<br />
101
actuellement en cours dans 14 régions sur 22, ce qui représente un peu plus d'une<br />
région sur deux à être impliquée dans cette opération.<br />
Organisation de l'enquête<br />
Avant de démarrer celle-ci, le chercheur devra, au préalable, effectuer une<br />
recherche documentaire minimale en bibliothèque et aux archives, afin d'établir un<br />
fichier des établissements industriels à recenser sur son département. Puis, l'enquête se<br />
fera commune par commune. Chacun des sites industriels repéré devra faire l'objet<br />
d'une visite complète des lieux de la part du chercheur, accompagné, dans la mesure<br />
du possible, par le photographe de l'Inventaire. Tout ce travail doit aboutir à l'ouverture<br />
d'un dossier patrimoine industriel correspondant à chacune des usines ainsi répertoriées.<br />
Ce produit fini, qui comprend textes et photographies, peut être plus ou moins riche<br />
d'informations suivant les cas (au gré du site et des sources historiques disponibles).<br />
Nous allons présenter successivement trois exemples de dossiers assez différents<br />
quant à leur contenu. Commençons par ce que nous pouvons qualifier de dossier<br />
"minimal". Il s'agit, en effet, d'un moulin à farine du département de l'Orne sur lequel<br />
le chercheur n'a pu obtenir que peu de renseignements. Le dossier de cette usine<br />
hydraulique ne comporte donc que sept documents:<br />
a) la fiche signalétique rosé éditée automatiquement par l'ordinateur, qui reprend, en<br />
les organisant, les informations du bordereau:<br />
- identification de l'édifice industriel<br />
- localisation précise,<br />
- rapide historique du site,<br />
- et sa description <strong>architectural</strong>e.<br />
b) la liste des documents d'archives et des ouvrages consultés lors de l'enquête<br />
historique du site;<br />
c) la table des illustrations contenues dans ce dossier;<br />
d) le plan de situation sur fond de carte I.G.N. au 1/25 000° qui sert à localiser<br />
l'édifice industriel dans la commune;<br />
e) l'extrait du plan cadastral actuel avec la parcelle où figure le bâtiment en question:<br />
0 un document figuré qui est un plan ancien trouvé par le chercheur dans les<br />
archives;<br />
g) enfin, une photographie de l'édifice réalisée lors de l'enquête de terrain.<br />
Le premier exemple a pu montrer en quoi consiste un dossier de repérage dans une<br />
version très simple. L'exemple suivant veut illustrer comment la méthode documentaire<br />
peut rendre compte d'un site plus exceptionnel par son ancienneté, par le matériel de<br />
fabrication qui y est conservé, et par l'importance des études, y compris fouilles<br />
102
archéologiques, déjà effectuées sur ce site. Il s'agit de la forge d'Aube, dans l'Orne, une<br />
forge d'affinerie de fer attestée, sur le même site, au milieu du XVI e siècle et peu<br />
modifiée dans ses configurations spatiales et ses installations techniques, par son<br />
utilisation tout au long du XIX e siècle et, jusqu'en 1944, comme fonderie de cuivre. Ce<br />
site est donc un site vedette, déjà protégé au titre des lois sur les monuments<br />
historiques, visité par le public et retenu pour une Encyclopédie internationale du<br />
patrimoine industriel, à paraître début 1992 3 .<br />
L'information historique et descriptive résumée sur les fiches rosés est bien plus<br />
détaillée, complétée par des notices et des annexes - photocopiées ou dactylographiées<br />
comprises dans le dossier. Celui-ci comporte aussi de nombreux documents<br />
cartographiques ou graphiques anciens, et une couverture photographique bien plus<br />
attentive: des vues d'ensemble des ateliers, des vues particulières de chaque atelier de<br />
fabrication, et des vues à l'intérieur des espaces de travail, notamment du gros marteau<br />
dont l'armature en bois rappellerait les dessins de l'Encyclopédie de Diderot et<br />
d'Alembert.<br />
Le troisième exemple que nous voulons donner, toujours pour sa forme, sa méthode<br />
et ses sources plus que pour son contenu, est une usine du XIX e siècle, l'usine Abadie<br />
construite à partir de 1866, une papeterie spécialisée dans le papier à cigarettes.<br />
Cette usine Abadie, un établissement employant environ 180 personnes tout au long<br />
de son existence était le principal employeur de la petite agglomération normande où<br />
elle est située. La recherche sur cette usine a permis de retrouver, notamment auprès<br />
d'anciens ouvriers de l'usine et dans l'usine elle-même, de nombreux éléments<br />
documentaires, reproduits dans le dossier: des documents d'architecture concernant non<br />
seulement les ateliers de production, mais aussi la crèche et les logements d'ouvriers<br />
construits entre les deux guerres. Il y a aussi des documents concernant les dispositifs<br />
commerciaux de l'entreprise, des aperçus de la vie sociale à l'usine, des postes de<br />
travail - tel le travail manuel de délissage, de découpage de chiffons - et d'autres détails<br />
sur les machines à papier, sur les manutentions, etc.<br />
La couverture photographique effectuée en 1988 nous montre une usine désaffectée,<br />
l'établissement ayant fermé ses portes en 1975, une dizaine d'années avant le début du<br />
repérage. Une photographie aérienne oblique permet de mieux saisir l'insertion de<br />
l'usine dans le paysage et sur le cours d'eau, tandis que les détails des ateliers - utilisés<br />
de nos jours comme entrepôts de stockage pour un supermarché - témoignent d'une<br />
architecture usinière particulière des années 1880.<br />
Nos trois exemples viennent tous du département de l'Orne en Basse-Normandie,<br />
l'une des premières régions "test" où le repérage était lancé en 1986. Le chercheur<br />
chargé de cette opération, Yannick Lecherbonnier, auteur donc de ces trois dossiers et<br />
de 318 autres pour l'ensemble de l'Orne, a mis environ trois années pour "traiter" ce<br />
département.<br />
3 The Blackwell Encyclopaedia <strong>of</strong> industrial Archaeology, Basil Blackwell, Oxford.<br />
103
4. Bilan global de l'opération du repérage<br />
Actuellement, 5 départements sont complètement inventoriés: il s'agit de l'Orne<br />
(321 dossiers), de la Charente (327 dossiers), de la Somme (283 dossiers), de l'Aube<br />
(150 dossiers) et de la Haute-Marne (242 dossiers) auxquels vient s'ajouter un très gros<br />
canton du Nord, celui d'Armentières, qui concerne à lui seul 107 édifices industriels<br />
repérés.<br />
Les corpus documentaires ainsi constitués tournent en moyenne autour de 300<br />
dossiers par département. Actuellement, près de 1 500 dossiers patrimoine industriel<br />
peuvent donc être facilement consultés par le public de l'Invemaire, à la fois en région<br />
et à Paris, au Centre national de documentation sur le patrimoine par le biais du réseau<br />
informatique.<br />
Par ailleurs, on peut signaler que quelque 5 000 autres bordereaux de dossiers de<br />
repérage sont déjà réalisés dans les différentes régions concernées, mais non encore<br />
intégrés dans la base nationale Architecture.<br />
5. Outils méthodologiques<br />
Nous voulons présenter maintenant les instrument méthodologiques qu'ulilisent les<br />
chercheurs sur le terrain dans les régions et qui structurent et harmonisent l'information<br />
et la documentation. D'abord donc le bordereau de repérage, cette double feuille qui<br />
rassemble les éléments d'information que nous pensons utile de collecter sur chaque<br />
site. C'est une espèce de "chcck-lisf, de précisions descriptives et historiques à vérifier<br />
dans les archives et lors des visites des usines. Les champs successifs correspondent,<br />
d'une manière segmentée et parcellisée pour Cire gérée par des ordinateurs, aux<br />
questions sommaires que nous avons évoquées. Les réponses, manipulées par<br />
l'informatique pour Ctrc mises dans une forme plus lisible, sont celles qui figurent sur<br />
la fiche en tôtc de chaque dossier. Les 52 champs de ce bordereau sont répartis en<br />
plusieurs grands chapitres: références documentaires, désignation, localisation, époque,<br />
auteur, aspects industriels, techniques, etc.<br />
6. Lexiques - informatique<br />
Certains champs nécessitent l'utilisation de lexiques définis d'avance. Parfois,<br />
certains de ces lexiques sont très limités et sont directement imprimés sur le bordereau,<br />
comme c'est le cas du champ DESSERTE, par exemple, pour lequel il n'y a qu'à<br />
entourer l'un des trois termes proposés. Pour les champs de la Description <strong>architectural</strong>e<br />
de la dernière page du bordereau, les chercheurs se servent des vocabulaires normalisés<br />
déjà élaborés pour décrire l'architecture "classique".<br />
Pour les besoins du repérage du patrimoine industriel, il a été nécessaire de créer<br />
quatre autres lexiques. Il s'agit du lexique des Dénominations, de celui des Parties<br />
constituantes et de ceux de l'Energie (Nalu et Motc), les trois derniers faisant référence<br />
aux différents bfltimcnts et ft certains équipements techniques - en l'occurrence<br />
énergétiques - du site industriel repéré. Ces lexiques ont été créés suivant le modèle du<br />
104
Thésaurus Architecture de l'Inventaire dans lequel ils sont venus s'intégrer. Parmi eux,<br />
le plus important est celui des Dénominations, puisqu'il est employé pour identifier et<br />
désigner l'édifice industriel en question.<br />
Il a été mis au point à la suite d'une réflexion menée à partir d'une documentation<br />
historique assez variée allant des dictionnaires encyclopédiques aux classifications<br />
industrielles et index thématiques, en passant par les enquêtes industrielles et les<br />
Annuaires de commerce. Il est aussi le fruit d'une concertation avec des spécialistes de<br />
certains secteurs industriels très complexes comme l'industrie chimique ou la<br />
métallurgie.<br />
Sa structure est basée sur les 14 branches d'activités présentées par le classement<br />
industriel français des services nationaux de la statistique et comporte plus de 200<br />
termes spécifiques.<br />
Ce lexique reste ouvert et est évolutif. Tout comme celui des parties constituantes,<br />
il a déjà subi des modifications et des ajouts en fonction des demandes justifiées de la<br />
part des chercheurs.<br />
Ce vocabulaire normalisé est entièrement imprimé et figure à la place qui lui est<br />
impartie dans le système descriptif de l'Architecture de l'Inventaire. Enfin, côté histoire<br />
des techniques, nous signalons qu'un autre lexique concernant les dénominations des<br />
machines de production est en cours d'élaboration à la cellule du patrimoine industriel.<br />
En conclusion, il est nécessaire de signaler l'importance de ce travail dans le<br />
domaine de la connaissance du patrimoine industriel. Surtout, la constitution de larges<br />
corpus permet de mieux hiérarchiser la protection, au titre de la loi sur les monuments<br />
historiques, de ce type de patrimoine constitué le plus souvent d'éléments représentatifs<br />
plus qu'exceptionnels. De plus, le repérage du patrimoine industriel permet de mieux<br />
appréhender ce patrimoine dans sa globalité, c'est-à-dire de faire le lien entre les<br />
différentes structures de production, mais aussi avec l'environnement technique et social<br />
(par exemple avec les logements patronaux ou ouvriers). Enfin, cela constitue la base<br />
des publications nécessaires à une meilleure prise en compte par le public.<br />
105
Méthodes <strong>d'inventaire</strong> du patrimoine industriel en Finlande<br />
et exemples d'application pratique<br />
Erkki Haro<br />
L'histoire de l'industrialisation de la Finlande rappelle, dans une large part, celle<br />
des autres pays Scandinaves - en particulier la Suède. Avant 1809 - date à laquelle la<br />
Finlande fut enlevée à la Suède et annexée par la Russie -, les installations<br />
hydrauliques, les petites forges et les scieries utilisant les ressources en bois étaient la<br />
colonne vertébrale de notre développement industriel.<br />
Les premières usines mécaniques et textiles importantes virent le jour au début du<br />
XIX e siècle. L'essor des scieries industrielles eut lieu dans les années 1870, suivi d'un<br />
développement notable des industries de la cellulose et de la pâte à papier, dans les<br />
dernières décennies du XIX e siècle. Au cours des décennies immédiatement postérieures<br />
à l'accession de la Finlande à l'indépendance (1917), l'industrie était plus nettement<br />
encore axée sur le traitement du bois et les installations mécaniques; à cette époque, en<br />
effet, la quasi-totalité des forges, par exemple, arrêtèrent leur activité. A la fin des<br />
années 1980, de nouveaux et pr<strong>of</strong>onds changements structuraux marquèrent l'industrie<br />
finlandaise: dans la plupart des villes anciennes, par exemple, les usines quittèrent le<br />
centre pour aller s'installer ailleurs. En raison de ces changements, l'inventaire des<br />
monuments industriels est actuellement l'un des axes centraux de l'étude historique de<br />
la civilisation finlandaise.<br />
En Finlande, en matière de monuments et de traditions industriels, l'inventaire et<br />
la recherche ont été répartis en quatre niveaux complémentaires:<br />
1. Inventaire des environnements industriels importants à l'échelon national.<br />
2. Inventaire général des monuments et sites d'importance historique et culturelle, aux<br />
échelons provincial et municipal. Les sites industriels sont englobés dans cet<br />
inventaire.<br />
3. Inventaires particuliers constituant une géographie des secteurs de tradition<br />
industrielle.<br />
4. Documentation exhaustive sur des environnements ou de petits ensembles de<br />
bâtiments industriels pris isolément.<br />
L'étude des environnements industriels de valeur culturelle à l'échelon national<br />
(niveau 1) a été mise en œuvre en 1988 par le ministère de l'Environnement. Elle visait<br />
essentiellement à fournir un tableau d'ensemble de l'évolution des traditions de<br />
l'architecture industrielle finlandaise en décrivant les environnements et édifices de<br />
différents secteurs industriels du pays.<br />
107
Cet inventaire s'est concentré sur l'état et l'usage actuel des environnements<br />
industriels de valeur culturelle. L'un des principaux objectifs a été de déterminer la<br />
manière dont ces environnements ont été préservés dans le cadre de divers plans<br />
d'utilisation des sols. La refonte de la loi de 1985 sur la protection des édifices a rendu<br />
cette tâche particulièrement importante.<br />
A la lumière des résultais obtenus jusqu'à présent, on peut dire que les inventaires<br />
généraux fondés sur des critères de sélection identique et couvrant l'ensemble du pays<br />
ont été très utiles en ce qu'ils ont mis l'accent sur la nécessité de sauvegarder les<br />
monuments les plus importants du point de vue de notre tradition industrielle. Dans le<br />
cas de nombreux environnements industriels, on a ainsi été amené à réexaminer la<br />
politique trop généreuse d'octroi des permis de construire dans les anciens plans<br />
d'utilisation des sols.<br />
L'étude des environnements industriels d'importance historique a porté sur quelque<br />
200 lieux - dont un grand nombre sont de vastes ensembles industriels. Elle a permis<br />
de recommander l'inscription de certains lieux finlandais (les docks de Suomenlinna,<br />
l'usine de carton de Verla, la papeterie de Sunila) sur la liste du <strong>Patrimoine</strong> mondial -<br />
en tant qu'exemples parmi les plus remarquables de la tradition finlandaise en matière<br />
de construction.<br />
Le niveau 2 consiste dans l'inventaire, aux échelons provincial et municipal, des<br />
monuments industriels caractéristiques des traditions de construction et ayant, à ce titre,<br />
une valeur culturelle. On peut, par exemple, dans tel ou tel secteur géographique,<br />
évaluer l'importance de l'environnement industriel, parallèlement à l'architecture rurale<br />
ou militaire. Par ailleurs, les études à ce niveau fournissent des informations sur des<br />
bîUimcnts industriels ne présentant qu'une importance locale, ou ayant cessé toute<br />
activité depuis longtemps.<br />
En se fondant sur les travaux du département d'histoire de l'architecture de l'Office<br />
national des antiquités et des monuments historiques, on peut dire que l'inventaire des<br />
bâtiments industriels - et, plus généralement, de toutes les traditions industrielles - a une<br />
utilité maximale lorsqu'il est réalisé par secteur (niveau 3). On mesure mieux<br />
l'efficacité de cet inventaire si l'on compare les excellents résultats obtenus et les<br />
moyens très limités qui peuvent Cire consacrés à ce type d'opération - tout au moins<br />
dans un petit pays comme la Finlande.<br />
L'avantage essentiel de ces inventaires est d'<strong>of</strong>frir un tableau global des différents<br />
types d'installations de tel ou tel secteur industriel, dans des conditions géographiques<br />
et économiques différentes et à des époques différentes. Seules ces informations<br />
permettent rétablissement d'un programme de protection objectif pour le secteur en<br />
question. L'analyse sectorielle <strong>of</strong>fre des possibilités d'appr<strong>of</strong>ondissement et peut<br />
déboucher également sur une coopération avec différentes branches scientifiques.<br />
En Finlande, on a effectué des inventaires sectoriels notamment pour les verreries,<br />
les forges et les ateliers de fabrication du cuivre, In construction de canaux et de<br />
chemins de fer. De nouvelles études sont prévues, entre autres, sur les briqueteries, les<br />
108
scieries et les anciennes centrales électriques. Les <strong>méthodes</strong> mises en œuvre <strong>of</strong>frent<br />
aussi de bonnes possibilités de coopération internationale. Pour ce qui est des études<br />
mentionnées ci-dessus, une coopération est déjà prévue entre les quatre pays<br />
Scandinaves. On peut espérer qu'elle se concrétisera.<br />
Les forges et les ateliers de fabrication du cuivre sont un bon exemple <strong>d'inventaire</strong><br />
sectoriel réussi. L'Office national des antiquités et des monuments historiques s'est<br />
d'abord livré à un inventaire de toutes les activités industrielles qui présentent de<br />
l'intérêt pour la production métallurgique des années 1980. A ce stade, l'étude ne portait<br />
pas sur la conservation des bâtiments. Elle avait pour but essentiel de localiser très<br />
précisément les édifices et structures, ainsi que ceux présentant un intérêt archéologique<br />
particulier. Pour de nombreuses forges elle a été complétée par des analyses relatives<br />
à l'histoire, à l'équipement technique, à la tradition ouvrière, aux produits, et aux<br />
réseaux de transport.<br />
Grâce à ce tableau à plusieurs facettes, le Département d'histoire de l'architecture<br />
de l'Office national des antiquités et des monuments historiques est parvenu à une assez<br />
bonne répartition des moyens économiques. Il a ainsi été possible de préserver les<br />
édifices de l'industrie métallurgique qui sont essentiels pour leur valeur historique. Un<br />
bon exemple en est la restauration de la forge de Leineperi (à Kullaa), créée pour le<br />
traitement du minerai importé de Suède au XVIII e siècle. Autre exemple: l'usine de<br />
Môhkô (à Ilomantsi), créée dans la première moitié du XIX e siècle et utilisant le minerai<br />
des lacs finlandais.<br />
Le niveau 4 consiste, dans la pratique, en une étude et une documentation détaillées<br />
portant sur des bâtiments ou des ensembles de bâtiments clairement délimités; il s'agit<br />
aussi, dans certains cas, d'une étude au plan de l'archéologie industrielle. En Finlande,<br />
ce type d'étude est effectué tout particulièrement lorsqu'un site est menacé de<br />
démolition ou que sa reconversion est prévue.<br />
En résumé, on peut affirmer que, ces dernières années, la tradition industrielle dont<br />
les anciennes usines sont la partie la plus visible - a pris de l'importance, en Finlande,<br />
dans le cadre des études historiques et culturelles. La principale raison en est que les<br />
zones industrielles d'importance historique et culturelle ont subi récemment de pr<strong>of</strong>onds<br />
changements.<br />
En Finlande, comme dans d'autres pays d'<strong>Europe</strong>, les mutations structurelles du<br />
secteur industriel ont abouti à une sous-utilisation, voire à une évacuation totale,<br />
d'ensembles industriels parfois très importants - situés le plus souvent dans les centres<br />
villes. En plusieurs endroits, cette brutale évolution a eu des effets importants sur<br />
l'environnement. Ce phénomène n'a été que très peu ralenti par l'actuelle récession.<br />
Les anciens environnements industriels constituent une ressource économique non<br />
négligeable et représentent aussi des valeurs historiques et culturelles diverses,<br />
difficilement mesurables. C'est pourquoi il est nécessaire et urgent de définir ces valeurs<br />
et la tradition industrielle en général.<br />
109
Si l'on en juge par l'expérience finlandaise - particulière par la nature des traditions<br />
industrielles et les moyens limités pouvant être consacrés aux bâtiments qui en sont les<br />
témoins -, l'inventaire atteint son efficacité maximale lorsqu'il est réalisé presque<br />
simultanément à plusieurs niveaux complémentaires. Il est à noter qu'en Finlande, il<br />
n'existe pas de formation destinée aux personnes spécialistes dans la recherche en ce<br />
