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IdentIté et dIversIté - Decitre

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1<br />

<strong>IdentIté</strong><br />

<strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

Spectacle BabeL (Words), chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui, Cie Eastman, 2010.<br />

Les questions du programme<br />

En quoi l’autre est-il semblable <strong>et</strong> différent ?<br />

Comment transm<strong>et</strong>tre son histoire, son passé, sa culture ?<br />

Doit-on renoncer aux spécificités de sa culture pour s’intégrer dans la société ?<br />

7


1 Identité <strong>et</strong> diversité : regard sur soi,<br />

regard sur l’autre ?<br />

Culture<br />

Comment envisager la diversité au xx e siècle ? 9<br />

De la lecture à l’écriture<br />

Comment se fonde l’identité ? Quelle image<br />

de soi, quelle image de l’autre ? 11<br />

De la lecture à l’écriture<br />

Comment l’écriture autobiographique peut-elle<br />

présenter l’autre ? 13<br />

Lexique<br />

Le vocabulaire du comportement 15<br />

Langue<br />

Les valeurs du « Je » 16<br />

Évaluations<br />

Dans un débat oral, être capable de présenter 17<br />

son opinion <strong>et</strong> de s’impliquer dans son propos<br />

Être capable d’analyser les modalités 19<br />

<strong>et</strong> les enjeux de la présentation de l’autre<br />

dans un écrit ou dans une image<br />

2 Quels sont les liens entre expression<br />

artistique <strong>et</strong> contexte historique ?<br />

Culture<br />

Comment les artistes voient-ils les mouvements<br />

de « libération » des peuples ? 21<br />

Groupement de textes<br />

Représentations littéraires de la colonisation 23<br />

Lexique<br />

Le lexique des valeurs 27<br />

Langue<br />

La syntaxe de la phrase complexe 28<br />

Évaluation<br />

Être capable de situer les œuvres 29<br />

du genre biographique dans leur contexte<br />

historique <strong>et</strong> sociologique<br />

prépa bac 1 31<br />

8 <strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

3 voyage en Italie de Jean Giono<br />

Culture<br />

Le récit de voyage : connaissance du monde, 37<br />

de l’autre… <strong>et</strong> de soi-même ?<br />

œuvre complète<br />

Le Voyage en Italie<br />

Une leçon de bonheur <strong>et</strong> de simplicité ? 39<br />

Une réfl exion sur l’art <strong>et</strong> la littérature ? 41<br />

Lexique<br />

Individuel, collectif, singulier 43<br />

Langue<br />

Les connecteurs d’opposition 44<br />

Évaluation<br />

Être capable de comprendre comment une 45<br />

œuvre m<strong>et</strong> en tension les expériences<br />

individuelles <strong>et</strong> les questions collectives<br />

4 Comment le passé construit-il<br />

notre avenir ?<br />

Culture<br />

Filiation : entre rupture <strong>et</strong> continuité ? 47<br />

De la lecture à l’écriture<br />

Se construire : avec quels repères ? 49<br />

De la lecture à l’écriture<br />

Picasso <strong>et</strong> Velázquez : fi liation de deux univers<br />

artistiques ? 51<br />

Lexique<br />

La modalisation du jugement 53<br />

Langue<br />

Les procédés de la concession 54<br />

Évaluation<br />

Être capable de rédiger une argumentation 55<br />

de type délibératif (thèse, antithèse,<br />

choix personnel)<br />

prépa bac 2 57<br />

© Éditions Foucher


© Éditions Foucher<br />

1<br />

Questions<br />

Séquence<br />

1 Certains<br />

Identité <strong>et</strong> diversité : regard sur soi,<br />

regard sur l’autre ?<br />

genres comme le portrait, la biographie, l’autobiographie se donnent<br />

pour obj<strong>et</strong> le questionnement de l’identité <strong>et</strong> de l’altérité. Comment me raconter,<br />

comment décrire l’autre, comment rendre compte de sa singularité ?<br />

L’art du xx e siècle, dans ses différentes modalités d’expression, ne cesse<br />

d’interroger ces notions de subjectivité, d’identité <strong>et</strong> de diversité.<br />

Comment envisager la diversité au xx e siècle ?<br />

Collage de photographies de John Lund.<br />

1. En quoi c<strong>et</strong>te photographie évoque-t-elle l’idée de diversité ? évite-t-elle les clichés ? Justifiez votre réponse.<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

Culture<br />

Penser la diversité : de la racine<br />

au rhizome…<br />

[…] la diversité, ce n’est ni le magma<br />

ni la confusion dans laquelle tout se<br />

perd. Si on entre dans la diversité du<br />

monde en ayant renoncé à sa propre<br />

identité, on est perdu dans une sorte<br />

de confusion. Les identités sont une<br />

des conquêtes du temps moderne,<br />

conquête douloureuse parce que ce<br />

n’est pas fini <strong>et</strong> que sur toute la face<br />

de la planète il y a des nœuds, des<br />

foyers de désolation qui contredisent ce<br />

mouvement. Mais il y a aussi un mouvement<br />

que je caractérise comme ceci : les<br />

identités à racine unique font peu à peu<br />

place aux identités relations, c’est-àdire<br />

aux identités-rhizomes1 . Il ne s’agit<br />

pas de se déraciner, il s’agit de concevoir<br />

la racine moins intolérante, moins<br />

sectaire : une identité-racine qui ne tue<br />

pas autour d’elle mais qui au contraire<br />

étend ses branches vers les autres.<br />

Édouard Glissant, Introduction à une poétique du<br />

divers, © Éditions Gallimard, 1996.<br />

1. Rhizomes : tiges souterraines poussant chaque<br />

année <strong>et</strong> ém<strong>et</strong>tant à la fois des racines nouvelles<br />

<strong>et</strong> des tiges aériennes.<br />

2. Comment édouard Glissant utilise-t-il les métaphores de la racine <strong>et</strong> du rhizome pour définir les concepts d’identité<br />

<strong>et</strong> de diversité ?<br />

2<br />

9


Culture<br />

Pablo Picasso, Autoportrait, buste d’homme écrivant, 1971.<br />

Coll. J. <strong>et</strong> M.-A. Krugier-Poniatowski.<br />

Questions<br />

10<br />

Mémo perso<br />

En vous appuyant sur les documents proposés <strong>et</strong> vos références personnelles, expliquez de<br />

quelle manière l’identité se construit dans la diversité (évolution de soi <strong>et</strong> perception des autres).<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

