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Clandestin-en-Un - Revue Onphi p.69 - 2009 - Xavier Pavie

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Philo-fictions, la revue des non-PhilosoPhies<br />

intégrée. La philosophie de l’assimilation est son propre réceptacle, elle<br />

s’auto-légitime <strong>en</strong> décidant ce qui, <strong>en</strong> matière d’homme et de p<strong>en</strong>sée, est<br />

assimilable ou non. Elle ne se déroule qu’à partir d’elle-même. Même la<br />

philosophie contemporaine, qui définit la p<strong>en</strong>sée comme un symptôme,<br />

comme l’expression <strong>en</strong> creux d’une altérité insaisissable, impose les normes<br />

de recevabilité de cette altérité. En tant qu’elle continue à légiférer sur les<br />

rapports de l’être et de l’avoir, elle persiste à tracer des contours, à réifier<br />

et à reconduire (même a contrario) un idéal d’appart<strong>en</strong>ance. Cette<br />

philosophie demeure ultimem<strong>en</strong>t figurative et dessine le lieu d’un rapport<br />

originel <strong>en</strong>tre instances concurr<strong>en</strong>tes (Moi et Autre, lieu et non-lieu, etc.)<br />

Certes, Levinas réfute toute symétrie <strong>en</strong> matière d’éthique et parle d’un<br />

« infini de séparation » <strong>en</strong>tre Moi et Autrui. Mais ce dernier reste redevable<br />

de cette distance par laquelle il se détermine. Même s’il « s’absout » de la<br />

relation au Moi, l’infini de séparation lui est <strong>en</strong>core corrélatif et Autrui ne se<br />

p<strong>en</strong>se pas indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t de lui. Quelles que soi<strong>en</strong>t ses déterminations,<br />

l’altérité est toujours conçue <strong>en</strong> fonction du milieu dans lequel elle se déplie<br />

(même quand ce milieu est appelé langage ou différance). Dès que la p<strong>en</strong>sée,<br />

la consci<strong>en</strong>ce ou même l’Autre sont <strong>en</strong>visagés sous l’angle de leur<br />

déploiem<strong>en</strong>t ou de leur épiphanie, ils requièr<strong>en</strong>t un cadre qui leur est<br />

contemporain et <strong>en</strong> fonction duquel ils se définiss<strong>en</strong>t :<br />

« …son visage où se produit son épiphanie… » 9<br />

Même lorsqu’elle veut p<strong>en</strong>ser la différ<strong>en</strong>ce la plus absolue, la philosophie<br />

doit convoquer ce ou celui que cette différ<strong>en</strong>ce affecte. La différ<strong>en</strong>ce existe,<br />

à la fois, comme <strong>en</strong>tité irréductible et comme rapport. La « trace »<br />

derridi<strong>en</strong>ne, par exemple, est empreinte, effacem<strong>en</strong>t, prés<strong>en</strong>ce-abs<strong>en</strong>ce<br />

substantivée mais elle est aussi différante <strong>en</strong> tant qu’elle annonce<br />

indéfinim<strong>en</strong>t la possibilité/impossibilité d’une relation <strong>en</strong>tre deux termes.<br />

Aussi indécidable soit-il, le cadre de la relation est posé et il prét<strong>en</strong>d<br />

exprimer une contrainte réelle.<br />

De son côté, la non-philosophie révèle la conniv<strong>en</strong>ce philosophique qui<br />

lie originellem<strong>en</strong>t l’auto- et l’hétéro-production (du moi ou de l’autre…),<br />

bi<strong>en</strong> que celles-ci paraiss<strong>en</strong>t opposées. Elle n’est pourtant pas <strong>en</strong> position de<br />

survol par rapport à la philosophie. Elle ne prét<strong>en</strong>d occuper ni un autre lieu<br />

ni un autre temps que ceux qui port<strong>en</strong>t et qu’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t la philosophie. La<br />

non-philosophie est sans lieu assignable par une philosophie et, <strong>en</strong> même<br />

temps, elle témoigne de ce sans-lieu pour la philosophie que la nécessité<br />

d’occuper une place obsède et confine à la stérilité.<br />

La seule instance susceptible de t<strong>en</strong>ir, <strong>en</strong> une p<strong>en</strong>sée, l’être-séparé du<br />

clandestin et la dualité assimilation / exclusion philosophique, sans produire<br />

98<br />

<strong>Clandestin</strong>ité, une ouverture

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