domaine. On a obtenu les meilleurs résultats - en termes <strong>d'inventaire</strong> - lorsqu'on a pu<br />
organiser une coopération entre différentes branches scientifiques.<br />
Du fait que l'histoire de l'industrie est pratiquement la même dans toute l'<strong>Europe</strong><br />
et en Amérique du Nord - qu'on envisage les caractéristiques essentielles ou l'évolution<br />
par étapes du secteur industriel -, l'inventaire des traditions industrielles est une<br />
excellente base pour toute coopération internationale, au niveau non seulement de la<br />
théorie mais aussi de la mise en œuvre.<br />
110
Le patrimoine industriel de la Russie<br />
L'inventaire des monuments historiques<br />
Katya Sherban<br />
En Russie, l'étude et la sélection des monuments industriels font partie depuis<br />
quinze ans de l'inventaire du patrimoine. L'intérêt pour l'architecture industrielle<br />
s'inscrit dans une nouvelle orientation générale des travaux de conservation. Cette<br />
tendance se caractérise par l'élargissement sous divers rapports du patrimoine<br />
<strong>architectural</strong> étudié, inclus dans l'inventaire et préservé.<br />
Les principaux éléments de ce processus sont:<br />
1. l'abaissement de "l'âge" des bâtiments qui peuvent être inclus dans l'inventaire (ce<br />
qui signifie que les édifices de 1850-1950 y seront inclus);<br />
2. l'incorporation de nouveaux types de bâtiments;<br />
3. l'élargissement des frontières stylistiques du patrimoine étudié (c'est là un<br />
problème particulier lié à l'idéologie au pouvoir dans notre pays; en effet, il y a<br />
encore dix à quinze ans, il était, par exemple, interdit d'étudier les styles<br />
"éclectiques" de la seconde moitié du XIX e siècle ainsi que l'art nouveau, considéré<br />
comme "réactionnaire");<br />
4. l'intérêt non plus seulement pour les bâtiments isolés mais aussi pour des groupes<br />
de monuments qui forment ensemble l'unité artistique du cadre <strong>architectural</strong>,<br />
conception dite contextuelle ou environnementale du patrimoine historique.<br />
Nous observons que cette conception est tout à fait à l'ordre du jour dans les pays<br />
européens.<br />
Grâce à ces éléments, l'attention et l'intérêt se sont portés sur les bâtiments<br />
industriels. Le service de l'Inventaire général des œuvres <strong>architectural</strong>es de Russie a<br />
commencé les travaux liés au patrimoine industriel dans la région d'Ivanovo-<br />
Voznesensk, à 200 km au nord de Moscou.<br />
Ce district est réputé pour ses complexes textiles. Au XVIII e siècle, les paysans de<br />
l'Etat commencèrent à y fabriquer des cotonnades dans de petites filatures. L'un des<br />
très rares monuments de cette période est l'exceptionnel barrage en bois construit au<br />
début du XVIII e siècle sur la rivière Teza, le long de laquelle majorité des filatures sont<br />
situées. Il ne reste aucun vestige des premières filatures, et nous avons donc étudié les<br />
grandes manufactures construites ultérieurement, dans la seconde moitié du XIX e siècle.<br />
Nous nous sommes d'abord limités aux bâtiments industriels mais très vite, nous en<br />
sommes venus à la conclusion qu'il fallait préserver toutes les structures liées à<br />
l'industriel textile qui présentent un grand intérêt historique, <strong>architectural</strong> et<br />
111
urbanistique. A la fin du XIX e et au début du XX e siècles, on a vu apparaître dans les<br />
environs d'Ivanovo-Voznesensk de grandes zones d'habitation construites par les<br />
manufacturiers riches et instruits. Les agglomérations en tournant les complexes<br />
industriels ont été conçues comme des cités-jardins. L'exemple le plus intéressant en<br />
est la ville de Vichuza qui s'est édifiée entre 1870 et 1919 autour des manufactures de<br />
Konovalov et fils. On trouve là les composantes de l'idéal urbanistique de l'époque et<br />
certains détails paraissent même naïfs (il est intéressant de noter que le propriétaire de<br />
la manufacture avait l'habitude de prendre le thé sur une petite île située au centre d'un<br />
lac devant la façade de la manufacture).<br />
Près de la manufacture, se trouvent l'ensemble des bâtiments civils, construits entre<br />
1880 et 1910 dans les styles "éclectique", "byzantin russe" et néo-classique" (le grand<br />
foyer des travailleurs appelé la "Maison du peuple", la crèche, le café, l'église, etc.),<br />
ainsi que le manoir de Konovalov. A l'ouest du foyer, un grand parc comporte des<br />
zones spécialement aménagées pour le tennis et le cricket, et un hôpital de style néoclassique<br />
a été édifié à l'une des extrémités du complexe urbanislique. Au nord par<br />
rapport au centre de la ville industrielle, s'est formée entre 1910 et 1920 une petite cité<br />
ouvrière composée de quarante à cinquante maisonnettes en bois pour les familles des<br />
ouvriers qualifiés.<br />
En conclusion, on peut souligner l'opportunité lorsque l'on s'occupe du "jeune"<br />
patrimoine de 1850 à 1950, d'élaborer un système de critères de sélection. Bien sûr,<br />
dans certains cas comme celui de l'industrie textile autour d'Ivanovo-Voznesensk en<br />
Russie, il faut essayer de préserver ou du moins d'étudier tous les monuments (comme<br />
nous l'avons déjà fait). Cependant, dans l'impossibilité de tout préserver, nous devons<br />
sélectionner ce qui nous voulons absolument conserver. A propos du patrimoine<br />
industriel, je pense qu'il faut recourir principalement à deux groupes de critères. Dans<br />
le premier groupe on trouve aux deux extrêmes, les éléments uniques (en matière de<br />
style, de type, de période, etc.) cl les composantes typiques. La rareté est l'une des<br />
subdivisions des critères au centre de ce groupe.<br />
Le second groupe de critères se rattache à la préservation des ensembles<br />
architecturaux, etc. (critères dits environnementaux). Ici, il faut étudier et évaluer les<br />
qualités du monument et de l'environnement et leurs supports, leur correspondance<br />
artistique et historique.<br />
112
Introduction<br />
<strong>Patrimoine</strong> industriel aux Pays-Bas: les châteaux d'eau<br />
Peter Nijh<strong>of</strong><br />
Dans le domaine de la protection des monuments antérieurs à 1850, les Pays-Bas<br />
peuvent se prévaloir d'une longue tradition. En revanche, les monuments industriels de<br />
la période 1850-1940 ne doivent qu'à la chance ou au hasard d'avoir été classés<br />
"monuments nationaux".<br />
D'après les statistiques <strong>of</strong>ficielles, sur environ 44 000 monuments nationaux,<br />
quelques centaines seulement peuvent être considérés comme des monuments<br />
industriels ', ce qui s'explique en partie par le fait que, dans les années 60 et 70, au<br />
moment où l'on a procédé au classement des monuments anciens, on n'a pas, dans<br />
l'ensemble, su apprécier cette vaste catégorie d'édifices. La raison principale en est le<br />
début relativement tardif, aux Pays-Bas, de la "première révolution industrielle" - qui<br />
date de la seconde moitié du XIX e siècle seulement. Autrement dit, la plus grande partie<br />
du patrimoine industriel néerlandais est postérieure à 1850 et les éléments qui le<br />
composent n'ont, de ce fait, été classés que dans des cas exceptionnels. C'est pourquoi,<br />
sur les quelque 200 châteaux d'eau néerlandais encore existants, moins d'une dizaine<br />
sont classés à l'heure actuelle.<br />
Toutefois, le programme national <strong>d'inventaire</strong> des monuments de la période 1850-<br />
1940 (NflP) est presque terminé - comme nous l'a déjà exposé ma collègue,<br />
Marieke Kuipers. Grâce à quoi, pour la première fois dans notre "histoire<br />
monumentale", les monuments industriels seront systématiquement sélectionnés et<br />
inventoriés dans le cadre du Projet national de sélection des Monuments (MSP), qui<br />
vient de démarrer.<br />
Comme dans le cas .du Programme <strong>d'inventaire</strong> des monuments (MIP), l'approche<br />
géographique - par le biais de quelque 60 périmètres <strong>d'inventaire</strong> a une importance<br />
cruciale pour le MSP. L'approche catégorielle, en revanche, fait largement défaut en<br />
particulier pour les monuments industriels. Combler cette lacune a été l'un des<br />
principaux motifs de création de l'Institut néerlandais du patrimoine industriel, à la fin<br />
de 1991. Cette fondation privée est née des recommandations de la Commission<br />
consultative <strong>of</strong>ficielle du patrimoine industriel - laquelle avait conseillé au ministre de<br />
la Culture, en 1989, de la mettre en place, ce qu'il fit en décembre 1991 2 . L'Institut<br />
Tous les documents sont publiés uniquement en néerlandais.<br />
1 Anniversal Report Rijksdienst voor de Monumentenzorg. Zeist, 1992.<br />
2 Industrial Héritage and The Art <strong>of</strong> Destruction. Advice <strong>of</strong> thé Commission Industrial Héritage. Zeist,<br />
1989 and: Standpoint <strong>of</strong> thé Minister <strong>of</strong> Culture. Rijswijk, 1992.<br />
113
du patrimoine industriel (ou PIE) reçoit, pendant quatre ans, des fonds du ministère de<br />
la Culture, afin de rattraper le retard dans le domaine du patrimoine industriel et de faire<br />
de celui-ci un sujet d'intérêt public et un élément inséparable de notre culture. En<br />
collaboration étroite avec le secteur privé et les autorités, le PIE prend des initiatives<br />
dans les domaines de l'inventaire, de la sélection, de la conservation, de la réaffectation,<br />
de la réhabilitation, de l'éducation, de l'information, du tourisme et des loisirs - le tout,<br />
en rapport avec le patrimoine industriel. L'une de ses missions consiste à aider les<br />
responsables du Projet de sélection des monuments à élaborer des <strong>méthodes</strong> de<br />
documentation et à établir des critères de sélection pour une quarantaine de grands<br />
secteurs industriels, les différentes catégories de monuments industriels et les régions<br />
dans leur ensemble.<br />
Cette action sera menée en collaboration étroite avec les nombreuses associations<br />
privées qui se concentrent sur des thèmes spécifiques relatifs aux différents types de<br />
patrimoine industriel ainsi qu'avec les universités 3 . D'ailleurs, un grand nombre de<br />
travaux conjoints ont déjà été réalisés. Ainsi, l'Université technique de Delft a mis en<br />
œuvre des projets de recherche sur les matériaux de construction et les constructions<br />
modernes 4 , ou encore sur les écluses. Des études <strong>d'inventaire</strong> assez semblables -<br />
privées et gouvernementales - ont déjà été publiées à propos de catégories telles que les<br />
monuments ferroviaires 3 , les phares 6 et les monuments miniers 7 . Sur le plan<br />
régional, un excellent - mais encore trop rare - exemple <strong>d'inventaire</strong> du patrimoine<br />
industriel est fourni par les travaux de la province du Limbourg 8 .<br />
Le programme de recherche du PIE, étalé sur quatre ans, prévoit d'autres études<br />
catégorielles sur les ponts, les stations de pompage, les châteaux d'eau, etc. Etant donné<br />
sa durée d'existence et son budget limités, le PIE ne peut avoir pour objectif de couvrir<br />
tout le champ du patrimoine industriel. Toutefois, il devrait être possible, grAcc à<br />
l'ensemble des études-pilotes spécifiques qu'il a réalisées, de définir une méthodologie<br />
en vue de l'inventaire et de la sélection systématiques des monuments industriels en<br />
général, méthodologie que d'autres experts et organisations pourront appliquer à des<br />
secteurs non encore analysés. Nombre d'entre eux ont d'ailleurs déjà élaboré des projets<br />
<strong>d'inventaire</strong> et de documentation; mais, dans leur majorité, ces projets sont loin d'être<br />
1992.<br />
3 Umlcr stcnm. Acliviiy-progmm 1992-1995 <strong>of</strong> The Nclhcrlmuls Instilutc <strong>of</strong> Inclustrinl Hcrilngo. Zcisi.<br />
' Oosicrli<strong>of</strong>f. J. (éd.), c.o.. Building» 1800-1940. Rcvicw nnd lypology. Dclfi. 1989. The siudy on sluiccs<br />
is forcBccn 10 bc publishcd ultimnic 1992.<br />
5 Mccno, J.G.C. vnn do. nnd P. Nijh<strong>of</strong>, Rmlwnymonumcnls in Tho Nclhcrlmuls. Amsterdam. 1985.<br />
* Crommclm. L.. nnd M. vnn Suchtclcn, Dulcli lighihouncs. Building liisiory nnd organisai ion. Nicuwkoop,<br />
1978.<br />
7 Invcniory <strong>of</strong> mining monuments in iho province <strong>of</strong> Utnlnirg, Hccrlcn. 1978.<br />
1 Dnm-Schocmnnn, M., nnd J.C.J.M. Slnrmnn*. liuliisirinl herilngo in thé province <strong>of</strong> Liinhurg.<br />
Lccuwnrilcn/Mnnslrichl, 1990.<br />
114
complets; il leur manque notamment un ensemble cohérent de critères de sélection et<br />
de protection des monuments. L'un des organismes en question est l'Association<br />
nationale des châteaux d'eau (NWS), dont la documentation a servi de base au présent<br />
exposé 9 .<br />
Méthode d'enquête<br />
La NWS est un organisme privé, fondé en 1990. L'un de ses promoteurs - H.<br />
Rienks (de l'Université technique de Delft) - avait déjà, dans les années 80, rassemblé<br />
une documentation sur les châteaux d'eau avec l'aide d'autres chercheurs bénévoles,<br />
intéressés par le sujet. La documentation en question porte sur plus de 400 châteaux<br />
d'eau, dont 200 subsistent aujourd'hui.<br />
Tous les châteaux d'eau existants ont été visités et photographiés. Ce travail sur le<br />
terrain a été complété par des recherches, dans les archives et les bureaux, sur<br />
l'ensemble des châteaux d'eau - existants ou disparus. En fonction des documents<br />
disponibles, de nouvelles illustrations viennent donc enrichir ce travail - depuis des<br />
photos historiques jusqu'aux plans de construction originaux.<br />
Depuis le début de cet effort de documentation, de nombreux changements ont eu<br />
lieu, mais n'ont pu être systématiquement vérifiés sur le terrain, faute de temps et<br />
d'argent - il ne faut pas oublier que l'on a affaire à des bénévoles ! Si bien que l'une<br />
des tâches de la NWS pour les quelques années à venir va être d'actualiser sa<br />
documentation grâce à des activités sur le terrain.<br />
Structure des données<br />
Pour vous donner une idée de l'organisation de cette documentation, nous<br />
prendrons un exemple. - le château d'eau de Hoogwoud, dans la province de Noord-<br />
Holland.<br />
La province de Noord-Holland a utilisé cette documentation pour sélectionner et<br />
classer les châteaux d'eau sur le plan régional 10 . Le rapport de classement des<br />
châteaux d'eau ainsi sélectionnés décrit ceux-ci selon une grille très semblable à<br />
l'organisation des données dans la documentation de la NWS:<br />
Description générale:<br />
Ville ou village-<br />
Adresse<br />
Date(s) de construction<br />
Architectes/constructeurs/...<br />
' Nederlandse Watertoren Stichting (NWS). Activities and projects 1992 and coming years. Nieuwerkerk<br />
a/d. Ussel, 1992.<br />
1991.<br />
10 Boer, H. de, e.o., Watertowers in Noord-Holland. Provincial Monuments Noord-Holland. Haarlem,<br />
115
Société de construction (ou immobilière)<br />
Propriétaire(s)<br />
Etat actuel (en usage ou non, état de conservation, projets de démolition, de<br />
transformation ou de réutilisation, etc.)<br />
Le château d'eau<br />
Forme<br />
Matériau(x) de construction<br />
Hauteur<br />
Construction<br />
Autres éléments (comparaison avec d'autres châteaux d'eau semblables,<br />
spécifications techniques, etc.)<br />
Le réservoir<br />
Forme<br />
Matériau(x) de construction<br />
Quantité d'eau contenue dans le réservoir<br />
Capacité<br />
Niveau d'eau le plus élevé<br />
Dimensions<br />
Autres éléments (voir paragraphe "Château d'eau", ci-dessus)<br />
Completude des données<br />
En comparant la documentation de la NWS et la "Fiche minimum de données<br />
documentaires pour l'inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong>" du Conseil de l'<strong>Europe</strong>, on<br />
peut tirer deux conclusions:<br />
a. Les données du CE qui manquent dans la documentation de la NWS pourront Être<br />
rajoutées sans aucune difficulté lors de l'informatisation de cette dernière. Ces<br />
données sont les suivantes:<br />
.1.1.: Nom de l'édifice (n.b.: inapplicable aux châteaux d'eau néerlandais, qui<br />
n'ont pas de nom)<br />
.1.2.: Numéro d'identification individuel<br />
.1.3.: Pays, région; référence cartographique<br />
.2.1.: Fonction d'origine de l'édifice<br />
.4.1.: Statut de protection<br />
b. Les renseignements techniques fournis par la documentation de la NWS dépassent<br />
de loin les exigences minimales du CE.<br />
Utilisation et usagers<br />
Actuellement, In documentai ion de la NWS n'a pas de statut <strong>of</strong>ficiel, vu qu'il ne<br />
s'agit "que" d'une initiative privée et qu'elle n'a pu Cire publiée - en raison de son<br />
énorme volume et du manque de fonds. Ces raisons, expliquant aussi qu'elle n'ait pu,<br />
jusqu'à présent, Ctrc informatisée. Néanmoins, toutes les personnes qui, aux Pays-Bas,<br />
116
s'occupent des châteaux d'eau peuvent utiliser cette documentation, et le font<br />
effectivement, notamment dans le cadre de travaux <strong>of</strong>ficiels, tels que le rapport de<br />
classement de la province de Noord-Holland (1991), ou, tout récemment également, une<br />
publication relative à l'ensemble des châteaux d'eau de la province d'Utrecht ".La<br />
documentation en question a aussi servi de base à la première étude générale des<br />
châteaux d'eau néerlandais (1989) - la seule à ce jour 12 .<br />
Dans les années à venir, la NWS prévoit d'informatiser l'intégralité de sa<br />
documentation et de la publier sous la forme d'une série d'ouvrages régionaux édités<br />
grâce au soutien financier des compagnies d'adduction d'eau régionales et provinciales.<br />
Par ailleurs, la NWS travaille également à la définition de critères de protection<br />
d'une série de châteaux d'eau représentative - choisie suivant une typologie englobant<br />
la construction, les matériaux de construction, le type de réservoirs d'eau, le style<br />
<strong>architectural</strong>, les constructeurs et architectes.<br />
Enfin, la NWS a été chargée par l'Institut néerlandais du patrimoine industriel<br />
(PIE) d'établir un ensemble de schémas en vue de la réutilisation et de la réadaptation<br />
des châteaux d'eau, en prenant pour base les types de construction dominants. En cas<br />
de désaffectation d'un château d'eau, ces schémas devront constituer une première<br />
indication, facile à décrypter, des possibilités de réutilisation et de réadaptation.<br />
Un autre objectif du PIE est d'informatiser, d'après un programme informatique de<br />
base, l'ensemble des systèmes de documentation catégoriels et géographiques (existants<br />
et futurs) sur le patrimoine industriel. De cette manière, toutes les informations<br />
provenant des divers "producteurs" pourront être reliées et utilisées selon les mêmes<br />
procédures - sans aucun problème de conversion ou de recherche pour l'usager moyen.<br />
Un autre pas en avant sera la coopération étroite du PIE et du Rijksdient voor de<br />
Monumentenzorg. Dans ce contexte, mon collègue Job van Laar est chargé de la<br />
coordination et de l'intégration des systèmes de documentation, privés et publics, portant<br />
sur tous les sujets intéressant les travaux du Rijksdienst. L'an prochain, sera créé, au<br />
sein du Rijksdienst, un département spécialisé dans l'information, la documentation, la<br />
recherche et la communication, qui devra notamment connecter tous les systèmes de<br />
documentation appropriés au Système national d'enregistrement des monuments - lequel<br />
est déjà informatisé et renferme l'ensemble des monuments nationaux classés. La "Fiche<br />
minimum de données documentaires" du Conseil de l'<strong>Europe</strong> sera évidemment l'une des<br />
bases de cette ambitieuse opération, qui durera jusqu'à<br />
la fin des années 90.<br />
11 Blijdenstijn, R., and H. Rienks, Watertowers (in thé province Utrecht). Utrecht, 1992.<br />
12 Veen, H. van der, Watertowers in The Netherlands. Rotterdam, (1989).<br />
117
Synthèses et débats sur les problèmes de méthode<br />
Présidence: John HUME
Rapport de synthèse: les <strong>méthodes</strong> d'enquête et de sélection<br />
Monique Chatenet<br />
Les trois thèmes traités - patrimoine rural, patrimoine urbain, patrimoine industriel -<br />
dans le vaste tour d'horizon européen de ces journées nantaises ont donné lieu à de très<br />
riches communications et à de multiples interventions qu'il serait vain de vouloir<br />
résumer ici dans toute leur variété. Il paraît en revanche essentiel de souligner l'image<br />
générale de cohérence de convergence qui s'en dégage en dépit de la diversité des<br />
contextes.<br />
I. La notion <strong>d'inventaire</strong><br />
Avant même d'aborder les <strong>méthodes</strong> d'enquête et de sélection, il est important de<br />
constater qu'au cours des dix dernières années la notion même <strong>d'inventaire</strong> s'est<br />
resserrée à travers l'<strong>Europe</strong>, en particulier sur les quatre points suivants:<br />
1. Des finalités pratiques<br />
L'inventaire de pure connaissance, naguère dominant, a perdu du terrain au pr<strong>of</strong>it<br />
<strong>d'inventaire</strong>s conçus plus directement en relation avec la protection du patrimoine, qu'il<br />
s'agisse d'une protection de type "Monument historique", ou d'une simple prise en<br />
compte du patrimoine dans des plans d'urbanisme. L'évolution de l'inventaire français<br />
est, à cet égard, particulièrement symptomatique.<br />