à l’écrit<br />

3<br />

Se peindre soi-même comme un autre…<br />

Salvador Dali, Autoportrait mou avec du lard grillé, 1941. Théâtre-musée<br />

Dali, Figueras (Espagne).<br />

1. Décrivez ces deux images. En quoi ces portraits témoignent-ils à la fois d’un choix esthétique <strong>et</strong> d’une réfl exion du<br />

peintre sur sa propre identité ?<br />

2. À l’oral. Ces portraits vous paraissent-ils illustrer l’un des propos d’édouard Glissant selon lequel l’identité<br />

n’est pas l’unicité ?<br />

© Éditions Foucher


© Éditions Foucher<br />

1<br />

Questions<br />

5<br />

10<br />

15<br />

20<br />

25<br />

Séquence 1<br />

Identité <strong>et</strong> diversité : regard sur soi,<br />

regard sur l’autre ?<br />

De la lecture à l’écriture<br />

Comment se fonde l’identité ?<br />

sur quelle image de soi, sur quelle image de l’autre ?<br />

Autoportrait <strong>et</strong> portraits de Michel Leiris<br />

Je viens d’avoir trente-quatre ans, la moitié de la vie.<br />

Au physique, je suis de taille moyenne, plutôt p<strong>et</strong>it. J’ai<br />

des cheveux châtains coupés court afin d’éviter qu’ils<br />

ondulent, par crainte aussi que ne se développe une calvitie<br />

menaçante. Autant que je puisse en juger, les traits<br />

caractéristiques de ma physionomie sont : une nuque très<br />

droite, tombant verticalement comme une muraille ou<br />

une falaise, […] un front développé, plutôt bossué, aux<br />

veines temporales exagérément noueuses <strong>et</strong> saillantes.<br />

[…] Mes yeux sont bruns, avec le bord des paupières<br />

habituellement enflammé ; mon teint est coloré ; j’ai<br />

honte d’une fâcheuse tendance aux rougeurs <strong>et</strong> à la peau<br />

luisante. Mes mains sont maigres, assez velues, avec des<br />

veines très dessinées ; mes deux majeurs, incurvés vers<br />

le bout, doivent dénoter quelque chose d’assez faible<br />

ou d’assez fuyant dans mon caractère.<br />

Ma tête est plutôt grosse pour mon corps ; j’ai des<br />

jambes un peu courtes par rapport à mon torse, les<br />

épaules trop étroites relativement aux hanches. Je<br />

marche le haut du corps incliné en avant ; j’ai tendance,<br />

lorsque je suis assis, à me tenir le dos voûté ; ma poitrine<br />

n’est pas très large <strong>et</strong> je n’ai guère de muscles. J’aime à<br />

me vêtir avec le maximum d’élégance ; pourtant, à cause<br />

des défauts que je viens de relever dans ma structure <strong>et</strong><br />

de mes moyens qui, sans que je puisse me dire pauvre,<br />

sont plutôt limités, je me juge d’ordinaire profondément<br />

inélégant ; j’ai horreur de me voir à l’improviste dans<br />

1. Quelle image Michel Leiris cherche-t-il à donner de lui-même ? Justifiez votre réponse en soulignant au moins quatre<br />

indices.<br />

2. Que fait Michel Leiris pour améliorer son image ?<br />

une glace car, faute de m’y être préparé, je me trouve à<br />

chaque fois d’une laideur humiliante.<br />

Quelques gestes m’ont été − ou me sont − familiers :<br />

30 me flairer le dessus de la main ; ronger mes pouces<br />

presque jusqu’au sang ; pencher la tête légèrement de<br />

côté ; serrer les lèvres <strong>et</strong> m’amincir les narines avec un<br />

air de résolution ; me frapper brusquement le front de<br />

la paume – comme quelqu’un à qui vient une idée − <strong>et</strong><br />

35 l’y maintenir appuyée quelques secondes (autrefois,<br />

dans des occasions analogues, je me tâtais l’occiput ) ;<br />

cacher mes yeux derrière ma main quand je suis obligé<br />

de répondre oui ou non sur quelque chose qui me gêne<br />

− ou de prendre une décision ; quand je suis seul me<br />

40 gratter la région anale ; <strong>et</strong>c. Ces gestes, je les ai un à un<br />

abandonnés, au moins pour la plupart. Peut-être aussi<br />

en ai-je seulement changé <strong>et</strong> les ai-je remplacés par<br />

de nouveaux que je n’ai pas encore repérés ? Si rompu<br />

que je sois à m’observer moi-même, si maniaque que<br />

45 soit mon goût pour ce genre amer de contemplation,<br />

il y a sans nul doute des choses qui m’échappent, <strong>et</strong><br />

vraisemblablement parmi les plus apparentes, puisque<br />

la perspective est tout <strong>et</strong> qu’un tableau de moi, peint<br />

selon ma propre perspective, a de grandes chances de<br />

50 laisser dans l’ombre certains détails qui, pour les autres,<br />

doivent être les plus flagrants.<br />

Michel Leiris, L’âge d’homme,<br />

© Éditions Gallimard, 1939.<br />

3. Montrez que ce portrait n’est pas seulement physique, mais révèle l’identité de son auteur.<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

11


12<br />

De la lecture à l’écriture<br />

2<br />

Questions<br />

Francis Bacon, Portrait de Michel Leiris, 1976.<br />

Centre Georges-Pompidou, Paris.<br />

1. La photo de Michel Leiris correspond-elle à l’image qu’il donne dans son autobiographie ?<br />

2. M<strong>et</strong>tre en relation. En quoi le portrait de Michel Leiris peint par Francis Bacon peut-il être rapproché du texte 1 ?<br />

3. En quoi le style de Francis Bacon est-il une interrogation sur l’identité ?<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

Michel Leiris.<br />

© Éditions Foucher


© Éditions Foucher<br />

1<br />

Questions<br />

5<br />

10<br />

15<br />

20<br />

Séquence 1<br />

une rencontre<br />

Identité <strong>et</strong> diversité : regard sur soi,<br />

regard sur l’autre ?<br />

Comment l’écriture autobiographique<br />

peut-elle présenter l’autre ?<br />

De la lecture à l’écriture<br />

Dans ce passage de Terre des hommes, l’auteur <strong>et</strong> son compagnon sont prisonniers du désert après un accident d’avion. Au bord de<br />

l’épuisement, mourant de soif, ils aperçoivent enfi n une présence humaine…<br />

Mais ce Bédouin regarde toujours vers la droite…<br />

Et voici que, sans hâte, il amorce un quart de tour. À la seconde même où il se présentera de face, tout sera<br />

accompli. À la seconde même où il regardera vers nous, il aura déjà effacé en nous la soif, la mort <strong>et</strong> les mirages. Il<br />

a amorcé un quart de tour qui, déjà, a changé le monde. Par un mouvement de son seul buste, par la promenade<br />

de son seul regard, il crée la vie, il me paraît semblable à un dieu…<br />

C’est un miracle… Il marche vers nous sur le sable, comme un dieu sur la mer…<br />

L’Arabe nous a simplement regardés. Il a pressé, des mains, sur nos épaules, <strong>et</strong> nous lui avons obéi. Nous nous<br />

sommes étendus. Il n’y a plus ici ni races, ni langages, ni divisions. Il y a ce nomade pauvre qui a posé sur nos<br />

épaules, des mains d’archange.<br />

Nous avons attendu, le front dans le sable. Et maintenant, nous buvons à plat ventre, la tête dans la bassine<br />

comme des veaux. Le Bédouin s’en effraie <strong>et</strong> nous oblige, à chaque instant, à nous interrompre. Mais dès qu’il nous<br />

lâche, nous replongeons tout notre visage dans l’eau.<br />

L’eau !<br />

Eau, tu n’as ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te défi nir, on te goûte sans te connaître. Tu n’es pas<br />

nécessaire à la vie : tu es la vie. […]<br />

Quant à toi qui nous sauves, Bédouin de Libye, tu t’effaceras cependant à jamais de ma mémoire. Je ne me souviendrai<br />

jamais de ton visage. Tu es l’Homme <strong>et</strong> tu m’apparais avec le visage de tous les hommes à la fois. Tu ne<br />

nous as jamais dévisagés <strong>et</strong> déjà tu nous as reconnus. Tu es le frère bien-aimé. Et, à mon tour, je te reconnaîtrai<br />

dans tous les hommes.<br />

Tu m’apparais baigné de noblesse <strong>et</strong> de bienveillance, grand seigneur qui a le pouvoir de donner à boire. Tous<br />

mes amis, tous mes ennemis en toi marchent vers moi <strong>et</strong> je n’ai plus un ennemi au monde.<br />

