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I l<br />
y a un manque cruel d’émissions<br />
spécialisées et de magazi-<br />
ne littéraires à la radio et à la<br />
télévision, a relevé Youssef Sayah.<br />
Selon lui, il n’est pas nécessaire de<br />
consacrer une heure pour présenter<br />
un ouvrage.<br />
«Cinq minutes peuvent suffire pour<br />
le faire. Qu’est-ce qui empêche de<br />
donner la parole aux écrivains pendant<br />
1 minute dans les journaux<br />
télévisées ? L’impact de la télévision<br />
est plus grand que celui de la<br />
radio ou de la presse écrite», a précisé<br />
ce producteur-animateur de<br />
Canal Algérie et de la Chaîne III<br />
Il a reconnu avoir subi la censure de<br />
certaines émissions. «Il y a des<br />
livres et des auteurs qui ne passent<br />
pas à l’antenne. Il est arrivé qu’on<br />
me demande d’enlever des extraits<br />
de certaines émissions, chose que je<br />
refuse de faire. C’est tout ou rien !»,<br />
a-t-il indiqué.<br />
Le paradoxe, d’après lui, est que<br />
certains auteurs, qui pouvaient<br />
paraître politiquement incorrectes,<br />
sont passés à l’antenne sans que<br />
cela soulève des vagues. «Ce n’est<br />
pas aussi tranché, parfois tout<br />
dépend de l’animateur de l’émission»,<br />
a-t-il assuré. Participant au<br />
débat, Azzeddine Mihoubi, secrétaire<br />
d'Etat auprès du Premier ministre<br />
chargé de la Communication, a estimé<br />
que la censure des livres qui<br />
portent atteinte à la sécurité ou incitent<br />
à la haine ou au terrorisme sont<br />
interdits dans tous les pays.<br />
«Chez nous, on parle parfois de<br />
livres imaginaires, on annonce leur<br />
parution puis on évoque leur censure»,<br />
a-t-il dit. Il a reproché aux journaux<br />
de ne pas trop s’intéresser à la<br />
culture algérienne.<br />
«Certains font du copier-coller<br />
d’internet. Il y a deux ans, j’ai<br />
publié deux livres. Aucune ligne n’a<br />
été écrite à ce jour», s’est-il plaint.<br />
La presse algérienne, d’après<br />
Sofiane Hadjadj, directeur des éditions<br />
Barzakh, ne fait pas vendre les<br />
livres.<br />
Il a cité l’exemple d’un roman de<br />
Maïssa Bey qui s’est vendu à 3000<br />
exemplaires sans qu’un seul article<br />
ne lui soit consacré. «Mais, c’est un<br />
phénomène mondial.<br />
Le Monde des livres en France ne<br />
fait pas vendre les ouvrages. Mais,<br />
c’est toujours bon d’y avoir un<br />
article pour la réputation», a-t-il<br />
dit. En tant qu’éditeur, il a avoué<br />
avoir fait un choix des journaux<br />
pouvant être destinataires de livres<br />
dans la perspective d’une présentation.<br />
«C’est un choix commercial<br />
mais c’est également une manière<br />
de faire la promotion du livre et de<br />
la lecture», a précisé Sofiane<br />
Hadjadj. La presse, selon<br />
Hmida Layachi, directeur<br />
d’<strong>El</strong> Djazaïr<br />
News, ne peut<br />
faire seule<br />
la pro-<br />
motion du livre. «A quoi sert-il<br />
d’écrire sur un livre que les lecteurs<br />
ne trouveront pas dans les libraires<br />
? Il y a un effort à faire pour assurer<br />
une meilleure distribution des<br />
ouvrages.<br />
Il y a aujourd’hui une démission<br />
totale de l’Etat dans le soutien du<br />
livre», a-t-il souligné.<br />
Il a cité les exemples du Koweït, de<br />
la Syrie et de l’Irak où l’appui de<br />
l’Etat à la fabrication du livre est<br />
fort. Hmida Layachi, qui est également<br />
romancier, a reproché aux<br />
journaux de négliger les pages littéraires.<br />
«Tout ce qui se fait aujourd’hui<br />
