L'affaire Khaled Ben Saïd - Ligue des droits de l'Homme
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<strong>Khaled</strong> <strong>Ben</strong> <strong>Saïd</strong> dans cette affaire se sont pourtant effritées au cours <strong>de</strong> l’après-midi.<br />
Le témoignage détaillé <strong>de</strong> Zoulaikha Gharbi, la victime, sur l’interrogatoire auquel on l’avait<br />
soumise dans le but d’obtenir <strong><strong>de</strong>s</strong> informations sur son mari, opposant au régime, a en effet<br />
laissé apparaître <strong><strong>de</strong>s</strong> contradictions avec ses dépositions initiales <strong>de</strong> 2001.<br />
Zoulaikha Gharbi n’a plus reconnu le diplomate comme acteur<br />
La Tunisienne n’a plus décrit l’accusé ni comme acteur ni comme spectateur <strong>de</strong> la scène où elle<br />
aurait été suspendue par les pieds et les mains, recevant <strong><strong>de</strong>s</strong> coups et subissant <strong><strong>de</strong>s</strong> attouchements,<br />
mais « seulement » comme commanditaire <strong>de</strong> ces actes, n’agissant physiquement «que» pour lui<br />
asséner, juste avant et pendant une heure, <strong><strong>de</strong>s</strong> coups <strong>de</strong> bâton et <strong><strong>de</strong>s</strong> coups <strong>de</strong> poing au visage.<br />
Des imprécisions justifiées selon ses avocats par un probable défaut <strong>de</strong> traduction initial, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
lacunes normales <strong>de</strong> la mémoire, ainsi qu’une difficulté à évoquer <strong><strong>de</strong>s</strong> souvenirs traumatisants,<br />
surtout pour une femme d’un milieu religieux conservateur.<br />
Durant une heure et <strong>de</strong>mie, assistée d’un interprète, elle a répondu aux questions d’une voix<br />
faible mais assurée, soucieuse <strong>de</strong> dissiper les points <strong>de</strong> confusion et <strong>de</strong> montrer sa bonne foi.<br />
L’inertie <strong><strong>de</strong>s</strong> autorités tunisiennes<br />
C’est juste avant les plaidoyers <strong><strong>de</strong>s</strong> avocats, alors que la responsabilité directe <strong>de</strong> l’accusé<br />
dans les actes les plus humiliants tombait, que le prési<strong>de</strong>nt du tribunal, Jérôme <strong>Ben</strong>sussan, a<br />
introduit la question subsidiaire posée à la cour <strong>de</strong> la complicité <strong>de</strong> l’accusé, qui n’était pas<br />
posée initialement.<br />
L’avocat général avait requis, lui, l’acquittement en raison <strong>de</strong> l’absence d’éléments à charge et<br />
<strong>de</strong> preuves – Zoulaikha Gharbi n’avait pas <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> certificat médical attestant les coups<br />
reçus, expliquant qu’il est quasiment impossible et <strong>de</strong> toute façon vain d’en obtenir –, tout en<br />
admettant «l’inertie <strong><strong>de</strong>s</strong> autorités tunisiennes».<br />
Celles-ci n’ont à aucun moment collaboré à l’enquête, ne donnant pas suite à un mandat d’arrêt<br />
international lancé contre l’accusé après son départ <strong>de</strong> France fin 2001.<br />
<strong>Khaled</strong> <strong>Ben</strong> <strong>Saïd</strong> est toujours en fuite.<br />
ÉLISE DESCAMPS, Strasbourg (Bas-Rhin)<br />
GAJ. L’Affaire BEN SAId/23