2. Une conception élargie de la notion de patrimoine<br />
Dans toute l'<strong>Europe</strong>, les inventaires ont désormais adopté l'acceptation large du<br />
terme "patrimoine" et prennent en compte de manière de plus en plus globale<br />
l'architecture vernaculaire, le patrimoine industriel, l'habitat urbain de la seconde moitié<br />
du XIX e siècle et du XX e siècle. Cette évolution n'est pas sans poser des problèmes<br />
difficiles à résoudre, problèmes pratiques pour appréhender rapidement un nouveau<br />
corpus aux dimensions considérables, problèmes scientifiques et méthodologiques pour<br />
analyser l'interaction de ces divers patrimoines et de leur intégration dans l'espace<br />
urbain ou rural, ou encore pour fixer de nouveaux repères chronologiques, catégoriels,<br />
qualitatifs...<br />
3. Le sentiment de l'urgence<br />
Tous les intervenants, quel que soit le thème traité, quel que soit le pays d'<strong>Europe</strong><br />
étudié, ont unanimement souligné l'urgence d'inventorier le patrimoine en raison des<br />
bouleversements pr<strong>of</strong>onds et très rapides qu'il subit actuellement. Ainsi que nous l'on<br />
rappelé avec force nos collègues polonais, roumains, hongrois, russes, le patrimoine du<br />
centre de l'est de l'<strong>Europe</strong> va connaître au cours de la prochaine décennie des<br />
destructions aussi considérables que durant la dernière guerre mondiale. A l'ouest, les<br />
121
mutations industrielles et agricole entraînent également des modifications brutales. Il est<br />
donc plus que jamais nécessaire de se conformer à cette formule désormais célèbre<br />
énoncée par notre collègue polonais "it is better to know something about everything<br />
than to know everything about something".<br />
4. L'utilisation de l'informatique<br />
A des degrés divers, les nouvelles technologies s'intègrent désormais aux opérations<br />
<strong>d'inventaire</strong>, que le passage à l'informatique soit déjà fait, en cours ou seulement à<br />
l'étude. Les conséquences en sont importantes sur les <strong>méthodes</strong> de travail, car les<br />
immenses possibilités de diffusion <strong>of</strong>fertes par l'informatique impliquent une grande<br />
rigueur de conception et d'exécution.<br />
A cet égard, on assiste à un très net rapprochement des points de vue entre les<br />
institutions qui prônaient une diffusion des inventaires par des bases de données<br />
informatiques, et celles qui préféreraient l'édition classique, les deux produits ayant<br />
révélé une très utile complémentarité: l'informatique, avec ses immenses possibilités<br />
d'enregistrement rapide des données est un élément essentiel pour un partenariat avec<br />
les gestionnaires du patrimoine. C'est également un réservoir de connaissances<br />
inégalables. En revanche, le livre reste l'outil de communication principal, que ce soit<br />
auprès du grand public ou, au contraire, de la communauté scientifique la plus<br />
exigeante.<br />
II. Méthodes d'enquête et de sélection<br />
Etant donné la diversité des situations, des finalités, des moyens, des œuvres<br />
inventoriées, on constate évidemment une grande disparité des pratiques. Trois points<br />
de convergence se dégagent néanmoins.<br />
1. La fiche individuelle de recensement<br />
La volonté commune d'agir rapidement, jointe à l'emploi plus général de<br />
l'informatique ont rendu nécessaire l'élaboration d'une sorte de "carte d'identité" de<br />
chaque édifice recensé, fiche sommaire d'identification et de localisation réduite à des<br />
informations essentielles mais rédigée avec vigueur pour permettre un codage des<br />
données. Cette "fiche minimum", accompagnée de documents cartographiques et<br />
photographiques, est pratiquée par la plupart des pays. Mais si elle constitue un format<br />
d'échange indispensable, de nombreux intervenants ont tenu ft signaler qu'elle ne peut<br />
aucunement dispenser des analyses plus appr<strong>of</strong>ondies que nécessitent les travaux de<br />
restauration par exemple.<br />
2. Lu sélection<br />
Certains inventaires enregistrent la totalité des œuvres repérées. Mais la plupart<br />
procèdent par sélection. Les sélections, quelles soient empiriques ou plus raisonnécs,<br />
combinent essentiellement trois techniques: typologie, topographie, chronologie.<br />
122
Une sélection typologique a pour effet de choisir à l'intérieur d'une catégorie ou<br />
"famille" d'édifices (maisons, moulins...) les œuvres les plus représentatives de chacun<br />
des types que contient la famille.<br />
Une sélection topographique fait ressortir des ensembles, c'est-à-dire les relations<br />
de complémentarité entre les différents composants du paysage urbain ou rural: lien<br />
entre l'usine et l'habitat: lien entre la ferme et tous les éléments bâtis et non bâtis du<br />
paysage agricole (bergeries, terrasses de culture, haies...).<br />
La sélection chronologique, quant à elle, procède par périodes de construction.<br />
Tous les inventaires qui recourent à la sélection combinent en fait les trois critères,<br />
mais dans des proportions diverses. La France insiste plus fortement sur la typologie,<br />
l'Italie ou la Hollande sur la topographie, la chronologie restant pour beaucoup<br />
l'élément primordial.<br />
Néanmoins, et sans doute en raison d'un pragmatisme grandissant, l'intérêt se<br />
manifeste de plus en plus généralement pour le critère topographique: la notion de<br />
terroir rural, de tissu urbain devient essentielle et Nicholas Cooper a montré de manière<br />
saisissante l'interaction dans un même site industriel des différents composantes du bâti.<br />
3. La notion d'ensemble<br />
L'analyse de l'ensemble est donc considérée de plus en plus comme un contrepoids<br />
indispensable à l'approche ponctuelle de chaque élément du patrimoine <strong>architectural</strong>.<br />
Dans la manière d'aborder les ensembles, qui reste souvent empirique, trois tendances<br />
se dessinent:<br />
La première, plus morphologique, part principalement de l'analyse du bâti sur le<br />
terrain pour tirer des enseignements sur la composition visuelle du "paysage" urbain ou<br />
rural.<br />
La seconde, plus chronologique, présente des analyses de cartographie historique.<br />
Enfin, une très intéressante tendance médiane part de la documentation historique,<br />
rebondit sur une analyse morphologique appr<strong>of</strong>ondie du territoire pour aboutir à une<br />
vision qui n'est plus ni purement morphologique ni purement historique. C'est sans<br />
doute dans cette direction qu'il faudra œuvrer au cours des années à venir pour mieux<br />
assurer la sauvegarde du patrimoine européen.<br />
123
Evolution de l'inventaire<br />
Nouvelles priorités et nouvelles approches<br />
Robin Thornes<br />
Les inventaires qui ont été décrits ces deux derniers jours répondent à un certain<br />
nombre d'objectifs, dont les principaux sont les suivants:<br />
la protection juridique des artefacts, des édifices historiques et des paysages<br />
anthropisés;<br />
l'aide à la sauvegarde d'objets ou de bâtiments précis - dans le présent ou l'avenir;<br />
l'accroissement des connaissances sur notre patrimoine culturel européen commun,<br />
et la sensibilisation du public dans ce domaine.<br />
Les buts que se fixe un inventaire déterminent le type d'information à rechercher,<br />
et la manière de présenter cette information. En effet, à bien y regarder, les besoins<br />
d'information de l'historien de l'architecture diffèrent sensiblement de ceux de<br />
Farchitecte-conservateur, de l'urbaniste, ou encore du grand public. Il est vrai que<br />
certains types d'informations sont nécessaires à de nombreuses catégories d'usagers.<br />
Tout le monde a besoin, par exemple, de connaître la localisation d'un édifice, sa<br />
fonction actuelle (et passée), et son âge. Ce sont là des informations fondamentales -<br />
c'est pourquoi elles figurent dans la "fiche minimum de données", point de départ vers<br />
un appr<strong>of</strong>ondissement de l'information.<br />
Si l'on en juge par les résultats du questionnaire, et par les exposés de ces deux<br />
derniers jours, il est clair qu'on accorde aujourd'hui beaucoup d'importance à<br />
l'inventaire dans le processus de préservation des édifices historiques et des paysages<br />
anthropisés. L'inventaire joue un rôle central dans la mesure où l'identification et la<br />
documentation sont les premières étapes sur la voie de la préservation. Toutefois, les<br />
inventaires ne sont valables qu'aux conditions suivantes:<br />
i. s'ils contiennent les informations nécessaires aux usagers concernés;<br />
ii. si ces informations sont consignées suivant un schéma normalisé;<br />
iii. si les inventaires sont réalisés dans un délai suffisamment bref pour être<br />
utiles, et sous une forme commode.<br />
Il est essentiel que les inventaires permettent aux utilisateurs de comprendre<br />
l'importance de tel ou tel édifice - soit par rapport à d'autres bâtiments du même type,<br />
dans le contexte du paysage anthropisé dont ils font partie, soit dans un contexte<br />
historique plus large. Lorsqu'on envisage de sauvegarder une usine textile par exemple,<br />
ce qui compte, c'est de savoir si elle est typique ou présente une importance<br />
125
particulière. Nous nous permettons de le répéter: l'information recueillie au sujet d'un<br />
édifice doit permettre à l'usager de le comparer à d'autres bâtiments du même secteur<br />
géographique, du même type ou de la même période.<br />
Pour les utilisateurs, un inventaire prend d'autant plus de valeur qu'il comporte un<br />
ensemble "minimum" de données documentaires, clairement défini et accepté de tous.<br />
Au fond, un inventaire est cohérent davantage par la logique de l'information fournie<br />
à ce niveau fondamental que par la richesse des détails figurant dans d'autres rubriques.<br />
La compatibilité des informations qui forment ce "minimum" est de toute première<br />
importance - c'est aussi l'objectif le plus facile à atteindre. Pour parvenir à cette<br />
cohérence, il faut rassembler le même type d'informations pour tous les édifices<br />
inventoriés. A cet égard, il est intéressant de constater qu'un pourcentage élevé<br />
d'organisations participant à ce colloque utilisent des formulaires-types qui garantissent<br />
la présence de certaines informations de base dans tous les inventaires. Mais, pour que<br />
ces informations soient pleinement exploitables, elles doivent non seulement figurer<br />
dans chaque inventaire, mais aussi être recueillies selon un système normalisé, ce qui<br />
implique l'acceptation et le respect d'une présentation et d'une terminologie<br />
prédéterminées. Pour une cohérence au niveau européen, il faudra instaurer une<br />
coopération touchant à la fois le mode de présentation et l'élaboration de thésaurus<br />
multilingues. A cet égard, la définition de la "fiche minimum" n'est pas une fin, mais<br />
seulement un point de départ.<br />
Par ailleurs, on a pu noter aussi un consensus assez large sur le fait que, si la<br />
structuration de l'information dont nous venons de parler est d'une grande importance,<br />
la méthode traditionnelle du recours aux textes reste nécessaire. L'un des principaux<br />
avantages de cette méthode est qu'elle permet d'avoir une vue synthétique d'un type<br />
d'édifice particulier (inventaire thématique), ou d'un secteur géographique donné<br />
(inventaire topographiquc traditionnel). Ces deux approches - structuration de<br />
l'information et publication de textes de synthèse - ne sont pas antinomiques. En fait,<br />
la première peut - et doit - nourrir la seconde. Les données structurées n'ont, par ellesmêmes,<br />
qu'un potentiel informalif limité, car elles ne constituent qu'un "annuaire des<br />
édifices" -pour reprendre la formule d'un intervenant. C'est pourquoi on ne soulignera<br />
jamais assez l'importance des travaux de synthèse - les plus aptes à faire comprendre<br />
la valeur d'édifices individuels, de familles d'édifices et de paysages anthropisés. A en<br />
juger d'après plusieurs exposés faits durant ce colloque, il est clair qu'à l'avenir, on<br />
aura de plus en plus recours aux systèmes d'information géographiques et aux images<br />
numériques pour créer des inventaires informatisés a plus grand potentiel que les<br />
inventaires écrits traditionnels.<br />
Le monde se transforme ft une vitesse sans précédent, et il a été souligné que les<br />
auteurs des inventaires doivent donc répondre avec la même rapidité ft ces changements.<br />
Plusieurs participants ont noie la lenteur des progrès dans le domaine des inventaires<br />
méthodiques et détaillés - lesquels sont réalisés, pour la plupart, sur des bases<br />
topographiqucs. Certaines organisations ont choisi comme solution de créer un nouveau<br />
type <strong>d'inventaire</strong>, fondé sur des enquêtes très rapides, qui sacrifient la pr<strong>of</strong>ondeur des<br />
connaissances à une large couverture des édifices. Elles permettent ainsi de recenser des<br />
édifices qui pourraient disparaître avant même qu'une documentation soit recueillie à<br />
126
leur sujet. Autre avantage: les inventaires ainsi établis réunissent un ensemble de<br />
connaissances pouvant servir de base à des recommandations en vue de la protection<br />
juridique de tel ou tel édifice.<br />
Ce besoin d'enquêtes rapides se fait d'autant plus sentir que nos secteurs d'intérêt<br />
s'élargissent. Par exemple, la prise de conscience croissante de l'importance des édifices<br />
du XIX e et XX e siècles a contribué à augmenter de manière spectaculaire le nombre de<br />
structures individuelles qu'il faut identifier et évaluer et sur lesquelles il convient de<br />
réunir une documentation sans parler de la tendance actuelle à envisager globalement<br />
les paysages anthropisés. De toute évidence, nous devons adopter des stratégies telles<br />
que l'enquête rapide afin de couvrir toute la gamme des édifices qui nous intéressent<br />
aujourd'hui. Ce type d'enquête fournit les informations nécessaires pour connaître la<br />
quantité et la qualité du patrimoine bâti. Toutefois, les inventaires résultant de ces<br />
enquêtes ne doivent pas être une fin en soi. Il faut plutôt les considérer comme des<br />
points de départ pour un recensement plus détaillé, d'édifices ou de groupes d'édifices.<br />
Finalement, nous devons reconnaître que "nos connaissances ne sont jamais<br />
complètes" et que "nos perceptions sont appelées à changer". Il importe donc que nos<br />
inventaires soient des entités dynamiques, aptes à intégrer de nouveaux types<br />
d'informations et capables de s'adapter aux exigences de nouvelles méthodologies.<br />
L'inventaire est un instrument destiné à améliorer la connaissance de notre patrimoine<br />
culturel, et, de ce point de vue, la "fiche minimum de données" est une composante<br />
importante de tout inventaire.<br />
127
Rapport de synthèse sur l'informatique et les nouvelles technologies<br />
Simon Grant et Olivier Toche<br />
I. Résultats de l'enquête sur les inventaires architecturaux: recours à<br />
l'informatique<br />
Généralités<br />
Dans le cadre de ce résumé, il est utile d'examiner les résultats de l'Enquête de<br />
1991 sur les Inventaires architecturaux, en se référant tout particulièrement aux<br />
modalités d'emploi de l'informatique dans les organisations consultées. Bien qu'elle<br />
remonte à un an déjà, cette enquête peut être considérée, sur le plan statistique, comme<br />
représentative de la situation européenne actuelle.<br />
Sur les 78 organisations qui ont répondu au questionnaire de l'enquête, moins d'un<br />
tiers (32,85 %) avaient recours à des systèmes informatiques dans leurs travaux<br />
<strong>d'inventaire</strong>; cependant, nombre de celles qui n'utilisaient pas encore cette technique ont<br />
déclaré envisager son introduction dans un proche avenir.<br />
Etant donné que la majorité de ces organisations "novices" souhaiteront<br />
certainement élaborer leur propre système, on est amené à se poser les questions<br />
suivantes: y a-t-il un besoin urgent de formuler des recommandations techniques en vue<br />
de cette élaboration? Et, dans l'affirmative, quelles limites ces recommandations<br />
doivent-elles se fixer?<br />
L'enquête a montré également que le matériel ou les types de logiciels utilisés par<br />
les organisations recourant à l'informatique dans leurs travaux <strong>d'inventaire</strong>, diffèrent<br />
sensiblement de l'une à l'autre, à l'échelon national aussi bien qu'international. D'après<br />
les informations qui nous ont été fournies, de nombreuses organisations se sont en effet<br />
vues dans l'obligation de créer leur propre système de gestion informatique - et ce pour<br />
assurer les mêmes opérations de traitement et de gestion que celles auxquelles procèdent<br />
d'autres organisations avec leur système.<br />
Une telle situation - où les organisations agissent isolément - équivaut à réinventer<br />
la roue: cette façon de faire la même chose de mille manières conduit inévitablement<br />
à un gaspillage des ressources. Faut-il considérer ce phénomène comme inévitable, vu<br />
qu'il existe des contraintes de fonctionnement et d'organisation différentes à l'intérieur<br />
de chaque Etat et sur le plan international? Ou bien faut-il préconiser la conception et<br />
la création éventuelle de logiciels communs, pouvant répondre aux besoins minima - en<br />
termes <strong>d'inventaire</strong> - d'organismes qui n'ont pas encore entamé l'opération, parfois lente<br />
et coûteuse, d'informatisation?<br />
129
Technologies futures<br />
S'agissant de l'utilisation de fonctions informatiques autres que la gestion de base<br />
de données pour l'inventaire des monuments, on notera que l'informatique intervient<br />
très peu (en moyenne, moins de 5 %) à l'appui des activités qui ont été longuement<br />
décrites lors de ce colloque, qu'il s'agisse des systèmes de traitement de l'information<br />
dans un contexte spatial (regroupés généralement sous le sigle GIS - systèmes<br />
d'information géographique), des systèmes de stockage et de manipulation de la<br />
documentation visuelle sous forme numérique ou analogique (l'une et l'autre définies<br />
comme des secteurs prioritaires lors de la Table Ronde de Londres, en 1989), ou des<br />
systèmes de publication assistée par ordinateur (PAO), utilisés pour compléter - voire,<br />
dans une certaine mesure, remplacer - les <strong>méthodes</strong> de publication existantes.<br />
Dans les années à venir, on devra inévitablement utiliser largement les GIS, les<br />
systèmes de stockage et de récupération des images, et le DTP - car ils deviendront<br />
indispensables pour une gestion efficace de l'information, au sein d'organisations dont<br />
les compétences incluent le recensement et la gestion des éléments de l'environnement<br />
historique. De toute évidence, il y a place pour une recherche conjointe, dans les<br />
disciplines appropriées, afin de conseiller les organisations sur:<br />
a. la fonctionnalité souhaitée de ces systèmes dans la gestion de l'information relative<br />
à l'environnement historique;<br />
b. les normes appropriées de collecte, de stockage et de transfert de données spatiales<br />
et visuelles, dans un contexte national ou international.<br />
Ces questions peuvent-elles Ctrc abordées, dans le cadre d'une coopération, dans<br />
des projets exemplaires? Si oui, comment?<br />
Répartition différentielle de l'emploi de l'informatique<br />
Autre problème soulevé par l'enquête sur les inventaires: la répartition différentielle<br />
de l'emploi de l'informatique dans les Etats membres du Conseil de l'<strong>Europe</strong>. Les zones<br />
géographiques qui, d'après les résultats de l'enquûte, n'ont que très peu recours à<br />
l'informatique dans les travaux <strong>d'inventaire</strong> sont:<br />
a. la Méditerranée orientale - l'informatique n'est pas utilisée en Grèce, en Turquie<br />
et à Chypre pour ces travaux;<br />
b. la Péninsule ibérique qui connaît une grande activité de recensement (dans les<br />
diverses régions d'Espagne ci. dans une moindre mesure, au Portugal), mais n'a<br />
pas, à ce jour, élaboré de systèmes informatiques.<br />
Il ressort également de l'enquCtc que le recours à l'informatique dans les états de<br />
type fédéral est très inégal, et que des régions géographiqucincnt coniigucs d'un mCinc<br />
Etat utilisent des nonnes technologiques ou des modes opérationnels différents.<br />
130
La question qui se pose est la suivante: devons-nous considérer l'utilisation de<br />
l'informatique dans les inventaires architecturaux comme l'une des conditions<br />
essentielles d'une gestion efficace de l'environnement historique - lequel est de plus en<br />
plus important et de plus en plus menacé? Souhaitons-nous - et cela relève-t-il de la<br />
compétence du Conseil de l'<strong>Europe</strong>? - encourager le développement de la technologie<br />
informatique dans des secteurs ne disposant pas immédiatement des ressources ou de<br />
l'expertise nécessaires, ou encore où l'organisation du pouvoir renforce la diversité<br />
plutôt que l'uniformité des objectifs et des <strong>méthodes</strong>?<br />
n. Synthèse des exposés<br />
Un certain nombre d'exposés ont fait référence à l'emploi d'outils techniques dans<br />
la démarche <strong>d'inventaire</strong> et plus particulièrement à l'emploi d'instruments informatiques,<br />
comme le programme du colloque les y invitait. Si l'on ne retient que ces derniers, il<br />