Antoine de Saint Exupéry, Terre des hommes, 1939, © Éditions Gallimard.<br />

1. Comment l’identité du Bédouin est-elle perçue<br />

par l’auteur ?<br />

2. Soulignez les termes ou expressions qui<br />

appartiennent au champ lexical du religieux.<br />

Qu’est-ce qui justifi e le choix de ce lexique ?<br />

3. À l’oral. De quelle manière le texte suggère-t-il que la fraternité est une ouverture à la diversité ?<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

13


14<br />

De la lecture à l’écriture<br />

Photo<br />

d’Edouard<br />

Boubat.<br />

Questions<br />

1. Identifi ez, en les encadrant, les différentes parties du corps qui servent à établir le portrait de l’héroïne.<br />

2. Soulignez des images, puis montrez que les procédés poétiques construisent un portrait élogieux.<br />

3. En quoi l’image qu’il se fait de Louise Amour modifi e-t-elle l’identité du narrateur ?<br />

4. Argumentation. En vous appuyant sur les textes de Saint-Exupéry <strong>et</strong> de Bobin, montrez que la rencontre avec autrui<br />

modifi e notre propre identité. Vous pouvez recourir à d’autres exemples pour compléter votre propos.<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

2<br />

Portrait d’un amour<br />

Je devins fou <strong>et</strong> personne ne s’en aperçut : le visage<br />

de Louise Amour remplissait le monde à ras bord. Il<br />

n’y avait plus rien d’autre. J’étais moins que l’air qui<br />

baignait ce visage, moins que la lumière qui ricochait<br />

sur lui. Les yeux de Louise Amour étaient deux bijoux<br />

de fl amme brune, dorée, semblables à deux nois<strong>et</strong>tes,<br />

sertis dans l’ovale d’une chair pâle, enfantinement<br />

bombée aux joues comme les pétales d’un lys. Sur la<br />

joue gauche, au-dessus des lèvres qui n’étaient pas<br />

maquillées, une foss<strong>et</strong>te orpheline affi rmée comme<br />

le poinçon par lequel un ébéniste signe discrètement<br />

la perfection de son ouvrage. Ses cheveux noirs, longs<br />

<strong>et</strong> souples, luisant comme une rivière de corbeaux, la<br />

déshabillaient autant qu’ils l’habillaient. Ils donnaient<br />

envie de la voir nue, ils étaient le cadre, les rives entre<br />

lesquelles on imaginait le fl euve de c<strong>et</strong>te nudité. Mais<br />

la beauté charnelle ne semblait être chez Louise Amour<br />

que la servante d’une puissance bien plus considérable<br />

encore, celle de son âme <strong>et</strong> de ce qui m’apparut<br />

alors comme une bonté ruisselante : quand ses yeux se<br />

tournaient vers moi, j’existais plus noblement <strong>et</strong> plus<br />

sûrement qu’un ange auprès de Dieu.<br />

Christian Bobin, Louise Amour, © Éditions Gallimard, 2004.<br />

© Éditions Foucher


© Éditions Foucher<br />

Lexique<br />

Mais ce Bédouin regarde toujours vers la droite…<br />

Et voici que, sans hâte, il a amorcé un quart de tour.<br />

[…] . Il a amorcé un quart de tour qui, déjà, a changé<br />

le monde. Par un mouvement de son seul buste, par<br />

la promenade de son seul regard, il crée la vie, il me<br />

paraît semblable à un dieu…<br />

Saint-Exupéry<br />

Exercices<br />

1 Trouvez trois mots qui caractérisent un comportement<br />

négatif. Exemple : « un comportement déviant ».<br />

2 La psychologie utilise de nombreux termes pour décrire<br />

les comportements. Défi nissez les mots suivants <strong>et</strong> écrivez une<br />

phrase avec trois de ces mots.<br />

Addictif :<br />

Altruiste :<br />

Antipathique :<br />

Compulsif :<br />

Impulsif :<br />

Séquence 1<br />

exemple commenté<br />

Pathologique :<br />

Identité <strong>et</strong> diversité : regard sur soi,<br />

regard sur l’autre ?<br />

le vocabulaire du comportement<br />

Lexique <strong>et</strong> langue<br />

n Le comportement désigne la manière d’agir d’un être animé, c’est-à-dire une personne, un animal<br />

ou un groupe d’individus. Le lexique du comportement est donc utilisé dans les portraits en action.<br />

Il concerne :<br />

– les actions <strong>et</strong> les réactions<br />

– les attitudes <strong>et</strong> les manières d’agir.<br />

n Le comportement traduit souvent :<br />

– un état intérieur, des sentiments <strong>et</strong> des émotions<br />

– des valeurs.<br />

Saint Exupéry découvre le comportement du Bédouin:<br />

- ses actions<br />

- sa manière de se comporter<br />

Il en déduit ses intentions positives <strong>et</strong> son caractère<br />

généreux.<br />

3 La phobie désigne un comportement de peur ; cherchez<br />

trois mots dérivés de « phobie » <strong>et</strong> donnez leur défi nition.<br />

Rédigez une phrase avec chacun de ces mots.<br />

4 Décrivez le personnage de la photo en utilisant le lexique<br />

du comportement.<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

15


16<br />

Lexique <strong>et</strong> langue<br />

Langue<br />

Celui qui parle ...<br />

… peut être un autre<br />

exemple commenté<br />

Exercices<br />

n Le plus souvent le pronom personnel « je » désigne celui qui parle <strong>et</strong> qui :<br />

– dialogue avec un « tu » ou un « vous » : Je vous remercie de m’avoir reçu chez vous<br />

– se présente <strong>et</strong> se raconte : Je suis nouveau dans c<strong>et</strong>te ville <strong>et</strong> ne connais personne<br />

– exprime ses pensées <strong>et</strong> ses sentiments : Je suis ravi de vous avoir rencontré<br />

– se positionne par rapport à ce qu’il dit : Je vous certifi e que ces personnes sont accueillantes<br />

n Qu’il se réfère à une personne réelle ou imaginaire (dans les romans, par exemple), « Je » peut<br />

représenter :<br />

– la personne qui parle (je = je)<br />

– la personne dont les paroles sont rapportées : Il m’a dit : « je viens de rencontrer une personne<br />

très aimable » (je = il ou elle)<br />

– la personne (« tu ») à laquelle « je » s’adresse : Alors comme cela, je fais ma mauvaise tête, je ne<br />

veux pas saluer notre hôte ! (ironie) (je = tu)<br />

– une personne universelle : Je mange des légumes, c’est bon pour ma santé (slogan publicitaire)<br />

