Rapport Annuel - Banque Privée Edmond de Rothschild Europe
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<strong>de</strong>s écosystèmes et <strong>de</strong> la biodiversité. Or, tant <strong>de</strong> raretés<br />
<strong>de</strong>vront aussi être administrées par la négociation et<br />
compensées par un progrès technique vertueux ! Nos<br />
modèles ne prennent pas assez la mesure <strong>de</strong> l’urgence<br />
<strong>de</strong> l’investissement écologique, et nos investisseurs <strong>de</strong><br />
la profusion d’opportunités exceptionnelles.<br />
La mutation <strong>de</strong> nos modèles sous l’empire <strong>de</strong> la rareté<br />
n’est pas simplement un défi économique : c’est aussi un<br />
puissant moteur psychologique. Les économistes n’ont<br />
jamais pu expliquer la totalité du rythme <strong>de</strong> croissance<br />
<strong>de</strong>s Trente Glorieuses par la combinaison <strong>de</strong>s facteurs<br />
capital et travail. Le fameux facteur résiduel, environ un<br />
tiers <strong>de</strong> la croissance française, fut attribué à l’investissement<br />
immatériel, tel le progrès technique, mais aussi à<br />
l’état d’esprit <strong>de</strong>s masses. Celles-ci voulaient la croissance,<br />
l’anticipaient et donc la fabriquaient. Que se passerait-il si<br />
cet esprit se faisait sceptique ? Aujourd’hui, si les jeunes<br />
générations <strong>de</strong>s pays émergents rêvent encore d’un style<br />
<strong>de</strong> vie à l’occi<strong>de</strong>ntale, celles <strong>de</strong>s pays riches semblent<br />
désabusées et à la recherche d’un autre modèle. Le risque<br />
<strong>de</strong> défection <strong>de</strong> nos jeunes touche le concept même <strong>de</strong><br />
richesse et <strong>de</strong> progrès, en tout cas telle qu’est définie et<br />
MESSAGE DU PRÉSIDENT<br />
mesurée actuellement notre croissance économique.<br />
Sans tomber dans les approximations <strong>de</strong> comptabilités<br />
nationales encore trop créatives, tentant <strong>de</strong> mesurer le<br />
bonheur national brut, on ne peut se désintéresser <strong>de</strong> la<br />
déception <strong>de</strong> nos enfants à l’égard <strong>de</strong> la religion <strong>de</strong> leurs<br />
parents, celle du taux <strong>de</strong> croissance. Croire que la préoccupation<br />
écologique, pour autant qu’elle reste sérieuse,<br />
menace l’efficacité économique est un contresens fatal.<br />
Pour nos jeunes du mon<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntal, il n’est pas d’autre<br />
invitation à une croissance moins prodigue que le mythe<br />
fondateur du développement durable.<br />
On sait <strong>de</strong>puis longtemps que le XXI e siècle sera mystique.<br />
Il faudra bien que les fidèles <strong>de</strong> la déesse Raison<br />
se convertissent aux nouveaux modèles <strong>de</strong> production.<br />
Le plus vite sera le mieux. Car les rivaux <strong>de</strong> la religion<br />
éclairée du développement équitable et soutenable<br />
ne sont autres que les intégrismes religieux, qui<br />
s’affrontent dans ce qui ressemble trop à une guerre<br />
<strong>de</strong>s civilisations moyenâgeuse. Obéissons au vieux<br />
précepte, changeons pour que rien ne change. C’est ce<br />
que doit continuer <strong>de</strong> faire notre groupe qui a toujours<br />
su épouser la métamorphose <strong>de</strong>s siècles.<br />
Benjamin <strong>de</strong> rothschild<br />
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