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Clandestin-en-Un - Revue Onphi p.69 - 2009 - Xavier Pavie

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TANGUY ROUAUD<br />

le clandestin ou l’autre utoPique<br />

d’occupation ou de remplissage car même s’il est l’instigateur de l’espace<br />

et/ou du temps dans lesquels il se pose, le Tout n’<strong>en</strong> est pas moins aliéné à<br />

cette problématique de l’espace, à ce décalage perpétuellem<strong>en</strong>t reconduit<br />

<strong>en</strong>tre vide et plein ; le Tout n’est plein que parce qu’une réserve de vide est<br />

toujours déjà aménagée. Subordonné à cette logique de l’agrégat, le Tout<br />

reste désespérém<strong>en</strong>t a posteriori ou empirique, ou plutôt il est ce par quoi<br />

une délimitation <strong>en</strong>tre a priori et empirique s’impose puisque le Tout n’existe<br />

qu’<strong>en</strong> se dédoublant ; <strong>en</strong>tre puissance et acte, virtuel et actuel, Tout pour<br />

lui-même et Tout pour une connaissance. La philosophie est l’opérateur par<br />

lequel le Tout est résolum<strong>en</strong>t possible / impossible, ardemm<strong>en</strong>t désiré<br />

comme champ de spéculations illimitées mais aussi rejeté dans la mesure où<br />

la philosophie refuse d’être circonscrite. C’est pourquoi toute philosophie<br />

n’est jamais elle-même qu’un Tout relatif pour un autre Tout prét<strong>en</strong>dant à<br />

l’absoluité. La non-philosophie, de son côté, ne comm<strong>en</strong>ce pas par embrasser<br />

toutes les philosophies <strong>en</strong> espérant dégager quelques traits généraux. Si la<br />

non-philosophie existe, ce n’est pas sous le regard d’une autre instance qui<br />

ambitionnerait de la dépasser ou de la déborder car ce jeu de regard et de<br />

dédoublem<strong>en</strong>t est justem<strong>en</strong>t le propre de la philosophie qui n’existe qu’<strong>en</strong><br />

étant regardante-regardée. Le moteur de la philosophie est égalem<strong>en</strong>t le<br />

moteur du Tout. C’est pourquoi toute approche « frontale » de la philosophie<br />

se leurre <strong>en</strong> supposant qu’il existe un champ « plus large » dont elle (la<br />

philosophie) ne constituerait qu’une petite partie. La non-philosophie ne<br />

s’intéresse pas à la-philosophie telle qu’elle prét<strong>en</strong>d occuper un espace, mais<br />

à la philosophie ou à la philosophabilité <strong>en</strong> tant qu’elle porte <strong>en</strong> elle la<br />

possibilité de tous les Touts possibles, y compris le Tout de la ou des<br />

philosophie(s) :<br />

« Finalem<strong>en</strong>t, la philosophabilité n’est pas le tout empirique de laphilosophie<br />

ou d’une philosophie mais le tout de son noyau formel, auquel<br />

s’ajout<strong>en</strong>t des pièces annexes qui le « critiqu<strong>en</strong>t » ou le vari<strong>en</strong>t plus ou<br />

moins. » 8<br />

Philosophiquem<strong>en</strong>t, l'autochtone et l'étranger dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t moins d'une<br />

frontière précise que de cette structure d'auto-<strong>en</strong>globem<strong>en</strong>t. L'étranger<br />

apatride ou le clandestin sont inintégrables parce qu'aucun Tout n'est plus<br />

susceptible de les ressaisir. Ni le monde, ni la nation auto-suffisante, ni même<br />

l'Histoire ne peuv<strong>en</strong>t imaginer de place pour eux. Ce sont avant tout des<br />

exclus de la p<strong>en</strong>sée, voire des imp<strong>en</strong>sables. Seules une non-philosophie ou<br />

une non-politique peuv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core révéler la fonction positive et<br />

déterminante de ces sans-lieu.<br />

<strong>Clandestin</strong>ité, une ouverture<br />

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