(je = on ou vous)<br />

Je ne me souviendrai jamais de ton visage.<br />

Tu es l’Homme <strong>et</strong> tu m’apparais avec le visage de<br />

tous les hommes à la fois.<br />

Antoine de Saint-Exupéry, Terre des Hommes<br />

1 a. Dans l’extrait de roman ci-dessous,<br />

r<strong>et</strong>rouvez les différentes valeurs du « je ».<br />

Meursault a tué un homme <strong>et</strong> est jugé en cour d’assises.<br />

C’est le moment de la plaidoirie de son avocat :<br />

L’après-midi, les grands ventilateurs brassaient toujours<br />

l’air épais de la salle, <strong>et</strong> les p<strong>et</strong>its éventails multicolores<br />

des jurés s’agitaient tous dans le même sens. La plaidoirie<br />

de mon avocat me semblait de devoir jamais fi nir. À<br />

un moment donné, cependant, je l’ai écouté parce qu’il<br />

disait : « Il est vrai que j’ai tué. » Puis il a continué sur ce<br />

ton, disant « je » chaque fois qu’il parlait de moi. J’étais<br />

très étonné. Je me suis penché vers un gendarme <strong>et</strong> je lui<br />

ai demandé pourquoi. Il m’a dit de me taire <strong>et</strong> , après un<br />

moment, il a ajouté : « Tous les avocats font ça. » Moi j’ai<br />

pensé que c’était m’écarter encore de l’affaire, me réduire<br />

à zéro <strong>et</strong>, en un certain sens, se substituer à moi. Mais je<br />

crois que j’étais déjà très loin de c<strong>et</strong>te salle d’audience.<br />

Albert Camus, L’Étranger, (1942) © Éditions Gallimard.<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

les valeurs du « Je »<br />

Le « je » représente le narrateur qui est également<br />

l’auteur, l’œuvre étant une autobiographie. Le « je »<br />

interpelle un « tu », le Bédouin qui a sauvé l’auteur.<br />

2 Dans l’extrait suivant, notez sous chaque pronom<br />

« je » sa valeur.<br />

La scène se déroule à la fi n de la Seconde Guerre mondiale. La<br />

narratrice espère le r<strong>et</strong>our de son mari déporté.<br />

Face à la cheminée, le téléphone, il est à côté de moi. À<br />

droite, la porte du salon <strong>et</strong> le couloir. Au fond du couloir, la<br />

porte d’entrée. Il pourrait revenir directement, il sonnerait<br />

à la porte d’entrée : « Qui est là ? — C’est moi. » Il pourrait<br />

également téléphoner dès son arrivée dans un centre de<br />

transit : « Je suis revenu, je suis à l’hôtel Lutétia pour les<br />

formalités ». […] Il n’y a pas de raison particulière pour<br />

qu’il ne revienne pas. Il n’y a pas de raison particulière<br />

pour qu’il revienne. Je ne sais plus quel jour c’était, si<br />

c’était encore un jour d’avril, non c’était un jour de mai,<br />

un matin à onze heures le téléphone a sonné. Ça venait<br />

d’Allemagne, c’était François Morland. […] « Écoutez-moi,<br />

Robert est vivant. Calmez-vous. Oui. Il est à Dachau. Écoutez<br />

encore de toutes vos forces. Robert est très faible, à<br />

un point que vous ne pouvez pas imaginer. Je dois vous<br />

le dire : c’est une question d’heures. Il peut vivre encore<br />

trois jours, mais pas plus. »<br />

Marguerite Duras, La douleur, Éditions P.O.L, 1985.<br />

© Éditions Foucher


© Éditions Foucher<br />

Séquence 1<br />

Suj<strong>et</strong><br />

Être CApAble de<br />

Identité <strong>et</strong> diversité : regard sur soi,<br />

regard sur l’autre ?<br />

présenter son opinion<br />

<strong>et</strong> s’impliquer dans son propos<br />

dans un débat oral<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

Évaluation<br />

Vous participez à un débat sur la représentation de la diversité dans l’expression iconographique. Vous répondrez à la<br />

question suivante : « L’image est-elle effi cace pour défendre la diversité ? » Vous fonderez vos interventions à partir<br />

de l’analyse des documents proposés (pages 17-18) <strong>et</strong> en utilisant éventuellement d’autres références personnelles.<br />

17


18<br />

Évaluation<br />

n Démarche<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

n Grille d’évaluation de l’intervention orale<br />

Affiche Ben<strong>et</strong>ton, 2008, au moment de la répression chinoise au Tib<strong>et</strong>.<br />

Étapes<br />

1. Choisir un document sur lequel vous vous appuierez pour votre intervention orale.<br />

2. Étudier l’image. Analyser :<br />

• le contexte de production (définir le rôle de l’institution, l’enjeu de l’événement évoqué…) ;<br />

• la composition de l’image (la mise en valeur du texte, les couleurs dominantes, la description du personnage représenté…) ;<br />

• la valeur argumentative de l’image (les connotations, les idées défendues, les enjeux de l’affiche, l’efficacité du message).<br />

3. Noter la synthèse des analyses sur une feuille, sous forme de notes.<br />

• Montrer de quelle manière l’affiche évoque le thème de la diversité.<br />

• Expliquer l’efficacité de l’affiche <strong>et</strong> son eff<strong>et</strong> sur le récepteur.<br />

• À chaque moment de la prise de parole, s’impliquer par l’usage de la première personne, de la modalisation, du choix des arguments,<br />

de l’expression des sentiments…<br />

Marques de l’implication personnelle<br />

« je suis persuadé que…», « je vais vous démontrer que… », « je m’oppose totalement à… », « je reste convaincu que… », « on ne me<br />

fera pas croire que… », « je défends l’idée que… », « je ne suis pas d’accord avec… ».<br />

4. À l’oral. S’exprimer devant l’ensemble de la classe.<br />

S’appuyer sur ses notes. S’exprimer clairement, avec une voix posée, utiliser un ton convaincant <strong>et</strong> une gestuelle qui soutient le propos.<br />

Analyse complète de l’image (thème, cadre, suj<strong>et</strong>s représentés) ❒ oui ❒ non<br />

Analyse de la représentation du thème de la diversité ❒ oui ❒ non<br />

Opinion personnelle (usage du « je », modalisation, expression de sentiments personnels) ❒ oui ❒ non<br />

Intervention argumentée ❒ oui ❒ non<br />

© Éditions Foucher


© Éditions Foucher<br />

Être CApAble de<br />

n Démarche<br />

Analyser les modalités <strong>et</strong> les enjeux<br />

de la présentation de l’autre<br />

dans un écrit ou dans une image<br />

Étapes<br />

1. Rechercher (dans le paratexte) les dates de composition ou de publication des œuvres.<br />

Photo du film L’Amant de Jean-Jacques Annaud, 1992.<br />

Évaluation<br />

2. Identifier dans les œuvres la manière dont elles abordent les concepts d’identité <strong>et</strong> de diversité.<br />

3. Comparer deux œuvres, racontant le même événement : ici une première rencontre.<br />

(Nature de la rencontre ; différence entre les deux personnages : description des corps, manière dont les personnages sont nommés,<br />

condition sociale…)<br />

4. À partir de ses connaissances personnelles ou à partir de ressources documentaires (pour un<br />

devoir réalisé à la maison par exemple), rechercher des informations sur les œuvres à analyser.<br />