est inutile de mentionner l'avion employé en photographie aérienne pour repérer le<br />
patrimoine de la région de Birmingham ou la bicyclette utilisée pour recenser les<br />
faubourgs d'Amsterdam, même si ces moyens techniques peuvent être très utiles pour<br />
la collecte des données à informatiser.<br />
Les différentes interventions du colloque reflètent assez bien les réponses au<br />
questionnaire élaboré et diffusé par le Conseil de l'<strong>Europe</strong> que John Bold et Simon<br />
Grant ont analysées.<br />
Sur les dix-huit interventions, seule une dizaine de rapporteurs ont présenté ou fait<br />
allusion à l'utilisation de systèmes informatisés en Allemagne, Angleterre, France, Italie,<br />
Norvège, Pays-Bas, Pologne ou Slovaquie.<br />
Parmi ceux utilisant déjà des systèmes informatisés, aucun inventaire ne dispose<br />
de données ou de séries d'enregistrements couvrant l'ensemble des éléments inventoriés:<br />
l'informatisation est partielle en Allemagne (Basse-Saxe): il n'y a "pas de moyens<br />
techniques suffisants pour achever l'informatisation" explique W. Wulf;<br />
seules les données administratives sont enregistrées en Slovaquie précise<br />
L. Sloviera;<br />
même la Norvège qui dispose pourtant du nombre de notices d'édifices<br />
informatisés le plus important (200 000 sur un total estimé à 400 000) n'a engrangé<br />
que 50 % du parc immobilier général.<br />
En revanche, plusieurs rapporteurs ont indiqué qu'ils n'utilisent pas encore de<br />
systèmes informatisés, "pas même une fiche minimum" comme l'a fait remarquer avec<br />
humour A. Lehne, le représentant de l'Autriche.<br />
Certains ont précisé que seule la liste des monuments protégés est actuellement<br />
informatisée. C'est notamment le cas en Belgique, pour la Flandre, où il est prévu de<br />
"terminer l'inventaire avant de l'informatiser" comme l'a précisé S. Van Aerschot.<br />
131
Il est néanmoins encourageant de constater que la plupart des inventaires, même<br />
ceux non encore informatisés, ou bien l'envisagent pour un proche avenir (Suisse,<br />
Roumanie), ou disposent de fiches déjà très structurées qu'il devrait être assez facile de<br />
saisir.<br />
Parmi ceux qui ont indiqué employer des systèmes informatisés, on retrouve<br />
presque partout le même type d'information: des données textuelles structurées. Peu de<br />
précisions ont été apportées. Ont été cependant mentionnées au moins une fois: la<br />
présence de champs sans lexiques, de champs associés à une table de valeurs, de<br />
champs avec contrôle lexical, l'existence de champs monovaleurs ou multivaleurs.<br />
Les systèmes informatiques employés utilisent quelquefois un thésaurus (Basse-<br />
Saxe, Angleterre, France, Italie). L'intérêt de systèmes multilingues a été mentionné par<br />
les représentants belges et suisses, même si Jean-Marie Pérouse de Montclos a souligné,<br />
dans son introduction, la difficulté que posent les problèmes de terminologie avec toute<br />
la diversité des variantes régionalistes, à l'intérieur même de systèmes monolingues<br />
réputés plus simples. John Bold a, à ce propos, évoqué les travaux de rapprochement<br />
entrepris récemment entre l'anglais britannique de la RCHME et l'anglais américain du<br />
projet AAT de la fondation Getty.<br />
Certains systèmes autorisent l'inclusion de textes libres (Allemagne, France) et<br />
donc, on peut le supposer, de logiciels permettant une recherche sur le texte intégral.<br />
Très peu d'exemples d'informatisation de cartes, de plans ou de cadastres ont été<br />
présentés ou décrits sauf en France par A. Noé-Dufour (à partir du cadastre numérisé<br />
de la ville de Toulouse), en Italie par F. Poggi (projet SIRIS). en Norvège (projet<br />
SEFRAK) et peut-être bientôt en Pologne où l'utilisation d'un scanner est envisagé.<br />
Encore moins de traitements ou d'archivage d'images utilisant des supports à<br />
lecture optique ou nécessitant une numérisation sauf quelques projets déjà cités:<br />
Norvège (SEFRAK), Italie (SIRIS), France (Toulouse) et on pourrait ajouter York pour<br />
la RCHME, alors qu'il s'agit d'un domaine en pleine révolution technologique.<br />
A noter que si le fichier des éléments architecturaux (monuments, ensembles, sites)<br />
est le premier corpus à être informatisé, un intérêt important est porté à la création de<br />
fichiers répertoriant fonds associés ou documents primaires, baptisés en anglais tantôt<br />
"archive records", tantôt "référence records": références des photographies<br />
(iconographie), références des documents graphiques (cartes, plans et relevés) et<br />
références bibliographiques. Il est par ailleurs souhaité des liens plus étroits avec des<br />
fichiers portant sur le contexte environnemental (paysage, milieu d'implantation, cadres<br />
géographique ci géologique), liens qui peuvent se traduire de manière logique en des<br />
relations avec un véritable système d'information géographique (G.l.S en anglais). Une<br />
telle structuration des informations n'est pas sans poser des problèmes d'architecture<br />
générale du système d'information. Si l'on fait abstraction des logiciels de bureautique<br />
seuls deux types de logiciels ont été cités: des systèmes de gestion de base de données<br />
(SGBD en français. DBMS en anglais) comme SQL-base, Informix ou Oracle; des<br />
132
systèmes documentaires (en anglais: Information Retrieval System) comme Basis,<br />
Mistral ou Stairs.<br />
Certains inventaires utilisent un ordinateur central (France, Norvège, Pays-Bas),<br />
d'autres, simplement des micro-ordinateurs parfois connectés à un réseau local comme<br />
en Saxe par exemple.<br />
Il semble que l'informatisation et la rigueur qu'elle impose facilitent le traitement,<br />
l'exploitation et la restitution des données collectées lors des enquêtes.<br />
Il ressort d'une majorité des interventions que l'informatisation des données<br />
recueillies est entreprise ou souhaitée pour plusieurs raisons:<br />
pour mieux gérer l'accès aux documents et la recherche d'informations (gestion<br />
documentaire),<br />
pour rationaliser les protections en accroissant les possibilités de comparaison et<br />
de tris (gestion du patrimoine),<br />
pour constituer un outil d'aide à l'aménagement du territoire (tableau de bord,<br />
instrument d'aide à la décision),<br />
comme moyen de traitements statistiques et cartographiques,<br />
enfin, comme source potentielle d'échanges d'informations, notamment avec les<br />
collectivités locales en vue d'une meilleure connaissance et d'une meilleure<br />
maîtrise de leur patrimoine.<br />
[Avec la "fiche minimum" - concept mieux rendu par l'expression anglaise "Core<br />
data" -, il a beaucoup été question de possibilités d'échanges transfrontaliers. Il semble<br />
que l'adoption d'une norme d'indexation puisse avoir également un effet bénéfique sur<br />
les échanges d'informations à l'intérieur même des pays: de région à région,<br />
d'organisation à organisation, voire au sein même d'une organisation. Comme l'a très<br />
justement rappelé John Bold, la "fiche minimum" constitue bien le PGDG de tous nos<br />
inventaires.]<br />
A cette énumération, on peut ajouter une dernière raison:<br />
constituer un moyen commode d'édition et de réédition de listes, moyen qui<br />
permettrait de marier astucieusement publication et banque de données en utilisant<br />
les fonctionnalités de la PAO pour préparer par exemple les volumineux catalogues<br />
de l'inventaire suisse, véritables sommes scientifiques, présentés par N. Caviezel,<br />
et répondre ainsi au vœu de M. Horler;<br />
L'emploi de l'informatique et des nouvelles technologies, la mise en œuvre des<br />
projets d'informatisation, leur suivi et leur évolution se heurtent à un certain nombre<br />
d'obstacles qu'il est bon de rappeler:<br />
133
problèmes de coûts: les technologies nécessaires sont encore chères et nécessitent<br />
des investissements conséquents tout particulièrement pour informatiser les plans<br />
et les images, comme le soulignait M. Kuipers des Pays-Bas,<br />
problèmes de temps et de hiérarchisation des priorités: "Vaut-il mieux avoir peu<br />
d'informations sur tout ou toutes les informations sur peu d'éléments" comme<br />
l'indiquait A. Kostarczyk de Pologne?<br />
problèmes de mises à jour et de suivi effectif, cités par L. Skoviera de Slovaquie<br />
ou G. Wester de Norvège, disant disposer d'un "fichier statique, alors qu'il devrait<br />
être dynamique",<br />
problèmes psychologiques et problèmes de formation pour passer du crayon au<br />
micro-portable,<br />
problèmes de capacité qui, au-delà du débat strictement technique, revient aux<br />
discussions précédentes sur l'exhauslivité des démarches, opposées à une plus<br />
grande sélection des données. "Le travail d'enquête est facile, l'archivage plus<br />
complexe" a dit noire collègue des Pays-Bas.<br />
"Une sélection raisonnée peut cire aujourd'hui une qualité et demain un défaut"<br />
avertissait Nicholas Cooper du RCHME, un peu provocateur. Il est môme allé jusqu'à<br />
suggérer de retenir pour aujourd'hui une cxhaustivité totale (s'il est permis d'utiliser ce<br />
pléonasme). Or, cl c'est paradoxal, les nouvelles technologies, à cause de leurs coûts<br />
et des impératifs budgétaires qu'elles imposent, vont au contraire nécessiter des<br />
sélections draconiennes, notamment si on considère le stockage et la transmission<br />
d'images numériques. Mais comme le disait G. Wcstcr "Sommes-nous sûrs de vouloir<br />
tout échanger? De vouloir réellement accéder aux 400 000 édifices répertoriés (dans son<br />
pays)?<br />
III. Conclusions et recommandations<br />
Nous avons essayé de préparer quelques propositions de recommandations à ce<br />
stade des débats. Ces recommandations peuvent se classer en trois catégories.<br />
1. Utilisation des nouvelles technologies<br />
11 paraît difficile de donner des spécifications techniques trop contraignantes: les<br />
matériels et les logiciels sont très divers, les politiques d'achats liées h l'histoire de<br />
chacun de nos organismes.<br />
On pourrait cependant suggérer les cinq pisics suivantes:<br />
étudier les possibilités de développer un logiciel commun qui permette d'exploiter<br />
la "fiche minimum" et satisfasse les besoins généraux: est-ce faisable, esi-cc<br />
utopiquc? On a parlé de critères de sélection pour les monuments, ne faudrait-il pas<br />
134
en définir pour mieux choisir les logiciels et systèmes d'information, en particulier<br />
pour aider ceux qui n'ont pas encore choisi de systèmes?<br />
mieux faire connaître les systèmes de publication assistée par ordinateurs (PAO en<br />
français, DTP en anglais), tant il est vrai que le papier et l'édition restent encore<br />
les meilleurs vecteurs de sensibilisation et de diffusion,<br />
étudier les passerelles possibles, avec les systèmes d'informations géographiques<br />
(SIG en français, GIS en anglais) pour mieux modéliser cette "relation au territoire"<br />
dont parlait M. L. Polichetti,<br />
coordonner les expérimentations en cours ou projetées sur les systèmes d'archivage<br />
multimédias et de traitement de l'information (problèmes d'intégration du texte, des<br />
graphiques et des images, utilisation des normes en vigueur, etc) car le risque<br />
d'erreur ou d'impasse est grand et les coûts difficilement à la portée d'une seule<br />
institution,<br />
définir des protocoles d'échanges d'information (textes et/ou images) utilisant les<br />
réseaux de transmission de données existants en tenant compte des normes ou<br />
standards en vigueur pour le codage, la compression et la décompression des<br />
données, etc.<br />
2. Définition de normes européennes sur le contenu informationnel<br />
La proposition de "fiche minimum" faite par notre groupe de travail constitue un<br />
point de départ. Nous vous proposons quatre axes pour affirmer cette proposition et aller<br />
plus loin:<br />
il paraît nécessaire de définir plus précisément et sans ambiguïté, chacun des<br />
champs de la "fiche minimum" pour permettre une informatisation rapide et<br />
indépendante des systèmes informatiques utilisés, par exemple pour les<br />
informations concernant la datation, la localisation administrative, les coordonnées<br />
cartographiques avec, le cas échéant, la mise en place de systèmes de conversion,<br />
il faut étudier la faisabilité d'une extension de la "fiche minimum", prévue<br />
actuellement pour des éléments architecturaux isolés, à des ensembles, des sites ou<br />
des secteurs d'intérêts patrimoniaux ("area <strong>of</strong> spécial value", zone de protection du<br />
patrimoine <strong>architectural</strong> et urbain: ZPPAU, secteur sauvegardé, etc.),<br />
il paraît urgent, en vue de la création de systèmes multimédias, d'aborder les<br />
articulations possibles avec d'autres fichiers (références photographiques ou<br />
bibliographiques) ou d'autres sous-fichiers peut-être plus détaillés mais créés<br />
localement, fichiers qui pourraient constituer ces fichiers-satellites dont parlait<br />
John Bold, et, étudier les possibilités de passerelles entre nos fichiers patrimoniaux<br />
et les fichiers créés et gérés par d'autres institutions que les nôtres (aménageurs,<br />
experts de l'environnement),<br />
135
enfin, la multiplication des accès et l'échange d'informations nécessitent de<br />
concevoir, de développer et d'administrer des thésaurus multilingues.<br />
3. Mise en place d'une stratégie pour l'administration de systèmes d'information<br />
II semble nécessaire de rappeler trois principes à ne pas perdre de vue au moment<br />
de définir cette stratégie: cohérence, comptabilité et pérennité:<br />
cohérence avec les missions de nos institutions, le contexte politique et<br />
économique, avec les objectifs que l'on s'est assignés en insérant les nouvelles<br />
technologies dans la chaîne documentaire, en gardant constamment une vision<br />
globale de l'ensemble du système malgré sa complexité croissante,<br />
compatibilité: non seulement en termes de standards informatiques pour échanger<br />
des informations, mais aussi en termes fonctionnels et organisationnels pour<br />
s'adapter à l'évolution du contenu et des structures,<br />
pérennité, car s'il faut se soucier de la protection des monuments et de leur<br />
conservation, il faut aussi s'assurer de la sauvegarde de données qui doivent rester<br />
pércnnes ou sinon facilement transférables d'un support de stockage à un autre: du<br />
papier aux disques magnétiques, du support magnétique aux supports optiques, afin<br />
que cet étal des lieux puisse Cire transmis et exploité par les générations futures.<br />
11 est important enfin, de favoriser la prise de conscience d'une stratégie pour<br />
l'administration de systèmes d'information.<br />
Dans les organisations disposant de moyens ci d'une expertise limités, les usagers<br />
potentiels de l'informatique doivent envisager leurs objectifs sous l'angle fonctionnel<br />
cl de la gestion avant de se lancer dans la mise au point, forcément coûteuse et longue,<br />
de systèmes informatiques. L'expérience, dans des organisations publiques et privées,<br />
a montré que - si les systèmes d'information ne visent pas, dès le départ, à appuyer<br />
toute la gamme des objectifs commerciaux et des exigences opérationnel les de gestion<br />
des données, il ne sert pratiquement à rien d'investir dans l'informatique.<br />
Par conséquent, il nous semble nécessaire qu'un groupe d'expcrts-consultants<br />
conseille les organisations qui s'occupent <strong>d'inventaire</strong>s lors des phases d'analyse et de<br />
planification préparatoires à l'informatisation. C'est au stade de la planification qu'on<br />
pourra vraiment aider les organisations qui s'anellcnt h l'informatisation de l'inventaire.<br />
Les moyens de ces organisations étant généralement très limités, il importe de pouvoir<br />
faire appel à une expertise pour garantir l'efficacité et la rentabilité de l'investissement<br />
informatique.<br />
136
Normes communes et l'AAT<br />
Donald H. Sanders et Mary Prevo<br />
Le but du présent colloque - élaborer des normes communes pour un formulaire<br />
européen minimal de données documentaires - est un premier pas important vers<br />
l'établissement d'une communication rapide et précise entre les centres de<br />
documentation sur le patrimoine. Il ne s'agit encore que d'un premier pas: bon nombre<br />
d'entre vous le savent et on l'a dit ici ces derniers jours. Une fois parvenus à un accord<br />
sur le formulaire minimal de données documentaires, nous devons définir des normes<br />
communes pour les éléments de fond.<br />
L'Art and Architecture Thésaurus a été conçu pour répondre au besoin de<br />
normaliser l'accès par matière aux banques de données concernant les œuvres d'art et<br />
les monuments architecturaux, ainsi qu'au matériel documentaire y afférent. Il fournit<br />
des valeurs pour la partie de formulaire s'appliquant à des objets. L'AAT n'est pas un<br />
répertoire de noms propres ou génériques, de noms de lieux ou de thèmes<br />
iconographiques. On n'y trouve ni "Le Corbusier", ni "Louvre", ni "Rome", ni<br />
"Annonciation".<br />
C'est plutôt un répertoire de noms d'objets; dans le domaine de l'architecture, il<br />
comprend des types de sites et d'ensembles, ainsi que des modèles de construction,<br />
leurs composantes et leurs structures. En plus de ces noms d'objets, l'AAT présente la<br />
terminologie s'appliquant aux grands concepts de l'art et de l'architecture, aux qualités<br />
physiques des objets, aux styles, aux périodes, aux matériaux et aux personnes et<br />
organismes intéressant l'art et l'architecture.<br />
La première édition de l'AAT a été publiée en 1990 par les Presses de l'Université<br />
d'Oxford sous la forme d'une édition reliée en trois volumes et d'une édition<br />
électronique. Elle est aujourd'hui disponible dans une version compatible PC, avec le<br />
logiciel de recherche "Authority Référence Tool". Lorsque la deuxième édition paraîtra,<br />
en janvier 1994, l'AAT comprendra trente hiérarchies, classées en sept sections et<br />
regroupant au total plus de 90 000 termes. Le vocabulaire s'étend grâce aux usagers qui<br />
proposent à l'équipe de rédaction de l'AAT de nouveaux termes à inclure. L'AAT est<br />
un projet du Programme d'information sur l'histoire de l'art de la Fondation Getty, qui<br />
se consacre à la mise à jour du thésaurus.<br />
A la sortie de notre première édition, nous avons été heureusement surpris de voir<br />
que plus de la moitié des exemplaires étaient achetés par des organismes extérieurs aux<br />
Etats-Unis, surtout du Canada et d'<strong>Europe</strong> occidentale. C'était l'illustration concrète de<br />
ce que nous avions pressenti en nous mettant en rapport avec les Archives, musées et<br />
bibliothèques du monde entier - à savoir que l'AAT américano-anglais répondait à un<br />
important besoin en présentant un thésaurus complet et structuré des termes relatifs à<br />
l'art et à l'architecture. Il s'agissait désormais d'apprendre à collaborer avec ces<br />
nouveaux usagers, afin d'établir une terminologie liée à l'AAT qui dépasse les barrières<br />
linguistiques et ethniques.<br />
137
En mettant au point l'AAT, nous avons été amenés à découvrir d'autres lexiques<br />
importants de la même discipline, tout particulièrement les répertoires actuellement en<br />
cours d'élaboration à l'Inventaire général en France et à l'ICCD en Italie. Comme<br />
l'AAT, ces répertoires sont constitués avec une rigueur scientifique qui les distingue des<br />
autres listes de référence en usage dans les bibliothèques et les musées. Ils s'inspirent<br />
dans une certaine mesure des mêmes sources de .recherche en terminologie et peuvent<br />
apporter des répertoires d'autorité aux banques de données informatiques. Certains<br />
comprennent également des équivalents en langues étrangères. Ainsi, le dictionnaire des<br />
objets liturgiques de PICCD contient des traductions en français, allemand, anglais et<br />
latin '. D'autres organismes, comme l'Inventaire général et la Royal Commission on<br />
thé Historical Monuments <strong>of</strong> England cherchent à donner des équivalents multilingues<br />
à leurs noms d'objets. 11 importe que tout projet de thésaurus sur l'art et l'architecture<br />
tienne compte de leurs travaux et trouve les moyens de collaborer avec eux.<br />
Depuis 1989, l'AAT coordonne les efforts visant à amener les institutions à se<br />
rassembler pour mettre au point une terminologie multilingue. Cette tâche nous est<br />
échue sur la recommandation d'une commission du Comité international d'histoire de<br />
l'art (CIHA), appelée le TAU (Thésaurus Artis Universalis). La Commission TAU a<br />
étudié le rôle de l'informatique en histoire de l'art et mis en évidence le besoin de<br />
lexiques multilingues permettant aux chercheurs, tant en <strong>Europe</strong> que dans les deux<br />
Amériques, de se servir des banques de données relatives à l'art dans la langue de leur<br />
choix 2 . Avec l'appui du Programme d'information sur l'histoire de l'art de la<br />
Fondation Cctty, le TAU a parrainé une étude de faisabilité d'un thésaurus bilingue<br />
français-anglais au Centre canadien d'architecture de Montréal. Cette élude a été suivie<br />
d'un projet pilote destiné à établir des équivalents français, allemands, italiens et<br />
espagnols à un échantillon de 150 termes architecturaux américano-anglais de l'AAT.<br />
