IdentIté et dIversIté - Decitre
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14<br />
De la lecture à l’écriture<br />
Photo<br />
d’Edouard<br />
Boubat.<br />
Questions<br />
1. Identifi ez, en les encadrant, les différentes parties du corps qui servent à établir le portrait de l’héroïne.<br />
2. Soulignez des images, puis montrez que les procédés poétiques construisent un portrait élogieux.<br />
3. En quoi l’image qu’il se fait de Louise Amour modifi e-t-elle l’identité du narrateur ?<br />
4. Argumentation. En vous appuyant sur les textes de Saint-Exupéry <strong>et</strong> de Bobin, montrez que la rencontre avec autrui<br />
modifi e notre propre identité. Vous pouvez recourir à d’autres exemples pour compléter votre propos.<br />
<strong>IdentIté</strong> <strong>et</strong> <strong>dIversIté</strong><br />
2<br />
Portrait d’un amour<br />
Je devins fou <strong>et</strong> personne ne s’en aperçut : le visage<br />
de Louise Amour remplissait le monde à ras bord. Il<br />
n’y avait plus rien d’autre. J’étais moins que l’air qui<br />
baignait ce visage, moins que la lumière qui ricochait<br />
sur lui. Les yeux de Louise Amour étaient deux bijoux<br />
de fl amme brune, dorée, semblables à deux nois<strong>et</strong>tes,<br />
sertis dans l’ovale d’une chair pâle, enfantinement<br />
bombée aux joues comme les pétales d’un lys. Sur la<br />
joue gauche, au-dessus des lèvres qui n’étaient pas<br />
maquillées, une foss<strong>et</strong>te orpheline affi rmée comme<br />
le poinçon par lequel un ébéniste signe discrètement<br />
la perfection de son ouvrage. Ses cheveux noirs, longs<br />
<strong>et</strong> souples, luisant comme une rivière de corbeaux, la<br />
déshabillaient autant qu’ils l’habillaient. Ils donnaient<br />
envie de la voir nue, ils étaient le cadre, les rives entre<br />
lesquelles on imaginait le fl euve de c<strong>et</strong>te nudité. Mais<br />
la beauté charnelle ne semblait être chez Louise Amour<br />
que la servante d’une puissance bien plus considérable<br />
encore, celle de son âme <strong>et</strong> de ce qui m’apparut<br />
alors comme une bonté ruisselante : quand ses yeux se<br />
tournaient vers moi, j’existais plus noblement <strong>et</strong> plus<br />
sûrement qu’un ange auprès de Dieu.<br />
Christian Bobin, Louise Amour, © Éditions Gallimard, 2004.<br />
© Éditions Foucher