5. Écriture. Montrer que les œuvres artistiques, tout en étant des formes d’expression personnelle,<br />

exposent des problèmes universels.<br />

Dans un récit adoptant le point de vue interne, raconter, sous la forme d’une autobiographie de l’un des personnages, la première<br />

rencontre amoureuse entre deux êtres que tout semble séparer.<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

19


20<br />

Évaluation<br />

1<br />

5<br />

10<br />

15<br />

20<br />

25<br />

2<br />

5<br />

10<br />

15<br />

20<br />

25<br />

Texte 1<br />

L’homme élégant est descendu de la limousine, il fume une cigar<strong>et</strong>te anglaise. Il regarde la jeune<br />

fille au feutre d’homme <strong>et</strong> aux chaussures d’or. Il vient vers elle lentement. C’est visible, il est intimidé.<br />

Il ne sourit pas tout d’abord. Tout d’abord il lui offre une cigar<strong>et</strong>te. Sa main tremble. Il y a c<strong>et</strong>te différence<br />

de race, il n’est pas blanc, il doit la surmonter, c’est pourquoi il tremble. Elle lui dit qu’elle ne<br />

fume pas, non merci. Elle ne dit rien d’autre, elle ne lui dit pas laissez-moi tranquille. Alors il a moins<br />

peur. Alors il lui dit qu’il croit rêver. Elle ne répond pas. Ce n’est pas la peine qu’elle réponde, que<br />

répondrait-elle. Elle attend. Alors il le lui demande : mais d’où venez-vous ? Elle dit qu’elle est la fille<br />

de l’institutrice de l’école de filles de Sadec. Il réfléchit <strong>et</strong> puis il dit qu’il a entendu parler de c<strong>et</strong>te<br />

dame, sa mère, de son manque de chance avec une concession qu’elle aurait ach<strong>et</strong>ée au Cambodge,<br />

c’est bien ça n’est-ce pas ? Oui c’est ça.<br />

Il répète que c’est tout à fait extraordinaire de la voir sur ce bac. Si tôt le matin, une jeune fille<br />

belle comme elle l’est, vous ne vous rendez pas compte. C’est très inattendu, une jeune fille<br />

blanche dans un car indigène.<br />

Il lui dit que le chapeau lui va bien, très bien même, que c’est…original…un chapeau d’homme,<br />

pourquoi pas ? Elle est si jolie, elle peut tout se perm<strong>et</strong>tre.<br />

Elle le regarde. Elle lui demande qui il est. Il dit qu’il revient de Paris où il a fait ses études, qu’il<br />

habite Sadec lui aussi, justement sur le fleuve, la grande maison avec les grandes terrasses aux<br />

balustrades de céramique bleue. Elle lui demande ce qu’il est. Il dit qu’il est chinois, que sa famille<br />

vient de la Chine du Nord, de Fou-Chouen. Voulez-vous me perm<strong>et</strong>tre de vous ramener chez vous<br />

à Saigon ? Elle est d’accord. Il dit au chauffeur de prendre les bagages de la jeune fille dans le car <strong>et</strong><br />

de les m<strong>et</strong>tre dans l’auto noire.<br />

Chinois. Il est de c<strong>et</strong>te minorité financière d’origine chinoise qui tient tout l’immobilier populaire<br />

de la colonie. Il est celui qui passait le Mékong ce jour-là en direction de Saigon.<br />

Elle entre dans l’auto noire. La portière se referme. Une détresse à peine ressentie se produit<br />

tout à coup une fatigue, la lumière sur le fleuve qui se ternit, mais à peine. Une surdité très légère<br />

aussi, un brouillard, partout.<br />

Marguerite Duras, L’Amant, © Les Éditions de Minuit, 1984<br />

Texte 2<br />

Le bac s’en va.<br />

Après le départ l’enfant sort du car. Elle regarde le fleuve. Elle regarde aussi le Chinois élégant<br />

qui est à l’intérieur de la grande auto noire.<br />

Elle l’enfant, elle est fardée, habillée comme la jeune fille des livres : de la robe en soie indigène<br />

d’un blanc jauni, du chapeau d’homme d’« enfance <strong>et</strong> innocence », au bord plat, en feutre-souplecouleur-bois-de-rose-avec-large-ruban-noir,<br />

de ces souliers de bal très usés, complètement éculés,<br />

en-lamé-noir-s’il-vous-plaît, avec motifs de strass.<br />

De la limousine noire est sorti un autre homme que celui du livre1, un autre Chinois de la Mandchourie.<br />

Il est un peu différent de celui du livre : il est un peu plus robuste que lui, il a moins peur<br />

que lui, plus d’audace. Il a plus de beauté, plus de santé. Il est plus « pour le cinéma » que celui<br />

du livre. Et aussi il a moins de timidité que lui face à l’enfant.<br />

Elle, elle est restée celle du livre, p<strong>et</strong>ite maigre, hardie, difficile à attraper le sens, difficile à<br />

dire qui c’est, moins belle qu’il n’en paraît, pauvre, fille de pauvres, ancêtres pauvres […]. Folle<br />

de lire, de voir, insolente, libre.<br />

Lui, c’est un Chinois. Un Chinois grand. Il a la peau blanche des Chinois du Nord. Il est très élégant.<br />

Il porte le costume en tissu de soie grège <strong>et</strong> des chaussures anglaises couleur acajou des<br />

jeunes banquiers de Saïgon.<br />

Il la regarde.<br />

Ils se regardent. Se sourient. Il s’approche.<br />

Il fume une 555. Elle est très jeune. Il y a un peu de peur dans sa main qui tremble, mais à peine<br />

quand il lui offre une cigar<strong>et</strong>te.<br />

– Vous fumez ?<br />

L’enfant fait signe : non.<br />

– Excusez-moi… C’est tellement inattendu de vous trouver ici… Vous ne vous rendez pas compte.<br />

L’enfant ne répond pas. Elle ne sourit pas. Elle le regarde fort. Farouche serait le mot pour dire<br />

ce regard. Insolent.<br />

Marguerite Duras, L’Amant de la Chine du Nord (1991), © Éditions Gallimard.<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

1. L’auteur fait<br />

référence à L’Amant<br />

(texte précédent).<br />

© Éditions Foucher


© Éditions Foucher<br />

Méthode de lecture<br />

q<br />

Ce qui est attendu ...<br />

l Il s’agit de présenter le document <strong>et</strong> de le m<strong>et</strong>tre en perspective avec son contexte. Les repérages effectués,<br />

dans le document <strong>et</strong> son paratexte, perm<strong>et</strong>tent d’éclairer le sens, <strong>et</strong> d’éviter ainsi de fausses interprétations, des<br />

anachronismes ou toute autre confusion.<br />

q Méthode<br />

A RePÉReR notamment dans le paratexte, les informations qui perm<strong>et</strong>tent d’établir la fiche d’identité du document.<br />