Quatre institutions ont participé à l'expérience: le Bildarchiv Foto Marburg, l'ICCD,<br />
l'Univcrsidad Autonoma de Madrid cl l'Université de Montréal. Celle expérience a<br />
montré qu'il était possible de trouver des équivalents terme par terme.<br />
Il est assez vite apparu que l'on ne pouvait pas charger une seule institution de<br />
fournir des équivalents pour un thésaurus aussi vaste que l'AAT. Plutôt que<br />
d'abandonner l'espoir d'un thésaurus multilingue, nous nous sommes mis à rechercher<br />
les institutions et projets s'intéressant à la terminologie bilingue ou multilingue et<br />
susceptibles de prendre part au travail en apportant données ou savoir-faire. Depuis<br />
1989, plusieurs organismes, chacun se spécialisant dans telle ou telle branche de l'AAT,<br />
se sont joints a ceux qui avaient participe à la première expérience du TAU: l'Inventaire<br />
général, la Banque de données nationale suisse, l'Université Laval du Québec, la<br />
Bibliothèque britannique d'architecture du Royal Instituic <strong>of</strong> British Architccis (RIBA),<br />
1 Islilulo Centrale pcr il Cnlnloijo o I» Dociimcnin/.iono. Dixioimri Terminol<strong>of</strong>tici; Suiipelleililo<br />
Hcclcsinsiicn I. Florence. Ccmro Di. 1988.<br />
2 Mnrilyn Schniill, "l-c Projet TAU (Tlicsnnriis A ois Univcrsnlis) du Comild intcmnlionnl d'histoire do<br />
l'on". Terminologie déminée nux mu.iéc.i : Acte» de In Conférence iniemmionnle tenue A Cnmhrid«c.<br />
AiiRlclcrre. du 2l nu 24 scpiciuhre I9H8. CnmbridRC : Associniion pour In documentation des musée». I990.<br />
pp. 29-31.<br />
138
la Royal Commission on thé Historical Monuments <strong>of</strong> England, le Victoria and Albert<br />
Muséum et sa bibliothèque des Beaux-Arts. En tant que principaux usagers de l'AAT,<br />
ces organismes participent au projet multilingue en enrichissant de la terminologie<br />
anglo-anglaise les hiérarchies de l'AAT relatives aux beaux-arts et aux arts décoratifs.<br />
Cette collaboration à distance a été suivie, en 1991 et 1992, d'une série de stages<br />
au cours desquels des membres des diverses organisations ont travaillé, à l'AAT, à<br />
certaines sections de la terminologie. Ces stages ont révélé les différentes manières dont<br />
les institutions conçoivent la normalisation du vocabulaire et nous ont permis de<br />
poursuivre les travaux engagés sous les auspices de la Commission TAU. Ils ont surtout<br />
confirmé que l'on peut insérer des équivalents terme par terme dans les lexiques<br />
existants, et que la création de systèmes hiérarchiques équivalents ou d'une<br />
classification parallèle est beaucoup plus complexe et n'est peut-être pas nécessaire,<br />
notamment dans le cadre d'un réseau informatique 3 .<br />
Le protocole de la recherche d'équivalences terminologiques se fonde sur les<br />
nonnes d'établissement des thésaurus multilingues de l'Organisation internationale de<br />
normalisation (ISO), sur les normes nationales d'établissement des thésaurus<br />
monolingues et bilingues et sur le savoir-faire acquis tant à l'occasion de l'expérience<br />
du TAU que de nos stages 4 . Les normes exigent l'examen appr<strong>of</strong>ondi de chaque terme<br />
de la langue-source et le choix éclairé d'équivalents dans les langues-cibles.<br />
Le travail s'effectue à partir de la nomenclature de l'AAT, qui comprend des<br />
indications sur l'emploi du terme, les sources où l'on peut trouver des renseignements<br />
à son sujet, la place du terme dans la hiérarchie et (le cas échéant), des illustrations. Les<br />
équivalences établies sont révisées par des équipes indépendantes de spécialistes de l'art<br />
et de l'architecture connaissant à fond les différentes langues; on a ainsi l'assurance que<br />
les termes retenus sont adéquats et largement attestés dans la littérature scientifique et<br />
technique.<br />
C'est au cours de l'été 1991 qu'a commencé une collaboration entre l'AAT et<br />
l'Inventaire général concernant plus spécifiquement les termes d'architecture.<br />
Monique Chatenet, de l'Inventaire général, a passé une semaine au siège de l'AAT dans<br />
le Massachusetts. Nous avons recherché des équivalences au vocabulaire du catalogue<br />
d'architecture de l'Inventaire général, le Système descriptif de l'architecture. Notre<br />
objectif était de trouver dans l'AAT des équivalents anglais pour les termes français<br />
figurant dans le répertoire Dénomination de la banque de données de l'Inventaire<br />
général sur l'architecture. Le répertoire Dénomination, principale nomenclature des<br />
objets de la banque de données sur l'architecture, contient des expressions décrivant<br />
3 Toni Petersen et Mary Prevo, "Towards a Multilingual Thésaurus"- "Vers un thésaurus multilingue",<br />
Bulletin du CIDOC (Comité international de la documentation), vol 2, n°l, avril 1991, pp. 27-34.<br />
4 Organisation internationale de normalisation (ISO), Directives pour la création et la mise au point de<br />
thésaurus multilingues, Genève, Suisse, 1ère édition, 1985 [ISO 5964 1985-02-15]. Destinées à l'usage interne<br />
de l'ISO, Directives pour la création et la mise au point de thésaurus monolingues. Genève, Suisse, 1ère<br />
édition, 1974 [ISO 2788-08-15 1974].<br />
139
certains bâtiments, ensembles et habitats - tenues que l'on trouve dans trois des cinq<br />
hiérarchies de la section de l'AAT consacrée à l'architecture ou à l'environnement bâti.<br />
Nous avons commencé par examiner les différences de portée et de finalité de<br />
chacun des deux répertoires. L'AAT est un répertoire thématique encyclopédique pour<br />
l'art et l'architecture, destiné à servir dans diverses banques de données. Il n'est lié à<br />
aucune collection, lieu géographique ou époque particulière. En outre, il sert à établir<br />
d'une part le catalogue des documents d'archives et des substituts visuels comme les<br />
photographies et, d'autre part, l'index des ouvrages concernant l'art et l'architecture.<br />
Réparti en différentes sections et hiérarchies, il classe par genre les notions apparentées.<br />
Pour éliminer les nombreux mots composés que l'on trouve dans la plupart des listes<br />
de titres par matière, l'AAT aborde séparément leurs composantes. Ainsi, il divise en<br />
deux le concept ambivalent de "murs en pierre", mettant d'un côté le matériau, la<br />
"pierre", et de l'autre l'objet, les "murs". La "pierre" est placée dans les "matériaux<br />
inorganiques" de la section des matériaux et les "murs" dans les "structures d'enceinte"<br />
appartenant à la hiérarchie des éléments de construction de la section des objets.<br />
L'usager construit ou recompose le concept ambivalent de "murs en pierre" à partir des<br />
deux termes séparés de l'AAT.<br />
Le répertoire de l'Inventaire général, en revanche, a été spécifiquement élaboré<br />
pour décrire le patrimoine <strong>architectural</strong> de la France après l'Antiquité. La terminologie<br />
fait partie du catalogue de la banque de données sur l'architecture de l'Inventaire<br />
général, le Système dcscriplif de l'architecture 5 . La définition des termes se fonde sur<br />
le Vocabulaire de l'architecture de Pérouse de Montclos 6 . Le Système descriptif définit<br />
chaque rubrique de la banque de données de l'Inventaire général et les valeurs affectées<br />
à chaque rubrique. Pour les rubriques comportant des valeurs normalisées, le Système<br />
dcscriplif fournit une terminologie classée hiérarchiquement. C'est donc surtout un<br />
dictionnaire de données hiérarchiquement classées, contenant des mots composés qui<br />
seraient séparés dans l'AAT.<br />
Les deux répertoires partagent aussi un certain nombre de caractéristiques. Leur<br />
objectif premier est de présenter une terminologie normalisée pour la description des<br />
objets et tous deux répartissent hiérarchiquement les termes génériques et les tonnes<br />
spécifiques. Dans les deux systèmes, il faut chercher le principal tcnne définissant<br />
l'objet, au singulier 7 .<br />
' Monique Chnfcnci, Jean Dnvoigncnu. Jeannette Ivnin. Olivier Tocho. réducteur». Système descriptif do<br />
l'architecture, l'aria : Ministère de In cullurc cl de In communication. Direction du <strong>Patrimoine</strong>. Inventaire<br />
général des monuments et des richesses artistiques do In Franco, 1989 (édition revue et corrigée, 1990).<br />
4 Jctui-Mnric Pérouse de Moniclos cl ni.. Vocnlxilnirc de l'architecture. Principe.*! d'imnlyse scienlifitiiio.<br />
Paris: Imprimerie nntionnlc. 1972.<br />
1 L'AAT pixi|X3SC plusieurs singuliers pour les principaux ternies appartenant a la section des objets. Dans<br />
la présente élude nous avons utilisé, pour des misons do logique, lo pluriel anglais du principal terme.<br />
140
Cette étape franchie, nous sommes passés à la recherche d'équivalences terme par<br />
terme. Nous avons établi des fiches terminologiques pour chaque terme, en notant la<br />
définition de l'Inventaire général et le terme plus large. Nous avons ensuite recherché<br />
des équivalents possibles dans l'AAT, en comparant les définitions ou les notions<br />
précisant les acceptions du terme. Lorsqu'un terme anglais et un terme français avaient<br />
les mêmes acceptions, nous avons estimé que nous avions une véritable équivalence.<br />
Les termes français ayant en partie le sens du terme anglais ont été considérés comme<br />
des équivalents partiels. Pour certains termes français, nous avons forgé des équivalents<br />
anglais en combinant deux termes de l'AAT (ainsi pour "parfumerie": "perfume +<br />
factories"). Bien que cette dernière classification fasse l'usage prévu de l'AAT, nous<br />
avons reconnu la nécessité de passer au crible les équivalents recomposés, afin de<br />
vérifier la justesse des associations.<br />
En cinq jours, nous avons établi des fiches terminologiques bilingues pour 663<br />
termes français. Les résultats du stage ont été encourageants. Nous avons trouvé des<br />
équivalents pour 274 des 663 termes du répertoire Dénomination du Système descriptif<br />
de l'Inventaire général, des équivalents partiels pour 29, des équivalents recomposés<br />
après coup pour 152; seuls 208 ternies sont restés sans équivalents.<br />
Nous pouvons en outre formuler les premières conclusions suivantes. C'est pour<br />
les termes des niveaux intermédiaires de la hiérarchie de l'Inventaire général qu'il a été<br />
le plus facile d'établir des équivalences. En général, ces termes décrivent des ensembles<br />
ou des types de bâtiment ("étable" correspondant à "stables"; "observatoire" à<br />
"astronomical observatories"). L'entreprise a été plus difficile pour les termes génériques<br />
auxquels on a surtout trouvé des équivalents partiels. Ainsi, le terme français "édifice"<br />
correspond aux deux termes de l'AAT "structures" et "complexes".<br />
Les niveaux plus affinés des hiérarchies de l'Inventaire général ont, eux aussi,<br />
soulevé des difficultés, essentiellement parce qu'ils contiennent soit des termes très<br />
spécifiques pouvant faire l'objet d'une recomposition à partir de l'AAT ("usine,<br />
construction, automobile" équivalant à "automobile + factories"), soit des termes propres<br />
à la culture ou à la fonction publique française ("perception" équivalant à "tax collection<br />
+ <strong>of</strong>fice buildings").<br />
Nos travaux ont par ailleurs révélé la prédominance de l'américain dans l'AAT.<br />
Pour être plus utile à la constitution de thésaurus bilingues ou multilingues de langues<br />
européennes, il faudrait que l'AAT fournisse les équivalents anglo-anglais et contienne<br />
davantage de termes architecturaux courants de l'<strong>Europe</strong> pré-industrielle. A cette fin,<br />
nous nous sommes mis en quête de nouveaux collaborateurs et avons commencé à<br />
réfléchir aux moyens d'incorporer des données anglo-anglaises dans la nomenclature<br />
américano-anglaise de l'AAT.<br />
En mars 1992, des membres de la British Architecture Library du RIBA et de la<br />
Royal Commission on thé Historical Monuments <strong>of</strong> England sont venus à l'AAT pour<br />
étudier les moyens d'inclure les termes anglo-anglais. En même temps, nous avons<br />
comparé la structure et le vocabulaire de la hiérarchie unique de la construction de<br />
l'AAT à ceux de la partie du thésaurus de l'architecture de la Royal Commission<br />
141
concernant le type de construction selon la forme 8 . Nous avons constaté que les<br />
chevauchements entre l'AAT et le thésaurus de la Royal Commission étaient à peu près<br />
comparables aux chevauchements entre l'AAT et l'Inventaire général, essentiellement<br />
parce que l'Inventaire et les thésaurus de la Royal Commission ont été élaborés dans<br />
un but analogue: dresser l'inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> national. L'AAT a été<br />
conçu en vue d'une plus large application, empruntant des systèmes différents. Il nous<br />
est apparu que la structure de l'AAT pouvait fort bien se prêter à l'inclusion de<br />
nouveaux termes. Nous nous en sommes aperçus lorsque nous avons cherché à élargir<br />
la section de la vie scolaire de l'AAT en y incorporant le vocabulaire britannique de<br />
l'éducation. La méthode consiste à recourir au système interactif des termes possibles<br />
et de leurs notices, en vue d'intégrer la nouvelle terminologie dans l'AAT.<br />
Afin d'insérer le vocabulaire anglo-anglais, l'AAT a ajouté au thésaurus de<br />
nouveaux éléments d'information applicables aux équivalents anglo-anglais. Ces<br />
nouveaux éléments d'information relieront les règles de l'orthographe britannique aux<br />
principaux termes de l'AAT (ainsi c-o-l-o-u-r à "color"). Cet ajustement peut paraître<br />
mineur; je suis sûre pourtant que tous ceux d'entre vous qui se sont efforcés<br />
d'uniformiser les variantes orthographiques de l'américain et de l'anglais en<br />
comprendront l'importance. Ces nouveaux éléments d'information permettront aussi<br />
d'ajouter des variantes d'ordre culturel: ainsi, l'équivalent anglo-anglais du tenue<br />
américain "public schools" sera "maintaincd schools".<br />
L'AAT participe également à la Bibliographie d'hisioire de l'art (BHA), projet<br />
commun du Centre national de la recherche scientifique de France et du Programme<br />
d'information sur l'histoire de l'art de la Fondation Gctty. La BHA est un service<br />
chargé de constituer un catalogue bilingue des publications relatives à l'histoire de l'art.<br />
Pour faciliter l'accès à ses publications, elle a élaboré une liste bilingue des titres par<br />
matière. Etant donné qu'elle dresse le catalogue des thèmes parcourant l'histoire de<br />
l'art, la BHA a un vocabulaire beaucoup plus vaste que le répertoire de l'Inventaire<br />
général. L'AAT et la BHA viennent d'achever la mise en équivalence informatisée des<br />
titres par matière anglais de la BHA et des termes de l'AAT. La prochaine étape<br />
consistera à revoir l'exactitude des liens établis terme par terme et à mettre à jour la<br />
banque de données de l'AAT.<br />
Enfin, les contacts pris avec la Bibliothèque de l'Université Laval de Québec<br />
constituent l'un des principaux faits nouveaux. Le Répertoire des vedettes-matières de<br />
cette bibliothèque sert de facto de nonne pour rétablissement des catalogues des<br />
bibliothèques canadiennes bilingues. Ce répertoire assure également un lien avec le<br />
Répertoire d'autorité encyclopédique cl alphabétique unifié de Rameau, qui est la liste<br />
des titres par matières de la Bibliothèque nationale française. Cet été, des membres de<br />
la Bibliothèque de l'Université Laval ont assisté h la rencontre multilingue de Berlin et<br />
ont décidé de rechercher des équivalents pour la hiérarchie des types de document de<br />
1 Royal Commission on Iho llisioricnl Monument* <strong>of</strong> lînglniul nnd IZnglisli l'IcriloRO. Rcvincd 'nic.immis<br />
<strong>of</strong> Archiicciiiml Tenu». Londres : RCIIMIZ/GH. 1989.<br />
142
l'AAT. Ce travail sera exécuté au Québec et revu par un groupe de spécialistes<br />
bilingues à l'AAT l'an prochain.<br />
Tandis que se ramifient les liens avec des organismes produisant des listes bilingues<br />
de titres par matière, la banque de données de l'AAT se développe rapidement en<br />
dehors des Etats-Unis. C'est ainsi que, dans le courant de cette année, elle sera mise en<br />
place au siège du Réseau d'information du patrimoine canadien (CHIN - Canadian<br />
Héritage Information Network) qui mettra les données de l'AAT à la disposition de tous<br />
les musées canadiens.<br />
Nous espérons poursuivre de fructueux travaux de collaboration, afin d'assurer<br />
l'harmonisation et la normalisation de la terminologie de différentes langues. Les stages<br />
continueront à représenter une part importante de nos futures initiatives multilingues.<br />
Ils devront s'accompagner, de la part des stagiaires, de travaux de recherche suivis, afin<br />
de nous permettre de continuer à tester nos <strong>méthodes</strong> de travail. Nous comptons<br />
également lancer d'autres projets bilingues.<br />
Il faut considérer le rapprochement des termes appartenant à un certain groupe de<br />
langues et largement employés par les historiens de l'art comme la première étape d'un<br />
processus de nature à permettre de diffuser des informations sur l'art au-delà des<br />
frontières linguistiques. Cette tâche exige la collaboration des divers organismes qui<br />
dressent des nomenclatures. L'AAT, projet complexe et coûteux que l'on mettra des<br />
années à réaliser, espère y participer et servir de base aux thésaurus d'autres langues,<br />
partageant ainsi à l'échelon international les fruits du travail de ses concepteurs.<br />
143
SEANCE DE CLOTURE<br />
Propositions pour une "fiche minimum européenne" de données documentaires<br />
sur le patrimoine <strong>architectural</strong><br />
Présidence: Jean-Marie VINCENT
M. Jean-Marie Vincent, chargé d'animer la séance de clôture, souligne d'abord<br />
la présence de M. Christian Dupavillon, directeur du <strong>Patrimoine</strong> du Ministère français<br />
de l'éducation nationale et de la culture, qui a tenu à participer à cette dernière journée.<br />
Il rappelle que l'objet de cette rencontre, telle que l'a voulue le Conseil de<br />
l'<strong>Europe</strong>, était non seulement de permettre une meilleure connaissance mutuelle des<br />
pratiques d'études du patrimoine dans les vingt-cinq pays qui ont participé à ces<br />
rencontres, mais aussi de faciliter la mise au point d'un "format d'échange de données"<br />
entre ces différents pays par delà la diversité de leurs démarches.<br />
C'est le projet de "fiche minimum d'échange d'informations" qu'il contient, au<br />
terme de ce colloque, de formaliser de manière précise pour qu'il puisse être proposé<br />
au Comité du <strong>Patrimoine</strong> Culturel du Conseil de l'<strong>Europe</strong>.<br />
Conclusion apparemment modeste après de si longs débats. Pas du tout ! Pour<br />
M. Vincent, ces échanges ont montré au contraire que le patrimoine est l'un des liens<br />
les plus forts de la civilisation européenne. La richesse patrimoniale commune est la<br />
somme des richesses de chacun, et il est essentiel de pouvoir mettre en commun les<br />
connaissances pour fonder une politique cohérente et efficace de conservation de ce<br />
patrimoine dans toute sa diversité.<br />
M. Daniel Thérond se félicite du travail accompli lors des travaux préparatoires<br />
à la Conférence et du résultat obtenu au cours du Colloque. Le Conseil de l'<strong>Europe</strong><br />
dispose désormais d'un projet de fiche minimum de documentation qui pourra être<br />
soumise au Comité du <strong>Patrimoine</strong> Culturel (CC PAT) responsable du programme de<br />
coopération intergouvernementale dans le secteur du patrimoine.<br />
Les suites à donner pourraient être les suivantes:<br />
le projet de fiche, après mise au point et ajout de notes explicatives, sera présenté<br />
sous forme d'un projet de recommandation au Comité du <strong>Patrimoine</strong> Culturel du<br />
Conseil de l'<strong>Europe</strong>. Celui-ci après examen pourra le transmettre au Comité des<br />
Ministres pour adoption. Ainsi, la future recommandation sur les techniques de<br />
documentation accompagnée des annexes utiles pourrait être diffusée dans les Etats<br />
membres en 1993.<br />
Le programme d'activité devrait se poursuivre en 1993 sur un double plan: celui<br />
d'abord de l'application des principes exprimés par la recommandation aux<br />
ensembles architecturaux. Des réunions pourraient associer des pr<strong>of</strong>essionnels de<br />
divers pays sur ce thème à partir de 1993. Il appartiendra au Secrétariat, le moment<br />
venu, de constituer en relation avec les délégations au CC PAT un groupe de<br />
travail sur ce thème. Par ailleurs les travaux devront également se poursuivre dans<br />
le secteur de l'archéologie où un groupe spécialisé recherchera l'établissement<br />
d'une fiche minimum de documentation, à l'instar de la démarche expérimentée<br />
dans le domaine du patrimoine <strong>architectural</strong>.<br />
147
M. Thérond souligne que la coopération dans le secteur de la documentation devrait<br />
se poursuivre pendant plusieurs années, selon un programme et un rythme liés aux<br />
besoins exprimés par les pays et aux disponibilités budgétaires annuelles du Conseil de<br />
l'<strong>Europe</strong>.<br />
148
Intervention de Mme Maria-Luisa Polichetti<br />
Les hommes, que ce soit en tant qu'individus ou en tant que communauté, ont<br />
