Totem et Tabou - Philosophie pour le Bac
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Sigmund Freud (1912), <strong>Totem</strong> <strong>et</strong> tabou. Interprétation par la psychanalyse 8<br />
de la vie socia<strong>le</strong> des peup<strong>le</strong>s primitifs<br />
sont parvenus soit directement, soit transmis par la tradition dans des<br />
légendes, des mythes <strong>et</strong> des contes, grâce enfin à la survivance de sa mentalité<br />
que nous pouvons r<strong>et</strong>rouver dans nos propres mœurs <strong>et</strong> coutumes. En outre,<br />
c<strong>et</strong> homme de la préhistoire est encore, jusqu'à un certain point, notre<br />
contemporain; il existe encore des hommes quo nous considérons comme étant<br />
beaucoup plus proches des primitifs que nous ne <strong>le</strong> sommes <strong>et</strong> dans <strong>le</strong>squels<br />
nous voyons <strong>le</strong>s descendants <strong>et</strong> successeurs directs de ces hommes de jadis.<br />
C'est ainsi que nous jugeons <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s dits sauvages <strong>et</strong> demi-sauvages, dont la<br />
vie psychique acquiert <strong>pour</strong> nous un intérêt particulier, si nous pouvons<br />
prouver qu'el<strong>le</strong> constitue une phase antérieure, bien conservée, de notre propre<br />
développement.<br />
Adm<strong>et</strong>tons que c<strong>et</strong>te preuve soit faite; en établissant alors une comparaison<br />
entre la « psychologie des Peup<strong>le</strong>s primitifs, » tel<strong>le</strong> que nous la révè<strong>le</strong><br />
l'<strong>et</strong>hnographie, <strong>et</strong> la psychologie du névrosé, tel<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong> ressort des recherches<br />
psychanalytiques, nous devrons trouver entre l'une <strong>et</strong> l'autre de nombreux<br />
traits communs <strong>et</strong> être à même de voir sous un jour nouveau, dans l'une <strong>et</strong><br />
dans l'autre, des faits déjà connus.<br />
Pour des raisons aussi bien extérieures qu'intérieures, je choisis, en vue de<br />
c<strong>et</strong>te comparaison, <strong>le</strong>s tribus que <strong>le</strong>s <strong>et</strong>hnographes nous ont décrites comme<br />
étant <strong>le</strong>s plus sauvages, <strong>le</strong>s plus arriérées <strong>et</strong> <strong>le</strong>s plus misérab<strong>le</strong>s: <strong>le</strong>s habitants<br />
primitifs du plus jeune des continents, de l'Australie, qui a conservé jusque<br />
dans sa faune tant de traits archaïques, introuvab<strong>le</strong>s ail<strong>le</strong>urs.<br />
Les habitants primitifs de l'Australie sont considéré comme une race à part,<br />
sans aucune parenté physique ni linguistique avec ses voisins <strong>le</strong>s plus proches,<br />
<strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s mélanésiens, polynésiens, malais. Ces habitants ne bâtissent ni<br />
maisons, ni cabanes solides, ne cultivent pas <strong>le</strong> sol, ne possèdent aucun animal<br />
domestique, pas même <strong>le</strong> chien, ignorent jusqu'à l'art de la poterie. Ils se<br />
nourrissent exclusivement de la chair de tous <strong>le</strong>s animaux, quels qu'ils soient,<br />
qu'ils abattent <strong>et</strong> des racines qu'ils arrachent à la terré. Ils n'ont ni rois ni chefs,<br />
l'assemblée des hommes mûrs décidant des affaires communes. Il n'est pas<br />
certain qu'on trouve chez eux des traces d'une religion, sous la forme d'un culte