Clandestin-en-Un - Revue Onphi p.69 - 2009 - Xavier Pavie
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ERIK DEL BUFALO clandestins sous le soleil<br />
l’idée d’un θεοζ quelconque. À la base de l’absolutisme sans absolu<br />
de la démocratie planétaire, il n’y a pas un fondem<strong>en</strong>t indiscutable,<br />
mais le perpétuel et multiple comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t philosophique dont le<br />
naturalisme moral ne cesse de temporiser, sauf provisoirem<strong>en</strong>t comme<br />
dans les fables contractuelles, la légitimité de ses décisions. Ce<br />
cercle vicieux de l’intellig<strong>en</strong>ce libérale, qui subsume toute<br />
philosophie possible, nous l’appelons, étant donné son auto-position<br />
métaphysique, Principe de Vexation Suffisante (PVS). Toute p<strong>en</strong>sée<br />
qui viole ce principe se fait déjà clandestine par rapport au jugem<strong>en</strong>t<br />
philosophique du monde, soit qu’il la dénonce comme moralem<strong>en</strong>t<br />
inacceptable, soit comme politiquem<strong>en</strong>t incorrecte.<br />
À cause du libéralisme, et de son principe fondam<strong>en</strong>tal (PVS),<br />
« l’homme ordinaire » n’existe plus dans l’ordre du monde. L´homme<br />
sans opinions, sans p<strong>en</strong>chant au débat, sans convictions discutables,<br />
indiffér<strong>en</strong>t à l’irréalité de la parole parlem<strong>en</strong>taire, sans publicité et<br />
sans position, est abominable du point de vue de l’anthropologie des<br />
golems rationnels et standardisés du mondialisme démocratique.<br />
L’ordinaire étant seulem<strong>en</strong>t le symptôme de l’impuissance de<br />
l’extraordinaire (hors de l’ordre du monde), « l’homme<br />
démocratique », selon ces lumières philosophiques, jouit de la même<br />
infatuation morale que le philosophe et de la même fierté langagière<br />
que le débateur rationaliste, qui est toujours trop convaincu par la<br />
cohér<strong>en</strong>ce incontestable de son ignorance. Ainsi, le relativisme<br />
philosophique de l’opinion dans le cadre dogmatique de l’ordre<br />
moral, ne doit pas délibérer sur sa discursivité. Son auto-légitimité<br />
provi<strong>en</strong>t de la liberté du petit philosophe citoy<strong>en</strong>, à condition,<br />
certes, que l’on respecte la liberté d’opinion <strong>en</strong> tant qu’institution<br />
ultime de toute philosophie, et même si la philosophie défie — avec<br />
grandes difficultés — sa propre philosophabilité, l’opinion ne néglige<br />
guère sa philosophaillerie.<br />
Certainem<strong>en</strong>t que la démocratie libérale peut réclamer sa<br />
légitimité du fait d’être le seul système qui permette sa propre<br />
critique infinie ; autant dire qu’il n’y aurait pas un principe positif,<br />
mais seulem<strong>en</strong>t une position de jure qui l’autonomise de toute<br />
théorie ou analyse. Cette ess<strong>en</strong>ce auto-négative est toute proche,<br />
sinon égale, à l’ess<strong>en</strong>ce de la philosophie. Et, pour ce qui est du<br />
respect de la liberté, <strong>en</strong> supposant qu’il s’agisse d’une vraie liberté<br />
de droit, personne ne peut me donner le droit de dire ce que je veux<br />
sans que, à son tour, il ne décide pour moi quel est mon droit. La<br />
liberté de l’opinion, donc, son auto-donation des cont<strong>en</strong>us et son<br />
<strong>Clandestin</strong>ité, une ouverture<br />
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