toujours ressenti le besoin de connaître leurs origines pour mieux comprendre leur<br />
propre histoire et ainsi, mieux se comprendre eux-mêmes.<br />
Pour connaître le patrimoine culturel, fruit du travail de l'homme, pour l'identifier<br />
quantitativement et qualitativement et en saisir la signification, il faut comprendre la<br />
manière dont la société et les peuples ont évolué à travers la succession des événements<br />
historiques.<br />
En considérant l'histoire de l'<strong>Europe</strong>, nous réalisons que les événements, pris<br />
isolément ou en combinaison les uns avec les autres ont toujours affecté, bien que de<br />
façons diverses, les pays d'<strong>Europe</strong>.<br />
La formation des états européens est le résultat d'événements historiques, qui au<br />
fil du temps les ont progressivement unis.<br />
Connaître le patrimoine revient à rechercher les origines et les modalités de la<br />
croissance commune et à appr<strong>of</strong>ondir les liens entre les peuples d'origines communes.<br />
Dans cette quête, il est important d'harmoniser les <strong>méthodes</strong> utilisées. L'inventaire<br />
est très utile car il représente un moyen d'acquérir la connaissance et la connaissance<br />
du passé nous aide à améliorer notre compréhension de la réalité présente et notre<br />
approche de l'histoire contemporaine.<br />
Les changements économiques très rapides qui sont survenus récemment ont<br />
souvent été plus dévastateurs que les guerres qui ont sévi en <strong>Europe</strong> autrefois.<br />
L'environnement <strong>architectural</strong> a subi des dommages dramatiques par suite<br />
d'utilisations inappropriés, d'abandons ou de destructions totales. Il est clair que si nous<br />
voulons nous sauver à travers notre histoire commune, nous devons sauver notre passé<br />
et bien conserver notre présent: chaque chose doit être considérée et utilisée de manière<br />
à contribuer richement à la croissance de la société.<br />
L'inventaire comme instrument de connaissance doit être orienté vers la protection<br />
et la mise en valeur du patrimoine culturel.<br />
Les pays européens utilisent des <strong>méthodes</strong> qui, malgré des traits communs, ne sont<br />
pas homogènes car les situations culturelles des divers pays ne sont pas homogènes, les<br />
systèmes juridiques entre autres différant largement.<br />
La méthode de l'inventaire est basée sur la constitution d'un dossier c'est à dire<br />
d'une fiche qui fournit un système logique d'organisation de l'information. Harmoniser<br />
les structures de la fiche nous permettrait de créer un cadre commun de référence et<br />
149
d'assurer ainsi une organisation des données commune à tous les pays. Depuis quelques<br />
temps l'introduction de la technique informatique a fourni des instruments permettant<br />
d'organiser, de gérer rationnellement les données et de les échanger rapidement.<br />
Dans le domaine de l'inventaire, l'information technique est une ressource<br />
importante à laquelle il n'est plus possible de renoncer car elle contribue largement à<br />
l'harmonisation de la méthodologie.<br />
Durant ces derniers jours nous avons effectué l'examen du patrimoine <strong>architectural</strong><br />
considéré comme un système de biens répartis dans trois secteurs typologiques (rural,<br />
urbain, industriel). Ces secteurs représentent ensemble autant de systèmes de<br />
localisation, de typologie et de fonction et réaffirment en même temps la connexion des<br />
biens avec le territoire dans lequel ils se retrouvent pour former un seul système. Nous<br />
devons effectuer dans le proche futur une comparaison des <strong>méthodes</strong> utilisées par les<br />
divers pays pour l'enregistrement et l'organisation des données documentaires en<br />
vérifiant le contenu des fiches aussi bien les relations entre les données documentaires<br />
et la structure même de la fiche. Cependant nous devons aussi traiter ensemble du sujet<br />
complexe des vocabulaires qui sont des instruments essentiels pour l'échange correct<br />
de l'information spécialement lorsque l'on applique la technique informatique.<br />
Notre but doit être d'établir une banque de données européenne, basée sur un<br />
système informatique harmonisé pour l'inventaire du patrimoine culturel de l'<strong>Europe</strong>.<br />
Ceci serait une manifestation concrète de la volonté commune des divers pays de<br />
réaliser, au moins dans le domaine culturel, l'unité européenne à laquelle nous aspirons<br />
tous.<br />
150
Eléments pour une fiche minimum de données documentaires<br />
Résumé et propositions<br />
John Bold<br />
Lors de ce colloque, nous avons effectué des progrès considérables et identifié de<br />
nombreux points d'accord. Je vais revenir sur quelques-uns de ces progrès, et tenter<br />
aussi de répondre à une question fondamentale: pourquoi souhaitons-nous organiser<br />
l'accès international aux centres de documentation?<br />
Une information relative à l'environnement bâti est nécessaire pour plusieurs<br />
raisons: aux fins de planification, de protection, d'évaluation de l'environnement,<br />
d'éducation - en bref, d'information publique. L'accès commun à cette information, au<br />
niveau européen, présente un grand avantage: il <strong>of</strong>fre la possibilité de tirer pr<strong>of</strong>it de<br />
l'expérience et des inventaires d'autrui. Et c'est particulièrement vrai dans le cas<br />
d'édifices et d'environnements comparables. On note déjà des entreprises communes à<br />
plusieurs pays, par exemple dans le domaine des activités industrielles - charbonnages,<br />
docks, systèmes de transport. L'interrogation d'autres fichiers facilitera l'identification<br />
des éléments communs, et de ceux qui sont spécifiques ou purement nationaux - ce qui<br />
est très important pour des recommandations en vue de la protection d'édifices ou de<br />
sites. Cette interrogation pourra aussi porter sur des sites où le développement local est<br />
étroitement lié à une évolution internationale plus large - on pourra, par exemple,<br />
souhaiter comparer les informations sur les cathédrales de Salisbury et d'Amiens, ou<br />
encore les données relatives au complexe dit Smythsons'Robin Hood Gardens, à<br />
Londres, et celles concernant l'unité d'habitation de Le Corbusier, à Marseille, ou son<br />
équivalent à Nantes (la Maison familiale). Un échange d'informations peut aussi être<br />
souhaitable à propos de catégories d'édifices ayant engendré depuis longtemps un flux<br />
d'idées bidirectionnel. Je pense par exemple aux hôpitaux, qui ont connu une influence<br />
dans le sens Italie-Angleterre et réciproquement, à différents stades d'organisation du<br />
système de soins. Le bureaucrate a souvent l'impression de manquer de temps pour<br />
procéder à de telles comparaisons.<br />
Mais nous devons nous rappeler deux choses: tout d'abord, nous sommes<br />
effectivement tellement surchargés de travail qu'il ne serait pas raisonnable d'inventer<br />
des approches complètement nouvelles; et, en second lieu, le recours à une fiche<br />
minimum de données accélérera, facilitera et rendra plus compréhensible le processus<br />
d'interrogation au niveau de l'enquête initiale de base.<br />
La fiche minimum est un outil, une clé. Elle ne vise aucunement à obliger les<br />
organisations à se conformer à des systèmes incompatibles avec leurs besoins propres.<br />
A la base, elle illustre une manière d'indexer, de classer et de mettre en ordre<br />
l'information - que celle-ci se présente sous forme de document, de fichier ou de base<br />
de données (naturellement, c'est tout de même sous cette dernière forme qu'elle sera<br />
le plus accessible). La "fiche minimum" qui nous est proposée constitue la meilleure<br />
151
source d'informations de base sur des édifices et des sites. Elle donne accès aux<br />
informations plus détaillées contenues dans les bases de données, les répertoires, etc.<br />
Dans sa conception actuelle, la fiche minimum renseigne d'ores et déjà non<br />
seulement sur tel ou tel édifice mais aussi sur le site dont il est peut-être un élément.<br />
Par la numérotation et la multiplication des fiches, on pourra répertorier non seulement<br />
un édifice, par exemple une usine textile, mais aussi ses composantes, la salle des<br />
machines, la cheminée et le local de séchage. Mais, comme nous l'avons vu ces deux<br />
derniers jours, chaque organisation aura également besoin de fichiers supplémentaires,<br />
liés à la fiche minimum. Ces fichiers, de différents types, contiendront des informations<br />
plus poussées sur l'architecture, l'environnement, l'histoire et l'urbanisme, suivant les<br />
besoins et les impératifs de l'organisation, qu'il appartiendra à celle-ci de définir.<br />
Au bout du compte, il apparaît que les délégués à cette conférence s'intéressent<br />
surtout à l'information bibliographique et archivistique, aux édifices de types apparentés,<br />
aux ensembles architecturaux et aux problèmes d'environnement, au mobilier et aux<br />
machines de l'industrie. Je pense par conséquent que les organisations auront besoin de<br />
familles de fiches, accessibles à partir de la fiche minimum de données. La taille et la<br />
complexité de ces "familles" seront fonction des exigences de l'organisation - c'est la<br />
raison pour laquelle on ne peut d'emblée donner des indications détaillées. En revanche,<br />
on peut d'ores et déjà imaginer un système de fiches-satellites connexes, avec renvois<br />
croisés; ainsi, les utilisateurs d'une de ces fiches sauront qu'ils pourront trouver des<br />
informations connexes dans une autre fiche. En voici le modèle:<br />
Mobilier, etc. Environnement<br />
FICHE MINIMUM<br />
Archives et Bibliographie 'Ensembles apparentés<br />
Eléments d'un édifice<br />
A mon sens, il importe de faire de l'édifice l'unité de base du recensement, et de<br />
ne pas alourdir la fiche minimum avec de trop nombreux ajouts. L'édifice doit<br />
constituer une entité autonome, mais reliée aux secteurs ayant un rapport avec lui. Cela<br />
est important, car la manière de .structurer l'information influe souvent sur son<br />
utilisation, de mCmc que l'usage qu'on en fait conditionne sa structuration. C'est un<br />
processus en boucle; à cet égard, il faut absolument préserver l'intégrité de<br />
l'information, en la simplifiant au maximum nu point d'entrée, mais en prévoyant aussi<br />
le plus d'ouvertures possible pour poursuivre la recherche et recueillir d'autres<br />
informations. La fiche minimum doit pcrincllrc d'obtenir une information relativement<br />
152
cohérente et constante - sans pour autant empêcher les changements de plan d'inflexion,<br />
ni une vision historique suivie, dont les fiches-satellites seront le support.<br />
Je propose dès lors que la fiche minimum comporte seulement deux ajouts:<br />
la date de recueil des informations;<br />
les renvois croisés, orientant l'utilisateur vers d'autres informations relatives à un<br />
édifice, un ensemble <strong>architectural</strong> ou un site, conservées par le centre de<br />
documentation sur support papier, ou dans une base de données.<br />
Les données de la fiche minimum pourraient être affinées, par exemple en précisant<br />
la localisation et en complétant la "date" par la "période", de façon à mieux faire<br />
correspondre le système aux besoins en matière d'archéologie.<br />
La fiche minimum resterait ainsi, fidèle à sa conception initiale, une clé ouvrant sur<br />
d'autres informations et réseaux d'information, un mécanisme au service de tous ceux<br />
qui souhaitent un point d'accès à l'information - qu'elle soit générale ou spécialisée. Ce<br />
processus doit s'accompagner d'un solide contrôle terminologique. Plusieurs<br />
organisations utilisent déjà un thésaurus. Je propose que ces thésaurus deviennent<br />
multilingues, et comportent des listes de termes équivalents. D'expérience, nous savons<br />
que ce sera là une tâche difficile; il faudra donc que des groupes de travail se<br />
consacrent au problème des équivalents. Ce problème n'est pas insoluble si l'on définit<br />
des paramètres très stricts, empêchant d'entrer dans les détails, et si l'on établit des<br />
glossaires ou des notes d'orientation pour expliquer les différences d'acception des<br />
termes selon les pays.<br />
Eu égard aux progrès considérables que nous avons accomplis, j'appelle les futurs<br />
auteurs des résolutions finales à mettre l'accent sur les deux points suivants:<br />
Premièrement, il convient, par étapes et avec pragmatisme, d'adopter un système<br />
commun de fiches minimum de données relatives aux édifices et sites historiques,<br />
comportant des renvois croisés aux secteurs connexes;<br />
Deuxièmement: malgré les pressions, les contraintes et la nouvelle donne résultant<br />
des changements économiques et politiques, nous ne devons pas oublier que nous<br />
avons une mission de service public et que toute l'information doit être accessible<br />
au public sous une forme compréhensible. Sans le soutien du public,<br />
l'environnement historique ne peut être compris, respecté et, le cas échéant,<br />
protégé.<br />
153
Adoption de la "fiche minimum" de données documentaires<br />
A la suite de l'exposé de M. Bold, de nombreuses questions et interventions<br />
permettent à John Bold et à Mme Monique Chatenet de préciser les modalités<br />
d'utilisation de la fiche minimum d'échange d'informations et de prendre en compte<br />
certaines propositions concernant son contenu (champs multivaleurs, date de collecte et<br />
de mise à jour des données). Ils précisent en outre que cette fiche, nécessairement<br />
réduite au minimum, n'a pas pour vocation de répondre à tous les besoins<br />
documentaires; d'autres recherches sont actuellement en cours, notamment entre<br />
l'Inventaire français et le Catalogo italien, pour définir en commun une fiche de collecte<br />
de données plus complète, développée à partir de la fiche minimum et apte à prendre<br />
en compte la spécificité de certaines formes de patrimoine; ces deux organismes sont<br />
disposés à faire bénéficier d'autres pays de leur expérience.<br />
Revenant au projet de fiche minimale d'échange d'informations, M. Vincent<br />
consulte les représentants des différents pays présents. Ceux-ci se prononcent en faveur<br />
de l'adoption de cette fiche à l'unanimité à l'exception du représentant de la Pologne<br />
qui en approuve le principe mais l'estime insuffisante.<br />
Cette étape franchie, il apparaît opportun de préciser un programme d'action pour<br />
poursuivre ce travail commun dont tous les participants reconnaissent l'intérêt.<br />
M. Vincent propose trois pistes:<br />
1. Constitution d'un groupe d'experts sur la prise en compte de la notion<br />
"d'ensembles" dans ce format d'échange de données, ce besoin s'étant fortement<br />
exprimé tout au long de ces rencontres. Divers pays manifestent leur intérêt à<br />
participer à ces travaux.<br />
2. Mise au point d'un thésaurus "architecture" bilingue (anglais-français), en<br />
collaboration avec le GETTY TRUST dont la représentante assure du soutien de<br />
cet organisme;<br />
3. Association de l'image à la fiche d'information: il est décidé d'attendre les résultats<br />
des expériences en cours, notamment au moyen du projet IMPACT mené<br />
conjointement par les Italiens, les Anglais et les Français, pour envisager<br />
l'éventuelle définition d'un format d'échange d'information élargi à l'image.<br />
155
Conclusion du Colloque<br />
Christian Dupavillon<br />
Responsables du patrimoine de 26 pays d'<strong>Europe</strong>, nous sommes aujourd'hui<br />
confrontés à un redoutable défi: dans un monde en totale mutation, et ce terme est<br />
singulièrement plus tragique pour certains d'entre nous, toutes les traces d'un passé qui<br />
disparaît sous nos yeux se chargent d'une valeur patrimoniale.<br />
Chaque jour, nous sommes interpellés pour un ensemble rural à l'abandon, une<br />
usine dont l'activité s'arrête, le centre médiéval d'une petite ville, qu'un maire<br />
modernise au détriment d'une trame urbaine et <strong>architectural</strong>e historique ... Et, pendant<br />
qu'ici et là des questions urgentes exigent des réponses immédiates, que faites-vous<br />
depuis mercredi à Nantes, depuis ce matin à Clisson? Vous discutez de "méthodologie<br />
d'analyse", de "fiche minimum", de "transmission d'information", d'un "deuxième quart<br />
de la seconde moitié du XIX e siècle"...<br />
Ce paradoxe n'est qu'apparent ! Je suis trop souvent obligé de jouer au pompier<br />
pour ne pas être convaincu que c'est vous qui avez raison.<br />
CONNAITRE le patrimoine, de manière rigoureuse, systématique, c'est une<br />
nécessité, plus, une obligation.<br />
Toute action ambitieuse n'est possible pour sauvegarder, conserver et mettre en<br />
valeur notre patrimoine qui si elle est basée sur une connaissance scientifique aussi<br />
étendue que possible.<br />
Fonctionnaires de cette grande <strong>Europe</strong>, nous avons en commun un immense<br />
héritage, issu de plusieurs millénaires de civilisation, dont nous sommes ensemble<br />
redevables vis à vis de nos enfants, de nos petits enfants. Cet héritage commun, né de<br />
grands courants de civilisation qui ont traversé notre continent se sont diversifiés dans<br />
chacun de nos terroirs, nous en avons tous ensemble la responsabilité. Il tire<br />
précisément sa richesse de cette diversité et les difficultés que l'un ou l'autre d'entre<br />
nous rencontre met en danger cette richesse commune et nous appauvrit tous.<br />
La sauvegarde de ce patrimoine est notre devoir commun. Et, comme la<br />
connaissance est le fondement indispensable de toute conservation, il faut commencer<br />
par nous doter des moyens d'échange de cette connaissance, même s'il peut paraître<br />
dérisoire de parler ce matin de "fiche minimum".<br />
Qu'attendons-nous de ces échanges? D'abord, une meilleure compréhension de<br />
notre propre patrimoine, relativisé à l'échelle de notre culture.<br />
157
Ensuite, une aide mutuelle pour que l'expérience des plus favorisés serve aux<br />
moins favorisés à combler leurs retards en bénéficiant de toutes les expériences<br />
technologiques.<br />
Enfin, que grandisse peu à peu la conscience d'un PATRIMOINE EUROPEEN qui<br />
appelle des réponses cohérentes et communes.<br />
Vous me rappeliez que, dans presque tous vos pays, la démarche <strong>d'inventaire</strong> est<br />
associée à celle de protection. Je viens de le faire en France et je me réjouis qu'une<br />
telle mesure facilite cette collaboration internationale.<br />
Il serait logique que nous nous posions la question de véritables stratégies de<br />
protection de patrimoine commun, basées sur ces échanges de connaissances. Vous avez<br />
posé la question à propos du patrimoine industriel. C'est tout aussi vrai du patrimoine<br />
rural pour lequel nous n'avons plus que quelques années pour intervenir, si toutefois<br />
nous voulons en sauvegarder des traces significatives.<br />
Je m'associe donc totalement à votre démarche pour la poursuite de cette<br />
collaboration. Je souhaite qu'elle s'affirme dans les directions que vous avez définies<br />
tout à l'heure.<br />
Mais, permettez-moi d'aller au-delà. Je désire. Monsieur le représentant du<br />
Secrétaire général du Conseil de l'<strong>Europe</strong>, que vous soyez notre interprète auprès des<br />
instances européennes pour leur recommander d'intensifier les actions communes en<br />
faveur des formes les plus menacées de notre patrimoine commun. Le ministère français<br />
de la Communication et de la Culture, en ce qui le concerne, est plus que jamais décidé<br />
à Cire partie prenante de telles démarches, notamment en faveur du patrimoine rural, du<br />
patrimoine industriel et technique, du patrimoine du XX e siècle.<br />
En guise de conclusion, je veux remercier tous ceux qui ont permis cette rencontre:<br />
M. le représentant du Secrétaire général du Conseil de l'<strong>Europe</strong> et ses<br />
collaborateurs,<br />
nos collègues anglais qui nous ont, non seulement transmis le flambeau allumé à<br />
Londres en 1989, mais qui nous ont aidé à préparer celte nouvelle étape dans un<br />
climat de coopération que je qualifierais de très amicale,<br />
vous tous, venus de toute l'<strong>Europe</strong>, qui avez participé si activement à ces travaux,<br />
ci plus particulièrement les présidents de séance et les rapporteurs,<br />
la DRAC des Pays de la Loire et son service régional de l'Inventaire général sans<br />
qui cette réunion n'aurait pas eu lieu,<br />
nos hôtes dont l'accueil a été ft la hauteur de cette si belle région: le Préfet de<br />
région, le Maire d'Angers, aujourd'hui le Président du Conseil général de Loire-<br />
Atlantique,<br />
158
enfin si vous le permettez, ma propre équipe de la sous-direction de l'Inventaire<br />
général et de la protection, qui a su concilier la préparation de cette rencontre avec<br />
les multiples responsabilités dont je les charge de plus en plus les uns et les autres.<br />
Si ce colloque, commencé à Nantes et achevé dans ce lieu magique de Clisson, a<br />
pu se dérouler dans de si bonnes conditions, c'est à vous tous qu'il le doit. C'est à votre<br />
amitié née d'une commune passion pour le patrimoine: le patrimoine de chacun de nos<br />
pays, le patrimoine de notre <strong>Europe</strong>.<br />
159
ANNEXES
Mercredi, 28 octobre<br />
15 h 00 - 17 h 00<br />
17 h 00 - 19 h 00<br />
19 h 15<br />
19 h 30<br />
20 h 30<br />
Jeudi, 29 octobre<br />
Matin<br />