– Genre ?<br />

– Auteur ? Titre de l’œuvre ? Date de parution ou de composition ?<br />

– Thème traité ?<br />

B ReCheRCheR dans le paratexte <strong>et</strong> dans le document tout renseignement sur les circonstances de publication de<br />

l’œuvre, par exemple:<br />

– un fait de société, un événement historique, d’hier ou d’aujourd’hui, dont l’auteur se présente comme témoin, acteur,<br />

historien, juge...<br />

– un mouvement artistique ou littéraire, dans lequel l’auteur s’inscrit<br />

– des références culturelles, des données biographiques qui donnent un sens à la création de l’œuvre...<br />

q<br />

situer un document<br />

exemple commenté<br />

Patrice Lumumba était un homme politique africain qui a lutté contre le colonialisme.<br />

En 1960, lorsque son pays, le Congo acquiert son indépendance, il devient Premier<br />

ministre. Van Lierde, ami <strong>et</strong> biographe de Patrice Lumumba a r<strong>et</strong>ranscrit le discours<br />

que celui-ci a prononcé, quand il a pris la charge de sa fonction. En voici un extrait.<br />

La République du Congo a été proclamée <strong>et</strong> notre cher pays est<br />

maintenant entre les mains de ses propres enfants.<br />

Ensemble, mes frères, nous allons commencer une nouvelle lutte,<br />

une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité <strong>et</strong><br />

à la grandeur.<br />

Nous allons établir ensemble la justice sociale <strong>et</strong> assurer que chacun<br />

reçoive la juste rémunération de son travail.<br />

Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir quand<br />

il travaille dans la liberté <strong>et</strong> nous allons faire du Congo le centre de<br />

l’Afrique tout entière.<br />

Nous allons veiller à ce que les terres de notre pays profitent véritablement<br />

à ses enfants.<br />

Van Lierde, Patrice Lumumba, © Éditions Présence africaine, 1963.<br />

Prépa bac 1<br />

Dans c<strong>et</strong> extrait de la biographie qu’il<br />

lui a consacrée en 1963 <strong>et</strong> qui s’intitule<br />

Patrice Lumumba, Van Lierde r<strong>et</strong>ranscrit le<br />

discours historique que Patrice Lumumba,<br />

militant indépendantiste, a prononcé quand<br />

son pays, le Congo, est devenu en 1960<br />

une nation souveraine. Nommé Premier<br />

ministre, il s’adresse à ses concitoyens pour<br />

célébrer la liberté acquise <strong>et</strong> préciser l’idéal<br />

social, politique <strong>et</strong> économique du peuple<br />

congolais.<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

31


Prépa bac 1<br />

32<br />

1 a. Présentez le texte ci-dessus.<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

q exercices<br />

En 1961, Patrice Lumumba est assassiné, en raison de ses positions<br />

politiques trop radicales. L’écrivain martiniquais Aimé Césaire publie<br />

une pièce de théâtre qui raconte les derniers mois de la vie de<br />

l’homme politique; dans c<strong>et</strong>te scène, Patrice Lumumba s’adresse<br />

d’abord à Basilio*, roi des Belges, qui vient d’accorder l’indépendance<br />

du Congo.<br />

LUMUMBA. − Moi, sire, je pense aux oubliés. Nous<br />

sommes ceux que l’on déposséda, que l’on frappa,<br />

que l’on mutila ; ceux que l’on tutoyait, ceux à qui l’on<br />

crachait au visage. Boys cuisine, boys chambres, boys<br />

comme vous dites, nous fûmes un peuple de boys, un<br />

peuple de oui-bwana <strong>et</strong> qui doutait que l’homme pût<br />

ne pas être l’homme, n’avait qu’à nous regarder.<br />

Sire, toute souffrance qui se pouvait souffrir, nous<br />

l’avons soufferte, toute humiliation qui se pouvait boire,<br />

nous l’avons bue !<br />

Mais camarades, le goût de vivre, ils n’ont pu nous<br />

l’affadir dans la bouche, <strong>et</strong> nous avons lutté ! Avec nos<br />

pauvres moyens, lutté pendant cinquante ans <strong>et</strong> voici.<br />

Notre pays est désormais entre les mains de ses enfants.<br />

Nôtres, ce ciel, ce fl euve, ces terres, Nôtres, le lac <strong>et</strong><br />

la forêt, Nôtres, Karissimbi, Nyiragongo, Niamuragira,<br />

Mikéno, Ehu, montagnes montées de la parole même<br />

du feu.<br />

Congolais, aujourd’hui est un jour grand. C’est le jour<br />

où le monde accueille parmi les nations<br />

Congo, notre mère Et surtout Kongo, notre enfant. L’enfant<br />

de nos veilles, de nos souffrances, de nos combats.<br />

Aimé Césaire, Une saison au Congo, acte I, scène 6,<br />

© Éditions du Seuil, 1966.<br />

* Dans la réalité, c’est le roi Baudouin, qui a accordé son indépendance<br />

au Congo.<br />

b. À Qui s’adresse Patrice Lumumba ? La situation de communication est-elle réelle ou fi ctive ? Justifi ez vos réponses à<br />

l’aide du texte <strong>et</strong> du paratexte.<br />

Une Soudanaise assise, entourée par des visiteurs, photographie de Blanch<strong>et</strong>, 1931. Exposition<br />

coloniale Internationale, Paris.<br />

En 1931 a lieu à Paris l’Exposition coloniale internationale, « dont le but essentiel est de donner<br />

aux Français conscience de leur Empire ». Ouverte pendant six mois, elle accueille plus de huit<br />

millions de visiteurs à qui l’on propose de découvrir les richesses des colonies françaises de<br />

l’Afrique <strong>et</strong> de l’Asie. (Voir séquence 2 page 21)<br />

2 a. À quelle occasion c<strong>et</strong>te photographie a-t-elle été réalisée ?<br />

b. Décrivez les réactions des visiteurs photographiés.<br />

c. ÉCRITuRe. Pourquoi faut-il replacer la photographie dans son contexte,<br />

avant de porter un jugement sur le comportement du public ? Justifi ez votre réponse.<br />

© Éditions Foucher


© Éditions Foucher<br />

Méthode d’écriture<br />

q<br />

Ce qui est attendu ...<br />

l Le candidat doit analyser l’énoncé du suj<strong>et</strong> pour en comprendre les différentes consignes. Il doit aussi élaborer un<br />

plan pour présenter une réflexion organisée <strong>et</strong> convaincante.<br />

q Méthode<br />

A ANALYSeR Le SuJeT<br />

• Repérer dans l’énoncé les informations concernant :<br />

– le thème de réflexion > quel mot ou quelle expression le définit ?<br />

– la question à traiter > laquelle ? quel est son sens ?<br />

– le type d’écrit attendu > quel verbe précise la consigne d’écriture : « justifier », « discuter » une opinion, « exprimer<br />

une opinion personnelle ?<br />

– les supports d’étude > avec quelles ressources alimenter sa réflexion ?<br />

– la contrainte de longueur > combien de lignes doit-on écrire au minimum ?<br />

B ÉLABOReR uN PLAN<br />

• Rechercher des idées, des arguments, des exemples, dans les connaissances acquises au cours de l’année, sa culture<br />

personnelle <strong>et</strong> les données du corpus.<br />

• Sélectionner le type de plan adapté à la consigne d’écriture (voir tableau ci-dessous).<br />

Consignes d’écriture pour un développement argumenté Plan à suivre<br />

expliquer/ justifier une opinion 1. Exposer c<strong>et</strong>te opinion<br />

2. Développer une argumentation pour en montrer la<br />

validité<br />

Discuter une opinion 1. Développer des arguments en sa faveur<br />

2. Développer des contre-arguments<br />

exprimer une opinion personnelle à propos d’une thèse<br />

donnée<br />

• Je suis d’accord / je ne suis pas d’accord<br />

• Je suis plus ou moins d’accord<br />

Analyser le suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> élaborer le plan<br />

1. Exposer la thèse donnée<br />

2. Construire une argumentation favorable/défavorable.<br />

1. Exposer la thèse donnée<br />

2 <strong>et</strong> 3. Exprimer un avis partagé dans deux parties<br />

distinctes.<br />

• Classer logiquement arguments <strong>et</strong> exemples <strong>et</strong> constituer des paragraphes hiérarchisés.<br />

Prépa bac 1<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

33


Prépa bac 1<br />

34<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

q<br />

exemple commenté<br />

Suj<strong>et</strong> proposé<br />

Dans son livre Autobiographie <strong>et</strong> récit de vie, Philippe Lejeune<br />

écrit : «Le lecteur trouve, dans l’autobiographie, par comparaison,<br />

une occasion de réfléchir à sa propre identité».<br />

Vous justifierez c<strong>et</strong>te opinion dans un développement argumenté<br />

qui prendra appui sur les textes du corpus, ceux que<br />

vous avez étudiés pendant l’année <strong>et</strong> vos lectures personnelles.<br />

Votre développement comportera 40 lignes minimum.<br />

q exercice<br />

xxx : thème de réflexion<br />

xxx : question à traiter : l’occasion que<br />

l’autobiographie donne au lecteur de mieux se<br />

connaître en se comparant à autrui.<br />

xxx : supports d’étude<br />

xxx : consigne d’écriture <strong>et</strong> type d’écrit<br />

xxx : contrainte de longueur.<br />

Plan à élaborer : construire une argumentation<br />

qui montre la pertinence de la thèse avancée par<br />

l’auteur.<br />

Analysez les suj<strong>et</strong>s suivants en utilisant la même légende que dans l’exemple commenté, puis indiquez le plan à<br />

suivre (voir tableau p. 33).<br />

a. Est-il nécessaire de connaître la biographie d’un écrivain pour comprendre <strong>et</strong> aimer son œuvre ?<br />

Vous répondrez à c<strong>et</strong>te question dans un développement argumenté qui prendra appui sur les textes du corpus, ceux que<br />

vous avez étudiés pendant l’année <strong>et</strong> vos lectures personnelles. Votre développement comportera au moins 40 lignes.<br />

Plan à suivre :<br />

b. De plus en plus de personnalités du monde du spectacle, du sport ou de la politique font paraître leur biographie,<br />

abondamment illustrée par des photographies, des anecdotes sur leur vie publique <strong>et</strong> privée. Selon vous, quelles<br />

peuvent être les motivations d’une telle démarche ? Vous proposerez une réponse argumentée <strong>et</strong> illustrée d’une<br />

quarantaine de lignes.<br />

Plan à suivre :<br />

c. A propos de l’écriture de sa vie, Jean-Claude Carrière écrit: « On peut dire [...] que la description d’une vie n’a<br />

d’intérêt que si c<strong>et</strong>te vie est commune, que si d’autres peuvent s’y reconnaître ou deviner, selon les générations, ce que<br />

furent les sentiments, les sensations de leurs parents <strong>et</strong> grands-parents ». Partagez-vous c<strong>et</strong> avis ? Vous répondrez<br />

dans le cadre d’un développement argumenté d’une quarantaine de lignes en vous aidant des textes du corpus.<br />

Plan à suivre :<br />

d. Certains pensent que le blog où l’on se raconte au quotidien peut être considéré comme une nouvelle forme<br />

d’écriture autobiographique. Discutez c<strong>et</strong>te opinion. Vous appuierez votre réflexion sur le corpus <strong>et</strong> votre culture<br />

personnelle. Votre développement comportera au moins 40 lignes.<br />

Plan à suivre :<br />

© Éditions Foucher


© Éditions Foucher<br />

Suj<strong>et</strong> de bac<br />

1<br />

Texte 1<br />

Bien entendu, je ne dirai pas tout, c’est impossible ; non seulement par<br />

pudeur, quelquefois, mais parce que nous ne disposons pas à tout instant<br />

complètement de nous-même. Les meilleurs explorateurs de l’âme<br />

humaine n’y sont pas parvenus. À cause même de son importance, trop<br />

vivace en moi, je ne puis traiter d’un événement que si, alors que je l’ai<br />

intensément vécu, il ne fait plus tout à fait partie de moi, comme la peau<br />

d’un serpent après la mue. Je n’ai jamais véritablement parlé, jusqu’ici, de<br />

l’accident survenu à l’un de mes enfants ; de la maladie qui a frappé ma<br />

vue <strong>et</strong> de l’horreur de l’obscurité possible.<br />

Si je ne dis pas tout, c’est aussi parce que toute œuvre est choix, donc<br />

renoncement – mais le renoncement est fécond car il oblige à choisir. Chacun<br />

de mes livres aura été une étape d’un même itinéraire. J’aurai passé la<br />

majeure partie de ma vie à écrire. L’écriture m’a souvent servi de béquille ;<br />

chacun a la sienne, de sorte que ma vie <strong>et</strong> mon travail se répondent, de<br />

sorte que parlant de l’une je parle de l’autre, <strong>et</strong> inversement. Toute œuvre<br />

est plus ou moins autobiographique ; m<strong>et</strong>tons que la mienne l’est plus<br />

ouvertement que d’autres. L’autobiographie est, comme toute entreprise<br />

humaine, une tentative de dire quelque chose à quelqu’un. J’ai sans doute<br />

plus fortement besoin de m’expliquer, de plaider peut-être.<br />

En revanche, j’essayerai de cerner la signification principale de ma vie,<br />

de ne rien om<strong>et</strong>tre, quoi qu’il m’en coûte, qui puisse la m<strong>et</strong>tre en lumière.<br />

Que vaudrait la confession d’une femme qui gommerait systématiquement<br />

le désir des hommes <strong>et</strong> la manière dont elle y répond, ou refuse d’y<br />

répondre ? l’autobiographie d’un Noir, vivant parmi les Blancs, s’il oubliait<br />

de mentionner sa couleur, c’est-à-dire la manière dont les autres le regardent<br />

<strong>et</strong> il se considère lui-même ? […]<br />

Comme certains peintres, tel Rembrandt1 , qui refont inlassablement leur<br />

propre portrait, je suis de ces écrivains – Montaigne, Rousseau, Gide2 – qui<br />

se racontent avec l’espoir d’atteindre au secr<strong>et</strong> de leur humanité. Je n’ai<br />

été ni Kant ni Pasteur, ni Freud ni Einstein, ni Tolstoï ni Balzac. Je n’ai pas<br />

bouleversé la vision commune de l’univers, ni celle de la nature, ni celle<br />

de l’homme ; je n’ai pas rédigé le roman du siècle, ni ce Livre de raison3 5<br />

10<br />

15<br />

20<br />

25<br />

30<br />

qui aurait reconsidéré toute la pensée contemporaine. Mais, par chance<br />

<strong>et</strong> malchance, ayant participé à quelques événements marquants de ce<br />

35 siècle, <strong>et</strong> puisque la courbe de mon œuvre coïncide avec celle de ma vie,<br />

peut-être verra-t-on qu’en essayant de faire le tour de moi-même, j’ai pu<br />

en tirer des enseignements, dont je veux espérer qu’ils serviront aussi à<br />

quelques-uns.<br />

Albert MEMMI, Le Nomade immobile, « Prologue »,<br />

© Éditions Arléa, mars 2003.<br />

1. Rembrandt (1606-1669) : peintre important de l’École hollandaise, a réalisé une centaine d’autoportraits.<br />

2. Montaigne (1533-1592), Rousseau (1712-1778), Gide (1869-1951) : ces trois écrivains ont commis<br />

une œuvre autobiographique.<br />

3. Livre de raison : registre de comptabilité domestique. Le plus souvent tenu par le père de famille,<br />

ce livre comporte aussi de nombreuses annotations ou anecdotes concernant la vie de la famille.<br />

Prépa bac 1<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

35


Prépa bac 1<br />

36<br />

2<br />

Texte 2<br />

Je suis né un 15 décembre [1920] pluvieux, à huit heures<br />

du matin, 4, impasse Tronja, rue Vieille-Tronja, à Tunis<br />

en Tunisie, de Fradji Memmi <strong>et</strong> de Maïra Sarfati. Memmi<br />

serait un antique patronyme kabyle qui signifie le « p<strong>et</strong>it<br />

homme » ou, autre hypothèse, le vocatif de Memmius,<br />

membre de la gens romaine Memmia. Dans le premier<br />

cas, mon père serait le descendant d’une vieille souche<br />

locale, dans le second, le lointain produit de l’occupation<br />

romaine. Du côté maternel, Sarfati, qui signifie le « Français<br />

», est assez courant dans la littérature hébraïque. Plus<br />

sûrement que dans les astres, tout se trouvait déjà dans<br />

c<strong>et</strong>te conjonction.<br />

Personne n’a pu me dire pourquoi le lieu de ma naissance<br />

porte ce nom de Tronja, un fruit exotique. Je sais en<br />

revanche pourquoi mon père a décidé de s’installer dans<br />

ce no man’s land entre le quartier arabe <strong>et</strong> le quartier juif.<br />

Artisan bourrelier 1 , sa clientèle se recrutait principalement<br />

parmi les charr<strong>et</strong>iers originaires de Gabès, dont le fondouk<br />

– l’habitation collective – se trouvait précisément rue<br />

Tronja, à deux pas de l’agglomération des cochers maltais.<br />

Ainsi les « autres » ont-ils été très tôt mêlés à ma vie : ils<br />

n’en sortiront plus.<br />

Je ne referai pas ici la description de notre famille, ni<br />

du voisinage ; je l’ai souvent tenté dans mes précédents<br />

ouvrages. Il me faut toutefois en rappeler quelques traits<br />

dominants, nécessaires à la compréhension de ce qui va<br />

suivre.<br />

Ainsi la pauvr<strong>et</strong>é. Ce n’est pas tant la privation que<br />

j’ai r<strong>et</strong>enue de la pauvr<strong>et</strong>é, parce que nous étions tous<br />

pauvres, les clients gabésiens de mon père, la population<br />

juive <strong>et</strong> arabe du quartier, <strong>et</strong> même les Européens, Siciliens<br />

<strong>et</strong> Maltais, que nous côtoyions quotidiennement. Les<br />

1. Bourrelier : artisan qui fabrique les bâts <strong>et</strong> les harnais pour les chevaux.<br />

Questions<br />

<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />

privilégiés, les colons français, quelques solides familles<br />

tunisiennes, si nous en entendions vaguement parler, nous<br />

ne les connaissions pas vraiment. Ils vivaient à la périphérie,<br />

dans un monde où nous nous aventurions rarement ;<br />

ils relevaient des Mille <strong>et</strong> Une Nuits. […]<br />

L’avantage du no man’s land, c’est qu’on y est à la fois<br />

frontaliers <strong>et</strong> voisins, quels que soient les problèmes,<br />

sinon les drames de la cohabitation. Si les adultes étaient<br />

circonspects, nous, les enfants, jouions aux mêmes jeux,<br />

nous lancions les mêmes injures. Mon meilleur copain tant<br />

que nous habitâmes l’impasse, Giovanni, était sicilien,<br />

ou corse – je confondais les deux. En classe d’anglais, il<br />

m’apprenait le sicilien ou le corse, je lui apprenais l’arabe,<br />

pour contrer à notre manière l’ordre du lycée. Manière<br />

stupide, puisque je n’ai jamais su convenablement l’anglais.<br />

Giovanni m’invitait quelquefois à déjeuner dans<br />

sa famille. Tiens, une bouffée de bonheur ! Entre eux les<br />

pauvres ne sont pas malheureux. On a chaud les uns sur<br />

les autres. Ou peut-être que, invité, je n’avais pas besoin<br />

de disputer ma part de nourriture. Dans ma famille, portée<br />

de jeunes loups, nous étions tous penchés sur la marmite<br />

pour repérer le morceau préféré <strong>et</strong> se l’approprier avant<br />

qu’il ne disparût. Chez Giovanni, servis d’autorité par une<br />

mère énorme – le double de la mienne-, nous avions toujours<br />

des pâtes, avec des assaisonnements divers, tomates,<br />

fév<strong>et</strong>tes, oignons, huile d’olive, plus rarement du fromage,<br />

que j’avais en horreur – j’ai toujours la même répulsion,<br />

tant pis pour le calcium ! –, <strong>et</strong> bien sûr du pain, du pain<br />

avec tout ; on mangeait du pain avec quelque chose, plutôt<br />

que l’inverse.<br />

Albert Memmi, Le Nomade immobile, « Prologue »,<br />

© Éditions arléa, mars 2003.<br />

compétences de lecture (10 points)<br />

1. Présentez ces textes en m<strong>et</strong>tant en évidence les relations que l’on peut établir entre eux.<br />

(4 points)<br />

2. « Je suis de ces écrivains qui se racontent avec l’espoir d’atteindre au secr<strong>et</strong> de leur humanité. »<br />

Expliquez c<strong>et</strong>te phrase <strong>et</strong> montrez comment Albert Memmi la m<strong>et</strong> en application dans le texte 2.<br />

(3 points)<br />

3. Quel eff<strong>et</strong> Albert Memmi veut-il produire sur son lecteur en racontant les scènes de repas dans<br />

sa famille <strong>et</strong> dans celle de Giovanni ? (3 points)<br />

compétences d’écriture (10 points)<br />

Dans un texte composé de plusieurs paragraphes argumentatifs <strong>et</strong> en vous aidant de ces deux<br />

textes d’Albert Memmi <strong>et</strong> de vos propres connaissances, vous montrerez d’abord la dimension<br />

humaniste (c’est-à-dire qui m<strong>et</strong> l’humain au centre de sa réflexion), de l’autobiographie.<br />

Ensuite, vous montrerez comment c<strong>et</strong>te dimension humaniste est présente dans d’autres formes<br />

d’expression.<br />

© Éditions Foucher

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