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.histoires de bitume
Une extraordinaire collection de
fossiles, piégés dans une nappe
de bitume en Californie, a permis
Il y a plus de cent ans, l’épandage d’un mélange aux scientifiques de reconstituer
“d’huiles lourdes de pétrole émulsionnées l’écosystème et de la région de Los Angeles,
saponifiées par des eaux ammoniacales” il y a entre 12 000 et 40 000 ans.
marquait la naissance d’une technique qui
allait connaître un brillant avenir au cours
du siècle qui a suivi. Et ce n’est pas fini.
Des vertèbres de Paramylodon harlani,
un paresseux haut de deux mètres,
des molaires de Mammuthus columbi,
un mammouth pesant cinq tonnes,
des squelettes d’Equus occidentalis, prouvant
que des ancêtres du cheval ont vécu sur le sol
américain, d’innombrables ossements de Dirus
Canis, le “chien terrible”, des canines de Smilodon
Fatalis, le tigre aux dents de sabre… Ces vestiges
fossilisés d’animaux disparus figurent parmi
des centaines de milliers d’autres, piégés dans
la nappe de bitume de Rancho La Brea, en
Californie. On y a même trouvé le squelette
d’une jeune femme et des objets témoignant
que des aborigènes américains utilisaient le
bitume à l’époque de la pierre polie.
Un des aspects les plus extraordinaires du dépôt
de fossiles de La Brea, qui compte plusieurs millions
de pièces, allant des pollens microscopiques
jusqu’aux squelettes de grands mammifères,
Le bitume,
témoin de l’ère glaciaire
en passant par des centaines de milliers de
restes de plantes fossilisées et plus d’un million
d’invertébrés, est qu’il permet de reconstituer
l’écosystème de la région de Los Angeles,
il y a entre 12 000 et 40 000 ans. Un centre de
recherche en paléontologie et un musée, le Page
Museum, consacrés à l’étude et à la présentation
des travaux scientifiques sur les fossiles
prisonniers du bitume, sont installés sur le site.
Témoignage unique sur la fin de
la dernière grande ère glaciaire.
Les chercheurs ont reconstitué comment le
bitume imprégnant les roches perméables,
comprimé par le poids des matériaux sédimentaires
accumulés pendant des millions d’années,
a suinté par différentes failles géologiques avant
de se répandre en nappes épaisses à la surface
du sol. Ces nappes piégèrent les animaux qui
s’y aventuraient, trompés par l’aspect minéral
de leur surface poussiéreuse. La qualité générale
de conservation des ossements fait penser
que les cadavres furent rapidement ensevelis
dans le bitume. Curieusement, les restes de
carnivores sont beaucoup plus nombreux
que ceux d’herbivores (respectivement 85 %
et 15 %).
Les carnassiers bondissaient-ils sur leurs proies
en tentant vainement de franchir les mares de
bitume que les herbivores, plus circonspects,
savaient éviter ? Toujours est-il que le piège
mortel s’est refermé sur eux, apportant à travers
les millénaires un témoignage unique sur la
vie à la fin de la dernière grande ère glaciaire.
Un site très intéressant est consacré au Page
Museum et au centre de recherche paléontologique
à l’adresse : www.tarpits.org