RAPPORT
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Un effet additionnel de cette perte notoire de crédibilité de l’actuelle administration<br />
américaine, tant à l’intérieur qu’au niveau international, est que<br />
les alternatives disponibles pour Washington se réduisent encore plus pour<br />
agir contre son rival dans la région. Sans l’appui des principaux pays européens,<br />
des autres puissances des régimes de la région – aucun d’eux garantis<br />
aujourd’hui, sauf des exceptions comme les britanniques, l’Arabie Saoudite<br />
ou la Jordanie – et avec des relations difficiles avec l’OIEA 12 , les possibilités<br />
pour faire face à la montée iranienne dans la région sont chaque fois moindres<br />
13 . Au contraire, il est chaque jour plus irréfutable que la communauté<br />
internationale – en compris bien entendu les États-Unis- a besoin de la collaboration<br />
iranienne pour faire face aux défis régionaux de sécurité. Dans la<br />
recherche de solutions pour l’Iraq, dans la conformation d’un cadre régional<br />
de sécurité dans le golfe Persique et dans la lutte contre le terrorisme international,<br />
Téhéran devient en fin de comptes un partenaire inéluctable.<br />
Tout ceci, en synthèse, confère aux autorités iraniennes une grande marge<br />
de manoeuvre pour continuer plus avant avec son agenda et, appliqué à<br />
ce cas, pour continuer son programme nucléaire sans trop d’interférences<br />
externes. Ajoutés à l’argument réitéré sans fin que son objectif est, strictement,<br />
de doter le pays de sources énergétiques alternatives à celles qu’il<br />
a déjà grâce à sa richesse en pétrole et en gaz, des activités qui laissent<br />
la porte ouverte aux développement militaires futurs restent sur le fil du<br />
rasoir. Dans ce sens, le président Ahmadineyad a annoncé, en mars 2007,<br />
que l’Iran avait commencé la construction d’une nouvelle installation<br />
nucléaire (avec une capacité de 360Mw) à Darkhovin et, le mois suivant,<br />
il ajouta que les installations à Natanz avaient déjà la capacité de produire<br />
de l’uranium enrichi à niveau industriel 14 .<br />
L’approbation à l’unanimité de la résolution 1747, de la part du Conseil de<br />
Sécurité de l’ONU, le 24 mars 15 , n’a même pas semblé modifier sa trajectoire<br />
dans aucun sens perceptible. Dans celle-ci il fut à nouveau exigé que<br />
l’Iran cesse toutes ses activités d’enrichissement et de reproduction dans un<br />
délai de maximum 60 jours et les sanctions ont été élargies à de nouveaux<br />
acteurs (la banque d’Etat Sepah et les dirigeants du Corps de gardes de la<br />
Révolution Islamique), en même temps que lui fut imposé un embargo sur<br />
les armes et que furent fermées les voies d’accès aux crédits à l’exportation<br />
de biens iraniens. D’autre part, elle offre à l’Iran de suspendre les sanctions<br />
si Téhéran suspend ses activités d’enrichissement et de reproduction. Si<br />
avant cette date l’unique geste conciliateur iranien avait été la proposition<br />
annoncée de la bouche de son principal négociateur d’alors, Ali Lariyani 16 ,<br />
d’établir un moratoire de 30 jours pour suspendre simultanément les sanctions<br />
et les activités nucléaires, après cette nouvelle résolution aucun geste<br />
substantiel ne fut perçu qui permette de débloquer le processus et le plan<br />
diplomatique.<br />
Face à cette position iranienne, encore aujourd’hui la communauté internationale<br />
continue de croire formellement dans l’option diplomatique pour<br />
résoudre la crise, autant que Washington prétend convaincre les autres<br />
membres du Conseil de Sécurité de l’ONU de la nécessité d’approuver<br />
une nouvelle Résolution. Au milieu de messages qui ne cachent pas leur<br />
bellicisme, d’autres acteurs comme la Russie essayent de mettre les atouts<br />
dans leur jeu, tachant de ne pas se brouiller avec leurs clients iraniens 17 et<br />
de maintenir leur image formelle de défenseur de la légalité internationale.<br />
Ainsi une troisième vague de sanctions fut rejetée, prévue pour durer plus<br />
III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />
AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE