Clandestin-en-Un - Revue Onphi p.69 - 2009 - Xavier Pavie
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XAVIER PAVIE clandestin et clandestin-<strong>en</strong>-un<br />
pourtant pas de l’inconnaissable car la non-phénoménologie laisse<br />
transparaître et laisse exister les phénomènes clandestins, mais sous un<br />
prisme tout à fait inédit.<br />
La phénoménologie p<strong>en</strong>se le Réel, p<strong>en</strong>se le clandestin, essaye de le<br />
réduire, de le susp<strong>en</strong>dre, de l’interroger, de le forger à sa manière, à son<br />
image <strong>en</strong> quelque sorte. Contrairem<strong>en</strong>t à la phénoménologie, la nonphénoménologie<br />
ne s’embarque pas dans cette prét<strong>en</strong>tion, elle s’extirpe de<br />
cet ersatz de Réel avant qu’elle ne soit confondue avec lui.<br />
Le clandestin est. Il n’est pas à construire, à p<strong>en</strong>ser à imaginer ou à<br />
imager. Au même titre que l’individu ou plus globalem<strong>en</strong>t le Réel, le<br />
clandestin ne peut être une construction de la p<strong>en</strong>sée ou une théorie sur<br />
celui-ci ; le clandestin est. Si sa phénoménalisation est impossible, si elle est<br />
une hérésie c’est bi<strong>en</strong> parce qu’elle a été p<strong>en</strong>sée à travers le prisme d’un<br />
certain Réel p<strong>en</strong>sable, d’une certaine suffisance à la prét<strong>en</strong>tion du<br />
clandestin. La non-phénoménalisation <strong>en</strong> ôtant ce prisme, <strong>en</strong> supprimant ce<br />
Réel ou plus exactem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> le considérant comme imp<strong>en</strong>sable, permet<br />
d’arrimer le clandestin sur sa propre exist<strong>en</strong>ce, une exist<strong>en</strong>ce à partir de lui.<br />
Respect de la clandestinité<br />
Dans cette t<strong>en</strong>tative de non-phénoménalisation du clandestin, cette<br />
émerg<strong>en</strong>ce du clandestin-<strong>en</strong>-<strong>Un</strong> a permis de démontrer ce que cherche <strong>en</strong><br />
perman<strong>en</strong>ce à prouver la non-philosophie : il y a une p<strong>en</strong>sée de l’<strong>Un</strong> au lieu<br />
d’une p<strong>en</strong>sée de l’être. En effet, le travail sur le matériau « clandestin »<br />
comme nous v<strong>en</strong>ons de l’effectuer a permis de dégager l’être de la réflexion,<br />
cet être qui s’est fait phénoménaliser et réduire pour ne plus être p<strong>en</strong>sé au<br />
profit cette fois non plus d’un être mais d’une p<strong>en</strong>sée <strong>en</strong>-<strong>Un</strong>. <strong>Un</strong>e p<strong>en</strong>sée <strong>en</strong>-<br />
<strong>Un</strong> qui elle seule a su r<strong>en</strong>dre au clandestin son exist<strong>en</strong>ce et ses phénomènes,<br />
par ailleurs le respecter non plus sur lui mais selon lui, à partir de lui, de ses<br />
singularités.<br />
La différ<strong>en</strong>ciation <strong>en</strong>tre la phénoménalisation du clandestin et sa nonphénoménalisation<br />
est donc claire. Il y a appauvrissem<strong>en</strong>t chez l’un du<br />
clandestin, quand il y a émerg<strong>en</strong>ce des propriétés du clandestin chez l’autre.<br />
N’est-ce pas finalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les deux une question d’ordre kanti<strong>en</strong>ne à<br />
travers la notion de « respect ». Kant conçoit <strong>en</strong> effet le respect d’abord à<br />
travers le respect que l’on a <strong>en</strong>vers soi car il constitue le fondem<strong>en</strong>t du<br />
respect <strong>en</strong>vers autrui. La phénoménologie se respecte-t-elle alors qu’elle<br />
semble hypocrite <strong>en</strong>vers elle-même dans son auto-fondation, dans son autoinstitution<br />
?<br />
<strong>Clandestin</strong>ité, une ouverture<br />
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