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L'affaire Khaled Ben Saïd - Ligue des droits de l'Homme

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Communiqués et articles <strong>de</strong> presse parus sur l’affaire <strong>Ben</strong> <strong>Saïd</strong><br />

Accusé <strong>de</strong> tortures, un diplomate tunisien échappe à la justice française<br />

Article paru dans l’édition du 05.03.02<br />

Vice-consul <strong>de</strong> Tunisie à Strasbourg, <strong>Khaled</strong> <strong>Ben</strong> <strong>Saïd</strong> était visé par une plainte. Les<br />

maladresses <strong>de</strong> l’enquête lui ont permis <strong>de</strong> fuir. Un mandat d’arrêt international est<br />

délivré.<br />

AZIZ a appris à attendre sans colère. Le parquet et la police <strong>de</strong> Strasbourg ont réussi à laisser<br />

échapper l’homme qui l’avait laissé être torturé quarante-cinq jours et qui a frappé sa femme à<br />

coups <strong>de</strong> bâton dans un commissariat <strong>de</strong> Tunisie. Avec l’appui <strong>de</strong> la Fédération internationale <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme (FIDH), la jeune femme avait porté plainte contre le tortionnaire, <strong>Khaled</strong> <strong>Ben</strong><br />

<strong>Saïd</strong>, nommé Vice-consul <strong>de</strong> Tunisie à Strasbourg.<br />

La justice, après une molle enquête, a fini par prévenir le tortionnaire qu’elle allait l’arrêter : il a<br />

disparu. « C’est une <strong>de</strong>mi-victoire, soupire Aziz, philosophe. En prenant la fuite, il prouve qu’il<br />

est coupable. Mais la police a fait <strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs, malheureusement. » La FIDH estime cependant<br />

qu’ « une étape historique » a été franchie, « c’est en effet la première fois qu’un mandat d’arrêt<br />

international est délivré contre un tortionnaire tunisien ».<br />

Aziz n’est pas son vrai prénom - son avocat, Me Eric Plouvier, craint que la police tunisienne soit<br />

moins maladroite que la française. Le 18 février 1991, trois hommes sont venus le chercher, dans<br />

la boutique <strong>de</strong> son père, à Jendouba. Aziz est instituteur et un homme pieux : « Je ne suis pas un<br />

islamiste, je suis un intellectuel et un opposant au régime. Ils m’ont dit, vous serez torturé jusqu’à<br />

la mort. Moi j’avais déjà été torturé sous Bourguiba, j’avais l’habitu<strong>de</strong>. »<br />

Poulet rôti<br />

La nouveauté, c’est le « poulet rôti ». On attache les poignets aux chevilles, on passe un manche<br />

<strong>de</strong> pioche sous les genoux du « poulet », qu’on pose entre <strong>de</strong>ux chaises : le corps bascule vers<br />

le bas, les pieds en l’air. « Ensuite, ils frappent avec un bâton sur la plante <strong><strong>de</strong>s</strong> pieds, on sent les<br />

coups jusqu’au sommet du crâne, souffle Aziz. Au douzième coup, on s’évanouit. » A la fin <strong>de</strong> la<br />

journée, il a avoué tout ce qu’on a voulu. Il est libéré après un mois et quinze jours <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> à vue<br />

et s’enfuit à Paris, où il retourne en prison : la police le soupçonne d’être un islamiste et l’arrête<br />

en 1995. Aziz découvre avec stupeur que le juge antiterroriste Jean-François Ricard travaille avec<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> rapports <strong>de</strong> la DST tunisienne. Lui qui a obtenu le statut <strong>de</strong> réfugié politique en France le 6<br />

mai 1996, purge un an <strong>de</strong> prison le temps que l’instruction se termine. Il est condamné en 1998 à<br />

<strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> prison, dont un avec sursis.<br />

GAJ. L’Affaire BEN SAId/11

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