9hOO<br />
9 h 10 - 10 h 40<br />
ANNEXE I<br />
PROGRAMME<br />
Nantes, L'Atlantique - Cité des Congrès<br />
Enregistrement des participants<br />
Ouverture <strong>of</strong>ficielle du Colloque<br />
Introduction générale:<br />
M. J.M. Pérouse de Montclos, Vice-Président de<br />
la Commission Nationale de l'Inventaire Général<br />
Présentation des résultats de l'enquête sur les<br />
inventaires en <strong>Europe</strong> effectuée par le Conseil de<br />
l'<strong>Europe</strong> en 1991:<br />
M. J. Bold, Royal Commission on thé Historical<br />
Monuments <strong>of</strong> England (RCHME)<br />
Départ en car pour l'Hôtel de la Préfecture, Nantes<br />
Réception par M. A. Orhel, Préfet de la Région des<br />
Pays-de-la-Loire, Nantes.<br />
Retour en car aux hôtels. Soirée libre<br />
Problèmes d'étude et de documentation en<br />
architecture rurale<br />
Président de séance:<br />
Mme M.L. Polichetti, Istituto Centrale per n<br />
Catalogo, Rome (Italie)<br />
- Introduction<br />
Communications<br />
- Inventaire du patrimoine en Belgique et<br />
principalement en Flandre. Architecture rurale:<br />
densité, diversité et complexité:<br />
Mme S. Van Aerschot (Belgique)<br />
163
10 h 40 Pause<br />
- Fichier et topographie des monuments. Une<br />
méthode d'investigation de l'architecture rurale en<br />
Allemagne du Nord:<br />
M. W. Wulf (Allemagne)<br />
- La protection de l'architecture rurale et<br />
l'inventaire général des monuments culturels de la<br />
Slovaquie:<br />
M. L. Skoviera (Tchécoslovaquie)<br />
- L'inventaire du patrimoine <strong>architectural</strong> en<br />
Norvège: une approche non sélective:<br />
Mme G. Wester (Norvège)<br />
Ilh00-llh40 - Inventaire du patrimoine du village de Miçsunesti,<br />
près de Bucarest:<br />
Mme R. Nemteanu (Roumanie)<br />
11 h 40 - 12 h 45 Débats/Conclusion<br />
- Inventaire d'un site de la plaine du Pô - Questions<br />
de <strong>méthodes</strong>:<br />
M. F. Poggi (Italie)<br />
13 h 00 Déjeuner, Cité des Congrès<br />
Après-midi Problèmes d'étude et de documentation en<br />
architecture urbaine<br />
14 h 00 Président de séance:<br />
M. M. Horler, Intendance des Monuments<br />
Historiques, Budapest (Hongrie)<br />
- Introduction<br />
Communications<br />
14 h 10 - 15 h 30 - Inventaire Suisse d'Architecture 1850-1920.<br />
Vingt ans d'expérience cl l'an 2000:<br />
M. N. Cavic/el (Suisse)<br />
- Le programme <strong>d'inventaire</strong> du patrimoine 1850-<br />
1940 aux Pays-Bas; sa mise en œuvre dans quatre<br />
grandes villes:<br />
Mme M. Kuipers (Pays-Bas)<br />
164
15 h 30<br />
15 h 50 - 16 h 30<br />
16h 30 - 17 h 30<br />
17 h 45<br />
19 h 00<br />
21 h 00<br />
23 h 00<br />
Vendredi, 30 octobre<br />
Matin<br />
9hOO<br />
- Du monument historique à l'environnement bâti:<br />
l'inventaire du patrimoine urbain et rural en<br />
Poméranie orientale:<br />
M. A. Kostarczyk (Pologne)<br />
- Quartiers industriels en déclin : l'approche de la<br />
Royal Commission on thé Historical Monuments <strong>of</strong><br />
England (RCHME):<br />
M. N. Cooper (Royaume-Uni)<br />
Pause<br />
- Vienne, une métropole du XIX e siècle; recherche<br />
de <strong>méthodes</strong> d'investigation appropriées:<br />
M. A. Lehne (Autriche)<br />
L'Inventaire général en milieu urbain.<br />
L'expérience de Toulouse:<br />
Mme. A. Noé-Dufour (France)<br />
M. B. Toulier (France)<br />
Débats/Conclusion<br />
Départ en cars pour Angers<br />
Visite de la Galerie de l'Apocalypse d'Angers,<br />
Château d'Angers<br />
Visite du Musée Saint-Jean, Tapisserie "Le chant du<br />
monde" d'André Lurçat<br />
Réception par M. J. Monnier, Maire d'Angers, à<br />
l'Hôtel des Pénitentes<br />
Retour en car à Nantes<br />
Problèmes d'étude et de documentation en<br />
patrimoine industriel<br />
Président du séance:<br />
Mme M. Nisser, Pr<strong>of</strong>esseur, Université d'Uppsala,<br />
Suède<br />
- Introduction<br />
Communications<br />
165
9h 10 - 10 h 40 - <strong>Patrimoine</strong> minier en <strong>Europe</strong>: l'étude et la<br />
documentation comme base d'un programme<br />
européen de conservation:<br />
M. R. Slotta (Allemagne)<br />
10 h 40 Pause<br />
- Les critères de la protection légale des édifices<br />
industriels:<br />
M. M. Cherry (Royaume-Uni)<br />
- Inventaire du patrimoine industriel en France: de<br />
l'enquête à la protection:<br />
Mme C. Cartier (France)<br />
- Méthodes <strong>d'inventaire</strong>s du patrimoine industriel en<br />
Finlande; exemples de leurs applications pratiques:<br />
M. E. Hàrô (Finlande)<br />
11 h 00- 11 h 40 - L'inventaire du patrimoine industriel au Pays<br />
Basque espagnol:<br />
Mme M. Zabala (Espagne)<br />
11 h 40 - 12 h 45 Débals/Conclusion<br />
- <strong>Patrimoine</strong> industriel aux Pays-Bas. Les châteaux<br />
d'eau:<br />
M. P. Nijh<strong>of</strong> (Pays-Bas)<br />
13 h 00 Déjeuner, Cité des Congrès<br />
Après-midi Synthèses et débats sur les problèmes de<br />
méthode<br />
14 h 00 Président de séance:<br />
M. .1. Hume, Historié Scotland (Royaume-Uni)<br />
- Introduction<br />
Rapports de synthèse sur:<br />
14 h 30 - 15 h 15 - Techniques d'cnquCtc et de sélection d'édifices:<br />
Mme M. Chatenet (France)<br />
M. R. Thornes (Royaume-Uni)<br />
Débats<br />
166
15 h 15 - 16 h 00<br />
16 h 00<br />
16 h 15- 17 h 00<br />
17 h 00 - 17 h 45<br />
18 h 00 - 18 h 30<br />
Samedi, 31 octobre<br />
Matin<br />
9 h 30 - 10 h 00<br />
10 h 15- 11 h 45<br />
- Grilles de saisie des données documentaires<br />
M. J. Bold (Royaume-Uni)<br />
M. J.G. Van Laar (Pays-Bas)<br />
Débats<br />
Pause<br />
- Informatique et nouvelles technologies<br />
M. O. Toche (France)<br />
M. S. Grant (Royaume-Uni)<br />
M. H. Gustavson (Suède)<br />
Débats<br />
Projet de thésaurus français/anglais sur les<br />
dénominations <strong>architectural</strong>es:<br />
Mme T. Petersen (Fondation Getty)<br />
Débats<br />
Conclusions<br />
Soirée libre<br />
Clisson (Loire-Atlantique), Domaine départemental<br />
de la Garenne-Lemot<br />
Séance de clôture<br />
Propositions pour une "fiche minimum<br />
européenne" de données documentaires sur le<br />
patrimoine <strong>architectural</strong><br />
Président de séance:<br />
M. J.M. Vincent, Sous-Directeur de l'Inventaire<br />
Général (France)<br />
- Introduction<br />
- Perspectives de coopération documentaire dans le<br />
cadre du Conseil de l'<strong>Europe</strong><br />
M. D. Thérond (Conseil de l'<strong>Europe</strong>)<br />
Débats sur la "fiche minimum européenne"<br />
167
11 h 45 - 12 h 15 Conclusions du Colloque:<br />
- M. C. Dupavillon, Directeur du <strong>Patrimoine</strong><br />
(France)<br />
- Le représentant du Secrétaire Général du Conseil<br />
de l'<strong>Europe</strong><br />
12 h 30 Visite du Domaine Départemental de la Garenne-<br />
Lemot<br />
13 h 00 Réception par M. Ch.-H. de Cosse Brissac,<br />
Président du Conseil Général de la Loire-Atlantique<br />
Retour dans l'après-midi vers Nantes et l'Aéroport<br />
168
ANNEXE H<br />
"Fiche minimum" de données documentaires sur le patrimoine <strong>architectural</strong><br />
Projet élaboré par le groupe de spécialistes du Conseil de l'<strong>Europe</strong><br />
Dans ses travaux sur la protection du patrimoine <strong>architectural</strong>, le Conseil de<br />
l'<strong>Europe</strong> a toujours souligné l'importance des inventaires et de la documentation pour<br />
étayer les politiques de conservation. Il s'est en particulier donné pour priorité<br />
d'encourager les échanges d'informations sur le patrimoine au niveau national et<br />
international. Au colloque de Londres (1989) sur le "<strong>Patrimoine</strong> <strong>architectural</strong>: nouvelles<br />
technologies pour la documentation, un accord s'est dégagé pour entreprendre les<br />
actions suivantes dans le but d'élargir la coopération sur l'échange d'informations<br />
documentaires:<br />
i. promouvoir l'identification des normes applicables à un ensemble d'éléments<br />
d'information minimum (textuels, cartographiques et figurés) nécessaires pour créer<br />
des recensements identifiant et décrivant les monuments historiques.<br />
ii. parvenir à un accord sur des spécifications techniques pour permettre la<br />
communication de ces informations entre les différents systèmes.<br />
Des réunions ultérieures tenues à Strasbourg ont abouti à la préparation d'un projet<br />
de fiche documentaire de base. Les données documentaires concernent la localisation,<br />
la classification de l'édifice, l'état de conservation et le statut de protection. La<br />
définition des informations documentaires est accompagnée d'un exemple concernant<br />
un édifice précis. Il est néanmoins nécessaire de souligner que l'application des normes<br />
proposées suppose au préalable un examen plus rigoureux à la fois de la structure des<br />
données et du contrôle du vocabulaire employé dans les fiches de recensement. Une<br />
telle analyse sera nécessaire pour garantir que les informations enregistrées par chaque<br />
centre de documentation <strong>of</strong>frent des possibilités de recherche optimales, et peuvent être<br />
échangées avec d'autres centres et utilisées à travers toute l'<strong>Europe</strong>.<br />
1.1 Nom de l'édifice<br />
Ce chapitre permet d'identifier l'édifice en association avec les informations<br />
concernant sa localisation et sa fonction.<br />
1.2 Numéro de référence individuel et numéros de renvois<br />
Ce chapitre permet d'identifier l'édifice recensé et de le rechercher à l'intérieur<br />
d'un répertoire. Il donne aussi la possibilité de faire renvoi aux dossiers correspondants<br />
du centre de documentation ou de centres de documentation associés.<br />
169
1.3 Localisation - pays, région etc<br />
- adresse<br />
- référence cartographique<br />
2.1 Fonction d'origine de l'édifice, (catégorie générale et type spécifique)<br />
La catégorie générale place l'édifice dans un regroupement fonctionnel, tandis que<br />
le type spécifique le définit avec précision, par exemple:<br />
EDIFICE RELIGIEUX - EGLISE<br />
ETABLISSEMENT D'ENSEIGNEMENT - ECOLE<br />
2.2 Ponction actuelle<br />
Ce chapitre permet la classification et la recherche documentaire pour un édifice<br />
dont la fonction a changé depuis l'époque de sa construction. Ainsi, un MANOIR peut<br />
être devenu un HOTEL DE VOYAGEURS et il peut être souhaitable de faire une<br />
recherche documentaire sur l'édifice à travers ces deux termes.<br />
2.3 Datation de l'édifice<br />
Ce chapitre permet de donner des dates précises quand elles sont connues ou des<br />
datations approximatives en cas d'incertitude, par exemple: 1740 ou 1730-1770.<br />
2.4 Personnes et organisations associées à l'histoire de l'édifice<br />
Ce chapitre comprend deux catégories, les personnes ou organisations associées a<br />
la construction de l'édifice, par exemple les architectes, et celles associées à son usage,<br />
par exemple le propriétaire d'origine ou les propriétaires et organisations ultérieures<br />
ainsi que les personnages historiques liés à l'édifice.<br />
3.1 Matériaux de construction<br />
Ce chapitre doit normalement traiter des matériaux principaux du gros œuvre et de<br />
la couverture, par exemple: BRIQUE, PIERRE, BETON ARME<br />
3.2 Etat de conservation<br />
Ce chapitre sert à noter si l'édifice est démoli, en ruine, ou restauré, et si son état<br />
est bon, assez bon, assez mauvais, ou mauvais.<br />
4.1 Statut de protection existant ou proposé<br />
Ce chapitre permet de préciser si l'édifice est protégé et si oui, le type de<br />
protection et la date ft laquelle elle a été accordée. Il peut Cire aussi utilisé pour indiquer<br />
si une protection est requise.<br />
170
EXEMPLE DE FÏCHE/SAMPLE RECORD<br />
(Remplie avec des données documentaires de la Royal Commission on thé Historical<br />
Monuments <strong>of</strong> England/Completed with data from thé Royal Commission on thé<br />
Historical Monuments <strong>of</strong> England<br />
1.1<br />
1.2<br />
1.3<br />
2.1<br />
2.2<br />
2.3<br />
2.4<br />
3.1<br />
3.2<br />
4.1<br />
Name <strong>of</strong> Building:<br />
Nom de l'édifice<br />
Record Number:<br />
Numéro d'identification<br />
Location:<br />
Localisation<br />
Functional Type:<br />
Fonction d'origine<br />
Présent Function:<br />
Utilisation actuelle<br />
Date <strong>of</strong> Building:<br />
Datation<br />
THE ROUND HOUSE THEATRE<br />
94071/00<br />
ENGLAND<br />
LONDON NW1<br />
CHALK FARM ROAD<br />
TQ 283 843<br />
TRANSPORT - LOCOMOTIVE SHED<br />
THEATRE<br />
1846-7<br />
Associated Persons and Organisations: ROBERT STEPHENSON (Engineer)<br />
Personnes et institutions associées LONDON & NORTH WESTERN<br />
RAILWAY (Owner)<br />
Building Materials:<br />
Matériaux de construction<br />
Physical Condition:<br />
Etat de conservation<br />
Protection Status:<br />
Protection<br />
Wall: BRICK<br />
Ro<strong>of</strong>: SLATE<br />
PAIR<br />
II*; 10.6.1954
EXEMPLE DE FICHE/SAMPLE RECORD<br />
(Remplie avec des données documentaires de l'Inventaire Général,<br />
France/Completed with data from thé Inventaire Général, France)<br />
1.1<br />
1.2<br />
1.3<br />
2.1<br />
2.2<br />
2.3<br />
2.4<br />
3.1<br />
3.2<br />
4.1<br />
Nom de l'édifice:<br />
Naine <strong>of</strong> Building<br />
Numéro d'identification:<br />
Record Number<br />
Localisation:<br />
Location<br />
Fonction d'origine:<br />
Fnnctional Type<br />
Utilisation actuelle:<br />
Présent Funciion<br />
Datation:<br />
Date <strong>of</strong> Building<br />
CENTRE CULTUREL ANDRE<br />
MALRAUX PAVILLON BALTARD<br />
00049971<br />
Pays: FRANCE<br />
Région: ILE DE FRANCE<br />
Département: 94<br />
Canton: NOGENT SUR MARNE<br />
Commune: NOGENT SUR MARNE<br />
Adresse: VICTOR BASCH (RUE)<br />
Cadastre: 1983 Y 103<br />
LAMBERT 1 0610200 X-0125850 Y<br />
EDIFICE COMMERCIAL - HALLE<br />
CENTRE CULTUREL<br />
DEBUT 3E QUART 19E SIECLE<br />
Personnes et institutions associées: BALTARD VICTOR (ARCHITECTE)<br />
Associated Persans and Organisations<br />
Matériaux de construction:<br />
Building Materials<br />
Etat de conservation:<br />
Physical Condition<br />
Protection:<br />
Protection Status<br />
Murs: VERRE-FONTE-FER<br />
Toit: VERRE EN COUVERTURE<br />
RESTAURE<br />
CLASSE M.H.1982
Autriche / Austria<br />
ANNEXE III / APPENDIXm<br />
LISTE DES PARTICIPANTS / LIST OF PARTICIPANTS<br />
Hans Peter JESCHKE, Umfassender Kulturguter-und Ortsbild Kataster Amt der O.Ô.<br />
Landesregierung, Blotenstrasse 13/1/40, A-4040 LINZ<br />
Christine JESCHKE, Umfassender Kultuguter -und Ortsbild Kaster, AMT der O. Ô.<br />
Landesregierung, Blotenstr. 13/1/40, A-4040 LINZ<br />
Andréas LEHNE, Civil Servant, Bundesdenkmalamt, H<strong>of</strong>burg-Saulerstiege, A-1010<br />
WffiN<br />
Belgique / Belgium<br />
Bénédicte DEL MARMOL, Attachée au Service des Monuments et des Sites de la<br />
région Bruxelles-Capitale, 6A, rue des Champs Elysées, B-1050 BRUXELLES<br />
Ode GOOSSENS, Attaché au Service des Monuments et des Sites de la Région de<br />
Bruxelles-Capitale, rue Van Volsem 50, B-1050 BRUXELLES<br />
Yves JACQMIN, Attaché au Service des Monuments et Sites de la Région de<br />
Bruxelles-Capitale, Av. G. Eekhovd 40, B-1030 BRUXELLES<br />
Véronique PITTIE, Attachée à la Mission des Monuments, Sites et Fouilles de la<br />
Région Wallonne, 30 rue Joseph II, B-1040 BRUXELLES<br />
Paulo VALENTE SOARES, Archéologue, Chargé d'Etude auprès A.S.B.L. La Fonderie,<br />
rue de la Réforme 69, B-1060 BRUXELLES<br />
Suzanne VAN AERSCHOT-VAN HAEVERBEECH, Coordination inventaire de la<br />
Flandre, Ministerie van de Vlaamse Gemeenschap, Bestuur Monumenten en<br />
Landschappen, Waaistraat 1, B-3000 LEUVEN<br />
Patrick VIAENE, Historien d'Art, Secrétaire T.I.C.C.I.H.- Belgium, La Fonderie,<br />
rue Ransfort 27, B-1080 BRUXELLES<br />
Bulgarie / Bulgaria<br />
Zoia TCHERVENKOVA, Institut National des Monuments Historiques, Département<br />
de l'Inventaire<br />
173
Mladen PANTCHEV, Pr<strong>of</strong>esseur, Chef de Chaire à l'Université d'Architecture, 11, rue<br />
Kraka, 1504 S<strong>of</strong>ia Union des Architectes Bulgares, BG-SOFIA<br />
République fédérative tchèque et slovaque / Czech and Slovak Fédéral Republic<br />
Bemadetta SILINGEROVA, Architect, Ministry <strong>of</strong> Culture, DobroviCova 12, CS-<br />
813 37 BRATISLAVA<br />
Luboslav SKOVIERA, Chef de la Section de l'inventaire, Institut Slovaque de<br />
Protection des Monuments, Hviezdoslava 5, CS-811 02 BRATISLAVA<br />
Danemark / Dentnark<br />
Boye JENSEN, Cand. Techn. Soc., Planstyrelsen, Haraldsgade 53, DK-2100<br />
COPENHAGEN 0<br />
Allan TOENNESEN, Head <strong>of</strong> Section, National Agency for Physical Planning,<br />
53 Haraldsgade, DK-2100 COPENHAGEN<br />
Finlande / Finland<br />
Erkki HARO, Conservator, The National Board <strong>of</strong> Antiquitics and Historical<br />
Monuments, PL 187, SF-00171 HELSINKI<br />
France<br />
Francine ARNAL, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Inspecteur de la Direction du<br />
<strong>Patrimoine</strong>, Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10, rue du Parc Royal, F-<br />
75003 PARIS<br />
Isabelle BALSAMO, Conservateur en chef du <strong>Patrimoine</strong>, Chef du Bureau de la<br />
Diffusion Documentaire, Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10, rue du<br />
Parc Royal, F-75003 PARIS<br />
Renaud BENO1T-CATTIN, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur régional de<br />
l'Inventaire de Bourgogne, Service Régional de l'Inventaire. D.R.A.C. Bourgogne, 39-<br />
41 rue Vannerie, F-21000 DIJON<br />
Patrice BERTRAND, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional de<br />
l'Inventaire, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C. Champagnc-Ardcnnc,<br />
3, Faubourg St Antoine, F-51037 CHALONS-SUR-MARNE CEDEX<br />
174
Olivier BIGUET, Chercheur Inventaire, Mairie d'Angers, Boulevard de la Résistance<br />
et de la Déportation, F-49100 ANGERS<br />
Nicole BLONDEL, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel<br />
de Vigny, 10, rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />
Jacques CAILLETEAU, Conservateur Général du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional<br />
de l'Inventaire, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C. Pays-de-la-Loire, 1, rue<br />
Stanislas Baudry, F-44035 NANTES CEDEX 01<br />
Claudine CARTIER, Responsable de la Cellule du <strong>Patrimoine</strong> industriel, Sous-Direction<br />
de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10 rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />
Maryannick CHALABI, Conservateur en chef du <strong>Patrimoine</strong>, Service régional de<br />
l'Inventaire, D.R.A.C. Rhône-Alpes, 23 rue Roger Radisson, F-69322 LYON CEDEX 5<br />
Monique CHATENET, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Chef du Bureau de la<br />
Méthodologie, Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10 rue du Parc Royal,<br />
F-75003 PARIS<br />
Eric Philippe COUTUREAU, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Service Régional de<br />
l'Inventaire, D.R.A.C. Pays de la Loire, 1 rue Stanislas Baudry, F-44035 NANTES<br />
CEDEX 01<br />
Jean DAVOIGNEAU, Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10, rue du Parc<br />
Royal, F-75003 PARIS<br />
Colette DREAN, Ingénieur d'Etudes - Documentaliste, Service Régional de l'Inventaire,<br />
D.R.A.C. Bretagne, Hôtel de Blossac - 6 rue du Chapitre, F-35044 RENNES CEDEX<br />
Anne DUFLOS, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C.<br />
Pays-de-la-Loire, 1, rue Stanislas Baudry, F-44035 NANTES CEDEX 01<br />
Christian DUPA VILLON, Directeur du <strong>Patrimoine</strong>, Ministère de l'Education Nationale<br />
et de la Culture, 3, rue de Valois, F-75001 PARIS<br />
Jean-Florent FILTZ, Secrétaire Général Adjoint, Programme Franco-Allemand de<br />
Recherche pour la Conservation des Monuments Historiques, Château de Champs-sur-<br />
Marne, F-77420 CHAMPS/MARNE<br />
Julia FRITSCH, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C.<br />
Ile-de-France, Grande Palais, Porte C, avenue Franklin Roosevelt, F-75008 PARIS<br />
Claire GIRAUD-LABALTE, Historienne d'Art, 40, rue de la Trémissinière, F-44300<br />
NANTES<br />
175
Dominique GUILLOT, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Ministère de l'Education Nationale<br />
et de la Culture, Sous-Direction de l'Archéologie, 4, rue d'Aboudir, F-75002 PARIS<br />
Jean-Félix GUILLOTEAU, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Service Régional de<br />
l'Inventaire, D.R.A.C. Haute-Normandie, 2 rue Maladrerie, F-76QOO ROUEN<br />
Catherine HERRY, Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10, rue du Parc<br />
Royal, F-75003 PARIS<br />
Dominique HERVIER, Conservateur Général du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional de<br />
l'Inventaire, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C. Ile-de-France, Grande Palais,<br />
Porte C, avenue Franklin Roosevelt, F-75008 PARIS<br />
Virginie INGUENAUD, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Service Régional de l'Inventaire,<br />
D.R.A.C. Champagne-Ardenne, 3 Faubourg St Antoine, F-51037<br />
CHALONS-SUR-MARNE CEDEX<br />
Jeannette IVAIN, Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10, rue du Parc<br />
Royal, F-75003 PARIS<br />
Jean-Louis KEROUANTON, Chercheur Inventaire, Service Régional de l'Inventaire,<br />
D.R.A.C. Pays-de-la-Loire, 1, rue Stanislas Baudry, F-44035 NANTES CEDEX 01<br />
François LE BOEUF, Chercheur Inventaire, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C.<br />