relève d’initiatives individuelles. Si<br />
le directeur de la publication ou le<br />
rédacteur en chef s’intéresse au<br />
livre, il y aura des articles. Dans le<br />
cas contraire, il n’y aura rien», a-til<br />
observé.<br />
D’après lui, les jeunes journalistes<br />
qui écrivent dans les pages culturelles<br />
n’ont pas été habitués à la lecture<br />
à l’université:<br />
«Alors comment peuvent-ils<br />
s’intéresser au livre dans<br />
leur vie professionnelle<br />
?». Youssef<br />
Sayah est lui<br />
tran-<br />
<strong>El</strong> <strong>Watan</strong> - Mercredi 4 novembre 2009 - 17<br />
CULTURE<br />
14 e SALON INTERNATIONAL DU LIVRE D’ALGER<br />
«Il n’y a pas de critique littéraire<br />
dans la presse»<br />
● Le livre n’a pas toute la place qu’il mérite dans les médias algériens. Constat établi lundi lors d’une conférence au 14 e Salon international du<br />
livre d’Alger (SILA) qui se tient à l’esplanade du complexe sportif du 5 Juillet.<br />
Critique litéraire, une profession à inventer dans la presse<br />
chant : il n’y pas de critique littéraire<br />
dans la presse. Avis partagé par<br />
Sofiane Hadjadj qui a estimé que<br />
souvent les journalistes se contentent<br />
de présenter le livre sans une<br />
réelle critique. «Parfois des<br />
ouvrages insignifiants ont eu une<br />
page alors que des livres de grandes<br />
valeurs n’ont eu que trois lignes.<br />
Il n’y pas d’évaluation de la production<br />
livresque.<br />
Personne ne dit ce qui est bon et ce<br />
qui ne l’est pas», a-t-il relevé soulignant<br />
toutefois que le livre est plus<br />
présent dans la presse algérienne<br />
comparée à celle de Tunisie ou du<br />
Maroc.<br />
Azzeddine Mihoubi a appelé à<br />
laisser aux spécialistes la<br />
charge de critiquer les<br />
ouvrages et de les<br />
analyser.<br />
«Il faut<br />
sortir<br />
des lectures superficielles des<br />
livres», a-t-il dit. Il a reproché aux<br />
éditeurs de presse de n’avoir rien<br />
fait pour publier une revue culturelle<br />
de qualité préférant les publications<br />
sportives, commercialement<br />
plus rentables.<br />
Il a salué les efforts de certains<br />
journaux qui consacrent des<br />
suppléments à l’activité<br />
culturelle.<br />
«Mais que font<br />
les 80<br />
autres<br />
titres ?», s’est-il demandé. Les participants<br />
au débat ont critiqué l’attitude<br />
de la presse francophone qui,<br />
selon eux, négligent les ouvrages<br />
écrits en arabe. «Ce qui n’est pas le<br />
cas de la presse arabophone pour<br />
les livres publiés en français», ontils<br />
remarqué.<br />
Selon Youssef Sayah, l’ENTV et A3<br />
ignorent complètement les ouvrages<br />
publiés en français en Algérie.<br />
«Comme s’ils n'existaient pas !», at-il<br />
appuyé. Pour Abdou B., journaliste,<br />
la problématique de la langue<br />
ne sera réglée une fois que le pouvoir<br />
aura assumé l’arabe, le tamazight<br />
et le français comme «une<br />
richesse nationale».<br />
Les jeunes ont, selon lui, tendance à<br />
être de plus en plus bilingues.<br />
Il faut, selon Sofiane Hadjadj, préparer<br />
le lecteur de demain.<br />
«Pour moi, la politique du livre<br />
relève du ministère de l’Education,<br />
pas de celui de la Culture», a-t-il<br />
dit. Il a appelé à l’organisation d’un<br />
atelier réunissant éditeurs de livre,<br />
auteurs et journalistes pour discuter<br />
de la meilleure manière de traiter le<br />
livre dans les médias.<br />
Fayçal Métaoui<br />
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