Totem et Tabou - Philosophie pour le Bac
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Sigmund Freud (1912), <strong>Totem</strong> <strong>et</strong> tabou. Interprétation par la psychanalyse 24<br />
de la vie socia<strong>le</strong> des peup<strong>le</strong>s primitifs<br />
<strong>et</strong>, last not <strong>le</strong>ast, <strong>le</strong> désir de ne pas se laisser troub<strong>le</strong>r dans son illusion qui lui<br />
fait accorder une va<strong>le</strong>ur exagérée aux qualités de sa jeune femme. Dans la<br />
plupart des cas, c'est la bel<strong>le</strong>-mère qui vient dissiper c<strong>et</strong>te illusion, car tout en<br />
lui rappelant sa femme par de nombreux traits qu'el<strong>le</strong> a en commun avec el<strong>le</strong>,<br />
el<strong>le</strong> manque de c<strong>et</strong>te beauté, de c<strong>et</strong>te jeunesse <strong>et</strong> de c<strong>et</strong>te fraîcheur d'âme qui<br />
lui font tant apprécier la fil<strong>le</strong>.<br />
La connaissance de sentiments cachés (lue nous devons à l'examen<br />
psychanalytique des hommes nous perm<strong>et</strong> d'ajouter d'autres motifs à ceux que<br />
nous venons d'énumérer. Si <strong>le</strong>s besoins psycho-sexuels de la femme trouvent<br />
<strong>le</strong>ur satisfaction dans <strong>le</strong> mariage <strong>et</strong> dans la vie de famil<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> n'en est pas<br />
moins constamment menacée du danger d'insatisfaction provenant (<strong>le</strong> l'arrêt<br />
prématuré des relations conjuga<strong>le</strong>s <strong>et</strong> du vide affectif qui peut en résulter. La<br />
mère qui vieillit se préserve de ce danger par l'identification avec ses enfants,<br />
par la part active qu'el<strong>le</strong> prend à <strong>le</strong>ur vie affective. On dit que <strong>le</strong>s parents<br />
rajeunissent auprès de <strong>le</strong>urs enfants; c'est là en eff<strong>et</strong> un des avantages <strong>le</strong>s plus<br />
précieux que ceux-là doivent à Ceux-ci. La femme stéri<strong>le</strong> se trouve ainsi privée<br />
de l'une des meil<strong>le</strong>ures consolations <strong>et</strong> compensations <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s privations<br />
auxquel<strong>le</strong>s el<strong>le</strong> doit se résigner dans sa vie conjuga<strong>le</strong>. C<strong>et</strong>te identification<br />
affective avec la fil<strong>le</strong> va chez certaines mères jusqu'à partager avec cel<strong>le</strong>-ci<br />
l'amour qu'el<strong>le</strong> éprouve <strong>pour</strong> son mari, ce qui, dans <strong>le</strong>s cas <strong>le</strong>s plus aigus,<br />
aboutit, à la suite de la vio<strong>le</strong>nte résistance psychique que la mère oppose à ce<br />
sentiment, à des formes de névrose graves. Toutefois, on observe fréquemment<br />
chez la bel<strong>le</strong>-mère l'existence d'un sentiment amoureux à l'égard du gendre,<br />
sentiment qui, soit sous sa forme réel<strong>le</strong>, soit sous la forme d'une tendance<br />
opposée, participe à la lutte que se livrent <strong>le</strong>s différentes forces psychiques de<br />
c<strong>et</strong>te femme. Il arrive fréquemment que c'est précisément l'élément haineux,<br />
sadique qu'el<strong>le</strong> manifeste à l'égard du gendre, afin de réprimer d'autant plus<br />
sûrement ce qu'el<strong>le</strong> éprouve <strong>pour</strong> lui de tendresse condamnab<strong>le</strong>.<br />
Chez l'homme, l'attitude à l'égard de la bel<strong>le</strong>-mère se complique de<br />
sentiments analogues, mais provenant d'autres sources. Le chemin du choix de<br />
l'obj<strong>et</strong> l'a conduit, de l'image de sa mère <strong>et</strong>, peut-être, aussi de cel<strong>le</strong> de sa sœur,