Pays-de-la-Loirc, 1, rue Stanislas Baudry, F-44035 NANTES CEDEX 01<br />
Jean-Paul LECLERQ, Conservateur en chef du <strong>Patrimoine</strong>, Service Régional de<br />
l'Inventaire, D.R.A.C. Auvergne, 4 rue Pascal, F-63000 CLERMONT FERRAND<br />
Dominique LETELLIER-D'ESPINOSE, Chercheur-Inventaire, Service Régional de<br />
l'Inventaire, D.R.A.C. Pays-de-la-Loire, 1, rue Stanislas-Baudry, F-44035 NANTES<br />
CEDEX 01<br />
Thierry LOCHARD, Chercheur-Inventaire, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C.<br />
Languedoc-Roussillon, 5 rue de la Salle de l'EvCquc, F-34000 MONTPELLIER<br />
Isabelle LONGUET, Chargée de Mission pour les Affaires Internationales, Missions des<br />
Relations Publiques et des Affaires Internationales, Ministère de l'Education Nationale<br />
et de la Culture, Direction du <strong>Patrimoine</strong>, 3 rue du Valois, F-75001 PARIS<br />
Viviane MANASE, Conservateur Territorial du <strong>Patrimoine</strong>, Service Départemental de<br />
l'Inventaire, 106 nie de Frcmur. B.P. 744. F-49007 ANGERS CEDEX<br />
Anne-Marie MARAIS, Conservateur de Musée, Chargée de l'Informatisation de la<br />
Documentation du chantier de Saint-Trophimc d'Arles, 13. rue d'Allul, F-34170<br />
CASTELNAU-LE-LEZ<br />
176
Marie-Claude MARY, Conservateur Général du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional de<br />
l'Inventaire, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C. Franche Comté, 9 bis rue<br />
Charles Nodier, F-25000 BESANCON<br />
Mauricette MATTIOLI, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional de<br />
l'Inventaire, Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C. Corse, B.P. 301, F-20176<br />
AJACCIO CEDEX<br />
Marianne MINICONI, Technicien de la Recherche, Service Régional de l'Inventaire,<br />
D.R.A.C. Corse, B.P. 301, F-20176 AJACCIO CEDEX<br />
Francis MUEL, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional de l'Inventaire,<br />
Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C. Bretagne, Hôtel de Blossac, 6 rue du<br />
Chapitre, F-35044 RENNES CEDEX<br />
Bonita MUELLER, Architecte, Cellule du <strong>Patrimoine</strong> Industriel, Sous-Direction de<br />
l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10 rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />
Annie NOE-DUFOUR, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Service Régional de l'Inventaire,<br />
D.R.A.C. Midi-Pyrénées<br />
Marc PABOIS, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur régional de l'Inventaire,<br />
Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C. Rhône Alpes, 23 rue Roger Radisson, F-<br />
69322 LYON CEDEX 05<br />
Olivia PELLETIER, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, 8 rue du Maréchal Foch, F-86000<br />
POITIERS<br />
Jean-Marie PEROUSE DE MONTCLOS, Vice-Président de la Commission Nationale<br />
de l'Inventaire, Inventaire Général de la documentation et de la Protection du<br />
<strong>Patrimoine</strong>, Hôtel de Vigny, 10, rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />
Maryvonne PESTEIL, Documentaliste CRMH, D.R.A.C. Corse, Résidence les Crêtes,<br />
Route des Sanguinaire, F-20000 AJACCIO<br />
Martine PLOUVIER, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur régional de l'Inventaire,<br />
Service de l'Inventaire, D.R.A.C. Picardie, 5 rue Henri Daussy, F-80044 AMIENS<br />
CEDEX 01<br />
Odette RIFFET, Chercheur Inventaire, Service Régional de l'Inventaire, D.R. A.C. Paysde-la-Loire,<br />
1, rue Stanislas Baudry, F-44035 NANTES CEDEX 01<br />
Yves-Jean RIOU, Conservateur Général du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur régional de<br />
l'Inventaire Chargé de mission d'Inspection, D.R.A.C. Poitou-Charentes, Hôtel de<br />
Rochefort, 102 Grand-Rue, F-86020 POITIERS CEDEX<br />
177
Evelyne ROBINEAU, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Service Régional de l'Inventaire,<br />
D.R.A.C. Pays-de-la-Loire, 1, rue Stanislas Baudry, F-44035 NANTES CEDEX 01<br />
Paul-Edouard ROBINNE, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional de<br />
l'Inventaire, D.R.A.C. Limousin, 6 rue Haute de la Comédie, F-87036 LIMOGES<br />
CEDEX<br />
Jean-Paul SAINT-AUBIN, Conservateur Général du <strong>Patrimoine</strong>, Direction du<br />
<strong>Patrimoine</strong>, Inspection Générale, Informatique et Nouvelles Technologies, Hôtel de<br />
Vigny, 10, rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />
Christiane SCHMUCKLE-MOLLARD, Architecte en Chef des Monuments Historiques,<br />
12 rue de Moscou, F-75008 PARIS<br />
Paul SMITH, Historien, Cellule du <strong>Patrimoine</strong> Industriel, Sous-Direction de l'Inventaire<br />
Général, Hôtel de Vigny, 10 rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />
Odile TETU, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional de l'Inventaire,<br />
Service Régional de l'Inventaire, D.R.A.C. Nord-Pas-de-Calais, Hôtel Scrive, 1, rue du<br />
Lombard, F-59800 LILLE<br />
Olivier TOCHE, Chef du bureau de l'Informatique et des Nouvelles Technologies,<br />
Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10, rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />
Bernard TOULIER, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Sous-Direction de l'Inventaire, Hôtel<br />
de Vigny, 10, rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />
Claude VANDALLE, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Inventaire Général, 140 rue Lerichc,<br />
F-59169 ROUCOURT<br />
François VERDIER, Conservateur du <strong>Patrimoine</strong>, Conservateur Régional de l'Inventaire,<br />
D.R.A.C. Haute-Normandie<br />
Hélène VERDIER, Sous-Direclion de l'Inventaire, Hôtel de Vigny, 10, rue du Parc<br />
Royal, F-75003 PARIS<br />
Guy VERRON, Chargé de Mission auprès du Sous-Dircctcur de l'Archéologie, Manoir<br />
des Gens d'Amiens, 161 rue Basse, F-14000 CAEN<br />
Jean-Marie VINCENT, Conservateur Général du <strong>Patrimoine</strong>, Chargé de la Sous-<br />
Direction de l'Inventaire Général de la documentai ion et de la Protection du <strong>Patrimoine</strong>,<br />
Hôtel de Vigny, 10, rue du Parc Royal, F-75003 PARIS<br />
Jida VINCENT, Documentaliste, Service Régional de l'Inventaire Général, D.R.A.C.<br />
Ile de France, Grand Palais, Porte C, F-75008 PARIS<br />
178
Elisabeth WALLEZ, Documentaliste, Conservation Régionale des Monuments<br />
Historiques, D.R.A.C. Haute-Normandie, Cité Administrative, 2, rue Saint-Sever, F-<br />
76032 ROUEN CEDEX<br />
Allemagne / Germanv<br />
Hans KINDT, Verlagsleiter, Informationszentrum RAUM und BAU der Fraunh<strong>of</strong>er-<br />
Gesellschaft, Nobelstrasse 12, D-7000 STUTTGART 80<br />
Rainer SLOTTA, Director <strong>of</strong> thé German Mining Muséum Bochum, Am<br />
Bergbaumuseum 28, D-4630 BOCHUM<br />
Walter WULF, Art Historian/Oberkonservator, Institut fur Denkmalpflege<br />
Niedersachsen, Schiffgraben 48, D-3000 HANNOVER<br />
Saint-Siège / Holy See<br />
Giancarlo SANTI, Représentant du Saint-Siège, Piazza Fontana 2, 20121 MILANO I<br />
Hongrie / Hungary<br />
Miklos HORLER, Vice-Président, Office National des Monuments Historiques de la<br />
Hongrie, Tâncsics Mihâly Utca 1, H-1014 BUDAPEST<br />
Italie / Italy<br />
Christina GNONI, Catalogo Sienne, Soprintendenza per il Béni Artistici e Storici, Via<br />
del Capitano 1,1-53100 SIENNA<br />
Maria MANGIAVACCHI, Responsable du Catalogo, Soprintendenza per i Béni Artistici<br />
e Storici, Via del Capitano, 1,1-53100 SIENNA<br />
M. LAVECCHIA, Architect, MEMAR-SIR, via Emilia S. Pietro 22,1-42100 REGGIO<br />
EMTLIA<br />
Fabio POGGI, Data Administrator, via G. Preti, 70,1-41100 MODENA<br />
Maria-Louisa POLICHETTI, Direttoro Istituto Centrale per il Catalogo e la<br />
Documentazione, Via di S. Michèle 18, 1-00153 ROMA<br />
Claudine REMACLE, Directeur formation, "Recenseur architecture rurale", FRAZ Chez-<br />
Chenaux, M1010 BIONAZ-AO (Val d'Aoste)<br />
179
Bruno SANTI, Surintendant, Surintendance pour les Biens artistiques et historiques de<br />
Sienne, Soprintendenza per i Béni Artistici e Storici, Via del Capitano, 1, 1-53100<br />
SIENNA<br />
Lituanie / Lithuania<br />
Bronius DAKARIS<br />
Evgenius IVASKEVICIUS<br />
Malte / Malta<br />
Godwin CASSAR, Architect, Tower Planner, Planning Services Division, Ministry for<br />
thé Environment, FLORIANA, CMR 02 MALTA<br />
Pays-Bas / Netherlands<br />
Roland BLYDENSTÏN, Architectural Historian, Province Ulrechl, Postbus 80300, NL-<br />
3508 TH UTRECHT<br />
Hildebrand DE BOER, Project-coordinator, The Netherlands Institutc for thé Industrial<br />
Héritage, P.O. Box 948, NL-3700 AX ZEIST<br />
Mariekc KUIPERS, Architectural historical rcscarchcr Inventory, Netherlands<br />
Department for Conservation, P.O. Box 1001, NL-3700 BA ZEIST<br />
Peter NIJHOF, Head <strong>of</strong> Inventory <strong>of</strong> National Monuments. Rijksdienst voor de<br />
Monumentenzorg, Postbus 1001, NL-3700 BA ZEIST<br />
Job VAN LAAR, Head <strong>of</strong> Documentation, Dutch Department for thé Conservation <strong>of</strong><br />
Historié Building and Sites, Rijksdienst voor de Monumcnicn/.org, Broedcrplein 41,<br />
3703 CD ZEIST, Postbus 1001, NL-3700 BA ZEIST<br />
Norvège / Norwity<br />
Gro WESTER, Head <strong>of</strong> Rccording Division, Central Office <strong>of</strong> Historié Monuments and<br />
Sites, Post Box 8196 Dcp, N-0034 OSLO<br />
Pologne / Poland<br />
Artur KOSTARCZYK, Dircctor <strong>of</strong> thé Régional Centre for Studios and Préservation <strong>of</strong><br />
Built Environment in Gdarisk, ul. Swiçtcj Trôjcy 5, P.O. Box 589, PL-80-958 GDANSK<br />
180
Portugal<br />
Maria Teresa GAMBOA, Architect, Instituto Portugues do Patrimonio Arquitectonico<br />
e Archeologico, Palacio Nacional da Ajuda, P-1300 LISBOA<br />
Alberto Flavio LOPES, Directeur Régional de l'IPPAR, Instituto Portugues do<br />
Patrimônio Arquitectonico a Arqueologico, Palacio Nacional de Ajuda, P-1300 LISBOA<br />
Roumanie / Romania<br />
Vlad Gabriel CUZA, Ingénieur/Informaticien, 16 lenachita Vacarescu, Secteur 1,<br />
70528 BUCAREST<br />
Ruxanda NEMTEANU, Architecte, Service <strong>d'inventaire</strong>, lenachita Vacarescu N°16,<br />
Secteur 1, 70528 BUCAREST<br />
Fédération de Russie / Fédération <strong>of</strong> Russia<br />
Zora BOUTAIEVA, Institut de Recherches Culturelles, Bersenevskaya nab. 20,<br />
109072 MOSCOU<br />
Katia CHORBAN, Institut d'Histoire de l'Art, Département de l'Inventaire de Moscou<br />
Eleonora CHOULEPOVA, Directeur Adjoint, Institut de Recherches Culturelles,<br />
Bersenevskaya nab. 20, 109072 MOSCOU<br />
Vera SAMOILOVA, Chef du Service juridique et administratif des Musées d'Etat du<br />
Kremlin de Moscou, RUSSIE<br />
M. Andreï STERLIGOV, Chef du département Inventaire, Institut d'Histoire de l'Art,<br />
MOSCOU<br />
Espagne / Spain<br />
Paloma BARREIRO PEREIRA, Jefe del Dpt. Investigacion e Informacion del Colegio<br />
Oficial de Arquitectos de Madrid, c/Barquillo N°12, E-28004 MADRID<br />
Félix BENITO MARTIN, Arquitecto, Ministerio de Cultura, Instituto de Convervacion<br />
y restauracion de Bienes Culturales, c/Greco N°4, E-28040 MADRID<br />
Santiago CARIDAD, Centre de Documentacion del Patrimonio Historiée, Servicio<br />
Régional de Patrimonio Historiée, Gran Via 42, 2a escalera, 6a planta (edf. Galerias),<br />
E-30005 MURCIA<br />
181
Araceli PEREDA ALONSO, Directora General Fundacion Cultural Banesto, C/. Antonio<br />
Maura N° 4 - E-28014 MADRID<br />
Maria Jésus S ANCHEZ CLARES, Documentalista, Direccion de los Servicios Juridicos,<br />
Secretaria General de la Presidencia, Palacio San Esteban c/Acisclo Diaz, E-30071<br />
MURCIA<br />
Ricardo SICLUNA LLETGET, Jefe Unidad Técnica de Arquitectura, Servicio General<br />
de Patrimonio Arquitectônico, Direction General de Patrimonio Artistico, Conselleria<br />
de Cultura, Avda Campanar, 32, E-46015 VALÈNCIA<br />
Suède / Sweden<br />
Robert BENNETT, Head <strong>of</strong> Department, National Board <strong>of</strong> Antiquities,<br />
Riksantikvarieambetet, Box 5405, S-11484 STOCKHOLM<br />
Helmer GUSTAVSON, Swedish Central Board <strong>of</strong> National Antiquities, BOX 5404, S-<br />
STOCKHOLM 11484<br />
Kersti MORGER, Senior Executive Officer, Central Board <strong>of</strong> National Antiquities,<br />
Box 5405, S-l 1484 STOCKHOLM<br />
Marie NISSER, Pr<strong>of</strong>esser at ihe University <strong>of</strong> Uppsala, Drômstigen 12, S-161 38<br />
BROMMA<br />
Stefan ÔSTERGREN. Hcad <strong>of</strong> (lie Archives <strong>of</strong> ihe Central Board <strong>of</strong> National<br />
Antiquilies, RiksantikvarieHmbctet, Box 5405, S-l 1484 STOCKHOLM<br />
Suisse / Swify.erland<br />
Nott CAV1EZEL, Directeur, Institut d'Histoire de l'Art en Suisse, Pavillonweg 2,<br />
case postale, CH-3001 BERNE<br />
M. Pierre FREY, Conservateur, Archives de la Construction Moderne, IYHA/DA-EPFL,<br />
case postale 555, CH-1001 LAUSANNE<br />
Benno FURRER, Directeur, Etude de la Maison Rurale de Suisse, Sumpfstrassc 23, CH-<br />
6300 ZUG<br />
Daniel-André GLAUSER, Rédacteur, Etudes de lu Maison rurale du Canton de Vaud,<br />
rue de la Charmille 8, CH-1450 SAINTE-CROIX<br />
Michèle GROTE, Chargée de Recherche, Section des Monuments Historiques Vaudois,<br />
10 Place Riponnc. CH-IOI4 LAUSANNE<br />
182
Pierrot HANS, Architecture et Informatique, Konradstrasse 77, Postfach 3122, CH-8031<br />
ZURICH<br />
Charles MATTLE, Conservateur Adjoint, Section des Monuments Historiques VD,<br />
10 Place Riponne, CH-1014 LAUSANNE<br />
Isabelle ROLAND TEVAEARAI, Historienne, Attachée au recensement <strong>architectural</strong>,<br />
Section des Monuments Historiques Vaudois, 10 Place Riponne, CH-1014 LAUSANNE<br />
Christine VON BUREN, Coordinatrice recensement <strong>architectural</strong> vaudois, Section des<br />
Monuments Historiques VD, 10 Place Riponne, CH-1014 LAUSANNE<br />
Royaume-Uni / United Kingdom<br />
John BOLD, Head <strong>of</strong> Architecture, Royal Commission on thé Historical Monuments <strong>of</strong><br />
England, 23 Savile Row, UK-LONDON W1X 2JQ<br />
Martin CHERRY, Head <strong>of</strong> Listing Branch, English Héritage, Fortress House, 23 Savile<br />
Row, UK-LONDON W1X 1AB<br />
Nicholas COOPER, Architectural Historian, Royal Commission on thé Historical<br />
Monuments <strong>of</strong> England, 23 Savile Row, UK-LONDON W1X 2JQ<br />
Simon GRANT, Head <strong>of</strong> Computer Services, Royal Commission on thé Historical<br />
Monuments <strong>of</strong> England, 23 Savile Row, UK-LONDON W1X 2JQ<br />
Diane HALE, Curator, Royal Commission on thé historical Monuments <strong>of</strong> England,<br />
Fortress House, 23, Savile Row, UK-LONDON W1X 2JQ<br />
Tom HASSALL, The Secretary, Royal Commission on thé Historical Monuments <strong>of</strong><br />
England, Fortress House, 23, Savile Row, UK-LONDON W1X 2JQ<br />
John HUME, Historié Scotland, 20 Brandon Street, Edinburgh EH3 5R4, SCOTLAND<br />
Terry JAMES, Information Systems Manager, Royal Commission on thé Ancient and<br />
Historical Monuments <strong>of</strong> Wales, Plas Crug, UK-ABERYSTWYTH SY 23 2HP<br />
Roger LEECH, Head <strong>of</strong> Archaeology, Royal Commission on thé Historical Monuments<br />
<strong>of</strong> England, Rougemont, Rougemont Close, UK-SALISBURY SP1 1LY<br />
Roger James MERCER, Secretary RCAHMS, Royal Commission on thé Ancient and<br />
Historical Monuments <strong>of</strong> Scotland, John Sinclair House, 16 Bernard Terrace, UK-<br />
EDINBURGH EH8 9NX<br />
183
Ge<strong>of</strong>froy STELL, Head <strong>of</strong> Architecture, Royal Commission on thé Ancient and<br />
Historical Monuments <strong>of</strong> Scotland, John Sinclair House, 16 Bernard Tenace, UK-<br />
EDINBURGH EH8 9NX<br />
Robin THORNES, RCHME, Shelley House, Acomb Road, UK-YORK Y02 4MB<br />
Peter WHITE, Secretary to thé Commission, Royal Commission on thé Ancient and<br />
Historical Monuments <strong>of</strong> Wales, Plas Crug, UK-ABERYSTWYTH SY 23 2HP<br />
Ukraine<br />
M. DIOMIN, Scientific Research Institute for Architecture ad Town Planning Theory<br />
in Kiev, B. Zhitomiraskaya 9, 252025 KIEV<br />
Mme DIOMINA, Scientific Research Institute for Architecture ad Town Planning<br />
Theory in Kiev, B. Zhitomiraskaya 9, 252025 KIEV<br />
M. DMITRIEV, Scientific Research Insiitute for Architecture ad Town Planning Theory<br />
in Kiev, B. Zhitomiraskaya 9, 252025 KIEV<br />
Vladimir KOLTCHANOV, Depuly Director, Chief <strong>of</strong> Applied Informatics Department,<br />
Scientific Research Institute for Architecture and Town Planning Theory in Kiev,<br />
B. Zhitomiraskaya 9, 252025 KIEV<br />
USA / Cetly Trust<br />
Eleanorc FINK, Prograin Manager, Gctty Art History Information Program,<br />
401 Wilshire Blvd, Suite 1100, Santa Monica, CALTFORNIA 90401-1455 USA<br />
Donald S ANDERS, Architectural Editer, Art and Architecture Thésaurus, The Getty Art<br />
History Information Program, 62 Stratton Road, Williamstown,<br />
MASSACHUSETTS 01267, USA<br />
Organisations Kouvcrnemcntiilcs et non-uoiivcrncmcntiilcs / Clovcrnmcnfiil and<br />
non-uovcrnmcntal Organisations<br />
UNESCO<br />
Susannc PETERS, Consiilinni, I Place de l'Ecole, F-75001 PARIS<br />
ICOMOS<br />
Suzanne D'ABZAC, Hôtel Saint Aignan, 75 rue du temple, F-75003 PARIS<br />
184
CONSEIL DE L'EUROPE / COUNCIL OF EUROPE<br />
i<br />
Daniel THEROND, Administrateur Principal, Division du <strong>Patrimoine</strong> Culturel, Conseil<br />
de l'<strong>Europe</strong>, F-67075 STRASBOURG CEDEX<br />
Tél. (33) 88 41 22 52, Fax (33) 88 41 27 84<br />
Marie-Laure SAAS, Division du <strong>Patrimoine</strong> Culturel, Conseil de l'<strong>Europe</strong>, F-67075<br />
STRASBOURG CEDEX<br />
Tél. (33) 41 22 55, Fax (33) 88 41 27 84<br />
Mary Ann HENNESSY, Secrétaire, Division du <strong>Patrimoine</strong> Culturel<br />
185
Sales agents for publications <strong>of</strong> thé <strong>Council</strong> <strong>of</strong> <strong>Europe</strong><br />
Agents de vente des publications du Conseil de l'<strong>Europe</strong><br />
AUSTRALIA/ AUSTRALIE<br />
Hunier Publications, 58A, Cipps Street<br />
AUS-3066 COLLINCWOOD, Victoria<br />
AUSTRIA/AUTRICHE<br />
Cerold und Co., Graben 31<br />
A-1011 VIENNA1<br />
BELCIUM/BELCIQUE<br />
La Librairie européenne SA<br />
Av. A. Jonnart 50<br />
B-1200BRUSSELS20<br />
CANADA<br />
Renouf Publishing Company Limited<br />
1294 AlgomaRoad<br />
CDN-OTTAWA ONT K1B 3W8<br />
CVPRUS/CHYPRE<br />
MAM<br />
The House <strong>of</strong> thé Cyprus Book<br />
PO Box 1722, CY-NICOSIA<br />
DENMARK/DANEMARK<br />
Munksgaard<br />
Book and Subscription Service<br />
PO Box 2148<br />
DK-1016 COPENHACEN K<br />
FINLAND/FINLANDE<br />
Akateeminen Kirjakauppa<br />
Keskuskatu1,PO8ox218<br />
SF-00381 HELSINKI<br />
CERMANY/ALLEMACNE<br />
Minerva GmbH<br />
Buch u. Zeitschrifteimport<br />
Morgenstem StraBe 37<br />
D-60596 FRANKFURT<br />
CREECE/CRÈCE<br />
Librairie Kauffmann<br />
Mavrokordatou 9, CR-ATHINA1106 78<br />
IRELAND/IRLANDE<br />
Government Stationery Office<br />
Publications Section<br />
Bishop Street IRL-DUBLIN 8<br />
ITALY/ITALIE<br />
Libreria Commissionaria Sansoni<br />
ViaDucadiCalabria, 1/1<br />
Casella Postale 552,1-50125 FLORENCE<br />
LUXEMBOURG<br />
Librairie Bourbon<br />
(Imprimerie Saint-Paul)<br />
11, rue Bourbon<br />
L-1249 LUXEMBOURG<br />
NETHERLANDS/PAYS-BAS<br />
InOr-publikaties, PO Box 202<br />
NL-7480 AE HAAKSBERGEN<br />
SDU Staatsdrukkerij/Uitgeverij<br />
Christ<strong>of</strong>fel Plantijnstraat 2 Postbus 20014<br />
NL-2500 EA DEN HAAG<br />
NORWAY/NORVÈGE<br />
Akademika, A/S Universitetsbokhandel<br />
PO Box 84, Blindern<br />
N-0314 OSLO<br />
PORTUGAL<br />
Livraria Portugal, Rua do Carmo, 70<br />
P-1200 LISBON<br />
SPAIN/ ESPAGNE<br />
Mundi-Prensa Libres SA<br />
Castellô 37, E-28001 MADRID<br />
Libreria International Aedos<br />
Consejo de Ciento. 391<br />
E-08009 BARCELONA<br />
Llibreria de la Generalitat<br />
Rambla dels Estudis, 118<br />
E-08002 BARCELONA<br />
Llibreria de la Generalitat de Catalunya<br />
Cran Via Jaume 1,38, E-17001 GIRONA<br />
SWEDEN/SUÈDE<br />
Aktiebolaget CE Fritzes<br />
Regeringsgatan 12, Box 163 56<br />
S-10327 STOCKHOLM<br />
SWITZERLAND/SUISSE<br />
Buchhandlung Heinimann & Co.<br />
Kirchgasse 17, CH-8001 ZURICH<br />
TURKEY/TURQUIE<br />
Près Gazette Kitap<br />
Nailibahce Sokak 15<br />
Cagaloglu, TR-ISTANBUL<br />
UNITED KINGDOM/ROYAUME-UNI<br />
HMSO, Agency Section<br />
51 Nine Elms Lane<br />
GB-LONDON SW8 5DR<br />
UNITED STATES and CANADA/<br />
ETATS-UNIS et CANADA<br />
Manhattan Publishing Company<br />
1 Croton Point Avenue, PO Box 650<br />
CROTON, NY 10520<br />
STRASBOURG<br />
Librairie internationale Kléber<br />
1, rue des Francs-Bourgeois<br />
F-67000 STRASBOURG<br />
Librairie des Facultés<br />
2-12, rue de Rome<br />
F-67000 STRASBOURG<br />
Librairie Kléber<br />
Palais de l'<strong>Europe</strong><br />
F-67075 STRASBOURG Cedex
La diversité des <strong>méthodes</strong> <strong>d'inventaire</strong> du<br />
patrimoine <strong>architectural</strong> en <strong>Europe</strong> et l'évolution<br />
rapide des technologies documentaires<br />
entraînent des difficultés de communication<br />
entre les usagers de l'information.<br />
Comment créer dès lors des bases concrètes<br />
pour permettre les échanges aux niveaux<br />
national et international?<br />
Cette publication présente de nombreux<br />
exemples <strong>d'inventaire</strong>s et propose «une<br />
fiche minimale d'indexation» du patrimoine,<br />
première clé d'accès à l'information au plan<br />
européen.<br />
Les éditions du Conseil de l'<strong>Europe</strong><br />
ISBN 92-871-2341-1